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10 avril 2025
Politique
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FARBA NGOM PERD SON IMMUNITÉ
Malgré le retrait spectaculaire des députés de l'APR et de Takku Wallu, le vote pour la levée de l'immunité parlementaire du député s'est tenu. Le résultat est sans appel : 130 voix pour, contre seulement 3 oppositions et 3 abstentions
Ce vendredi 24 janvier 2024, l'Assemblée nationale a procédé à la levée de l'immunité parlementaire du député Mouhamadou dit Farba Ngom, lors d'une séance marquée par des tensions et des départs.
La session a été particulièrement mouvementée avec le retrait des députés de l'Alliance pour la République (APR), qui ont quitté l'assemblée sur instruction de leur collègue Abdou Mbow. Ce dernier a qualifié l'initiative d'« escroquerie politique » visant à écarter Farba Ngom. De même, les députés de Takku Wallu ont également choisi de ne pas participer aux délibérations en quittant l'hémicycle.
Malgré ces absences notables, le vote s'est tenu avec 136 participants, dont 10 par délégation. Les résultats sont sans appel : 130 pour la levée de l'immunité, 3 voix contre et 3 abstentions.
Cette décision intervient dans un contexte politique particulièrement tendu. La séance s'est conclue avec le renvoi à la Conférence des présidents pour la fixation du calendrier des prochains travaux parlementaires.
La levée de l'immunité parlementaire de Farba Ngom ouvre désormais la voie à d'éventuelles poursuites judiciaires contre le député dans le cadre d'une affaire portant sur une somme de 125 milliards de FCFA.
Par Serigne Saliou DIAGNE
LETTRE À HAMIDOU ANNE, CE CAPITAINE COURAGE
Quand tout le monde hurlait avec les hyènes pour refuser de voir les vérités en face, Hamidou Anne aura su se dresser par ses idées et aller en rupture de ban pour donner résonance à la parole vraie et surtout à la parole contraire
«Quand tu aimes, il faut partir», «Traverses» prend ici donc fin. Je m’engage désormais en politique pour poursuivre ma réflexion, en y adjoignant désormais l’action du terrain, au service des valeurs qui fondent ma vie : la République, la liberté, la démocratie et la laïcité.» Ces derniers mots de Hamidou Anne, lus ce début de semaine, dans les colonnes du Quotidien ont soulevé en moi beaucoup de tristesse, mais également beaucoup de fierté. Hamidou Anne est cet intellectuel sénégalais d’un courage des dieux qui, face à l’adversité et aux critiques, n’a jamais battu en retraite. Pour la République, pour la justice, pour le bien de son Peuple, il a toujours trempé sa plume afin d’exorciser nos maux, de professer une lucidité et une retenue, d’appeler au dialogue avec l’autre. Dans une ère où les insultes, menaces et quolibets ont pris le dessus sur les idées et arguments sensés dans le débat public, il a su se dresser en chantre de la parole libre et en adversaire de toutes les entreprises de terrorisme intellectuel qui pullulent partout, mais avec une voracité terrible dans notre pays.
«Vos insultes sont nos médailles», ce fort mot de Hamidou Anne, beaucoup de gens pouvant émettre des avis dans l’espace public ont pu se l’approprier pour en faire un bouclier, voire une carapace contre toutes les attaques barbares et en-dessous de la ceinture qu’on a vu émerger dans notre pays depuis la séquence folle de mars 2021. Quand tout le monde hurlait avec les hyènes pour refuser de voir les vérités en face, Hamidou Anne aura su se dresser par ses idées et aller en rupture de ban pour donner résonance à la parole vraie et surtout à la parole contraire. C’est dans cette belle terre de démocratie, dans ce pays qui aura à travers des décennies, exploré le modèle d’un Etat républicain dans ses plus beaux atours et étant au service de tous, qu’une horde de fascistes imposera une dictature des idées et une censure des questions. Cela, jusqu’à ce qu’ils soient rares les intellectuels qui osent se mettre au travers de cette roue ou pourraient avoir le courage de la briser. Avec l’absence totale de nombreux de nos intellectuels du débat public, malgré toutes les manœuvres attentatoires aux libertés publiques et à la démocratie que le nouveau régime mène sans relâche, on peut dire que le temps aura donné raison à Hamidou Anne pour avoir interpellé toutes les impostures qui ne cessaient ces dernières années de pilonner les tenants précédents de notre Etat à coups de tribunes conjointes, pamphlets et pétitions. Aujourd’hui, leur silence enseigne bien que la partisannerie aveugle, en rentrant à l’université, dans nos administrations et dans le monde des médias, finira par causer la perte de ce pays.
De Hamidou Anne, il faudra également retenir que ces chroniques auront toujours été un voyage intime où il aura donné à tous, une part de lui avec une sincérité déconcertante. Je l’ai souvent lu en me disant qu’il est trop transparent, sincère et vrai pour un public souvent assez tortueux et prêt à donner à nos écrits, l’interprétation qui sied le mieux à ses émotions et affiliations du moment. Dans la chronique «Traverses», Hamidou aura parlé pour les petites gens, pour le Sénégalais lambda et toute personne dotée d’une compassion humaniste sur le sort de nos peuples, sur l’organisation de notre vivre-ensemble et sur la confrontation de nos pouvoirs publics à leurs responsabilités dans la noble mission de servir. Il aura su ériger des ponts et passerelles, contribuant à une consolidation du modèle laïc sénégalais en ne manquant pas de le comparer aux errements d’ailleurs.
C’est un enfant de Pikine, fier fils des Chemins de fer sénégalais, qui nous aura fait voyager pendant quatre années dans ces colonnes. Il nous aura montré l’étendue des possibles pour tout citoyen du monde. Il aura plaidé pour les femmes, pour les opprimés, il aura défendu la veuve et l’orphelin. Il aura mis en garde contre la tentation diabolique du populisme, il aura critiqué les excès de tous nos Léviathans modernes présidant à nos destinées communes. Il aura rappelé aux serviteurs de nos administrations et aux gens de nos métiers des armes, l’obligation de retenue et l’impératif de faire passer les intérêts du Sénégal au-dessus de tout. Sa voix aura également résonné à l’international pour donner une certaine idée du Sénégal, tant dans les idées, l’élégance discursive et la rigueur intellectuelle qui, au train actuel des choses, finiront par se perdre. A Hamidou Anne, mes sincères encouragements et remerciements pour avoir aidé à hisser si haut le débat d’idées dans ces colonnes, en toute liberté et indépendance. Face à l’immensité de la faille et de l’effondrement de toute une Nation comme il le dit si bien, il est bien que des hommes forts et courageux s’engagent. La survie de la République, la préservation des libertés et le plaidoyer perpétuel pour un humanisme franc et sincère valent tous les sacrifices. Bon vent cher Hamidou, que tu restes le timonier exemplaire dans tes nouvelles initiatives, afin de mener ta barque à bon port. L’intérêt général, tu le connais, nul besoin de te dire que ta barque sera nôtre et celle de bien de gens nourris des mêmes valeurs.
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LA FACTURE CACHÉE D'AIR SÉNÉGAL
Les dettes atteindraient 500 milliards de francs CFA, soit cinq fois plus que le montant officiel. Une gouvernance défaillante et des choix stratégiques contestables ont poussé la compagnie nationale dans l'abîme
Invité à l'émission Soir d'Info de la TFM ce jeudi 23 janvier 2025, le Commandant Malick Tall, ancien pilote d'Air Afrique et ex-directeur des opérations d'Air Sénégal International, a dressé un tableau alarmant de la situation financière d'Air Sénégal.
Selon cet expert qui cumule plus de 20.000 heures de vol, la dette réelle de la compagnie nationale avoisinerait les 500 milliards de francs CFA, soit cinq fois plus que les 100 milliards officiellement déclarés. Cette situation critique trouve ses racines dans des décisions stratégiques contestables prises depuis 2018, notamment l'abandon d'un business plan initial qui avait été validé dès par la RAME.
Le Commandant Tall pointe particulièrement du doigt le contrat avec la société américaine Carline, dont les avions âgés de 20 à 25 ans grèvent lourdement le budget de la compagnie en frais de maintenance et de carburant. Il préconise leur retrait immédiat de la flotte.
Malgré ce constat sévère, l'ancien directeur des opérations insiste sur la nécessité de maintenir une compagnie aérienne nationale, élément crucial pour le développement du tourisme et de la logistique au Sénégal. Il propose une série de mesures d'urgence : audit des anciennes directions, établissement de comptes d'exploitation certifiés, et recrutement de professionnels compétents aux postes clés.
Ces révélations interviennent alors que le gouvernement sénégalais a annoncé lors du dernier Conseil des ministres, une restructuration globale de la compagnie, avec deux réunions interministérielles prévues en février.
FARBA NGOM MOBILISE LE FOUTA
Visé par une enquête du parquet financier, le député dont la levée de l’immunité parlementaire sera à l’ordre du jour ce vendredi 24 janvier, lors d’une session plénière à l’Assemblée nationale, mobilise de plus en plus de soutiens
« Touche pas à Farba » ! C’est le slogan répété hier, jeudi 23 janvier par plusieurs personnes qui s’étaient mobilisés à Agnam (departement de Matam) pour soutenir le député Mouhamadou Ngom dit Farba. Des responsables politiques et militants de l’Alliance pour la République (APR), des populations de la région de Matam se sont érigés en bouclier du maire de Agnam dont la levée de l’immunité parlementaire est en passe d’être levée parce que visé par une enquête.
Visé par une enquête du parquet financier, le député Farba Ngom, dont la levée de l’immunité parlementaire sera à l’ordre du jour ce vendredi 24 janvier, lors d’une session plénière à l’Assemblée nationale, mobilise de plus en plus de soutiens à son endroit. Outre les soutiens parlementaires et judiciaires, plusieurs militants se sont regroupés hier, jeudi 23 janvier dans son fief à Agnam lors d’un grand rassemblement. La manifestation qui a drainé beaucoup de jeunes, de femmes, d’enfants qui ont arboré des brassards rouges, s’est distinguée par la présence de plusieurs délégations notamment celles en provenance du niveau national et de la diaspora.
A l’occasion, on remarquera la présence de plusieurs anciens ministres, d’anciens directeurs généraux, des hautes pontes de l’Alliance pour la République qui ont partagé la tribune avec plusieurs maires de la région de Matam et les présidents de conseil départemental. Dans la tumulte des interventions, c’est le maire de Ourossogui Me Moussa Bocar Thiam qui a cristallisé la détermination des populations à soutenir le député-maire de Agnam.
Au nom des alliés, le député Abdou Karim Sall oppose un « refus catégorique » contre la levée immunitaire de Farba Ngom. Saluant la mobilisation des militants et sympathisants, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop qui a fait le déplacement avec les anciens ministres Mansour Faye, Augustin Tine, Pape Malick Ndour, Abdoulaye Saydou Sow, entre autres, a renouvelé son soutien à Farba Ngom. Prenant la parole au nom des femmes de la région de Matam, la députée Racky Diallo a traduit la détermination de ses consœurs à s’ériger en boucliers de leur responsable politique. Les jeunes également, par la voix de Abdoul Aziz Diop ont montré leur engagement et leur soutien.
Prenant la parole en dernier lieu, le député-maire de Agnam a salué la forte mobilisation des populations. « Le président Macky Sall qui est mon mentor politique, m’a enseigné le respect de la justice », a-t-il déclaré.
Avant d’ajouter, « je suis serein face à ce qui se passe, et cela ne peut amoindrir mon engagement et mon idéologie politique ».
REVELATIONS SUR LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION AD-HOC RELATIVE À L'AFFAIRE FARBA NGOM
Le député Mouhamed Ayib Salim Daffé, président du groupe parlementaire Pastef Les Patriotes, a abordé, jeudi soir, la question de la levée de l’immunité parlementaire du député Farba Ngom.
Le député Mouhamed Ayib Salim Daffé, président du groupe parlementaire Pastef Les Patriotes, a abordé, jeudi soir, la question de la levée de l’immunité parlementaire du député Farba Ngom. Ce sujet sera discuté lors de la prochaine séance plénière prévue ce vendredi.
Selon lui, l’importance de respecter rigoureusement les procédures légales par la commission ad hoc et l’Assemblée nationale. Selon lui, après examen du dossier, la commission a recommandé la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, précisant que l’Assemblée nationale n’est ni un tribunal ni un lieu de jugement, mais un organe chargé de vérifier la conformité de la demande aux lois, au règlement intérieur et à la Constitution. Il a assuré que toutes les étapes procédurales ont été respectées.
« La commission ad hoc a fait son travail. Elle recommande la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, et nous nous sommes assurés que toutes les étapes ont été respectées. Le député n’est pas au-dessus des lois. Nous sommes dans un État de droit, et il est de notre responsabilité de respecter ce cadre », a-t-il notamment martelé sur la Rts.
Il a également rappelé que, en tant que représentants du peuple, les députés ne sont pas au-dessus des lois. « Nous qui votons les lois, nous devons aussi accepter de répondre aux institutions judiciaires », a-t-il insisté, soulignant que l’essentiel réside dans le respect des droits et l’absence de règlements de comptes.
Mouhamed Ayib Salim Daffé a précisé que la procédure suit un cadre légal strict, notamment les récentes lois sur le blanchiment de capitaux. Il a insisté sur l’importance d’une justice indépendante, à l’abri des considérations partisanes. « La commission a fait son travail, elle recommande la levée de l’immunité, et nous avons veillé à ce que toutes les étapes aient été respectées », a-t-il martelé, réaffirmant que personne n’est au-dessus des lois dans un État de droit.
Si la levée de l’immunité est validée, elle pourrait permettre des poursuites judiciaires contre Farba Ngom, selon les recommandations de la commission. La séance plénière de vendredi sera donc décisive, envoyant un message fort en faveur de la justice et de la transparence.
par Samuel Sene
QUELLE RUPTURE DANS LA JUSTICE ?
Pourquoi cette pratique classique de toujours voir le gouvernement en place se servir du parquet pour se faire justice et non pour une justice équitable ?
Les réformes présumées de la Justice, n’annoncent-elles pas une nouvelle inversion dans le processus de judiciarisation, une inversion où les juges-vedettes d’hier risquent de devenir ou de redevenir les juges-réprouvés d’aujourd’hui face aux politiques et à l’opinion publique mis en évidence par la VAR ? Peut-on dire que la rupture en matière de justice est pour maintenant tant que le pouvoir utilise l’appareil judiciaire soit pour renforcer et conforter des partisans soit pour écarter, marginaliser, affaiblir et anéantir des adversaires politiques ? Peut-on, pour de nouveaux dirigeants, parler de rupture, tant que la parole d’honneur est discréditée et désacralisée par des revirements et des reniements ? Pourquoi le politicien sénégalais est-il si inconstant et si versatile ? Pourquoi est-il si peu attaché à la probité, à la droiture et à l’exemplarité tant prônées ? Pourra-t-on engager des ruptures tant qu’il y aura continuité ou aggravation du clientélisme, du népotisme, du parti avant la patrie ? Les ruptures vertueuses ne sont-elles pas ajournées à plus tard ? L’application des conclusions des Assises Nationales et de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI) n’est-elle pas toujours attendue ? Ne faudrait-il pas réformer de manière systémique la gouvernance politique, institutionnelle, économique, sociale et environnementale ?
Peut-on sereinement engager en profondeur des telles ruptures lorsqu’on est constamment rattrapé, contredit et confondu par ses propres déclarations ? Le vent annonciateur d’un Sénégal nouveau, juste et prospère soufflera-t-il tant que le système si bruyamment décrié du bout des lèvres se perpétuera en se renforçant si inéquitablement ?
Ne parlait-on pas au départ de fonctionnaire ou de soldat d’une nation et non d’une région ? Pourquoi s’entêter dans la politisation de l’administration, des syndicats et de l’armée ? La sphère politique et la sphère judiciaire ne seraient-elles pas devenues des sœurs siamoises où la complexité juridique se manifeste plus par une rhétorique de la judiciarisation ? En effet, la majorité parlementaire est devenue ou redevenue non seulement une arme de destruction massive, mais une arme privilégiée dans le combat politique pour briser, casser et anéantir les adversaires. N’est-ce pas d’ailleurs ce que rejetaient les actuels tenants du pouvoir et opposants d’hier ? Ne conviendrait-il pas de constater, de noter et de clamer haut et fort, qu’avec tous les différents régimes sénégalais issus des trois alternances, il y a toujours eu beaucoup de difficultés dans la politique de réforme de la justice ? Combien de révisions constitutionnelles le Sénégal a-t-il déjà connues ? Ne devons-nous pas convenir qu’il y a une pente glissante sur laquelle le pouvoir juridictionnel est dangereusement engagé ? Pourquoi cette pratique classique de toujours voir le gouvernement en place se servir du parquet pour se faire justice et non pour une justice équitable ?
Le Sénégal est-il vraiment attaché aux principes ? Pourquoi autant d’alliances contre nature des politiciens ? Pourquoi les interprétations des versatiles politiciens doivent-elles primer sur la généralité et l’impersonnalité de la loi ? L'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et des citoyens ne dispose-t-il pas que « la loi doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse ? Le droit est-il véritablement considéré comme un instrument de régulation ? La décision de justice n’a-t-elle pas pour fonction de trouver la solution aux conflits d’intérêts qui surgissent dans la société ? Le justicier rend-il toujours des décisions conformes à la loi par respect au justiciable ? Pourquoi le récurrent débat sur juridictionnalisation/judiciarisation ou juridicisation du pouvoir politique par ricochet sur l’action politique et sur la vie publique ? Est-il normal que le pouvoir politique puisse tant soit peu intervenir par l’intermédiaire du parquet dans le traitement de dossiers à caractère judiciaire ? Le ministère de la justice, un ministère public et donc du peuple doit-il faire des injonctions dans les dossiers judiciaires ? Le gouvernement doit-il donner des instructions/ordres aux parquets ? Ne faudrait-il pas désormais procéder à une collégialité de l’instruction ? La loi n’est-elle pas obscure ? Les juges mais surtout les politiques ne s’accrochent-ils pas à l’obscurité-absurdité de la loi à travers une interprétation tendancieuse à leur profit ?
Y aura-t-il véritablement rupture en matière de justice tant que le pouvoir utilisera l’appareil judiciaire pour écarter et affaiblir des adversaires politiques ? Les acteurs de la justice sont-ils suffisamment respectueux de leurs devoirs pour rendre des décisions de justice de qualité et d’équité ? Leurs responsabilités déontologiques et disciplinaires doivent-elles faiblir, s’affaiblir et faillir face aux incursions et ingérences du pouvoir politique ? Pourquoi constate-t-on un glissement de plus en plus fréquent et gênant de l’arène politique vers l’arène judiciaire quand il s’agit de traiter des problèmes-chefs de la société ? Les magistrats et les avocats ne sont-ils pas quotidiennement confrontés à l’aléa judiciaire ? Le justiciable est-il assuré de l’impartialité totale des juges ? N’y a-t-il pas une politisation de la justice, et donc du pouvoir judiciaire, et une judiciarisation du pouvoir politique ? Cette union incestueuse entre la justice politisée et le pouvoir judiciarisé n’affaiblit-elle pas considérablement les institutions (pouvoir exécutif, pouvoir législatif, pouvoir judiciaire ? Ces institutions déjà fortement handicapées par les agissements et agitations de ceux qui les incarnent, ne se ridiculisent-elles pas à force de faire soit naitre/renaitre ou à faire soit disparaitre aux aléas de leurs humeurs d’autres institutions comme le conseil économique, social et environnemental et le haut conseil des collectivités territoriales ? Les libertés en droits et devoirs ne sont-elles pas arbitrairement censurées, confisquées, bornées et inféodées au hasard des intérêts de l’exécutif du moment ? L’amertume d’une décision de justice ne résulte-t-elle pas toujours d’un sentiment de justice mal rendue ? Une justice mal rendue n’est-elle pas la conséquence d’une instrumentalisation-politisation de l’appareil judiciaire ? N’y a-t-il pas une ingérence illégale et illégitime de l’Etat dans l’intimité du juge-instructeur ou du juge-plaideur ? Les vainqueurs ou actuels tenants du pouvoir doivent-ils s’inscrire dans une posture de justiciers ? N’y aurait-il pas déjà une justice des vainqueurs et une justice des vaincus ? Quelles-en seraient les dangers et les conséquences sur l’état de droit ? Quel que soit le régime en place, le Sénégal n’a-t-il pas la même famille judiciaire ? Alors pourquoi tant de frictions et de contradictions ? Cela n’affaiblit-il pas la justice ?
Le Général Jean-Baptiste Tine qui avait semble-t-il refusé de réprimer les manifestations en 2021 ne s’est-il pas discrédité à travers sa protection tendancieuse des personnes et des biens des proches du pouvoir ? Pourquoi les services de la police peinent-ils encore à démasquer les auteurs du saccage du siège de Sam sa kaddu ? De plus, la police avait-elle besoin de défoncer les portes de la mairie de Dakar pour neutraliser Barthélémy Dia? Quand est-ce que le Sénégal réussira-t-il à concilier pouvoir déconcentré et pouvoir décentralisé pour un fonctionnement holistique de ses institutions ?
Le droit, à défaut de triompher, de rayonner et de régner par sa splendeur et par sa beauté finit, hélas, par s'éclipser dans sa laideur la plus hideuse et la plus ignoble. Puissent donc les juges et juristes, toujours lire et dire le droit, pour qu'à chaque fois, la beauté et la splendeur de la vérité l’emporte sur la répugnance du mensonge ! Puisse le Seigneur Dieu, lui le Juge par excellence, ordonner qu’en tout lieu et en tout temps, le charme de la lumière libératrice dissipe l'horreur des ténèbres de l’enfermement et du naufrage collectif !
NOTE OUVERTE SUR LES PÊCHES ET LES MIGRATIONS
La mer comme horizon politique du Sénégal : tel est le fil conducteur du nouvel essai d'Abdoul Aziz Diop. S'inspirant de Machiavel, l'auteur livre une analyse novatrice des enjeux de pêche et de migration qui attendent Bassirou Diomaye Faye
Vingt-deux ans après son recueil "Nous avons choisi la République...", Abdoul Aziz Diop revient avec un essai politique ambitieux. Mêlant philosophie machiavélienne et enjeux contemporains, il propose une lecture nouvelle des défis maritimes du Sénégal. Son livre « Migrer comme le poisson… » (L’Harmattan Sénégal, janvier 2025), adressé au président Faye, dessine les contours d'un patriotisme ancré dans la mer. Une réflexion profonde sur l'avenir d'un pays dont le destin est intimement lié à ses espaces maritimes. Ci-après la préface :
Ce livre - au lieu d’une longue lettre ouverte - est une note ouverte bénévole adressée d’abord au président du Sénégal élu le 24 mars 2024 dès le premier tour de scrutin avec 54,28 % des suffrages valablement exprimés. Notre conviction est que le sens de notre démarche sera mieux compris à la suite du rappel de quelques préceptes clés tirés du Le Prince de Nicolas Machiavel (1469-1527). Avec lesdits préceptes doit commencer tout dialogue à distance ou en tête-à-tête avec, en tout temps et en tout lieu, le héros universel du philosophe italien. Bref, les lectrices et les lecteurs comprendront enfin pourquoi conseiller Diomaye sans qu’il l’ait demandé - c’est le cas dans cette note - sur les pêches et les migrations avec lesquelles elles peuvent être positivement corrélées.
Né en 1469 à Florence (Italie), Machiavel rédige, à partir de 1513, Le Prince, qui assure au nom du philosophe sa célébrité universelle. « Le livre, [qui ne fut imprimé qu’en 1532, cinq ans après la mort de Nicolas Machiavel], a été admiré par Napoléon, Lénine, de Gaulle, mais aussi Mussolini. » Le romancier et essayiste Jean Anglade - agrégé d’italien -, soutient que « le scandale a été que ce petit livre ait osé étudier, étaler au grand jour, noir sur blanc, une façon d’être toujours soigneusement enveloppée jusque-là de voiles hypocrites ».
Oscar Morgenstern, cité par Raymond Aron dans une préface au Prince, « déplore que les spécialistes modernes de la science politique n’aient pas soumis les préceptes de Machiavel à une analyse rigoureuse afin de dégager ceux qui, [aujourd’hui encore], gardent (...) une valeur opérationnelle ».
Le trait commun aux princes « machiavéliques » est plutôt le manque de vertu machiavélienne. Celle-ci recouvre « les divers talents physiques et spirituels, que la nature peut donner à un homme ». Elle « correspond alternativement ou tout ensemble à l’intelligence, l’habileté, l’énergie, l’héroïsme ». C’est sans doute cette vertu-là qui détermine, plus que toute autre chose, la manière dont un prince « doit se comporter pour acquérir de l’estime ». Premièrement, un prince vertueux doit « accomplir de grandes entreprises et donner de soi des exemples rares et mémorables ». Deuxièmement, il doit « donner d’insignes exemples de savoir-faire dans les problèmes intérieurs ». Troisièmement, le prince vertueux doit avoir « soin (...) de préserver la majesté de son rang, qui en aucune occasion ne doit être ternie ». Quatrièmement, enfin, il « doit (...) montrer qu’il apprécie les divers talents accordant travail et honneurs à ceux qui s’illustrent le plus en tel ou tel art ».
« (…) On peut juger de la cervelle d’un seigneur rien qu’à voir les gens dont il s’entoure », écrit Nicolas Machiavel. « Quand [les ministres du prince], écrit-il, sont compétents et fidèles, on peut croire à sa sagesse (...) mais s’ils sont le contraire, on peut douter de ce qu’il vaut lui-même (...) » D’aucuns disent qu’un président en exercice est moins fidèle en amitié que l’opposant qu’il fut. C’est que « (...) celui qui cause l’ascension d’un autre se ruine lui-même ; il a pu pour ce faire employer l’habileté ou la force ; mais l’un et l’autre seront ensuite insupportables à celui qui a gagné en puissance ». « Si les hommes qui paraissaient suspects au début du règne d’un prince ont besoin pour se maintenir de l’appui du prince, il pourra très facilement les gagner à sa cause. Ils le serviront alors avec d’autant plus de zèle qu’ils se sentiront plus en devoir d’effacer la mauvaise opinion qu’il avait d’eux en son début. » Ce dernier précepte explique peut-être mieux la façon dont on s’accommode de la transhumance - recrutement d’anciens adversaires -, pour massifier un parti. Mais les transhumants - les nouvelles recrues - se garderaient d’entretenir le président d’autre chose que du pays si ce dernier savait « fuir les flatteurs » qu’ils sont tous devenus. Machiavel exhorte le « prince avisé [à choisir] dans le pays un certain nombre d’hommes sages à qui (...) il permettra de s’exprimer librement, (...) sur les matières de son choix ». « Le prince qui agit autrement est perdu par les flatteurs, on change souvent d’avis, selon le dernier qui a parlé, ce qui ne peut guère lui valoir d’estime. » « Un prince qui manque de sagesse ne sera jamais sagement conseillé », soutient Machiavel. « Les bons conseils, d’où qu’ils viennent, procèdent toujours de la sagesse du prince, et non la sagesse du prince de ces bons conseils », écrit l’auteur de l’« opuscule sur les gouvernements », titre originel du Prince. « Un prince, écrit Machiavel, doit (...) se soucier peu qu’on le traite de ladre, pour n’être point porté à piller ses sujets, pour pouvoir se défendre, pour éviter la pauvreté et le mépris, pour n’être point réduit aux stratagèmes. »
« Une République défendue par ses propres citoyens tombe plus difficilement sous la tyrannie d’un des siens (...) » Pour ne l’avoir pas compris, l’aile radicale du Sopi - changement en ouolof -, déliquescent aurait fait entrer des mercenaires dans le pays sous l’ancien président Abdoulaye Wade. Mais, « les mercenaires, avertit Machiavel, (...) sont inutiles et dangereux, car si [le prince] fonde [son] État sur l’appui de troupes mercenaires, [son] trône restera toujours branlant ». Hier comme aujourd’hui, les mercenaires « acceptent d’appartenir au prince tant que dure la paix, mais sitôt que vient la guerre, ils ne songent qu’à jouer des jambes ».
« Le nombre des "machiavéliques" qui n’ont pas lu un traître mot de Nicolas Machiavel dépasse assurément (...) celui des "marxistes" qui n’ont point lu Karl Marx », commente Jean Anglade. Pour avoir lu Machiavel, l’essayiste camerounais Blaise Alfred Ngando publie l’ouvrage Le Prince Mandela : Essai d’introduction politique à la Renaissance africaine (Maisonneuve & Larose, 2005) « Pour Ngando, le "Prince Mandela" et le "Prince" de Machiavel seraient mus par la même "valeur essentielle" : le patriotisme. » Mais pas n’importe quel patriotisme ! Celui de Ngando ne se résume pas en un « projet » que l’on dit « systémique », « holistique » ou que sais-je encore. Le patriotisme dont il est question ici trouve dans nos 198 000 km² d’espaces maritimes, la continuité territoriale des 196 720 km² sur lesquels sont tracées les voies, encore insuffisantes, voire même insignifiantes, de notre plein épanouissement collectif, le seul susceptible de nous affranchir définitivement de notre déshumanisante dépendance de l’autre à la fois si lointain et si méprisant. Le patriotisme dont il est enfin question ici trouve dans l’incoercible appel de la mer nos raisons objectives de nous accommoder de la belligérance de l’autre dans le débat gagnable du monde avec l’irrépressible opinion - la nôtre -, constitutive de notre double identité sénégalaise et africaine.
Comme le montre son sous-titre, cet opuscule est la note perpétuelle destinée au président en exercice de tous les Sénégalais. Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est le premier à l’avoir entre les mains pour en tirer le parti que l’auteur bénévole est en droit d’en attendre. Perpétuelle est la note dès lors que la mer s’invitera jusqu’à la fin des temps dans le débat sénégalo-sénégalais, nécessitant du coup les mises à jour irrévocables à chaque alternance démocratique.
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LA FILLE CACHÉE DU ROI-SOLEIL ÉTAIT NOIRE
La "Mauresse de Moret" intrigue les historiens depuis plus de trois cents ans. Cette enfant noire, baptisée Louise Marie Thérèse à Versailles vers 1675, pourrait bien être la fille cachée de Louis XIV, selon des archives fraîchement découvertes
(SenePlus) - Une récente exploration d'archives historiques vient bousculer la légende de Louise Marie Thérèse, surnommée la « Mauresse de Moret », et propose une hypothèse inédite sur ses véritables origines, rapporte Le Monde dans une enquête.
Pendant des siècles, la tradition orale et les écrits historiques laissaient entendre que cette enfant noire, baptisée à Versailles vers 1675, était le fruit d'une liaison secrète entre la reine Marie-Thérèse d'Autriche et un amant noir. Mais selon les dernières recherches menées dans les archives françaises, autrichiennes, espagnoles et vaticanes, un tout autre scénario se dessine : Louise Marie Thérèse serait en réalité la fille illégitime du Roi-Soleil lui-même.
Cette hypothèse, mise en lumière par les archives départementales de Seine-et-Marne citées par Le Monde, suggère que la mère de l'enfant serait une comédienne, « vendue, jeune enfant, au premier comédien [du roi], pour jouer les rôles de 'sauvagesse' ». Cette découverte, fruit d'un minutieux travail de dépouillement d'archives à travers l'Europe, offre un nouvel éclairage sur l'un des mystères les plus intrigants de la cour de Versailles.
Ce pan méconnu de l'histoire de France fait l'objet du premier épisode d'une série documentaire intitulée « Puissances noires », produite par Le Monde. Cette minisérie, narrée par l'actrice et réalisatrice Aïssa Maïga, se propose d'explorer les destins de quatre femmes noires qui ont marqué l'histoire de France, dont celui de la mystérieuse « Mauresse de Moret ».
L'enquête, réalisée par Cécile Bonneau avec les animations de Mélody Da Fonseca, s'appuie sur des documents découverts dans quatre pays différents, démontrant l'ampleur des recherches nécessaires pour lever le voile sur ce secret historique. Cette histoire, restée dans l'ombre pendant plus de trois siècles, témoigne de la complexité des relations raciales et sociales dans la France du XVIIe siècle, jusqu'au plus haut sommet de l'État.
LANCEMENT DES CONCERTATIONS NATIONALES POUR LA RÉFORME DU SECTEUR PUBLIC
Cette initiative vise à identifier les dysfonctionnements, comme l'inefficacité, les lenteurs et la perte de confiance des citoyens envers l'administration, et à y apporter des solutions adaptées.
Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme du secteur public, Olivier Boucal, a procédé au lancement, jeudi, à Dakar, des ‘’concertations nationales pour la réforme du secteur public’’.
‘’C’est une initiative majeure dans la dynamique de transformation systémique’’ du pays, a dit M. Boucal lors du lancement de ces échanges.
Les autorités ont diagnostiqué ‘’beaucoup de maux’’ dont souffre le secteur public, ce qui les a amenés à organiser ces rencontres destinées à en identifier les causes et de leur trouver des remèdes, a-t-il affirmé en présence d’Aminata Touré, Haut Représentant du président de la République, d’anciens ministres de la Fonction publique, de représentants d’associations de consommateurs et d’organisations syndicales.
Le ‘’chevauchement des missions’’ de certains services publics, l’‘’inefficacité’’, les ‘’lenteurs’’ et les ‘’faiblesses’’ du secteur public, ainsi que ‘’la détérioration de la confiance des citoyens vis-à-vis de l’administration’’ font partie des maux à l’origine de ces concertations, selon Olivier Boucal.
Il estime que ‘’la réforme du secteur public (…) est un impératif moral’’, une ‘’urgence’’ et une ‘’nécessité’’.
Selon lui, des ateliers consacrés à ces concertations se tiendront dans les 14 régions du pays, des ‘’échanges sectoriels et thématiques’’ également.
Le ministre dit chercher à définir ‘’une feuille de route nationale’’ pour la réforme du secteur public, à améliorer les services publics, à mieux associer les citoyens à la gouvernance publique et à identifier les bonnes pratiques d’autres pays dans ce domaine.
L’un des objectifs des concertations est d’évaluer l’organisation et le fonctionnement du service public.
Il s’agit en même temps de recueillir les attentes des usagers du service public.
Une plateforme électronique dédiée aux concertations a été créée par la direction des systèmes informatiques du ministère pour favoriser des échanges ‘’directs et ouverts’’ entre les participants, y compris les Sénégalais vivant à l’étranger.
Le panel réuni pour le lancement des ‘’concertations nationales pour la réforme du secteur public’’ a relevé plusieurs obstacles au fonctionnement correct de l’Administration publique sénégalaise et à la bonne exécution des services rendus aux usagers.
Des défauts hérités de l’administration coloniale, le mauvais accueil des usagers du service public dans les administrations, l’absence de sanctions et d’évaluation des agents publics et l’inaccessibilité des édifices abritant des services de l’État pour certaines catégories de la société font partie des nombreuses failles relevées par les membres du panel, l’universitaire Souleymane Bachir Diagne, le professeur de droit public Babacar Kanté et Aminata Touré, Haut Représentant du président de la République.
DECES DE MADIOR DIOUF, ANCIEN MINISTRE
Le Sénégal pleure la disparition de Madior Diouf, décédé dans la nuit du 22 au 23 janvier à son domicile.
Le Sénégal pleure la disparition de Madior Diouf, décédé dans la nuit du 22 au 23 janvier à son domicile. L’annonce a été faite par Moustapha Niasse. Né en 1939 à Fimela, Madior Diouf (86 ans) était un éminent professeur de littérature à l’Université Cheikh Anta Diop et un homme politique. Syndicaliste engagé, Madior Diouf a dirigé le syndicat unique des enseignants du Sénégal (Sudes) pendant huit ans.
Fondateur et leader du Rassemblement national démocratique (RND), il s’inspirait des idées de Cheikh Anta Diop pour promouvoir une vision démocratique alternative. Ancien ministre de la Culture sous Moustapha Niasse, il avait également marqué les esprits en se présentant à l’élection présidentielle de 1993. Professeur agrégé de lettres à l’Université Cheikh Anta Diop
Intellectuel et défenseur des valeurs de justice sociale, Madior Diouf laisse un héritage culturel et politique qui a profondément marqué le Sénégal. Sa levée du corps aura lieu ce vendredi à l’hôpital Principal, suivie de son inhumation au cimetière musulman de Yoff.
La rédaction du Soleil présente ses sincères condoléances à sa famille.