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26 novembre 2024
Santé
L'URGENTISTE BABACAR NIANG EN DÉSACCORD AVEC LE PRICUREUR SUR LES CAS MARIE GUÈYE
Décès de la dame Marie Guèye à Ngor : le procureur évoque une pancréatite aigue - selon l’urgentiste Dr Babacar Niang d’après qui la place d’une patiente atteinte de pancréatite aigüe est en réanimation.
Le procureur de la République, dans un communiqué publié hier, a déchargé les gendarmes dans le décès survenu à Ngor de la dame Marie Guèye. Selon le maître des poursuites, qui parle de mort naturelle, c’est une «pancréatite aiguë avec absence de signe de traumatisme» qui serait responsable du décès. Une insulte aux médecins, selon l’urgentiste Dr Babacar Niang d’après qui la place d’une patiente atteinte de pancréatite aigüe est en réanimation.
Un patient souffrant de pancréatite aiguë ne peut ni se promener dans la rue encore moins à la plage ! Sa place, c’est en «réanimation», selon le médecin urgentiste Dr Babacar Niang qui réagit ainsi au communiqué du procureur de la République pour expliquer la mort de la jeune dame Marie Guèye. Une patiente atteinte de pancréatite, soutient le médecin spécialiste et propriétaire de la clinique « Sumassistance », «ne peut pas se promener ni se disputer et être arrêtée par des gendarmes. Une pancréatite aigüe, sa place, c’est en réanimation. Ce sont des douleurs très importantes nécessitant des antidouleurs comme la morphine. Parce que le patient qui souffre de cette affection est dans un état de choc avec une tension très basse», explique Dr Babacar Niang.
Pourtant dans le document écrit par les services du ministère de l’Intérieur, il est dit que le certificat de genre de mort indique une «absence de signe de traumatisme». Et que la cause du décès serait due à une lésion de «pancréatite aiguë hémorragique» sans aucun signe traumatique. Du moment que le ministère de l’Intérieur ne nous parle pas de « décès provoqué par l’hélice du moteur d’une pirogue » comme lors des affrontements survenus dans le même village de Ngor il y a quelques mois ! «Le 19 septembre 2023, des éléments du poste de gendarmerie de Ngor, appuyés par un peloton de l’ESI, en patrouille au niveau des plages de Ngor, dans le cadre de la lutte contre la prostitution grandissante dans cette localité, ont interpelé sept filles dont Marie Samb dite Marie Guèye. Cette dernière, alors même que les mises en cause étaient sur le point d’être embarquées dans le véhicule des gendarmes pour être conduites au poste de Ngor, aurait eu un malaise et décédera quelques instants après. L’autopsie, qui a été aussitôt ordonnée pour déterminer les causes de son décès, a conclu à une mort suite à une pancréatite aiguë hémorragique et une absence de signe traumatique». Des observations de «l’homme de l’art» — ce sont les termes du procureur —, «accréditent la thèse de la mort naturelle dont a fait état le chef de poste de la gendarmerie de Ngor. Lequel a soutenu que la victime avait eu une crise juste après son interpellation. Elle serait même sujette à des crises répétitives qui seraient liées à des considérations purement traditionnelles (Rab), d’après les renseignements recueillis auprès du frère de la victime et un certain Khérou Ngor, sans autres précisions». Un communiqué très nuancé.
Une pancréatite aigue, c’est des soins intensifs aux urgences
Une pancréatite aiguë, c’est des douleurs brutales et très violentes qui demandent une assistance médicale d’urgence en réanimation, une consultation aux urgences, en soins avec sonde. «Le pancréas est un organe qui secrète l’insuline pour la digestion. C’est un organe qui fait partie de la digestion. La pancréatite c’est une inflammation du pancréas qui devient phénoménique en phase aiguë, c’est des étapes jusqu’à la phase aiguë avec des douleurs brutales et très violentes. C’est une maladie grave et mortelle. La pancréatite aiguë est fréquente chez les grands alcooliques parce que l’alcool attaque leur pancréas, elle peut aussi être causée par l’exposition à des produits toxiques ou leur inhalation». Les patients qui en sont atteints sont admis en urgence et mis sous morphine. C’est comme des souris qui, dès que libérées, s’attaquent aux autres organes du corps comme le foie, les gros intestins et même le cerveau. Comme des souris qui se promènent en masse cherchant quelque chose à manger «. D’une manière imagée, c’est ainsi que le célèbre urgentiste Dr Babacar Niang démonte la thèse de la pancréatite aiguë avancée par le procureur de la République pour expliquer la mort de la dame Marie Guèye. «C’est impossible de se promener à la plage pour quelqu’un qui souffre de pancréas aigue», insiste le Dr Babacar Niang. «Quand tu es atteint de cette affection, tu ne peux pas te promener, tu ne meurs pas rapidement. Avant, à 90%, ceux qui avaient la pancréatite aigue mouraient. Aujourd’hui, on récupère des malades jusqu’à 50% du nombre des admis aux urgences «, ajoute-t-il.
Dr Niang de la Clinique Suma Assistance compare la pancréatite à «des oeufs de souris éclos puis en liberté. Tu es dans un état de choc provoquant souvent une hypotension (baisse de tension) et une douleur indescriptible». D’après les explications de Dr Niang, «la douleur seule peut te tuer. De grâce, cherchez une autre cause de la mort de Mary Guèye», s’exclame-t-il très furieux après les explications fournies par le procureur de la République et qui tendent visiblement à dédouaner les gendarmes dans la mort de la jeune Ngoroise. «Dans une autopsie sérieuse, le médecin tape et donne des explications claires et nettes. Celle dont fait état le communiqué du procureur n’est pas une autopsie sérieuse vu la description des circonstances de la mort de la jeune dame. Déjà, le rapport médical d’une pancréatite demande la description de tous les organes concernés, un à un. Tu vas parler du pancréas, du foie, des intestins, du cerveau...” En relevant ces petits détails, Du Babacar Niang souligne qu’ «il arrive parfois qu’on mette de côté un rapport original établissant les conclusion d’une autopsie pour en donner un autre». S’agissant de celui produit pour expliquer la mort de marie Guèye, «ça a été bâclé. La thèse de la pancréatite aiguë est une insulte aux médecins et à la profession», martèle en conclusion le Dr Babacar Niang, éminent médecin urgentiste.
LES CHIFFRES EFFARANTS DE L’HYPERTENSION ARTERIELLE
Un adulte sur trois touché dans le monde, multiplication par 2 du nombre de malades, risque d’enregistrer 76 millions de décès d’ici a 2050…
L’OMS vient de publier son premier rapport détaillé sur les conséquences désastreuses de l’hypertension artérielle et les moyens d’en venir à bout. Le document a été présenté au cours de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale des nations unies. il est d’ailleurs établi que toutes les heures, plus de 1 000 personnes meurent d’accidents vasculaires cérébraux et d’infarctus du myocarde dont la plupart sont dus à l’hypertension artérielle.
L’hypertension artérielle continue de faire des ravages dans le monde. Dans le tout premier rapport produit par l’OMS en ce sens, il a été révélé qu’un adulte sur trois est touché et qu’environ quatre personnes sur cinq souffrant d’hypertension artérielle ne sont pas traitées correctement. L’étude indique d’ailleurs que 76 millions de décès pourraient être évités entre 2023 et 2050 si les pays peuvent étendre la couverture des traitements.
Le rapport de l’agence spécialisée des Nations unies pour la santé soutient d’ailleurs que l’hypertension, trouble courant et potentiellement mortel, est à l’origine d’accidents vasculaires cérébraux, d’infarctus du myocarde, d’insuffisance cardiaque, de lésions rénales et de nombreux autres problèmes de santé
Il révèle que le nombre de personnes hypertendues (dont la tension artérielle est égale ou supérieure à 140/90 mmHg ou qui prennent des médicaments antihypertenseurs) a doublé entre 1990 et 2019, passant de 650 millions à 1,3 milliard. Et que près de la moitié des personnes hypertendues dans le monde ignorent actuellement qu’elles le sont. Plus des trois quarts des adultes hypertendus vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, lit-on dans le document qui précise que l’âge et certaines prédispositions génétiques peuvent accroître le risque d’hypertension artérielle, mais ce risque peut aussi augmenter en raison de facteurs modifiables tels qu’une alimentation riche en sel, l’absence d’activité physique et la consommation excessive d’alcool
Revenant sur les moyens de précautions contre cette maladie, il est indiqué que les changements de mode de vie, comme l’adoption d’une alimentation plus saine, l’arrêt du tabac et une plus grande activité physique peuvent contribuer à faire baisser la tension artérielle.
Certaines personnes peuvent avoir besoin de médicaments pour maîtriser efficacement l’hypertension et prévenir les complications, note-t-on. Malgré tout, souligne le rapport, la prévention, la détection précoce et la prise en charge efficace de l’hypertension sont parmi les interventions les plus rentables et devraient être privilégiées par les pays dans le cadre de l’ensemble national de prestations de santé proposées au niveau des soins primaires.
UN BON TRAITEMENT PERMETTRAIT DE PREVENIR 76 MILLIONS DE DECES
Le rapport indique en outre qu’une augmentation du nombre de patients hypertendus traités efficacement pour atteindre les niveaux observés dans les pays très performants à cet égard permettrait de prévenir 76 millions de décès, 120 millions d’accidents vasculaires cérébraux, 79 millions d’infarctus du myocarde et 17 millions de cas d’insuffisance cardiaque d’ici à 2050.
Lors de la présentation du document au cours de la soixante dix-huitième session de l’Assemblée générale des Nations unies, le Directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait savoir que des traitements simples et peu coûteux permettent de maîtriser efficacement l’hypertension, et pourtant celle-ci n’est maîtrisée que chez environ une personne hypertendue sur cinq. A l’en croire, les programmes de lutte contre l’hypertension restent négligés, peu prioritaires et très insuffisamment financés. Selon monsieur Ghebreyesus, pour parvenir à la couverture sanitaire universelle fondée sur des systèmes de santé efficaces, équitables et résilients et axés sur les soins de santé primaires, chaque pays doit renforcer la lutte contre l’hypertension.
Prenant la parole, l’ambassadeur mondial de l’OMS pour les maladies non transmissibles et les traumatismes, Michael R. Bloomberg, a soutenu qu’aujourd’hui, des médicaments abordables, sûrs et accessibles et d’autres interventions telles que la réduction de l’apport en sodium, permettent de prévenir la plupart des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux dans le monde. Monsieur Bloomberg estime dans la foulée que le traitement de l’hypertension dans le cadre des soins de santé primaires permettra de sauver des vies et d’économiser des milliards de dollars chaque année.
En définitive, le Président-Directeur général de l’organisation «Resolve to Save Lives», Dr Tom Frieden a donné une information capitale en déclarant que toutes les heures, plus de 1000 personnes meurent d’accidents vasculaires cérébraux et d’infarctus du myocarde. « La plupart de ces décès sont dus à l’hypertension artérielle et auraient pu être évités. Il est possible de bien prendre en charge l’hypertension pour un coût abordable et ainsi renforcer les soins de santé primaires. Le défi consiste maintenant à passer de ‘’il est possible’’ à ‘’c’est fait’’. À cet égard, l’engagement des gouvernements du monde entier est nécessaire , conclut-il à ce propos.
53,6% DE LA POPULATION SÉNÉGALAISE EST COUVERTE PAR L’ASSURANCE MALADIE
Médecin de santé publique et économiste de la santé, docteur Bocar Mamadou Daff est Directeur général de l’Agence de la couverture maladie universelle depuis 2017. Dans cet entretien, il est revenu sur le bilan de la Cmu, ses obstacles et ses ambitions
Médecin de santé publique et économiste de la santé, docteur Bocar Mamadou Daff, ancien Directeur de la Santé de la reproduction et de la survie de l’Enfant au ministère de la Santé et de l’action sociale, est Directeur général de l’Agence de la couverture maladie universelle (Cmu) depuis 2017. Dans cet entretien accordé à Bés bi, il revient sur le bilan de la Cmu, les obstacles, la dette due aux hôpitaux, mais aussi sur l’actualité politique et ses ambitions.
Quel bilan faites-vous de la situation de la couverture maladie au Sénégal depuis votre arrivée en 2017 ?
Disons que pour le Sénégal, grâce à la volonté politique des autorités, nous pensons que nous avons un très bon résultat. Cela n’a pas été évident parce que lorsque nous avions commencé, nous étions autour de 11 à 20% de couverture dans le secteur formel et le secteur informel réunis. Et lorsqu’on a mis en place cette agence en 2015, il y a eu beaucoup de progrès et il fallait d’abord, avec les deux approches que nous avions, le régime assistantiel et le régime assurantiel, essayer d’informer et de sensibiliser les populations pour que tout le monde puisse comprendre ce que c’est la couverture maladie universelle.
Parce que nous n’en avions pas l’habitude au Sénégal, surtout pour les cibles que nous avions, notamment le monde rural et le secteur informel. Et donc, nous sommes allés sensibiliser les populations et installer des mutuelles de santé partout. Nous avons réussi cela et nous avons fait des efforts pour arriver à ce que ce programme soit connu, que les gens s’en approprient. Dans un premier temps, nous avons installé dans chaque commune au moins, une mutuelle de santé. Par la suite, nous en avons fait une évaluation au bout de 7 ans et nous avons réorienté nos stratégies.
Mais les Sénégalais se sont-ils réellement appropriés la Cmu et qu’est-ce que cela a apporté aux populations ?
Je pense que oui parce que, de plus en plus, les gens viennent par eux-mêmes pour adhérer ou pour chercher une lettre de garantie pour aller se soigner. Si je prends simplement le cas des enfants de 0 à 5 ans que nous prenons en charge, on estime que plus de 14 millions d’enfants sont venus se traiter durant cette période de 7 ans. Ce n’est pas que 14 millions d’enfants existent au Sénégal, mais c’est par épisode, c’est-à-dire un enfant peut venir, une fois, deux fois ou 3 fois. Nous avons aussi pris en charge plus de 600 000 personnes âgées de 60 ans et plus dans le cadre du Sésame.
On a également pris en charge près de 150 000 cas de césarienne pour les femmes enceintes. Nous avons eu plus de 15000 séances de dialyse pour une cohorte de 5000 et quelques personnes. Ce qui est un résultat tangible et cela signifie en réalité que c’est traitable grâce à ce programme. Maintenant, ce qu’il faut reconnaitre dans une assurance maladie, c’est qu’à chaque fois on a besoin d’évoluer, car lorsqu’on le faisait, on est même allés plus loin que ce qui avait été défini, car on nous avait dit de prendre en charge les soins de base (postes et centres de santé). Mais très vite, il y a eu un glissement et nous sommes partis pour prendre en charge les soins hospitaliers, la chirurgie, le scanner…
Donc, véritablement, le package est assez élargi. Et si c’était à chiffrer sur un pourcentage, on peut dire que nous en sommes à 53,6% de la population sénégalaise couverte grâce à ces régimes d’assistance. Mais à côté de cela, il y a l’assurance maladie à partir des mutuelles de santé. Figurez-vous que ceux qui figurent dans les mutuelles de santé et qui viennent cotiser pour eux-mêmes chaque année et pour chaque personne sont environ 2,5 millions de personnes. Par exemple : quelqu’un qui a sa famille de 10 personnes, il cotise 35 000 par an pour pouvoir se soigner.
Il y a une autre cohorte, par exemple, ceux qui bénéficient des bourses familiales et de la carte d’égalité des chances, ce sont des gens qui n’ont pas les moyens d’adhérer et là, le gouvernement nous a demandé d’adhérer pour ces personnes et leurs familles. Ils sont plus de 2, 1 millions qui sont dans cette cohorte là et qui sont pris en charge à 100%. Donc, avec ces deux régimes, on peut dire que plus de la moitié de la population sénégalaise est couverte.
Pouvez-vous revenir sur le mode d’adhésion ?
Il est vrai que les gens ne comprennent pas toujours comment cela se passe. En réalité, pour adhérer, ce n’est pas très compliqué. Comme je l’ai dit, les cibles qui sont définies pour l’assistance médicale sont connues. En ce qui concerne l’adhésion à la mutuelle de santé, il y a les non cotisants (enfants de moins de 5 ans et personnes âgées de 60 ans, personnes à dialyser et femmes enceintes qui ont besoin d’une césarienne) et les bénéficiaires classiques (les volontaires qui viennent pour adhérer).
Là, il suffit d’aller au niveau de votre mutuelle et pour adhérer, il faut donner 1000 francs et on vous donne une carte. Là, vous indiquez le nombre de personnes que vous voulez prendre en charge dans votre famille. Et à partir de ce moment, chaque personne doit payer 3500 francs par an. La cotisation se fait en une ou deux tranches. Ensuite, il faut donner sa photo pour que les gens ne trichent pas. Et maintenant quand vous adhérez, nous prenons quelques précautions, car il y a une période d’observation d’un mois, et c’est pour éviter que quelqu’un n’attende qu’il ne soit malade, pour venir adhérer et se traiter. Et à la fin, les prestataires envoient la facture, en ce qui nous concerne, l’agence ou bien la mutuelle de santé va payer les 80% des prestations et l’individu ne paye que 20%. Cela aussi c’est important, car si on fait la gratuité, les gens auront tendance à abuser des soins.
Depuis que vous êtes à la tête de cette agence, quels sont les obstacles auxquels vous avez eu à faire face ?
Pour l’assurance maladie, le premier bémol, c’est la communication. Et je pense que nous devons communiquer davantage. Malheureusement dans nos ressources, l’essentiel va vers les prestations parce que comme c’est un programme social, souvent les décideurs ne comprennent pas trop bien quand on leur dit que cette partie de l’argent sert à la communication. Donc, cette part qui est destinée à cette communication est assez limitée. Ce qui fait que nous n’atteignons pas souvent toutes les cibles que nous voulons atteindre dans les délais, pour permettre à tout le monde d’adhérer, parce qu’il y a beaucoup de choses à expliquer.
Aujourd’hui, si nous n’avons pas atteint les objectifs de 75% qu’on s’était fixés, c’est parce que simplement, au début, on avait été très ambitieux, on avait pas mesuré l’importance du travail, la nécessité de la sensibilisation, la communication et on avait pas imaginé que les Sénégalais ont l’habitude de la solidarité, mais d’une solidarité agissante. Ils n’ont pas l’habitude de solidarité de prévoyance. Il y a aussi le problème de la mobilisation des ressources, c’est-à-dire les cotisations.
La troisième chose, toujours sur les ressources, c’est aussi l’Etat qui, pour l’essentiel, subventionne ces soins en donnant un certain montant. Et sur ce point-là, il faut reconnaitre que l’Etat a fait beaucoup d’efforts par rapport à ce qui se passe dans la sous-région. Le gouvernement est arrivé autour de 20 milliards de budget à 23 milliards par an. Mais c’est insuffisant comparé aux besoins réels pour couvrir ces 53%, un besoin qui est estimé aujourd’hui à 65 milliards. Ce qui fait que c’est la moitié simplement du budget qui est là. Donc, il faut jongler avec ce qui fait que vous rencontrez souvent des gens qui vous disent que vous avez des dettes et il faut les payer.
Justement, est–ce que vous pouvez chiffrer les dettes que vous avez envers les hôpitaux et autres structures sanitaires ?
Il faut dire que tous les systèmes d’assurances ont des dettes, mais le plus important aujourd’hui, c’est que si les dettes existent, c’est parce que les Sénégalais vont se soigner. Le 30 avril 2023, nous étions à 15 milliards de dettes, mais le gouvernement, avec notre budget de 23 milliards, et le surplus de 10 milliards qu’on nous a accordés, cela nous permettra de régler cette question-là. Les gens s’accrochent souvent à cette dette, mais je l’appelle simplement un retard de paiement, car une fois que l’Etat a engagé les gens à utiliser cette procédure-là pour soigner les populations, il prendra les dispositions pour payer. C’est vrai que cela peut prendre du temps avec les lenteurs administratives, mais, de plus en plus, les prestataires de soins commencent à le comprendre.
Quelles sont les performances majeures de la Cmu ?
Les performances majeures, c’est de passer en un temps record de 20 à 53%, comparé au reste de la sous-région, nous sommes les premiers. Et cela est un motif de satisfaction. La deuxième chose, c’est que le programme est aujourd’hui bien connu de l’ensemble des Sénégalais, le reste ce sont les modalités d’accès que les gens ne comprennent pas. Partout où vous allez, il y a un point qui indique qu’on fait l’assurance maladie. Et ça c’est très important. Le troisième, c’est que les populations qui étaient des laissées-pour-compte, c’est-à-dire le monde rural, le secteur informel, les pauvres qui n’ont jamais eu d’assurance sont maintenant pris en charge. La question d’équité prend du sens à partir de ce programme-là qui est très important. Les autres performances, c’est que nous allons vers des réformes pour renforcer le système. Et au bout d’une année, nous avons pu presque terminer toutes les procédures de réforme.
Où en êtes-vous avec les projets de votre prédécesseur, feu Cheikh Mbengue, notamment la Cmu élève ?
La Cmu-élève, c’est très important et je me rappelle avoir eu une discussion technique sur ce sujet, avec mon prédécesseur qui était un bon ami. J’estimais que la Cmu-élève est un grand avantage, car justement cela permettait de couvrir les enfants, sans avoir à trop dépenser, car la plupart du temps, ce sont des enfants qui ne sont pas souvent malades, en dehors des risques d’accidents pendant les gymnastiques et autres. Donc, ils peuvent cotiser et aider les gens à se soigner. Car, en réalité, l’assurance maladie c’est la mise en commun des risques. C’était un avantage qui permettait de remonter un peu le taux de couverture de la population qui est très jeune du reste. Ce qui fait qu’on allait équilibrer les comptes.
L’idée était que chaque année, à l’ouverture des classes, on demande aux enfants de payer pour l’assurance. Malheureusement, nous n’avons pas réussi à ce niveau parce que les académies considèrent que la destination de cet argent, c’est tout à fait autre chose. Mais quand même, nous sommes à quelque chose, comme 140 000 à 200 000 enfants qui sont encore dans les mutuelles, ce qui signifie que c’est encore faible à ce niveau-là.
Comment analysez-vous la situation actuelle du pays à quelques mois de l’élections présidentielle de 2024 ?
Je dois d’abord me féliciter que le pays ait retrouvé sa sérénité : les choses sont devenues un peu plus calmes, nous sommes retournés dans ce que nous n’aurions jamais dû quitter. De plus en plus, on se rend compte que toutes nos valeurs pour lesquelles nous étions connus nous reviennent et c’est à l’honneur du Sénégal, car nous sommes regardés par le monde entier. Il ne faut pas qu’on oublie notre responsabilité vis-à-vis de l’Afrique, et de l’Afrique de l’Ouest en particulier. On doit aller au-delà de ce que nous représentons nous-mêmes.
Comment appréciez-vous le choix du Président Macky Sall de faire de Amadou Ba le candidat de la coalition Bby ?
J’étais très heureux en apprenant la nouvelle et tout de suite je me suis dit que maintenant, je vais pouvoir m’engager sans difficultés. Mais au-delà de tout cela, le plus important, c’est qu’on a remarqué que certains candidats qui s’étaient déclarés commencent à revenir. Je pense qu’ils ont pris la bonne option de revenir pour qu’on travaille ce pays, parce qu’on a un très bon programme économique et de développement qui prend en compte les différents aspects sur la gouvernance, sur le capital humain…
Il y a eu beaucoup de candidatures qui s’étaient déclarées, elles sont toutes valables, mais je pense que lorsqu’on a évoqué les noms, le cœur des gens battait pour Amadou Ba, pour l’essentiel. Justement parce qu’il est un homme d’expérience, un homme de paix qui sait négocier, et on ne doute pas qu’ils vont tous travailler avec l’accompagnement du président de la République à ramener les autres qui se sont proposés à être candidat pour qu’on travaille tous ensemble, pour qu’on puisse gagner ensemble.
Votre base c’est à Kanel, quelles sont vos perspectives politiques ?
Dans le cadre du soutien à Amadou Ba, comme indiqué par le président de la République, nous envisageons de nous déplacer dans le département de Kanel où nous allons faire une caravane de 4 jours à partir du 14 octobre. Nous allons terminer par un grand meeting à Kanel, pour expliquer le choix d’Amadou Ba et pourquoi il faut le soutenir, expliquer le bilan et les programmes sociaux que le président a mis en place et dont Matam a bénéficié. Puisque c’est la période de l’ouverture des classes, nous allons en profiter pour donner des kits scolaires et faire adhérer les « ndongos daaras », en complément de ce qu’a fait le Waqf.
TESTS DE LABORATOIRE DANS LES CABINETS MEDICAUX PRIVÉS : UNE PRATIQUE ILLICITE
Les cabinets médicaux ne sont pas autorisés à faire des analyses biomédicales. Ils doivent se limiter à l’exercice médical pour lequel ils ont reçu l’agrément. Cette révélation est du professeur Amadou Moctar Dièye, directeur national des laboratoires ...
Les cabinets médicaux ne sont pas autorisés à faire des analyses biomédicales. Ils doivent se limiter à l’exercice médical pour lequel ils ont reçu l’agrément. Cette révélation est du professeur Amadou Moctar Dièye, directeur national des laboratoires de santé publique du Sénégal.
Au Sénégal, plusieurs cabinets médicaux réalisent des tests biomédicaux au sein de leurs structures. Dans des officines privées, le constat est aussi patent. Ayant très souvent le matériel pour le réaliser, un personnel de santé est souvent recruté ou sollicité pour faire l’opération. Dans d’autres cas, le médecin ou le pharmacien qui est un biologiste le fait. Par leur entremise, des tests sont envoyés à l’étranger pour être effectués. Dans les hôpitaux publics, en l’absence de test disponible par manque souvent de réactifs, les médecins ou des prestataires orientent les patients dans le privé.
Interpellé sur cette question lors de la validation du programme spécial de développement des laboratoires du Sénégal, le directeur national des laboratoires de santé publique, le professeur Moctar Dièye, a laissé entendre que « ce qui se passe dans ces cabinets médicaux, c’est que parmi eux, il y a ceux qui font du laboratoire. Et cela n'est pas autorisé».
Selon le professeur Dièye, ces cabinets ont reçu des agréments du ministère de la Santé pour pratiquer des actes médicaux, tels que la consultation, la chirurgie, la prescription entre autres. « Nous travaillons pour que cela cesse. Si vous avez des laboratoires qui ne sont pas autorisés, les résultats qui seront issus de ces analyses ne sont pas forcément fiables. Et c'est quelque chose de très dangereux pour les populations qui les fréquentent ».
Et de poursuivre : « vaut mieux ne pas donner des résultats que de donner ceux qui sont erronés. Aujourd’hui, le médecin se base toujours sur ces résultats pour le traitement du patient. Si vous dites que quelqu'un a de la Covid-19 alors qu'il ne l'a pas, cela pose problème. Il faut que les gens se conforment à la réglementation». Le médecin ou le pharmacien biologiste est donc habilité à faire des actes de laboratoire. Cependant, s’ils décident d’ouvrir leur cabinet médical ou leur pharmacie, ils doivent se conformer à la réglementation qui dit que le pharmacien d’officine privé doit se limiter à la vente de médicament, le conseil et le médecin à la consultation et la prescription. Toutefois, il faut dire que dans le secteur privé, il y a des cabinets dédiés aux analyses. Ces derniers ont reçu des agréments rien que pour réaliser des tests. «Ces cabinets médicaux doivent travailler sous la responsabilité et sous la surveillance d'un laboratoire de biologie médicale agréé qui va valider les résultats », a déclaré le directeur des laboratoires de santé publique.
Et de renseigner : « j'appelle la population à faire attention. Les laboratoires agréés sont sur internet avec des numéros d'agrément et ils sont inspectés régulièrement. Là oui, on peut garantir la fiabilité des résultats des analyses. Et si on le fait ailleurs, on ne peut pas certifier la fiabilité des tests rendus ».
29 MILLIARDS CONTRE L’INSUFFISANCE DE LABORATOIRES BIOMEDICAUX,
« Les laboratoires biomédicaux ne permettent pas toujours d’éclairer les médecins, et sages-femmes dans leurs diagnostics ». Cette assertion est du professeur Amadou Moctar Dieye, directeur national des laboratoires de santé publique du Sénégal
« Les laboratoires biomédicaux ne permettent pas toujours d’éclairer les médecins, et sages-femmes dans leurs diagnostics ». Cette assertion est du professeur Amadou Moctar Dieye, directeur national des laboratoires de santé publique du Sénégal. Il s’exprimait hier, lundi 18 septembre, lors de la rencontre de présentation du programme spécial de développement des laboratoires qui sera inscrit sur une période de quatre ans pour un montant de plus de 29 milliards.
La disponibilité et l’accessibilité des services de diagnostic et de laboratoire sont indispensables à la prise en charge des patients, à la prévention des maladies et à la recherche. Malheureusement, tous les hôpitaux du Sénégal n’en disposent pas. Ils sont soit confrontés à une disponibilité de personnel qualifié dont des pharmaciens ou médecins biologistes, techniciens supérieurs en biologie médicale, médecins anatomo- pathologistes, de plateau technique ou encore de réactifs. Dans plusieurs structures de santé du pays qui en disposent, peu respectent les normes internationales de qualité au sein des laboratoires. Dans les structures de niveau 3, certaines analyses essentielles sont envoyées à l’étranger car non disponibles dans tout le pays. Consciente de tous ces manquements, la direction nationale des laboratoires de santé publique a présenté hier, lundi, son programme spécial de développement des laboratoires d’expertise biomédicale pour validation. Un programme qui cherche, selon les acteurs, à rétablir l’équité et à doter le pays d’un personnel qualifié suffisant et de mise à niveau des laboratoires en équipements nécessaires pour réaliser les analyses et pour l’application des bonnes pratiques de gestion de la biosécurité garantissant la protection de la santé humaine et de l’environnement. Pour le professeur Amadou Moctar Dièye, directeur national des laboratoires, la situation actuelle ne permet pas toujours aux laboratoires biomédicaux d’éclairer les médecins et sages-femmes dans leurs diagnostics. « Dans nos laboratoires, il y a des problèmes de ressources humaines qui ne sont pas suffisantes ou qui ne sont pas très bien réparties. Les laboratoires demandent des biologistes, hors dans certains, il n'y en a pas. Donc, il y a un problème de ressources humaines qui se pose. Mais, il y a aussi la disponibilité d'infrastructures. Dans certaines structures sanitaires, les bâtiments qui les hébergent ont été construits depuis des années. D’autres ne respectent pas forcément les normes architecturales. Il y a autant d'actes qu'il faut poser pour avoir des laboratoires beaucoup plus performants», a-t-il fait savoir. Pour le professeur Dièye, des gaps ont été identifiés. « Nous voulons augmenter la masse critique de biologistes et cela aiderait à renforcer le système des laboratoires».
90% DES ACTIVITES DANS LES LABORATOIRES SONT CELLES DE ROUTINE
Dans les laboratoires des structures de santé, l’accent est souvent mis dans les activités de routine. Peu font de la recherche pour booster la prévention. Un constat qui a amené le professeur Dièye à affirmer : « 90% voire plus dans nos laboratoires, ce sont les activités de routine à savoir quand quelqu'un est malade, il fait un bilan. Ce sont ces activités de biochimie et d'hématologie qui constituent presque plus de 90 % de nos activités de laboratoires. Nous sommes appuyées par des partenaires techniques et financiers qui mettent l'accent sur les épidémies. Et nous pensons que nous pouvons élaborer notre propre plan dans lequel nous allons prendre en compte aussi bien les activités de routine que les épidémies mais aussi les autres maladies courantes».
LE SENEGAL VERS L’AUTONOMIE
Pour le ministère de la Santé et de l’action sociale, le Sénégal a l’avantage de disposer d’un réseau dense de laboratoires biomédicaux publics et privés, civils, militaires et paramilitaires, à tous les niveaux de la pyramide sanitaire qui sont implantés dans les centres de santé, des établissements publics de santé de niveaux 1, 2 et 3, les universités et les instituts dont les principales activités sont le diagnostic, la recherche, la formation et la surveillance épidémiologique
Cependant, il a estimé que pour instaurer la couverture sanitaire universelle et atteindre les objectifs de développement durable liés à la santé, il est indispensable d’améliorer la disponibilité des services de diagnostic et d’en élargir l’accès. « Cependant, certaines faiblesses sont notées dans nos systèmes de laboratoires surtout lors de la gestion de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19). C’est pour éviter ces genres de situation que nous devons disposer de services de laboratoire les plus performants possibles » a souligné le conseiller technique du ministère de la santé, Docteur Mamadou Sarr.
Et de poursuivre : « C’est donc pour mieux nous préparer aux futures pandémies mais aussi pour améliorer la prise en charge des patients que le Sénégal s’est engagé à élaborer et à mettre en œuvre un Programme spécial de Développement des Laboratoires, pour la période 2024-2028. Il devrait servir de base pour notre pays pour disposer d’un système de laboratoire capable de prendre en charge le diagnostic des maladies de routine mais également des maladies à potentiel épidémique, partout sur le territoire national. »
LES ACTEURS DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE EN ATTENTE DE CADRE JURIDIQUE
La pratique de la médecine traditionnelle est toujours à l’état anarchique au Sénégal. Des cabinets sont ouverts un peu partout dans le pays, des tables installées dans chaque coin de la rue
La pratique de la médecine traditionnelle est toujours à l’état anarchique au Sénégal. Des cabinets sont ouverts un peu partout dans le pays, des tables installées dans chaque coin de la rue. Des consultations se font sans un cadre juridique clair, des prescriptions causant dans la majorité des dommages sanitaires dans la prise en charge de certaines pathologies. Malgré un département au ministère de la Santé et de l’action sociale pour la médecine traditionnelle, son organisation semble toujours figée, en dépit de l’annonce d’une loi sur l’exercice de cette pratique.
Selon la définition de l’Organisation mondiale pour la santé (Oms) la médecine traditionnelle est la somme totale des connaissances, des compétences et des pratiques que des cultures autochtones et différentes ont utilisées au fil du temps pour préserver la santé et prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies physiques et mentales . Cette pratique est incontournable dans la prise en charge de la couverture maladie universelle en Afrique. Au Sénégal, une bonne partie de sa population, soit 80%, se soigne à base de plantes ou consulte les tradipraticiens en cas de maladie. La médecine traditionnelle est souvent le premier recours et le dernier après un désespoir dans la médecine moderne. Au Sénégal, conscient de l’importance de cette pratique de la médecine pour la population, une cellule médecine traditionnelle a été créée en 2014 au sein du ministère de la Santé et de l’action sociale avec comme mission, d’impulser et de promouvoir la médecine traditionnelle dans le système national de santé préventif et curatif; d’organiser l'exercice et la pratique de la médecine traditionnelle à tous les niveaux; de coordonner et suivre la mise en œuvre des activités de la médecine traditionnelle mais aussi de coordonner l'élaboration des textes législatifs et règlementaires régissant la médecine traditionnelle qui prend en compte le médicament et le traitement. Cependant, elle se heurte aux charlatans qui sapent le travail de toute une génération rendant la crédibilité des tradipraticiens en doute ou en péril. Dans cette mêlée, il est souvent difficile de différencier le tradipraticien du charlatan. Selon le coordonnateur de la médecine traditionnelle au sein du ministère de la Santé et de l’action sociale, le professeur Emmanuel Bassène, la reconnaissance d’un traditipraticien se fait par sa communauté. « La médecine traditionnelle est souvent un héritage. Au sein de la communauté, leurs habitants les connaissent et c’est grâce à eux qu’on peut déterminer qui l’est et qui ne l’est pas». En l’absence d’un cadre juridique clair, les tradipraticiens ont essayé de s’organiser au niveau communautaire, régional et national afin d’assainir le milieu. Seulement, ils se heurtent à la présence « de guerrisseurs étrangers » qui mettent les gros moyens dans le domaine de la communication pour se faire connaitre et connaitre leur produit. Cette pratique est décriée par les praticiens de la médecine moderne qui enregistrent des cas graves dans certaines pathologies du foi, du cœur ou encore de l’estomac après une consultation chez eux. Un problème de dosage est décrié dans la prescription aggravant l’évolution de la pathologie en traitement. Pour Gaoussou Sambou, président de la Fédération des tradipraticiens du Sénégal, ce métier leur tient à cœur. « Il n’y a toujours aucune voie pour légaliser et encadrer le travail des tradipraticiens. Depuis 2006, nous attendons la loi sur la réglementation de la médecine traditionnelle. L’attente a trop duré» a fait savoir M. Sambou.
LE CHOIX DU SENEGAL
Le Sénégal, tout en œuvrant au développement de la médecine traditionnelle, s’est fixé comme objectif à court terme de développer la médecine moderne par les plantes, c’est-àdire la phytothérapie en phase avec l’Organisation mondiale de la santé. Grâce à la disponibillité d’assez de résultats scientifiques sur les plantes locales avec des résultats qui rassurent quant au développement de médicaments à base d’extraits de plantes selon nos autorités sanitaires, ce secteur est en phase d’expérimentation. Des produits étant disponibles, il reste le cadre juridique. Au sein du ministère de la Santé et de l’action, le document de politique nationale de médecine traditionnelle et de phytothérapie en a défini les axes stratégiques qui seront mis en oeuvre. Il s’agit de deux textes élaborés grâce au soutien du Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Emergeant dont le projet d’arrêté portant création de la commission de la pharmacopée et du formulaire national, et le projet d’arrêté fixant les conditions d’octroi de l’Autorisation de Mise sur le Marché des Médicaments à base de plantes.) Pour le professeur Bassène Il n’y a que la phytothérapie qui peut permettre à la médecine traditionnelle de s’imposer et d’évoluer. « La phytothérapie peut permettre de créer un cadre, de normaliser. Elle a les mêmes canevas de normalisation que la médecine moderne. Or, dans la médecine traditionnelle, chacun à sa façon de faire. C’est possible qu’on parvienne à des consensus grâce à la phytothérapie » a-t-il avancé.
L’ASSAINISSEMENT DU MILIEU
En 2016, le gouvernement avait validé en conseil des ministres le projet de loi pour l’encadrement de l’exercice de la médecine traditionnelle. Le texte devrait être soumis aux parlementaires la même année pour une validation, mais, il est toujours dans les tiroirs à cause de l’opposition des praticiens et des pharmaciens. A terme, il était attendu « qu’un médecin traditionnel devra obtenir une autorisation du ministère de la Santé pour exercer ». Un projet de loi qui selon les acteurs de ce plaidoyer, instaure « l'obligation de se spécialiser dans un domaine et interdit donc de proposer des soins pour plusieurs types d'affections ». Pour les plantes médicinales, « leurs propriétés et les dosages à indiquer seront établis par un laboratoire de contrôle. Les médicaments de la médecine traditionnelle devront ainsi obtenir une autorisation de mise sur le marché». Alors que le texte devait être sur la table des parlementaires, les professionnels de la santé avaient apposé leur veto en dénonçant un texte «dangereux» et ont prévenu le chef de l’Etat d’un «crime rampant» intenté contre le peuple si toutefois ce projet est voté. Les blouses blanches déploraient le fait que le texte ne fait pas la différence entre le médecin, le chirurgien, le pharmacien. L’Inter-ordre des professionnels de la santé qui regroupe l’Ordre des médecins, des chirurgiens-dentistes, des pharmaciens et des docteurs vétérinaires, est le garant des règles déontologiques et des pratiques médicales.
L’OMS SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Pour l’Oms, le recours à une médecine traditionnelle de qualité peut faciliter la fourniture de soins de santé, en particulier dans les zones rurales éloignées où les systèmes de soins de santé conventionnels sont limités. Ainsi, à l’ouverture en Inde d’un sommet mondial sur la médecine traditionnelle en août dernier, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a invité ses Etats membres à formuler des recommandations spécifiques, fondées sur des données probantes et exploitables. Celles-ci pourront ainsi servir de base à la prochaine stratégie mondiale de l’Oms en matière de médecine traditionnelle. « Je vous invite à faire de cette réunion le point de départ d’un mouvement mondial visant à libérer le pouvoir de la médecine traditionnelle grâce à la science et à l’innovation », a déclaré Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, relevant les énormes contributions à la santé humaine apportée par la médecine traditionnelle. Pour le chef de l’OMS, la médecine traditionnelle n’appartient pas au passé. Elle fait l’objet d’une demande croissante dans tous les pays, toutes les communautés et toutes les cultures. «À un moment ou à un autre de notre vie, la plupart d’entre nous auront recours à une forme ou à une autre de médecine traditionnelle », a-t-il affirmé..
DAKAR, HOTE DE SOMMITES MEDICALES AFRICAINES ET DU MONDE
L’Association Galien Africa a organisé une conférence de presse en prélude à la 6ème Edition du Forum Galien Afrique et de la 3ème Edition du Prix Galien Afrique,
En prélude à la 6ème Edition du Forum Galien Afrique et la 3ème Edition du Prix Galien Afrique, l’Association Galien Africa a organisé une conférence de presse en présence du Professeur Awa Marie Coll Seck, Présidente de l’Association Galien Africa. Occasion pour présenter les différents contours du dit forum
L’Association Galien Africa a organisé une conférence de presse en prélude à la 6ème Edition du Forum Galien Afrique et de la 3ème Edition du Prix Galien Afrique, Ce forum Galien va se dérouler en Afrique, en terre sénégalaise du 03 au 07 Octobre 2023, et Dakar sera la capitale africaine de la santé, de l’innovation et du leadership des femmes et des jeunes.
Mme la Ministre d’Etat, Professeur Awa Marie Coll Seck, Présidente de l’Association Galien Africa revient sur l’objet de cette rencontre : « nous sommes réunis aujourd’hui en conférence de presse pour parler de la 6ème Edition du Forum Galien Afrique qui est un forum scientifique, une plateforme d’échange entre Africains pour les Africains et pour l’Afrique. Nous sommes ouverts à toutes les personnes, à tous les experts qui ont une expérience en Afrique, qui comprennent notre contexte et qui peuvent nous aider à aller de l’avant. Il y’a également en plus de ce forum un prix : le prix Galien Afrique. La thématique que nous avons choisie cette année, puisque chaque année il y’a une thématique, ce sont les maladies non-transmissibles. Aujourd’hui, en Afrique, il y’a une épidémie silencieuse, rampante c’est une épidémie des maladies non-transmissibles comme le diabète, l’hyper tension artérielle, les maladies cardiovasculaires en général, les Avc, les problèmes néphrologiques du rein, les problèmes d’addiction. Il y’a énormément de choses qui sont liés la plupart du temps, il faut le dire, à un comportement qui a été à l’origine de ces maladies ».
Et d’ajouter : « Nous avons un prix aussi, c’est la 3ème fois que l’on propose ce prix-là et tout cela est fait sous le patronage du Président de la République qui a vraiment accepté que ce Galien d’une manière générale, le forum ou le prix, se fasse au Sénégal et il nous a donné l’infime honneur de gérer ce forum et ce prix. Je suis là avec les collaborateurs qui sont tous spécialistes dans leurs domaines mais qui, aujourd’hui, interviennent au niveau du forum Galien soit comme partenaire, le ministère de la Santé, soit membre du comité scientifique international, soit membre de ce que l’on appelle chez nous la taskforce Galien puisque il y’a des personnes qui travaillent depuis plusieurs années pour que nous puissions faire un forum et un prix qui soit à l’honneur du Sénégal mais à l’honneur de l’Afrique ». En effet, le Prix Galien Afrique quant à lui consacre l’excellence et l’innovation. Il a pour but de primer les chercheurs, les institutions et industries pharmaceutiques du secteur public ou du secteur privé. Il récompense plusieurs catégories : le meilleur produit pharmaceutique ; le meilleur produit de tradi-thérapie ; le meilleur produit biotechnologique ; la meilleure technologie médicale ou solution digitale (dispositif médical, de diagnostic, e-santé, télémédecine, dossier patient, etc.). Et le Professeur Awa Marie Coll Seck de préciser : « Chaque prix est doté d’un montant de 20 millions de FCFA. Nous attendons près de 3000participants.Sousunformathybride, il s’agit de 500 personnes en présentiel et plus de 2000 en virtuel ».
PRES DE 45% DES DECES AU SÉNÉGAL, EN 2022 DUS AUX MALADIES NON TRANSMISSIBLES
Les maladies non transmissibles (MNT) ont été responsables de 45% de l’ensemble des décès survenus au Sénégal en 2022, a indiqué le directeur de la santé publique, Barnabé Gning.
Dakar, 12 sept (APS) – Les maladies non transmissibles (MNT) ont été responsables de 45% de l’ensemble des décès survenus au Sénégal en 2022, a indiqué le directeur de la santé publique, Barnabé Gning.
“Le Sénégal n’est pas épargné par le fléau des MNT. A l’heure actuelle, les données montrent que les MNT ont été responsable de 45% de l’ensemble des décès survenus dans notre pays en 2022”, a-t-il dit, lundi, en marge de la conférence de presse de lancement du 6e forum Galien Afrique et du troisième prix Galien Afrique, prévus du 3 au 7 octobre, au King Fahd Palace. Cet événement a pour thème principal : “Les maladies non transmissibles : l’Afrique en lutte !”.
Plusieurs rencontres scientifiques, notamment pour les jeunes et les femmes, sont prévues à l’occasion de cet évènement auquel sont attendus plus de 3000 participants.
Parmi ces MNT, a-t-il précisé, il y a les maladies cardiovasculaires dominées par l’hypertension artérielle (HTA). »La mortalité globale des maladies cardiovasculaires au Sénégal est estimée à 48% en 2019, chez les moins de 70 ans », a ajouté le directeur de la santé publique .
Il a indiqué que pour le diabète et les affections respiratoires, le Sénégal est à »3 % de décès pour chacune de ces maladies ».
S’agissant des cancers, a-t-il poursuivi, »nous n’attendons pas moins de 12.000 nouveaux cas chaque année au Sénégal, avec une prédominance des cancers du col de l’utérus, du sein, du foie, de la prostate et de l’estomac’’.
Il a salué les efforts de l’Etat du Sénégal qui, selon lui, a lourdement subventionné la prise en charge des cancers.
Concernant les maladies rénales chroniques (MRC), il a rappelé qu’elles touchaient déjà en 2023, entre 20.000 et 30.000 patients parmi lesquels 2000 à 4000 étaient au stade terminal.
M. Gning a fait part d’un taux de détection faible de l’hémophilie, une maladie pour laquelle seuls 322 cas sont dépistés et régulièrement suivis, sur 1600 cas attendus. Quant à la drépanocytose, a-t-il encore indiqué, son taux de prévalence est estimé à 10% dans la population.
Pour sa part, le président du comité scientifique du forum Galien Afrique, Amadou Gallo Diop, a alerté sur l’âge relativement jeune des patients qui fréquentent les structures sanitaires. »Nos lits d’hospitalisation et nos centres de suivi sont fréquentés par des personnes de plus en plus jeunes qui sont atteints par ces MNT », a-t-il fait savoir, indiquant que plus de 50 % des malades des MNT »ont moins de 50 ans’’.
Il a invité les jeunes à »une adhésion maximale » à la lutte contre ces maladies non transmissibles.
M. Diop, par ailleurs directeur général de la recherche et de l’innovation au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, a indiqué que ‘’les addictions à l’écran touchent aujourd’hui des enfants âgés de 5 à 6 ans, installant ainsi de nouvelles pathologies cognitives, mentales et intellectuelles chez les enfants’’.
Il a dénoncé l’accès à l’alcool, au tabac et à d’autres substances nocives, devenu extrêmement facile aux alentours de tous les lycées et collèges.
Le Professeur Awa Marie Coll, présidente du CN-ITIE, le secrétaire général de l’Association Galien Africa, le professeur Ibrahima Seck, entre autres personnalités, ont pris part à la conférence de presse de lancement du forum Galien Africa.
ÉPIDÉMIE DE CHIKUNGUNYA : PLUS DE 100 CAS DANS LA REGION DE KEDOUGOU
Des campagnes de sensibilisation et de prévention de la maladie de chikungunya auront lieu dans la région, selon Ismaïla Ndiaye.
La région de Kédougou (Sud-est) a franchi la barre des 100 cas de chikungunya depuis l’apparition de cette maladie sur son territoire au début de ce mois, a déclaré à l’APS le responsable du service régional de l’éducation et de l’information pour la santé, Ismaïla Ndiaye.
Trois cent soixante-dix cas suspects ont été recensés sur le territoire régional, selon M. Ndiaye. Il rappelle qu’un plan de riposte a été mis en place par la direction régionale de la santé de Kédougou pour détecter et recenser les cas de chikungunya. ‘’Nous avons élaboré un bon plan de lutte, pour une recherche active des foyers de contamination de la maladie de chikungunya’’, a assuré M. Ndiaye, précisant que la région médicale surveille la zone, l’aéroport de Kédougou notamment.
Des campagnes de sensibilisation et de prévention de la maladie de chikungunya auront lieu dans la région, selon Ismaïla Ndiaye. Le docteur Ababacar Mbaye, directeur régional de la santé de Kédougou, a annoncé, le 16 août dernier, que 47 cas de chikungunya avaient été recensés dans cette région en moins de deux semaines. ‘’Nous avons une épidémie […] de chikungunya, une maladie transmise par un vecteur qui ressemble à celui du paludisme par sa manifestation clinique. La chaleur qu’engendre cette fièvre peut dépasser 38 degrés, en plus des douleurs articulaires et musculaires, des céphalées aussi’’, a-t-il expliqué
Les cas de chikungunya ont été recensés dans les départements de Kédougou et Saraya. ‘’Les premiers cas ont été enregistrés à Dalaba et dans d’autres postes de santé du district sanitaire de Kédougou. Nous avons reçu ce matin 27 autres cas du district sanitaire de Saraya’’, a déclaré M. Mbaye.
Il assure que la direction régionale de la santé a pris les mesures nécessaires pour le traitement et le suivi des patients. ‘’Nous allons leur donner des antalgiques, tous les jours, pour faire descendre la fièvre. Nous avons prescrit un repos à toutes les personnes malades’’, a-t-il dit.
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TRIPLE PEINE POUR UN JEUNE COUPLE
Comment un bébé se retrouve-t-il dans une machine à laver et les parents empêchés de voir le corps ? Pourquoi l’hôpital a trainé à annoncer la mort du bébé ? Pourquoi le corps est sorti sous scellé de l’hôpital à l’insu des parents. Un récit glaçant
Un enfant prématuré qui naît sain et sauf au grand bonheur de ses parents. Le bilan de santé du nourrisson se révèle excellent. La nouvelle maman se trouve en pleine forme après la délivrance. Ce n'est que du bonheur.
Étant donné sa prématurité, le bébé est d’abord gardé aux « bons soins » du personnel de santé, le temps d’une rapide retour à la maison.
Des entrailles de sa mère, le nouveau-né est passé à la couveuse, puis de la couveuse à la salle dite kangourou, sans encombre. Mais ce bonheur ne sera que de courte durée pour le jeune couple.
Dieu ou la nature, - c’est selon -, a fait bien fait sa part. Quid des humains ? Deux jours après, terrible coup de tonnerre sur la tête des parents. Comme si leur monde s'effondre, bébé est donné pour mort à l’hôpital. Premier choc, alors que famille et proches sont déjà informés de l’arrivée du bébé.
Le jeune couple lui-même attendait un retour à la maison pour un corps-à-corps fusionnel avec leur bébé. Quelque temps après, le jeune couple apprend que les conditions de la mort du bébé décrites sont atrocement surréalistes. Deuxième choc encaissé.
Comme si cela n’était pas assez pour leur drame, l’accès à la dépouille leur ai refusé. Troisième choc. Les parents, tournés en bourrique pendant des jours, l’autopsie sera faite à leur insu avant même qu’ils n'aient eu l’occasion, ne serait-ce que, de porter un simple regard sur la dépouille.
In fine, c’est une triple peine. C’est ce qu’ont subi les époux Kouderin, un jeune couple totalement dans le désarroi depuis quelques semaines. Dans cette interview, Jean-François Kouderin, le père du bébé, raconte sa peine, son long chemin de croix. Un bonheur écourté.