SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
7 avril 2025
Politique
par Ndongo Samba Sylla
IL EST TEMPS DE SORTIR DU PARADIGME DES FINANCES PUBLIQUES COLONIALES
EXCLUSIF SENEPLUS - Le langage de la « mobilisation des ressources domestiques », de la « levée de fonds » et des « financements innovants » n’est approprié que pour les colonies, les collectivités locales et les pays qui ne battent pas monnaie
En faisant état de niveaux élevés de déficit et de dette publics, le rapport de la Cour des comptes a relancé la question du financement de l’État. Persuadés que le gouvernement sénégalais n’a plus de marge de manœuvre en matière d’endettement, la plupart des commentateurs se demandent comment trouver des « sources nouvelles » de financement public. En réalité, le langage de la « mobilisation des ressources domestiques », de la « levée de fonds » et des « financements innovants » n’est approprié que pour les colonies, les collectivités locales et les pays qui ne battent pas monnaie.
Les gouvernements qui disposent de leur propre monnaie n’ont aucune contrainte intrinsèque pour financer eux-mêmes – c’est-à-dire sans dépendre des impôts et sans passer par les marchés financiers – toute dépense ayant vocation à mettre en œuvre des projets basés sur des ressources humaines et matérielles disponibles ou pouvant être développées au plan national. Aucun État émetteur de monnaie ne peut manquer de sa monnaie. Ce qui peut manquer est ce que la monnaie est censée acheter. Tout ce qui est achetable dans la monnaie de l’État peut être financé dans la monnaie de l’État. Il n’existe de contrainte financière a priori que pour ce que l’on n’est pas capable de faire soi-même.
Y a-t-il trois sources de financement public en monnaie nationale….
Selon la vision dominante des finances publiques, les gouvernements ont trois manières de se financer. La première passe par le prélèvement d’impôts et de taxes. La seconde consiste à recourir à l’endettement si les gouvernements veulent dépenser plus que leurs recettes fiscales, ce qui aurait l’inconvénient d’ « évincer » le secteur privé – plus l’État s’endette, moins il y aurait de financements disponibles pour le secteur privé. La dernière méthode de financement serait celle de la « planche à billets », c’est-à-dire que la banque centrale finance directement le gouvernement. Elle est réputée dangereuse car elle susciterait l’(hyper) inflation. Les exemples simplistes et fantaisistes pour dénoncer les « méfaits » de la « planche à billets » sont légion. Nul besoin de les évoquer ici.
Cette vision dominante est erronée. Ou, du moins, elle ne s’applique que dans le contexte de pays qui, par choix politique ou contrainte extérieure, n’ont pas de souveraineté monétaire. C’est par exemple le cas des États qui ont fait le choix de ne pas avoir leur propre monnaie (à l’instar des pays utilisant le franc CFA) et de ceux qui ont adopté la monnaie de pays tiers (cas de l’Équateur, du Salvador, du Monténégro) ou des régimes de change extrêmement rigides comme les currency boards (Djibouti).
Dans tous les pays qui battent monnaie, il y a une pyramide monétaire interne. À quelques nuances près, le schéma est le même partout : des Seychelles aux États-Unis en passant par la Gambie et l’Islande. Au sommet de cette pyramide, il y a la monnaie émise par l’État, à travers sa banque centrale, qui prend différentes formes. Une forme matérielle : les billets et les pièces. Une forme immatérielle : la monnaie électronique (appelée réserves – ce sont des écritures comptables). La banque centrale est « centrale » parce que c’est la banque du gouvernement et celle des banques de « second rang » – les banques commerciales et publiques.
La monnaie émise par l’État est un monopole légal de l’État. Cela veut dire deux choses : aucun acteur économique n’a le droit de créer la monnaie de l’État ; aucun acteur économique ne peut avoir accès à la monnaie de l’État si celui-ci ne la met pas à sa disposition. Par exemple, les billets de banque utilisés dans les échanges quotidiens proviennent de la banque centrale qui les met à la disposition des banques commerciales et des agents économiques. Contrairement aux perceptions courantes, l’essentiel des transactions commerciales et financières se fait de manière électronique.
Quand le gouvernement doit dépenser, la banque centrale se charge de créditer des réserves (d’inscrire des numéros) sur les comptes des banques. Autrement dit, à chaque fois que la banque centrale exécute une dépense au profit du gouvernement, il y a une création monétaire (la prétendue « planche à billets »). C’est toujours ainsi que cela se passe. La banque centrale ne peut faire autrement. Réciproquement, quand le gouvernement doit recevoir des impôts et des taxes, la banque centrale débite (soustrait) des réserves des comptes des banques.
Quand le gouvernement est en déficit, il a dépensé plus qu’il n’a reçu d’impôts et de taxes, cela veut dire qu’il a augmenté la quantité de réserves disponibles pour les banques. En revanche, quand le gouvernement enregistre un surplus budgétaire – il a dépensé moins qu’il n’a obtenu de revenus fiscaux – la quantité de réserves disponibles pour les banques diminue.
Les banques ont besoin des réserves pour deux choses : d’une part pour solder les transactions entre elles, et d’autre part pour se conformer à la réglementation bancaire – elles doivent constituer des réserves de précaution pour les prêts qu’elles accordent et les dépôts. Le but de la politique monétaire de la banque centrale est d’influer indirectement sur les taux d’intérêt pratiqués par les banques vis-à-vis de leur clientèle en déterminant le prix (taux d’intérêt) auquel celles-ci peuvent accéder aux réserves. Les banques peuvent se prêter leurs réserves entre elles moyennant des intérêts mais elles ne peuvent pas les prêter à leur clientèle.
…ou une seule ?
Quand on comprend que la monnaie est un monopole de l’État, un certain nombre d’implications en découlent.
Premièrement, les acteurs économiques ne peuvent payer leurs impôts et taxes que si le gouvernement met sa monnaie à leur disposition, par des moyens directs (dépense publique) ou indirects (prêt de réserves par la banque centrale). Logiquement, il faut que le gouvernement dépense d’abord pour que les agents économiques puissent ensuite s’acquitter de leurs obligations fiscales. Ce que rappelle le concept de « revenus fiscaux » : les moyens de paiement utilisés pour payer les impôts et taxes « reviennent » à l’État qui les avait émis.
Dans le cadre d’un système monétaire souverain, les impôts et taxes ne sont pas un mécanisme de financement. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas nécessaires. C’est grâce aux impôts et taxes que le gouvernement peut contraindre les populations à accepter sa dette (sa monnaie). Les impôts et taxes sont aussi un instrument que le gouvernement utilise pour réguler la masse monétaire (lutter contre l’inflation), combattre les inégalités socio-économiques et altérer la structure des incitations économiques (subventionner certains secteurs ou pratiques, en décourager d’autres). Impôts et taxes détruisent (retirent de la circulation) la monnaie initialement créée par l’État.
Deuxièmement, de la même manière que les impôts et taxes ne sont pas une source de financement, les titres de dette qu’un gouvernement émet dans sa propre monnaie n’ont pas vocation à « financer » la dépense publique. Pour comprendre ce point, il faut toujours se rappeler que seule la banque centrale peut créer des réserves et les banques commerciales doivent d’abord obtenir des réserves – à travers la dépense publique et la politique monétaire - afin de pouvoir acheter les titres de dette (bons et obligations) du gouvernement.
Dans le cadre d’un système monétaire souverain, la banque centrale échange, moyennant des intérêts, les titres de dette du gouvernement contre les réserves détenues par les banques, quand elle estime que le niveau de réserves est excessif. Ce type d’opération ne vise pas à financer le gouvernement mais à faciliter la politique monétaire de la banque centrale. De la même manière, quand le niveau de réserves des banques est bas, la banque centrale fait l’opération inverse : elle crédite leurs comptes en réserves en échange de titres de dette de l’État.
En résumé, dans le cadre d’un système monétaire souverain, il n’y a pas trois sources de financement en monnaie nationale. Il n’y en a qu’une seule : la création monétaire (création de réserves) par la banque centrale. Alors que les impôts et taxes détruisent les réserves, les bons et obligations d’État retirent des réserves de la circulation monétaire temporairement (jusqu’à la maturité des titres).
Pourquoi ce système est-il incompris ?
Tout ce qui précède n’est pas de la théorie mais la description fidèle de la manière dont collaborent au jour le jour le gouvernement (le Trésor) et la banque centrale dans le cadre d’un système monétaire souverain. La question est : pourquoi tout ceci est incompris ? Il y a au moins deux raisons à cela.
Tout d’abord, du milieu du XIXe siècle jusqu’au début des années 1970, avec la fin de la convertibilité-or du dollar, les monnaies existantes n’étaient pas souveraines. Les puissances coloniales avaient des monnaies arrimées à l’or (la capacité de création de réserves de leur banque centrale était donc limitée par leurs stocks d’or respectifs), tandis que leurs colonies étaient assujetties à des régimes monétaires drastiques (elles n’avaient par exemple pas de banque centrale et donc les dépenses des administrations coloniales étaient financées à travers les impôts, les taxes et le travail forcé). Le raisonnement habituel sur les finances publiques – avec les « trois sources » de financement – s’appliquait dans ce cadre lui-même devenu désuet depuis que le dollar n’est plus convertible en or et que le régime de change flexible a été adopté par un nombre croissant de pays.
Ensuite, il est de l’intérêt des puissants financiers qui dirigent le monde de dissimuler aux gens ordinaires la source de leur pouvoir. Ils s’appuient pour cela sur les économistes néoclassiques qui disent aux étudiants et à l’opinion publique que le gouvernement n’a pas d’ « argent » et que celui-ci ne peut venir que du secteur privé. Or, il est indéniable que l’État a le monopole de l’émission de sa monnaie.
Selon les économistes néoclassiques, si la banque centrale « prête » directement à l’État, cela est inflationniste. Par contre, si la banque centrale prête des réserves aux banques commerciales qui les utilisent pour acheter les titres de l’État avec des marges d’intérêt élevées, cela n’est pas inflationniste. C’est la méthode la meilleure ! C’est comme si une théorie économique soutenait que l’État ne devrait occuper ses propres bâtiments que s’il accepte de payer un loyer à des agences de courtage privées !
L’exemple peut paraître choquant. Hélas, sous le néolibéralisme, c’est ainsi que les choses fonctionnent dans nombre de pays. Au lieu que les banques centrales soient des agents du gouvernement, qui assurent son indépendance financière, et des actrices majeures du développement national, elles sont des institutions au service de la finance privée globale.
En marge du mythe selon lequel le secteur privé peut financer l’État dans sa propre monnaie, il y a celui selon lequel les banques ne seraient que de simples intermédiaires entre les épargnants et les demandeurs de prêts. Comme le souligne une publication de la Banque d’Angleterre intitulée Money Creation in the Modern Economy : « L’épargne n’augmente pas en soi les dépôts ou les "fonds disponibles" que les banques pourraient prêter [...] Au lieu que les banques prêtent les dépôts qui leur sont confiés, l'acte de prêt crée les dépôts – l'inverse de la séquence typiquement décrite dans les manuels [d’économie]. » Autrement dit, à chaque fois qu’une banque accorde un prêt, elle a créé de l’argent ex nihilo, un nouveau pouvoir d’achat qui s’ajoute à l’épargne disponible. Conclusion : les pays qui ont un système bancaire et financier national – non-contrôlé par l’étranger avec un poids important des banques publiques et communautaires – peuvent toujours s’arranger pour financer eux-mêmes les projets qui mobilisent des ressources humaines et matérielles disponibles ou développables sur place.
Implications pour le Sénégal
Dans un système monétaire souverain, il y a au moins deux manières d’exécuter la dépense publique, toutes dépendant des dispositions de la loi. Dans certains pays comme le Royaume-Uni, dès que le parlement valide le budget, la banque centrale est légalement tenue de créditer le compte central du Trésor. Le gouvernement dépense d’abord. Les impôts et taxes qu’il perçoit a posteriori vont détruire une partie de la dépense. Si l’État a plus dépensé qu’il n’a reçu d’impôts et de taxes, un déficit est constaté a posteriori. Comme la dépense a déjà été faite, il n’y a aucun déficit à « financer ». Une considération accessoire qui ne change pas la logique décrite est de savoir si la loi permet au compte du Trésor d’être débiteur ou pas.
Dans d’autres pays, la loi interdit à la banque centrale de créditer directement le compte central du Trésor. Dès que le parlement valide le budget, la banque centrale est toutefois tenue d’exécuter la dépense du gouvernement. Elle demande alors aux banques commerciales d’acheter les titres de dette du gouvernement, quitte à les racheter par la suite. Tout ce cinéma n’est bien entendu pas nécessaire – la banque centrale aurait pu directement créditer le compte du gouvernement. Mais il permet de calmer certaines angoisses existentielles à propos de la « planche à billets » et, surtout, de rapporter des revenus garantis aux personnes les plus riches qui investissent dans les titres d’État.
Si le Sénégal avait par exemple sa propre monnaie, la loi pourrait disposer que la banque centrale doit créditer sur le compte central du Trésor la part du budget qui doit être exécutée en monnaie nationale (les dépenses en monnaie étrangère requièrent un traitement spécial). Cela lui permettrait deux choses.
Premièrement, le gouvernement n’aurait aucune contrainte de financement pour tout ce qui s’achète dans sa propre monnaie. Il pourrait toujours financer toute dépense ou tout projet qui requiert des ressources humaines et matérielles disponibles ou développables au plan national. Par exemple, en investissant davantage pour atteindre la souveraineté alimentaire et énergétique, il en résulterait une plus grande résilience vis-à-vis de l’inflation d’origine importée et une économie de réserves de change par suite de l’augmentation d’une production nationale qui se substituerait aux importations.
Deuxièmement, il n’y aurait plus de dette en monnaie nationale à comptabiliser ou à refinancer. Car le gouvernement se financerait lui-même à des taux nuls ou proches de zéro. Il pousserait les banques à s’occuper du financement du secteur privé plutôt qu’à vivre passivement à ses crochets. Les sommes auparavant consacrées à payer les intérêts sur la dette en monnaie franc CFA seraient redéployées vers les secteurs prioritaires.
Pour les dépenses en monnaie étrangère, le gouvernement pourrait essayer d’avoir un plus grand contrôle fiscal et technique sur les industries extractives et les recettes en devises qu’elles génèrent. Il pourrait aussi négocier des accords avec ses partenaires pour acheter les importations dont il a besoin dans sa propre monnaie.
Tout ceci est bien entendu impossible dans le cadre des camisoles de force monétaires qu’imposent l’UEMOA et la CEDEAO.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
AFROTOPIA OU LA CIVILISATION POÉTIQUE AFRICAINE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’ouvrage de Felwine Sarr est un grand livre car il pose de manière sensible, intellectuelle et scientifique, les raisons historiographiques et culturelles de l’avenir de l’Afrique
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Il est des livres qui viennent à vous tels des messagers faits de lumière qui portent la clarté, l’intelligence, la réflexion et la force qui font avancer le monde. Cela n’arrive que trop rarement hélas ! Mais quand cela se produit, c’est comme un soulagement, une respiration qui vous insuffle le courage nécessaire de persévérer pour défendre les convictions qui vous habitent.
Et c’est de cela dont il s’agit dans l’ouvrage magnifique de Felwine Sarr, Afrotopia, qui pose en des termes précis, puissants et rigoureux la question de l’identité africaine sous tous ses aspects majeurs.
L’auteur nous invite à repenser en profondeur « l’africanité » de nos sociétés qu’il définit comme une expérience nécessaire à notre rayonnement. Il précise que cette conscience identitaire n’est nullement tournée vers l’intérieur mais propose véritablement une voie salvatrice pour parfaire l’humanité et notre présence au monde. En articulant les sciences, les savoirs, l’histoire, l’économie, la cosmogonie, la pensée philosophique, la culture, le social, les croyances et la créativité, Felwine Sarr propose de remodeler une unité africaine plurielle dense qui englobe, presque de manière unique, l’expérience humaine et sociale comme fondement plutôt que de s’attacher à des concepts creux inventés par d’autres.
En s’appuyant sur la réalité de l’Afrique contemporaine et les recherches scientifiques, culturelles et sociales négro-africaines, il démontre que l’Afrique doit rebâtir son schéma structurel à la source de ses fonctionnements endogènes. Tout en précisant que la pensée africaine n’est point enfermée sur elle-même, l’éthique culturelle africaine est profondément ancrée sur une histoire partagée tout en contribuant à une réelle affirmation de soi.
En effet, il explique, et ce de manière très claire et audible, que les sociétés africaines n’ont pas encore déployé leurs propres consciences culturelles et sociales, emprisonnées, en partie, par le modèle occidental qui continue d’imposer sa didactique supposée universelle, alors qu’il oblige à un mode de pensée unique. Les civilisations africaines possèdent leurs propres référents culturels et sociaux qui n’excluent pas l’apport de l’autre, mais qui relèvent d’une cosmogonie différenciée qui, pour s’épanouir, doit pouvoir retrouver les soubassements historiques de son « essentialisme » qui, par bien des aspects, est bien plus profondément universel que la culture occidentale, car principalement habité par la priorité humaine.
Malgré les Indépendances, malgré la décolonisation des territoires, l’Occident continue d’imposer ses marqueurs idéologiques qui ne s’emboîtent pas à l’architecture culturelle et spirituelle africaine.
Felwine Sarr prend pour exemple, et ce de manière nette, les questions économiques du continent. Et il avance l’idée que, de façon intrinsèque, l’économie africaine repose sur le culturel et le social. Autrement dit, l’économie, et de fait la consommation, n’est pas pensée comme seul facteur individuel d’épanouissement. L’économie africaine, dans sa généalogie, repose plutôt sur la base de l’échange et de l’équilibre social. Ainsi à vouloir rationnaliser l’économie africaine, dans un système global occidental de privilèges et de réalisations personnelles, revient à un déséquilibre identitaire qui ne laisse vivre que des pantins désarticulés, dans la reproduction de l’économie dominante. On connaît d’ailleurs lucidement les raisons de cette volonté dominante, celle de continuer à engranger des profits sur le dos de l’Afrique.
Il est bien entendu qu’en Afrique, comme partout ailleurs dans le monde, chaque être caresse l’espoir de vivre dans l’équilibre économique, mais la dignité humaine en est la raison principale, plutôt que l’accumulation inutile. C’est pourquoi nous assistons encore à des écarts vertigineux entre la déshumanisation de la misère qui laisse exsangues les populations les plus démunies et le pillage économique pratiqué par certaines élites en déshérence, qui au fond ne font qu’imiter un fonctionnement dont ils ne sont même pas les créateurs. Cette proportion à vouloir atteindre un équilibre économique viable et sain, par notamment une certaine éthique sociale, est encore à rebâtir en Afrique à partir des préceptes culturels. Rien ne sert de courir après la modélisation économique dominante, on peut même en critiquer les manœuvres. Tant que le système de la mondialisation, qui est une économie de masse et de consommation de tous les excès, ne sera pas repensé équitablement, on verra ici et là, de part le monde, des révoltes sourdes plaidant pour la cause humaine qui rassemble le collectif plutôt que l’individualisme.
C’est de cette révolution économique, sociale et culturelle que l’Afrique doit se saisir, car elle possède, en son sein philosophique et spirituel, la notion du partage et de l’expérience humaine qui priment sur toute chose. Felwine Sarr évoque la pensée Ubuntu, « je suis parce que nous sommes », qui a conduit Nelson Mandela sur la voie de la résilience et c’est en effet une des particularités du culturalisme africain.
Ce renouvellement économique et social doit bien sûr s’accompagner d’un changement des conduites politiques, elles aussi calquées sur un modèle hybride qui tourne dans le vide et qui produisent aujourd’hui les crises majeures et le chaos que l’on connaît sur le continent.
Repenser les valeurs démocratiques et politiques suppose que l’on revienne aussi aux institutions historiques du véritable exercice égalitaire comme on l’entend dans la tradition africaine. Cette plongée dans la profondeur traditionnelle permettra de faire émerger notre modernité, adaptée à la réalité contemporaine de l’Afrique.
L’autre aspect que Felwine Sarr développe, et ce de manière brillante, est la question de la narration collective africaine. En effet, il pointe de manière analytique et critique, que notre Renaissance à la fois culturelle, sociale et spirituelle, doit émerger par la construction de notre propre histoire, la recréation du récit africain. En effet, durant des siècles, l’écriture épistémologique et culturelle africaine a été déviée de son socle par les puissances coloniales pour asseoir leur domination et empêcher l’émergence de l’Afrique comme entité culturelle autonome. Si nous continuons à vivre sur ces modèles idéologiques obsolètes pour nos sociétés, nous ne pourrons pas « sortir de la nuit » dans laquelle l’esprit colonial nous a plongés. Tout y est culturellement, historiquement, humainement falsifié, et toute cette « bibliothèque coloniale », nommée ainsi par Valentin Mudimbé, qui impose sa vision du monde n’est nullement la nôtre. Car tout est affaire de langage, de discours et de récit. Il est temps de « décoloniser la philosophie », comme le précise Nadia Yala Kisukidi, pour bâtir notre récit africain, celui qui est la source de notre créativité, de notre spiritualité, de notre pensée et qui entraîne notre devenir et notre « Afrotopos ».
Alors pour bâtir notre narration africaine, il faut investir davantage et « en masse » l’éducation scolaire, replacer au centre les langues nationales qui sont la structure de notre pensée et de notre « poiésis », l’université, la recherche et sortir de tout mimétisme stérile et destructeur.
Le discours africain doit parcourir nos sociétés pour parvenir à la représentation réelle de nous-mêmes. Il doit même s’inscrire dans nos villes, dans nos espaces de vie, dans notre architecture qui doit se reconnaître elle-même. Felwine Sarr parle de la construction de nos villes comme des « palimpsestes », une espèce de fondation polluée et agglomérée par des habitats inadaptés à notre fonctionnement circulaire vital pour la socialisation de nos groupes.
Le chantier africain se situe donc à tous les niveaux de notre histoire et de notre existence culturelle et sociale. Le discours africain est aussi à traduire à travers notre littérature, nos arts, notre philosophie, à travers notre raison ancestrale de l’oralité car ce n’est pas seulement notre spécificité, toute civilisation humaine construit sa pensée par la parole et la valeur culturelle et sociale qu’elle occupe est aussi centrale que la trace de l’écrit et la technicité de la science.
De même, et je partage amplement cette idée de Felwine Sarr, la poésie est au cœur du récit africain, par ses langues, ses images, ses métaphores et ses valeurs oniriques. En effet, il évoque notre existence comme étant « une civilisation poétique », une révolution du langage et une rupture épistémologique qui ramènent la pensée socratique à l’ancestralité africaine.
L’ouvrage de Felwine Sarr est un grand livre car il pose de manière sensible, intellectuelle et scientifique, les raisons historiographiques et culturelles de l’avenir de l’Afrique.
Cette vision, si elle paraît utopique à certains, est la redéfinition de notre cosmogonie culturelle, spirituelle, identitaire et humaine qui fera de l’Afrique le continent d’une re-civilisation de l’humanité toute entière.
Pour finir et ce n’est pas un moindre détail, Afrotopia est au cœur de cette construction du récit africain, il contribue amplement à son rayonnement. Par sa langue, ses perceptions éclatantes et ses richesses intellectuelles, le livre réinvente une interprétation poétique et littéraire de notre civilisation et s’impose comme un volume majeur de la littérature africaine contemporaine.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Afrotopia, Felwine Sarr, éditions Philippe Rey, Paris, mars 2016
NAZISME ET COLONISATION FRANÇAISE, LE PARALLÈLE QUI DÉRANGE
En comparant les massacres d'Oradour-sur-Glane aux exactions françaises en Algérie, Jean-Michel Aphatie a ravi un débat historique. Derrière la controverse se cache une question : la France est-elle prête à regarder en face ses zones d'ombre ?
Suite à la polémique déclenchée par les propos de Jean-Michel Aphatie sur RTL le mardi 25 février, comparant le massacre d'Oradour-sur-Glane aux actions de la France en Algérie, un débat plus large s'est ouvert sur les parallèles possibles entre nazisme et colonialisme français.
Le chroniqueur politique avait affirmé : « Chaque année en France, on commémore ce qui s'est passé à Oradour-sur-Glane, c'est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu'on en a conscience ? » Des propos auxquels Thomas Sotto avait tenté de s'opposer, avant qu'Aphatie n'insiste : « Les nazis se sont comportés comme nous nous l'avons fait en Algérie. »
Cette controverse médiatique s'inscrit dans un questionnement historique plus profond. L'histoire coloniale française, qui débute au 15ème siècle, révèle effectivement une dualité frappante : alors que la métropole évoluait vers un système républicain après la Révolution, les colonies restaient sous un régime autoritaire marqué par la ségrégation raciale.
Plusieurs historiens soulignent les violences perpétrées par des généraux français comme Thomas Robert Bugeot, responsable d'enfumades en Algérie, bien avant l'émergence du nazisme. Des spécialistes considèrent que le régime nazi a, d'une certaine manière, importé en Europe des méthodes de violence systémique précédemment appliquées dans les contextes coloniaux, notamment en établissant une hiérarchie raciale rigide.
Un point particulièrement sensible concerne l'après-guerre. Tandis que la France condamnait fermement les atrocités nazies, des massacres continuaient dans ses colonies, comme au Vietnam, à Madagascar ou en Côte d'Ivoire. Des réalisateurs comme René Vautier avaient tenté, dès 1950, d'attirer l'attention sur cette contradiction.
L'écrivain Aimé Césaire avait formulé en 1955 une analyse percutante de cette situation, suggérant que ce que l'Europe ne pardonnait pas à Hitler, c'était moins le crime contre l'humanité que d'avoir appliqué aux Européens blancs des méthodes jusque-là réservées aux peuples colonisés.
Si la comparaison entre crimes coloniaux et crimes nazis reste controversée, elle soulève néanmoins des questions essentielles sur la construction du récit national français. La vision binaire séparant les « méchants nazis » des « gentils Français » a longtemps permis d'éviter un examen critique du passé colonial français.
Les historiens s'accordent aujourd'hui pour reconnaître que les régimes coloniaux et le nazisme partageaient certains traits communs : autoritarisme, suprémacisme et violences systémiques. La question demeure : cette comparaison aide-t-elle à mieux comprendre notre histoire ou risque-t-elle de créer des équivalences simplistes entre des phénomènes historiques distincts ?
Cette polémique médiatique aura au moins le mérite de contribuer à un débat plus large sur la manière dont la France confronte son passé colonial, un processus essentiel pour une compréhension plus nuancée de l'histoire nationale.
VIDEO
ZIGUINCHOR À L'ÉTROIT, SELON DJIBRIL SONKO
Depuis sa prise de fonction, l'édile s'attaque aux problèmes structurels de cette ville de 9 km² qui étouffe dans ses frontières. Sa priorité : transformer les atouts inexploités de la capitale du Sud en moteurs de développement économique et social
Le maire de Ziguinchor, Djibril Sonko, était l'invité de l'émission "Objection" sur Sud FM ce dimanche 2 mars 2025. Au cours de cette édition spéciale délocalisée dans la capitale du Sud, l'édile a présenté sa vision et ses projets pour développer cette ville stratégique de la Casamance.
Succédant depuis juin 2024 à Ousmane Sonko, devenu Premier ministre, Djibril Sonko a dressé un état des lieux de sa commune : une ville de 9 km² comptant près de 274 000 habitants, dotée d'atouts économiques considérables mais encore sous-exploités, notamment dans les secteurs du tourisme, de l'agriculture et de la transformation.
Le maire a identifié comme priorité le réaménagement du quartier Néma 2, un dossier foncier épineux que ses prédécesseurs n'avaient pu résoudre. "Ziguinchor est à l'étroit, nous n'avons plus de terres disponibles," a-t-il expliqué, précisant qu'un plan de lotissement a été adopté pour reloger les populations concernées.
Sur le plan financier, la commune dispose d'un budget de plus de 5 milliards FCFA. Le maire s'est félicité d'avoir réalisé une économie de 500 millions sur le fonctionnement, somme réorientée vers l'investissement. Plusieurs projets sont en cours, notamment la construction de salles de classe, la réhabilitation d'écoles et la rénovation du stade mythique Jules François Bocandé.
Face au chômage des jeunes et à l'immigration irrégulière, Djibril Sonko propose une stratégie axée sur la formation professionnelle dans les domaines du bâtiment, de la pisciculture et de l'horticulture. "Ce que les jeunes vont chercher en Europe, ils peuvent le trouver ici notamment par l'agriculture," a-t-il affirmé.
Pour remédier au coût élevé de la vie à Ziguinchor, l'invité de Baye Omar Gueye préconise le désenclavement de la région par l'agrandissement du port, l'achèvement de l'aéroport et l'arrivée du train. Il a également souligné l'importance de valoriser la culture locale comme levier de développement économique.
"Si nous partons de ce qui nous appartient, nous sommes capables de construire une économie autour de notre patrimoine culturel," a conclu l'édile, citant Léopold Sédar Senghor sur "le rendez-vous du donner et du recevoir".
VIDEO
GRANDEUR ET DÉCADENCE D'UNE INSTANCE SUPRANATIONALE
Officier supérieur à la retraite, Mamadou Adje suit avec beaucoup d'attention l'actualité géopolitique. Artisan de la force en attente de la CEDEAO, il connait bien cette instance. Dans cette interview, il soutient que sa chute était "prévisible".
Fondée en 1975 pour assurer l'intégration en Afrique de l'Ouest, la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) demeure l'une des sous-régions les plus intégrées des 5 que compte le continent. Malgré quelques imperfections, quelques entraves à la libre circulation des biens et des personnes, elle demeure la sous-région la plus enviée. Très éprouvée depuis ces 3 dernières années, elle a fini par imploser en perdant 3 de ses membres importants : le Burkina, le Mali et le Niger. Le colonel Mamadou Adje, officier supérieur de l'armée et du génie militaire en retraite, la connait très bien. Dans cette interview, il nous parle du contexte de sa naissance, de ses hauts faits ainsi que de sa récente décadence qui de son point de vue était " prévisible ", pour avoir voulu outrepasser ses prérogatives ô combien précises et connues de tous.
Elle n'aura pas survécu à la longue crise qu'elle a traversé ces 4 dernières années consécutive aux coups d'États militaires successifs dans 4 de ses membres. Mais c'est surtout la gestion calamiteuse du dernier coup d'État, notamment celui du Niger et la menace d'intervention militaire sur le sol nigérien, sans même un mandat clair des Nations Unies, seul habilitées à donner ordre d'une intervention, mais encouragé par la France, qui a provoqué la scission de l'instance. Le Niger, le Mali et le Burkina ont fait bloc contre l'organisation pour aller créer l'Alliance des États du Sahel (AES).
Officier supérieur à la retraite et spécialiste des affaires internationales, le colonel Mamadou Adje suit avec beaucoup d'attention l'actualité géopolitique et diplomatique, aussi bien régionale que mondiale. Chroniqueur passionné, il connait du bout des doigts l'histoire la CEDEAO puisqu'il a aussi monté sa force en attente dont l'organsine se gargarise alors que lui la qualifie aujourd'hui de désuète avec l'avènement du terrorisme.
Depuis le début de cette crise qui a secoué l'instance supranationale jusqu'à son implosion, le colonel Adje a souvent livré ses analyses avec une précision chirurgicale aux médias qui le sollicitaient. Après la création officielle de l'Alliance des États du Sahel (AES), qui acte le départ définitif du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO, il a accepté de nous accorder cet entretien.
Le colonel Mamadou Adje revient sur les raisons de cette implosion de la CEDEAO et explique pourquoi cette issue était prévisible. Pour lui, cette crise a été très mal gérée, et l'implosion de l'organisation est due principalement à la menace proférée à l'encontre du Niger. Pour le colonel Adje, si cette attaque avait eu lieu, elle serait illégale faute de cadre juridique, car la CEDEAO n'est pas habilitée à attaquer un pays sans une résolution claire des Nations unies lui en donnant mandat. Puisque le protocole de Lomé dont certains évoque ne donne pas cette prérogative au la CEDEAO pour une intervention. S'il reconnait que la CEDEAO a créé les conditions de cette implosion, il rappelle aux États de l'Alliance des États du Sahel que la lutte contre le terrorisme doit être collectif pace que c'est une guerre asymétrique que les terroristes imposent aux États. " Chacun ne peut pas lutter contre son terrorisme ". Il constater pour se désoler de ce que " les facteurs du puissance " de l'Afrique de l'Ouest s'effondre avec cette scission.
Aussi, pour le colonel, c'est une erreur pour les États de l'Afrique de l'Ouest de penser qu'ils peuvent chacun lutter seul contre le terrorisme, comme tentent de le faire les pays de l'AES. Seule une mutualisation des forces permettra, selon lui, permettra de vaincre ce péril qui ensanglante les populations ouest-africaines. Mieux encore, le centre de gravité de la lutte contre ce phénomène n'est même pas militaire, mais civilo-social, avec la participation des populations. Le tour militaire ne fonctionne pas dans une guerre asymétrique. Malgré les armes de dernière générations acquises ces dernières par les 3 pays de l'AES, il rappelle que ces pays non sont pas forcément en sécurité aujourd'hui qu'ils ne l'état hier car " la force " n'est pas synonyme de puissance, d'efficacité ". En clair le sentiment de sécurité n'est pas la sécurité.
Le militaire rappelle que l'ardeur qu'à la CEDEAO à sanctionner les coups d'État militaire, l'instance devrait faire preuve de la même ardeur face aux causes des coup d'États c'est à dire sanctionner les chefs d'État qui tripatouille ses constitutions pour avoir des troisièmes mandats au pouvoir mais aussi combattre la mauvaise gouvernance, la corruption.
In fine, la CEDEAO c'était un modèle d'intégration qui a réussi certains défis comme l'intégration tout comme la mission l'ECOMOG ou celle qui a fait partir Yahyah Jammeh du pouvoir, mais ses dirigeants l'ont plombée du fait de l'échec de la lutte contre le terrorisme et de la mauvaise gestion des coups d'État militaires mais aussi de cette sorte de mansuétude vis-à-vis des tripatouillages constitutionnels qui sont aussi des coups d'État. Cette crise qu'elle traverse est peut-être une occasion pour lancer une nouvelle organisation qui va rassembler tous les pays de la sous-région dans nouvelle instance qui prenne en compte les griefs que les nations de l'AES ont formulé à son endroit.
Créée par des putschistes en 1975, ironie de l'histoire, ce sont aussi des putschistes qui dénoncent aujourd'hui la CEDEAO.
NDINGLER, LE TEST FONCIER DE DIOMAYE
Alors que l'ex-fonctionnaire des impôts, autrefois défenseur des villageois, est désormais président, la question se pose : parviendra-t-il à concilier légalité et justice sociale dans ce dossier explosif ?
(SenePlus) - Pour le président Bassirou Diomaye Faye, résoudre le conflit foncier de Ndingler représente aujourd'hui un délicat test politique. Lui qui, avant son élection, défendait ardemment les droits des villageois face à l'industriel Babacar Ngom, se retrouve désormais en position d'arbitre. Cette affaire emblématique, qui s'éternise depuis plus de dix ans, oppose des agriculteurs locaux au fondateur de Sedima, première entreprise avicole du pays.
"Rendre les 80 hectares aux paysans en laissant 150 hectares à une seule personne dont la survie n'en dépend même pas, c'est la seule solution juste qui tienne. Toute autre solution serait promotrice d'un capitalisme assassin", déclarait Diomaye en 2021, alors qu'il n'était qu'un inspecteur des impôts engagé aux côtés de l'opposant Ousmane Sonko. Aujourd'hui président, il doit concilier ses engagements passés avec son rôle de chef d'État représentant tous les Sénégalais.
À Ndingler, petit village situé dans le département de Mbour à plus de 100 kilomètres de Dakar, le conflit a débuté en 2014, lorsque Babacar Ngom est venu présenter son projet agro-industriel, comme le rapporte Jeune Afrique. "On lui avait tout de suite opposé une fin de non-recevoir, car nous n'avons que ces terres pour cultiver", explique Mbaye Diouf, coordonnateur du Collectif de défense des terres de Ndingler, cité par le magazine panafricain.
Pourtant, cinq ans plus tard, l'industriel revient avec un titre foncier en main. La commune voisine de Sindia lui a attribué 300 hectares, dont 224 hectares ont été immatriculés à son nom, incluant 75 hectares revendiqués par les villageois. Dans ce village sans eau courante ni électricité, ces terres sont vitales : elles permettent de cultiver "mil, arachide, niébé et maïs, en fonction des saisons" pour nourrir "plus de 100 personnes", précise Mbaye Diouf.
L'engagement de Bassirou Diomaye Faye dans cette affaire n'est pas anodin. Ndingler se trouve à seulement 10 kilomètres de sa commune natale de Ndiaganiao. "Lorsque nous l'avons interpellé, il a constaté l'injustice que nous vivions. Mais à présent, il est le président de tous les Sénégalais, et il doit tous les traiter de la même manière", reconnaît Mbaye Diouf auprès de JA.
Selon Seydi Gassama, directeur d'Amnesty International Sénégal qui soutient les villageois, le président "reste sensible à la cause" mais cherche à ne pas politiser le dossier. Une rencontre récente entre le Premier ministre Ousmane Sonko et Babacar Ngom a d'ailleurs ravivé les espoirs d'une résolution prochaine.
Cette affaire illustre les contradictions du système foncier sénégalais. La loi sur le domaine national de 1964, en nationalisant l'ensemble des terres du pays, "a favorisé l'accaparement des parcelles rurales par les élites urbaines", explique Jeune Afrique. Le problème est particulièrement aigu dans le "triangle de prospérité" entre Dakar, Mbour et Thiès.
"On parle de communautés qui ne sont pas scolarisées. Pour elles, ce sont les terres de leurs ancêtres, qu'elles vont cultiver et laisser à leur fils", explique le juriste foncier Mamadou Mballo. Si Babacar Ngom a acquis ces terres légalement, "que vaut cette légalité devant des gens qui ont occupé cette terre depuis des siècles ? Ils ne lui en reconnaîtront jamais sa propriété."
Quatre ans après l'éclatement médiatique du conflit, la situation reste figée. Les terres contestées sont en jachère, inaccessibles aux agriculteurs depuis un arrêté préfectoral pris après des affrontements. "Chacune des deux parties campe sur sa position : le premier brandissant ses titres fonciers, acquis légalement, les seconds demandant qu'on leur rende leurs terres ancestrales", résume Jeune Afrique.
Babacar Ngom défend un projet "d'utilité publique" qui offrirait des emplois aux villageois. Un argument rejeté par ces derniers : "Tu as ton champ, quelqu'un s'en empare, et tu dois devenir son employé. Est-ce que c'est logique ?", s'interroge Mbaye Diouf.
Seydi Gassama espère que l'État proposera d'autres terres à l'industriel, tandis que Mamadou Mballo salue le lancement d'un projet étatique de sécurisation foncière qui devrait aider les communautés rurales à faire reconnaître leurs droits.
Pour l'heure, les villageois restent dans l'expectative, comme le rapporte le magazine : "Avec le nouveau gouvernement, les choses changeront peut-être", confie Mbaye Diouf. "Nous, tout ce que nous voulons, c'est qu'on nous rende nos terres."
par Jean Pierre Corréa
QUAND LE BÂTIMENT RÂLE…TOUT VA !
L’inauguration du siège du Syndicat professionnel des entrepreneurs du bâtiment du Sénégal est une preuve de la vitalité du secteur. Le gouvernement se doit d’être aux côtés des initiatives d’unité patronale, pour accompagner cette dynamique
La nouvelle permanence du Syndicat professionnel des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics du Sénégal (SPEBTPS), a été inaugurée mardi à Dakar, et baptisée au nom du défunt fondateur de la Compagnie sahélienne d’entreprises (CSE), Aliou Ardo Sow, choisi pour ses qualités d’entrepreneur et de bâtisseur, selon les syndicalistes.
Sous la houlette du président du Syndicat, Oumar Ndir, qui pour l’occasion, avait viré de son pourtant joli minois, son « niangal’ » de rigueur, cette cérémonie fut le lieu réjouissant d’un rassemblement tout en élégance de la fine fleur de notre patronat national.
Il est vrai qu’il était difficile de résister aux préparatifs aussi énergiques que délicatement menés des deux fées ouvrières de ce happening patronal, que furent mesdames Marième Ndiaye et Ndiémé Laye Ba, dont l’exquise élégance provoqua « des blessés », dans une assistance masculine et du coup, plus attentive.
Dans une atmosphère conviviale, marquée par un patronat unifié grâce à la présence d’Adama la Cness et du sémillant Baïdy Agne, Monsieur Oumar Ndir rendit hommage à Feu Monsieur Aliou Ardo Sow, qui fut selon ses propos un ‘’levier essentiel pour le développement et la transformation de notre nation’’, rajoutant que ‘’Les réalisations de cet éminent entrepreneur, à travers la CSE, ont marqué de manière indélébile le paysage économique et infrastructurel du Sénégal et de la région’’.
L’actuel président du Directoire de la CSE, Oumar Sow, dans le « parler vrai et juste » hérité de son défunt père, et en toute liberté que lui confère sa responsabilité de patron engagé, mit avec une franchise décontractée, les deux pieds dans le plat de l’immobilisme ambiant, en faisant le vœu que la fin du mandat de Baidy Agne au CNP soit marquée par le dépôt d’une loi mettant en pôle position les entreprises sénégalaises, dans cette construction d’un Sénégal nouveau et attendu par toute une population désireuse d’un futur avenant pour ses enfants. Tout ça dit en souriant…
A bon entendeur…. Salut !
Repoussant l’adage qu’il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut rien entendre, Yankhoba Diémé, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, embraya sur la nécessité de faire de « Keur Aliou Ardo Sow le symbole de l’engagement, de la résilience et du dynamisme des acteurs nationaux du secteur du BTP, un lieu d’échanges et de partage, de concertation et de renforcement des capacités des entreprises sénégalaises du BTP.
Répondant aux attentes d’un patronat qui a posé ses doléances avec une calme détermination, Monsieur Diémé s’est voulu rassurant, hissant le « drapeau blanc » pour promettre que “l’État du Sénégal, sous l’impulsion de Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, président de la République, accordera une place centrale aux infrastructures dans sa stratégie de développement économique et social. La volonté d’y aller avec le secteur privé sénégalais est sans équivoque”… Alhamdoulilah !
« Oupou bakhna ci lakh bou tang ».
L’inauguration de ce siège est une preuve tangible de la vitalité du secteur du BTP et de l’engagement collectif pour son essor. Le gouvernement se doit d’être aux côtés des initiatives d’unité patronale, pour accompagner cette dynamique, dans un esprit de concertation et de dialogue constructif. Pour qu’ensemble, nous puissions bâtir un Sénégal toujours plus moderne, compétitif et prospère.
Quand le bâtiment vaille…Tout va !
texte collectif
LETTRE OUVERTE À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Le refus d'Embaló de fixer la date de l'élection présidentielle conformément aux dispositions de la Constitution fait partie d'un plan de fuite en avant visant à rester au pouvoir et à consolider la dictature en place
Le mandat du président de la République de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embaló expire le 27 février 2025, conformément à la Constitution de la République en vigueur dans le pays.
Malgré ce fait, et en violation flagrante de la Constitution et des normes internationales, le président Umaro Sissoco Embaló a refusé de créer les conditions nécessaires à la tenue du scrutin présidentiel en vue de l'élection d'un nouveau chef d'État avant la fin de son mandat.
Les plans anticonstitutionnels de Sissoco Embaló pour conserver le pouvoir représentent non seulement un danger pour la Guinée-Bissau, qui est historiquement secouée par une instabilité politique militaire chronique, mais aussi une menace réelle de contagion imprévisible pour toute l'Afrique de l'Ouest.
Le refus d'Embaló de fixer la date de l'élection présidentielle conformément aux dispositions de la Constitution fait partie d'un plan de fuite en avant visant à rester au pouvoir et à consolider la dictature en place dans un pays présentant d'énormes faiblesses et vulnérable au crime organisé.
Il est clair que l'hostilité de Sissoco Embaló aux principes démocratiques et aux préceptes constitutionnels est un moyen d'échapper au contrôle du peuple guinéen, profondément affecté par l'extrême pauvreté résultant des cycles d'instabilité politico-militaire, de blocage institutionnel et de mauvaise gouvernance qui se sont aggravés au cours des cinq dernières années.
En effet, dans sa stratégie de maintien au pouvoir en marge de la loi, Umaro Sissoco Embaló a annoncé à plusieurs reprises que les élections présidentielles se tiendraient en novembre 2025, soit neuf mois après la fin de son mandat.
Depuis son arrivée au pouvoir le 27 février 2020, le président Umaro Sissoco Embaló dirige la Guinée-Bissau d'une main de fer, utilisant les forces de défense et de sécurité pour perpétrer de graves violations des droits de l'homme, notamment des arrestations arbitraires, des enlèvements et des passages à tabac de journalistes, de voix dissidentes, d'activistes civiques et d'opposants politiques.
Pour éclaircir les atrocités commises par le régime dictatorial d'Umaro Sissoco Embaló à l'encontre du peuple Bissau-guinéen, permettez-nous de porter à votre attention les faits suivants :
a) Attaque barbare et destruction de Radio Capital FM le 7 février 2022, avec sept journalistes blessés, perpétrée par des militaires de la garde présidentielle d'Umaro Sissoco Embaló.
b) Création d'une brigade d'enlèvement et de bastonnade, qui fonctionne comme une sorte de milice pour le régime d'Umaro Sissoco Embaló, qui a déjà enlevé et brutalement battu plus de 10 personnes.
c) Le coup d'État constitutionnel a été réalisé par la dissolution inconstitutionnelle du parlement le 4 décembre 2023, quatre mois après l'entrée en fonction des députés. Plus d'un an après la dissolution du parlement, M. Embaló refuse d'organiser des élections législatives.
d) Coup d'État institutionnel consommé avec l'utilisation de milices armées qui ont pris d'assaut les locaux de la Cour suprême de justice le 3 novembre 2023, forçant la démission coercitive du président élu de cette plus haute instance judiciaire. À partir de cette date, Umaro Sissoco Embaló a installé sa marionnette à la tête du système judiciaire Bissau-guinéen avec un programme clair de destruction des principaux partis politiques et de révocation obligatoire des juges qui vont à l'encontre de ses objectifs autocratiques.
e) Le coup d'État institutionnel contre le président élu du Parlement, réalisé le 22 septembre 2024, au moyen d'un assaut armé dans les locaux du Parlement. À partir de cette date, Umaro Sissoco Embaló a illégalement installé le deuxième vice-président du Parlement en tant que nouveau président de cet organe souverain.
f) L'interdiction totale, illégale et inconstitutionnelle de la liberté de manifestation et de réunion en Guinée-Bissau, depuis le 15 janvier 2024, sur ordre d'Umaro Sissoco Embaló.
g) L'arrestation arbitraire de 93 membres du Front populaire le 18 mai 2024, suite à la manifestation pacifique organisée par ce mouvement civique. Tous les détenus ont été soumis à des séances de torture brutale au ministère de l'Intérieur. À ce jour, les auteurs moraux et matériels de ces actes criminels n'ont pas eu à répondre de leurs actes.
h) La transformation de la Guinée-Bissau en une oasis du crime organisé, notamment du trafic de drogue, avec de graves répercussions sur la sous-région.
Malgré ces actes subversifs récurrents, les violations graves de la Constitution bissau-guinéenne, les coups d'État institutionnels qui ont renversé les institutions vitales de la démocratie bissau-guinéenne et les violations systématiques des droits de l'homme, la communauté internationale, en particulier la CEDEAO, n'a jamais pris les mesures adéquates pour contraindre le Président Umaro Sissoco Embaló à remplir ses obligations internationales.
En effet, la 66e session ordinaire de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement, qui s'est réunie à Abuja le 15 décembre 2024, a instruit le président de la Commission d'envoyer une mission de haut niveau en Guinée-Bissau pour soutenir les efforts des acteurs politiques et des parties prenantes en vue de parvenir à un consensus politique sur le calendrier électoral. Malheureusement, à ce jour, la CEDEAO n'a pas été en mesure de mettre en œuvre cette résolution et d'autres en Guinée-Bissau.
En conséquence, le peuple guinéen est pris en otage par un régime violent, dictatorial, imprévisible et potentiellement dangereux pour la stabilité de la sous-région.
Dans ce contexte de destruction de la démocratie et de l'État de droit, il est impératif que la communauté internationale intervienne avec plus de force, sous peine de contribuer indirectement à l'instabilité permanente et à la consolidation conséquente de la dictature d'Umaro Sissoco Embalo, avec des conséquences sous-régionales.
En défense des valeurs axiologiques de la démocratie et de la stabilité sous-régionale, nous, organisations de la société civile des pays de l'Afrique de l'Ouest, profondément préoccupées par l'évolution de la situation politique et des droits de l'homme en Guinée-Bissau, avons décidé de signer cette Lettre Ouverte à la Communauté Internationale, l'exhortant à adopter les mesures urgentes suivantes contre le régime dictatorial d'Umaro Sissoco Embaló :
1. Interroger le président Umaro Sissoco Embaló sur la fin irréversible de son mandat le 27 février 2025, et sur l'abandon immédiat du pouvoir qui en découle au cas où des élections présidentielles ne seraient pas organisées avant cette date.
2. Exiger le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel en Guinée-Bissau, ce qui implique la tenue d'élections à la Cour suprême de justice, le retour du président élu du Parlement à ses fonctions, l'élection des membres du secrétariat de la Commission électorale nationale et la tenue d'élections législatives et présidentielles inclusives et transparentes.
3. Demander aux autorités nationales de mettre fin immédiatement à la vague d'arrestations arbitraires, d'intimidations et de menaces à l'encontre des citoyens, des journalistes, des opposants politiques et des défenseurs des droits de l'homme.
4. Exiger des autorités Bissau-guinéennes l'ouverture d'enquêtes judiciaires transparentes afin d'identifier et de tenir pour pénalement responsables les auteurs moraux et matériels d'enlèvements, de tortures et de passages à tabac de citoyens.
5. Exiger des autorités Bissau-guinéennes qu'elles respectent scrupuleusement leurs obligations internationales en matière de droits de l'homme, en particulier la liberté de presse, de réunion, de manifestation et d'expression.
6. Envoyer une mission conjointe de facilitation du dialogue, incluant la CEDEAO, l'UA, l'UE, la CPLP et l'ONU, en vue d'établir un calendrier électoral consensuel selon les termes de la Constitution Bissau-guinéenne.
Les organisations signataires :
1. Guiné-Bissau
- Espaço de Concertação das organizações da Sociedade Civil
- Frente Popular
- Liga Guineense dos Direitos Humanos
- Rede Nacional dos Defensores dos Direitos Humanos
- Associação Juvenil para a Proteção dos Direitos Humanos
- Rede das Mulheres Mediadoras
- Conselho das Mulheres
- MIGUILAN
- ALTERNAG
- Rede Paz e Segurança para as Mulheres no Espaço CEDEAO
2. Sénégal
- Africajom Center
- Mouvement Citoyen
- Syndicat des professionnels de l'information et de la Communication du Sénégal
3. Gambie
- The Gambia Centre for Rights and Justice
- The Gambia Public-Private Integrity
- The Association of NGOs in the Gambia
- Gambia Participates
- Beakanyang (Equality for All)
- Accountability Project Gambia
- Solo Sandeng Foundation
- Gambia Foods and Nutrition Association, GAFNA
- African Network against Extrajudicial Killings and Enforced Disappearances (ANEKED)
4. Ghana
- West Africa Civil Society Institute (WACSI)
5. Cap-Vert
- Plataforma das ONG de Cabo Verde
- Donu Nha Distinu
- Associação Chã de Matias
- Associação Caboverdiana de luta contra a Violência Baseada no Género
- City Habitat
6. Togo
- Front Citoyen Togo Debout
- Tournons La Page Togo
7. Guinée-Conakry
- Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC)
- Forum des forces sociales de Guinée (FFSG)
- Plateforme des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD)
8. Côte d'Ivoire
- Repenser la sécurité en Afrique
- Ong Vulnerable People EMPOWERMENT
par Christian Sagna
DE LA QUALITÉ ET DE L’HYGIÈNE DE LA VIANDE AU SÉNÉGAL
Au pays, environ 50% de la viande consommée provient d’abattages clandestins. Ces pratiques, qui échappent à tout contrôle sanitaire, exposent les populations à des risques de santé majeurs
La consommation de viande, un élément central de l’alimentation sénégalaise, soulève des questions critiques sur la qualité, l’hygiène et la sécurité sanitaire. Alors que l’importance de ces questions est souvent ignorée par le grand public, il est impératif de comprendre que la qualité de la viande, de l’abattage à la consommation, peut avoir des conséquences graves sur la santé humaine. Cet article vise à sensibiliser les consommateurs, mais aussi à attirer l’attention d’un lectorat plus averti sur les dangers liés à la consommation de viande provenant de circuits non réglementés.
De la ferme à l’assiette : La traçabilité de la viande en question
La chaîne de production de la viande, de l’élevage à la table du consommateur, est un processus complexe qui devrait être minutieusement régulé. En effet, chaque étape de cette chaîne, que ce soit l’élevage des animaux, leur abattage, ou leur transport vers les marchés, doit répondre à des normes strictes pour garantir que la viande soit propre à la consommation.
Cependant, au Sénégal, environ 50% de la viande consommée provient d’abattages clandestins. Ces pratiques, qui échappent à tout contrôle sanitaire, exposent les populations à des risques de santé majeurs. Les circuits clandestins ne respectent ni les standards de salubrité ni les conditions nécessaires pour garantir la sécurité sanitaire des produits carnés. Ces faits doivent interpeller à la fois les consommateurs et les décideurs.
Les risques liés à la consommation de viande de source non régulée
L’absence de contrôle vétérinaire sur les animaux destinés à la consommation humaine représente un danger sanitaire considérable. En effet, des maladies zoonotiques telles que la brucellose ou la tuberculose, qui se transmettent de l’animal à l’homme, sont souvent associées à ces circuits informels. Ces maladies, si elles ne sont pas détectées et contrôlées à temps, peuvent se propager rapidement et affecter une large portion de la population.
De plus, les abattages clandestins se déroulent dans des conditions insalubres où les règles de base d’hygiène ne sont pas respectées. Cette situation augmente le risque de contamination par des bactéries telles que la salmonelle ou l’Escherichia coli, responsables d’intoxications alimentaires graves. Les conséquences d’une telle contamination vont au-delà de la simple maladie individuelle, affectant l’ensemble du système de santé publique, déjà sous pression.
Abattage clandestin : Une pratique à dénoncer
Les abattages clandestins ne sont pas seulement un problème de santé publique, mais également un obstacle à la modernisation de notre système alimentaire. Ces pratiques, motivées par le profit à court terme, mettent en péril non seulement la sécurité des consommateurs, mais aussi l’image du pays en termes de qualité et de sécurité alimentaire.
La lutte contre l’abattage clandestin nécessite une mobilisation collective. Les consommateurs doivent être conscients de l'importance de privilégier des sources de viande traçables, issues d'abattoirs agréés par les autorités sanitaires. Cela implique un changement dans les habitudes d'achat, mais également une sensibilisation accrue sur les dangers liés à la consommation de viande provenant de sources douteuses.
Le rôle de la sensibilisation dans la préservation de la santé publique
Il est primordial de mener une campagne de sensibilisation à grande échelle pour informer la population des dangers associés à la consommation de viande non réglementée. Mais cette sensibilisation ne devrait pas se limiter aux consommateurs. Les leaders d'opinion ont un rôle clé à jouer dans la promotion d’une prise de conscience collective. Il est crucial que cette frange de la population utilise son influence pour appeler à une régulation plus stricte et à des sanctions sévères contre les abattages clandestins.
Conclusion : garantir une chaîne alimentaire sécurisée pour tous
L’enjeu de la qualité et de l’hygiène de la viande au Sénégal est un défi de taille qui requiert une approche rigoureuse et collective. L'abattage clandestin, s’il continue de proliférer, exposera de plus en plus de Sénégalais à des risques sanitaires évitables. Lutter contre ces pratiques illégales, exiger plus de transparence et de traçabilité, et promouvoir une meilleure régulation ne sont pas uniquement des mesures nécessaires pour la santé publique, mais aussi des actions citoyennes pour un Sénégal plus sûr et plus sain.
En fin de compte, la protection de la santé publique est une responsabilité collective, et c'est ensemble, en tant que société informée et vigilante, que nous pouvons faire la différence.
Christian Sagna est co-fondateur de LS Groupe.
POUR MACKY SALL, DES POURSUITES INÉVITABLES
Moustapha Ndjekk Sarré, porte-parole du gouvernement, a affirmé que l'ancien président "fera inévitablement face à la justice" pour sa gestion des finances publiques, allant jusqu'à le comparer à un "chef de gang qui a commis des actes criminels"
(SenePlus) - Selon des déclarations rapportées par la radio privée RFM, le porte-parole du gouvernement a affirmé vendredi 28 février que l'ancien président Macky Sall sera traduit en justice pour sa gestion du pays jugée "criminelle". Ces accusations interviennent dans un contexte de tensions politiques croissantes après la publication d'un rapport accablant de la Cour des comptes.
"Inévitablement, [Macky Sall] fera face à la justice. Il est le premier responsable d'actes extrêmement graves qui ont été posés", a déclaré sans ambiguïté Moustapha Ndjekk Sarré, également ministre de la Formation professionnelle.
Le représentant gouvernemental a durci le ton en comparant l'ancien chef d'État, qui a dirigé le Sénégal de 2012 à 2024, à un chef criminel : "Je ne lui donne pas de circonstances atténuantes. Tout ce qui s'est passé s'est passé sous ses ordres. On peut même le considérer comme le chef de gang qui a commis des actes criminels. Des poursuites judiciaires ne sauraient être évitées."
Ces accusations font suite à la publication, le 12 février dernier, d'un rapport de la Cour des comptes qui met sévèrement en cause la gestion financière de l'administration précédente. Cette institution de contrôle indépendante a relevé que les faits constatés sont "présumés constitutifs de fautes de gestion, de gestions de fait ou d'infractions à caractère pénal".
Parmi les irrégularités pointées, le rapport révèle que l'encours de la dette représente 99,67% du PIB, un taux "supérieur" à celui officiellement annoncé par le gouvernement de Macky Sall. De même, le déficit budgétaire pour l'année 2023, "recalculé" par la Cour, s'élèverait à 12,3%, bien loin des 4,9% communiqués par l'administration précédente.
La Cour des comptes a également mis en lumière "une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire" et "non retracée dans les comptes de l'État", soulevant des questions sur la transparence de la gestion des finances publiques sous la présidence de Macky Sall.
Face à ces accusations, le porte-parole du gouvernement a invoqué la crédibilité de l'institution : "La cour des comptes est certainement l'une des institutions les plus crédibles de notre République qui a certifié des audits faits par le ministère des Finances. Tout ce qu'il a à faire, c'est de demander pardon", a-t-il ajouté.
Actuellement installé au Maroc depuis qu'il a quitté ses fonctions, l'ancien président a vivement réagi à ce rapport dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique et publié jeudi. "Je m'inscris totalement en faux contre ces allégations de falsifications", s'est défendu Macky Sall, qui qualifie le rapport de la Cour des comptes de "procédé politique".