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12 avril 2025
Politique
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ME DOUDOU NDOYE DÉNONCE UNE JUSTICE SOUS INFLUENCE
Invité sur le plateau d’IFTAAR sur ITV, Me Doudou Ndoye, l’avocat de Farba Ngom a critiqué les Assises de la Justice et défendu son client, poursuivi pour blanchiment d’argent, en exigeant des preuves irréfutables.
Invité sur le plateau de l’émission IFTAAR sur ITV, Me Doudou Ndoye, avocat de Farba Ngom, a remis en question l’indépendance de la justice. Selon lui, le procureur agit sous l’autorité du ministre de la Justice, ce qui compromet l’autonomie du système judiciaire.
L’ancien ministre de la Justice s’est également exprimé sur les Assises de la Justice récemment organisées, estimant que l’événement n’a pas été une réussite en raison de problèmes techniques non pris en compte par les organisateurs.
Concernant son client, Farba Ngom, poursuivi par le pool judiciaire financier pour des accusations de blanchiment d’argent, Me Ndoye affirme que l’accusation n’est pas prouvée. Il estime que si son client a perçu de l’argent de manière illégale, il revient à la justice d’en apporter des preuves irréfutables, d’autant plus si les fonds ont transité par le Trésor public. « Si la justice parvient à démontrer clairement ces accusations, je serais le premier à accepter que mon client soit emprisonné », a-t-il conclu.
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JE NE PENSE PAS QU’ILS RÉUSSIRONT À POURSUIVRE MACKY SALL
Bassirou Kebé, président du mouvement « Liggey Sunu Reew » et membre de l’APR, était l’invité de l’émission matinale Salam Sénégal sur Radio Sénégal. Il s’est exprimé sur la récente déclaration du porte-parole du gouvernement concernant de possibles...
Bassirou Kebé, président du mouvement « Liggey Sunu Reew » et membre de l’APR, était l’invité de l’émission matinale « Salam Sénégal » sur Radio Sénégal. Il s’est exprimé sur la récente déclaration du porte-parole du gouvernement concernant de possibles poursuites judiciaires contre l’ancien président de la République, Macky Sall.
Interrogé sur cette déclaration, Bassirou Kebé a d’abord rappelé la nécessité de respecter ceux qui ont dirigé le pays : « J’ai entendu le porte-parole du gouvernement et j’ai même répondu à travers un article pour lui montrer qu’il faut des égards envers quelqu’un qui a dirigé ce pays pendant 12 ans et qui a réalisé beaucoup de choses. Le président Macky Sall n’est pas n’importe qui. Tous les présidents de la République, de Senghor à Macky Sall, ont contribué à la construction de ce pays. »
Selon lui, le porte-parole du gouvernement a par la suite nuancé ses propos en précisant qu’il s’exprimait à titre personnel et non en tant que porte-parole officiel : « Pourquoi revenir faire cette précision ? Cela signifie qu’il a pris conscience des répercussions de ses propos, tant sur le plan national qu’international. Il est libre en tant que citoyen de donner son avis, mais il a bel et bien parlé au nom du gouvernement. »
Concernant l’éventualité d’une action judiciaire contre Macky Sall, Bassirou Kebé estime que cela relèverait de l’impossible : « Ils peuvent utiliser les moyens juridiques à leur disposition, mais je ne pense pas qu’ils réussiront à poursuivre Macky Sall. »
Il affirme par ailleurs que Macky Sall n’a commis aucun acte pouvant être qualifié de haute trahison : « Au contraire, il mérite des félicitations pour avoir transformé le pays en matière d’infrastructures et de développement social. »
Bassirou Kebé dénonce également l’utilisation du rapport de la Cour des comptes pour ternir l’image de l’ancien président : « On tente de s’appuyer sur ce rapport, mais il ne dit pas que Macky Sall a détourné de l’argent, ni que son régime a fraudé. Il n’y a ni falsification des chiffres ni perspective de poursuites. Pour moi, il n’existe aucun élément probant sur lequel les autorités pourraient s’appuyer pour engager des poursuites. »
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LA CONVENTION DE TRANSFÈREMENT DES DÉTENUS ENTRE LE SÉNÉGAL ET LE MAROC N’A RIEN À VOIR AVEC MACKY SALL
Fatou Diop Cissé, députée et présidente de la commission des Affaires étrangères, était l’invitée de l’émission Salam Sénégal sur Radio Sénégal. Elle est revenue sur la ratification de la convention signée en 2004 entre le Sénégal et le Maroc...
Fatou Diop Cissé, députée et présidente de la commission des Affaires étrangères, était l’invitée de l’émission Salam Sénégal sur Radio Sénégal. Elle est revenue sur la ratification de la convention signée en 2004 entre le Sénégal et le Maroc, visant le transfèrement des détenus sénégalais incarcérés au Maroc.
Depuis le 17 décembre 2004, le Sénégal et le Maroc avaient conclu un accord permettant aux détenus sénégalais condamnés au Maroc de purger leur peine dans leur pays d’origine. Toutefois, si le Maroc a rapidement ratifié cette convention, le Sénégal ne l’avait pas encore officialisée.
Fatou Diop Cissé justifie cette ratification tardive par le contexte migratoire actuel. « Avec la migration irrégulière qui prend de l’ampleur en 2025, de nombreux jeunes Sénégalais se retrouvent en détention, notamment au Maroc. Il est temps que le Sénégal prenne ses responsabilités en facilitant leur retour pour qu’ils purgent leurs peines dans leur pays », a-t-elle expliqué. Elle rappelle également l’engagement du Premier ministre Ousmane Sonko : « Partout où se trouve un compatriote sénégalais, nous devons leur apporter assistance, voire les rapatrier si nécessaire. »
Interrogée sur la raison de cette ratification tardive, la députée estime que les gouvernements précédents n’en avaient pas fait une priorité. « Peut-être que pour l’ancien régime, ce n’était pas une urgence. Mais aujourd’hui, beaucoup de nos compatriotes sont dans des situations difficiles à l’étranger et sollicitent l’aide de l’État », souligne-t-elle.
Elle indique que la majorité des demandes de rapatriement proviennent du Maroc et que cette convention est une première étape avant d’élargir ce type d’accords avec d’autres pays. Par ailleurs, la commission des Affaires étrangères prévoit de travailler avec le ministère de la Justice pour améliorer les conditions carcérales au Sénégal.
Fatou Diop Cissé tient à préciser que cette convention ne concerne en aucun cas l’extradition des Sénégalais condamnés dans leur pays mais vivant au Maroc. « Il s’agit uniquement des compatriotes condamnés définitivement par la justice marocaine et dont les familles ou l’État du Sénégal souhaitent qu’ils purgent leurs peines au Sénégal. Ce n’est pas un mécanisme pour juger ici un Sénégalais condamné au Maroc », détaille-t-elle.
Face aux spéculations selon lesquelles cette ratification serait liée à la présence de l’ancien président Macky Sall au Maroc, Fatou Diop Cissé réfute toute corrélation. « C’est une simple coïncidence. Cette convention n’a rien à voir avec l’ancien président. Elle vise uniquement nos compatriotes condamnés définitivement au Maroc », clarifie-t-elle.
ENTRE MALADRESSES ET DERIVES LANGAGIÈRES
De l'ingérence verbale dans les affaires judiciaires aux déclarations discriminatoires sur les recrutements, les membres du gouvernement multiplient les maladresses qui contredisent le discours de rupture
Les régimes se suivent et se ressemblent avec leur lot de dérives langagières et autres maladresses. Sous Wade comme sous Macky Sall, elles ont pollué l’espace public et vicié les décisions de justice. Le régime de Bassirou Diomaye Faye ne fait pas exception à la règle. Du porte-parole du gouvernement Amadou Moustapha Ndieck Sarré qualifiant l’ancien président de la République Macky Sall de « Chef de gang », à la sortie au vitriol du Premier ministre Ousmane Sonko suite à ses déclarations contre le député Farba Ngom en passant par le ministre de la Santé Ibrahima Sy sur ses recrutements préférentiels, sont autant de maladresses qui tranchent d’avec la rupture tant attendue.
«Un président ne devrait pas dire ça… ». Selon plusieurs observateurs, ce livre des journalistes d’investigation, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publié le 12 octobre 2016, aurait précipité le départ de l’Élysée du président de la République française, François Hollande, qui a renoncé à briguer un second mandat, qu’il savait perdu d’avance. Ce, à cause des dérives langagières dont l’actuel député de la Corrèze avait fait preuve.
Au Sénégal, on assiste aux mêmes maladresses. Et ce de Wade à Diomaye Faye en passant par Macky Sall.
« Il ne peut pas échapper à la justice parce que c’est lui qui était derrière tout ça. Il est, en quelque sorte, le chef de gang », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Amadou Moustapha Ndieck Sarré, par ailleurs, ministre de la Formation Professionnelle sur les ondes de la RFM. Il réagissait aux propos de l’ancien président de la République, Macky Sall qui disait « n’avoir peur de rien concernant d'éventuelles poursuites ». Cette annonce du porte-parole du gouvernement qui n’est ni juge ni procureur, et reprise par les médias internationaux, a fini par alimenter des débats. Pour cause, à ce qu’on sache un président de la République ne peut être poursuivi qu’en cas de haute trahison. Une infraction qui n’existe dans aucun texte de loi au Sénégal. Face au tollé, Amadou Moustapha Ndieck Sarré, finira par effectuer un rétropédalage, en reprécisant sa pensée. Cette dérive langagière du porte-parole du gouvernement porte ainsi un sacré coup au régime actuel. Mais, il est loin d’etre le seul. On se souviendra des propos du Premier ministre Ousmane Sonko lors de la campagne électorale des législatives de novembre 2024 qui apportent de l’eau au moulin de ses détracteurs. De passage à Agnam, fief du député et responsable de l’Alliance pour la République (Apr) à Matam, Farba Ngom, Ousmane Sonko avait déclaré en wolof : « J’ai entendu un gars qui fait le tour du département et distribue des mallettes d’argent. Je peux vous assurer une chose. Ça sera la dernière élection à laquelle il prendra en tant que candidat, à fortiori en tant que distributeur automatique d’argent ».
Et c’est pourquoi beaucoup d’analystes voient dans l’arrestation de Farba Ngom une « exécution d’une commande politique ». Ce dernier, accusé de détournement de deniers publics portant sur 31 milliards de FCFA, de blanchiment de capitaux et d’association de malfaiteurs, est placé sous mandat de dépôt depuis le jeudi 27 février dernier, après sa deuxième comparution devant le collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier (Pjf). Ces accusations font suite à une enquête déclenchée par un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif), qui a mis en évidence des transactions suspectes de blanchiment de capitaux estimées à 125 milliards de FCFA.
Mais Ousmane Sonko n’en n’est pas à sa seule maladresse puisqu’il avait déclaré que le ministre de la Justice « n’est pas indépendant ». « Le ministre de la Justice, c’est une autorité politique, ce n’est pas une autorité judiciaire. Que personne ne fasse croire au ministre de la Justice qu’il est indépendant. Moi, Ousmane Sonko, je peux lui donner l’ordre de poursuivre par exemple Déthié Fall. Et, il n’aura pas d’autre possibilité que de saisir le Procureur afin de poursuivre Déthié », avait dit Ousmane Sonko à Rufisque lors de la campagne électorale pour les dernières législatives
Aux dérives langagières des membres du gouvernement, s’ajoute celle du ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. Lors d’une journée d’échanges avec les acteurs du sport, Khady Diène Gaye avait soutenu que le seul et unique sénégalais médaillé olympique El Hadji Amadou Dia Ba porte la « poisse », parce que depuis qu’il a gagné la médaille d’argent en 1988, aucun autre athlète sénégalais n’a remporté une médaille. C’est comme si en France, on accuse Yannick Noah d’avoir la guigne, parce qu’il a été le tennisman français à avoir remporté, le tournoi de Rolland Garros en 1983.
En dehors du ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, qui est en passe d’etre le chantre des maladresses, on peut citer le ministre de la Santé et de l’Action Sociale. Même si c’est dans un cadre privé, Ibrahima Sy avait déclaré : « Quand je reçois un CV, je vérifie s’il est de Pastef, parce que ma priorité ce sont les gens de Pastef ». Non sans apporter des précisions après que ses propos avaient été qualifiés de discriminatoires.
Toutefois, il faut noter que ces dérives ne sont pas l’apanage du régime actuel. Sous Wade, on se souvient encore de l’emprisonnement de Idrissa Seck relatif dans l’affaire des chantiers de Thiès qui a débouché sur un non-lieu total. Quid du cas Karim Wade sous Macky Sall qui a presque été condamné avant d’être jugé. C’est à se demander à quand la séparation totale et entière entre les pouvoirs Exécutif et Judiciaire ?
ENJEUX GEOPOLITIQUES ET ECHEC DE LA DIPLOMATIE DANS LA CRISE UKRAINIENNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce conflit, par ses répercussions globales, met en lumière l'urgence pour le continent africain de renforcer son unité interne et de développer une vision géopolitique commune face aux grandes puissances
Dans un contexte international où les relations entre nations sont de plus en plus marquées par des tensions géopolitiques et une compétition de puissance, la crise ukrainienne, qui dure désormais depuis plus de trois ans, illustre d'une manière poignante l'incapacité de la communauté internationale à instaurer un ordre mondial stable, respectueux des principes de souveraineté et d'intégrité territoriale.
Depuis son éclatement en 2014, ce conflit n'a pas seulement déstabilisé l'Ukraine, mais a également déclenché des répercussions profondes et imprévisibles qui continuent de perturber l'équilibre de l'ordre international tel que nous l'avons connu.
Le 28 février 2025, une rencontre historique entre Donald Trump, le vice-président JD Vance et le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche a mis en lumière les profondes fractures dans les relations internationales : une rencontre censée favoriser la paix s'est rapidement transformée en un affrontement public, symbolisant l'ampleur de la division entre les grandes puissances et la divergence de leurs visions du futur. Ce rendez-vous a cristallisé un changement majeur dans les rapports de force mondiaux, mettant en exergue l'inefficacité de la diplomatie traditionnelle face à des enjeux géopolitiques de cette ampleur.
Le conflit ukrainien, devenu l'un des plus complexes et dévastateurs du XXIe siècle, alimente les tensions géopolitiques mondiales et redéfinit les rapports de puissance entre les nations.
Véritable mosaïque de causes historiques, ethniques et géopolitiques, il dépasse largement les frontières de l'Ukraine, affectant la stabilité régionale, mais aussi mondiale. Notre analyse article propose de saisir la portée de cette crise en explorant ses origines, ses tentatives de règlement et les conséquences géopolitiques qu'elle engendre.
La genèse du conflit : Un péril géopolitique aux racines multiples
Les origines du conflit ukrainien sont marquées par une série de facteurs géopolitiques, ethniques et historiques profondément ancrés.
En 2014, la Russie, sous la direction de Vladimir Poutine, a procédé à l'annexion de la Crimée, une région stratégique de la mer Noire, au moment même où l'Ukraine subissait un bouleversement politique majeur avec la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovytch.
La Crimée, à majorité russophone, était perçue par Moscou comme un territoire stratégique essentiel à ses intérêts militaires et géopolitiques. Bien que la Russie ait justifié son action par la protection des Russes de Crimée et la nécessité de contrer une Ukraine de plus en plus orientée vers l'Occident, l'annexion a été fermement condamnée par l'ONU et l'Occident, exacerbant ainsi une rupture sans précédent dans les relations internationales, en violation flagrante des principes d'intégrité territoriale.
Toutefois, la question de la Crimée n'était que le point de départ d'un conflit bien plus vaste. L'intensification de la guerre dans le Donbass, où des séparatistes prorusses ont pris les armes contre le gouvernement ukrainien, a plongé la région dans une guerre de tranchées, marquée par des milliers de victimes et un déplacement massif de populations. Cette guerre hybride, marquée par des frontières floues et un soutien militaire occulte, a non seulement redéfini les rapports de force en Europe de l'Est, mais a également installé un nouveau type de conflit, où l'usage de la force est couplé à des manipulations géopolitiques complexes.
Tentatives de Résolution : L'échec des initiatives diplomatiques
Malgré plusieurs tentatives de règlement, telles que les accords de Minsk (2014 et 2015), la situation demeure figée et sans issue.
Ces accords, bien qu’ils aient été conçus pour instaurer un cessez-le-feu et amorcer une solution politique, ont en réalité exacerbée les tensions entre l'Est et l'Ouest, tout en divisant encore davantage l'Ukraine elle-même.
Les sanctions économiques imposées par les États-Unis et l'Union européenne à la Russie, ainsi que les pressions exercées sur l'Ukraine pour parvenir à une solution politique, ont mis en lumière l'incapacité des grandes puissances à imposer un règlement durable.
L'échec des négociations a permis à la Russie de renforcer son emprise sur le Donbass et de s'opposer fermement à l'intégration de l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union Européenne, rejetant ainsi l'élargissement de l'Occident à ses frontières.
L'Ukraine, quant à elle, se trouve prise en étau entre un Ouest résolument pro-européen et un Est prorusse, ce qui accentue les fractures internes du pays et déstabilise profondément sa structure politique et sociale. L'échec de la diplomatie a ainsi révélé la profonde fracture qui déchire le pays et son incapacité à dépasser ses divisions internes.
Répercussions géopolitiques : La mutation du paysage mondial
Les répercussions de la guerre en Ukraine vont bien au-delà de ses frontières et ont des implications majeures pour l'ordre mondial.
En ravivant les tensions d'un monde bipolaire à la guerre froide, la crise ukrainienne a ouvert une nouvelle phase de confrontation entre la Russie et l'Occident. Les sanctions économiques imposées à la Russie ont montré leurs limites, n'affectant que marginalement les choix politiques de Moscou, tout en renforçant sa posture défiant l'ordre mondial établi.
En revanche, la guerre a permis à la Russie de se réorganiser stratégiquement et de renforcer ses liens avec des puissances émergentes, comme la Chine, consolidant ainsi une alliance qui pourrait redéfinir l'équilibre mondial dans les années à venir.
La réorganisation des rapports de sécurité en Europe de l'Est s'est traduite par une augmentation des dépenses militaires et une coopération accrue au sein de l'OTAN, entraînant un redéploiement stratégique de l'Alliance. Cette évolution s'accompagne de nouveaux « conflits gelés » en Moldavie, en Géorgie et ailleurs, redéfinissant le paysage géopolitique de l'ex-Union Soviétique.
Conclusion : L'Ukraine, symbole d'un ordre mondial en pleine transformation
La crise ukrainienne, épicentre de tensions géopolitiques mondiales, met en exergue l'incapacité de la communauté internationale à répondre aux défis d'un monde multipolaire en constante évolution. L'échec de la diplomatie, l'escalade des rivalités géopolitiques et l'instabilité persistante soulignent les obstacles majeurs qui se dressent sur la voie de la réorganisation de l'ordre mondial. Si la résolution du conflit ukrainien demeure incertaine, il est évident que ses conséquences redéfiniront durablement les rapports de force internationaux pour les décennies à venir.
Cette situation met en lumière la nécessité impérieuse pour les puissances européennes de repenser leur position et leur rôle sur la scène internationale. L'Union européenne, malgré ses divisions internes et la montée en puissance d'acteurs comme la Chine, est-elle en mesure de consolider sa place dans le concert des nations mondiales ? Parviendra-t-elle à surmonter ses désaccords internes pour affirmer une politique étrangère et de défense commune, ou se retrouvera-t-elle marginalisée dans un monde de plus en plus polarisé où les rapports de force redéfinissent sans cesse les règles du jeu ?
Dans un contexte international multipolaire et de plus en plus instable, marqué par des tensions géopolitiques croissantes et une remise en question des fondements de l'ordre mondial traditionnel, l'Europe se trouve à un carrefour stratégique.
Malgré ses divergences internes, l'Union européenne possède un potentiel indéniable pour redéfinir ses relations internationales et renforcer sa coopération interne, si elle parvient à transcender ses différences.
L'Europe peut-elle réellement prendre l'initiative de renforcer son autonomie stratégique, notamment en matière de défense, de technologie et de gestion des crises, tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis des États-Unis ? Peut-elle surmonter des enjeux complexes, tels que la politique migratoire, la souveraineté nationale et les tensions économiques internes, pour s'unir autour d'une politique étrangère cohérente ?
Dans le même temps, la montée en puissance de l'Asie, et en particulier de la Chine, associée à l'incertitude quant à l'engagement des États-Unis sous certaines administrations, impose une réflexion sur l'impératif d'une recomposition européenne.
Cette dynamique sera-t-elle suffisamment solide pour surmonter les obstacles géopolitiques internes et externes, ou l'Europe risque-t-elle de se retrouver marginalisée dans un monde de plus en plus divisé ?
En définitive, bien que l'Union européenne dispose des ressources et du potentiel nécessaires pour redéfinir son rôle sur la scène internationale, elle se trouve confrontée à des défis d'une ampleur considérable. Les divergences internes, les questions de souveraineté nationale et l'ascension d'autres puissances mondiales comme la Chine compliquent sérieusement toute tentative d'unité. La réduction de la dépendance aux États-Unis et la construction d'une véritable autonomie stratégique soulèvent de nombreuses interrogations quant à la capacité de l'Europe à évoluer de manière cohérente face aux menaces globales.
L'Europe, bien qu'elle soit en mesure de renforcer son influence sur la scène mondiale, devra surmonter des obstacles redoutables pour parvenir à une coopération interne solide et à une stratégie internationale cohérente. Pour devenir un acteur véritablement clé, elle devra surmonter ses fractures internes et faire preuve d'une volonté politique commune, une condition indispensable mais encore fragile à réaliser.
Le cas de la crise ukrainienne offre au continent africain de nombreuses leçons essentielles qu’il peut tirer pour renforcer sa position dans un monde géopolitique de plus en plus complexe.
Tout d’abord, la situation actuelle met en évidence l’importance capitale de l’unité et de la solidarité régionale. Dans un monde multipolaire, la force d’un groupe d’États unis par des objectifs communs est incontestable. L’Ukraine, bien qu’elle se trouve au centre des tensions internationales, incarne cette nécessité d'une alliance solide face à des crises mondiales. L'Afrique, en tant que continent riche de diversité, doit poursuivre ses efforts d'intégration régionale à travers des organisations comme l’Union africaine ou les communautés économiques régionales. En renforçant la coopération intra-africaine, le continent peut jouer un rôle plus influent dans la définition des relations mondiales.
Une autre leçon importante de la crise ukrainienne concerne la nécessité de diversifier ses partenariats stratégiques. La guerre en Ukraine a montré à quel point certains pays peuvent se retrouver dépendants d’un nombre restreint de partenaires géopolitiques, une vulnérabilité que l'Afrique ne peut se permettre. En diversifiant ses relations avec des puissances émergentes telles que la Chine, la Russie ou l’Inde, tout en maintenant des liens avec les États-Unis et l’Europe, l'Afrique peut préserver son autonomie et éviter d’être subordonnée à un seul acteur majeur. Cette diversification géopolitique est un levier pour garantir une influence plus équilibrée dans le concert des nations.
La crise a également mis en lumière l’importance de la gestion des ressources naturelles et énergétiques, un domaine où l'Afrique dispose d'un potentiel inestimable. La dépendance des pays européens aux importations d’énergie a montré la fragilité de systèmes énergétiques trop centralisés et vulnérables aux conflits. Dans ce contexte, l'Afrique, riche en ressources naturelles, doit impérativement développer ses infrastructures énergétiques internes, promouvoir les énergies renouvelables et améliorer sa gestion des ressources naturelles pour renforcer son indépendance et assurer une résilience face aux crises mondiales. Cela passe par une gestion plus durable de ces ressources, mais aussi par une plus grande intégration énergétique au sein du continent.
Parallèlement, la crise ukrainienne met en évidence l'importance d'une diplomatie proactive et indépendante. L'Afrique doit renforcer son rôle sur la scène internationale en devenant un acteur diplomatique plus actif, capable de défendre ses propres intérêts. Cela implique la capacité à s'engager dans des négociations mondiales tout en préservant ses priorités, telles que le développement économique, la sécurité et la lutte contre les inégalités mondiales. La crise en Ukraine a montré qu’un continent peut se retrouver marginalisé si ses voix ne sont pas suffisamment fortes dans les grandes discussions internationales. L'Afrique doit donc mettre en place des mécanismes pour affirmer sa diplomatie et sa souveraineté face aux puissances mondiales.
L’Afrique pourrait également tirer des enseignements sur la gestion des conflits internes. La guerre en Ukraine a mis en exergue l'impact dévastateur des conflits internes non résolus, mais aussi des ingérences extérieures. Pour l'Afrique, cela souligne l'importance de trouver des solutions pacifiques et diplomatiques aux conflits internes, plutôt que de se laisser déstabiliser par des tensions politiques. Le renforcement des institutions de gouvernance, la promotion de la réconciliation nationale et l’établissement de processus de paix durables sont essentiels pour éviter l’escalade des conflits et garantir la stabilité régionale.
Un autre aspect fondamental est la prise de conscience de la vulnérabilité face aux dynamiques mondiales. La guerre en Ukraine a démontré que les crises géopolitiques peuvent rapidement affecter tous les continents, y compris l'Afrique, notamment en termes d’augmentation des prix des matières premières, de perturbation des chaînes d'approvisionnement ou d’instabilité alimentaire. L'Afrique doit être prête à anticiper ces effets et à mettre en place des stratégies de résilience, notamment en matière de sécurité alimentaire et d'indépendance économique. Cela nécessite une diversification de ses économies et le renforcement de ses infrastructures locales.
Enfin, l'une des leçons majeures que l’Afrique peut tirer de la crise ukrainienne est la nécessité d’une vision commune pour son avenir face aux bouleversements mondiaux. Le continent doit se doter d’une stratégie géopolitique claire et cohérente qui repose sur des principes de coopération, de souveraineté et de solidarité intra-africaine. Cela passe par une volonté politique forte de surmonter les défis mondiaux, qu’il s’agisse du changement climatique, des migrations ou de la sécurité mondiale. Pour que l’Afrique puisse véritablement jouer un rôle clé sur la scène internationale, elle devra dépasser ses divisions internes et adopter une vision partagée de son développement et de son influence dans le monde.
En somme, la crise ukrainienne offre à l'Afrique une occasion unique de réfléchir à son rôle dans un monde en constante évolution. Si elle réussit à renforcer son unité interne, à diversifier ses partenariats, à gérer ses ressources de manière durable et à affirmer sa diplomatie, elle pourra non seulement préserver sa souveraineté, mais aussi s’imposer comme un acteur incontournable dans la réorganisation de l’ordre mondial à venir.
LA FONCTION PUBLIQUE EN ÉBULLITION
Pendant que les licenciements tous azimuts alimentent le débat public, les nouveaux dirigeants recrutent leurs militants sans grand bruit, malgré la situation difficile des finances publiques
Les alternances sont généralement synonymes d'espoir. Celle de 2024 a fini de plonger des milliers de travailleurs dans une grosse désillusion. Lors de la rencontre tripartite gouvernement, syndicats et patronat, la semaine dernière, les secrétaires généraux des différentes centrales syndicales s'étaient insurgés contre cette pratique. D'habitude, regrettait Cheikh Diop de la CNTS/FC, les Sénégalais se pressaient d'aller dans l'Administration, en particulier pour la sécurité et la stabilité que cela offrait. “C'est dans le privé que nous étions confrontés à des problèmes de licenciement, de violation des droits des travailleurs... Aujourd'hui, on a l'impression que la tendance s'est renversée. Il y a énormément de licenciements et ce n'est pas acceptable”, soulignait le syndicaliste, non sans rappeler que le mouvement syndical usera de la revendication pour faire face.
À ceux qui indexent leur bonne foi et la motivation de la levée de boucliers dans les différentes organisations, il prévient et avertit de manière ferme : “Les responsables syndicaux du Sénégal, j'allais dire les syndicalistes du monde, ont choisi un combat : le combat du progrès social. Le mouvement syndical n'utilisera comme arme que la revendication, parce que nous sommes convaincus que la revendication est un facteur de progrès social. Nous sommes dans la revendication, nous ne sommes dans rien d'autre. Considérez que même si on ne se comprend pas, nous ne sommes que dans la revendication”, répétait-il s'adressant au Premier ministre.
Dans son intervention, le chef du gouvernement a averti sur le caractère clientéliste de ces recrutements concernés par les plans sociaux. Pour lui, il y a des gens qui ont été recrutés alors que ça ne correspond à aucun besoin. “La Fonction publique n'est pas une crèche pour caser la clientèle politique. Nous aussi nous avons nos militants. Si chaque pouvoir qui arrive crée des postes sans aucun besoin, juste pour caser la clientèle, on ne va pas en sortir. Un État responsable doit pouvoir l'évaluer et ça, on l'assume”, fulminait-il face aux syndicalistes qui semblent en faire une condition centrale dans les futures négociations, estimant que l'État, à travers ses démembrements, a procédé à ces violations en toute violation de la législation sociale.
Mody Guiro : “On ne défend pas des bras cassés ou des gens qui sont chez eux et qui ne travaillent pas.”
Interpellé à la fin de la rencontre par ‘’EnQuête’’ sur les propos du Premier ministre, le secrétaire général de la CNTS avait préféré surtout mettre en évidence la disponibilité à dialoguer dont il a fait montre. Sur les recrutements politiques, il avait tenu à réagir de manière ferme. Pour lui, il n'a jamais été question, pour les syndicalistes, de défendre des gens qui sont payés à ne rien faire. “Je le dis de manière claire et nette : on ne défend pas des bras cassés ou des gens qui sont chez eux et qui ne travaillent pas ; ce n'est pas notre logique. Ce que nous voulons, c'est que ces travailleurs qui ont bénéficié de contrats en bonne et due forme, qui sont dans les entreprises que leurs droits soient respectés comme cela s'est toujours passé”, s'était-il défendu.
À Sonko qui mettait en garde contre les pressions, il disait : “Les revendications vont continuer d'exister tant qu'il y aura un gouvernement et un patronat. Ce que nous voulons, c'est une écoute attentive de nos préoccupations. Nous ne demandons pas l'impossible. Si le dialogue s'établit sur la base de relations de confiance basées sur la transparence et la justice sociale, il n'y aura aucun problème. En tant que Sénégalais et en tant que partenaires sociaux, nous saurons assumer nos responsabilités, parce que nous sommes aussi des responsables.”
Mais ce qui fait le plus mal chez certains travailleurs licenciés, c'est qu'au moment où des Sénégalais sont limogés à gauche et à droite en raison de leur supposée appartenance politique, d'autres sont en train d'être recrutés un peu partout.
Ainsi, ‘’EnQuête’’ a appris de source sûre que dans de nombreuses structures concernées par ces licenciements, les recrutements continuent, malgré la situation difficile des finances publiques. On peut en citer le Port autonome de Dakar où Waly Diouf Bodian procède à des recrutements de profils qui n'ont d'autres mérites que d'appartenir au parti Pastef ; l'AIBD SA qui menace de licencier plus de 500 travailleurs alors qu'au même moment, Cheikh Bamba Dièye recrute de nouveaux agents. La liste est loin d'être exhaustive.
Des directions licencient le jour et recrutent la nuit des agents issus de leur famille politique
Tout le monde peut se rappeler d'ailleurs la gaffe du ministre de la Santé et de l'Action sociale qui avait clairement montré sa préférence pour les gens de Pastef dans les recrutements de son département. “... Mon staff m'est témoin : je fais la part belle aux militants du parti. Quand je reçois un CV, je regarde d’abord si le demandeur d'emploi est un membre ou pas du Pastef, car ma priorité est pour ceux qui sont du Pastef”, assumait-il sans ambages dans une rencontre avec ses militants. Acculé et critiqué de toutes parts, il avait essayé de se rattraper en s'enfonçant. À son avis, “à compétences égales” entre deux candidats, c'est tout à fait normal de privilégier le membre du parti. “Je ne pense pas que cela soit un délit de promouvoir un cadre de Pastef qui est aussi un Sénégalais bien méritant”, ajoutait-il, essayant de montrer que la compétence prime dans toutes les nominations.
Le minimum syndical face à un gouvernement austère
Au-delà des licenciements, les syndicalistes demandent aussi que cessent toutes formes d'injustice. C'est le souhait, en tout cas, formulé par le responsable de la CSA Elimane Diouf. En sus de la question des licenciements abusifs, il invite l'État à prendre les dispositions idoines pour aider les secteurs en difficulté à sortir du gouffre. Monsieur Diouf est revenu sur les maux qui gangrènent des secteurs comme les BTP, la presse, avec des milliers de travailleurs qui sont menacés.
Il s'est dit, en revanche, rassuré par le discours du PM. “Le discours peut être apaisant par rapport à ce qu'on avait l'habitude d'entendre de lui. Il a montré l'ouverture du gouvernement à dialoguer et à trouver des solutions. S'il y a des questions sur lesquelles nous ne nous entendons pas, on constatera le désaccord et chacun prendra ses responsabilités”, avait-il annoncé.
Une chose est sûre : pour les prochains mois, voire les années à venir, les organisations syndicales devront plus s'employer à préserver des acquis qu'à se battre pour l'amélioration des conditions des travailleurs. Ce qui constituerait un minimum syndical face à un État en ajustement structurel. Cheikh Diop le constate avec une belle formule. “Nous ne demandons pas à notre père une maison aux Almadies. Nous lui demandons d'aider à atteindre notre maison de banlieue qui prend feu. La situation du pays, nous en sommes conscients, mais nous voudrions aussi que la situation des travailleurs soit parmi les priorités”, disait-il.
Encore que même là, c'est trop demander. D'après le PM, là, c'est tout le quartier qui est en train de prendre feu et que le père ne saurait s'occuper d'une seule maison. “Ce n'est pas la maison qui brûle, c'est tout le quartier. Vous ne pouvez donc vous occuper que de votre maison en oubliant le reste. Cette conception de moi et de ma maison, il faut qu'on travaille à la dépasser”, rétorque-t-il au syndicaliste.
AND JËF/PADS-AUTHENTIQUE DÉNONCE LES MESURES D'AUSTÉRITÉ DU GOUVERNEMENT
Le parti critique les récentes mesures annoncées par le gouvernement, notamment la baisse des salaires, la réduction des effectifs de la fonction publique et l’augmentation des impôts, qu'il juge contraires aux attentes de la population.
Le Parti Africain pour la Démocratie et le Socialisme-Authentique (And Jëf/PADS-Authentique) a exprimé ses préoccupations face à la situation sociale et économique du Sénégal,.
Dans un communiqué de presse, le parti dénonce les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement, les jugeant contraires aux attentes de la population et susceptibles d’aggraver les tensions sociales.
And Jëf/PADS-Authentique critique les annonces de baisse de salaires, de réduction d’effectifs dans la fonction publique et d’augmentation des impôts.
Le parti estime que ces mesures, rappelant les plans d’ajustement structurel des années 80, risquent de détruire le tissu économique et d’appauvrir les travailleurs.
Il souligne l’importance de financer le déficit budgétaire par la croissance et non par des économies de dépenses, souvent essentielles au fonctionnement de l’État.
Le parti salue la tenue du forum tripartite de concertation État-Syndicat-Patronat, malgré ses limites, et appelle à un suivi rapide et à l’accélération des concertations sectorielles. Il exhorte le gouvernement à faire preuve d’imagination et d’innovation pour redresser les finances publiques, réduire les importations alimentaires et faciliter l’accès au logement, tout en privilégiant le dialogue et la concertation.
Revendications sociales et enseignement supérieur
And Jëf/PADS-Authentique appelle le gouvernement à « satisfaire les revendications des travailleurs, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation ».
Il insiste sur la nécessité « d’un plan d’urgence pour achever les chantiers en cours dans l’enseignement supérieur et d’organiser une nouvelle concertation nationale (CNAES2) pour apporter les correctifs nécessaires ».
Reddition des comptes et situation internationale
Le parti réaffirme son engagement en faveur de la « reddition des comptes et de la lutte contre la corruption », qu’il considère comme des impératifs pour le développement du pays.
Il appelle à une justice crédible au service de l’intérêt général.
Sur le plan international, And Jëf/PADS-Authentique s’inquiète de la nouvelle gouvernance américaine, de la montée des extrêmes droites en Europe et du populisme dans le monde.
Il dénonce par ailleurs le génocide du peuple palestinien et appelle à un retour aux valeurs de la lutte anti-impérialiste.
Le parti exprime également sa préoccupation face à la situation en Afrique, notamment en RDC et au Soudan, et appelle à un cessez-le-feu et à des concertations nationales inclusives.
TROIS ANS DE SANG ET DE LARMES
Ils étaient mécaniciens, ouvriers, étudiants ou élèves et la plupart avaient moins de 30 ans. Entre mars 2021 et février 2024, ils sont 65 à avoir perdu la vie lors des manifestations qui ont secoué le Sénégal, selon un nouveau décompte minutieux
(SenePlus) - Le collectif CartograFreeSenegal, en collaboration avec Amnesty International, a publié mardi un rapport détaillé établissant à 65 le nombre de personnes tuées lors des violences politiques au Sénégal entre mars 2021 et février 2024. Cette initiative citoyenne lancée en juin 2023 apporte une clarification importante sur le bilan humain de cette période troublée.
Selon le communiqué du collectif cité par l'AFP, « 65 morts ont été recensés, dont 51 tués par balles (soit 81% du total) ». Le document précise que « l'âge moyen des victimes est de 26 ans, la plus jeune ayant 14 ans et la plus âgée 53 ans. Près de la moitié des victimes étaient des ouvriers ou des mécaniciens et un quart étaient élèves ou étudiants ».
Cette publication coïncide avec l'anniversaire du décès de la première victime, un étudiant de 20 ans tué le 4 mars 2021 à Bignona, dans le sud du pays. La contestation qui a mené à ces violences était dirigée par Ousmane Sonko, alors figure de l'opposition et aujourd'hui Premier ministre, contre le président Macky Sall qui a dirigé le pays de 2012 à 2024.
L'AFP rapporte que les précédentes estimations fournies par diverses ONG mentionnaient « des dizaines de morts, sans plus de précisions ». La ministre sénégalaise de la famille et des solidarités, Maïmouna Dièye, avait quant à elle avancé début février le chiffre de 79 victimes. À cette occasion, le gouvernement a annoncé son intention d'accorder 10 millions de francs CFA (environ 15 000 euros) aux familles endeuillées.
Le collectif CartograFreeSenegal explique avoir établi « un lien sûr et direct avec les familles des victimes afin d'authentifier chaque décès ». La méthodologie employée a été particulièrement minutieuse : « Pour chaque cas, au moins un journaliste a été chargé de la documentation, examinant certificats d'autopsie, photos et vidéos, ainsi que témoignages des proches, des témoins oculaires et du personnel médical ».
De plus, « un maillage complet du territoire national a été réalisé » pour documenter ces événements durant lesquels « des dizaines d'autres citoyens ont été tués par les forces de défense et de sécurité », indique le collectif selon l'AFP. L'organisation affirme se tenir « aux côtés des familles endeuillées qui attendent toujours justice ».
Le contexte politique national a considérablement évolué depuis ces événements. Ousmane Sonko, aujourd'hui Premier ministre, a annoncé le 27 décembre dernier que son gouvernement déposerait un projet pour abroger la loi d'amnistie couvrant ces violences. Cette loi avait été initiée par l'ex-président Macky Sall avant l'élection présidentielle qui a conduit fin mars 2024 à la victoire de Bassirou Diomaye Faye.
UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS LA LA TRAQUE JUDICIAIRE DE MACKY SALL ?
Une intercommission de l'Assemblée nationale a examiné lundi 3 mars un projet de loi autorisant la ratification d'une convention de transfert de détenus avec le Royaume chérifien, où l'ancien chef d'État a trouvé refuge
(SenePlus) - L'Assemblée nationale a entamé lundi 3 mars l'examen d'un projet de loi autorisant le président de la République à ratifier une convention de transfert de détenus avec le Royaume du Maroc. Cette démarche intervient précisément au moment où le gouvernement a annoncé son intention d'engager des poursuites judiciaires contre l'ancien président Macky Sall, actuellement installé au Maroc. Le calendrier législatif s'accélère puisque ce projet de loi devrait être soumis au vote des députés en séance plénière dès le 10 mars prochain.
La convention entre le Sénégal et le Maroc remonte à 2004 mais n'a jamais été ratifiée par Dakar. Son mécanisme, tel que décrit par RFI, permettrait à "une personne condamnée dans l'un des deux pays de purger sa peine dans son pays d'origine, tout en bénéficiant d'une aide consulaire et humanitaire."
Si un accord d'extradition existe déjà entre les deux pays, cette convention supplémentaire renforcerait l'arsenal juridique à disposition des autorités sénégalaises. Un observateur cité par RFI explique qu'en "dépoussiérant cette convention, les autorités renforcent leurs garanties de pouvoir extrader l'ancien président s'il est un jour poursuivi et condamné."
Le gouvernement, à travers plusieurs déclarations officielles, a clairement exprimé son intention de traduire en justice Macky Sall. Les autorités l'accusent de "graves irrégularités dans la gestion des finances publiques pendant ses mandats, notamment la falsification des données économiques."
La tension entre le nouveau pouvoir et l'ancien président a atteint un nouveau palier vendredi dernier lorsque le porte-parole du gouvernement a qualifié le précédesseur de Bassirpu Diomaye Faye de "chef de gang", une déclaration qui a suscité l'indignation dans le camp de l'ancien chef d'État.
En décembre dernier, une haute cour de justice a été rétablie spécifiquement pour pouvoir juger d'anciens présidents. Cette juridiction exceptionnelle constitue un préalable indispensable aux éventuelles poursuites contre Macky Sall.
UNE PRÉTENDUE FAVEUR QUI CRÉE L'INÉGALITÉ
Le Collectif des féministes du Sénégal s'insurge contre la permission accordée aux femmes de quitter leur poste à 15h pendant le Ramadan. Il dénonce une mesure qui, sous apparence de bienveillance, instaurent des discriminations
Le Collectif des féministes du Sénégal dénonce dans le communiqué ci-après, les notes de service permettant aux seules femmes de quitter leur poste à 15h pendant le Ramadan au sein de plusieurs administrations publiques. Il s'agit selon lui, de directives qui sous apparence de bienveillance religieuse, instaurent des discriminations multiples contraires aux principes constitutionnels d'égalité et de laïcité de la République du Sénégal. Face à cette atteinte aux droits fondamentaux, le Collectif appelle à une mobilisation immédiate pour faire respecter l'égalité entre tous les citoyens, sans distinction de genre ou de confession.
"Lii jubul jubentilen ko !
Nous avons pris connaissance, avec stupeur, des notes de service émanant des directions de certains services publics (le Port autonome, la Poste, etc). Il s’agit de notes dans lesquelles le personnel féminin est autorisé à partir à 15h pour cause de Ramadan.
Ces notes de service posent problèmes car elles sont constitutives de diverses discriminations. Au premier rang desquels on note des discriminations entre les agents hommes et les agents femmes des services publics. De surcroit, elles instaurent des discriminations entre hommes musulmans et femmes musulmanes contraires également aux principes islamiques (les musulmanes et les musulmans étant égaux devant leurs devoirs de respect d’un des piliers de l’Islam). S’y rajoutent des discriminations entre personnes de confession musulmanes et personnes d’autres confessions. Enfin elles induisent des discriminations entre agents du secteur public et professionnels du secteur privé.
En l’espèce, ces notes défient le principe de respect des libertés fondamentales et des droits des citoyens qui sont au fondement de la société sénégalaise. Elles défient également la Constitution du Sénégal qui proclame le rejet et l’élimination, sous toutes leurs formes, de l’injustice, des inégalités et des discriminations. Au surplus, ces notes portent atteinte au principe de l’article premier de ladite Constitution qui énonce : « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances. »
Tous les agents des services publics sont fondés à agir en attaquant ces notes par des recours en excès de pouvoir. Elles ne sauraient prospérer et porter atteinte à leurs droits et encore moins au principe d’égalité des citoyennes et des citoyens sénégalais consacré par notre Constitution commune.
Bon Ramadan, bon carême, bons hommages aux ancêtres ou juste bonne journée !