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23 novembre 2024
Politique
TRUMP REVENDIQUE UNE VICTOIRE HISTORIQUE
Dans une ambiance électrique à West Palm Beach, l'ancien président a proclamé avoir "écrit l'Histoire" de cette présidentielle. Fox News, média conservateur, est le seul à lui donner raison pour l'instant
(SenePlus)- Donald Trump s'est autoproclamé vainqueur de l'élection présidentielle américaine mercredi soir, alors que le dépouillement se poursuit dans plusieurs États clés. Lors d'une allocution à West Palm Beach, en Floride, l'ancien président a affirmé avoir réalisé "une victoire politique jamais vue" aux États-Unis.
"Nous avons écrit l'Histoire", a déclaré Donald Trump devant une foule de partisans enthousiastes, promettant dans la foulée "d'aider le pays à guérir".
Cette déclaration de victoire s'appuie uniquement sur les projections de Fox News, seul média américain à avoir annoncé un résultat définitif à ce stade. La chaîne conservatrice fait cavalier seul, alors que les autres grands médias américains attendent la fin du dépouillement dans les États décisifs avant de se prononcer.
Cette annonce intervient dans un contexte de grande tension, alors que le décompte des votes par correspondance se poursuit dans plusieurs États clés qui pourraient déterminer l'issue finale du scrutin.
LE DERNIER BUDGET DE MOUSTAPHA BA
L'ancien ministre des Finances laisse l'image d'un expert respecté des finances publiques. De l'ENEA aux plus hautes responsabilités ministérielles, ce fils de Nioro du Rip incarnait l'excellence de la haute fonction publique sénégalaise
Accusé d’avoir fait partie de ceux qui ont falsifié les finances publiques, trainé dans la boue par les tenants actuels du pouvoir, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Mamadou Moustapha Ba, s’en est allé hier, après quelques jours dans le coma, à la suite d’un malaise. Retour sur le parcours d’un digne fils du Sénégal et de Nioro du Rip !
‘’Grand, il a vécu. Grand et digne, il est parti’’. Ce témoignage de l’ancien ministre de la Culture Aliou Sow résume bien le parcours de Moustapha Ba, né à Nioro, il y a environ 59 ans et décédé hier 4 novembre en France. En attestent les témoignages issus de tous les bords politiques, y compris parmi ses contradicteurs les plus féroces, notamment à l’Assemblée nationale. Celui de Guy Marius Sagna en est une parfaite illustration.
Dans un post, le responsable au parti Pastef déclare : ‘’Nous étions de camps totalement opposés. Nous avons croisé le fer du dialogue en commission comme à l'hémicycle. Jamais il n'a esquivé les questions que je soulevais.’’
De l’avis de l’ex-opposant radical membre de la nouvelle majorité au pouvoir, même si les réponses ne le convainquaient pas toujours, l’ancien ministre avait ce don de susciter l’écoute et le respect. ‘’Ses réponses de ministre des Finances et du Budget ne me convenaient pas toujours. Mais j'éprouvais une forme d'étonnement - de respect - devant son endurance et sa courtoisie à l'hémicycle. Il était une des rares voix avec qui discuter avait encore un sens à l'Assemblée nationale du Sénégal lors de la 14e législature’’.
GMS : ‘’Il était une des rares voix avec qui discuter avait encore un sens à l’Assemblée nationale.’’
D’une générosité intellectuelle sans pareille, Moustapha Ba pouvait rester une journée entière à discuter de finances publiques, de budget avec des opposants comme avec des membres de la société civile. Toujours avec le même respect, la même courtoisie.
Ancien président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale, Seydou Diouf ne le considère pas comme un homme politique, mais comme un expert. ‘’J’ai connu Moustapha durant mon premier mandat en 2007. À l’époque, il était à la Direction de la Coopération économique et financière, où il s’occupait des investissements dans des secteurs stratégiques comme l'agriculture, les infrastructures, puis comme directeur général du Budget, directeur général des Finances. Il a gravi tous les échelons pour se retrouver à la tête du département. Ce n’était pas un politique, c’était un expert des finances publiques qui a été porté à cette station en raison de ses compétences’’, rapporte le député de la 14e législature.
Chez les politiques, le natif de Nioro du Rip fait presque l’unanimité. Il a su dépasser les clivages partisans, pour être au service exclusif de la nation. Seydou Diouf : ‘’C’est un expert qui a traversé plusieurs régimes : Diouf, Wade jusqu'à Macky Sall qui avait fait de lui son ministre. Il avait une très grande connaissance des leviers des finances publiques. Il vous parlait du budget comme il vous parlait de sa vie au quotidien. Rien dans le budget ne lui était étranger. Le Sénégal perd vraiment un digne fils’’, insiste M. Diouf très ému.
Un orfèvre des finances publiques
Sorti de l’École nationale d’économie appliquée (ENEA) devenue École supérieure d’économie appliquée (ESEA), Moustapha Ba aura fait presque tout son parcours au sein du département des Finances. Plus de 30 ans, selon certains témoignages. Ancien Premier ministre de Macky Sall, Amadou Ba, qui a suspendu sa campagne pour les Législatives, témoigne : ‘’Je le connais depuis plus de 25 ans. Il était à l’époque un agent, après chef de division, par la suite directeur de la Coopération économique et financière, après directeur général du Budget, quand j'étais ministre des Finances. C’est resté son poste jusqu'à sa nomination comme ministre des Finances dans un gouvernement où j’étais le Premier ministre. Ce qu’il a fait pour ce pays est inestimable.’’
En tant que ministre des Finances de 2013 à 2019, Amadou Ba a travaillé de manière très étroite avec son ancien directeur général du Budget. Selon lui, Moustapha est l’un des meilleurs de sa génération. ‘’Dans le domaine budgétaire, je n'ai pas vu dans ce pays quelqu'un de plus compétent. Dans le domaine de la coopération, il est difficile de trouver quelqu'un qui est plus compétent’’. Acteur majeur de toutes les grandes réformes sous Macky Sall, l’homme jouissait d’un grand respect et considération auprès de tous ses collaborateurs. ‘’Dans la conception du PSE (Plan Sénégal émergent), on était ensemble à toutes les étapes : dans la mobilisation des ressources financières tout comme dans la gestion budgétaire. Je peux dire que c'est l'un des fonctionnaires les plus compétents, les plus rigoureux que je n'ai jamais connus. Je le dis très honnêtement’’, souligne l’ancien PM.
Porté à la tête du ministère des Finances le 17 septembre 2022, Moustapha Ba a très vite pris ses marques et a été l’un des ministres qui a bien marqué le département. En sus d’avoir des relations cordiales avec les politiques, il a su également bénéficier du respect de ses collaborateurs et inspirait la confiance aux partenaires techniques et financiers.
À l’Assemblée nationale, il ne se contentait pas de s’appuyer sur ses collaborateurs, rapporte Seydou Diouf, pour marquer sa maitrise du secteur. ‘’C’est le ministre des Finances qui avait la main à la pâte. Moustapha Ba ne se contentait pas de recevoir des notes de ses collaborateurs. Il avait cette capacité de synthèse, parce que connaissant parfaitement le département des Finances, maitrisant particulièrement le budget de l'État dans la manière dont il est élaboré, dont il est arbitré, dans la manière dont il est exécuté, mais aussi dans la manière dont il est contrôlé. Il savait répondre à toutes les questions avec une grande aisance parce que ne cherchant pas ses mots’’, insiste le président du Parti pour le progrès et la citoyenneté.
par Mohamed Mbougar Sarr
À PROPOS DE L’AFFAIRE SÉVERINE AWENENGO
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est ironique que l’opposition et le pouvoir soient tombés d’accord sur la condamnation de l’ouvrage. Ce seul fait devrait alarmer. Il n’est pas toujours obligé que la crainte sociale soit opposée à la nécessité de la connaissance
Sur ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Séverine Awenengo », je voudrais dire quelques mots. D’emblée, je confesse une honteuse faute : je vais commettre à l’égard de ce livre la même injustice que la plupart des commentateurs de son actualité : je ne l’ai pas encore lu, ce qui devrait pourtant être le préalable élémentaire à toute discussion sérieuse le concernant. Naturellement, je le lirai bientôt et en reparlerai peut-être ici même, après lecture. Foi candide dans le geste élémentaire de la bonne foi critique : lire d’abord, commenter et juger ensuite. Il n’est pas certain - j’ai déjà, en toute modestie, une solide expérience à ce propos - que cette bonne foi intéresse le plus, en matière de controverse intellectuelle et littéraire au Sénégal. Mais c’est un autre sujet. Je précise aussi que je ne connais pas personnellement Madame Awenengo.
Le malentendu, comme souvent, semble venir de la confusion, calculée ou involontaire, entre l’approche scientifique - mais cela peut aussi valoir pour l’approche fictionnelle - d’un sujet et l’apologie politique ou morale de ce sujet. En l’occurrence, tout indique qu’on suspecte (ou, pour certains, qu’on accuse franchement) la chercheure de « défendre » ou « encourager » ou « légitimer » l’idée d’une autonomie de la Casamance. Et la suspicion semble s’appuyer sur le seul fait (je souligne) qu’elle y consacre un essai, fruit d’années de labeur, de lectures, d’analyses, de terrain. Je ne suis pas naïf au point de croire encore qu’il existe une « neutralité » (au sens d’une innocence absolue, d’une « perspective de Sirius » objectivement détachée) de la recherche académique. Il va de soi que tout travail universitaire est plus ou moins « situé » ; que tout chercheur, toute chercheure a d’inévitables biais (théoriques ou personnels) ; que la démarche scientifique, aussi rigoureuse soit-elle, s’effectue toujours dans un contexte politique et social auquel elle n’échappe pas, et avec lequel elle doit composer, y compris dans la gestion des affects que ce contexte génère.
Je sais tout cela. Seulement, je sais aussi que : 1) le travail universitaire obéit à des protocoles, des contrôles, des relectures, des critiques externes qui font que n’importe quoi ne se publie pas n’importe comment ; 2) que la suspicion d’un agenda politique « caché » d’un universitaire peut être confirmée ou infirmée par l’examen patient et rigoureux de son historique de recherches et de publications ; 3) qu’au cas où, pour une raison ou une autre, une proposition universitaire « suspecte » ou « problématique » sur un sujet réussissait à être publiée malgré tous les sas de validation, les autres universitaires, spécialistes de cette question - et il y a, sur la question de ce livre, de nombreux spécialistes, et beaucoup sont Sénégalais - la liront, la critiqueront, la réfuteront, au besoin.
Pour toutes ces raisons, j’ai trouvé très triste la manière dont cette affaire a été politisée, ramenée à des considérations navrantes sur la nationalité de l’universitaire impliquée et sa légitimité, à cause de ses origines, à traiter de ce sujet. Ce procès ne me paraît pas juste, et pour tout dire, je le trouve inquiétant. Si la légitimité à s’occuper de certains objets d’étude était indexée à la nationalité ou l’origine des universitaires, toute une bibliothèque de la connaissance humaine n’aurait jamais vu le jour. Qu’on imagine un seul instant ce qui se serait passé si celui qui est peut-être le plus grand chercheur de ce pays, Cheikh Anta Diop, avait été cantonné dans ses recherches à sa nationalité ou à son origine.
Il est tout à fait ironique que l’opposition et le pouvoir, pour des raisons absolument inverses - et toutes mauvaises à mon sens -, soient tombés d’accord sur la condamnation de l’ouvrage. Ce seul fait devrait alarmer. L’éditeur a fini par renoncer à le présenter à Dakar. Je ne vois pas de quoi se réjouir. Si, dans ce pays, la politisation systématique - ou même ponctuelle - de la production scientifique ou littéraire devait être le baromètre de la vie des livres, livres que, la plupart du temps, on ne lit pas, ou superficiellement, il y aurait de quoi être inquiet. Mais peut-être le conditionnel est-il superflu, et qu’il est déjà trop tard. Ce n’est pas la première fois, au Sénégal, que des politiques, pour de raisons bien faciles, accusent un livre et/ou son auteur de vouloir déstabiliser un pays ou pervertir sa culture.
La Casamance est un sujet « sensible », me dit-on. C’est vrai et je comprends, à la lumière de l’histoire récente, qu’on puisse craindre son instrumentalisation à des fins malintentionnées. Cependant, c’est presque au nom de cette « sensibilité » qu’il faut pouvoir accepter des travaux universitaires sur la question. Car ils éclairent, complexifient, donnent une profondeur historique, questionnent autrement et, in fine, je crois, produisent un savoir plus complet, débarrassé des mythes et des fantasmes, sur un sujet. Il n’est pas toujours obligé que la crainte sociale soit opposée à la nécessité de la connaissance. Celle-ci peut dissiper celle-là.
J’entends aussi que « ce ne serait pas le bon moment » pour parler de cette question. Prudence salutaire, peut-être. Mais elle entraîne une question dans sa foulée : quel serait le bon moment ? Je crois qu’il n’y a jamais de « bon » moment pour parler d’une question dite « sensible », pour la simple raison - et pardon pour la tautologie qui va suivre - que le propre de la « sensibilité », lorsqu’on l’entretient par la précaution du silence ou le report sine die, est de ne jamais être moins sensible. Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas (scientifiquement) d’un sujet qu’il devient moins sensible dans le temps. A n’importe quelle époque, par temps d’élection ou non, il demeurera sensible. Et ce qui est tout le temps sensible et impossible à aborder mue inévitablement en tabou. Il faut absolument l’éviter, à mon sens.
UNE LONGUE NUIT ÉLECTORALE EN PERSPECTIVE AUX ÉTATS-UNIS
L'annonce du vainqueur de l'élection présidentielle américaine pourrait suivre deux scénarios radicalement différents, rappelant soit 2016 avec une victoire annoncée dès le lendemain matin, soit 2020 avec plusieurs jours d'attente
(SenePlus) - D'après le New York Times (NYT), l'annonce du vainqueur de l'élection présidentielle américaine pourrait suivre deux scénarios radicalement différents, rappelant soit 2016 avec une victoire annoncée dès le lendemain matin, soit 2020 avec plusieurs jours d'attente.
Le précédent de 2020 reste dans toutes les mémoires : il avait fallu attendre le samedi 7 novembre, soit quatre jours après le scrutin, pour que les médias confirment la victoire de Joe Biden. Sept États décisifs - l'Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Wisconsin - étaient restés en suspens au lendemain du vote.
Le décompte des votes par correspondance avait particulièrement complexifié le processus en 2020, créant ce que les experts appellent des "mirages" rouges et bleus. Ces phénomènes s'expliquent par l'ordre de dépouillement : certains États comptent d'abord les votes par correspondance, d'autres les votes en personne, créant des tendances temporaires trompeuses compte tenu des préférences partisanes dans le mode de vote.
Pour 2024, quelques changements pourraient accélérer le processus. Le Michigan, notamment, a modifié sa législation pour permettre le traitement anticipé des bulletins par correspondance. De plus, l'écart partisan dans l'utilisation du vote par correspondance devrait se réduire, les républicains y ayant davantage recours qu'en 2020.
Les premiers indices significatifs tomberont dès 19h (heure de l'Est) en Géorgie, suivis de la Caroline du Nord à 19h30. Les États cruciaux du "Mur Bleu" - Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin - ainsi que l'Arizona et le Nevada fermeront leurs bureaux de vote plus tard dans la soirée, entre 20h et 22h.
Le journal new-yorkais souligne qu'historiquement, le décompte complet n'a jamais été achevé en une seule journée. La nouveauté en 2020 résidait dans l'impossibilité de faire des projections fiables le soir même du scrutin, en raison de l'importance inédite du vote par correspondance.
YAKAAR-TERANGA SE CONCRÉTISE
Malgré le départ de BP, Petrosen et Kosmos Energy maintiennent le cap vers une décision finale d'investissement en 2025. Le projet, estimé à 6 milliards de dollars, promet une production annuelle de trois millions de tonnes de gaz
(SenePlus) - Selon des informations rapportées par Reuters ce mardi, le projet gazier Yakaar-Teranga au Sénégal franchira une étape décisive à la mi-2025 avec la décision finale d'investissement (FID), comme l'a confirmé le directeur général de Petrosen, Thierno Ly.
Ce projet d'envergure, développé conjointement par la société nationale pétrolière sénégalaise Petrosen et l'américaine Kosmos Energy, représente un potentiel considérable avec environ 25 billions de pieds cubes de gaz récupérable.
La première phase du projet, estimée entre 5 et 6 milliards de dollars, prévoit une production annuelle de trois millions de tonnes destinée à l'exportation. Le plan inclut également une provision de 150 millions de pieds cubes standard pour alimenter le réseau électrique national et d'autres projets domestiques.
Suite au retrait inattendu de BP fin 2023, Petrosen intensifie sa recherche de nouveaux partenaires. "Nous ciblons les compagnies pétrolières internationales, les sociétés nationales du Moyen-Orient et d'Algérie. Nous sommes également ouverts aux discussions avec les sociétés de trading", a déclaré Thierno Ly à Reuters.
Cette quête de nouveaux investisseurs survient à un moment crucial pour ce projet stratégique qui pourrait transformer le paysage énergétique du Sénégal et de la région ouest-africaine.
LE ROI SONKO FAIT SA LOI
Thierno Alasssane Sall relate comment sa caravane a été brutalement stoppée par des gendarmes aux ordres pour laisser passer un cortège démesuré du chef de Pastef. Il dénonce un étalage indécent de luxe et une utilisation partisane des forces de l'ordre
Dans le communiqué ci-dessous parvenu à notre rédaction, le chef de file de Senegaal Kese relate comment sa caravane a été brutalement stoppée à Ourossogui par des gendarmes aux ordres, le 3 novembre dernier. Face à cette démonstration de force qu'il juge indécente, l'ancien ministre dénonce l'utilisation abusive des moyens de l'État. Il appelle les Sénégalais à sanctionner ces dérives dans les urnes le 17 novembre.
"Ce 3 novembre, un peu après 23 h, la caravane de la Coalition Senegaal Kese dans laquelle je me trouvais, défilait sur l'artère principale d'Ourossogui, en direction de Kanel. Quelques militants de Pastef, que nous croyions être dans un des nombreux rassemblements que l'on croise chaque jour depuis le début de la campagne, ont tenté de nous intimider.
Quelques instants plus tard, une demi-douzaine de véhicules de la gendarmerie, sont arrivés à notre rencontre. Alors que l'on les croyait venus pour assurer la sécurité, voilà qu'ils nous intiment l'ordre de nous mettre sur le bas-côté.
Nous apprîmes que la caravane du candidat Sonko arrivait dans le sens opposé, et la gendarmerie ne nous demandait rien moins que de lui céder le passage. Un des gendarmes lance un ordre au chauffeur de notre voiture de tête de cortège avec une bordée d'injures.
Naturellement, refus d'obtempérer devant un ordre illégal et révoltant.
Alors les gendarmes mettent l’un de leurs véhicules en travers de notre voie, nous obligeant à assister au passage du Roi de Ndoumbelane. Car ce n'est pas une simple caravane de campagne qui passe, mais une cour royale.
Tout y passe, depuis la Hummer blanche de sa majesté, ses deux ambulances (dont une marquée ministère de la Santé, une autre luxueuse), l'indécente orgie de 4x4 rutilantes, des bus de location, une cour importée depuis Dakar. Des éléments de la BIP (et apparemment du GIGN), des véhicules sans plaque minéralogique. Ce manège, défilant à travers le Sénégal, frôlant les cases de chaume et les abris précaires des populations, est d’une violence symbolique inouïe envers nos concitoyens.
Un régime incapable de payer à date échue les bourses des étudiants sans s'endetter sur le marché financier international, devrait avoir la décence de ne pas faire étalage d'une aussi tapageuse armada. Traverser les savanes misérables du Sénégal avec un étalage de luxe comme argument électoral est immoral.
Sonko et Diomaye sont sans doute trop jeunes et trop imbus de leur nouveau pouvoir pour savoir qu'en 1988, pour avoir voulu empêcher l'opposant d'alors, Abdoulaye Wade, de tenir un meeting sur la place de France parce que le président Diouf devait y organiser un meeting le lendemain, tout Thiès s'était soulevé contre la tenue du meeting de Diouf, suivant l'exemple de Boubacar Sall qui, le jour du meeting de Wade, avait foncé sur les véhicules de Police, suivi de milliers de jeunes. No pasaran, la dictature ne passera pas. Si Sonko et Diomaye persistent dans leurs lubies, un jour viendra.
Un candidat qui hier dénonçait « la gendarmerie de Macky Sall » montre aujourd’hui que rien n'a changé, si ce n’est le parrain du système.
Pendant que 41 listes, dont la nôtre, financent leur propre sécurité, la gendarmerie devrait protéger chaque Sénégalais sans passe-droit. L’institution existe pour veiller à la sécurité des citoyens, non pour dérouler le tapis rouge à un candidat abusant des moyens de l’État.
Je lance un appel aux citoyens : ne fermons pas les yeux devant les signes patents d'une alternance dévoyée. Le 17 novembre 2024, votons en conséquence."
Thierno Alassane Sall est tête de liste de la coalition Senegaal KESE.
LE MINISTRE DES FORCES ARMÉES PRÔNE UNE COOPÉRATION RÉGIONALE RENFORCÉE
À l’ouverture du colloque sur la sécurité en Afrique de l’Ouest, le général de brigade aérien Birame Diop a plaidé pour une coopération renforcée au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO, associant aspects politiques et économiques.
”Une approche régionale et internationale placée sous le sceau de la coopération” représente la réponse appropriée face aux défis sécuritaires de plus en plus ‘’croissants et complexes’’ en Afrique de l’Ouest, a affirmé le ministre des Forces armées, le général de brigade aérien, Birame Diop.
”Une approche régionale et internationale placée sous le sceau de la coopération est nécessaire pour venir à bout de ce ces défis sécuritaires croissants et complexes tels que le terrorisme, les conflits intercommunautaires, les crimes transfrontaliers, auxquels la sous-région est aujourd’hui confronté”, a-t-il déclaré.
Le ministre des Forces armées s’exprimait à l’ouverture du colloque scientifique organisé par l’Amicale sénégalaise de la communauté du Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA) sur le thème : ”La démocratie à l’épreuve des nouveaux défis sécuritaires en Afrique de l’Ouest”.
”Ce sujet d’une actualité brûlante et d’une importance capitale intervient dans un contexte où l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une convergence de défis sécuritaires conjugués aux difficultés économiques et environnementales qui sapent les fondements de la démocratie et de l’Etat de droit”, a-t-il relevé.
Selon lui, la sous-région ouest africaine ”fait face à des menaces multiformes alimentées par des réseaux criminels qui exploitent la porosité des frontières et la vulnérabilité de certaines populations”.
Le général Diop a signalé que ”l’expansion de l’insécurité et l’incapacité de nos forces de défense et de sécurité à contrôler ces vastes zones montrent à suffisance que la réponse militaire n’est pas la solution”.
Fort de ce constat, Birame Diop est d’avis qu’une approche globale qui prend en compte les aspects politiques, sociologiques et économiques, prenant en compte la démocratie en considération comme pilier, ainsi que le renforcement de nos institutions de sorte qu’elles puissent rassurer nos populations, est nécessaire.
”La coopération au sein de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine) et la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) est aussi indispensable pour mutualiser nos moyens dans le respect de la dignité et de la souveraineté de chaque Etat membre, mais aussi élaborer une vision intégrée au service d’une paix durable centrée sur l’humain, pour une Afrique de l’ouest et un Sahel plus sûr et démocratique”, a-t-il ajouté.
9E JOUR DE CAMPAGNE, DES CARAVANES EN MOUVEMENT ET PÈLERINAGES SPIRITUELS
Au terme de cette première semaine de campagne, les coalitions montrent une mobilisation sans relâche, cherchant à convaincre les Sénégalais du bien-fondé de leurs programmes et des solutions qu’elles proposent.
En ce neuvième jour de campagne pour les élections législatives anticipées, les différentes coalitions poursuivent leurs tournées à travers le Sénégal avec un dynamisme inébranlable. Tandis que certaines continuent leurs caravanes dans les régions pour présenter leurs programmes, d’autres privilégient des visites de proximité dans la capitale, Dakar, et ses environs. Toutefois, cette journée a également été marquée par la triste nouvelle du décès de l’ancien ministre des Finances et du Budget, Mouhamadou Moustapha Ba. Cette perte a poussé Amadou Bâ, chef de file de la coalition Jàmm Ak Njariñ, à suspendre temporairement sa campagne.
Amadou Bâ, leader de la coalition Jàmm Ak Njariñ, a exprimé sa profonde tristesse suite à la disparition de Mouhamadou Moustapha Ba, avec qui il avait partagé de nombreuses années de collaboration étroite au ministère des Finances. En signe de respect, il a suspendu toutes les activités de sa campagne pour la journée, afin de se recueillir et de présenter ses condoléances à la famille du défunt ainsi qu’à toute la nation sénégalaise.
Les caravanes des différentes coalitions continuent de sillonner les routes du pays. La caravane de Pastef a organisé un grand meeting à Tambacounda avant de poursuivre son itinéraire vers l’est du pays. Elle a fait escale à Goudiry, Bakel, Kanel et Ourossogui, et prévoit un autre rassemblement massif au stade régional de Matam. Ce déploiement témoigne de l’engagement de Pastef à atteindre toutes les régions, y compris les plus reculées, pour partager son programme électoral.
La caravane de Jàmm Ak Njariñ, menée par Amadou Bâ, a fait étape dans les localités de Guinguinéo, Gossas, Diourbel et Bambey, en mettant l’accent sur la paix et la solidarité. Cette coalition mise sur le dialogue direct avec les populations, apportant un message de rassemblement et de prospérité pour un Sénégal unifié.
À Kaolack, la coalition Gokh Yu Bess a rencontré le Khalife de Médina Baye, renforçant ainsi son lien avec les leaders religieux de la région. Elle a ensuite organisé un meeting, en adoptant une approche de proximité pour mobiliser les électeurs.
De son côté, Amadou Ly, leader de la coalition Wareef, s’est rendu à la mosquée de Medina Gounass, où il a prié en compagnie du Khalife Thierno Amadou Tidiane Bâ. La coalition Dundu Lénéne, sous la direction de Mouhamadou Madana Kane, était à Rufisque pour un échange de proximité avec les populations locales.
La Grande Coalition Farlu a marqué un moment fort de la journée en se rendant au poste frontalier de Keur Ayip, après une tournée en Gambie. Cette initiative internationale reflète le désir de la coalition de tisser des liens solides au-delà des frontières sénégalaises. Pendant ce temps, la coalition Jubanti Sénégal a tenu un meeting à Gueule Tapée, tandis que la coalition Ensemble pour le Sénégal a fait escale dans les localités de Kaffrine, Koungheul, Koumpemtoun, Sinthiou Malem et Malem Niani.
Au terme de cette première semaine de campagne, les coalitions montrent une mobilisation sans relâche, cherchant à convaincre les Sénégalais du bien-fondé de leurs programmes et des solutions qu’elles proposent pour répondre aux préoccupations locales. Entre caravanes, visites de proximité et échanges avec des personnalités influentes, les leaders mettent en avant leurs valeurs et leurs visions pour le Sénégal.
L’AMBASSADEUR DU SENEGAL A L’UE PARTAGE SES NOTES
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal en Belgique, au Luxembourg et auprès de l’Union européenne, Baye Moctar Diop évoque l’actualité marquée par la migration irrégulière.
Pape Moussa DIALLO (Envoyé spécial à Paris) |
Publication 05/11/2024
Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Sénégal en Belgique, au Luxembourg et auprès de l’Union européenne, Baye Moctar Diop évoque l’actualité marquée par la migration irrégulière. Dans cet entretien, il aborde les relations qu’entretient le Sénégal avec l’Union européenne en matière de coopération, tout en revenant sur certains projets phares qui ont été financés grâce à l’accompagnement de l’Ue pour lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière, promouvoir l’emploi, entre autres. Aussi revient-il sur les accords de coopération qui lient le Sénégal à l’Ue en lien avec la migration, sur la mobilité africaine avec des instruments de l’Union africaine comme le protocole de libre circulation et celui de la Cedeao relatif à la libre circulation des personnes et des biens. Il n’a pas manqué de revenir sur les bons liens qui existent entre les Sénégalais de sa circonscription et les autorités consulaires, mais aussi le travail des autorités consulaires au profit des Sénégalais de l’étranger, notamment ceux de Belgique et Luxembourg. Avec quel regard analysez-vous la propension des jeunes Africains, notamment Sénégalais, qui partent des côtes sénégalaises pour tenter de rejoindre l’Europe par la mer ?
Je constate cette vague de départs avec beaucoup d’amertume parce que, de mon point de vue, rien ne justifie les risques que ces jeunes prennent pour tenter de rallier l’Europe. Le Sénégal n’est pas un pays en guerre, leur vie n’y est pas menacée et des opportunités d’emplois ne manquent pas. Je suis convaincu que s’ils mobilisaient autant d’efforts et de risques pour aller en Europe que pour se donner les moyens de réussir au Sénégal, la situation serait autre.
Je souhaite qu’il y ait une vraie mobilisation nationale autour des enjeux et défis de la migration irrégulière. Car il urge de faire comprendre à ces jeunes que par la persévérance et la force de leurs bras, ils peuvent réussir et s’épanouir au Sénégal ; qu’ils constituent notre atout-maître pour le développement économique et social du pays ; que l’idée qu’ils se font de la réussite en Europe ne correspond pas à la réalité ; que pour en arriver à ce niveau de réussite, les jeunes européens eux-mêmes n’ont jamais, par le passé, pris autant de risques dans leur quête de mieux-être ailleurs ; qu’ils ont plutôt besoin d’être formés aux métiers de leurs terroirs, de développer leurs capacités d’auto-emploi et d’auto-entrepreneuriat afin de tirer profit des politiques et programmes publics mis en place par le gouvernement en réponse à leurs préoccupations.
Certains estiment que c’est un échec des politiques, notamment des relations de coopération qu’entretiennent le Sénégal et l’Ue. Quel est votre avis en votre qualité de représentant du Sénégal auprès de l’Ue ?
C’est inexact de dire cela. Pour moi, la raison qui pousse les jeunes à partir par tous les moyens, c’est la quête d’un mieux-être ailleurs qu’au Sénégal. Répondre à une telle préoccupation est de la responsabilité du gouvernement qui le fait, du reste, avec les atouts et contraintes de divers ordres du moment. La coopération peut certes aider à cet effet. Cependant, on ne saurait lui imputer une quelconque responsabilité dans la recrudescence de ce phénomène.
En visite à Dakar en octobre dernier, la Commissaire de l’Union européenne en charge des Partenariats internationaux a informé d’un financement de 30 millions d’euros au Sénégal, s’inscrivant dans le cadre de la prévention de la migration irrégulière. Le gouvernement du Sénégal semble ne pas avoir été au courant d’un tel financement. En votre qualité de représentant permanent au sein de la Commission de l’Ue pour le compte du Sénégal, avez-vous été informé ?
Le gouvernement est forcément au courant puisque l’annonce a été faite à Dakar. Un tel appui financier est fort utile dans le contexte actuel qui voit le gouvernement accentuer ses efforts de lutte contre la migration irrégulière, notamment par la montée en puissance du dispositif mis en place par nos Forces de défense et de sécurité pour combattre le trafic de migrants. A cet égard, tout appui, de quelque nature qu’il puisse être, destiné à renforcer nos équipements de surveillance de nos côtes et de patrouilles en haute mer, est le bienvenu. J’ignore la destination exacte de ces 30 millions d’euros, mais si c’est pour accompagner le Sénégal dans la réalisation de tels objectifs, alors il faut s’en féliciter.
Quelle est la nature des relations entre le Sénégal et l’Ue ?
La coopération entre l’Union européenne et le Sénégal est présentement régie par une stratégie conjointe dont la première phase de mise en œuvre a couvert la période de 2018-2023. La stratégie conjointe sert de cadre de référence pour accompagner le Sénégal vers la réalisation de projets structurants qui relèvent des priorités de politique publique du Sénégal. Il y a ensuite l’Accord de coopération en matière de pêche durable signé en 2019 et dont le terme est fixé à la fin de ce mois de novembre. Il y a enfin un régime commercial préférentiel spécifique faisant du Sénégal le deuxième plus grand bénéficiaire du régime «tout sauf les armes» sur le continent africain. Ce régime commercial préférentiel permet à notre pays de pouvoir exporter sur le marché européen ses produits libres de droits et sans limitation.
C’est au total une coopération multiforme qui couvre différents secteurs tels que l’éducation, la formation, l’économie, le commerce, l’énergie, les transports, la santé, etc. L’Ue figure parmi les partenaires-clés de notre pays dont elle appuie certains projets, à travers l’instrument Global Gateway lancé en 2021 par la Commission européenne. Grâce à cette initiative, l’Ue a soutenu la réalisation du Bus rapid transit (Brt). Elle accompagne également le Sénégal dans sa transition énergétique, à travers le Jetp dont l’objectif est de porter notre mix énergétique à 40% d’ici à 2030. Une autre initiative phare qui mérite d’être mise en relief est le projet Madiba de l’Institut Pasteur de Dakar (Ipd) pour la construction d’un nouveau site de production de vaccins au Sénégal. Ce projet est soutenu par la «team Europe» regroupant l’Ue, ses Etats membres, leurs agences de développement et la Banque européenne d’investissement (Bei).
Dans le domaine des infrastructures, on peut encore citer la construction du Pont de Rosso sur le fleuve Sénégal dont l’exécution est en cours avec un crédit de 22 millions d’euros de la Bei. La même Bei a accordé en septembre dernier, un prêt de 30 millions d’euros à la Banque agricole pour accompagner les petites et moyennes entreprises sénégalaises dans le développement des chaînes de valeur agricoles. Ces exemples parmi tant d’autres, témoignent du dynamisme de notre coopération avec l’Ue et ses Etats membres.
Quels sont les accords de coopération qui lient le Sénégal à l’Ue en lien avec la migration dans un contexte de volonté manifeste de l’Ue d’externalisation de ses frontières avec les pays tiers et réaffirmée dans son pacte migration et asile qui doit entrer en vigueur en 2026 ?
Notre coopération avec l’Union européenne sur cette question est matérialisée par un dialogue politique et technique confiant. Ce mécanisme nous permet d’échanger régulièrement et d’aborder toutes les questions en lien avec la migration aussi bien au plan technique qu’au plan politique, en vue d’assurer une gestion concertée des flux de migrants quittant les côtes sénégalaises vers l’Europe. Cette question me permet d’ailleurs de revenir sur une précédente, relativement à la prise en compte de la question migratoire par notre coopération avec l’Ue. Il faut le dire en le soulignant avec force, parce que la lutte contre le chômage des jeunes est une priorité de premier ordre pour le Sénégal. L’Ue (la Commission et ses Etats membres) a plusieurs fois accordé un appui technique et financier à des programmes publics mis en place par le gouvernement pour y faire face.
Il en est ainsi du programme d’appui budgétaire jeunesse doté d’une enveloppe financière de 70 millions d’euros de dons. Il vise à soutenir la mise en œuvre du programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes à travers quatre (04) axes dont un concerne la gouvernance de la migration, la réinsertion des migrants de retour et la réadmission. Ce programme lancé en 2022, est en cours d’exécution. Avant ledit programme, il y a eu les nombreux autres réalisés, au titre du fonds fiduciaire d’urgence de l’Union européenne pour l’Afrique, tels que le PlaseprI/Pasped avec pour objectif de réduire la migration irrégulière grâce au soutien au secteur privé et à la création d’emplois au Sénégal. Le Projet d’appui à la réduction de l’émigration rurale et à la réintégration dans le bassin arachidier (Parerba) a également été mis en place dans le cadre de la coopération avec l’Ue, en vue de freiner l’émigration rurale en augmentant les opportunités économiques pour les ménages ruraux. Il y a aussi le Peceren, mis en œuvre dans huit régions du Sénégal pour contribuer à la réduction de la migration irrégulière par le soutien à la résilience des populations, la création d’emplois et l’accroissement des opportunités économiques pour les ménages ruraux.
On peut également citer le programme «développer l’emploi au Sénégal-tekki fii» mis en œuvre dans les régions de Ziguinchor, Kolda, Sédhiou et Tambacounda par l’Afd, LuxDev et l’adepme pour optimiser les opportunités économiques de ces localités, valoriser les réussites individuelles et proposer des alternatives à la migration irrégulière. Un dernier exemple et non des moindres est le Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (Paisd) dédié au soutien des actions de développement local et des initiatives de la diaspora sénégalaise établie dans des pays comme l’Espagne, l’Italie, la France ou la Belgique. Il faut aussi souligner l’importance des accords bilatéraux pour promouvoir la mobilité de la main-d’œuvre signés entre le Sénégal et des Etats de l’Ue, notamment avec l’Espagne, ou encore des programmes de mobilité entrepreneuriale, à l’image du projet-pilote Wecco Entreprendre entre le Sénégal et la Belgique.
Au même moment que l’Ue promeut la migration régulière et le respect de la dignité humaine, l’obtention de visa pour les Africains voire Sénégalais relève d’un parcours du combattant d’une part, et d’autre part elle finance des Etats qui utilisent les fonds européens pour commettre des violations sur des personnes. N-est-ce pas un paradoxe ?
Votre question révèle à elle seule toute la complexité du phénomène migratoire. Elle pourrait être ainsi reformulée : comment endiguer la migration irrégulière sans entraver la mobilité ni violer les droits élémentaires des migrants ? L’Europe et ses partenaires sont bien conscients que ce défi reste entier malgré les efforts consentis au sortir du Sommet de la Valette. C’est dire qu’il va falloir continuer la concertation autour de ces problématiques dans un esprit de compréhension mutuelle qui exclut la xénophobie et le reflexe du tout sécuritaire conduisant à la fermeture des frontières. La migration doit être appréhendée comme une opportunité pour les pays de départ et de destination. Elle appelle une gouvernance concertée qui combat les trafics et optimise ses bénéfices.
Quelle est selon vous la meilleure approche pour une meilleure gestion de la migration tenant compte du fait que la migration africaine vers l’Europe est moins importante que celle qui se fait à l’intérieur du continent ?
A mon avis la complexité de la question migratoire dont les causes comme je l’ai déjà indiqué, ne devraient pas faire l’objet d’une analyse réductrice, justifie la nécessité de multiplier les axes d’intervention en vue de rendre effectives les mesures prises pour freiner les vagues de départs. En plus de la sensibilisation, du renforcement de la gestion des frontières et de la lutte contre les trafics de migrants, il faudrait aussi continuer à prendre en charge les aspirations légitimes des personnes tentées par l’aventure. Cela pourrait passer par la mise en place de programmes dédiés à la formation, l’employabilité et l’entrepreneuriat, ainsi que le renforcement de l’équité territoriale. A cet égard, je me réjouis des efforts du gouvernement et la volonté affichée par les autorités sénégalaises de mieux répondre aux préoccupations des jeunes en les plaçant au cœur des priorités de notre pays.
La politique restrictive de l’Ue avec l’externalisation de ses frontières dans certains Etats africains ne semble pas favoriser une meilleure gouvernance migratoire et ouvre la porte à toutes sortes de trafics. N’est-il pas temps de changer de pratique avec une gestion inclusive de cette problématique, prenant en compte les intérêts de chaque partie ?
Chacun peut avoir un point de vue sur l’externalisation des procédures d’admission et il est évident que le sujet est controversé, même pour les Etats membres. C’est dire que la bonne formule n’est pas encore trouvée. D’où la nécessité de poursuivre le dialogue avec tous les acteurs. Toujours est-il que la prise en charge efficace du phénomène ne pourrait se faire en l’absence de solutions adaptées tenant compte des causes profondes et des défis d’ordres économique, politique, sécuritaire, environnemental qui poussent ces jeunes à prendre tous les risques pour rejoindre l’Europe.
La libre circulation pose problème même en Afrique et au sein de régions comme la Cedeao malgré l’existence du protocole 1979. Cela n’est-il pas dû à un manque de volonté politique ?
Les textes fondateurs de la Cedeao consacrent la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. De plus, l’organisation continue de renforcer son arsenal juridique pour consolider cet acquis et en faire une des pierres angulaires de l’intégration sous-régionale. D’abord par des instruments tels que le Protocole A/P1/5/79 portant sur la libre circulation des personnes, le droit de résidence et d’établissement, le Protocole A/P/3/5/82 portant code de citoyenneté de la Communauté et les protocoles additionnels relatifs à l’exécution de ces mesures. Ensuite, par l’institution d’un passeport Cedeao avec la Décision A/Dec.1/5/2000 et l’introduction, depuis 2014, d’une carte d’identité nationale biométrique. En somme, la Cedeao a créé, d’un point de vue légal et réglementaire, les conditions pour assurer la libre circulation des personnes sur toute l’étendue de l’espace communautaire.
Si maintenant avec tous ces instruments, la libre circulation des personnes n’est pas encore une réalité en Afrique de l’ouest, alors il est légitime de se poser des questions. Le cadre pour faciliter la libre circulation des personnes existe déjà. Ce qui veut dire qu’à priori rien ne s’oppose à la mobilité des citoyens dans l’espace Cedeao. Il faudrait peut-être continuer à sensibiliser les populations sur les opportunités que représente ce large marché d’environ 400 millions de consommateurs et multiplier les initiatives transfrontalières en vue de mieux assurer l’application effective de certaines dispositions communautaires relatives à la libre circulation des personnes.
L’Union africaine à certes un cadre de gouvernance de la migration. Néanmoins, elle ne dispose pas d’une politique migratoire autour de laquelle s’accordent les Etats africains. Au regard de votre expérience professionnelle, quelle est la meilleure approche pour pallier cela et permettre une meilleure mobilité des Africains en Afrique et que les Etats africains ne négocient pas séparément avec les autres organisations du monde ?
L’Union africaine, beaucoup l’ignorent, dispose d’un Protocole sur la libre circulation des personnes. Ledit protocole a été soumis à la signature des Etats membres en 2018 à Kigali lors du Sommet extraordinaire sur la Zone de Libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Le fait que le Traité instituant la Zlecaf soit entré en vigueur et que le Protocole sur la libre circulation des personnes qui l’accompagne peine à rassembler le minimum de signatures pour entrer en vigueur, est un énorme problème. Cela démontre que le reflexe sécuritaire et le protectionnisme économique ont une certaine prégnance sur les relations interafricaines. Sur cette question, il serait pertinent de renforcer la voix des peuples africains, leur permettre de parler et d’agir pour eux-mêmes sur les sujets touchant la libre circulation des personnes. L’Ua gagnerait également à s’inspirer de l’expérience des communautés économiques régionales sur la question, tout comme il lui serait utile d’interagir plus fréquemment avec elles sur le sujet en vue d’une prise en charge coordonnée et harmonieuse de la question migratoire.
Souvent les Sénégalais établis à l’étranger se plaignent de l’inaccessibilité de leurs autorités à l’étranger. Est-ce le cas en Belgique ?
Les ambassades et consulats du Sénégal sont investis d’une mission de service public. Ce qui veut dire qu’ils ne sauraient faire l’objet, sans raisons justifiées, d’inaccessibilité pour nos concitoyens. Pour le cas de Bruxelles, mes collaborateurs et moi œuvrons à être le plus proche possible des Sénégalais résidant en Belgique et au Luxembourg. Nous continuons également à travailler pour faciliter davantage l’accès à des services de qualité par l’utilisation des outils digitaux afin de permettre aux Sénégalais vivant dans la juridiction de disposer des toutes les informations pertinentes depuis leur lieu de résidence, sans nécessairement avoir besoin d’effectuer un déplacement.
Nous recueillons aussi les avis partagés sur les différentes plateformes de l’ambassade pour améliorer la qualité du service, mais aussi pour corriger les éventuels manquements soulevés par les usagers. L’ambassade entretient de très bons rapports avec les Sénégalais vivant en Belgique et au Luxembourg. Nous sommes en contact permanent avec toutes les associations qu’elles soient à caractère social, religieux ou autre. L’ambassade soutient les initiatives de nos compatriotes de la Belgique et de Luxembourg, et nous participons, à chaque fois que notre agenda le permet, aux activités organisées par les Sénégalais de la juridiction.
Ils sont au nombre de combien, et bénéficient-ils des initiatives étatiques en leur faveur pour favoriser leurs investissements et/ou leur retour au pays ?
La Communauté sénégalaise en Belgique est estimée à près de 7500 personnes selon les dernières données officielles dont dispose l’ambassade. Nos compatriotes résidant en Belgique, au même titre que les autres Sénégalais de la diaspora, ont accès aux initiatives du gouvernement qui leur sont dédiées. L’ambassade met à leur disposition toutes les informations pertinentes concernant par exemple le Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur ou le Fonds femmes de la diaspora. Nous travaillons également en étroite collaboration avec les autres services du ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangère pour assurer une prise en charge diligente des dossiers transmis à nos services.
Quel message adressez-vous aux jeunes et familles des jeunes qui pensent que l’Europe est la solution en risquant leur vie ?
Comme message, permettez-moi de relayer les propos du président de la République suite au drame survenu au large de Mbour, le 11 septembre dernier. Sur les lieux du drame et s’adressant aux jeunes Sénégalais tentés par l’aventure, il avait dit : «Il n’y a pas de miracle. Tous les pays sont construits par des êtres humains. Les gens ont connu la guerre, la dictature, la famine, la pauvreté, mais ils sont restés et se sont serré la ceinture pour travailler et changer le visage de leur pays. Ceux qui étudient (les jeunes) doivent avoir la patience et savoir qu’il y a un temps de formation, d’apprentissage, d’acquisition d’expérience, de recherche du travail, avant de considérer qu’il faut aller dans ce péril de l’émigration irrégulière qui en dernier ressort ne doit pas être la solution. Patriotisme, confiance en soi et en son pays, patience, persévérance sont les maître-mots qui se dégagent des propos du président de la République. Je ne saurais leur recommander plus que ça comme viatique pour une vie harmonieuse.