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7 avril 2025
Politique
LE PÉRIL POPULISTE MONDIAL
Hamidou Anne livre une analyse des mécanismes qui érodent les démocraties, du Sahel aux capitales occidentales. Son plaidoyer pour un Sénégal ouvert sur le monde mais fidèle à ses valeurs résonne comme un rempart contre les tentations du repli
Invité de l'émission BL6 animée par Pape Alioune Sarr ce dimanche 2 mars 2025, l'essayiste et politologue Hamidou Anne a livré une analyse de la montée inquiétante du populisme à l'échelle mondiale. Une menace qu'il considère comme le fil conducteur reliant les diverses crises internationales actuelles.
"Le populisme est une méthode qui dit qu'il faut ériger un rapport direct avec le peuple, qu'il faut céder aux injonctions du peuple, qu'il faut défendre les intérêts du peuple et qu'il n'y a pas d'intermédiaire," a expliqué Anne. Selon lui, ce phénomène politique se caractérise essentiellement par "l'ignorance des corps intermédiaires" et le contournement des institutions démocratiques.
L'intellectuel sénégalais a disséqué les deux visages du populisme contemporain. D'un côté, "le populisme de gauche" qui, s'inspirant des travaux d'Antonio Gramsci et d'Ernesto Laclau, intègre "les dimensions féministes, écologiques, les luttes décoloniales" en créant "une chaîne d'équivalence" entre ces différentes causes. De l'autre, le "populisme de droite autoritaire" qui promeut "une conception ethnique de la nation", comme en témoignent les mouvements d'extrême droite en Europe.
Cette grille de lecture populiste, Anne l'applique directement à la situation en Afrique de l'Ouest, où quatre pays de la CEDEAO sont aujourd'hui dirigés par des juntes militaires. "Ce qui m'a choqué, c'est surtout la résurgence de ces coups d'État et les masses sortant inonder les rues pour les saluer," a-t-il déploré, identifiant dans ce phénomène une dangereuse "normalisation" de l'autoritarisme sous couvert de discours anti-élites et anti-occidentaux.
Face à ces dérives, Hamidou Anne défend une vision résolument internationaliste du Sénégal, "terre ouverte à tous les apports fécondants du monde". Une position qu'il oppose directement aux replis identitaires promus par les mouvements populistes. "Le Sénégal est aujourd'hui un pays qui a envoyé ses fils partout... la pire des choses, c'est de se fermer totalement sur soi-même," a-t-il affirmé avec conviction.
Le politologue établi également des parallèles saisissants entre ces dynamiques africaines et les bouleversements internationaux, de l'élection de Trump avec sa "diplomatie transactionnelle" aux reconfigurations des alliances en Ukraine et à Gaza. Pour lui, ces crises s'inscrivent dans un même mouvement de remise en question de l'ordre international libéral.
"La démocratie est comme une fleur qu'il faut arroser au quotidien pour maintenir sa vitalité et sa verdure," averti Anne, appelant à une vigilance constante face à la montée des discours populistes qui menacent les fondements mêmes de nos sociétés démocratiques.
LE PAYS MESURE SA DÉPENDANCE À L'ÉTRANGER
Trois mille dossiers d'état civil en suspens à Djinaky, des programmes de santé compromis, un ambitieux projet d'électrification menacé : le pays découvre brutalement les conséquences de la suspension de l'aide américaine
(SenePlus) - La récente suspension de l'aide américaine, décidée par le président Donald Trump, a brutalement interrompu de nombreux programmes de développement dans le pays, mettant en lumière la dépendance du pays à l'assistance étrangère. Cette situation survient alors même que le gouvernement, dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko, prône un discours résolument souverainiste.
Le 20 janvier 2025, Donald Trump a signé un décret suspendant pour quatre-vingt-dix jours les programmes d'aide américains, notamment ceux de l'USAID. Comme le rapporte Afrique XXI, cette décision "radicale destinée à revoir les priorités de financement et à éliminer les dépenses jugées inefficaces" a créé "une onde de choc ressentie dans le monde entier, mettant à nu la dépendance de certains pays à l'aide étrangère."
En Casamance, région du sud du Sénégal longtemps marquée par un conflit qui a duré plus de quatre décennies, les conséquences sont particulièrement sévères. Le maire de Djinaky, Alphoussény Diémé, témoigne : "On ne s'y attendait pas... Ça nous est tombé dessus d'un coup." Dans sa commune, environ 3 000 dossiers d'état civil, principalement des demandes d'actes de naissance, sont désormais en attente. Ces documents concernent des personnes nées pendant le conflit, qui a débuté en 1982.
"Certains enfants sont très brillants à l'école, ils doivent passer leur certificat bientôt mais, sans acte de naissance, ils ne peuvent pas s'inscrire. C'est comme s'ils étaient apatrides," s'inquiète le maire, cité par Afrique XXI.
Le programme Aliwili, financé par l'USAID et mis en œuvre par plusieurs ONG en partenariat avec l'État sénégalais, jouait un rôle crucial dans le processus de paix en Casamance. Avec un budget total de 16 milliards de francs CFA (25 millions d'euros), il couvrait non seulement les questions d'état civil, mais aussi "la réinstallation des populations déplacées à travers la construction de centaines de logements, la réinsertion des anciens combattants et de leurs familles, et la réhabilitation de certaines infrastructures."
Henri Ndecky, responsable de la Coordination des organisations de la société civile pour la paix en Casamance (COSCPAC), explique dans Afrique XXI que "ce projet était la concrétisation du processus de paix entre l'État du Sénégal et la faction Jakaay du MFDC." L'accord de 2023 prévoyait que l'État s'engage en faveur de la réinsertion des combattants et du développement de la région, en échange du dépôt des armes.
"L'aide américaine avait rassuré sur la capacité de l'État à tenir ses engagements," précise Henri Ndecky. La suspension de cette aide soulève donc des inquiétudes quant à la pérennité du processus de paix, bien que Lamine Coly, coordinateur de l'Initiative pour la réunification des ailes politiques et armées du MFDC, exclue une remise en cause du processus.
Au-delà de la Casamance, c'est tout le Sénégal qui subit les conséquences de la suspension de l'aide américaine. Selon Afrique XXI, "des programmes de développement sont désormais à l'arrêt ou tournent au ralenti" dans l'ensemble du pays.
"En matière de santé publique, de nombreux centres de santé communautaires dépendant des subventions pour l'achat de médicaments et le recrutement de personnel peinent à maintenir leurs services," rapporte le magazine. Des programmes dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture et de la bonne gouvernance sont également touchés.
L'ampleur de la dépendance du Sénégal à l'aide américaine est considérable : "sur les cinq dernières années, le Sénégal a reçu en moyenne 120 millions de dollars (114 millions d'euros) par an de l'USAID," sans compter les programmes financés par d'autres agences américaines. Le programme Senegal Compact Power, qui vise à améliorer l'accès à l'électricité pour près de 13 millions de personnes, représente à lui seul un investissement de 600 millions de dollars, dont 550 millions proviennent des États-Unis.
Face à cette situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a réaffirmé sa vision souverainiste : "Doit-on continuer à dépendre de l'aide étrangère ? [...] Nous devons travailler dur à la mise en œuvre de nos programmes. Si nous faisons cela, nous serons cités, dans les années à venir, parmi les pays les mieux gérés."
Cette position n'est pas nouvelle. Comme le rappelle Afrique XXI, "depuis son entrée en politique, en 2014, et la création de son parti Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), Ousmane Sonko défend un programme de rupture, fondé sur une réappropriation de la souveraineté politique, économique et monétaire du Sénégal."
El Hadj Abdoulaye Seck, économiste au Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp), un mouvement proche de Pastef, va plus loin : "C'est tout un modèle de développement qu'il faut revoir. Depuis l'indépendance, nos dirigeants ont cédé à la facilité de l'aide."
L'économiste rappelle que cette dépendance a un coût : "Non seulement ces prêts pèsent sur la dette, mais, de plus, ils sont assortis de conditions, tout comme les dons : des critères de gouvernance ou des réformes économiques qui ne sont pas adaptés à nos réalités et poussent les pays à renoncer à leur souveraineté."
Le programme Senegal Compact Power illustre cette problématique, puisqu'il prévoit une "restructuration" de la Sénélec, la société nationale d'électricité, et une "participation accrue du secteur privé" dans ce domaine stratégique.
Pour réduire cette dépendance, le gouvernement mise sur son Plan Vision 2050, "une feuille de route ambitieuse visant à renforcer l'autonomie économique du pays et à tripler le revenu par habitant d'ici à 2050." Le financement de ce plan repose sur plusieurs leviers : la croissance économique stimulée par l'exploitation des ressources pétrolières et gazières, une meilleure mobilisation des ressources fiscales, et la contribution de la diaspora.
Babacar Ndiaye, directeur de la Recherche et des publications du think tank sénégalais Wathi, analyse : "On peut considérer la suspension de l'aide états-unienne comme une chance pour le Sénégal si on suit la logique du nouveau gouvernement, car elle incite à mettre en pratique cette notion de souverainisme."
Cependant, Fadel Barro, cofondateur du mouvement citoyen Y en a marre, appelle à la prudence : "La question immédiate n'est pas de savoir s'il faut se passer ou non de l'aide, car il y a des gens qui se soignent et qui mangent grâce à l'aide." Pour lui, le Sénégal doit d'abord se concentrer sur des réformes internes pour construire un "État au service de la population."
Sa conclusion résume parfaitement le dilemme auquel fait face le pays : "Nous n'avons pas identifié quels sont nos besoins. Aujourd'hui, ce sont les bailleurs de fonds qui décident des priorités à la place des Africains et c'est leur liberté. Mais, nous, qu'est-ce qu'on fait ?"
OFFENSIVE DIPLOMATIQUE DU QATAR
En l’espace d’un mois, Mohammed bin Abdulaziz Al-Khulaifi, Secrétaire d’État aux Affaires étrangères du Qatar, a rencontré quatre chefs d’État africains, signalant une intensification sans précédent de la présence diplomatique qatarie sur le continent.
En l’espace d’un mois, Mohammed bin Abdulaziz Al-Khulaifi, Secrétaire d’État aux Affaires étrangères du Qatar, a rencontré quatre chefs d’État africains, signalant une intensification sans précédent de la présence diplomatique qatarie sur le continent.
Le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a reçu jeudi en audience Mohammed bin Abdulaziz Al-Khulaifi, Secrétaire d’État aux Affaires étrangères du Qatar, dans le cadre d’une tournée diplomatique qatarie qui a impliqué quatre pays africains stratégiques en moins d’un mois.
Cette rencontre au Palais présidentiel de Dakar s’inscrit dans une offensive diplomatique remarquée de Doha, l’émissaire qatari ayant successivement été reçu par le Président nigérien Abdourahamane Tiani le 24 février, le chef de la Transition malienne Assimi Goïta le 26 février, et auparavant par le Président rwandais Paul Kagame le 31 janvier.
Lors de son entretien avec le Président sénégalais, les deux hommes ont réaffirmé la volonté commune des deux pays de renforcer leur coopération, notamment dans les domaines économiques et commerciaux, en la hissant à un niveau supérieur, selon le communiqué de la présidence sénégalaise. Le chef de l’État sénégalais a profité de cette occasion pour inviter les investisseurs qatari à contribuer à la mise en œuvre de l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 », un cadre stratégique de développement à long terme.
Un ancrage qatari renforcé en Afrique
Au Mali, le général Assimi Goïa a reçu du diplomate qatari un message de solidarité et d’amitié de l’Émir du Qatar, en présence du ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et du ministre de l’Économie Alousséni Sanou. Au Niger, l’audience s’est déroulée en présence du général de Corps d’Armée Salifou Mody, ministre d’État à la Défense nationale.
Cette tournée diplomatique survient dans un contexte de reconfiguration géopolitique en Afrique, marqué par un retrait progressif de l’influence occidentale dans certaines régions, notamment au Sahel, ouvrant ainsi des opportunités pour de nouveaux partenariats avec les pays du Golfe.
Le Qatar, déjà actif en Afrique de l’Est avec d’importants investissements au Rwanda, en Somalie et au Soudan, cherche à consolider son influence au Sahel, une région clé où ses relations avec le Mali et le Niger se sont intensifiées. Doha joue un rôle diplomatique majeur dans les processus de paix, notamment au Darfour, et a multiplié les accords dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures et de la sécurité alimentaire.
En décembre 2023, le Qatar a signé un protocole d’accord avec le Rwanda pour la construction d’un nouveau hub logistique, confirmant ainsi son ancrage dans la région. Par ailleurs, Qatar Airways a renforcé sa présence en Afrique, ajoutant des liaisons vers plusieurs capitales du continent, témoignant d’une stratégie globale d’expansion qatarie.
Une offensive diplomatique aux visées économiques et stratégiques
L’Afrique représente un espace d’opportunités économiques pour Doha, qui cherche à diversifier ses partenariats au-delà de l’Asie et de l’Europe. Le Fonds souverain du Qatar (QIA) a intensifié ses investissements dans les infrastructures, l’agriculture et les énergies renouvelables sur le continent.
En novembre 2022, le Qatar a accueilli le premier sommet « Qatar-Afrique », rassemblant des dirigeants africains et des investisseurs qataris. Cette initiative visait à renforcer les liens bilatéraux et à encourager les investissements croissants dans les domaines des technologies, de la logistique et de la finance islamique.
Avec cette nouvelle tournée diplomatique, Doha confirme sa volonté de s’imposer comme un acteur incontournable en Afrique, combinant diplomatie, économie et médiation politique pour étendre son influence sur le continent.
DEMANDE D'UNE COMMISSION D'ENQUETE PARLEMENTAIRE SUR L'ACQUISITION D'ARMES PAR LE MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT
Une commission d'enquête parlementaire doit être instituée pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur l’affaire de l’achat d'armes de guerre portant sur une somme de 45 milliards par l'ancien ministre de l'environnement, Abdou Karim Sall
Une commission d'enquête parlementaire doit être instituée pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur l’affaire de l’achat d'armes de guerre portant sur une somme de 45 milliards par l'ancien ministre de l'environnement, Abdou Karim Sall sous le magistère de Macky Sall. C’est le souhait du député Babacar Ndiaye originaire de Mbao.
Le député Babacar Ndiaye, par ailleurs responsable politique de Pastef dans la commune de Mbao, veut la lumière sur l’affaire de l’achat des armes par le ministère d’alors de l’Environnement sous Macky Sall.
«Ce qui est sûr, c'est que nous allons très prochainement ouvrir une enquête parlementaire sur l'utilisation des 45 milliards destinés à l'achat d'armes pour le compte des Eaux et Forêts piloté par l'ancien ministre de l'Environnement Abdou Karim Sall parce que le marché est nébuleux», a soutenu le parlementaire.
Il est d’avis que l’affaire doit être tirée au clair. «Les armes qu'il avait commandées sont des armes lourdes destinées à la guerre ou des luttes contre le terrorisme mais pas pour les Eaux et Forêts. De plus, il ne revient pas au ministre de l'Environnement de commander des armes, cela relève des Forces Armées. Et dans cette affaire, Abdou Karim l'a fait sans le consentement du ministre des Forces armées, seule personne morale habilitée à commander des armes. Donc, nous avons besoin d'éclaircissements sur cette violation de compétences», a soutenu le parlementaire.
Et d’ajouter : «L'autre problème dans ce scandale, c'est que les Eaux et Forêts n'ont toujours pas vu la couleur de ces armes. Et la personne qui avait signé cette transaction commerciale d'achat d'armes est connue du milieu carcéral car emprisonnée à maintes reprises. Donc comment livrer la sécurité de notre pays à un repris de justice ?»
Face à ces manquements, Babacar Ndiaye pense que «cette enquête parlementaire s'impose dans la logique du jub jubal jubanti pour que l'on sache où sont passés nos 45 milliards ». Par ailleurs, il a dénoncé la radiation de leur camarade Moustapha Ndiaye du conseil municipal de Mbao.
A QUI LE TOUR ?
La machine du « Jub – Jubbal – Jubbànti » est enclenchée. La reddition des comptes est en marche ! Plusieurs hommes politiques et des affaires sénégalais sont sous le feu des projecteurs judiciaires.
Plusieurs hommes politiques et des affaires sénégalais sont sous le feu des projecteurs judiciaires. Accusés de blanchiment, détournements et corruption, ces hommes, autrefois intouchables, font face à des enquêtes retentissantes et médiatisées. De l’impunité aux soupçons de règlements de comptes politiques, ces affaires secouent le Sénégal. Si certains applaudissent, d’autres s’interrogent sur l’indépendance de la justice.
La machine du « Jub – Jubbal – Jubbànti » est enclenchée. La reddition des comptes est en marche ! Aujourd’hui, ils sont nombreux entre les mailles du filet. Farba Ngom, ancien député-maire et proche du pouvoir, Tahirou Sarr, homme d’affaires et philanthrope, Samuel Sarr, ancien ministre et technocrate controversé, Khadim Bâ, jeune patron de Locafrique, et Lat Diop, ancien directeur de la LONASE et ministre des Sports, sont tous sous le feu des projecteurs judiciaires. Ces affaires, révélées par des rapports explosifs et des enquêtes minutieuses, soulèvent des questions cruciales sur la transparence, la reddition des comptes et l’indépendance de la justice. Alors que certains y voient une avancée majeure dans la lutte contre l’impunité, d’autres dénoncent des règlements de comptes politiques.
Farba Ngom, la chute d’un «Marodi» autrefois intouchable
Farba Ngom, ancien député-maire d’Agnam et proche du pouvoir sous Macky Sall, est aujourd’hui au cœur d’une enquête financière retentissante. Accusé de blanchiment de capitaux, d’escroquerie sur les deniers publics, de corruption et d’abus de biens sociaux, il incarne la figure d’un homme politique autrefois puissant, désormais confronté à la rigueur de la justice.
L’affaire a éclaté suite à un rapport explosif de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), révélant des transactions suspectes estimées à 125 milliards de FCFA. Ces montants colossaux, aux origines obscures, ont conduit à la levée de son immunité parlementaire et à son audition par le Pool Judiciaire et Financier (PJF). Farba Ngom, qui a longtemps bénéficié d’une certaine impunité, se retrouve désormais sous mandat de dépôt.
Ses partisans dénoncent un acharnement politique, arguant que cette procédure vise à fragiliser une figure influente de l’opposition. Cependant, les accusations pèsent lourd, et si elles sont avérées, elles pourraient marquer la fin d’une carrière politique bâtie sur des alliances stratégiques et un réseau d’influence étendu surtout dans le Fouta.
Tahirou Sarr, le « bienfaiteur » aux œuvres sociales colossales rattrapé par la justice
Tahirou Sarr, homme d’affaires influent et philanthrope, est une figure paradoxale. Connu pour ses actions sociales, notamment la construction de mosquées, d’écoles et d’hôpitaux, il est aujourd’hui impliqué dans l’affaire des 125 milliards de FCFA aux côtés de Farba Ngom. Accusé de blanchiment de capitaux et d’escroquerie sur les deniers publics, il a été placé sous mandat de dépôt après son audition par le PJF.
Malgré ses offres de cautionnement, dont un chèque de 11 milliards de FCFA et des titres fonciers d’une valeur totale de 13 milliards, les juges ont rejeté ses propositions. Ses partisans soulignent son immense contribution sociale, mais les accusations portées contre lui jettent une ombre sur son héritage. L’affaire soulève des questions sur l’origine de sa fortune et la compatibilité entre ses actions caritatives et les pratiques financières qui lui sont reprochées.
Concernant son dossier personnel, le directeur général de la société Sofico est accusé par le Procureur de la République financier d’escroquerie sur les deniers publics et de blanchiment de capitaux, impliquant une somme colossale de 91.636.628.050 FCFA. Pour tenter d’échapper à une détention, il a proposé en cautionnement un titre foncier situé à Mbane, estimé à 394 milliards FCFA. Cependant, malgré cette offre substantielle, le juge du Premier cabinet du Pool judiciaire financier semble avoir rejeté sa proposition, laissant présager une issue défavorable dans cette affaire aux ramifications complexes.
Samuel Sarr, un technocrate controversé au cœur des scandales
Samuel Sarr, ancien ministre de l’Énergie et figure clé de la finance sénégalaise, est un homme aux multiples facettes. Diplômé en finance et ancien conseiller économique de chefs d’État africains, il a joué un rôle majeur dans la modernisation du secteur énergétique au Sénégal. Cependant, sa carrière est entachée par des scandales récurrents
Impliqué dans l’affaire West African Energy, Samuel Sarr est accusé de détournement de fonds et de malversations financières. Son arrestation à l’aéroport Blaise Diagne et son placement sous mandat de dépôt ont suscité des réactions contrastées. Ses soutiens dénoncent une ingérence politique, tandis que ses détracteurs voient dans cette affaire une preuve de son implication dans des réseaux de corruption
Samuel Sarr incarne le paradoxe d’un technocrate visionnaire dont les ambitions sont régulièrement éclipsées par des controverses. Son parcours, marqué par des succès et des échecs retentissants, reflète les complexités de la sphère politique et économique sénégalaise.
Khadim Bâ, le jeune patron de Locafrique, de la réussite à la prison
Khadim Bâ, directeur général de Locafrique, est un jeune entrepreneur au parcours impressionnant. Sous sa direction, Locafrique est devenue une référence dans le secteur du crédit-bail au Sénégal, avec des investissements majeurs dans des projets d’infrastructure et d’énergie. Cependant, son ascension a été brutalement interrompue par des accusations d’escroquerie et d’infractions douanières
Condamné à trois mois de prison avec sursis et à une amende de 2,5 milliards de FCFA, Khadim Bâ est accusé d’avoir détourné des fonds confiés par des investisseurs pour des opérations commerciales. Cette affaire, qui implique également son père, Amadou Bâ, soulève des questions sur les pratiques financières dans le milieu des affaires sénégalais. Malgré ses réalisations, Khadim Bâ doit désormais faire face à une crise de confiance qui pourrait entacher durablement sa réputation.
Lat Diop, du sommet de la LONASE à la prison
Lat Diop, ancien directeur de la Loterie Nationale Sénégalaise (LONASE) et ministre des Sports, est une figure respectée de l’administration sénégalaise. Son parcours, marqué par des postes prestigieux dans des institutions financières internationales, témoigne de son expertise et de son engagement envers le développement du Sénégal.
Cependant, son implication présumée dans des détournements de fonds et des pratiques de blanchiment d’argent a conduit à son inculpation. Accusé d’avoir reçu des milliards de FCFA lors de son mandat à la LONASE, Lat Diop nie les faits et dénonce une procédure politique. Son avocat souligne l’absence de preuves matérielles et dénonce une violation des procédures judiciaires. Lat Diop, qui préparait une candidature aux élections législatives, voit sa carrière compromise par ces accusations. Ses demandes de liberté provisoire sont jusque-là refusées.
Une justice en marche ou un règlement de comptes politique ?
Les affaires Farba Ngom, Tahirou Sarr, Samuel Sarr, Khadim Bâ et Lat Diop illustrent les tensions entre la lutte contre la corruption et les soupçons de règlements de comptes politiques. Alors que certains voient dans ces procédures une avancée majeure pour la transparence et la reddition des comptes, d’autres dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Des accusations qu’avaient anticipées M. Ousmane Diagne, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, le Pool judiciaire et financier (PJF) lors de l’installation du PJF au mois de septembre 2024. Selon lui, c’est un organe juridictionnel à compétence nationale institué au sein de la Cour d’appel et du Tribunal de Grande Instance (TGI) hors classe de Dakar « pour réprimer les infractions à caractère économique et financier ». Ecartant ainsi le règlement de compte politique. Alors que les procès se poursuivent, l’opinion publique reste divisée. La justice sénégalaise a désormais la lourde tâche de faire la lumière sur ces dossiers complexes, tout en préservant sa crédibilité et son impartialité
La question qui se pose maintenant : qui sera le prochain sur la liste ? Moustapha Diop, le député-maire de Louga et ancien ministre de l’Industrie sous l’ancien régime, empêtré dans une sordide affaire de détournement de deniers publics impliquant l’agent du Trésor Tabaski Ngom ? Ou encore le député-maire de Mbao et ancien ministre de l’Environnement Abdou Karim Sall, mouillé jusqu’au cou, en intelligence avec l’ancien patron des Eaux et Forêts, Baidy Ba, dans une transaction douteuse attribuant à la société QVS 185 ha dansla forêt classée de Thiès ? Voire !
Ces affaires, marquées par des accusations de blanchiment, de détournements et de corruption, révèlent une volonté affichée du Président Bassirou Diomaye Faye de lutter contre l’impunité. Cependant, dans un contexte politique tendu, elles alimentent aussi les soupçons de règlements de comptes. Alors que la machine judiciaire s’emballe, le monde des affaires retient son souffle, se demandant qui sera le prochain à tomber sous le coup des investigations. Une chose est sûre : la reddition des comptes est en marche, mais à quel prix ?
UNE ATTITUDE APÉRISTE
De l'OFNAC à la Cour des comptes, la culture du déni et de la contestation face aux instances de contrôle s'affirme comme une caractéristique fondamentale de l'Alliance pour la République
Entre l’alliance pour la république (aPr) et les corps de contrôle, cela n’a jamais été le grand amour. en attestent les dernières révélations de la Cour des comptes qui pointent du doigt la gestion du régime apériste entre 2019 et mars 2024. Furieux contre l’image dépeinte par la juridiction financière, le boss de l’ancien régime, Macky Sall, a sévèrement répliqué contre les allégations de maquillage des finances publiques sous son règne.
Une fois n’est pas coutume! L’ancien président du Sénégal, Macky Sall, n’a pas raté la Cour des Comptes qui, dans son rapport d’audit sur les finances publiques entre 2019 et mars 2024, relève de nombreuses anomalies et autres incongruités. Pis, elle note que la dette et le déficit budgétaire s'avèrent bien plus élevés que ceux des documents officiels. Des allégations qui n’ont pas plu au Président de l’APR, Macky Sall qui affirme que tout cela est ridicule. Pis, il soutient que ses différents gouvernements ne sont en rien impliqués concernant les accusations de la juridiction financière et que celle-ci mélange tout. Cette réplique du boss de l’APR aux auditeurs de la Cour des comptes est révélatrice des rapports houleux toujours entretenus entre les responsables de l’ancien régime et la Cour des comptes. Et de façon plus globale avec les institutions de contrôle! Les apéristes ont toujours diabolisé les organes de contrôle à chaque fois que ceuxlà épinglaient un des leurs.
On se rappelle l’épisode Moustapha Diop contre la Cour des comptes. Celle-ci dénonçait dans une conférence de presse en février 2020 le comportement du ministre Moustapha Diop qui, lors de l’élaboration du rapport de 2015, avait tout simplement refusé que le Fonds national de promotion de l’entrepreneuriat féminin (FNPE) sous tutelle de son département ministériel soit contrôlé. Ministre de l’Industrie à l'époque, Moustapha Diop aurait alors traité les magistrats qui étaient venus pour effectuer le contrôle d’agents de corrompus.**
Un phénomène similaire a été noté entre l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) et de hauts responsables du régime sortant. Durant son mandat de trois ans à la tête de l’OFNAC, Nafi Ngom Keita a subi différents quolibets, attaques de la part de hauts responsables du pouvoir au premier rang desquels le chef de l’Etat qui l’a nommée. Des informations parues dans la presse à l’époque indiquaient que l’ancien Président Macky Sall n’avait pas apprécié la sortie de Nafi Ngom Keïta quand celle-ci dénonçait au cours d’une rencontre le retard dans le démarrage de l’OFNAC. Pire, son directeur de cabinet Oumar Youm ne l’avait pas aussi raté en considérant qu’elle avait violé “une obligation de réserve”.
Les bisbilles entre Cheikh Oumar hanne et la presidente de l’OFNAC
Et la publication du rapport 2014-2015 de l’OFNAC en 2016 avait créé aussi beaucoup de bruits dans les rangs apéristes. Parce que le document avait chargé Cheikh Oumar Hanne, Directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) à l’époque. Il accusait le responsable de l’Apr d’alors et maire de Ndioum “de fractionnement des commandes dans les marchés, l’octroi de subventions irrégulières, des pratiques de détournements de deniers publics et de faux et usage de faux”. Outre des poursuites judiciaires, l’Ofnac réclamait dans son rapport que Cheikh Oumar Hanne soit relevé de ses fonctions de directeur du Coud et que toutes les mesures soient prises pour qu’il ne lui soit plus confié la responsabilité de diriger un organe public. Furieux contre Nafi Ngom Keita, Monsieur Hanne avait déversé plus tard toute sa colère sur la dame en la traitant de maître chanteur.**
« Mme Nafi Ngom Keïta veut faire de moi un symbole national de la mal gouvernance. Je ne peux l’être car il n’y a pas de mal gouvernance sous le régime du président Macky Sall. (...) Ils ne peuvent pas me faire chanter, il faut que la justice s’en mêle et ils répondront de leurs actes de chantage posés depuis 2016», s’était-il défendu avant d’annoncer une plainte contre la présidente de l’OFNAC d’alors, Nafi Ngom Keita.
Il faut relever en définitive que cette dernière avait payé son caractère bien trempé en se montrant indulgente face aux responsables du régime Sall épinglés dans les rapports. Elle sera ainsi démise de ses fonctions par le président de la République, Macky Sall. Loin de s’avouer vaincue et considérant qu’il y avait un abus de pouvoir, elle avait attaqué en vain à la Cour suprême le décret présidentiel du 25 juillet 2016 mettant fin à son poste de présidente de l’OFNAC.
Par Fatou Warkha SAMBE
LE SOUKEROU KOOR QUE L’ON PEUT OFFRIR AUX FEMMES
Le véritable Soukeurou Kor que l’on peut offrir aux femmes, c’est d’écouter leurs revendications et de prendre des mesures concrètes pour rendre effectifs leurs droits
Dans cinq jours, nous marquerons une nouvelle Journée internationale des droits des femmes. Quand je pense à ce jour, l’une des choses qui me viennent à l’esprit, c’est cette chanson de Ismaïla Lô avec ce refrain : «Toutes les femmes sont des reines, certaines plus reines que des reines...» C’est le son que plusieurs plateaux spéciaux dans nos télévisions utilisent pour le générique de leurs émissions spéciales 8 mars. Vous pouvez déjà deviner le contenu : il ne sera rien d’autre qu’un enchaînement de louanges sur la bravoure des femmes, leur capacité de résilience, un rappel des souffrances que nos mamans et grandsmères ont endurées au sein de la société. Mais aujourd’hui, je me demande : comment peut-on faire un si grand hors-sujet ? Est-ce un manque de connaissance ou une volonté manifeste d’ignorer le but de cette journée ?
Ainsi, j’ai grandi avec cette conscience collective qui fait de la Journée internationale des droits des femmes, une journée de célébration. Vous verrez certainement des événements ou publications où ils ne mentionneront que «Journée internationale des femmes», effaçant totalement la notion de droits, comme si ce jour servait uniquement à exalter une essence féminine plutôt qu’à revendiquer l’égalité et la justice. On nous parlera de «reines», de «mères courageuses», et de «gardiennes du foyer», tout en éludant soigneusement les revendications concrètes des femmes qui subissent chaque jour l’injustice, les violences et la précarité. Cette confusion n’est pas anodine, elle permet de neutraliser un combat politique en le réduisant à une célébration vide de revendications. Quand on parle de droits au Sénégal, si les gens ne nous disent pas que les femmes ont déjà tout, ils vont nous répondre que l’islam a déjà tout donné aux femmes, comme s’ils appliquaient à la perfection ce que l’islam prescrit. Cette rhétorique sert souvent à invalider toute demande de justice et d’égalité, alors même que dans les faits, les inégalités persistent et sont institutionnalisées.
Le 8 mars trouve son origine dans les luttes ouvrières et féministes du début du XXe siècle. En 1908, des milliers de femmes ont manifesté aux Etats-Unis pour réclamer de meilleures conditions de travail, le droit de vote et l’égalité des droits. En 1910, lors de la Conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin propose l’idée d’une journée internationale pour revendiquer les droits des femmes. En 1917, en Russie, une grève des ouvrières marque un tournant dans l’histoire, menant à la reconnaissance officielle du 8 mars comme une journée de mobilisation pour les droits des femmes. En 1977, l’Onu institutionnalise cette date en tant que Journée internationale des droits des femmes, confirmant ainsi son ancrage dans les luttes pour l’égalité et contre les discriminations systémiques.
Mais l’histoire des luttes féminines ne se limite pas à l’Occident. Au Sénégal, un autre épisode emblématique s’est déroulé en mars 1820 : celui des femmes de Nder, qui ont marqué l’histoire par leur acte de résistance face à l’oppression. Ce jour-là, alors que les hommes du village étaient partis au champ, les envahisseurs maures ont attaqué. Plutôt que de se soumettre, ces femmes ont choisi de se battre. Face à la défaite inévitable, elles ont préféré périr dans les flammes du palais plutôt que d’être réduites en esclavage. Leur courage illustre la détermination et la force des femmes sénégalaises dans leur lutte pour la dignité et la liberté.
Le mois de mars est donc symbolique à plus d’un titre : il est le mois des luttes féminines, qu’elles soient ouvrières ou enracinées dans notre propre histoire. Il rappelle que la revendication des droits des femmes ne s’est jamais faite sans résistance ni sacrifices, et que la mémoire des luttes doit guider nos combats actuels.
Sous le thème de cette année : «Pour toutes les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation», une fois de plus, ce 8 mars s’inscrit dans une réalité marquée par les violences faites aux femmes, le recul des droits et la marginalisation politique. Alors que le Sénégal connaît des transformations majeures sur le plan politique avec l’arrivée du nouveau gouvernement, les femmes, elles, sont toujours laissées de côté. Leur représentation au sein du gouvernement a diminué, les violences n’ont pas cessé, et les avancées légales stagnent. Pendant que d’autres catégories de la population bénéficient du changement, les femmes restent reléguées aux marges du pouvoir et de la société.
Et en ce mois de Ramadan, le gouvernement nous doit bien un Soukeurou Kor. Puisque ce 8 mars est une journée de revendication, nous allons lui dire clairement le contenu du panier que nous voulons : pas des gestes symboliques, mais des actions concrètes pour faire respecter nos droits.
Le Soukeurou Kor que nous demandons, c’est un cadre sécuritaire où les féminicides, les agressions sexuelles et les violences conjugales ne sont plus relégués au rang de faits divers. Nous voulons des lois appliquées avec rigueur, des mécanismes de protection renforcés, des refuges sécurisés, un accompagnement psychologique des survivantes et des sanctions effectives contre les agresseurs.
Le Soukeurou Kor que nous demandons, c’est une égalité économique réelle, où les femmes ne sont plus confinées aux marges de l’économie informelle et de la précarité. L’accès aux financements, la reconnaissance du travail domestique, le soutien aux entrepreneures et l’égalité salariale ne doivent plus être des combats sans fin. Nous demandons aussi une protection sociale pour les travailleuses domestiques et toutes celles du secteur informel.
Le Soukeurou Kor que nous demandons, c’est une justice sociale tangible. Nous voulons un accès gratuit aux serviettes hygiéniques et des toilettes propres dans toutes les écoles. L’éducation des filles ne doit plus être entravée par des règles non prises en charge dignement. Il est temps de mettre en place une politique de lutte contre la précarité menstruelle et d’assurer la gratuité des protections hygiéniques dans les écoles et lieux publics.
Le Soukeurou Kor que nous demandons, c’est une réelle égalité dans l’accès à la terre. Il est inadmissible que des femmes qui nourrissent la population soient privées de la propriété foncière. Nous voulons des réformes foncières qui garantissent aux femmes un accès équitable aux titres de propriété et aux ressources agricoles.
Le Soukeurou Kor que nous demandons, c’est une véritable représentation politique et institutionnelle. Les décisions qui nous concernent doivent être prises avec nous, et non à notre place. A celles et ceux qui contestent les quotas, il suffit d’observer les nominations où la parité n’est pas obligatoire : les femmes y sont absentes. Ce n’est pas une question de compétence, mais de verrouillage du pouvoir par l’entre-soi masculin et des biais sexistes. La parité ne doit pas être un débat, mais une nécessité pour une démocratie équitable.
Le Soukeurou Kor que nous demandons, c’est un ministère qui défend réellement les droits des femmes. En réduisant le ministère de la Femme à un ministère de la Famille, on éloigne encore plus les luttes pour l’égalité. Nous voulons un ministère qui prenne des décisions ambitieuses en matière d’émancipation économique, politique et sociale des femmes.
Cette année, alors que le 8 mars coïncide avec le mois de Ramadan, j’espère que ce mois et ses exigences ne prendront pas le dessus sur l’essence de cette journée. J’espère que, plutôt que d’organiser des conférences religieuses vantant la résilience des femmes, les entreprises accorderont enfin une place à l’écoute des revendications des travailleuses. J’espère qu’au lieu de répondre concrètement aux demandes des femmes, ils ne se contenteront pas de louer leurs mérites à travers des discours sans engagement. J’espère, et j’espère encore, que le Président ne se limitera pas à un tweet accompagné d’un visuel nous souhaitant une «bonne journée». Nous voulons plus.
Le véritable Soukeurou Kor que l’on peut offrir aux femmes, c’est d’écouter leurs revendications et de prendre des mesures concrètes pour rendre effectifs leurs droits
Ps : *Soukeurou Kor : est une offre traditionnelle distribuée pendant le Ramadan, souvent sous forme de panier alimentaire.
EGALITE DE GENRE, UNE AVANCEE CONSIDERABLE AU SENEGAL
Le Sénégal a réalisé “d’importants progrès” en matière d’égalité de genre, grâce à des politiques publiques “ambitieuses” et des “réformes stratégiques”, affirme la ministre de la Famille et des Solidarités, Maïmouna Dièye.
Le Sénégal a réalisé “d’importants progrès” en matière d’égalité de genre, grâce à des politiques publiques “ambitieuses” et des “réformes stratégiques”, affirme la ministre de la Famille et des Solidarités, Maïmouna Dièye.
Des instruments tels que la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre (SNEEG) et le Plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre ont contribué à cette avancée, a dit Maïmouna Dièye, lors du lancement de la Semaine nationale de la femme ce week-end à Thiès.
De nombreux programmes de financement dédiés aux femmes et aux jeunes filles ont également contribué à ce résultat, a souligné la ministre de la Famille et des Solidarités.
La Semaine nationale de la femme, organisée en perspective de la Journée internationale des droits des femmes, porte cette année sur le thème “Les femmes, droits – équité et autonomisation au cœur de la vision Sénégal 2050 : les femmes s’engagent et mobilisent les communautés”.
”Cette journée représente un moment privilégié de réflexion, d’échanges et surtout d’action, pour renforcer les acquis et briser les barrières qui freinent encore l’épanouissement des femmes”, a expliqué la ministre de la Famille et des Solidarités.
Selon Maïmouna Dièye, les progrès réalisés par le Sénégal visent à renforcer l’inclusion économique et sociale des femmes.
”Cette semaine qui démarre aujourd’hui à Thiès, se poursuivra dans d’autres régions et chefs-lieux de pôles territoires, dont Kolda, Tambacounda et Louga”, a annoncé la ministre, insistant sur ”l’autonomisation économique des femmes comme un levier incontournable pour bâtir une économie compétitive et inclusive”.
De l’avis de Mme Dièye, l’investissement dans l’entrepreneuriat féminin et la facilitation de l’accès au financement peuvent permettre l’émergence de secteurs dynamiques, ‘’où les femmes jouent un rôle clé”.
Mme Dièye pense qu’il est temps d’aller au-delà des discours, pour développer des solutions concrètes et durables.
“L’épanouissement des femmes passe aussi par le développement du capital humain et l’équité sociale”, a-t-elle indiqué.
”Chaque jeune fille bénéficiant d’un enseignement de qualité, représente une promesse pour l’avenir”, a-t-elle affirmé.
Pour la ministre, ”assurer à toutes les filles un accès équitable aux savoirs et aux compétences, c’est garantir une justice sociale réelle et une participation active au développement du pays”.
La représentante du Comité consultatif des femmes du département de Thiès, Ndèye Fatou Ndiaye, a appelé à un engagement collectif à promouvoir l’éducation des filles, l’accès des femmes aux formations professionnelles de qualité.
Elle a aussi invité à lutter contre les violences faites aux femmes et à encourager la participation des femmes dans les instances de décision, que ce soit au niveau local, régional ou national.
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ALIOUNE TINE PROPOSE UNE JUSTICE TRANSITIONNELLE
Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 2 mars, Alioune Tine a ainsi tenu à recadrer le député non-inscrit Thierno Alassane Sall et ses collègues de la majorité parlementaire autour de la suppression de la loi d’amnistie
Selon le président fondateur d'Afrikajom center, l’Etat devrait privilégier l’approche d’une justice transitionnelle dans le cadre du règlement de la question relative aux évènements politiques de 2021 à mars 2024. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 2 mars, Alioune Tine a ainsi tenu à recadrer le député non-inscrit Thierno Alassane Sall et ses collègues de la majorité parlementaire qui semblent engager depuis quelques temps une guéguerre autour de la suppression de la loi d’amnistie.
Le président fondateur d'Afrikajom center, Alioune Tine rame à contre-courant du député noninscrit Thierno Alassane Sall et ses collègues de la majorité parlementaire qui se sont engagés depuis quelques temps dans une sorte de croisade autour de la suppression de la loi d’amnistie. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 2 mars, l’ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho) préconise en effet, une approche qui va audelà du traitement judiciaire des événements couverts par cette loi qui, précise-t-il, « ne couvre pas des crimes internationaux ».
Répondant à une interpellation de notre confrère Baye Oumar Guèye sur cette question, Alioune Tine qui a plaidé pour l’ouverture des enquêtes judiciaires sur les affaires de la disparition des soldats Didier Badii et Philbert Sambou, les cas François Mancabou et Pape Abdoulaye Touré et sur toutes les autres affaires impliquant des personnes torturées qui ont porté plainte, a indiqué qu’on devrait plutôt privilégier l’approche d’une justice transitionnelle dans le cadre du règlement de cette question relative aux évènements politiques de 2021 à mars 2024.
« C'est extrêmement important parce que la justice seulement ne pourra pas régler les problèmes. Le fait aussi de donner une petite indemnité aux gens ne règle pas le problème. Il faut se rappeler qu'entre 2011 et 2012, les tensions politiques liées au troisième mandat avaient provoqué la mort de quinze personnes », a-t-il rappelé avant d’indiquer. « Il nous faut une Commission vérité, justice et réconciliation pour qu'on discute et qu’on fasse une très forte introspection d’abord. Qu'on se parle pour savoir la vérité, qu'est-ce qui s'est passé, une véritable introspection, vider les colères, vider les haines et se pardonner. On prend le temps de la réconciliation, de connaître la vérité. Ensuite, la justice pourra intervenir, si on l'estime tous même si ça prend du temps ».
ALIOUNE TINE SUR LA SUITE À DONNER AUX MALVERSATIONS FINANCIÈRES RÉVÉLÉES PAR LA COUR DES COMPTES : « Les responsables de crimes économiques doivent répondre devant la justice »
Le président fondateur d'Afrikajom center, Alioune Tine se dit favorable à la traduction des responsables des crimes économiques devant la justice. S’exprimant hier, dimanche 2 mars, lors de son passage dans l’émission Objection de la radio Sudfm (privée), l’ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho) a préconisé l’adoption d’une approche alliant des « méthodes pédagogiques » et « une certaine fermeté » pour « récupérer la totalité des montants » incriminés.
L’ancien président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho) est formel au sujet de la suite à donner au rapport de la Cour des comptes sur la gouvernance publique au Sénégal de 2019 à 2024. Selon lui, « les responsables de crimes économiques doivent répondre devant la justice ». Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 2 mars, Alioune Tine qui est par ailleurs président fondateur d'Afrikajom center a toutefois plaidé pour l’adoption d’une approche alliant des « méthodes pédagogiques » et « une certaine fermeté » pour dit-il, « récupérer la totalité des montants » incriminés. « Il nous faut vraiment tirer les leçons pour essayer d'éradiquer la corruption, les détournements de fonds. Je pense que c'est extrêmement important. Il faut tirer tous les enseignements de ce qui s'est passé. Ça, ça demande qu'on en discute, qu'on essaie de voir aussi par des méthodes, je dirais, pédagogiques mais avec une certaine fermeté, comment nous pouvons récupérer cet argent. Car ce dont il est question, c'est de récupérer cet argent », a encore ajouté Alioune Tine avant de préciser dans la foulée. « Je suis donc d'accord avec le ministre de la Justice à 100% sur cette pédagogie qui consiste à voir comment on peut récupérer l'argent et ne pas avoir systématiquement recours à la prison. Parce que c'est difficile mais il faut être réaliste ». En effet, insiste encore le président d’Afrikajom center, « Il faut être pragmatique par les temps qui courent parce qu'on a tellement de fronts aujourd'hui qu'en réalité, il faut être ensemble et traiter ensemble les difficultés. C'est pour ça que j'ai dit, il faut qu'on puisse avoir en toute sérénité, un consensus, parce que sur l'exigence de récupérer l'argent, c'est un impératif catégorique ».
DES MÉDIATEURS OUEST-AFRICAINS CHASSÉS DE BISSAU
Menacée d'expulsion par le président Umaru Sissoco Embalo, la délégation de la CEDEAO a quitté le pays précipitamment, abandonnant son projet d'accord sur un calendrier électoral
(SenePlus) - La mission de médiation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) envoyée en Guinée-Bissau a été forcée de quitter précipitamment le pays samedi 1er mars suite à des menaces d'expulsion proférées par le président Umaru Sissoco Embalo, selon un communiqué officiel de l'organisation régionale.
D'après le texte, cette délégation s'était rendue à Bissau du 21 au 28 février dans le but de résoudre les tensions politiques autour de la date de fin du mandat présidentiel, un sujet qui divise profondément le pouvoir et l'opposition.
"La mission a préparé un projet d'accord pour une feuille de route pour la tenue des législatives et de la présidentielle et a commencé à le présenter aux parties prenantes pour leur consentement", indique le communiqué daté de samedi et signé par Bagudu Hirse, chef des médiateurs régionaux. Ce document ne précise cependant pas le contenu exact de cette proposition.
Les médiateurs ont été contraints de prendre une décision rapide face à l'hostilité manifeste du président. Selon le même communiqué, la délégation "a quitté Bissau tôt le matin du 1er mars après des menaces du président Embalo de l'expulser", sans plus de détails sur la nature exacte de ces menaces.
Au cœur de cette tension se trouve un désaccord fondamental sur l'interprétation constitutionnelle concernant la fin du mandat présidentiel. Trois dates différentes circulent, créant une confusion politique majeure.
Selon les informations rapportées par l'AFP, la Cour suprême de Bissau considère que le mandat de M. Embalo se termine le 4 septembre, une date que le président lui-même aurait acceptée. Cependant, Domingos Simoes Pereira, chef de l'opposition, affirme que ce mandat a déjà pris fin le 27 février dernier.
Cette date du 27 février n'est pas anodine, puisque M. Embalo avait prêté serment pour un mandat de cinq ans le 27 février 2020, dans un contexte déjà marqué par des contestations. Comme le rappelle l'AFP, "la communauté internationale a fini par approuver son élection, mais le résultat avait été contesté par son rival M. Pereira."
En plein milieu de cette confusion, le président Embalo a déclaré le 23 février que les élections présidentielle et législatives se tiendraient le 30 novembre 2025, annonçant ainsi un calendrier électoral sans attendre les conclusions de la mission de médiation.
Durant leur séjour d'une semaine, les médiateurs ouest-africains ont rencontré "différents acteurs nationaux et internationaux impliqués dans la gestion des élections", selon leurs propres dires rapportés par l'AFP. L'objectif était de trouver un terrain d'entente acceptable pour toutes les parties.
Lorsque les médiateurs ont commencé à présenter leur projet d'accord aux différentes parties prenantes, la situation semble avoir dégénéré rapidement. Le président Embalo, qui avait pourtant rencontré la délégation au début de leur mission, se trouvait à l'étranger au moment de l'escalade.
À ce jour, "la présidence bissau-guinéenne n'a pas encore réagi" à cette expulsion de facto, précise l'AFP.
Malgré ce revers diplomatique significatif, la mission de la CEDEAO ne semble pas abandonner ses efforts de médiation. Le communiqué indique que la délégation va "présenter au président de la commission de la CEDEAO (Omar Alieu Touray) son rapport incluant sa proposition d'une feuille de route pour des élections inclusives et pacifiques en 2025".