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24 novembre 2024
Politique
DAKAR, LA MÈRE DES BATAILLES
La lutte pour le leadership du département de Dakar s’annonce comme la « mère de bataille » entre le nouveau parti au pouvoir, décidé à peser de son poids face à ses anciens alliés de Yewwi askan wi, regroupés autour de la coalition « Samm Sa Kaddu »
La course vers les sièges à l’Assemblée nationale lors des élections législatives du 17 novembre prochain s’annonce épique au lendemain de la publication des forces en présence. Au point de vue symbolique, de sa situation et comme tout simplement un grand bassin électoral, Dakar constitue un enjeu majeur de ces joutes électorales. La lutte pour le leadership du département de Dakar s’annonce comme la « mère de bataille » entre le nouveau parti au pouvoir, décidé à peser de son poids face à ses anciens alliés électoraux de Yewwi askan wi, regroupés autour de la coalition « Samm Sa Kaddu » conduite par l’actuel édile Barthélémy Dias. Mais aussi face aux coalitions conduites par l’ex chef de l’Etat Macky Sall, son ex-Premier ministre Amadou Ba.
Le département de Dakar, plus que les autres localités, représentera un enjeu majeur pour les forces en présence qui se sont formées dimanche dernier en direction des élections législatives anticipées du 17 novembre prochain.
Tombée dans l’escarcelle de l’opposition lors des dernières élections, la lutte pour le contrôle de la capitale sénégalaise s’annonce épique et sera la « mère des batailles » entre les poids lourds de la politique sénégalaise. Hormis le pouvoir socialiste qui en avait fait sa chasse-gardée au cours des premières décennies, Dakar est devenue un enjeu capital pour tous les régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Le défi qui se pose au nouveau pouvoir ne sera ni plus ni moins que d’arracher la région de Dakar à l’opposition. L’obtention d’une majorité confortable des sièges qui lui permettra d’asseoir son projet politique passe sans conteste par une mainmise sur l’électorat dakarois.
Dans cette voie, un contrôle surla capitale sénégalaise sera primordial. Désigné tête de liste nationale de la coalition « Samm Sa Kaddu » (Taxawu Sénégal, le Prp, les Serviteurs, l’Arc, Gueum Sa Bopp, le Pur et Agir), le maire de Dakar, BarthélémyDias sera en première ligne pour mener les troupes de la liste départementale de Dakar.
Dans cette bataille, l’édile de la ville deDakar aura des défis majeurs à relever : S’il peut encore en tant que premier magistrat de Dakar s’adosser sur les réalisations menées depuis quelques années dans la commune de Dakar, force est de se demander s’il garde encore cette cote de popularité qu’il s’est taillée d’abord avec son leader de Taxawu Dakar Khalifa Sall qui a réussi à mettre en ballotage le parti au pouvoir en 2017 dans le département de Dakar. Cet atout, Barthélémy Dias a réussi à le fructifier durant son long compagnonnage avec l’actuel leader de Pastef au sein de la grande coalition Yewwu Askan wi. Quoiqu’il en soit, les législatives permettront à la coalition présidentielle portée par Ousmane Sonko d’apporter une réponse politique et surtout de laver son honneur face à ses anciens alliés qui, selon une bonne frange de militants, se sont montrés déloyaux vis-à-vis de ladite formation. Le maire de Dakar sera donc attendu dans la capitale. Un terrain dans lequel il va trouver son adversaire Abass Fall qui va mener le Pastef. La dernière présidentielle remportée avec 280.000 voix suffira-t-il comme baromètre pour le camp présidentiel. Outre Barthélemy et ses alliés, le Pastef se prépare à un duel avec Takku Wallu Sénégal, qui a pris une grande envergure depuis l’intronisation de l’ancien président Macky Sall comme tête de liste et avec comme principal allié le Parti Démocratique sénégalais (PDS). Devant ses nouvelles responsabilités, Amadou Ba espère également avec sa nouvelle coalition « Jam ak Njarign » opérer une reconfiguration dans l’échiquier politique. Très attendu, l’ancien Premier ministre aura une carte à jouer dans ses consultations.
Cette inter coalition avec le Ps, sera-t-elle cependant suffisante à l’ancien candidat présidentiel pour faire basculer Dakar au regard du lourd score obtenu il y a seulement quelques mois par la coalition Diomaye Président aussi bien à Dakar que sur le reste du pays ? C’est en tout cas, le moment de se peser et de se relever de la grosse déception subie lors de la présidentielle. Ce qui sûr est que qui gagne Dakar a de fortes chances de gagner le Sénégal.
L’ÉTAT RÉAFFIRME LA LAÏCITÉ INCLUSIVE DANS LES ÉCOLES
Le port des signes religieux (voile, croix, perles sacrées) est permis. Toutefois, cette acceptation est encadrée par des règles strictes visant à garantir la participation des élèves à toutes les activités pédagogiques et sportives
(SenePlus) - Le ministère de l'Éducation nationale vient de franchir un pas décisif vers une éducation plus inclusive et respectueuse de la diversité. Dans un arrêté daté du 8 octobre 2024, le ministre Moustapha Mamba Guirassy a établi de nouveaux principes directeurs pour les règlements intérieurs des établissements scolaires, publics comme privés.
Ce texte, qui s'inscrit dans le respect de la Constitution sénégalaise, met l'accent sur "la sauvegarde de l'ordre républicain, la cohésion nationale, la garantie des libertés individuelles et collectives, le respect de toutes les croyances religieuses, l 'égalité devant la loi, la non-discrimination et l'inclusion sociale et scolaire."
L'un des points les plus marquants du document concerne le traitement des signes religieux en milieu scolaire. Contrairement à d'autres pays qui ont opté pour une interdiction stricte, le Sénégal a choisi une voie médiane. L'arrêté stipule clairement "le respect des croyances religieuses incluant l'acceptation du port des signes religieux, tels que le voile, la croix, les perles sacrées, sans préjudice à une identification nette de l'élève dans l'enceinte de l' école, dans les classes et lors des activités pédagogiques."
Cette approche inclusive s'accompagne cependant d'une condition importante : "Ce respect de la différence religieuse ne soustrait pas l'élève, excepté par des dispenses objectivement motivées, de la participation aux activités pédagogiques et sportives obligatoires." Cette clause vise à maintenir un équilibre entre le respect des croyances et la nécessité d'une participation pleine et entière à la vie scolaire.
L'arrêté aborde également la question de la mixité, un sujet parfois sensible dans certains contextes religieux. Il prévoit "l'acceptation de la mixité et le respect mutuel en vue de renforcer les valeurs du vivre ensemble", interdisant notamment "toute entrave à la mixité dans l'utilisation de l'espace scolaire y compris les tables-bancs, les bancs publics et les terrains sportifs, à l'exception des toilettes et vestiaires".
Dans un souci de promotion du vivre-ensemble, le texte encourage "l'acceptation de formes de salutation autres que serrer la main", tout en interdisant "toute forme de violence physique et verbale ou mots de harcèlement".
Ces nouvelles directives s'inscrivent, selon l'État, dans une volonté plus large de créer un "environnement propice aux enseignements et aux apprentissages". Elles abordent des aspects variés de la vie scolaire, de la sécurité à la discipline, en passant par la participation des élèves à la vie de l'établissement.
L'arrêté prévoit également des procédures disciplinaires « justes et équitables », insistant sur « la proportionnalité des sanctions négatives » et « le droit à la défense » des élèves. Il encourage par ailleurs « la participation active de tous les membres de la communauté éducative, en prévoyant des instances de dialogue et de concertation ».
La mise en œuvre de ces nouvelles règles sera supervisée par les Inspections d'Académie, qui disposeront d'un délai de 60 jours pour approuver les règlements intérieurs soumis par les établissements. "Tout règlement intérieur non approuvé est non applicable", précise l'arrêté.
Cette initiative du ministère de l'Éducation nationale représente une approche novatrice de la laïcité en milieu scolaire. Elle embrasse la diversité religieuse tout en maintenant un cadre commun pour tous les élèves. Le Sénégal se ainsi positionne comme un modèle potentiel pour d'autres pays confrontés à des défis similaires.
BP SEUL ACHETEUR DU GNL SÉNÉGALAIS
Un arbitrage international vient d'interdire à Kosmos Energy de vendre à des tiers le gaz naturel liquéfié issu du projet Greater Tortue Ahmeyim (GTA), situé entre le Dakar et la Nouackchott
(SenePlus) - Le projet de gaz naturel liquéfié (GNL) Greater Tortue Ahmeyim (GTA), situé au large du Sénégal et de la Mauritanie, connaît une nouvelle évolution majeure. Selon une information rapportée mardi 8 octobre par Reuters, un arbitrage international basé à Paris a rendu une décision en faveur de BP, empêchant Kosmos Energy de vendre du GNL issu de ce projet à des tiers pendant toute la durée du contrat de vente. Cette décision conforte BP dans sa position de principal acheteur exclusif de la production du GTA.
Kosmos Energy, société américaine d’exploration pétrolière et gazière cotée en bourse, détient 26,8 % de participation dans le projet. Cependant, BP, avec 56 % des parts, joue le rôle d’opérateur. L’arbitrage, issu de la Chambre internationale de commerce, bloque ainsi toute possibilité pour Kosmos de vendre sa production de GNL à d’autres acheteurs jusqu’en 2033, date à laquelle le contrat pourrait prendre fin.
Le Sénégal s’apprête ainsi à se positionner comme un acteur clé dans l'exportation de GNL, aux côtés de pays africains comme le Nigeria, l'Angola ou encore le Cameroun. Reuters précise que la zone du projet GTA est d’une importance stratégique pour BP et pour la transition énergétique mondiale. Le GNL, en tant qu’énergie plus propre, s'inscrit pleinement dans la stratégie de BP visant à diversifier ses sources d'approvisionnement.
Malgré la décision, Kosmos Energy a tenu à préciser dans un communiqué que cette situation « n’affecte pas ses attentes financières à long terme », ni les termes initiaux du contrat de vente de GNL. BP, quant à elle, continuera de bénéficier des 2,5 millions de tonnes de GNL produites annuellement pendant une période de 20 ans, comme l’indique Reuters.
Le projet GTA, qui était achevé à 90 % en novembre 2023, devrait entrer en phase opérationnelle au premier trimestre 2024, avec un léger retard par rapport au calendrier initial. Andrew Inglis, PDG de Kosmos, a annoncé lors d’une conférence organisée par BloombergNEF que le démarrage complet du projet était prévu avant la fin de l'année.
Cette décision, bien que technique, marque une avancée cruciale pour le Sénégal, qui aspire à devenir un fournisseur majeur de GNL dans un marché global en pleine transformation. Elle intervient dans un contexte de forte demande mondiale pour le GNL, un domaine où les grands acteurs comme BP et Shell sont également en conflit juridique avec d'autres producteurs, comme Venture Global LNG, précisé l'agence Reuters.
LES EUROBONDS DU SÉNÉGAL PROLONGENT LEURS PERTES APRÈS LA DÉGRADATION DE MOODY'S
Les obligations en dollars du pays arrivant à échéance en 2033 ont chuté un quatrième jour consécutif de 0,3 cent à 84,97 cents sur le dollar à 13h01 à Londres. Les titres dus en 2048 ont subi une série de pertes similaires
(SenePlus) - Les obligations d'Etat libellées en dollars du Sénégal ont prolongé leurs lourdes pertes lundi, après que Moody's a abaissé la note souveraine du pays dans la catégorie spéculative et l'a placé sous surveillance pour un éventuel nouveau déclassement.
Selon Bloomberg, "Les obligations en dollars du pays arrivant à échéance en 2033 ont chuté un quatrième jour consécutif de 0,3 cent à 84,97 cents sur le dollar à 13h01 à Londres. Les titres dus en 2048 ont subi une série de pertes similaires, reculant de 0,4 cent à 72,77 cents sur le dollar."
Vendredi, l'agence de notation a réduit la note de long terme en devises du pays à B1, soit quatre crans sous la catégorie investissement, contre Ba3 auparavant. Moody's a justifié cette décision par "les récentes révélations du nouveau gouvernement selon lesquelles la situation budgétaire et de la dette durant le dernier mandat quinquennal de l'administration précédente était nettement plus faible que précédemment évalué."
Depuis l'annonce le mois dernier des résultats de l'audit mené par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, les obligations sénégalaises figurent parmi les plus mauvaises performances des marchés émergents. Cet audit révèle "un déficit budgétaire de 10% du produit intérieur brut en 2023, près du double des 5,5% annoncés par l'administration précédente."
"La lourde charge de la dette du Sénégal, estimée par les conclusions préliminaires à 83,7% du PIB en 2023 au niveau de l'administration centrale - environ 10 points de pourcentage de plus que le ratio précédemment publié - réduit la capacité d'absorption des chocs et accroît la vulnérabilité à une hausse des coûts de financement", a déclaré Moody's, cité par Bloomberg.
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FRANCOPHONIE : LE DERNIER TANGO DE PARIS
Le gratin de l'Afrique francophone s'est réuni pour un sommet aux allures de dernière danse. Macron a tenté de maintenir l'illusion de l'influence française. Mais derrière les sourires de façade, c'est le crépuscule d'un empire qui se dessinait
Paris, théâtre d'un spectacle aussi fascinant que déconcertant ce week-end. Le Sommet de la Francophonie, jadis vitrine du rayonnement français, s'est mué en bal des adieux pour une influence en déliquescence.
Emmanuel Macron, maestro d'un orchestre désaccordé, a tenté de diriger une symphonie impossible. Face à lui, un parterre clairsemé de 19 chefs d'État africains, loin de l'affluence d'antan. Les absents ? Nombreux et pesants, du Sénégal au Maroc, signant de leur silence la fin d'une époque.
Dans les coulisses, une valse étrange se jouait. Ici, on réintègre un putschiste guinéen. Là, on courtise un autocrate rwandais. Un pas de deux diplomatiques où les principes semblent avoir perdu le rythme.
Pendant ce temps, certains journalistes, pourtant accrédités auprès du Quai d'Orsay, se sont vus refuser l'entrée. Motif ? "Plus de place". Une explication qui sonne creux face aux rangées de sièges vides lors de la conférence de presse finale.
Ce sommet, miroir d'une francophonie en quête d'identité, pose une question cruciale : dans ce nouveau concert des nations, quelle partition la France compte-t-elle jouer ?
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SI PASTEF REMPORTE LES PROCHAINES LÉGISLATIVES, LA HAUTE COUR DE JUSTICE SERA MISE EN PLACE
L’annonce a été faite ce mardi, par Malick Ndiaye, face à la presse ce mardi. Cela permettra, selon lui, de pouvoir juger les responsables du régime précédent.
Si Pastef remporte les prochaines législatives, la haute Cour de Justice sera mise place. Ce, pour pouvoir juger les responsables du régime précédent. L’annonce a été faite ce mardi, par Malick Ndiaye, face à la presse.
UN PLAN NATIONAL DE RELANCE DE LA CASAMANCE MIS EN PLACE
“Prévu pour une durée de deux ans, ce nouveau cadre dénommé plan du président de la République pour la Casamance a pour ambition de restaurer l’équilibre au niveau de cette région impactée par plusieurs années de conflit”, a expliqué Sonko.
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a annoncé lundi avoir décidé de mettre en place, sur instructions du président de la République, un plan national de relance de la Casamance dont l’ambition est de faire renaître l’économie des régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda (sud).
Le chef du gouvernement a indiqué avoir décidé, “sur instruction du président de la République”, “de mettre en place avec les acteurs [concernés] un plan national destiné à la relance économique de la Casamance”.
Il s’exprimait à l’issue d’une réunion interministérielle sur l’accompagnement des personnes déplacées qui sont de retour en Casamance, en allusion aux populations ayant quitté leur terroir pour fuir l’insécurité, au plus fort de la crise née de la rébellion casamançaise au début des années 1980.
“Prévu pour une durée de deux ans (2024-2025), ce nouveau cadre dénommé plan du président de la République pour la Casamance a pour ambition de restaurer l’équilibre au niveau de cette région impactée par plusieurs années de conflit”, a expliqué Ousmane Sonko.
Pour ce faire, le chef du gouvernement a instruit les ministères concernés de s’atteler à la construction d’infrastructures sociales de base, mais aussi de s’investir pour le retour des services déconcentrés de l’État, qui avaient quitté leurs positions, en raison de l’insécurité.
“Tout ce travail budgétisé pour un montant global de 53,6 milliards de francs CFA, va se faire sous la coordination de l’Agence nationale de relance des activités économiques et sociales en Casamance (ANRAC), pour une meilleure optimisation des ressources et actions”, a-t-il avancé.
À ce propos, le Premier ministre a demandé la mise en place, au niveau de chacune des régions concernées, d’un comité de pilotage qui sera supervisé par le gouverneur.
Il est revenu sur l’accalmie prévalant actuellement en Casamance, soulignant que cette situation est le fruit de l’engagement de l’armée nationale, qui a permis le retour des populations dans 197 villages, pour un nombre total de 5.655 ménages.
“Aujourd’hui, il ne reste plus que 33 villages qui sont abandonnés par leurs occupants d’origine à cause de la guerre, soit 992 ménages. Et notre gouvernement s’efforcera de les faire revenir dans les meilleures conditions de vie et de réalisation”, a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs annoncé que le gouvernement a prévu “un budget spécial” de 10 milliards de francs CFA, pour prendre en charge le déminage de toute la région.
PERCÉE AFRICAINE DANS LE CLASSEMENT UNIVERSITAIRE MONDIAL
Avec 54 établissements de 15 pays, la région affiche un record de participation, témoignant de son ambition académique croissante. Le Nigeria et l'Afrique du Sud dominent le tableau, tandis que les pays comme le Ghana et l'Éthiopie font leur marque
(SenePlus) - L'année 2025 marque un tournant pour l'Afrique subsaharienne en matière d'enseignement supérieur. Avec une participation record dans le prestigieux classement mondial des universités publié par Times Higher Education (THE), la région démontre un engagement fort en faveur de l'excellence académique, malgré des défis significatifs. Ce classement, qui évalue les universités sur des critères de recherche, de formation, de transfert de connaissances et d'internationalisation, reflète la diversité et les progrès des institutions académiques africaines.
Un total de 54 universités de 15 pays de l'Afrique subsaharienne ont été classées en 2025, soit une augmentation notable par rapport aux années précédentes. Ce chiffre témoigne de la reconnaissance croissante de l'enseignement supérieur africain sur la scène mondiale. Parmi les pays représentés, le Nigeria domine avec 21 universités classées, suivi de près par l'Afrique du Sud avec 14 institutions. Le Ghana arrive en troisième position avec quatre universités.
Malgré cette avancée, les résultats varient. L'Afrique du Sud, tout en conservant une place forte avec l'Université du Cap dans le top 200, a vu plusieurs de ses institutions perdre du terrain dans le classement. Le Nigeria, bien que confronté à des défis tels que la fuite des cerveaux, continue de voir ses universités progresser et rester compétitives.
Afrique du Sud : des défis malgré une excellente qualité de recherche
L'Université du Cap en Afrique du Sud, la mieux classée de la région, se maintient dans le top 200, occupant la 180e position, bien qu'elle ait reculé par rapport à la 167e place en 2024. Cette performance est impressionnante compte tenu des défis économiques auxquels le pays est confronté, notamment la diminution des financements publics pour l'enseignement supérieur.
D'autres universités sud-africaines, telles que Stellenbosch et Witwatersrand, restent dans le top 350, tandis que des institutions comme l'Université de Johannesburg et l'Université de KwaZulu-Natal sont respectivement classées dans les bandes 401-500 et 501-600. Malgré ces reculs, la qualité de la recherche reste un point fort de l'Afrique du Sud, avec des chercheurs sud-africains qui continuent de publier des travaux influents à l'échelle mondiale.
En revanche, la capacité à attirer des étudiants internationaux reste limitée, ce qui constitue un défi pour l'internationalisation des universités sud-africaines.
Le Nigeria : un combat contre la fuite des cerveaux
Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, fait face à de nombreux défis, notamment la fuite des cerveaux, en particulier dans des secteurs critiques tels que la médecine, l'ingénierie et la technologie financière. Malgré cela, les universités nigérianes trouvent des solutions innovantes pour surmonter les déficits de financement et continuent de se battre pour rester compétitives à l'échelle mondiale.
Covenant University, située dans la bande 801-1000, demeure la première université nigériane dans ce classement. Elle est suivie par des institutions telles que l'Université Ahmadu Bello et Landmark University, nouvellement classées dans la bande 1001-1200. En tout, le Nigeria compte 11 universités dans le top 1500, confirmant ainsi sa place prédominante dans l'enseignement supérieur africain.
Le Ghana : une progression inégale
Le Ghana, troisième pays en nombre d'universités classées, a vu son université la mieux classée, l'Université de Cape Coast, reculer de la bande 601-800 à celle de 801-1000. L'Université du Ghana et l'Université des Sciences et Technologies Kwame Nkrumah se maintiennent dans les bandes inférieures, malgré une baisse générale dans le classement.
Éthiopie, Maurice et Ouganda : des performances variables
D'autres pays africains, bien que représentés par un plus petit nombre d'institutions, continuent de figurer dans le classement. L'Université de Jimma en Éthiopie et l'Université de Maurice se situent toutes deux dans la bande 1201-1500. L'Université Makerere en Ouganda, qui était auparavant dans la bande 801-1000, a connu un recul significatif, se retrouvant désormais dans la bande 1201-1500.
Un contexte mondial compétitif
Dans un contexte mondial marqué par une concurrence intense, l'Afrique subsaharienne doit faire face à des défis structurels et financiers. Les meilleures universités du monde, comme l'Université d'Oxford au Royaume-Uni, qui reste en tête du classement pour la neuvième année consécutive, et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux États-Unis, continuent de dominer grâce à leurs ressources et à leur capacité d'innovation.
En 2025, trois nouveaux pays – le Brésil, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – rejoignent le top 200, montrant ainsi que la compétition devient de plus en plus mondiale. Le classement, qui s'étend cette année à plus de 2 000 universités, est le plus vaste jamais réalisé par Times Higher Education, et inclut des données de 2 860 institutions provenant de 133 pays.
Les défis et opportunités pour l’Afrique
Malgré les défis liés à la gouvernance, au financement et à la fuite des talents, les universités d'Afrique subsaharienne ont prouvé leur résilience et leur capacité d'adaptation. La participation accrue de ces institutions au classement mondial montre un désir croissant de se mesurer aux meilleures universités du monde et d'attirer des collaborations internationales.
Le classement 2025 met en lumière les forces et les faiblesses des institutions africaines, mais aussi leur potentiel à jouer un rôle crucial dans l'éducation mondiale. Il est impératif que les gouvernements et les parties prenantes investissent davantage dans l'enseignement supérieur, afin de capitaliser sur cette dynamique positive et de renforcer la compétitivité des universités africaines à l'échelle mondiale.
Par Elimane Haby Kane
OSEZ LA RÉVOLUTION CONSTITUTIONNELLE
EXCLUSIF SENEPLUS - La souveraineté et la refondation supposent des changements au-delà des limites de l’héritage colonial et des déterminants de l’aliénation intellectuelle de l’élite occidentalisée qui détient le monopole de la conduite des affaires
Pour une gouvernance favorable à la refondation et la souveraineté
L’année deux milles quatre qui commémore le soixante quatrième anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale est également le moment de l’avènement de la troisième alternance démocratique avec l’élection du cinquième Président de la République du Sénégal depuis 1960. L’élection de ce dernier a un taux inédit de 54 % au premier tour d’un candidat de l’opposition lui confère un leadership suffisamment légitime et une grande opportunité pour bâtir un Sénégal nouveau. Une République démocratique à laquelle aspirent de larges dynamiques citoyennes qui proposent des mesures décisives à prendre pour mettre définitivement notre pays dans la perspective du progrès économique et social durable, à travers un mouvement collectif souverain et solidaire qui réunifie toutes les couches et tous les secteurs de notre société.
En analysant le programme du candidat de la coalition victorieuse Diomaye Président, nous avons relevé un certain nombre d’engagements et de mesures suffisants pour transformer en substance et dans l’approche le mode de gouvernance des affaires publiques au Sénégal. Déjà, le président de la République a annoncé des reformes dans son programme : « Nous réviserons et protégerons la Constitution en nous inspirant des conclusions des Assises Nationales et des réformes proposées par la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI) ».[1] Également l’ancien candidat, étant dans les liens de la détention, avait procédé par délégation à la signature du « Pacte pour la Bonne Gouvernance Démocratique » proposé aux candidats à l’élection présidentielle par une coalition d’organisations de la société civile sur la base des conclusions des assises nationales et recommandations de la Commission nationale de reformes des Institutions.
Ces deux références suffisent pour espérer des réformes majeures du système de gouvernance de la République du Sénégal, capables de matérialiser la théorie de la nécessaire refondation confirmée par les conclusions des Assises nationales et bien d’autres propositions de chercheurs et organisations citoyennes[2]. Également la quête de souveraineté suppose la mise en œuvre d’une composante en charge des réformes nécessaires à son aboutissement.
Au moment où le gouvernement nommé par le président Bassirou Diomaye Faye travaille dans la matérialisation de la directive présidentielle énoncée depuis le Conseil des ministres du 9 avril 2024 pour l’élaboration d’un nouveau document de référence de politique économique et sociale en remplacement du Plan Sénégal Émergeant, il est important d’aborder les éléments de gouvernance qui sont décisifs dans la réussite des politiques publiques. Parmi les ambitions énoncées par le nouveau régime, figure en bonne place le renforcement de la « bonne gouvernance »[3], dans tous ses aspects (politique et démocratique, judiciaire, de gestion des finances publiques). Dans sa transversalité, la gouvernance adresse le cadre juridique et règlementaire, les institutions mises en place pour l’animer en vue d’atteindre la vision stratégique clairement annoncée, les processus de prise de décision et aussi les pratiques des acteurs au sein du système de gouvernance des politiques publiques.
De l’actualité des Assises nationales et de la CNRI
Les Assises nationales ont fait le bilan de cinquante ans de la république du Sénégal avant d’aboutir à une perspective de refondation[4] articulée autour d’une vision d’un État de droit sénégalais souverain « où la gouvernance est fondée sur l’éthique, la démocratie participative, la concertation, le respect des institutions et des libertés individuelles et collectives et la défense des intérêts nationaux ». Une vision qui prône la justice sociale, l’équité et l’égalité des citoyens en droit. Elle propose également un modèle de gouvernance consolidante et institutionalisant la démocratie participative basée sur une approche d’inclusion circulaire et multi-acteurs et un cadre institutionnel consacrant le dialogue entre l’état et les acteurs politiques, sociaux et économiques pour définir et évaluer régulièrement les orientations politiques.
Dans une perspective de refondation des institutions et de garantie des libertés, les assises ont donné une orientation fondamentale pour la constitution et la charte des libertés, tout en indiquant les principes d’une nouvelle gouvernance institutionnelle qui garantit les droits et libertés civils, politiques, économiques et sociaux. La souveraineté prônée nécessite dès lors une rupture avec le mimétisme mécanique des textes juridiques et la prise en charge de notre héritage politique spécifique pour enraciner la constitution dans les éléments endogènes qui fondent notre société. Ce qui suppose l’implication des citoyens dans sa conception, la simplification de la présentation du contenu dans les langues nationales pour faciliter l’appropriation du texte fondamental par les citoyens dont il organise et régule les interactions quotidiennes et les institutions qui les encadrent.
Les conclusions de la CNRI sont un prolongement de cette perspective de refondation appliquée sur les institutions de la République. Elles ont même abouti à un projet de constitution élaborée.
La nouvelle gouvernance institutionnelle proposée devrait faire le départ avec la concentration des pouvoirs entre les mains de l’exécutif présidentiel pour favoriser un gouvernement fort et une indépendance des pouvoirs judiciaire et parlementaire. Le parlement devrait se transformer en un acteur institutionnel majeur pour impulser la vie politique, alors que la justice devrait jouir d’une autonomie totale et être accessible à tous les citoyens. La nouvelle gouvernance devrait ainsi permettre la redéfinition de l’architecture des pouvoirs, le renforcement des contre-pouvoirs et la décentralisation qui implique les citoyens à la base.
Pour un cadre réglementaire progressiste, souverain et refondateur
La souveraineté et la refondation supposent des changements en profondeur et audacieux devant aller au-delà des limites de l’héritage colonial et des déterminants de l’aliénation intellectuelle de l’élite occidentalisée qui détient le monopole de la conduite des affaires publiques depuis l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale. Même si des changements significatifs ont été enregistrés au fil des régimes qui se sont succédé notamment avec le pluralisme intégral inauguré par le président Abdou Diouf en 1981 et sa réforme majeure du code électoral en 1992 qui a permis la première alternance démocratique avec l’arrivée au pouvoir du plus célébré opposant de l’époque, Me Abdoulaye Wade. Ce dernier a su impulser la gouvernance démocratique avec une nouvelle constitution progressiste en 2000 qui a pu consacrer les libertés individuelles et collectives et surtout inscrire la notion de la transparence, de l’accès à l’information, de la participation et de la «bonne gouvernance» dans le préambule de la loi fondamentale[5]. Cependant, c’est sous le magistère de Me Abdoulaye Wade que le Sénégal a ouvert la boite de pandore de la mal gouvernance avec tous les excès en matière de détournement de deniers publics, de grande corruption, de patrimonialisation de l’État et d’impunité. C’est ainsi que la lutte contre l’enrichissement illicite et pour la restauration des principes et instruments de « bonne gouvernance » a été au cœur du débat électoral à la suite duquel a été élu le Président Macky Sall en 2012. Ce dernier a ouvert son premier mandat avec des reformes renforçant la lutte contre la corruption, la gestion transparente des finances publiques et la redevabilité contre l’enrichissement illicite. Il a à cet effet renforcé le cadre juridique et institutionnel anti-corruption avec la création de l’OFNAC qui remplace la Commission Nationale de Lutte contre la Corruption et la Concussion mis en place par son prédécesseur en 2003 mais restée peu incisive. Il y a aussi la loi portant code de Transparence des finances publiques mise en place en même temps que l’Office National de lutte contre la Corruption, en décembre 2012 et plus tard celle sur la déclaration de patrimoine en 2013.
Macky Sall a aussi réactivé la loi de 1981 contre l’enrichissement illicite. Malheureusement tout cet arsenal d’instruments juridiques et institutionnels n’a pas permis de barrer la route à l’impunité qui a marqué le régime de Macky Sall. Ce dernier a même théorisé et pratiqué l’impunité en se prononçant publiquement en faveur de certains cadres politiques épinglés par des rapports de corps de contrôle, notamment l’IGE et l’OFNAC.
A travers des actes, le président de la République prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye a même sabordé la lutte anti-corruption à travers le choix et le renoncement de femmes et d’hommes qui animent ces institutions, y compris dans le système judiciaire. Les conditions de révocation de la première présidente de l’OFNAC et du premier procureur de la CREI en sont les illustrations. Tout comme la nomination à la tête de l’OFNAC de l’ancien procureur de la République qui n’a jamais voulu diligenter le suivi des rapports soumis par l’organe de lutte contre la corruption.
Il est pourtant établi un lien étroit entre les réformes démocratiques et l’efficacité de la lutte contre l’enrichissement illicite, la corruption et les infractions financières connexes et l’impunité. Les différentes reformes consolidantes ou dé-consolidantes intervenues dans la gestion du processus électoral ont surtout concerné les préoccupations électoralistes des partis politiques que le besoin de moralisation de la vie politique. L’application du parrainage et le relèvement de la caution aux différentes élections, l’élection au suffrage universel direct des présidents de conseils territoriaux (départemental et municipal) n’ont pas su réduire le nombre de candidats et ont favorisé la multiplication des coalitions de partis et amplifié les pratiques de clientélisme politique, d’accaparement et de partage du pouvoir, contribuant ainsi à faire émerger une nouvelle démocratie censitaire dans laquelle ceux qui ont la puissance de l’argent ont plus de chance d’être élus.
Une telle perspective qui maintient le pays dans le cercle des démocraties électoralistes historiquement marquées par la sauvegarde d’intérêts stratégiques extérieurs[6] a aussi favorisé de nouvelles formes de luttes politiques en Afrique notamment la vague de révoltes des jeunes qui aspirent à une authentique démocratie dans les anciennes colonies françaises en Afrique de l’Ouest. La non prise en charge du dividende démographique et la crise de l’emploi qui impacte surtout les jeunes ont favorisé l’émergence de nouveaux types de leaders politiques populistes qui exploitent la colère des jeunes désœuvrés et abusés par les effets de la mal gouvernance. Le populisme constitue ainsi une autre menace à la rationalisation de la vie politique et ses conséquences sur la qualité de l’action politique. Il favorise la manipulation des masses et le développement de pensées clivantes dans la convoitise du pouvoir. Des pratiques qui alimentent la logique partisane autour des enjeux de pouvoir et favorisent les comportements iniques comme le favoritisme sur la base de l’appartenance politique ; ce qui menace sérieusement le vivre ensemble et la stabilité de nos micro-états déjà menacés de l’extérieur.
Le contexte de la troisième alternance électorale et les perspectives du nouveau régime en matière de refondation commandent des ruptures majeures dans le sens d’une révision audacieuse des règles, des institutions et des processus de représentation. La réflexion a été particulièrement menée dans le cadre de l’initiative citoyenne MESURe[7], notamment dans le document intitule « 64 Mesures pour un Sénégal souverain et solidaire dans la prospérité durable » qui propose des réformes en profondeur pour refonder les institutions, renforcer l’État nation et l’équilibre des pouvoirs, les moyens d’action des citoyens et la famille, l’unité sociale éducative de base.
Le système politique de la démocratie libérale qui favorise le clientélisme et les comportements de patrimonialisation et d’accaparement du pouvoir est mis en péril à travers une révision profonde de mode de représentation politique, notamment le choix des délégués -citoyens dans les instances de prise de décision et de délibération. Il s’agit de désigner les représentants du peuple au lieu de les faire élire. Mais également d’enlever les avantages pécuniaires liés à des fonctions de représentation non permanentes et non exclusives.
La question de la réduction des pouvoirs du président de la République et celle du procureur de la République sont aussi primordiales pour améliorer la gouvernance démocratique. L’équilibre des pouvoirs à travers le retrait de l’exécutif dans la gouvernance judiciaire et le renforcement des pouvoirs de l’Assemblée nationale pour lui permettre de jouer pleinement son rôle de contrôle de l’exécutif, de législation et d’évaluation des politiques publiques.
La gouvernance transparente et inclusive comme levier de mobilisation citoyenne
La mal gouvernance qui s’est manifestée ces deux dernières décennies à travers des actes de malversation, de fraude, de concussion, de corruption a une échelle industrielle est le principal fléau économique et social dont le Sénégal fait face. Devenus endémiques, la corruption et la concussion, ainsi que les actes de malversations sont largement documentés par les différents rapports des organes de contrôle, de vérification des finances publiques et de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent[8]. Cette situation est surtout entretenue et perpétuée au sein de l’administration publique par l’impunité c’est-à-dire l’absence de suivi et de sanctions efficaces sur les cas d’infraction financière relevés par les différents corps de contrôle.
Pour arriver à une véritable refondation de l’Administration publique et rendre efficiente l’action publique, particulièrement l’utilisation de la commande publique et la gestion des finances publiques, les nouvelles autorités devront accorder une attention particulière à la pédagogie de l’intégrité et à la répression rigoureuse des infractions financières.
La transparence qui est érigée en principe dans le préambule de la Constitution depuis 2001 est davantage réaffirmée par la reforme référendaire de 2016 qui consacre à travers l’article 25.1. que l’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence pour générer la croissance économique et promouvoir le bien-être de la population.
Ce même article qui consacre les devoirs du citoyen constitue un levier d’inclusion et de mobilisation citoyenne à travers l’alinéa 25.3. qui interpelle le citoyen sur son devoir de contribuer à la lutte contre la corruption et la concussion ; faire respecter le bien public ; préserver les ressources naturelles ;…
Au sein de l’administration, la loi portant code de transparence des finances publiques reste l’instrument le plus indiqué pour installer le système d’intégrité comme solution à la corruption et la mal gouvernance des finances publiques. S’y ajoute la loi sur la déclaration de patrimoine pour endiguer l’enrichissement illicite et le renforcement des pouvoirs de l’OFNAC et du Parquet pour mieux traquer et sanctionner les délits financiers.
L’application stricte, équitable et rigoureuse du cadre juridique existant contribue à rétablir la confiance du citoyen par rapport à la force publique dans sa volonté de promouvoir la transparence et de mettre fin à l’impunité. Le processus lancé par le président de la république pour l’adoption d’une loi qui protège les lanceurs d’alerte est un acte qui peut favoriser l’implication responsable et dé-risquée des citoyens dans la promotion de la transparence et la demande de redevabilité.
A l’issue des cent premiers jours du régime du président Bassirou Diomaye Faye, il est noté un certain nombre d’actes posés dans ce sens notamment les directives insistantes en Conseil des ministres et la lettre présidentielle adressée aux agents de l’administration publique le 8 avril 2024[9] exhorte vivement les agents de l’État à adopter un comportement exemplaire et transparent dans l’exercice de leurs fonctions.
Les efforts peuvent être poursuivis pour rendre plus incisive la promotion de la transparence à travers le renforcement des instruments de redevabilité citoyenne active notamment à travers l’institutionnalisation d’un mécanisme transversal et horizontal, en composante d’accompagnement de la mise en œuvre des politiques publiques. Il s’agit de faire du modèle du pacte d’intégrité[10], une approche systématique de gouvernance des affaires publiques en impliquant les acteurs indépendants issus des organisations citoyennes et professionnelles et des universités dans tous les processus de prise de décision et de surveillance de l’action publique.
Lutter contre les résistances et pratiques réactionnaires
En matière de gouvernance, au-delà du cadre juridique, des institutions mises en place et des processus de prise de décision inclusifs, les pratiques des acteurs qui animent les systèmes constituent un élément déterminant dans l’intégrité du système. A cet effet, il est important d’accorder une importance capitale aux comportements des agents. Généralement, face à des reformes les acteurs dans le système développent des comportements de résistance face au changement. Les pratiques habituelles notamment celles qui entretiennent la corruption endémique et des facilités dans l’octroi d’avantages indus et d’accaparement du bien public, sont difficiles à combattre car basées sur une chaine de solidarité qui opère dans un cercle vicieux.
Toutefois, seules des mesures fortes et structurelles peuvent permettre de mettre fin à ces pratiques, notamment une politique audacieuse de modernisation de l’administration publique et une dématérialisation des procédures administratives et financières.
Les projets en cours à cet effet méritent d’être accélérés et mis en cohérence sous un leadership visible et affirmé au plus haut niveau de l’administration publique.
L’opportunité de la refondation : oser la révolution constitutionnelle
La troisième alternance intervenue au Sénégal après celle de 2000 et celle de 2012 qui avaient suscité des espoirs finalement déçus par les régimes de Me Abdoulaye Wade et puis de Macky Sall, se présente aux Sénégalais comme une nouvelle opportunité pour mettre définitivement fin à la mal gouvernance au profit du bien être des Sénégalais.
À cet effet et pour éviter une énième déception aux Sénégalais qui, du fait de leurs expériences avec les régimes précédents, ont fini de comprendre la puissance du pouvoir citoyen à travers le vote, une des impérieuses nécessités du régime en place est d’aller au-delà des reformes d’adaptation pour impulser une véritable refondation. L’ampleur des ruptures et changements radicaux à observer nécessitera certainement de larges concertations avec les différentes parties prenantes de la gouvernance pour une transformation structurelle profondément décisive de la constitution.
Le rapport général des Assises de la Justice tenues du 20 mai au 4 juin 2024 et présenté au président de la République le 7 juillet insiste sur le pouvoir indépendant de la justice et sur la nécessité de faire face au devoir de décolonisation juridique en changeant radicalement certaines pratiques et symboles et en mettant en place de nouvelles institutions. Le rapport qui prend en charge les différentes questions soulevées ces deux dernières décennies, notamment celles liées aux crises récentes entre 2021 et 2023 propose en réponse à la demande du président de la république un plan de réforme et de modernisation de la justice qui doit réparer et refonder pour aboutir à une institution forte, indépendante et républicaine, capable de préserver les droits fondamentaux et les libertés publiques et individuelles, renforcer l’État de droit, guider la démocratie et garantir la paix et la cohésion sociales.
Bien que le programme du président élu puisse proposer une série de réformes, celles-ci demeurent peu incisives et incomplètes. Elles manquent surtout d’aller en profondeur sur les véritables causes des problèmes de gouvernance notamment la pratique politicienne qui mobilise les partis politiques autour des enjeux de pouvoir et favorise une gestion partisane des affaires publiques. En effet, pour venir à bout du clientélisme politique qui constitue encore la cause de l’impunité et de la gestion népotique des ressources publiques à des fins de conservation du pouvoir, des mesures plus radicales s’imposent. Notamment la stricte séparation des pouvoirs avec plus d’autonomie du parlement et de la justice par rapport à l’exécutif. Également la mobilisation politique citoyenne est corrompue par les avantages pécuniaires et les privilèges exorbitants, pour un pays à revenus faibles, qui sont octroyés aux titulaires de fonctions publiques et parapubliques dont le recrutement est lié à l’engagement politique partisan. La promotion du mérite et l’ouverture transparente de la compétition aux différents postes publics peuvent constituer des palliatifs avant-gardistes face à la mal gouvernance et l’inefficacité de l’action publique.
Une lame de fond contre un système d’intégrité solide se trouve au niveau de l’organisation du système de la démocratie électoraliste qui alimente le clientélisme tel que mentionné plus haut et l’accaparement du bien public. Une rupture décisive qui pourrait améliorer la gouvernance de l’action publique consisterait à révolutionner le mode de représentation politique[11], en bannissant définitivement l’élection au suffrage universel direct des députés, des maires et du président. En effet, en permettant aux Sénégalais de choisir au lieu d’élire leurs représentants depuis l’échelle la plus proche à savoir le quartier et le village, les chances sont plus élevées de permettre aux citoyens les plus aptes, les plus engagés pour leur communautés et les plus intègres d’être choisis par leurs pairs-voisins pour les représenter au niveau des sphères qui en convergeant depuis les quartiers et villages vont constituer le spirale de prise de décision jusqu’à la désignation des conseillers municipaux et départementaux, des députés et du président de la république. Un tel système révolutionnaire permettra ainsi de démonétiser l’action politique partisane et de réduire considérablement les moyens engloutis dans les processus électoraux, mais surtout de réduire les risques de crises politiques souvent occasionnées par les échéances électorales et la compétition entre partis politiques autour des enjeux de pouvoir. L’adoption d’un tri-caméralisme homme/ femmes/jeunes depuis la nano représentation jusqu’à l’échelle nationale permettrait une gouvernance inclusive et une démocratie substantielle directe.
Elimane Haby Kane est analyste gouvernance et politiques publiques, président du think tank LEGS-Africa.
[1] Document de programme de la coalition Diomaye Président.
[2] Dont celles du mouvement Demain Sénégal, MESURe qui ont produit et publie des documents de propositions soumis aux différents candidats à l’élection présidentielle
[3] Dans une logique de refondation, le concept mériterait une définition précise à défaut d’être extrait du narratif de la rupture.
[4] Amadou Mahtar Mbow (dir.): Assises nationales. Sénégal, An 50. Bilan et perspectives de refondation. L’harmattan, 2011.
[5] Constitution votée par referendum le 20 Janvier 2001.
[6] Ndongo S Sylla et Fanny Pigeaud : De la démocratie en Françafrique. Une histoire de l'impérialisme électoral. Les cahiers Libres. La Découverte, 2023
[7] Mobilisation pour l’Engagement citoyen, la Souveraineté, l’Unité et la Refondation, une initiative citoyenne mise en place en février 2023
[8] Voir les différents rapports de l’IGE, IGF, Cour des comptes, OFNAC,ARMP, ARCOM, CENTIF
[10] Un pacte d'intégrité est un mécanisme de collaboration où les entités publiques, la société civile et les autres parties concernées s'engagent à renforcer la transparence et la redevabilité dans les processus de passation de marchés publics. Agissant en tant qu’observateur indépendant, une organisation de la société civile veille à ce que la réglementation applicable soit respectée et à ce que les risques de corruption soient pris en compte.
[11] Voir les recommandations de MESURe cites en référence plus haut.
LE DUEL AURA FINALEMENT LIEU
Après le combat par procuration à la présidentielle de 2024, Macky Sall et Ousmane Sonko pourraient enfin en découdre, sans intermédiaire. Un combat qui s’annonce rude et sans merci
Le duel tant attendu aura finalement lieu. Cette fois, il n’y aura pas de combat par procuration. Les deux chefs de file les plus en vue de l’arène politique sénégalaise vont en découdre dans un combat qui s’annonce des plus épiques, après avoir été tous les deux disqualifiés pour l’élection présidentielle
Investi tête de liste de la coalition Takku Wallu Senegal pour les élections législatives du 17 novembre 2024, Macky Sall a posé un acte fort le samedi 5 octobre, en démissionnant du poste que lui avait confié le président français Emmanuel Macron. “Comme vous le savez, les circonstances de la vie politique sénégalaise m’ont amené à être investi pour les élections législatives. Dans ces conditions, et pour éviter tout risque d'incompatibilité et de conflit d'intérêts, je voudrais porter à votre aimable attention que j'ai décidé de me mettre en retrait par rapport à mes activités d'Envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, à compter du 9 octobre, après le sommet de Hambourg sur la durabilité pour lequel j'avais déjà pris des engagements”, écrit l’ancien président sénégalais dans une lettre adressée au président de la République française Emmanuel Macron.
Ainsi, Macky Sall choisit de jeter l’éponge, après un bref passage à la tête du 4P. Une décision qui prend effet à partir du mercredi 9 octobre, à la suite du sommet de Hambourg.
La question qui se pose est désormais de savoir s’il va revenir au Sénégal pour battre campagne ou bien faire comme Abdoulaye Wade, qui avait dirigé une liste en 2022 sans jamais battre campagne.
En tout cas, il est fortement attendu à Paris par les militants et sympathisants de la coalition Takku Wallu Sénégal, composée essentiellement de son parti l’Alliance pour la République, du Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade, mais aussi du Rewmi d’Idrissa Seck.
Alors qu’il y a quelques jours, la coordination de l’APR en France annonçait la programmation d’une rencontre le 10 octobre, nous avons appris que ladite rencontre a finalement été reportée pour une date à déterminer. “C’est avec regret que je vous informe que la rencontre initialement prévue le jeudi 10 avec le président Macky Sall est reportée à une date ultérieure”, a indiqué dans une déclaration le coordinateur Amadou Talla Daff.
Mais malgré cette annulation, il nous revient que l’ancien président va recevoir, la semaine prochaine, dès qu’il se déchargera effectivement de son manteau d’envoyé spécial, des responsables de la coalition Takku Wallu Senegal.
Cette tournure était peu probable, au lendemain de l’élection présidentielle de mars 2024, organisée à l’époque dans un contexte où il semblait bien s’entendre avec les dirigeants de Pastef, en l’occurrence Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. C’était bien avant l’escalade déclenchée depuis des mois par le Premier ministre Ousmane Sonko, qui ne rate presque jamais une occasion pour s’en prendre vigoureusement au prédécesseur de Diomaye à la présidence de la République.
La dernière en date, c’est lors de la conférence de presse tenue le 26 septembre, à l’occasion de laquelle, dans une allusion à peine voilée, il menaçait : “On ne peut pas demander au peuple sénégalais de faire des sacrifices sans exiger que les responsables de ce carnage viennent se justifier.” Parmi les responsables qu’il a luimême désignés, il y a Moustapha Ba, Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo, mais aussi l’ancien président Macky Sall.
Ousmane Sonko venait ainsi de suivre un discours véhiculé pendant longtemps par des militants et sympathisants de son parti, qui n’ont eu de cesse de réclamer la tête de l’ancien chef de l’État.
Si la volonté était de faire peur et de dissuader Sall de tout engagement politique, on a l’impression que c’est plutôt l’effet inverse qui s’est produit. Ce dernier a non seulement accepté d’être tête de liste d’une grande coalition, mais aussi s’est désengagé de son poste à la tête du Pacte de Paris qui l’astreignait forcément à un certain nombre de réserves. Désormais, rien ne semble lier Sall qui va sans doute essayer de se défendre des nombreuses accusations qui pèsent sur sa personne. Ce n’est ni l’âge ni des charges au plan international.
Ainsi, Macky Sall devient le deuxième président sénégalais à revenir dans la politique après avoir perdu le pouvoir. À la suite des socialistes Senghor et Diouf qui avaient définitivement tourné la page après la transmission du pouvoir, les libéraux Wade et Sall ont pris des chemins diamétralement opposés. En ce qui le concerne, Abdoulaye Wade était revenu dans le jeu dans un contexte marqué par la traque de ses proches, en particulier de son fils Karim Wade. En 2012, il est tête de liste, mais sans battre campagne. En 2017, Wade revient dans la mare politique pour sauver ce qui restait encore du Parti démocratique sénégalais. En 2022, il est encore tête de liste, mais sans battre campagne.
Mais avec Wade, l’ambition n’a jamais été la reconquête du pouvoir. La Constitution ne lui en donnait même pas la possibilité.
Quant à Macky Sall, juridiquement, rien ne s’oppose à sa candidature à la prochaine Présidentielle, s’il en a la volonté. À moins de subir des condamnations futures qui le privent de ses droits.
Pour le moment, la grande question, c’est de savoir si l’ancien président va rentrer au Sénégal pour battre campagne ou pas ? De plus en plus l’hypothèse devient très plausible aux yeux de nombreux observateurs. On peut en tout cas valablement se demander si Macky Sall a renoncé au juteux poste qui lui a été confié pour rester confiné au Maroc ? Tout semble en tout cas montrer le contraire
Dans tous les cas, cet engagement va faire beaucoup de bien à l’APR. Le principal perdant risque d’être Amadou Ba qui, en l’absence de Sall, avait réussi à capter beaucoup de grands responsables de l’ancien parti présidentiel.
Il convient, par ailleurs, de souligner que cette posture de Macky Sall est bien différente de celle de son allié Karim Wade qui n’a jamais osé revenir au Sénégal depuis sa sortie de prison en 2016. Ce dernier avait, en effet, préféré sa retraite dorée à Doha, au Qatar, plutôt que d’encourir de nouvelles tracasseries judiciaires