Dakar, 4 déc (APS) - La dette due par l'Etat aux mutuelles de santé s'élevait à 29 milliards 565 millions de francs CFA. en octobre dernier, a indiqué, dimanche, le ministre du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Equité sociale et territoriale, Samba Ndiobène Kâ.
La dette “due aux mutuelles s’élevait à 29 milliards 565 millions de francs CFA en octobre 2022”, a-t-il dit dans des propos rapportés par un rapport parlementaire consacré au projet de budget, pour l'exercice 2023, du ministère du Développement communautaire, de la Solidarité nationale et de l’Equité sociale et territoriale.
M. Kâ, cité dans ce document, a donné le détail de la structure de cette dette, précisant que 769 millions de francs CFA concernent les subventions générales aux mutuelles de santé, alors que 19 milliards CFA sont destinés aux bénéficiaires de la Bourse de sécurité familiale et des carte d’égalité des chances.
Les frais de de remboursement de césarienne représentant 2 milliards 340 millions de francs CFA, 3 milliards 609 millions de francs CFA reviendront au Plan sésame et 2 milliards 248 millions de francs CFA relèvent du volet prise en charge des enfants de 0 à 5 ans.
“Un plan d’apurement est en cours d’élaboration'', en collaboration avec les ministres des Finances et du budget et de la Santé et de l’Action sociale, a annoncé Samba Ndiobène Kâ.
UNE QUINZAINE DE PROJETS POUR BOOSTER LA PRODUCTION PHARMACEUTIQUE LOCALE
Après les difficultés rencontrées dans l’approvisionnement en produits médicaux, liées à la pandémie de la Covid-19, le Sénégal va lancer une quinzaine de projets pour la relance de l’industrie pharmaceutique locale.
Dans le cadre de l’amélioration de l’accès aux produits médicaux et de la relance de la production pharmaceutique locale, une quinzaine de projets publics et privés déjà ficelés seront mis en œuvre au Sénégal. C’est ce qu’a annoncé le conseiller technique du ministre de la Santé et de l’Action sociale, en charge de la Pharmacie. C’était au cours de la 5ème édition du sommet international Global health Supply Chain, organisé par l’African Ressources Center au CICAD
Après les difficultés rencontrées dans l’approvisionnement en produits médicaux, liées à la pandémie de la Covid-19, le Sénégal va lancer une quinzaine de projets pour la relance de l’industrie pharmaceutique locale. C’est ce qu’a annoncé Aboubacrine Camara. «Nous avons ficelé une quinzaine de projets publics comme privés allant tous dans le sens de renforcer la production locale, avec un objectif précis, si possible, d’atteindre au moins 50% de nos besoins d’ici 2035. Et nous sommes dans cette dynamique. L’un des éléments qui l’expliquent, c’est le projet MADIBA pour les vaccins», a dit le conseiller technique du ministre de la Santé et de l’Action sociale, en charge de la Pharmacie. Il s’exprimait en marge de l’ouverture de la 5ème édition du sommet Globall Health Supply Chain.
Dans cette même dynamique de facilitation de l’accès aux médicaments, le projet «YEKSINA», mis en place par le gouvernement du Sénégal, va être relancé, après évaluation et constat des contraintes qui ont plombé sa mise en œuvre. Le directeur régional Afrique de l’Ouest et du Centre de l’African Ressources Center (ARC), en a fait l’annonce. Selon Ibnou Khadim Diaw, qui s’exprimait à l’occasion de la rencontre internationale sur les processus de l’approvisionnement en produits médicaux, le Sommet Global Health Supply Chain et le Forum Supply Chain pour soutenir la transformation durable de la chaine d’approvisionnement, initiée par l’ARC, beaucoup de contraintes ont plombé la mise en œuvre de ce projet. Un projet initié par l’Etat, avec l’appui de partenaires comme la Fondation Bill et Melinda Gates et la Fondation Merck For Mothers.
Une étude portant sur l’évaluation du projet a montré que le volet financier a été le principal goulot d’étranglement pour le déroulement. C’est pourquoi, dans le cadre de cette relance de «YEKSINA», une plus grande attention sera accordée à la visibilité sur la viabilité financière du projet. «Aujourd’hui, on est en train de repenser, avec les autorités, sur la relance même de YEKSINA. Mais en s’assurant de la viabilité technique et financière du modèle économique. On est dans la phase de relance, on attend que les autorités.
D’ailleurs, dans les semaines à venir, on sera avec la PNA (Pharmacie Nationale d’Approvisionnement) et l’USAID CHEMONICS pour voir dans quelle mesure relancer le projet, en ayant un contrôle sur le modèle de financement», a-t-il dit. Dans son intervention, le responsable régional de l’ARC a reconnu les difficultés dans toutes les chaines d’approvisionnement, consécutives à la pandémie de la Covid-19, avant de plaider pour le soutien à la production locale, sous régionale et à l’échelle continentale. «La pandémie a mis à nu les problématiques de la chaine d’approvisionnement…
La réflexion de cet atelier, c’est essayer de voir comment on peut retrouver notre indépendance pharmaceutique, pour commencer à produire au moins une bonne partie des produits de santé dont nous avons besoin, et ne pas dépendre que de l’étranger. Mais, là aussi, on ne va (pas) produire que pour le Sénégal, la réflexion doit aller au-delà de notre pays», a-t-il dit. Cette 5ème édition du sommet international Global Health Supply Chain a accueilli plus de 300 participants. Elle se poursuit jusqu’au 02 décembre prochain, avec un Forum sur la Transformation durable de la chaine d’approvisionnement des produits de santé en Afrique.
#FREEPAPEALÉ
À l’heure où la liberté de la presse consubstantielle à la liberté d’expression est malmenée au Sénégal, SenePlus s’élève pour dire non. Non, à une démocratie dépouillée de sa substance au profit de coteries diverses et variées
À l’heure où la liberté de la presse consubstantielle à la liberté d’expression est malmenée au Sénégal, SenePlus s’élève pour dire non. Non, à une démocratie dépouillée de sa substance au profit de coteries diverses et variées.
Le droit du public à l’information ne doit pas obéir à l’agenda politique. Il ne doit souffrir d'aucune entrave. Le journaliste a le devoir d’informer sur tout sujet d’intérêt public.
C’est malheureusement cette mission qui vaut à notre confrère Pape Alé Niang d’être incarcéré depuis le 6 novembre 2022 pour des accusations de «divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ». Autant d’artifices destinés à maquiller les faits, à la manière des démocraties d’apparat.
SenePlus prend position afin que la liberté de la presse et toutes libertés plus généralement soient préservées, en ces temps troubles pour la démocratie.
LE PALUDISME AFFECTE DAKAR
Prés de 20 000 cas dont 71 décès enregistres en 2021 dans la capitale? Depuis plusieurs mois, les cas de paludisme ont considérablement augmenté, surtout dans la capitale sénégalaise
Depuis plusieurs mois, les cas de paludisme ont considérablement augmenté, surtout dans la capitale sénégalaise. Rien qu’à Dakar, il a été recensé 19 343 cas pour 71 décès en 2021. Cette terrible révélation a été faite hier par le coordonnateur du Programme National de Lutte contre le Paludisme (Pnpl), Dr Doudou Sène qui prenait part à l’atelier de l’Association des femmes de l’Afrique de l’Ouest (Afao) en partenariat avec Speak up Africa sur le paludisme.
Le paludisme est actuellement très présent au Sénégal où 536 850 cas ont été recensés dont 400 décès. Pour parler de l’ampleur de la maladie et faire un plaidoyer pour la mobilisation des ressources, l’Afao a organisé un atelier auquel a pris part le coordonnateur du Pnlp, Dr Doudou Sène qui a révélé que les urgences des structures sanitaires sont envahies par les cas graves de paludisme. «Nous avons noté récemment beaucoup de cas de paludisme dans les structures de santé. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation. Sur le plan climatique, il y a les fortes pluies et les inondations qui l’expliquent», souligne-t-il.
Le deuxième facteur est lié à la non-utilisation des moyens de prévention dans les grandes villes. «Il est exceptionnel de voir dans les maisons les gens qui dorment sous une moustiquaire imprégnée à longue durée d’action (Milda) qui est l’arme fatale pour se protéger contre le paludisme», affirme Dr Doudou Sène qui indique que le troisième facteur est le non-respect, en cas de fièvre, de se rendre dans une structure de santé. «Quand on a une fièvre et qu’il s’agit du paludisme, le moustique responsable de la transmission de la maladie, qui est l’anophèle femelle, est toujours présent dans la concession. Si on ne prend pas tout de suite le traitement, il va piquer et transmettre à une autre personne et cela va continuer comme cela. Il est important que celui qui a le paludisme soit traité rapidement pour éviter de contaminer une autre personne», recommande-t-il.
S’agissant du bilan global, il a été constaté que Kédougou, Kolda et Tambacounda constituent encore des défis majeurs par rapport à l’élimination du paludisme. «Nous sommes en train de faire une analyse situationnelle et de faire du cas par cas pour Dakar, mais aussi des investigations pour comprendre un peu plus les mécanismes. Sur instruction de la ministre de la Santé, nous sommes en train de nous réunir pour voir les dispositions à prendre», dit le coordonnateur du Pnlp. A Dakar, explique-t-il, la baisse de l’immunité de la population va faciliter la multiplication des cas graves de paludisme. «Si vous restez 10 ou 15 ans sans faire de paludisme, il y a une baisse de l’immunité. Donc, si on fait un paludisme, cela peut être rapidement grave. Il faut aussi que le personnel de santé respecte les directives pour la prise en charge du paludisme», soutient Dr Doudou Sène qui se désole du manque de ressources financières pour lutter contre le paludisme.
Ainsi, il invite les entreprises, dans le cadre de leur RSE, à mobiliser des ressources financières pour aider l’Etat. «Sur le plan mondial, 3% du Pib est souvent impacté par le paludisme. D’où la nécessité pour les entreprises de s’engager», soutient-il avant de révéler que le plan stratégique 2020-2025 de la lutte contre le paludisme est estimé à plus de 246 milliards.
LA «DECLARATION DE DAKAR» ADOPTEE PAR L’UAM
Dans un document intitulé la ‘’Déclaration de Dakar’’, l’Union africaine de la mutualité a fait plusieurs recommandations et dévoilé ses ambitions pour une bonne couverture sanitaire en Afrique
Dans un document intitulé la ‘’Déclaration de Dakar’’, l’Union africaine de la mutualité a fait plusieurs recommandations et dévoilé ses ambitions pour une bonne couverture sanitaire en Afrique
Pendant cinq jours, les organisations membres du Comité directeur de l’Union africaine de la mutualité (UAM) ont tenu leurs journées de réflexions au cours de laquelle 24 recommandations ont été faites dont la promotion de la santé préventive. Une des recommandations a porté sur l’amélioration de l’attractivité des établissements sanitaires publics en vue d’une généralisation de la couverture sanitaire universelle.
Le thème de ces journées de réflexions a porté sur : ‘’la généralisation de la couverture sanitaire universelle post Covid-19 : enjeux et défis en Afrique’’. Lors de cette rencontre à laquelle ont pris part 30 organisations mutualistes venues de 14 pays africains, il a été adopté la ‘’Déclaration de Dakar’’. ‘’Nous voulons insister sur la nécessité d’encourager les mutuelles à combler le manque à gagner par rapport aux efforts fournis dans la couverture du risque maladie. Nous invitons aussi les gouvernements africains à identifier les taxes et redevances dont les produits de santé peuvent être exemptés dans les processus de leur importation, de leur production locale et de leur distribution sur le territoire national, dans le but d’atteindre un coût de revient abordable’’, a dit le sénégalais Babacar Ngom,
Vice-président de l’Union africaine de la mutualité (UAM), hier, à la cérémonie de clôture des journées de réflexion en lisant la déclaration de Dakar. En plus des points cités dans le document, s’y ajoutent l’utilisation d’approches multisectorielles dans le but d’améliorer l’infrastructure, l’éducation, l’agriculture, le bien-être social. La déclaration de Dakar insiste également sur l’urgence de répondre aux besoins évolutifs de santé des populations en Afrique. Ce texte, adopté à l’unanimité par les membres du Comité directeur de l’UAM, fait notamment allusion au renforcement du personnel de santé, de la gouvernance des infrastructures, des systèmes d’informations et la chaine d’approvisionnement. ‘’Nous avons élaboré un plan stratégique dans le but de prendre en charge les défis de la mutualité africaine, de l’accompagnement des réformes du système de santé des pays africains en vue d’une généralisation de la couverture sanitaire universelle’’, a soutenu le Vice-président de l’UAM. M. Ngom
Politique de proximité et généralisation de la couverture sociale
‘’L’UAM a comme objectifs d’instaurer le principe de la solidarité dans tous les secteurs du domaine social. Elle agit comme instrument de mise en réseau du mouvement mutualiste en Afrique pour défendre et représenter les intérêts communs des organisations membres et apporter une assistance technique de premier ordre en matière de mutualité et dans les domaines apparentés’’ a déclaré Babacar Ngom. Cette organisation panafricaine de la mutualité entend aussi adopter une politique de proximité et la généralisation de la couverture sociale, au niveau de toutes les couches sociales en favorisant les plus démunies. Elle facilitera, selon les organisateurs, aux ménages, l’accès aux prestations tout en encourageant la mise en place du tiers payant, un dispositif qui permet aux patients de ne pas régler ou d’être remboursés en partie, voire intégralement par son Assurance maladie et sa Mutuelle et l’accès aux soins de santé.
«IL FAUT EDUQUER LA POPULATION SUR L’ACQUISITION DES MEDICAMENTS»
Selon le président de l’Association africaine des centrales d’achats de médicaments essentiels (Acame), Jean Claude Deka Lundu, dans la pyramide sanitaire, il y a l’acquisition, le stockage et la distribution
L’association africaine des centrales d’achats de médicaments essentiels (Acame) a tenu son assemblée générale extraordinaire hier dans la capitale sénégalaise. Cette organisation qui regroupe 22 pays membres dont le Sénégal a tenu à apporter des réformes en son sein, compte tenu des énormes défis dans la chaîne d’approvisionnement de médicaments. Selon le président de l’acame, il faut éduquer la population sur l’acquisition des médicaments.
La fraude sur les médicaments constitue un énorme problème en Afrique, plus particulièrement au Sénégal. Face à ce phénomène, l’Association africaine des centrales d’achats de médicaments essentiels (Acame) a organisé une assemblée générale pour y apporter des solutions durables. Selon le président de l’Acame, Jean Claude Deka Lundu, dans la pyramide sanitaire, il y a l’acquisition, le stockage et la distribution. «Au niveau de l’acquisition, n’importe qui peut acquérir des médicaments, que ça soit au niveau international ou au niveau local. Mais, nous devons faire la traçabilité de tous les produits qui arrivent dans nos pays jusqu’au niveau de nos formations sanitaires», souligne-t-il. Il estime que si le produit ne passe pas par un système sécurisé qui serait à mesure de détecter les faux médicaments, les autres auront toujours du travail. «Il y a des fraudeurs qui fabriquent des médicaments. Ce sont des milliards et milliards dans la fraude», révèle-t-il. Il trouve que les centrales fonctionnent normalement et que le circuit du médicament est bien sécurisé, les fraudeurs n’auront pas de travail à faire. «Par conséquent, il faut éduquer la population dans l’acquisition des médicaments.»
Sur un autre registre, il souligne que la rencontre de Dakar va permettre de réformer le mode de financement et de gouvernance qui tient compte des défis actuels. «Durant la Covid-19, nous étions tous bloqués et il fallait une résilience par rapport à nos centrales d’achats. Et fallait répondre aux besoins de nos populations», soutient-il avant d’insister sur la nécessité de réformer l’Acame par son mode de gouvernance et son cadre organique. «C’est pourquoi, nous sommes à Dakar pour réfléchir davantage et arriver à des résultats. Le premier résultat, c’est de réviser les statuts à adopter, le règlement intérieur, pour que nous puissions passer à une autre phase de l’Acame renforcée pour améliorer nos performances en Afrique», indique Jean Claude Deka Lundu.
LE SAMES INTERPELLE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a apporté son soutien aux internes des hôpitaux en grève depuis quelques jours pour réclamer plus de moyens mais aussi pour la reconsidération de l’internat.
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a apporté son soutien aux internes des hôpitaux en grève depuis quelques jours pour réclamer plus de moyens mais aussi pour la reconsidération de l’internat. Ces internes qui ont battu le macadam en début de semaine au sein de l’hôpital Fann ont été dispersés par des grenades lacrymogènes.
Le Sames dans un communiqué de presse en date du 24 novembre a dénoncé cette attaque des internes au sein de l’hôpital de Fann par les forces de l’ordre. « Ceci est un précédent dangereux qui est intolérable et le SAMES va apporter son appui énergique à nos collègues pour le règlement de ce problème ! » a renseigné la source. Et de poursuivre : « l’hôpital doit rester un sanctuaire inviolable de paix et de sécurité pour les patients et les travailleurs ».
Pour les camarades de Dr Yéri Camara, l’internat est un creuset de savoir et une formation d’élite dont les pensionnaires doivent bénéficier des mêmes conditions de prise en charge que ceux des grandes écoles internationales comme HEC, Louis Le grand, Ponts et Chaussées, et c’est seulement dans ces conditions que le Sénégal pourra légitimement revendiquer les résultats que les anciens internes nous ont valu comme pendant le récent concours d’agrégation (CAMES).
« Le manque de réactivité de l’Etat en la personne du Ministère de l’enseignement supérieur concerné exclusivement par 75 % des points de revendication des internes, est inexplicable ! Le problème de la spécialisation en médecine, en pharmacie et en santé bucco-dentaire doit être pris en charge de manière sérieuse par toutes les parties prenantes pour régler la question de manière définitive pour se départir des grèves récurrentes et s’assurer de la disponibilité des spécialistes dans tout le Sénégal », a avancé la source.
Et d’attester : « nous devons toujours nous rappeler que sans spécialistes, il n’y a pas d’équité dans l’offre de soins et par conséquent pas de Couverture Sanitaire Universelle point nodal du Plan Sénégal émergent (Pse).
DES MAUX ET DES MOTS REDUITS EN POUSSIERE
La maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec a été soumise ces dernières semaines à la furie destructrice du « Cartepillar
La maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec a été soumise ces dernières semaines à la furie destructrice du « Cartepillar ». Comme les autres services de cet hôpital, elle a été cognée, rasée, pour les besoins d’une reconstruction à travers un édifice plus moderne qui répondrait aux besoins de la prise en charge de la mère et de l’enfant. Dans ce projet, c’est toutefois un pan d’histoire qui disparaît.
Créé en 1913, l’hôpital Aristide Le Dantec se retrouve aujourd’hui, après plus de cent ans d’existence, complètement rasé, mis à terre pour dit-on, les besoins d’une reconstruction. Aucun service n’a été épargné par le gouvernement du Sénégal qui compte y ériger un établissement de santé de dernière génération. Longtemps considéré comme un hôpital social, du fait qu’il était resté fidèle au concept de sa création comme « hôpital des indigènes », Le Dantec prenait en charge plus de 60% des malades sociaux qui venaient le plus souvent de la banlieue dakaroise, des régions de l’intérieur du pays, mais aussi de la sous-région. La maternité ne faisait pas exception car la majorité des références de la région de Dakar y était orientée. Première maternité africaine, elle a aussi abrité la première crèche et accueilli les premières consultations de femmes enceintes et de nourrissons en Afrique occidentale française ( A.O.F.).
PR PAUL CORREA, UNE REFERENCE AFRICAINE
Premier professeur agrégé des facultés en gynécologie obstétrique d’Afrique francophone, Paul Corréa a été le premier directeur africain de la maternité Le Dantec. Reconnaissable par sa belle architecture soudano-sahélienne, elle était devenue un véritable centre de formation pour les étudiants de l’Afrique sub-saharienne et du nord.
Le Pr Corréa avait ainsi formé plusieurs promotions de médecins gynécologues et sage-femmes d’État du Sénégal, du Mali, de Guinée Conakry, du Cameroun, du Rwanda, du Maroc, de l’Egypte qui pour la plupart, sont devenus d’éminents spécialistes de santé reproductive, de renommée continentale et mondiale. Leader principal du dispositif sanitaire néonatal, la maternité a ainsi vu naître plusieurs autorités du Sénégal et de la sous-région comme l’ancien directeur de Dantec, le colonel Massamba Diop.
Après 13 ans de fermeture de cette maternité, des gens de sa trempe ont beaucoup œuvré pour porter le plaidoyer de sa réouverture auprès des plus hautes autorités. Une démarche qui avait porté ses fruits, car la maternité de l’hôpital Le Dantec fermée depuis le 25 août 2005 sera réhabilitée et remise en service en 2018. Les pensionnaires tout heureux, avaient ainsi retrouvé leur joyau qui continuait d’offrir des services de qualité à moindre coût. La chimiothérapie du cancer du sein était ainsi logée dans le service de la maternité.
Mme Bigué Ba Mbodj, présidente de l’Association nationale des Sage-femmes du Sénégal, par ailleurs maîtresse sagefemme de Le Dantec, de se souvenir : « Nous avons vécu une première fermeture de la maternité qui a duré 13ans. Durant cette période, nous avons reçu la visite d’éminentes personnalités étrangères qui sont venues pour s’enquérir de la situation de cette maternité qui les a vus naître. Et ces dernières, sous la houlette du colonel Massamba Diop, ont beaucoup contribué pour la réouverture de cet édifice ».
DES TRACES D’HISTOIRE QUI S’EFFACENT
Aujourd’hui encore, les pensionnaires de cette maternité revivent le même phénomène qu’avant. « C’est vrai que c’est difficile pour moi d’en parler. C’est avec une grande émotion, quand on a passé plus de 35ans dans une structure, que l’on ait fait sa formation, toute sa carrière dans cette maternité, c’est vrai que tous ces souvenirs et voix, ces histoires, toutes ces anecdotes qui sont passées, c’est toute une vie qui est partie », se désole Bigué Ba Mbodji. Et de poursuivre : « maintenant, on a comme consolation l’espoir que cela va se reconstruire dans les délais promis et que le nouvel hôpital sera un établissement sanitaire qui nous fera oublier toutes les misères que nous sommes en train de vivre ».
Seulement, avec la reconstruction de l’établissement Aristide Le Dantec qui se situe au plus haut niveau de la pyramide sanitaire, il risque sans nul doute de changer de statut pour passer d’hôpital social à un hôpital de haute facture. Pour la maîtresse sage-femme de cette maternité : « la maquette renseigne d’un hôpital de très haut niveau avec des soins et des actes de pointe et avec un coût qui va impacter sur les tarifs. Et qui dit impactés sur les tarifs dit aussi sur l’accès à une certaine catégorie de la population et services ».
Et de se désoler : « Dantec était l’endroit où la population était assurée de trouver les plus éminents professionnels tous corps confondus, des soins à moindre coût, parfois même des tarifs sociaux, des cas sociaux pris en charge gratuitement et ce sera très difficile qu’avec le coût et le standing que va avoir Dantec que les malades bénéficient de cela ». Avec la destruction de la maternité de Le Dantec, c’est des pans de vie, des traces d’histoire qui s’effacent à jamais.
«IL FAUT FORMER LES SAGES-FEMMES SUR L’ACCUEIL»
Les journées scientifiques de l’association Nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal (Ansfes) ont servi de tribune au directeur de l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (Endss), Daouda Faye, pour préconiser la formation sur l'accueil
Les journées scientifiques de l’association Nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal (Ansfes) ont servi de tribune au directeur de l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (Endss), Daouda Faye, pour préconiser la formation des sages-femmes sur l’accueil.
C’est sans langue de bois que le directeur de l’Endss s’est adressé aux sages-femmes pour les inviter à revoir leur manière d’accueillir les malades. «On vous reproche beaucoup de choses, notamment de ne pas être très gentilles envers les malades. Vous êtes indexées par la population dans le cadre de l’accueil qu’il faut améliorer. Vos collègues qui accueillent mal, c’est à travers des formations continues qu’il faut les sensibiliser par rapport à l’accueil», a soutenu Daouda Faye.
Par ailleurs, il est revenu sur l’examen de certification organisé par le ministère de la Santé en relevant des dizaines de milliers d’échecs depuis la création de ce module. «Mais où en sont actuellement ces échecs ? Où sont et que deviennent les sagefemmes et les infirmiers qui ont échoué aux examens de certification et qui ne sont pas devenus des sage-femmes et des infirmiers?» s’interroge-t-il. A l’en croire, les sages-femmes qui ont réussi paient les pots cassés de l’échec des autres. «Il faut que le ministère de la Santé fasse une étude pour savoir le nombre de personnes qui échouent dans ces formations. Ce qu’elles font et où elles sont», indique le directeur de l’Endss avant d’ajouter : «C’est à ce moment que le ministère de la Santé pourra prendre des décisions concernant les personnes recrutées dans les structures sanitaires. Il s’agit des agents sanitaires et des aides-infirmiers, et qui deviennent les sages-femmes et les infirmiers dans les régions»
«L’ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTÉ AFRICAIN EST CADUQUE ET DÉPASSÉE»
Par ailleurs, Daouda Faye trouve que l’Endss devait être détachée de la tutelle de l’Enseignement supérieur depuis longtemps. «L’organisation du système de santé africain, qui a été pyramidale, et l’œuvre de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms), sont caduques et dépassées. Dans cette organisation, les sages-femmes d’État et les infirmiers chefs de poste prennent en charge au moins 60% voire 70% de la population africaine. Le niveau de formation doit être revu en hausse par rapport à la compétence qu’on doit léguer à la sage-femme et à l’infirmier», souligne le directeur de l’Endss.
A l’en croire, le gynécologue et les autres spécialités médicales doivent lâcher du lest pour permettre à la sage-femme et à l’infirmier d’acquérir des connaissances qui leur permettront de prendre véritablement en charge les personnes à leur disposition. «L’acquisition de ces connaissances doit se faire dans un environnement où la compétence sur le plan pédagogique et organisationnel existe. C’est pourquoi, avec beaucoup de raison, nous avons pensé qu’aussi bien l’Endss que les autres écoles de formation de niveau Bac+ doivent être rattachées au ministère de l’Enseignement supérieur pour que l’infirmier actuel ne soit plus un infirmier à qui on propose un organigramme en lui disant : si quelqu’un a mal à la tête, c’est un comprimé, si quelqu’un a ceci, c’est cela qu’il faut lui donner. Comme si à la limite, l’infirmier et la sage-femme étaient robotisés», affirme M. Faye qui ajoute par ailleurs qu’ils n’ont pas de compétence leur permettant de réfléchir, de faire des propositions, ainsi de suite.
REDUCTION DES RISQUES EN SANTE : VERS L’ELABORATION D’UNE CHARTE AFRICAINE SUR LA QUESTION
Les travaux de la 1ère Conférence africaine sur la réduction des risques en santé qui a lieu du 16 au 18 novembre dernier, ont été sanctionnés par la Déclaration de Marrakech qui comprend quatorze recommandations.
Mariame DJIGO (Envoyée spéciale à Marrakech) |
Publication 21/11/2022
Organisée par le ministère marocain de la Santé et de la Protection sociale et l’Association marocaine de médecine addictive et pathologies associées, la 1ère Conférence africaine sur la réduction des risques en santé a pris fin vendredi dernier. A l’issue des travaux, 14 recommandations dont l’élaboration d’une Charte africaine sur la réduction des risques en santé ont été formulées pour le renforcement des systèmes de santé en Afrique.
Les travaux de la 1ère Conférence africaine sur la réduction des risques en santé qui a lieu du 16 au 18 novembre dernier, ont été sanctionnés par la Déclaration de Marrakech qui comprend quatorze recommandations. Elles devront permettre d’avoir des politiques de santé publique souveraines et une feuille de route commune en Afrique.
En effet, les spécialistes en santé publique, les experts en protection sociale, les décideurs politiques et les industriels qui ont pris part à l’évènement ont préconisé l’élaboration d’une charte africaine de la réduction des risques de santé. Elle va être fondée sur une « vision multipartite de la réduction des risques en santé en sa qualité de démarche essentielle pour la transformation souveraine des systèmes de santé dans un environnement africain qui privilégie la solidarité et la coopération au service de la sécurité sanitaire de toutes les citoyennes et tous les citoyens africains fait également partie des recommandations ». Ils ont également recommandé la « promotion du renforcement des systèmes de santé sur le continent africain en utilisant une approche de réduction des risques, l’amélioration des conditions de vie quotidiennes de toutes les citoyennes et de tous les citoyens, à travers l’amélioration de l’environnement, le développement des politiques de soins de santé en Afrique qui sont axées sur une couverture médicale universelle au patient-citoyen et le respect de l’accès équitable à des soins de santé de qualité en tant que droit humain fondamental ».
Pour des systèmes de santé résilients et efficaces, les participants ont appelé à la « promotion des mécanismes de protection sociale et une garantie de l’accès à des services de santé essentiels de qualité et abordables, incluant les médicaments pharmaceutiques et les médecines traditionnelles et naturelles, une présentation des stratégies de riposte face à l’épidémie de Covid-19 et en tirer des enseignements qui serviront d’exemples pour la mise en œuvre d’un système de soins de santé efficace, collaboratif et résilient en Afrique ».
Parmi les 14 recommandations issues de la 1ère Conférence africaine sur la réduction des risques en santé, il y a aussi « l’accélération de la mise en œuvre de la vision et de la stratégie des soins de santé primaires et le développement de la télémédecine et l’utilisation de la santé numérique pour atteindre les populations isolées et vulnérables, l’amélioration de l’accès à des soins en psychiatrie et en santé mentale de qualité, en phase avec le développement des connaissances et des traitements et les besoins spécifiques des patients liés à leur âge, leur condition socio-économique, leur environnement et leurs vulnérabilités ».
Les pays africains misent également sur « la reconnaissance des addictions, avec ou sans substance, comme des maladies éligibles à des soins remboursables et la promotion de l’éducation sur un mode de vie qui soit plus sain basé l’activité physique, une alimentation saine et des choix de vie à moindre risque » pour réduire les risques en santé.
Mieux, ils n’ont manqué de mettre l’accent sur « l’accroissement du financement de la santé en recourant à des mécanismes de financement novateurs et durables, notamment des partenariats public-privé, l’augmentation de l’affectation des ressources nationales et se féliciter de la solidarité mondiale et la promotion du cannabis médical en tant que nouveau traitement contrôlé pour soigner des maladies spécifiques et établir des principes directeurs éthiques pour réglementer le cannabis médical afin d’en faire une mesure de réduction des risques ».
Les participants ont souligné l’importance de la tenue d’une conférence annuelle pour « garantir la poursuite et l’accélération des efforts en vue d’améliorer la couverture médicale universelle pour toutes et pour tous sur le continent africain ». Rendez-vous est donc donné en 2023 à Marrakech pour la deuxième Conférence sur les risques en santé qui portera sur l’eau, l’environnement et la sécurité alimentaire.