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27 novembre 2024
Santé
PAR PATHÉ DIÈYE
INONDÉ ET CALCINÉ, UN SYSTÈME DE SANTE EN QUETE DE SAUVEURS…
Dans un pays où on hume le vent à bord d’un TER, un stade qui éblouit tout visiteur et une corniche qui met du vernis à l’éclat de l’Atlantique (...), un hôpital inondé pourrait être de l’ordre de la fiction.
Dans un pays où on hume le vent à bord d’un Train express régional (TER), un stade qui éblouit tout visiteur et une corniche qui met du vernis à l’éclat de l’Atlantique, à l’ère où le monde trépigne pour embrasser sa méta-humanité, un hôpital inondé pourrait être de l’ordre de la fiction. Mais il existe encore des pays où ces scènes romanesques font le récit du quotidien. Un peu d’anesthésie pour tenir le choc.
Nous sommes au mois de juillet, en plein hivernage. Ici, on ne danse pas sous la pluie, car après elle, à la place du beau temps, on constate de la boue, des dégâts, et des larmes bruinent comme pour proposer un refrain aux averses. Dans la capitale dakaroise et au niveau des régions, les inondations n’ont même pas épargné les hôpitaux.
Le vendredi 8 juillet 2022, de fortes pluies avaient rempli d’eau les salles des patients de l'hôpital régional de Kolda, à 679 km au sud de Dakar. Le 22 juillet, les eaux de pluie ont tenu compagnie à un patient dans un bloc opératoire àl'hôpital Aristide Le Dantec à Dakar. Les médecins étaient obligés de se transformer en techniciens de surface. Sauver une vie en raclant des eaux, cela demande bien du génie…
Cette situation alarmante soulève trois questions fondamentales : est-ce que le Sénégal met assez de ressources pour financer son système de santé ? Est-ce que ces ressources sont utilisées de manière optimale ? Est-ce que le système de santé est à la hauteur des exigences de son époque ?
D’abord, le Sénégal a fait sienne des dispositions telles que la déclaration d’Abuja de 2001 qui matérialise l’engagement des pays de l’Union africaine à allouer au minimum 15% de leur budget au secteur de la santé ou encore la déclaration de Tunis du 5 juillet 2012 des ministres des finances et de la santé des pays d’Afrique qui les engage à accélérer la Couverture Sanitaire Universelle. Si la part de la santé n’était qu’à 8% du budget national en 2017, elle est passée à 10% en 2019. Même si des efforts sont faits pour améliorer ce budget d’année en année, l’utilisation efficiente des ressources demeure un défi majeur.
Le Sénégal comptait, en 2019, selon les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), 36 hôpitaux, soixante-dix-neuf (79) districts sanitaires, cent trois (103) centres de santé, mille quatre cent quinze (1 415) postes de santé, deux mille six cent soixante-seize (2 676) cases de santé. Mais on constate que certaines de ces structures de santé sont dans des états très vétustes avec des équipements précaires. Pour ne pas tomber dans l’idolâtrie des chiffres, il est utile de rappeler qu’il manque parfois du paracétamol ou le matériel de base pour faire les premiers soins dans ces structures surtout celles qui sont dans les régions reculées. C’est la raison pour laquelle, dans le dictionnaire de l’imaginaire populaire, nos hôpitaux sont synonymes de mouroirs. Bien validé à l’académie du désespoir…
On ne pourrait pas parler des infrastructures sans évoquer les ressources humaines. Non seulement il y a des établissements de santé sans personnel suffisant d’où le phénomène des déserts médicaux, il y aussi un réel déséquilibre géographique dans la répartition des acteurs de la santé. Dakar concentre 36% des professionnels de santé soit plus du tiers au niveau national. Cette répartition déséquilibrée explique le fait que certaines installations sanitaires n’existent que de nom, sans médecin qualifié et sans entretien.
Aujourd’hui si on enregistre certains accidents dans le milieu hospitalier comme des bébés calcinés ou des blocs opératoires inondés, c’est parce que l’existant est de mauvaise qualité. Les bâtiments sont dans des états de délabrement avancé, certains ayant été construits depuis la période des indépendances. D’autres sont récemment construits, inaugurés à grande pompe, mais mal entretenus.
Ce constat interpelle aussi sur le niveau de salubrité des structures de santé. En plus de la nécessité de maintenir propres les espaces qui accueillent les patients et le personnel, la gestion des déchets biomédicaux demeure problématique dans plusieurs structures où on utilise encore de vieux incinérateurs ou des fours artisanaux ayant donc un effet néfaste sur l’environnement.
Rien qu’à travers l’état des infrastructures sanitaires, il saute à l’œil tous les symptômes d’un grand malade à qui il faut un perfusion de mise à niveau.
Lutter contre la corruption, diversifier les sources de financement, et miser sur l’entretien
Le Sénégal est un des « champions » quand il s’agit d’adhérer à des protocoles et conventions, et de rédiger des plans. Toutefois, on constate dans le pays, une mauvaise culture de suivi-évaluation et de sanction.
Comme souligné en amont, des efforts sont faits pour augmenter le budget affecté à la santé mais on ne ressent pas forcément les impacts sur le système. Donc il est nécessaire de s’attaquer aux questions de corruption et de redevabilité dans le système de santé. A ce propos, dans le document publié en février 2020 sur l’amélioration des systèmes de santéau bénéfice des populations, le think tank citoyen WATHI préconisait l’instauration « d’audits externes et internes pour assurer que les budgets sont alloués et dépensés de façon adéquate » et « l’élaboration de normes strictes de contrôle d’accès à certains équipements pour promouvoir la transparence et la reddition de comptes » afin de lutter contre la corruption au quotidien dans le milieu de la santé.
Pour diversifier les sources de financement, il faudrait affecter au secteur de la santé les ressources tirées des taxes sur les produits nocifs pour la santé, comme le tabac ou l’alcool, les taxes sur des produits de luxe et sur les transactions financières et éventuellement une taxe spéciale sur les profits des grandes entreprises.
En outre, la construction des hôpitaux modernes est essentielle au développement d’un pays, mais à la place des coups de pelle politique, il faudrait veiller à mettre à la disposition des populations des édifices de qualité avec des systèmes d’entretien pour assurer la durabilité. Le service d’entretien doit donc être considéré comme un organe incontournable au fonctionnement des établissements de santé.
Pour pallier toutes ces carences au niveau des installations physiques, recourir aux technologies modernes pourrait aider à instaurer des modes de paiements transparents, un système de traitement des dossiers plus rapide et faciliter le développement de la prévention à distance et de la télémédecine dans les zones reculées en priorité.
Il est presque impossible de relever tous ces défis sans avoir un état des lieux précis et à jour sur les besoins du système de santé. Aujourd’hui, il est difficile d’avoir des données à jour sur les finances ou sur le personnel du système de santé. Dès lors, on pourrait corriger cette faille à travers la mise en place d’une institution chargée de faire de la recherche sur le système de santé, d’identifier ses forces et ses faiblesses, et proposer des axes d’amélioration pour la mise en place de politiques publiques cohérentes et durables.
Préparer le système de santé au temps à venir
Avec une population sénégalaise qui pourrait atteindre 28 millions d'habitants d’ici 2050, un taux d’urbanisationdépassant la moyenne en Afrique de l’Ouest (40%), il est évident que les modes de vie changent. Par conséquent les pathologies liées aux maladies cardio-vasculaires, le diabète, le cancer sont de plus en plus fréquentes. Il est important pour notre système de santé d’être doté d’un mécanisme de suivi des dynamiques de la population qu’il sera appelé à prendre en charge afin d’améliorer ses capacités d’accueil, et investir davantage sur la prévention.
Cette approche prospective nous rappelle encore l’importance de la recherche. Les résultats de la recherche ne sont pas des prédictions mais offrent éventail de situations ou de scénarios possible pour mieux réagir face à une situation ou une crise. Cette exigence d’avoir des systèmes préparés à faire face aux défis d’un monde dynamique et incertain nous impose de laisser plus d’espace aux scientifiques dans les processus de prise de décision.
L’ultime recommandation c’est qu’il faut dépasser le temps des murs mal bâtis ou des hôpitaux sans électricité et être orientés sur le futur pour mieux faire face aux problèmes du présent. Pour cela, nos États devraient penser à financer des programmes de recherche prospective sur les scénarios possibles de notre système de santé d’ici 2030 voire 2050. Les résultats des recherches pourraient améliorer ou corriger les orientations de la stratégie nationale, aider à repenser la gouvernance du secteur, et même nous préparer à une médecine à l’ère de l’intelligence artificielle.
Pathé Dieye, chargé de recherche au Think Tank WATHI
«AU SENEGAL, LES MEDECINS N’ONT PAS LA CULTURE DU DROIT DE LA SANTE»
Dr Joseph Mendy, neurochirurgien, juriste et bioéthicien revient sur les obligations des patients et des soignants, les dérives pénales, les lois et règlements qui régissent l’exercice de la médecine mais aussi la gestion des cas d’urgence
Recueillis par Mariame DJIGO |
Publication 19/11/2022
Les travaux de la première Conférence africaine sur la réduction des risques en santé se poursuivent à Marrakech. Après son exposé sur le Droit de la santé et réduction du risque en santé, Dr Joseph Mendy, neurochirurgien, juriste et bioéthicien s’est entretenu avec la presse. Dans cet entretien, l’enseignant chercheur par ailleurs expert médical près des Cours et Tribunaux à Dakar est largement revenu sur les obligations des patients et des soignants, les dérives pénales, les lois et règlements qui régissent l’exercice de la médecine mais aussi la gestion des cas d’urgence.
Pouvez-vous revenir sur la problématique du droit de la santé ?
Le droit de la santé, ce sont des règles juridiques. C’est-à-dire les lois, les décrets, les arrêtés qui réglementent les activités de la santé. Et donc, l’amélioration des systèmes de santé repose en premier lieu sur la maitrise des techniques médicales, le financement médical mais également sur la maitrise des lois et règlements qui réglementent l’exercice de la médecine et le fonctionnement des structures, la formation des professionnels que ce soit les médecins, les pharmaciens ou les paramédicaux. Donc, c’est extrêmement important que tous les acteurs de la santé que ce soit les professionnels de la santé ou certaines professions connexes qui interviennent de façon ponctuelle ou permanente au niveau de la santé. Je peux prendre par exemple des économistes instruits de la responsabilité pour construire des règles pour pouvoir conduire à bien leurs missions. Au cas contraire, ce sera des manquements qui peuvent prendre l’allure des fautes que ce soient les fautes civiles comme les fautes pénales qui engagent la responsabilité des acteurs et ça peut amener à nuire aux acteurs de la santé alors que le but premier de tout acteur de la santé, c’est la réduction de la souffrance. C’est-à-dire le combat contre la maladie.
Quel est l’apport du droit de la santé dans la réduction des risques sanitaires ?
L’apport est extrêmement important. Parce que pour réduire un risque, il faut d’abord savoir à quoi renvoie le risque et qu’est-ce qui nous est autorisé à faire ? Qu’est-ce qui ne nous est pas autorisé à faire ? Rien qu’en étant en possession de ces connaissances permet d’éviter le risque au patient. Et donc, la réduction des risques, il faut maitriser les techniques médicales mais il faut aussi savoir les droits et obligations des patients et des professionnels. Parce que le risque ne concerne pas que le malade, il concerne également les internats au niveau de la santé notamment les infections nosocomiales, la contamination du personnel médical par le Sida par exemple. Ce sont des risques auxquels les personnels sont exposés. Donc, quand on veut combattre les risques, il faudrait que les différents acteurs, comme je l’ai dit à la conférence, soient instruits de l’administration de la santé, de la formation jusqu’aux obligations de soins. Qui doit prendre les soins ? Qui doit prendre tel ou tel soin ? Que dit la loi par rapport aux fonctionnements des services de santé ? On a entendu tout à l’heure l’ex-ministre de la Turquie qui disait que dans son pays, on prenait les malades en otage. Ça par exemple, c’est une dérive pénale. La dérive pénale, c’est la séquestration. Le médecin ou bien le gestionnaire d’une clinique ou d’un service de santé ne peut pas et ne doit pas garder le patient à l’hôpital contre son gré dès l’instant que le médecin a décidé que le patient doit être sorti, qu’il n’a plus besoin d’être à l’hôpital. Maintenant, le patient doit savoir que s’il va dans un hôpital, dans une clinique, il va falloir payer. En revanche, même s’il ne paie pas, le professionnel ou le propriétaire de la clinique ne peut pas le garder à l’hôpital sous prétexte qu’il n’a pas payé. Ça devient de la séquestration. Il va donc falloir saisir d’autres structures de recouvrement. C’est pourquoi, dans les structures de santé, il y a toujours un service de recouvrement pour aller chercher les factures qui n’ont pas été payés.
Quel est l’état du droit de la santé dans l’enseignement dans les universités au Sénégal ?
Je dois dire qu’il n’y a pas réellement l’enseignement proprement dit du droit de la santé. En revanche, il y a certains chapitres qui sont enseignés notamment au niveau de la médecine légale. La médecine légale, son but, c’est d’apporter l’éclairage au juge ou à l’administration pour qu’il puisse prendre les décisions pour trancher les litiges ou les cas de problématiques au niveau de la santé. Et dans cet enseignement, on enseigne une partie du droit de la santé. On nous parlera de certificat médical, de diagnostic de la mort mais le droit de la santé dépasse largement ce contexte-là et c’est pourquoi on m’a sollicité pour parler du droit de la santé dans cette conférence internationale.
Que dit la loi lorsqu’un médecin refuse d’examiner un patient tant qu’il n’a pas passé à la caisse avec tous les risques que cela comporte ?
Justement, vous avez évoqué une problématique du droit de la santé. Vous allez à l’hôpital. Quels sont vos droits à l’hôpital ? Quelles sont vos obligations ? L’hôpital a une organisation administrative qui est basée sur un financement qui vous dit voilà comment ça marche dans l’hôpital. Donc, quand vous allez à l’hôpital en tant que patient, vous ne pouvez pas imposer vos lois. Il faut que vous suiviez l’obligation administrative de l’hôpital. La deuxième question qui est fondamentale, c’est celle de la prise en charge sanitaire. Si vous êtes arrivé à l’hôpital, il y a deux cas. Si vous y êtes arrivés en état d’urgence, effectivement on ne peut pas vous exiger une quelconque participation ou bien de vous demander une formalité avant de vous prendre en charge. Dès que vous arrivez, le médecin urgentiste, son obligation contractuelle, c’est de mettre à votre disposition tous les moyens de diagnostic et de traitement dont il a besoin sans pour autant qu’il vous dise de passer à la caisse ou de remplir tel ou tel papier. Peut-être qu’il va vous demander votre nom pour vous identifier. Mais il ne peut pas vous retarder pour vous dire d’aller payer quoi que ce soit. Maintenant, à la fin de la procédure d’urgence, le patient viendra maintenant pour remplir son obligation de payer les soins. Le deuxième volet, si vous arrivé à l’hôpital et que vous n’êtes pas en état d’urgence, vous devez entrer dans l’organisation administrative de l’hôpital. C’est-à-dire quelles sont les procédures de prise en charge du patient qui ont été édictées par le ministère de la Santé et de l’hôpital. Si on vous dit que pour voir le médecin, vous devez d’abord passer par la caisse, vous le faites. Si vous ne le faites pas, alors que vous n’êtes pas en état d’urgence, l’hôpital se réserve le droit de ne pas vous traiter mais quand il s’agit des urgences, on ne peut pas attendre quoi que ce soit. Seulement, il faut le dire, l’urgence, c’est vrai que c’est le patient qui a mal mais avoir mal ne signifie pas que vous êtes en état d’urgence. C’est le médecin qui le détermine. L’obligation du médecin, c’est de soulager le patient parce que vous ne pouvez pas aller dans un hôpital, avoir mal et rester deux ou trois heures de temps sans que le médecin ne puisse vous soulager. C’aurait été en France en vertu de la loi du 4 mars 2002 relative à l’amélioration de la relation médecin-malade, le droit de ne pas souffrir, c’est un droit effectif et que le patient peut porter plainte contre le médecin du fait qu’il soit rendu chez le médecin pendant deux ou trois heures sans qu’il ne puisse le soulager.
Qu’en est-il des cas d’urgence qui sont renvoyés pour manque de place ?
Je ne suis pas en train de dire que tout est rose, que les médecins reçoivent les urgences et qu’au Sénégal, les médecins ont la culture du droit de la santé. Moi-même étant médecin, je suis confronté à ces problèmes. Des collègues peut-être qu’ils le faisaient délibérément ou bien qu’ils n’étaient pas animés de bonne foi, renvoient des cas d’urgence. C’est des cas qui existent. Ça revient à ce que je suis en train de faire aujourd’hui parce qu’un médecin ne sait pas qu’il peut aller en prison à cause de ça parce que s’il le savait, il n’aurait pas réagi comme ça. Le fait de refuser un malade en cas, pour moi, c’est ce que vous n’êtes pas vraiment instruits de vos obligations et qu’à partir de ce cas-là, vous pouvez nuire à votre carrière définitive mais ils le font. Peut-être aussi ils le savent.
Est-ce que ce n’est pas une chaine de défaillance qui aboutit à des cas de morts?
C’est ça le droit de la santé parce que l’obligation du personnel soignant, c’est l’obligation des moyens. Ce n’est pas l’obligation de résultat. En médecine, on vous dit vous devez mettre les moyens. On n’a pas l’obligation de guérir mais nous avons l’obligation de soigner qui consiste à mettre à disposition des malades tous ceux dont on dispose en matière de techniques médicales. Une fois que nous l’avons fait, on a rempli notre obligation parce que si on nous obligeait le résultat, nous tous, nous serions en prison. Maintenant, cette obligation requiert les moyens de diagnostic et de prise en charge et les moyens des structures d’hospitalisation. Nous qui sommes dans ce domaine, on sensibilise tout le monde, les pouvoirs publics comme les praticiens parce que si dans un hôpital universitaire, on vous dit que le scanner est en panne ou bien il y a que cinq ou six lits au service d’urgence qui sont occupés le week-end, le médecin ne peut pas vous recevoir. Ce n’est pas une faute. C’est un défaut de moyen et c’est l’Etat qui en est responsable parce qu’il n’a pas pu mettre en place les structures suffisantes pour accueillir les citoyens et dans certaines circonstances, on peut ester l’Etat en justice, pour fonctionnement défectueux du service public. Il va payer les dommages et intérêts mais le juge sénégalais n’a pas un pouvoir coercitif par rapport à l’Etat.
Est-ce qu’au Sénégal, les médecins ont la culture du droit de la santé ?
Ils ne l’ont pas. Même les notions qu’ils apprennent en médecine légale, ils oublient à la sortie de la faculté. Quand j’étais vice-président de l’Ordre des médecins du Sénégal, j’ai mis un système pour inciter les médecins mais ils ne venaient même pas s’inscrire à l’Ordre alors qu’en médecine légale, on leur dit pour exercer la médecine, il faut avoir le diplôme d’Etat, être sénégalais et s’inscrire à l’Ordre. Quand ils sortent, ils ne s’inscrivent pas et dès qu’ils ne s’inscrivent pas, ils sont en état d’illégalité dans l’exercice de la médecine.
Recueillis par Mariame DJIGO
(ENVOYEE SPECIALE A MARRAKECH)
L’ORDRE NATIONAL DES CHIRURGIENS-DENTISTES LÈVE LA VOIX
Une loi sur l’exercice de la chirurgie dentaire est en passe d’être votée à l’Assemblée nationale sans l’amendement de l’ordre national des chirurgiens-dentistes du Sénégal
Une loi sur l’exercice de la chirurgie dentaire est en passe d’être votée à l’Assemblée nationale sans l’amendement de l’ordre national des chirurgiens-dentistes du Sénégal. Seulement, l’ordre a renseigné n’avoir pas pu mettre la main dans ce document qui serait modifié et qui n’a pas fait l’objet d’amendement de leur part, malgré plusieurs correspondances adressées au ministère de tutelle. En point de presse hier, jeudi 17 novembre à Dakar, l’ordre a dénoncé cet état de fait et se démarque de ce projet qui enfoncerait l’exercice de cette profession.
L es Ordres de santé sont des institutions à caractère professionnel établies au Sénégal par des lois et qui ont pour mission conférée par l’État du Sénégal, la régulation et la réglementation de ces différents secteurs de la santé, ainsi que la formulation d’avis à l’adresse des pouvoirs publics en ce qui concerne la législation respective. L’Ordre nationale des chirurgiens-dentistes du Sénégal (Oncds), se sent dépourvu de cette prérogative face à la nouvelle loi sur l’exercice de la médecine qui doit passer à l’Assemblée nationale. En point de presse hier, jeudi 17 novembre à Dakar, les camarades du Dr Myriam Thérèse Arlette Dia Ntap ont décidé de faire prévaloir conformément à la loi 81- 70 du 10 décembre 1981, leur droit légitime à une relecture du projet de loi avant l’envoi pour adoption à l’Assemblée nationale, en vue de s’assurer que les différents articles dans leur formulation n’altèrent en rien les statuts et la mission ordinale, ainsi que l’excellence de la pratique dentaire au Sénégal. « « L’Oncds a appris par voie de presse, que le projet de loi relatif à l’exercice dentaire est passé en Conseil des Ministres le 12 octobre 2022. Dans un exemplaire du projet obtenu en dehors du circuit administratif et qui serait celui devant être soumis à l’Assemblée Nationale, l’Oncds a constaté que des rajouts et modifications autres que ceux proposés à l’ateliertripartite ont été apportés au texte amendé sans aucune notification préalable à notre Institution » a souligné sa présidente Dr Ntap
Pour ce projet de loi qui doit passer à l’Assemblée nationale, l’Oncds a renseigné que, suite à un atelier tripartite (Secrétariat général du gouvernement (SggMsas-Oncds), des amendements essentiellement de forme ont été relevés. Cependant, le projet de loi amendé n’a pas été partagé avec l’institution ordinale pour relecture et validation.
Devant cet état de fait, la présidente de l’Oncds a fait savoir : « une correspondance a été adressée au ministre en charge de la santé à la date du 24 octobre 2022, pour obtenir un exemplaire du projet de loi issu du Conseil des ministres aux fins d’une relecture pointue du Conseil de l’Ordre. À ce jour, VOTEDE LOI SUR L’EXERCICEDE LACHIRURGIEDENTAIRE L’Ordre se démarque et demande une relecture du projet aucune réponse ne nous a été servie. Une correspondance a de nouveau été envoyée avec le même objet le 14 novembre 2022, et la réaction des autorités ministérielles toujours attendue. Ainsi donc, l’ONCDS ignore la quintessence finale de ce projet de loi relatif à l’exercice dentaire en passe d’être adopté par l’Assemblée nationale ». L’Oncds a porté à l’attention de l’ensemble de la Nation, ce fait qui est loin d’être isolé et qui porte à croire que « le spectre de la boulimie de pouvoir persiste dans ce démembrement de l’Etat ».
Comment ne pas se préoccuper de cette tentative de nous laisser à l’occulte de la quintessence finale de ce projet de loi qui obligera tout Chirurgien-dentiste exerçant au Sénégal, assurément pendant des décennies? Comment analyser autrement ce silence du MSAS, devant la requête légitime de l’ONCDS : personne morale de droit public habilitée à donner son avis sur la législation dentaire? La mission ponctuelle de notre Ordre ne saurait être entièrement tributaire de la tutelle technique d’un service ministériel qui pourtant croule sous une charge colossale de tâches », se sont-ils demandés. Et de renchérir : « c’est vraiment le lieu de convenir tous ensemble, qu’il serait parfaitement regrettable que des bistouris mal avertis quand bien même spécialisés en légistique, procèdent à des incisions et incises relevant d’un tout autre art, inappropriées de surcroît, qui ne serviraient à tout le moins que des fantasmes désireux de mettre en veilleuse, voire d’aliéner notre Institution ordinale, en parfaite contradiction non seulement avec les directives et recommandations de l’UEMOA, mais également avec tout ce qui a trait à la régulation et à la réglementation de l’exercice dentaire et partant, de tous les autres secteurs de la santé ». Cette situation considérée comme dommageable au plan national et sous régional, voire international par cet ordre, constituerait un vecteur de recul selon lui pour la transparence et la crédibilité du système de santé nationale et ouvrirait à d’éventuels maux tels que le népotisme rampant, passe-droit, clientélisme, compérage, favoritisme.
Une telle conception ne ferait donc que finaliserle projetfuneste de réduire définitivement en toute légalité, sans coup férir, l’Oncds au statut de « géant aux pieds d’argile » car le secteur buccodentaire ne jouit d’aucune visibilité dans ce Ministère : les invitations et adresses à l’institution ordinale font fi de la juste place et de la préséance requises ».
«AU SERVICE D’UROLOGIE DE LE DANTEC, 45% DES DECES ETAIENT LIES AU CANCER DE LA PROSTATE»
Chirurgien urologue, enseignant chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Pr Yaya Sow fait un diagnostic complet du cancer de la prostate. A l’en croire, plus de 100 cas sont détectés chaque année, rien qu’à l’hôpital le Dantec.
Chirurgien urologue, enseignant chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Pr Yaya Sow fait un diagnostic complet du cancer de la prostate. A l’en croire, plus de 100 cas sont détectés chaque année, rien qu’à l’hôpital le Dantec.
C’est quoi le cancer de la prostate ?
C’est le développement anormal et anarchique d’un contingent de cellules prostatiques qui se multiplient et forment une masse qu’on appelle tumeur maligne. La prostate est une glande masculine située dans le pelvis sous le réservoir urinaire appelé vessie.
Quels sont les symptômes du cancer de la prostate ?
Au début, le plus souvent, aucun symptôme n’est noté. Le cancer évolue à bas bruit, d’où la nécessité d’un dépistage qui permet de chercher le cancer chez les hommes à partir de 50 ans. Le dépistage consiste en un examen annuel de la prostate par le toucher rectal associé à un dosage sanguin du PSA total qui est un marqueur prostatique. A un stade plus avancé, commence la symptomatologie sous forme de signes urinaires : difficultés à uriner, voire une incapacité totale d’uriner, miction fréquente, fuites urinaires, sang dans les urines. Pour les signes génitaux, il y a des douleurs à l’éjaculation ou parfois du sang dans le sperme. Il y a d’autres signes comme les douleurs pelviennes ou de la colonne vertébrale, une perte de poids ou de la fatigue, une paralysie des jambes.
Quels sont les facteurs de risque ?
L’âge est un facteur de risque, mais c’est à partir de 50 ans qu’il devient un facteur de risque pour le cancer de la prostate. Plus les sujets avancent en âge, plus le risque augmente jusqu’à atteindre un pic de fréquence le plus élevé vers 75 ans. Il y a les facteurs hormonaux et familiaux. Notamment, ceux qui ont un parent proche qui ont le cancer de la prostate sont plus à risque. Il y a aussi les facteurs génétiques, certaines personnes porteuses des gènes BRCA1 et BRCA2 ont un risque accru de cancer de la prostate. Ces gènes sont associés également au cancer du sein chez la femme. Les hommes dont la mère ou la sœur ont eu un cancer du sein sont plus à risque d’avoir le cancer de la prostate. Et enfin les facteurs ethniques : les noirs sont plus atteints que les blancs. Les asiatiques sont moins touchés. Il y a d’autres facteurs comme certains aliments (viande rouge) qui sont incriminés alors que d’autres auraient un rôle protecteur (la tomate, les fruits rouges). Le tabac augmenterait le risque de cancer agressif.
Est-ce qu’on peut avoir des statistiques concernant le cancer de la prostate au Sénégal ?
Il n’existe pas de registre de cancer fonctionnel au Sénégal, ce qui rend difficile l’estimation du nombre de personnes touchées par le cancer de la prostate. Il existe cependant des études isolées par centre. Une étude récente estimait l’incidence du cancer de la prostate à environ 100 nouveaux cas /an à Le Dantec. Nous avions fait une étude à Dantec sur les causes de mortalité dans le service d’urologie. Nous avons observé que le cancer de la prostate occupait la plus grande partie des décès. Nous avons observé que 45% environ des décès étaient liés au cancer de la prostate toutes causes confondues. Cela veut dire que le taux de mortalité pour le cancer de la prostate est élevé dans les services, et au Sénégal de façon générale. On sait que le diagnostic du cancer est tardif, ce qui fait que les patients meurent le plus souvent de leur cancer.
Qu’est-ce qui explique qu’un patient chez qui on a détecté le cancer, après traitement, rechute ?
Quand on fait le traitement du cancer de la prostate, le patient est surveillé non seulement en fonction du stade, mais aussi pour voir s’il y aura des récidives ou une progression de sa maladie. Si on avait traité le cancer dans le but de le guérir parce que c’était localisé au fur des mois ou années, on peut noter une augmentation encore du Psa qui signifie qu’il y a une récidive du cancer. Maintenant, si c’était un traitement pour diminuer l’évolution du cancer, il y a des stades où quand on traite le cancer, on ne vise pas à guérir le patient mais à freiner l’évolution du cancer. Dans ce cas, le Psa aussi baisse de façon drastique et à un moment, on peut noter que le Psa augmente. C’est lié au fait que la maladie continue à progresser ; cela veut dire que la maladie est réfractaire au traitement qui était en cours. C’est pourquoi ils sont surveillés jusqu’à 10 ans avant qu’on ne les déclare guéris.
Comment doit se passer le traitement de la prostate ?
Il dépend du stade d’évolution du cancer. Si c’est le stade de cancer localisé, la tumeur est confinée au sein de la prostate. On peut guérir le cancer par la prostatectomie totale. Elle consiste à enlever toute la prostate ainsi que les vésicules séminales lors d’une opération. Elle est parfois associée à l’ablation des ganglions pelviens (curage ganglionnaire). La radiothérapie a pour but de détruire les cellules cancéreuses localisées au niveau de la prostate au moyen de rayons délivrés par appareil externe.Dans le stade de cancer localement avancé, les structures avoisinantes sont touchées. Il nécessite une association de deux ou plusieurs traitements pour maîtriser le cancer : chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie etc… Pour le stade de cancer métastasé, il existe une atteinte des organes à distances (os, poumon,foie). Le cancer ne peut plus être guéri. On fait un traitement palliatif avec une hormonothérapie qui supprime l’hormone mâle qui est responsable de la croissance et de l’évolution du cancer. D’autres traitements comme la chimiothérapie et l’immunothérapie peuvent aussi être utilisés.
Quel est le rapport entre la fréquence de la sexualité et le cancer de la prostate ?
Quelques études ont montré qu’une fréquence élevée d’éjaculation diminuerait le risque de cancer de la prostate. De même que le fait de débuter tôt l’activité sexuelle. Mais des études plus poussées sont nécessaires pour confirmer ces constatations.
NB : «Les noms ont été changés»
CANCER DE LA PROSTATE, RADIOSCOPIE D’UNE TUMEUR FATALE AUX HOMMES
Chaque année, le Sénégal enregistre 880 nouveaux cas de cancer de la prostate et déplore 504 décès causés par cette pathologie considérée comme le quatrième cancer
Chaque année, le Sénégal enregistre 880 nouveaux cas de cancer de la prostate et déplore 504 décès causés par cette pathologie considérée comme le quatrième cancer. Devant ce sinistre tableau, le mois de novembre est dédié à la sensibilisation et à la lutte contre le cancer de la prostate qui fait des ravages chez les hommes.
Envie d’uriner anormalement fréquente, miction difficile voire douloureuse, incontinence urinaire… Voilà autant de signes qui informent sur une possibilité de cancer de la prostate. Dès lors, le sujet doit aller se faire consulter pour une prise en charge précoce afin d’éviter les complications liées au cancer de la prostate. Glande de l’appareil reproducteur masculin, la prostate est située tout juste sous la vessie. Et comme un anneau, elle entoure l’urètre, ce canal par lequel l’urine et le sperme sortent à l’extérieur du corps. Le rôle de la prostate «est de produire le liquide prostatique (une des composantes du sperme avec le liquide séminal) et les spermatozoïdes, de stocker temporairement le sperme avant l’éjaculation, puis de se contracter au moment de l’éjaculation, participant ainsi à l’expulsion du sperme». Lorsque cette membrane est touchée par des cellules cancéreuses, on parle de cancer de la prostate. Un tour à l’hôpital Dalal Jamm, la seule structure publique qui prend en charge les malades du cancer après la fermeture de l’hôpital le Dantec, permet de mesurer les ravages que cette maladie fait dans notre pays.
C’EST QUOI LE PSA ?
Sécrétée de façon exclusive par la prostate, le PSA est une protéine qui circule dans le sang. Il est possible de doser sa concentration par une prise de sang. Lorsque l’on souffre d’une maladie de la prostate (infection, adénome ou cancer), le taux de PSA augmente. Le dosage du PSA est un examen de référence pour faire le diagnostic du cancer de la prostate. Le PSA est un marqueur de l’activité de la prostate. Pour le doser, on réalise une prise de sang, les résultats obtenus étant exprimés en nanogrammes par millilitre (ng/ml). On estime habituellement que le PSA est normal lorsque son taux est de 4 ng/ml (2,5 ng/ml avant 50 ans et 6,5 ng/ml au-delà de 70 ans). Néanmoins, qu’il soit plus élevé ou plus bas ne signifie pas qu’on présente une pathologie prostatique. À lui seul, le dosage du PSA ne signifie rien. Il doit nécessairement être complété par des examens cliniques supplémentaires.
«MON CANCER EST REVENU QUELQUES ANNEES APRES MON ABLATION»
Beaucoup d’hommes contractent la maladie sans le savoir, parce que n’ayant pas de signes au début. C’est en 2016 que Abdoulaye Konaté, retraité depuis plusieurs années, vit avec la maladie. Chaque année, il se faisait consulter. C’est au cours de ces consultations de routine qu’on lui a diagnostiqué une tumeur en 2016. Agé de 72 ans et ayant eu des enfants, il a été encouragé par son médecin à faire une ablation de la prostate. Elle accepte la proposition. L’intervention effectuée en Tunisie et lui avait coûté la somme de 3 millions Fcfa. Après cette expérience, Abdoulaye Konaté pensait en avoir fini avec le cancer, mais l’année dernière, il a découvert que le «monstre» est revenu. «Je continuais à faire mes traitements et analyses de routine. A la fin de l’année 2021, ils ont découvert que le Psa était élevé et on m’a demandé de faire la radiothérapie. J’ai dépensé plus de 5 millions Fcfa depuis qu’on m’a diagnostiqué la maladie», indique le vieux retraité.
«JE N’AVAIS AUCUN SIGNE, J’AI DECOUVERT LA MALADIE PAR PUR HASARD»
Rencontré à l’hôpital Dalal Jamm, Ibrahima Mbengue indique qu’il n’avait aucun signe lorsqu’on lui a fait part de sa maladie. «J’étais en mission en France et j’en ai profité pour faire un bilan et les médecins ont découvert que le Psa était élevé. Depuis lors, je suis mes traitements. C’est pourquoi, je conseille aux hommes de faire des bilans pour voir, car on peut avoir le cancer sans s’en rendre compte».
QUAND UN AGENT DE SANTE SE SOUVIENT DE SON DEFUNT PERE
Agent médical dans une structure de la place, Mame Fatou Niang a vu son père mourir du cancer de la prostate. C’est en fin 2017 que son vieux papa qui était âgé de 80 ans a appris sa maladie. Au début, il avait le cou qui lui faisait mal. Pensant que c’était un courant d’air, il se massait avec du beurre de karité. Comme le mal persistait, le vieux a fini par raconter à sa fille que ses urines étaient maculées de sang.Ainsi, il est conduit à l’hôpital pour faire des analyses afin de connaître le niveau de Psa. «On a découvert que le Psa était élevé. C’est le début du calvaire. On devait faire tout un tas d’analyses. Certains examens devaient être faits en France. Donc nous avons dépensé beaucoup d’argent, mais son état de santé se dégradait de jour en jour. Après plusieurs hospitalisations, il a fini par être dans le coma avant de rendre l’âme en mai 2018», raconte en pleurs la dame.
PAS MOINS DE 5 MILLIARDS POUR FINANCER LA RÉHABILITATION DES CENTRES RÉGIONAUX D'APPAREILLAGE ORTHOPÉDIQUE
L’État du Sénégal est en train de s’affairer autour du projet de Réhabilitation des centres régionaux d’orthopédie et d’appareillage
Le directeur du Centre national d’appareillage orthopédique de Dakar a annoncé hier, Mardi 15 Novembre, à Kaolack la mise en disposition prochaine d’une enveloppe de 5 Milliards de frs pour le financement du programme de réhabilitation des Centres régionaux d’appareillage orthopédique du pays (Crao) .
Pour Djibril Bèye, depuis plusieurs semaines déjà, l’État du Sénégal est en train de s’affairer autour de ce projet pour son bouclage avant le passage à son financement attendu de ses bailleurs en début 2023. Dans la semaine, renseigne-t-il, il sera finalisé et soumis au bailleur qui n’attend que la partie sénégalaise pour mettre la main dans la poche. Ceci justifie en partie la tournée nationale entamée depuis hier par le directeur du centre d’appareillage orthopédique de Dakar dans les différents centres du pays pour une inspection approfondie du système de gouvernance au sein de ces unités de réhabilitation physique des personnes victimes d’une amputation ou d’une malformation quelconque aboutissant à un problème de déplacement.
C’est en effet un vaste programme qui vise à équiper les Crao en les dotant de composantes orthopédiques et intrants afin que les malades victimes d’un problème de mobilité puissent retrouver une insertion sociale et professionnelle. Puisque le Sénégal traverse aujourd’hui des moments cruciaux pour disposer à suffisance de ressources humaines qualifiées en matière de réadaptation orthopédique, avec au total 80 spécialistes pour une population de 17 millions d’habitants, le directeur du centre national d’appareillage orthopédique a pour autant fait l’annonce de la reprise de la formation d’agents.
Une formation arrêtée depuis 4 ans pour des raisons pédagogiques avant d’être rattachée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pour la spécialisation de nouvelles recrues. C’est au cours de cette année universitaire que la formation a redémarré, avec la mise en selle d’un certain nombre de desks dont celui de la médecine physique et de réadaptation, qui est la médecine spécialisée et qui se trouve à présent accompagnée par les orthopédistes et chirurgiens.
A cela s’ajoute le plan de formation qui sera lancé sans attendre sur instruction du directeur des établissements de santé. Un outil qui servira à agiter le plan de développement des ressources humaines dans le domaine de la rééducation et la réadaptation pour une meilleure prise en charge de l’ensemble des patients répartis un peu partout sur le territoire national et dans la sous-région.
LE BIEN INCOMPRIS
Au Sénégal, malgré une campagne de vaccination gratuite contre le cancer du col de l’utérus depuis 2018, des parents hésitent encore à faire vacciner leurs filles, convaincus à tort de sa nocivité.
Au Sénégal, malgré une campagne de vaccination gratuite contre le cancer du col de l’utérus depuis 2018, des parents hésitent encore à faire vacciner leurs filles, convaincus à tort de sa nocivité.
La polémique sur la nocivité du vaccin du col de l’utérus qui concerne les filles âgées de 9 à 14 ans ne recule pas au Sénégal. Ce sujet préoccupe bon nombre leurs parents. Car en dépit de la grande campagne de vaccination et de communication initiée par l’Etat du Sénégal qui encourage vivement la vaccination des adolescentes, ce vaccin est loin de faire l’unanimité. Bintou Ndiaye, cette mère de famille est catégorique. Pas question de vacciner sa fille. Pour cette ménagère, elle soutient avoir lu sur les réseaux sociaux que : « des effets indésirables graves sont attendus pour ces filles qui se font vacciner comme la stérilité. C’est pourquoi je n’ai pas donné mon autorisation à l’école pour que ma petite fille soit vaccinée »
Comme elle, une autre dame qui préfère garder l’anonymat, remet en cause l’efficacité et l’innocuité du vaccin censé protéger du cancer du col. Elle reste prudente pour le moment. « Certes, je n’ai pas de raisons très valables mais je ne suis pas convaincu du vaccin. Donc, ma fille sera dispensée » ; argue-t-elle. Un motif de refus qui n’est fondé que sur des fausses informations distillées à l’ère des réseaux sociaux, analyse ce père de famille. Daouda Mbow qui a une fille âgée aujourd’hui de 6 ans est, par contre, convaincu par ce vaccin. Il est clair : « lorsque ma fille aura 9 ans, elle se fera vacciner ».
Les papillomavirus humains (HPV), virus responsable du cancer du col de l’utérus appartiennent à une famille de virus comptant plus de cent variantes. Les conséquences d’une infection peuvent, selon le type de papillomavirus, aller des verrues génitales aux cancers. Plus de 99 % des cancers du col de l’utérus sont provoqués par une infection chronique par papillomavirus.
Taux de vaccination faible
Au Sénégal, sur une cible de 200 000 préadolescentes à protéger contre le cancer du col de l’utérus au Sénégal, seules 40% ont été atteintes selon le coordonnateur du PEV au Sénégal Dr Ousseynou Badiane. Il informe que le débat sur le vaccin contre le papillomavirus a commencé dès son lancement en Octobre 2018 car il y a eu : « beaucoup de polémiques ici au Sénégal. Ce qui a causé une crise après le lancement de la vaccination. Il y avait beaucoup de fakes news et beaucoup de réticences ». Et pourtant, le programme avait réussi à prendre le dessus sur cette campagne de désinformation à travers une bonne sensibilisation auprès des populations cibles au début. Le spécialiste en santé publique assure que : « on avait pu atteindre notre objectif qui était de vacciner au moins 90% des filles qui ont été ciblées. On avait eu une couverture de 94% ».
Mais c’était sans compter avec l’apparition du premier cas de Covid-19 au Sénégal en mars 2020. Avec son lot de restrictions comme le confinement, la pandémie a plombé tous les efforts selon Dr Ousseynou Badiane « puisqu’on avait demandé aux gens de rester chez eux ».
La journaliste Marie Rosalie Ndiaye qui anime « Allo Docteur », une émission dédiée aux questions de santé publique à Sud Fm, la première radio privée du Sénégal confirme. Elle déclare que : « la campagne de vaccination n’a pas beaucoup attiré surtout du côté des parents. Cette fois-ci la réticence ne se trouve pas seulement sur les parents illettrées même les personnes instruites étaient réticentes. C’était dû au fait que dès le début de cette campagne, la communauté scientifique ne parlait pas le même langage par rapport aux résultats du vaccin. Il y a certains médecins notamment en Europe et aux Etats Unis qui disaient qu’il faut être prudent pour le moment. Avec la Covid-19 et tout ce qui tournait autour de son vaccin, cela a renforcé la réticence ».
Ce taux national est similaire à celui de la région de Louga (677 533 habitants), une localité située à 166 Km de Dakar, la capitale. Le médecin-chef de la région de Louga Cheikh Sadibou Senghor fait le point : « à Louga, les performances ne sont pas fameuses. Au niveau de la région, nous sommes à 40% au moment où je vous parle avec des disparités au niveau des districts. Par contre, à Kébémer et Dahra, les performances se sont améliorées car il y a eu un bon plan de communication qui a été mis en place et une collaboration avec l’inspection d’académie ». Pour le médecin, les parents n’ont pas donné l’autorisation de vacciner leurs enfants. C’est la raison principale. « Habituellement, il faut que les parents donnent leur autorisation pour ces filles puissent être vaccinées. Et ça, il y a eu beaucoup de désinformation au niveau des réseaux sociaux. Beaucoup de personnes ont donné des informations concernant cette vaccination qui peut entrainer la stérilité chez les jeunes filles », explique-t-il. Il ajoute que : « la vaccination contre la Covid-19 a été un frein contre le virus responsable du cancer du col de l’utérus qui constitue un taux de mort extrêmement élevé puisque en réalité les signes liés à la présence du cancer du col de l’utérus n’apparaissent que lorsque c’est pratiquement trop tard. Ce qui veut dire que la prévention est très importante ».
L’école et les relais communautaires comme alternative
La plus importante partie de cette campagne se déroule dans les écoles où les cibles sont présentes. C’est pourquoi le ministère de la santé travaille de concert avec celui de l’éducation nationale. A l’école du camp Abdou Diassé de Colobane, la vaccination est très prise au sérieux selon le directeur de l’établissement. Birame Sylla parle d’un taux de vaccination très satisfaisant : « on est autour de 75% de filles déjà vaccinées. Elles sont généralement en classe de CM1 et CM2. En tant que directeur, je demande l’avis des parents. Par principe, je n’accepterai jamais qu’une fille soit vaccinée sans l’aval de ces parent. En cas de refus, je ne mets pas la fille sur la liste des enfants à vacciner. C’est la sage-femme du l’infirmerie du camp qui se déplace pour venir vacciner les filles après un recensement fait par nos soins ».
Cette situation contraste avec celle constatée à l’école Mbaye Ndir située dans le département de Rufisque. Mme Diallo en charge de la coordination du comité de santé de cette école nous explique que : « on avait reçu une commande de l’inspection de l’éducation et de la formation de Rufisque qui nous avait demander de recenser toutes les filles âgées de 9 à 14 ans. Ce que nous avons fait mais il n’y a pas eu de suivi. Finalement, la vaccination ne s’est pas faite dans cette école. »
A Thies, l’une des régions les plus peuplées du Sénégal, la contribution des « Bajenu Goox » (marraines de quartier) n’est pas négligeable dans la sensibilisation. Selon Adja Fatou Badiane, Présidente des Bajenu Goox de Thies, ces relais communautaires sont : « très impliquées dans cette campagne. Les Bajenu Goox procèdent au recensement des filles dans la fourchette d’âge de 9 à 14 ans dans les quartiers afin de sensibiliser les parents sur l’importance de ce vaccin à Thies ».
Pour l’heure, la prévention reste le moyen le plus efficace pour se prémunir du « papillomavirus humains » (HPV), virus responsable du cancer du col de l’utérus, qui se transmet par voie sexuelle. S’il n’est pas détecté à temps, il peut se transformer en lésions précancéreuses et évoluer en cancer du col utérin. C’est pourquoi il faut insister sur une bonne campagne de communication selon la journaliste Marie Rosalie Ndiaye qui regrette que : « les rares fois où on parle de ce vaccin, c’est à l’approche des journées dédiées alors que ça devait être fait de façon continue. Les parents même oublient puisque les autorités en parlent peu »
A côté de ces efforts du gouvernement, la Ligue Sénégalaise Contre le Cancer (LISCA) qui est un acteur clé arrive à jouer sa partition dans ce combat. Ce sont ces efforts conjugués qui rendent optimistes les autorités sanitaires qui assurent que les actions sur le terrain vont finir payer. Car il est noté que la confiance s’améliore, et les refus s’amenuisent.
DAKAR ABRITERA LE FORUM GALIEN AFRICAIN
Le Forum Galien Afrique va se tenir pour la cinquième fois au Sénégal du 6 au 10 décembre 2022. L’édition est placée sous la présidence effective de Macky Sall avec comme thème "Accélérer la marche de l’Afrique vers la Couverture Sanitaire universelle".
Le Forum Galien Afrique (Fga) va se tenir pour la cinquième fois au Sénégal du 6 au 10 décembre 2022. L’édition est placée sous la présidence effective de Macky Sall, Président de la République du Sénégal avec comme thème central retenu « Accélérer la marche de l’Afrique vers la Couverture Sanitaire Universelle ».
L’occasion sera saisie pour parler des faiblesses du système de santé en termes de manque de préparation, de riposte et surtout de résilience sanitaire et économique après la covid19. C’est pour contribuer à ces efforts de renforcement du système de santé en Afrique que le thème central du Forum Galien Afrique de cette année a été choisi par un Comité scientifique international.
Cette 5 e édition du Forum, qui attend plus de 3000 participants, sera organisée en format hybride (présentiel et virtuel) du 6 au 10 décembre 2022. Ce sera aussi, pour la deuxième fois, le moment exceptionnel de la remise des Prix Galien Afrique qui consacrent l’excellence et l’innovation. Ils seront attribués à des produits, services et initiatives très probants ou prometteurs, dans le domaine des découvertes et thérapies innovantes au service de l’humanité.
LE DIABETE SOUFFRE EN RESSOURCES
Le diabète prend de plus en plus une progression inquiétante au Sénégal. Saint Louis demeure la région la plus touchée avec une prévalence de plus de 10% contre un taux national de 3,4%.
Le diabète prend de plus en plus une progression inquiétante au Sénégal. Saint Louis demeure la région la plus touchée avec une prévalence de plus de 10% contre un taux national de 3,4%. Alors que la vieille ville réclame une unité de soins, à Ziguinchor, l’on alerte sur le déficit de spécialistes au moment où, à Sédhiou, l’on travaille pour une meilleure prise en charge et l’épanouissement économique et social des personnes diabétiques.
Le diabète est une maladie non transmissible évolutive et chronique. La maladie se caractérise par des niveaux élevés de sucre dans le sang. Elle est aujourd’hui responsable d’une lourde morbi-mortalité à travers le monde. La maladie tue à petit feu et son expansion prend une allure inquiétante. Les statistiques témoignent de l’ampleur du défi à relever, surtout pour les pays en voie de développement. En effet, 537 millions de personnes dans le monde souffrent de cette affection dont 24 millions vivent en Afrique, selon les estimations de 2021 de la Fédération internationale du diabète. Dans un discours tenu à l’occasion de la journée d’hier, la directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti, a déclaré que 24 millions d’adultes vivent actuellement avec le diabète. Un nombre qui, dit-elle, «devrait augmenter de 129% pour s’établir à 55 millions d’adultes d’ici 2045». Alors que la maladie a déjà provoqué 416 000 décès sur le continent africain l’année écoulée, en 2021, «elle devrait devenir l’une des principales causes de mortalité en Afrique d’ici 2030», a-t-elle prévenu.
St-Louis, la région la plus touchée par le diabète
Une alerte que devrait prendre au sérieux le Sénégal où le taux de prévalence est de 3,4%. Soit 400.000 personnes diabétiques. La tranche d’âge de 45 à 59 ans est la plus touchée, d’après les chiffres donnés par le chef de la division de lutte contre les maladies non transmissibles au ministère de la Santé et de l’Action sociale. Dr Malick Hann, qui cite une enquête Steps réalisée en 2015, parle d’un «taux national de 3,4%». D’après ses estimations, la maladie est plus fréquente à l’âge avancé avec un taux qui tourne autour de 7,9% à partir de 45 à 59 ans «et près de 6% à partir de 60 ans», avait dit l’endocrino-diabétologue, Dr Mbaye Sène à l’occasion de la journée du 14 novembre 2021
Cette année encore, les chiffres deviennent de plus en plus alarmants. Un problème épineux. Notamment à Saint louis, région la plus touchée, et qui a le taux de prévalence le plus élevé du pays. De 10% en 2019, elle passe à 14% en 2022. Ce qui, comme dit le secrétaire général de l’association sénégalaise de soutien aux diabétiques (Assad), antenne Saint Louis, Abdoulaye Diallo, «fait trois fois la moyenne nationale». Une augmentation qui trouverait bien son explication d’après son camarade Nidémé Sène qui pointe du doigt accusateur la dépigmentation et la prise de certains produits. M. Diallo plaide surtout pour la création d’une structure spécialisée pour la prise en charge des malades. Il trouve «paradoxal» le fait que «des régions, qui se trouvent à 3 ou 4% de taux de prévalence, aient déjà leurs unités» là où la vieille ville, qui enregistre le plus fort taux, reste encore sans unité de soins.
Alors que Saint Louis réclame une unité de soins, l’antenne de Ziguinchor «pleure» le déficit de spécialistes. Dans la région sud du pays, «le personnel est insuffisant pour ne pas dire inexistant. Il n’y a pas un diabétologue à proprement parlé. Ici ce sont des docteurs de médecine générale, pétris d’expérience et de volonté, qui accompagnent les diabétiques dans leur prise en charge. Les soignants qui reçoivent beaucoup de patients ont beau avoir de détermination et d’engagement, mais ils ne peuvent pas, à eux seuls, porter le traitement et le suivi de tous ces malades», a fait savoir Babacar Wade de l’Assad section Ziguinchor où le nombre de personnes touchées devrait inquiéter. «Si nous prenons le cas de Ziguinchor qui compte aujourd’hui plus de 10 000 diabétiques recensés dans les structures, il faut dire que 2 fois ce nombre ne vient pas dans les structures. Soit ils ne savent pas qu’ils ont le diabète, soit ils le savent mais n’ont pas les moyens d’accéder aux soins» dit-il. Une situation plus qu’alarmante vue la progression de la maladie dans le pays. A l’occasion de la journée mondiale célébrée le 14 de chaque mois de novembre, les acteurs s’accordent pour dire que la maladie continue à progresser dans le pays. Pour Baye Oumar Guèye, président de l’Association de soutien et d’assistance aux diabétiques, « aucune catégorie de la société n’est épargnée par cette maladie»
Pour une meilleure prise en charge des malades et leur plein épanouissement économique et social, le centre hospitalier régional de Sédhiou a créé officieusement une antenne sénégalaise de soutien et d’assistance aux diabétiques au sein de la structure. Ils attendent l’arrivée du président de l’Assad, le journaliste Baye Oumar Guèye, pour l’officialiser dans l’association nationale. «Nous avons fait le constat depuis quelques années. Il n’existait pas d’association de personnes diabétiques à Sédhiou. Ils étaient pris en charge individuellement. Nous nous sommes dit qu’il s’agit là d’un gap à combler. Depuis 10 jours, on est parvenu à mettre sur pied le bureau de cette association à Sédhiou. Elle est membre de l’Assad. C’est une antenne à officialiser. Le but, c’est de contribuer à la prise en charge des diabétiques. C’est vrai qu’il y a la prise en charge médicale. Mais lorsque, sur le plan social, le diabétique n’est pas accompagné, soutenu ou aider, là il va continuer à vivre mal son diabète. Nous pensons que cette antenne sera un creuset d’échange, d’entraide, de soutien entre diabétiques visant à améliorer la prise en charge. Nous espérons avoir le soutien de nos autorités médicales, ... et les forces vives pour permettre à ces personnes de bien vivre leur maladie», a plaidé le chef de service, Mamadou Lamine Diémé.
Le thème retenu pour l’édition de cette année est d’ailleurs l’ «Accès aux soins du diabète». Selon la représentante de l’Oms en Afrique de l’Ouest, Dr Moeti, ceci souligne l’importance des efforts déployés en matière de prévention et de riposte. Baye Oumar Gèye, le président de ladite association de soutien aux diabétiques, à l’occasion de la journée du 14 novembre, a magnifié les efforts consentis par l’Etat notamment la formation de plus en plus de médecins acheminés dans les différentes zones. Mais il y a un intolérable désert médical dans des zones. D’où un besoin de décentralisation et de formation spécifique au diabète, il y a encore beaucoup à faire à ce niveau.
Pour la subvention de l’insuline, dit-il, «elle passe de 300 millions en 2004 à 500 millions, nous le devons à Etat et nous le remercions. Mais il se trouve que le diabète de type 1 ne compose que 20% de la population diabétique. Les 80% qui restent sont des diabétiques de type 2 et souvent utilisent d’autres médicaments spécifiques qui coûtent chers. Ces personnes ont besoin d’être soutenues pour la prise en charge médicale et l’accompagnement. Il nous faut vivre avec le diabète en respectant les mesure de prévention». Il plaide aussi et surtout pour l’accès aux médicaments, la décentralisation de la prise en charge. «Celui de la précarité face au renchérissement des médicaments à l’insuffisance du personnelle de santé surtout dans les zones reculées», a-t-il dit dans son discours hier au centre de santé de Yeumbeul. Il a surtout demandé à l’Etat de mettre un accent particulier sur les personnes âgées.
900 enfants diabétiques sous traitement
Au niveau national, plus de 900 enfants diabétiques dont la tranche d’âge se situe entre 6 mois et 18 ans sont mis sous traitement. «Ils sont traités chaque trois mois et suivis régulièrement. Au niveau des hôpitaux Abass Ndao et Fann à Albert Royer, 100 enfants y sont suivis», a révélé, Dr Aminata Mbaye, ancienne interne des hôpitaux, pédiatre au service de diabétologie et d’endocrinologie de l’hôpital d’enfant Albert Royer de Fann.
Le problème épineux des chiffres alarmants semble déjà montrer la voie à suivre pour mieux faire face à ce fardeau qui ne cesse de constituer un réel problème de santé publique. C’est moins de sucre, plus de sport, un accès facile au traitement. Et «surtout une alimentation saine», a souligné le ministre de la Santé et de l’Action Sociale. Dr Marie Khémess Ngom Ndiaye qui exhorté à un changement de comportement sur le plan culinaire.
Grâce à un dépistage précoce, à un changement d’hygiène de vie et à un traitement adapté, il est tout à fait possible de mener une vie normale lorsqu’on est diabétique. Comme dit souvent le cardiologue Dr Oumou Kébé Dème, «Vous avez peur du cancer, pourtant le diabète est plus dangereux car il cible les organes nobles, les vaisseaux et les nerfs... «. D’où son appel à une mobilisation générale autour de la maladie...
UN CENTRE DE TRANSFUSION BIENTOT OPERATIONNEL A LOUGA
L’Association nationale des donneurs bénévoles de sang du Sénégal (Andobes) a célébré, samedi, 30 ans d’existence dans la sensibilisation pour amener plus de gens à donner un peu de leur sang pour sauver des vies.
L’Association nationale des donneurs bénévoles de sang du Sénégal (Andobes) a célébré, samedi, 30 ans d’existence dans la sensibilisation pour amener plus de gens à donner un peu de leur sang pour sauver des vies. La rencontre a été présidée par la ministre de la Santé et de l’action sociale, Marie Khemesse Ngom Ndiaye qui a annoncé la construction d’un centre régional de transfusion sanguine à Louga. L’occasion a été saisie aussi par l’Andobes pour présenter « les marcheurs de la lumière du sang » à l’autorité.
Des enfants âgés de 13 à 16 ans vont porter la sensibilisation au niveau de leurs pairs, de leurs parents et familles afin que le don de sang soit inscrit dans les habitudes des Sénégalais pour une autosuffisance en sang.
Appelés « les marcheurs de la lumière du sang », ils ont été reçus au ministère de la Santé et de l’action sociale, samedi, par la patronne des lieux, Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye en présence de la représentante résidente de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Une initiative de l’Association nationale des donneurs bénévoles de Sang du Sénégal (Andobes) qui s’inscrit dans le cadre du concept éducation au don de sang en milieu scolaire. Samedi dernier, l’occasion a été donnée à l’Andobes de célébrer son 30ème anniversaire en présence de l’autorité.
Son président Thierno Lecompte Seck, tout en se félicitant de la tenue de cette journée, a fait le plaidoyer pour plus de moyens et une augmentation de la subvention à l’endroit du Centre national de transfusion sanguine. Pour la ministre de la Santé et de l’action sociale, la contribution de l’Andobes à une plus grande disponibilité du sang est essentielle car permettant de sauver des vies. Toutefois, elle a annoncé : « mon département a engagé la mise en œuvre d’un programme de construction de Centres régionaux de Transfusion sanguine (CRTS).
Ainsi, le Centre régional de Transfusion sanguine de Louga sera très bientôt livré et les travaux de celui de Kaolack vont démarrer incessamment. Ce programme sera poursuivi pour doter toutes les régions de Centres régionaux de transfusion sanguine qui seront des structures bien équipées et capables d’assurer l’approvisionnement régulier des structures de santé de leur zone de couverture en produits sanguins de qualité ».
La ministre de la Santé et de l’action sociale a en outre rendu un hommage à l’Andobes. « En donnant votre sang et en menant des activités en faveur du don de sang, vous manifestez un altruisme, un courage et une certaine noblesse qui vous élèvent et nous rendent fiers de vous » a déclaré Dr Marie Khemesse Ngom Ndiaye. Et d’ajouter : « votre engagement et votre détermination méritent d’être salués par toute la communauté, en particulier par les professionnels de la Santé. C’est pourquoi, la célébration de cette journée est aussi un hommage bien mérité qui vous est rendu ».
Face à la montée des maladies transmissibles et non transmissibles comme les cancers, l’insuffisance rénale, Dr Marie Khemesse a fait savoir que les besoins en sang vont être de plus en plus importants dans le pays, aussi bien à Dakar que dans les autres régions car la prise en charge de beaucoup de ces maladies requiert la transfusion sanguine. « Chaque individu ici présent devra faire passer ce message et inciter ses connaissances à accepter de prendre 30 minutes de leur temps pour un don de sang et contribuer à sauver des vies. Pour cela, j’invite l’Association nationale des Donneurs bénévoles du Sénégal à intensifier la sensibilisation et à mobiliser encore plus de donneurs » a-telle fait savoir.
Et d’ajouter : « au vu du défi important qui nous interpelle, j’invite les organisations publiques et privées à s’investir dans la sensibilisation et le recrutement de donneurs pour assurer l’autosuffisance en sang de notre pays. »