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10 avril 2025
Politique
AMADOU BA, LE DÉPUTÉ FANTÔME
Depuis son installation comme député le 2 décembre 2024, l'ancien Premier ministre se fait particulièrement rare dans l'hémicycle, au point que sa présence lors du vote sur l'immunité de Farba Ngom a fait événement
Amadou Ba, chef de file de la coalition « Jamm Ak Njariñ » lors des dernières législatives et député non-inscrit, brille souvent par son absence depuis le début de cette 15e législature. Cette situation interroge sur les vraies intentions de l’ancien Premier ministre. Pour certains observateurs, cette posture découle d’une faible marge de manœuvre dans l’Hémicycle, alors que d’autres évoquent une subtile stratégie politique.
C’est un quasi-néophyte qui a pris place près des bancs de l’opposition à l’occasion de la plénière pour la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, vendredi 24 janvier 2025. Amadou Ba, en boubou traditionnel gris, n’a pas pris la parole, laissant ce privilège à Abdou Mbow (orateur contre la procédure) et Aïssata Tall Sall (défenseur du député), opposés à la levée de l’immunité parlementaire du député-maire des Agnam. Par ailleurs, l’ancien Premier ministre et ses camarades de « Jamm Ak Njariñ » ont décidé de ne pas suivre l’initiative des députés de « Takku Wallu » qui, après l’intervention d’Abdou Mbow, avaient décidé de boycotter le vote pour la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom. Ce dernier fait l’objet d’une enquête judiciaire pour « association de malfaiteurs, blanchiment de capitaux, escroquerie portant sur des deniers publics, corruption, trafic d’influence et fraude fiscale, entre autres ».
En guise de solidarité envers le responsable apériste, le nouveau parti d’Amadou Bâ, « La Nouvelle responsabilité », va publier, dans la foulée, un communiqué pour dénoncer « l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques », dont la dernière en date, dit-il, est la procédure de levée de l’immunité parlementaire du député Farba Ngom.
Cette plénière correspondant à la deuxième apparition d’Amadou Ba lors de cette 15e législature, après son installation, le 2 décembre 2024, marque-t-elle une rupture dans le positionnement politique de l’ex-ministre des Finances à l’Assemblée nationale ?
Son absence lors de la Déclaration de politique générale (Dpg) d’Ousmane Sonko, le 27 décembre dernier, a été considérée comme « une faute politique » dans la mesure où tout prétendant au statut du chef de l’opposition doit honorer de sa présence ce rendez-vous incontournable de la vie politique nationale. Mais, pour beaucoup d’analystes, cette situation découle d’un rapport de force désavantageux face à Pastef et « Takku Wallu », la première force de l’opposition au Parlement. Pour l’analyste politique Mamadou Sy Albert, ce désintérêt pour le débat parlementaire de la part d’Amadou Ba peut s’expliquer par son faible score lors des législatives.
« Amadou Ba qui a terminé deuxième de la présidentielle s’est retrouvé dans l’incapacité de former un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale avec sept députés. Cette situation qui la place derrière « Takku Wallu » lui offre peu de marges de manœuvre et l’empêche de pouvoir peser dans les débats à l’Assemblée nationale », affirme-t-il. M. Sy a indiqué qu’Amadou Ba, qui est ainsi dans l’incapacité d’occuper le costume de chef de l’opposition parlementaire, doit désormais se concentrer dans la structuration de son parti en vue des prochaines échéances : locales en 2027 et présidentielle en 2029. « Amadou Ba est arrivé à l’Assemblée sous la bannière d’une coalition qui regroupe son parti et diverses forces politiques souvent issues de la gauche.
Son but sera d’utiliser sa position de député comme tribune politique afin de rallier le maximum de soutiens et de sympathisants en vue de la massification de son parti », affirme l’analyste politique. Dans la même dynamique, Ibrahima Bakhoum, ancien directeur de Publication de « Sud Quotidien », explique ce manque d’investissement d’Amadou Ba pour l’institution parlementaire par la nature de notre régime politique présidentiel. « Amadou Ba doit, en théorie, hériter du statut de chef de l’opposition avec sa place de dauphin à la présidentielle de mars 2024. Toutefois, l’Assemblée ne me parait pas le meilleur cadre d’expression pour lui.
Amadou Ba qui a recueilli le suffrage des Sénégalais ne peut pas brader son siège de député. Dans cette optique, il doit bâtir, avec ses équipes, une stratégie politique lui permettant d’enjamber l’institution parlementaire et d’apparaître comme une alternative crédible pour les prochaines échéances », souligne le journaliste analyste politique. Pour sa part, Pape Amadou Fall, ancien directeur de Publication du magazine « La Gazette », voit dans cette attitude de l’ex-ministre des Finances une stratégie politique bien réfléchie et visant à jouer la stratégie du temps.
« Amadou Ba, au regard des différents postes de responsabilité qu’il a eu à occuper au sein de l’État, était très attendu par les Sénégalais. Mais, connaissant la nature de l’homme, je crois qu’il veut se donner le temps pour marquer son espace et éviter toute saturation en se privant de bousculer et de harceler le nouveau pouvoir. Il entend ainsi se démarquer de l’opposition frontale au nouveau régime dans le but de s’offrir un champ d’expression plus dégagé dans le futur », affirme-t-il.
Amadou Bâ était arrivé deuxième à la présidentielle de mars 2024 avec 35,8 % des voix. Lors des législatives de novembre dernier, sa coalition, « Jamm Ak Njariñ », avait obtenu sept sièges.
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ABDOULAYE DIÉYE, LA VOIX DU DROIT S'EST TUE
La figure tutélaire du droit constitutionnel sénégalais, s'est éteint jeudi, laissant derrière lui un héritage considérable : celui d'un enseignant passionné, d'un intellectuel rigoureux et d'un homme profondément humain
La communauté universitaire sénégalaise est en deuil. Le Professeur Abdoulaye Diéye, éminent spécialiste du droit constitutionnel et figure emblématique de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, s'est éteint jeudi 30 janvier 2025.
Fils de Saint-Louis, ville dont il gardait précieusement l'héritage culturel, Abdoulaye Diéye incarnait l'excellence du système éducatif sénégalais. Son parcours académique, jalonné par les turbulences de l'année blanche de 1988 et de l'année invalide de 1994, témoignait d'une résilience exceptionnelle qui allait caractériser toute sa carrière.
L'enseignement n'était pas pour lui un choix par défaut, mais une véritable vocation. "Ce n'est pas le hasard qui m'a conduit à l'enseignement", aimait-il à rappeler, évoquant ses premiers pas dans les lycées techniques avant de rejoindre l'université. Sa passion pour la transmission du savoir se manifestait dans des amphithéâtres bondés où régnait un silence révérencieux, uniquement rompu par les applaudissements nourris qui concluaient invariablement ses cours.
Expert reconnu en droit foncier, sa thèse de doctorat sur le Domaine national avait fait de lui une référence incontournable sur les questions foncières au Sénégal. Son expertise rayonnait au-delà des frontières, notamment à l'Université du Mali où il dispensait également ses enseignements.
Derrière le professeur se cachait un homme d'une rare élégance, tant dans sa tenue vestimentaire que dans son comportement. Son sourire caractéristique et son regard profond derrière ses lunettes témoignaient d'une bienveillance naturelle envers ses étudiants. Il refusait catégoriquement le discours défaitiste sur le niveau des étudiants, préférant chercher des solutions constructives aux difficultés rencontrées.
Nelson Mandela et Mamadou Dia comptaient parmi ses modèles, reflétant son attachement aux valeurs de justice et d'intégrité. Homme de culture, il trouvait refuge dans la littérature et nourrissait une passion pour le cinéma, le football - supporter inconditionnel de Liverpool - et la lutte sénégalaise traditionnelle.
Le Professeur Diéye laisse derrière lui un héritage considérable : celui d'un enseignant passionné qui aura formé des générations de juristes, d'un intellectuel rigoureux qui aura contribué à façonner le droit sénégalais, et d'un homme profondément humain qui aura su allier l'excellence académique et générosité de cœur.
Sa disparition laisse un vide immense dans le paysage universitaire sénégalais, mais son influence continue de rayonner à travers les milliers d'étudiants qu'il a formés et inspirés tout au long de sa carrière.
UNE « LONGUE MARCHE » POUR LA MEMOIRE DE CHEIKH ANTA DIOP
Le coordonnateur de l’association panafricaine « La marche internationale Dakar-Thieytou » en hommage à Cheikh Anta Diop, Nicolas Junior Boissy, a indiqué que la 11ᵉ édition se déroule du 1ᵉʳ au 5 février 2025.
Le coordonnateur de l’association panafricaine « La marche internationale Dakar-Thieytou » en hommage à Cheikh Anta Diop, Nicolas Junior Boissy, a indiqué que la 11ᵉ édition se déroule du 1ᵉʳ au 5 février 2025. Cette marche qui ira de Dakar à Thieytou, village natal de l’égyptologue, verra la participation d’universitaires, d’étudiants, d’intellectuels et de membres de la société civile.
L’association panafricaine « La marche internationale Dakar-Thieytou » en hommage à Cheikh Anta Diop a organisé, hier, un point de presse au Grand théâtre de Dakar, dans le but de rappeler l’importance de cet évènement pour la vulgarisation de la pensée du dernier « pharaon ». Selon le coordonnateur de ladite structure, Nicolas Junior Boissy, cette 11ᵉ édition de la « marche internationale », organisée en partenariat avec le Grand théâtre, verra la participation d’universitaires, d’intellectuels, d’étudiants sans compter les compatriotes africains de la diaspora attachés à la vision de Cheikh Anta Diop.
Cette marche, placée sous le thème : « Quel engagement devons-nous adopter aujourd’hui pour garantir la souveraineté économique, politique et culturelle de l’Afrique face aux défis mondiaux ? », doit aussi conduire à une plus grande conscientisation des nouvelles générations pour la formation d’une Afrique unie et prospère. Le responsable de l’association a déclaré que cela a toujours a été le vœu de l’ancien Secrétaire général du Rassemblement national démocratique (Rnd). « Cette marche sera divisée en plusieurs étapes jusqu’à Thieytou, la ville de naissance de Cheikh Anta Diop, sur une distance de 154 kilomètres. Pour la première étape, la procession partira, le 1ᵉʳ février, de l’université Cheikh Anta Diop jusqu’à Bargny.
Après les étapes de Thiès, Khombole, de l’université de Bambey, nous prévoyons de rejoindre Thieytou, le 5 février prochain, pour la dernière étape. Après une journée de repos, une conférence sur la vie et l’œuvre de Cheikh Anta Diop se tiendra dans son village natal, sous la direction du Dr Amadou Fall, ancien compagnon de Cheikh Anta Diop, le 7 février 2025 », a-t-il affirmé. Poursuivant son propos, M. Boissy souligne qu’au-delà de la marche, diverses autres activités, comme des débats, des conférences, des expositions et des visites, seront organisées à différentes étapes dans l’objectif de se réapproprier toute la pensée panafricaine de l’égyptologue. « Tout au long du parcours, les marcheurs vont passer dans les écoles pour discuter avec les élèves afin de les sensibiliser sur la vie de Cheikh Anta Diop.
Il faut savoir que tous les défis auxquels l’Afrique est confrontée peuvent trouver une solution à travers la pensée de Cheikh Anta Diop », a-t-il déclaré. Les organisateurs de ladite marche estiment qu’on doit travailler à mieux faire connaitre les aspirations de Cheikh Anta Diop « qui a été l’unique penseur politique africain à formuler un véritable corps de doctrine pour bâtir un projet global de développement du continent ».
PAR Ismaila Madior Fall
HOMMAGE AU PROFESSEUR ABDOULAYE DIÉYE
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec un sens élevé des relations humaines, il était détenteur de la méthode pour être bien avec tout le monde. Il dédaignait les positions convoitées pour s’intéresser à celles qui n’avaient pas de preneur
Avec la disparition soudaine du professeur Abdoulaye Diéye, la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop vient de perdre un de ses éminents membres qui faisait l’unanimité.
Ayant cheminé avec lui pendant une trentaine d’années dans les équipes pédagogiques, le département de droit public, la Faculté et d’autres activités extra-universitaires, je voudrais, pour saluer, sa mémoire et lui rendre hommage, dire quelques mots sur l’homme (I) et l’universitaire (II).
L’homme
Notre collègue Abdoulaye Diéye, que ses proches appelaient affectueusement Pape, était pétri de qualités exceptionnelles dont je retiendrai l’humanité et l’urbanité. Il nourrissait un sentiment de bienveillance, de compassion envers autrui. D’une courtoisie exquise et d’une générosité connue de tous, Abdoulaye était toujours prêt à porter assistance, apporter aide et soutien. Il accueillait toute l’équipe pédagogique de droit constitutionnel chez lui pour les pré-délibérations, avec un « tiebou djeun » du standard saint-louisien. Sa maison était ouverte à tout le monde. On côtoie chez Pape, membres de la famille, amis, voisins…
Doté d’un savoir-vivre à nul égal, il savait identifier avec discrétion les situations où son apport s’avérait utile. Il était à la disposition exclusive de la Faculté et disponible pour les collègues et les étudiants. Avec un sens élevé des relations humaines, il était détenteur de la méthode pour être bien avec chacun et tout le monde. Dans ce monde, par essence controversé qu’est l’Université, il a su faire l’unanimité.
L’universitaire
L’universitaire a une double vocation : enseignant et chercheur. Souvent l’un l’emporte sur l’autre chez la plupart des universitaires. Abdoulaye Diéye a su concilier les deux et répondre à la double obligation : former pour l’Humanité et publier pour la carrière et la gloire scientifique.
Recruté en 1994 comme assistant, Abdoulaye Diéye était un enseignant compétent, dévoué à la tâche et maître dans la pédagogie. Il savait parler un langage accessible aux étudiants, recenser le matériau du cours approprié au niveau de ses apprenants. Sa manière d’évaluer les étudiants et le grand soin qu’il donnait aux examens exprimaient son sens élevé du devoir et de la déontologie. Cette grande maîtrise de la pédagogie innée, mais qui lui venait aussi de son passage au Lycée où il a enseigné, a fait sa réputation au niveau des jeunes enseignants à qui il donnait les ficelles pour bien débuter la carrière et les étudiants qui se bousculaient à ses séances de TD.
Il dédaignait les positions que tout le monde visait pour s’intéresser à celles qui n’avaient pas de preneur. C’est ainsi qu’il a assuré pendant de longues années la coordination de l’équipe pédagogique de droit constitutionnel dont l’enseignement était assuré par le professeur El Hadj Mbodj. Son office se caractérisait par la rigueur, la flexibilité, l’ouverture d’esprit, le travail bien fait. Il faisait partie des enseignants qui s’acquittent le plus consciencieusement de leur service. Toujours disponible pour servir, il a dispensé des enseignements dans la plupart des disciplines du droit public (droit administratif et droit constitutionnel) et à tous les niveaux : de la capacité au master. Un des rares qui s’apprêtait, avec le cours de droit administratif, à prendre sa retraite au premier cycle dans les amphithéâtres souvent désertés par les séniors. C’était un enseignant dans l’âme.
Le chercheur, rigoureux et persévérant qu’il a su être, a pu effectuer les publications requises pour accéder au grade de rang magistral. Auteur d’une thèse en droit foncier sénégalais, Diéye était un juriste ouvert sur toutes les disciplines. Ses travaux, patiemment réalisés, qui portent autant sur le droit administratif, que le droit constitutionnel ou le droit communautaire, lui ont ouvert les portes de la reconnaissance par les pairs et la communauté épistémique.
Après l’Université qu’il a servi avec dévouement et bravoure, le Professeur Abdoulaye Diéye a aussi été utile à la cité dans d’innombrables missions au service du pays dont je ne citerai que deux : les travaux de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) et ceux de la Commission nationale de réforme foncière (CNRF) dont il a été rapporteur. Il était un grand intellectuel qui savait travailler de concert avec d’autres ou assumer seul des positions dans des rubriques occasionnelles qu’il appelait : « ce que je pense ».
Cher Abdoulaye, tout, dans ton parcours de vie, indique que le Bon Dieu t’a accueilli dans son Paradis.
Que la terre de Ndar, que tu as tant aimée, te soit légère.
AWLN SÉNÉGAL MOBILISÉ POUR LA RDC
Le chapitre sénégalais de l'organisation dénonce les atrocités commises contre les populations civiles, particulièrement les femmes et les enfants de Goma. Il appelle la communauté internationale à l'action
Alors que le sang coule à nouveau dans l'Est de la RDC, les voix des femmes leaders du Sénégal s'élèvent pour dire "stop" à la violence. Le chapitre sénégalais d'AWLN dénonce avec force les atrocités commises contre les populations civiles, particulièrement les femmes et les enfants de Goma. Face aux déplacements forcés, aux violences sexuelles et au recrutement d'enfants soldats, leur message est sans équivoque : la communauté internationale doit agir maintenant.
Lettre de Soutien d’AWLN Sénégal à nos sœurs d'AWLN RDC
Le chapitre AWLN Sénégal exprime sa profonde compassion et sa solidarité sans faille envers AWLN RDC, les habitants de la ville de GOMA, et toutes les populations de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) durement affectées par l’intensification du conflit armé. Nous savons que, dans ces situations, les femmes et les enfants sont touchés de manière disproportionnée. Nous suivons par conséquent, avec une immense tristesse, l’escalade de la violence, les déplacements forcés de populations, les attaques contre les civils, les pillages, et les brutalités abjectes contre des innocents, ainsi que la recrudescence des cas d’agressions sexuelles et des violations des droits humains qui en résultent.
La situation des femmes enceintes, des enfants et des personnes vivant avec un handicap, privées d’accès à l’eau potable et aux soins médicaux, est particulièrement préoc cupante. Les exactions commises, y compris les violences sexuelles et le recrutement forcé d’enfants, sont tout à fait inacceptables.
Nous, membres D’AWLN Sénégal condamnons fermement ces actes barbares et appelons à une cessation immédiate des hostilités. Nous demandons au mouvement armé du M23 et à toutes les parties belligérantes de respecter le droit international humanitaire et de garantir la protection des civils. Nous exhortons également la communauté internationale à intensifier son soutien humanitaire afin de répondre aux besoins urgents des populations affectées. Le rétablissement de la paix et de la sécurité en RDC requiert une action rapide et concertée, tant au niveau régional qu’international, pour mettre un terme aux souffrances des populations de la RDC.
Nous, membres D’AWLN Sénégal réitérons notre soutien indéfectible à nos sœurs de AWLN RDC, mais aussi aux femmes et aux enfants de la RDC et lançons un appel à la paix. Nous réaffirmons notre engagement à œuvrer pour la paix, la sécurité, la justice et la protection des droits humains. Nous soulignons l'importance du respect des résolutions 1325 et 2250 du Conseil de Sécurité des Nations Unies afin de permettre une inclusion effective des femmes et des jeunes dans les processus de paix et de sécurité.
LES CRIMES COLONIAUX FRANÇAIS AU CAMEROUN
Un rapport dévoile l'étendue des violences perpétrées par l'armée française contre les mouvements indépendantistes camerounais. Des massacres de civils aux camps de regroupement forcé, impliquant plusieurs dizaines de milliers de morts
(SenePlus) - Selon une enquête historique révélée par Le Monde, la France a mené une véritable "guerre de décolonisation" au Cameroun, causant la mort de "plusieurs dizaines de milliers de Camerounais" entre 1945 et 1971. Cette conclusion bouleversante émerge d'un rapport de plus de 1000 pages, fruit du travail d'une commission mixte d'historiens français et camerounais, remis le 28 janvier au président Paul Biya à Yaoundé, une semaine après sa présentation à Emmanuel Macron.
D'après le quotiden français, cette initiative s'inscrit dans la lignée des travaux mémoriels lancés par la présidence française sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi au Rwanda et pendant la guerre d'Algérie. Le projet, initié en juillet 2022 lors de la visite d'Emmanuel Macron à Yaoundé, révèle une page sombre de l'histoire coloniale française largement méconnue du grand public.
La commission, composée de quatorze chercheurs répartis équitablement entre les deux pays, a bénéficié d'un accès sans précédent aux archives françaises, notamment celles de la justice militaire. Comme le souligne l'historienne française Karine Ramondy, coprésidente de la commission mixte, citée par Le Monde : "C'est une guerre de décolonisation qui ne s'arrête pas avec l'indépendance : nous sommes encore présents après et nous continuons à exercer des violences répressives pour le compte d'un pays qui est devenu indépendant."
Le bilan humain est particulièrement lourd. Les archives militaires officielles comptabilisent environ 7500 combattants tués entre 1956 et 1962, période de plus forte implication des troupes françaises. Cependant, selon le quotidien, le rapport estime que le nombre total de victimes s'élève "plus probablement à plusieurs dizaines de milliers de Camerounais."
Les méthodes employées par l'armée française témoignent d'une violence extrême. Le massacre d'Ekité en 1956, exemple emblématique cité par Le Monde, est décrit par la commission comme "un assaut à l'encontre de civils désarmés", contredisant la version officielle qui le présentait comme une contre-attaque légitime. Le rapport révèle également l'utilisation de "cartouches incendiaires particulièrement dévastatrices" et la mise en place d'une politique de déplacements forcés des populations vers des "camps de regroupement", inspirée des méthodes utilisées au Cambodge.
La répression visait principalement l'Union des populations du Cameroun (UPC), parti nationaliste dissous en 1955. Selon Le Monde, ses membres, dont le leader indépendantiste Ruben Um Nyobe, ont été systématiquement éliminés, d'abord par l'armée française, puis après l'indépendance par l'armée camerounaise du régime d'Ahmadou Ahidjo, mis en place en 1960 avec le soutien de Paris.
Le rapport met en lumière des pratiques de torture documentées par des sources écrites et orales. Ces méthodes s'inscrivaient dans une stratégie de guerre "contre-révolutionnaire" incluant surveillance, opérations de terrain en petites unités et "ratissages" massifs. Le Monde précise que plusieurs officiers français déployés au Cameroun avaient préalablement servi en Indochine et en Algérie.
La commission s'est interrogée sur l'emploi du terme "génocide". Si elle ne dispose pas de la compétence juridique pour qualifier ces actes de "génocidaires", elle reconnaît le caractère extrême des violences qui "ont transgressé les droits humains et le droit de la guerre."
Cette enquête historique soulève des questions cruciales sur la responsabilité de la France dans les violences post-coloniales en Afrique. Elle met en lumière la continuité des pratiques répressives même après l'indépendance, dans le cadre de ce qui deviendra la "Françafrique". Le Cameroun, dirigé depuis 1982 par Paul Biya, héritier du système mis en place avec le soutien de Paris, reste profondément marqué par cette période.
Le président Biya a salué "un travail de recherche très remarquable et de conciliation mémorielle d'une grande portée symbolique." Reste à voir, comme le souligne Le Monde, quelles suites concrètes Paris et Yaoundé donneront à ces révélations historiques, alors que l'influence française en Afrique fait face à de nombreux défis, particulièrement au Sahel.
VERS UNE GOUVERNANCE RENFORCÉE DES ARCHIVES AU SÉNÉGAL
Lors du Conseil des ministres, le Premier Ministre a insisté sur l’urgence de renforcer la gestion des archives nationales, un enjeu crucial pour la préservation de la mémoire institutionnelle du pays.
Lors du Conseil des ministres, le Premier Ministre a insisté sur l’urgence de renforcer la gestion des archives nationales, un enjeu crucial pour la préservation de la mémoire institutionnelle du pays. Deux priorités majeures ont été soulignées : la prise en charge rigoureuse du pré-archivage et du reversement des fonds documentaires des ministères et de leurs structures affiliées, ainsi que la construction d’une Maison des Archives moderne.
Pour concrétiser ces ambitions, le Premier Ministre a annoncé son intention de mettre en place un comité interministériel dédié à la gouvernance des archives. Ce comité aura pour mission de superviser la reconstitution, conformément aux normes établies, du processus de pré-archivage au sein des ministères et de leurs structures rattachées. Il sera également chargé de coordonner l’élaboration d’une stratégie nationale de gestion des archives, visant à moderniser et centraliser ce domaine essentiel pour la mémoire collective et le bon fonctionnement administratif du Sénégal.
Cette initiative marque une étape décisive dans la valorisation des archives comme patrimoine national, tout en répondant aux exigences de transparence et d’efficacité dans la gestion des documents publics. La future Maison des Archives, en tant qu’infrastructure moderne, sera un pilier central de cette vision, offrant des conditions optimales pour la conservation et l’accès aux documents historiques et administratifs.
LA FIN DES ÉCOLES MILITANTES
L'évolution de la formation politique au Sénégal raconte l'histoire d'un déclin idéologique. Un glissement vers un "situationnisme" politique où l'efficacité électorale prime sur la construction intellectuelle
De la clandestinité jusqu’au début du multipartisme, la formation a toujours occupé une place de choix au sein des formations politiques. Des partis, notamment de Gauche faisaient de la formation du militant une priorité. Cependant, depuis un certain temps, l’instruction militante n’est plus une priorité pour les « grands partis » qui mettent en avant le recrutement de masse et le pragmatisme.
Ce sont les idéologies qui gouvernent le monde. Cette maxime est connue bien connue dans le landerneau politique. Depuis longtemps, les groupes se sont toujours organisés pour gérer le pouvoir. Avant, l’organisation se faisait en tribus, en royaumes ou en empires. Dans le monde contemporain pour exercer le pouvoir, la démocratie a été instaurée. Même si ce n’est pas un régime parfait, « la démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres », selon l’ancien Premier ministre Britannique, Winston Churchill. Avec ce système politique, tout parti voulant exercer le pouvoir est obligé de structurer sa pensée en idéologie. Dans un passé récent, la formation était ainsi une obligation pour toutes les formations politiques au Sénégal. Et dans cet exercice, les partis de Gauche se sont distingués. Le Dr Massirin Savané, membre du Secrétariat exécutif d’And Jëf /PADS, confirme que selon les statuts du parti, il fallait « d’abord recruter des jeunes très conscients ». « Pour qu’un jeune soit conscient, il fallait s’occuper de lui. Il ne fallait pas qu’il soit un simple militant. S’occuper des jeunes, c’est les former réellement de manière idéologique, pour qu’en théorie et en pratique, ils puissent être conscients de ce qui les attend en termes de lutte, de combat. Il fallait qu’ils soient d’abord des militants conséquents », explique M. Savané.
L’exemple de l’école itinérante de Aj-Pads « Selebe Yoon »
Pour ce vétérinaire, membre d’Aj-Pads depuis les premières heures, la formation politique était essentielle parce qu’il fallait apprendre aux jeunes « comment travailler à massifier le parti, comment se comporter au sein du parti ». « C’est ce qui fait que nous avons beaucoup mis l’accent sur la formation. Et nous avons un cadre pour cela, qu’on appelle l’école itinérante du parti, appelée ‘’Sellebé Yoon’’ ou carrefour ». L’école reconnue d’Aj-Pads a permis de former et de forger beaucoup de jeunes, notamment dans le secteur politique. « On a vu que notre formation a produit des responsables agiles et des cadres outillés », confesse le chargé du développement rural et des questions agricoles rencontré à son domicile à la Cité Lobbat Fall de Pikine. Le Dr Massirin Savané rappelle qu’il y avait des séances de formation au sein de cette école pour mieux saisir les enjeux de l’heure. Cela était une évidence pour Landing Savané et ses camardes car, à leurs yeux, c’était un parti armé de la pensée Mao Zedong.
« Il fallait connaître d’abord ce que cela voulait dire. Il fallait comprendre cette théorie. Quel est l’essence même de l’engagement de ceux qui ont créé ce parti ? Il fallait former les gens sur ces principes. On a eu à former les militants des générations de militants par la pratique mais aussi par la théorie », détaille le Dr Savané qui fut adjoint au maire de Kolda.
« Expert et rouge »
Cette formation a permis aux partis de Gauche comme Aj, d’avoir une masse critique de jeunes qui constituaient ce qu’on appelle « l’avant-garde, une jeunesse consciente », qui savait mener des combats mais qui savait aussi s’arrêter. « Il fallait mener des combats mais aussi savoir s’arrêter quand il le fallait parce que ce qui nous unit, le pays pour lequel on se bat, est plus fort que ce qui nous divise. La formation politique nous a permis d’avoir effectivement, pour chaque génération, une masse critique de militants conscients du combat, qui connaissent les enjeux de l’heure et qui ont des connaissances transversales. Parce qu’en son temps on disait « expert et rouge », insiste Massirin Savané.
Ce dernier de rappeler que cela voulait dire qu’il fallait non seulement être « un révolutionnaire », un progressiste formé idéologiquement mais aussi être quelqu’un ayant une formation technique lui permettant de répondre aux questions de développement. Moustapha Samb, Professeur titulaire des universités et responsable de la formation doctorale au Cesti confirme que « les partis de Gauche, effectivement, étaient des partis très structurés, très ancrés dans la formation militante ».
Mieux se former pour militer clandestinement
Faisant une comparaison entre les années de « bouillonnement intellectuel » dans les formations politiques et aujourd’hui, Dr Massirin Savané, détaille qu’au début des années 1970 c’était le temps du parti unique et il fallait s’adapter. Cela fait qu’un militant non formé était même un danger pour lui-même. « Au début, il fallait avoir des jeunes idéologiquement bien formés pour un peu mieux booster leur engagement. Parce que ce n’était pas facile en son temps.
Les combats politiques ont démarré quand on ne pouvait pas être dans un autre parti politique que le parti l’Ups, le Ps. C’était le parti unique. Pour être vigilant il fallait être bien formé. Il fallait être idéologiquement bien armé pour pouvoir mener le combat. Parce que quand on vous arrêtait, on vous mettait en prison. On vous torturait », se rappelle le regard plein de fierté Dr Savané. Un parti comme le Pds, 26 ans d’opposition et 12 ans au pouvoir, a aussi tablé sur la formation. Malick Dieng, le directeur de l’institut libéral de formation supérieure du parti démocratique sénégalais (Pds) justifie la raison d’être de sa structure : « nous sommes en avance, parce que le Président Wade a dit qu’il veut construire une élite à son image. C’est-à-dire travailler à la quête perpétuelle du savoir, parce que ce sont les idées qui gouvernent le monde. Aujourd’hui, si vous n’avez pas les idées qu’il faut, vous ne pouvez pas gouverner » ….
L’électoralisme à la place de l’idéologie
Au fil du temps, ce n’est plus l’idéologie qui prédomine au sein des partis politiques. De plus en plus, les hommes politiques ont mis l’accent sur l’électoralisme, c’est-à-dire avoir beaucoup de militants pour gagner les élections. « Quelle que soit la qualité des militants, maintenant ce qui compte c’est avoir plus de militants pour remporter les élections. A And-Jef, on était resté dans le sens de former quand même, même si on doit avoir aussi beaucoup de militants. Parce qu’on a effectivement évolué. On disait auparavant qu’il fallait l’insurrection pour prendre le pouvoir. Après, on a dit que c’était une démocratie bourgeoise. Mais aujourd’hui nous avons compris que pour gagner des élections, il faut beaucoup de militants. Mais nous n’avons pas renoncé à la formation », souligne le Dr Massirin Savané. Ce dernier reste convaincu que le noyau d’un parti politique « doit être toujours bien formé ».
Toutefois, il reconnait que les principaux partis politiques qui ont plus de militants ont mis l’accent maintenant sur le pragmatisme. « Au lieu de former des jeunes pour faire le travail de construction du parti, maintenant les gens ont mis l’accent sur la recherche de plus de sympathisants et d’électeurs ». De ce fait, il estime que l’électoralisme fait que les gens mettent maintenant plus l’accent sur toute sorte de militants. « C’est ce qu’on appelle vraiment l’attachement. Parce que les gens ne croient plus aux idéologies. Parce que nous, nous pensons que tant qu’il y a Etat, il y a idéologie. Parce qu’on même si on ne peut plus parler effectivement de lutte des classes, elle existe sous d’autres formes. Il y a toujours une classe dominante et une classe dominée. Nous continuons quand même à faire la formation des jeunes », tempère Dr Savané.
« Les hommes politiques sont devenus des situationnistes »
Ce même constat est aussi dressé par le professeur Moustapha Samb. Il fait noter qu’aujourd’hui, il y a même une sorte de désuétude du concept de l’idéologie. « Les hommes politiques sont devenus maintenant des situationnistes. C’est-à-dire qu’ils sont là, ils étudient le terrain, ils s’adaptent pour tirer leurs dividendes. Et souvent, cette dividende-là, elle est liée à la recherche de postes, au positionnement dans l’attelage gouvernemental », explique le responsable de la formation doctorale au Cesti. A l’en croire, le fait de mettre en avant l’engagement politique au détriment de l’idéologie a entrainé l’émergence « de forces combattantes » à la place de « forces politiques bien formées ».
« Cette manière de voir encourage le raccourci, le fait de choisir le chemin le plus court possible pour accéder au sommet politique. Les jeunes politiques d’aujourd’hui, sont extrêmement pressés et la formation prend du temps. Apprendre prend du temps, mais il faut apprendre pour mieux servir. La théorie, les grands commentaires n’intéressent plus les gens », constate Pr Samb. Malgré le contexte de la « star système » peu favorable « aux débats d’idées », le responsable d’Aj-Jëf /Pads, Massirin Savané précise que les « produits bien formés de la Gauche » sont toujours au-devant de la scène politique même s’ils ont rejoint des partis comme l’Alliance pour la République (Apr), le Pds et même le Pastef, actuellement au pouvoir. Dr Massirin Savané demande aux « grands partis de ne pas délaisser la formation » car, à son avis, « pour construire un pays sur le long terme, il faut comprendre quels sont les enjeux du moment ».
« Si vous devez parler du panafricanisme, il faut que les jeunes comprennent ce que ça veut dire. Si vous pouvez parler de souveraineté, il faut que les gens comprennent qu’il faut compter sur notre propre force. Il faut que les gens comprennent qu’aujourd’hui, la souveraineté ne doit pas être spontanée. Elle se construit à travers tous les domaines, mais elle ne se déclame pas. Et pour cela, ça demande du temps », insiste le responsable de Aj.
MANSOUR FAYE DÉNONCE LE POUVOIR
L’ancien ministre et maire de Saint-Louis critique notamment l’arrêté N° 0020 du 22 janvier 2025, qu’il considère comme un simple « renforcement exorbitant des pouvoirs » du Premier ministre, sans réelle innovation
L’ancien ministre et maire de Saint-Louis, Mansour Faye, s’en prend vivement aux nouvelles autorités dans une déclaration au ton acerbe. Il critique notamment l’arrêté primatorial N° 0020 du 22 janvier 2025, qu’il considère comme un simple « renforcement exorbitant des pouvoirs » du Premier ministre, sans réelle innovation par rapport aux textes existants.
Un décret controversé et des voyages ministériels en question
Selon Mansour Faye, sous le régime de Macky Sall, les ministres en mission à l’étranger devaient présenter un ordre de mission et un décret d’intérim avant leur départ. Il s’interroge donc sur l’utilité de cette nouvelle mesure, estimant qu’elle vise plutôt à « masquer les dérives notées » dans la gestion actuelle du pouvoir.
Il dénonce en particulier l’usage jugé abusif de l’avion présidentiel par le Premier ministre pour des déplacements qu’il peine à qualifier. « De mémoire de Sénégalais, c’est la première fois qu’un PM utilise l’aéronef de la République pour des missions dont les motivations restent floues », déplore-t-il, pointant du doigt des voyages fréquents dans la sous-région, notamment en Mauritanie et en Gambie.
Une diplomatie affaiblie et une crise économique grandissante
Pour Mansour Faye, ces déplacements ministériels posent un problème de transparence. Il exige des explications sur leur coût pour les contribuables et s’indigne du contraste entre ces voyages et la situation socio-économique du pays. Il évoque la hausse des prix des denrées de première nécessité, la précarité croissante et le désespoir des jeunes qui, faute de perspectives, rêvent d’émigrer au Qatar ou en Espagne, même pour des travaux pénibles.
L’ancien ministre conclut en affirmant que la République est en souffrance et que les priorités du gouvernement devraient être ailleurs, face aux urgences économiques et sociales.
AU PUR, L'IMPOSSIBLE SUCCESSION
Cheikh Tidiane Youm, est contesté par ses pairs, comme l'avait été avant lui Issa Sall. Cette situation révèle une constante : la difficulté pour les numéros 2 du parti à s'imposer face à l'autorité du marabout-président Serigne Moustapha Sy
Les numéros 2 au sein du Pur ont du mal à briller au sein de leur parti, pour laisser uniquement la direction au marabout-président, Serigne Moustapha Sy, la seule constante. Après Issa Sall, candidat du Pur à la présidentielle de 2019, qui avait quitté ce parti pour rejoindre le président Macky Sall, aujourd’hui c’est autour de Cheikh Tidiane Youm, Secrétaire général national, d’être contesté par ses camarades de parti.
Le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) est miné par une crise ces derniers jours. Une crise qui trouve son expression à travers les appels à la démission du Secrétaire général national, Cheikh Tidiane Youm. Le président du parti, Serigne Moustapha Sy, a pris la décision de résoudre le problème au sein de son parti en définissant la direction à suivre.
Au-delà de cette crise, il urge de se demander s’il n’y a pas un problème de numéro 2 au sein de cette formation politique qui évolue dans l’opposition ? Depuis la création de ce parti, en 1998, par feu Khalifa Babacar Diouf, tous les leaders qui ont été désignés par le patron du parti n’ont pas pu tirer leur épingle du jeu. Ils ont dû faire face à une hostilité au sein du parti.
On aura fini de constater qu’au sein du Pur, tout est fait ou organisé de manière à porter ombrage au Secrétaire général dudit parti, afin de laisser uniquement la direction au marabout-président. Candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2019, à l’issue de laquelle il s’était classé 4ème, l’expert en informatique, Issa Sall, qui occupait aussi à l’époque les fonctions de Secrétaire général du Parti de l’unité et du rassemblement, avait quitté la direction pour rejoindre le pouvoir de Macky Sall. Il sera, par la suite, accusé d’avoir eu des accointances avec le régime de l’ancien président Macky Sall, qui le nomma ministre-conseiller. Il finira par rendre le mandat de député de la XIIIème législature à sa formation politique d’origine. Issa Sall n’a, donc, pas fait de vieux os à la tête du Pur.
Autre haut responsable du Pur, autre crise. Cette fois-ci, Cheikh Tidiane Youm, qui a succédé à Issa Sall. Son cheminement avec le Pur connaît des perturbations ces derniers temps, avec le vent de révolte qui souffle dans les rangs de ses principaux collaborateurs, qui se trouvent être les secrétaires généraux de coordination. Ces derniers, estimant lui avoir trouvé des «poux» sur la tête, se croient très légitimes de réclamer sa tête. Cette démarche, même si elle est acceptable en démocratie, a la particularité de placer le marabout-président du Pur au-dessus de la mêlée de militants. Ce qui fait de Serigne Moustapha Sy la constante du Pur. Le retour de la crise au sein du Pur, à cause du bras droit du marabout-président du parti, démontre à suffisance la mainmise de Serigne Moustapha Sy sur l’organisation politique.
Alors que tous les yeux étaient fixés sur Cheikh Tidiane Youm, Secrétaire général national du Pur, pour porter la candidature de l’élection présidentielle de 2024, le choix est porté sur Alioune Mamadou Dia pour défendre les couleurs de son parti. Très peu connu du grand public, celui qui était le candidat du Pur est perdu de vue depuis la dernière présidentielle.
Administrer le Pur après l’éviction d'Issa Sall n’a pas été donc un facteur déterminant pour faire de Cheikh Tidiane Youm le porte-étendard de ce parti lors de l’élection présidentielle du 25 mars 2024. Combattre le pouvoir de Macky Sall au sein de l’Assemblée nationale, lors de la XIVème législature, et dans la rue aux côtés de Ousmane Sonko et des autres leaders de la défunte Coalition Yewwi askan wi (Yaw) n’a pas non plus suffi, au regard des dirigeants du Pur, pour faire de Youm leur champion dans la course au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor.
Au fond, il y a vraiment lieu de s’interroger sur le meilleur profil du numéro 2 du Pur. Même si le président du Pur, Serigne Moustapha Sy, a pris l’initiative de reprendre les rênes et de définir clairement la direction à suivre pour résoudre cette crise. Le statut, le rôle et la personnalité du numéro 2 risquent d’être remis sur la table dans le futur.