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27 novembre 2024
Santé
60 MILLES POCHES INTROUVABLES PAR AN
Disponibilité de sang, Chaque année, le Sénégal enregistre un gap de 60 mille poches de sang pour satisfaire la demande de la population afin de sauver des vies
Le Sénégal abritera, pour la première fois, le Congrès de la Société africaine de transfusion sanguine. Une rencontre internationale qui va permettre de dégager des protocoles harmonisés pour un meilleur traitement du sang. Lors d’un point de presse, en perspective de ce conclave, le directeur du Centre national de transfusion sanguine du Sénégal a aussi alerté sur un gap annuel de 60 mille poches de sang qu’il faudrait résoudre pour atteindre l’autosuffisance au Sénégal.
Chaque année, le Sénégal enregistre un gap de 60 mille poches de sang pour satisfaire la demande de la population afin de sauver des vies. Une information donnée par le directeur du Centre national de transfusion sanguine du Sénégal (Cnts), le professeur Saliou Diop, hier, mardi 13 septembre, lors d’un point de presse pour annoncer la tenue du 10ème Congrès de la Société africaine de transfusion sanguine en terre sénégalaise du 19 au 22 septembre prochain. Pour le professeur, «la demande annuelle du Sénégal en sang est estimée à 170 mille poches. Seulement, 110 milles sont collectées sur l’étendue du territoire national en 2021».
Une situation qui lui fera dire : «nous avons une population relativement jeune, plus de la moitié. Cependant, la culture de donner un peu de son sang n’est pas inscrite dans leur registre. Nous avons des demandes, les femmes dans les blocs d’accouchement en ont besoin, les accidentés de la route, les personnes vivant avec des pathologies chroniques. C’est un besoin et les jeunes doivent s’impliquer davantage sur les sensibilisations afin de régler l’autosuffisance en sang». L’insuffisance des produits sanguins est surtout ressentie, selon le Cnts, dans les régions où les banques de sang hospitalières ne sont pas suffisamment outillées pour recruter un nombre suffisant de donneurs de sang.
UN CONGRES QUI SE TIENT POUR LA PREMIERE FOIS EN AFRIQUE FRANCOPHONE
Le directeur du Cnts a fait part aussi du Congrès de la Société africaine de transfusion sanguine dont la 10ème édition se tiendra au Sénégal. Un congrès qui a pour mission de défendre les normes éthiques et professionnelles les plus élevées et les compétences en matière de transfusion sanguine sur le continent africain, afin de permettre la mise en place de programmes nationaux de transfusion sanguine sûrs, universellement accessibles et durables dans les pays participants. Pour cette présente édition, le thème retenu est : «Transfusion sanguine et priorité en Afrique».
Pour le professeur Tandakha Dièye, immunologue, pour parler de transfusion sanguine et priorité, il faut réunir trois critères dont un sang de qualité sécurisée, avoir une autosuffisance en sang mais aussi satisfaire la demande. «L’Afrique doit être en mesure de donner en plus du sang, mais de ces dérivés. Au Sénégal, sur les dérivés du sang, nous travaillons sur les plasmas, les plaquettes et les îlots», a renseigné le Pr Dièye. Et le professeur Diop de rajouter : «les réflexions seront menées sur les meilleures stratégies globales d’amélioration de la sécurité transfusionnelle ainsi que de l’autosuffisance en produits sanguins de qualités, en vue de réduire la mortalité maternelle et infantile et une randonnée pédestre».
Pour ce congrès entre l’Etablissement français du sang et les directeurs des Centres d'Afrique francophone, le professeur Diop a renseigné : «400 personnes vont y prendre part pour le compte du Sénégal». Et de rappeler : «notre pays a été choisi pour abriter cette rencontre à cause des infrastructures, de la disponibilité des personnes ressources mais aussi de l’organisation».
L’AFRIQUE TRAÎNE TOUJOURS LE PAS AVEC UN TAUX DE 21%
Une réunion de haut niveau portant sur l’initiative pour l’amélioration des vaccins en Afrique de l’ouest et du centre s’est tenue, lundi 12 septembre à Dakar. Une occasion pour faire le point sur la couverture vaccinale en Afrique qui se chiffre à 21%.
Une réunion de haut niveau portant sur l’initiative pour l’amélioration des vaccins en Afrique de l’ouest et du centre s’est tenue, lundi 12 septembre à Dakar. Une occasion pour faire le point sur la couverture vaccinale en Afrique qui se chiffre à 21%.
La réunion régionale de haut niveau de l’Afrique de l’ouest et du centre devrait permettre d’atteindre les résultats suivants : la sensibilisation accrue. L’alerte des acteurs clés sur les principaux facteurs à l’origine de la faible prise vaccinale dans la région de l’Afrique de l’ouest et du centre. Il est attendu également que les parties prenantes nationales, régionales et internationales de haut niveau s’engagent politiquement à soutenir une stratégie intersectorielle, intégrative pour atteindre l’objectif de vaccination de 70% dans la région de l’Afrique de l’ouest et du centre.
Richard Mihigo, responsable mondial adjoint du partenariat pour la fourniture de vaccins Covid 19, en prenant la parole, a avancé : « Beaucoup de chemins restent à faire. Il faut renforcer notre système sanitaire. Assurer la disponibilité des vaccins ; mettre en place des plateformes de distribution des vaccins ; mener des interventions sanitaires et non sanitaires ; assurer la formation du personnel qui mérite une attention particulière.
Parce que M. Mihigo, également directeur de la fourniture de vaccins Covid 19, coordination et intégration Gavi estime que « Nous sommes à 14% pour la région Afrique de l’ouest et 21% pour tout le continent africain ».
« Le Sénégal est à 16% de couverture vaccinale »
Venu présider la réunion, Marie Khémess Ngom Ndiaye a indiqué que « Grace aux efforts combinés des différents acteurs, notre pays pu faire face aux différentes vagues de contamination. Toutefois la situation actuelle est marquée par un faible taux de couverture vaccinale ne dépassant guère 16% pour la première dose ».
De l’avis du ministre, ce tableau est pratiquement le même pour plusieurs pays de la partie occidentale et centrale de notre continent. « Nous sommes encore loin de l’objectif fixé par l’Oms », a-t-elle dit.
Par conséquent, le chef du département de la santé estime que « la relance de la vaccination à travers l’adoption et l’exécution de nouvelles mesures s’impose si nous voulons vaincre la pandémie et mettre nos populations à l’abri de ses effets néfastes ».
« Plusieurs axes de réflexion se dégagent et touchent la lutte contre l’hésitation vaccinale, les actions à mener pour susciter la demande en vaccination, les moyens à mobiliser pour assurer une disponibilité suffisante en vaccins, la logistique à installer pour une conversation de qualité des vaccins, enfin les dispositions à prendre pour atteindre les cibles sur l’ensemble du territoire », a proposé Marie Khémess Ngom Ndiaye.
par Mohamed Lamine Ly
LA RÉGULATION DOIT PRIMER SUR LA RÉPRESSION AU SEIN DU SYSTÈME SANITAIRE
Il est navrant de constater que seuls quelques dysfonctionnements du système sanitaire font l’objet de traitement disproportionné et parfois biaisé de la part d’une certaine presse friande de scoops et de buzz
Depuis l’affaire feu Sokhna Astou de Louga, notre système sanitaire est pris dans une spirale judiciaire, caractérisée par l’emprisonnement systématique des professionnels de la santé officiant dans les structures où ces tragédies ont eu lieu. Cette manière de procéder n’est qu’une des multiples conséquences d’une gouvernance autoritaire et de la judiciarisation de la vie publique de notre pays, accentuées depuis la seconde alternance de 2012.
Curieusement, pour une fois, le drame de Kédougou survenu au début de ce mois semble plus poser le problème de dysfonctionnement de la Justice - qui aura manqué de sérénité - que celui de notre système sanitaire, comme l’ont confirmé d’éminents spécialistes et les autorités du ministère en charge de la Santé.
De fait, c’est bien cette hantise de servir de bouclier aux puissants de l’heure, loin d’être irréprochables, de les protéger contre la clameur populaire, qui amène souvent certains "procureurs du Prince" à faire fausse route.
Une justice discriminatoire
Depuis la survenue de la deuxième alternance en mars 2012, l’exacerbation de la nature hyper-présidentialiste de notre État se manifeste, entre autres, par l’instrumentalisation de notre système judiciaire, conduisant à des atteintes aux droits et libertés, qui même si elles concernent, au premier chef, hommes politiques et activistes, peuvent aussi atteindre n’importe quel citoyen, se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment.
S’agissant de la Santé, il s’agit le plus souvent de faire des professionnels du secteur, les boucs émissaires des errements des politiques publiques définies et coordonnées par l’Exécutif National, en l’absence de toute redevabilité et dans l’indifférence totale d’un pouvoir législatif pourtant chargé du contrôle de l’exécution des politiques publiques.
A contrario, les hommes du pouvoir (et dans une moindre mesure, les forces de défense et de sécurité, en cas de bavures), ont toujours bénéficié d’une impunité systématique, malgré les nombreux crimes et délits que leur reprochent le peuple et même parfois, les corps de contrôle de la République.
Tout cela montre, d’une part, la nature profondément discriminatoire de notre système judiciaire, si prompt à préserver les intérêts des hommes de pouvoir et des classes possédantes et d’autre part, sa philosophie fondamentalement répressive, pour laquelle, la détention est la règle et la liberté, l’exception.
Une santé à deux vitesses
Il est navrant de constater que seuls quelques dysfonctionnements du système sanitaire font l’objet de traitement disproportionné et parfois biaisé de la part d’une certaine presse friande de scoops et de buzz.
Pourtant, aussi douloureux que puissent être ces incidents malheureux, ils ne constituent que la face visible de l’iceberg, parmi les innombrables drames survenant dans les lieux de soins, liés davantage à des plateaux techniques incomplets et à une mauvaise organisation du système sanitaire, qu’à des facteurs humains.
L’opinion publique devrait davantage se préoccuper d’actes fort regrettables, posés, de manière unilatérale, par les pouvoirs publics dans le cadre de la politique nationale de santé. Si nous prenons l’exemple récent de la fermeture intempestive du plus grand hôpital national de notre pays, il serait très instructif d’investiguer le devenir de milliers de patients anonymes, souffrant d’affections chroniques pouvant, en l’absence de soins adéquats, voir leur pronostic vital mis en jeu.
Dans le même ordre d’idées, la pandémie de Covid-19 a mis en exergue les manquements du système de soins, avec insuffisance ou parfois même absence totale de respirateurs, de salles de réanimation, de médecins réanimateurs et même d’oxygène dans de nombreuses structures situées dans les régions et même, dans les grandes villes, dont la capitale, Dakar.
Cette même pandémie a également mis en évidence l’exigence accrue en matière de démocratie sanitaire justifiée par les inconvénients de l’approche directive en matière de santé, à l’origine d’un large mouvement de déni de la maladie et de défiance contre les mesures préventives préconisées, qu’il s’agisse d’interventions non pharmaceutiques ou de la vaccination anti-Covid, même celle des personnels soignants.
Cette fronde envers les potentats de la Santé mondiale, liés par des accointances plus que douteuses aux tenants de la philanthropie capitaliste, est à l’origine d'une suspicion croissante à l’égard des professionnels de la santé.
D’où la vanité des approches purement corporatistes et la nécessité de repenser, de concert avec toutes les composantes de la Nation, notre système sanitaire de fond en comble.
Un système sanitaire à refonder
Malgré les multiples contraintes pesant sur lui, liées à un sous-financement chronique, notre système sanitaire, devenu plus complexe, semble être confronté à une crise de croissance, liée à une inéquité territoriale manifeste, mais surtout à un hiatus flagrant entre demande et offre de soins.
Cette crise relève de plusieurs facteurs :
Le développement fulgurant du secteur privé de la santé laissé à lui-même, est de plus en plus mercantiliste, avec échange de mauvais procédés avec le secteur public,
Si l’implication accrue des communautés est positive et a contribué à une diversification des acteurs, la participation communautaire est caporalisée par les représentants locaux du pouvoir central (délégués de quartiers, chefs de villages…) et /ou parasitée par des logiques politiciennes,
Le transfert de la compétence Santé et action sociale souffre du manque de moyens caractéristique de notre processus de décentralisation et de l’absence d’ambition des gestionnaires de collectivités territoriales ayant, pour la plupart, de faibles capacités technico-administratives et réduites à un rôle de succursales des partis politiques dominants,
L’autonomie hospitalière est instrumentalisée par les élites politico-syndicales, au détriment des travailleurs et des usagers et est devenue synonyme
de dérégulation tarifaire rendant l’accès aux soins difficile pour les couches modestes et
de clientélisme, avec une mainmise de certains groupes sur la nomination de directeurs et le recrutement massif de personnels non qualifiés
Cet état de fait rend indispensable une régulation de la part des pouvoirs publics, dont on n’attend plus seulement la coercition et la contrainte, mais l’utilisation de méthodes normatives plus souples, afin de canaliser les comportements des différents acteurs, en vue d’atteindre un équilibre et de garantir le fonctionnement harmonieux du système sanitaire.
Il y a nécessité urgente de doter notre pays d’une véritable politique de santé, qui n’existe plus, depuis la Déclaration de la politique de santé et d’action sociale de juin 1989. La mise en œuvre de cette politique devrait se faire, de manière inclusive, grâce à la mise en place d’un Conseil National de Santé (qui a existé en 1983), dans lequel serait représentés les principaux acteurs du secteur de la Santé et de l’Action sociale. Il pourrait, entre autres, lors de convocations ponctuelles, formuler des avis ou propositions en vue d’améliorer le système de santé publique et élaborer chaque année un rapport sur le respect des droits des usagers du système de santé.
De plus, le ministère de la Santé a forcément besoin d’une instance d’aide à la prise de décision sur la base de rapports et qui pourrait procéder au suivi annuel et à l’évaluation pluriannuelle de la politique sanitaire.
Malheureusement, dans un pays aux solides traditions hyper-présidentialistes et jacobines, la volonté proclamée de promotion de la dynamique communautaire, de responsabilisation des collectivités territoriales et d’autonomisation des établissements publics de santé se heurte à la toute-puissance du parti-État, qui tient lieu de pouvoir exécutif.
C’est ce qui rend urgente l’instauration de la démocratie sanitaire, c’est-à-dire le dialogue et la concertation entre les administrations sanitaires, les professionnels de santé et les usagers, ce qui présuppose une exigence de redevabilité de la part de tous les acteurs.
Ce ne sont là que quelques pistes de réflexion pour remettre notre système sanitaire sur les rails et éviter ces pénibles moments, où toute une catégorie socio-professionnelle est vouée aux gémonies, alors que la conception et le pilotage des politiques publiques sont dévolues aux hommes politiques.
Dr Mohamed Lamine Ly est secrétaire Général de la COSAS
LANCEMENT D'UN AUDIT SÉCURITÉ ET SANTÉ DES ÉTABLISSEMENTS HOSPITALIERS
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a engagé un audit sécurité et santé des établissements hospitaliers dans l’optique d’offrir aux agents un environnement propice à de bonnes conditions de travail
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a engagé un audit sécurité et santé des établissements hospitaliers dans l’optique d’offrir aux agents un environnement propice à de bonnes conditions de travail, a appris l’APS de Cheikh Tidiane Guèye, un conseiller technique de ce département ministériel.
« Le ministère a engagé un audit sécurité et santé de ses établissements, dans le but de permettre aux agents de travailler dans un environnement propice à de bonnes conditions de travail, où sécurité et hygiène sont assurées », a-t-il dit.
Il présidait la cérémonie de clôture d’un atelier de trois jours sur le suivi-évaluation de la mise en œuvre des systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail, suivant la démarche « healhwise » et intégrant la menace des urgences sanitaires dans les établissements de santé pilotes du Sénégal.
Il a rappelé que la pandémie de covid-19 a mis en évidence « la nécessité de mettre en place un dispositif structurel d’un système de santé faisant face, notamment, aux urgences sanitaires ».
Le docteur Joseph Dieuboue, spécialiste santé et sécurité au Bureau international du travail à Dakar, relève lui que la pandémie a montré la vulnérabilité des systèmes de santé.
« La pandémie de covid-19 a permis de révéler au grand jour les déficits du secteur de la santé dans l’ensemble des pays, y compris le Sénégal aussi », a-t-il fait remarquer.
Il a indiqué que le Bureau international du travail de Dakar travaille en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le ministère du travail et celui de la santé, pour développer le système de gestion de la sécurité de santé au travail dans le secteur de la santé.
Le Bureau international du travail (BIT), dans le cadre de ce projet, accompagne 15 structures de santé pilotes, dont cinq établissements de santé publiques (EPS), quatre centres de santé, cinq cliniques privées et le siège du ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Bara Diop, chef de division à la Direction des ressources humaines du ministère de la Santé, souligne que ce projet a permis de capaciter tous les agents, afin qu’ils puissent disposer des outils nécessaires, pour travailler dans la sécurité et la convivialité.
Selon lui, ce besoin de renforcement de capacités s’est fait davantage sentir, surtout avec les drames survenus à Linguère, Tivaouane et Louga, justifiant d’autant l’idée de créer des comités d’hygiène et de sécurité (CHS).
Ces structures devraient permettre d’éviter et de prévenir « toutes ces difficultés qui nous arrivent très souvent dans les structures hospitalières ».
Ndiémé Seck Diouf, la cheffe de division sécurité et santé au ministère du Travail et des Relations avec les institutions, a magnifié le travail accompli par les participants durant les trois jours de l’atelier.
ARTHROSE, UNE MALADIE QUI S’ATTAQUE DE PLUS EN PLUS AUX JEUNES
Jadis maladie du 3e âge, l’arthrose affecte de plus en plus les jeunes, si l’on en croit le chef de service des soins physiques et de réadaptation au Centre national d’appareillage orthopédique (Cnao)
Jadis maladie du 3e âge, l’arthrose affecte de plus en plus les jeunes, si l’on en croit le chef de service des soins physiques et de réadaptation au Centre national d’appareillage orthopédique (Cnao). Micheal Ange Ndione a fait cette révélation hier lors de la célébration de la journée internationale de la physiothérapie dont le thème portait sur l’arthrose.
Genoux, hanches, dos, lombaires, mains, poignets, problèmes cervicaux etc… L’arthrose est une affection chronique qui se manifeste par des douleurs persistantes aux articulations. Pathologie rhumatologique affectant les articulations, elle est caractérisée par une destruction du cartilage.
Selon le chef de service des soins physiques et de réadaptation au Cnao, Michael Ange Ndione, elle constitue un problème extrêmement important compte tenu du nombre de patients qui en souffrent, mais aussi de la tranche d'âge de la population qui est de plus en plus atteinte à savoir les jeunes. «Normalement, c'est une pathologie que l'on doit voir chez les personnes du 3e âge. Donc, si cela prend un nombre important de jeunes, c’est inquiétant. Le tiers de tous ceux qui viennent en consultation souffrent d'une arthrose», renseigne-t-il.
Cette situation, souligne-t-il, est due à la dégradation des conditions de vie, mais aussi à de nombreuses activités qui fatiguent beaucoup les articulations et agressent le cartilage. «Le cartilage ne doit pas être détruit ; donc s'il est détruit, le patient a des problèmes de mobilité et d’articulations. Cela entraîne des douleurs, une inflammation et des troubles de la mobilité qui peuvent affecter la marche», révèle-t-il.
A propos du métier de physiothérapie, il estime que son but est d'améliorer la santé physique et de rétablir la motricité par des moyens physiques et sans médicaments. «Le défi est de trouver une réponse aux nombreux problèmes que rencontre la profession parmi lesquels le manque de ressources humaines. Les kinésithérapeutes sont très peu au Sénégal. Nous sommes environ 130 pour 17 millions d'habitants, ce qui veut dire un kinésithérapeute pour 130 000 habitants. Comparé aux autres pays, c'est extrêmement faible et la demande est extrêmement forte», affirme Michael Ange Ndione. Il souligne que les pathologies traitées en kinésithérapie sont classées par domaine médical. «Nous avons des pathologies neurologiques, les Avc, les affections traumatologiques comme les problèmes musculaires, les fractures, les pathologies pédiatriques, en gynécologie obstétrique, notamment le relâchement du périnée entre autres», indique le chef de service des soins physiques et de réadaptation au Cnao
LA GRIPPE ET LES DERMATOSES S’ACCULENT
L’émergence de certaines pathologies comme la grippe, ont ravi la vedette au paludisme. Les statistiques des consultations journalières dans les structures de santé le confortent.
Depuis quelques années, le paludisme a connu un recul en période hivernale, cédant la place à la grippe au Sénégal. A cela s’ajoute les pathologies respiratoires dans les structures de santé dont la toux ou encore l’asthme, depuis l’apparition de la pandémie du coronavirus, en plus des maladies cutanées ou diarrhéiques.
Le paludisme est resté depuis plusieurs années la pathologie la plus fréquente en période hivernale. Dans les structures de santé, les cas de paludisme se multipliaient. Les personnes à risques à savoir les enfants et les femmes enceintes sont obligées de faire de la chimio-prévention même si cette pratique reste toujours d’actualités dans certaines localités du pays. Les décès les plus importants du paludisme sont aussi enregistrés, selon les experts, en cette période. Cependant, depuis, quelques années, la tendance a changé.
L’émergence de certaines pathologies comme la grippe, ont ravi la vedette au paludisme. Les statistiques des consultations journalières dans les structures de santé le confortent. La grippe est en passe d’occuper la première place, suivi des maladies respiratoires comme la toux, l’Asthme. Les maladies cutanées ou diarrhéiques ne sont pas absentes aussi, car figurant toujours dans les pathologies les plus présentes en cette période hivernale.
LA GRIPPE ET LEPALUDISME
Ces deux pathologies sont difficilement dissociables du fait qu’elles présentent les mêmes symptômes à savoir une forte fièvre, des courbatures, frisson, manque d’appétit et parfois des signes de diarrhée. Les médecins utilisent les Tests de diagnostiques rapide (Tdr) pour confirmer le paludisme. Si le test n’est pas positif, chez le patient qui présente ces symptômes, le traitement de la grippe est aussitôt appliqué aux malades. Seulement, en cette période hivernale marquée toujours par la pandémie de la Covid-19, 90% des cas de grippes après test Covid reviennent positifs, selon les professionnels de la santé.
LES DERMATOSES, DIARRHEE
Des boutons qui fusent de partout sur le corps, la tête, les dermatoses touchent le plus souvent, en cette période hivernale, les enfants. A cause de leur proximité avec les eaux de pluies ou stagnantes, ces derniers sont exposés aux bactéries et aux virus qui peuvent déclencher aussi des épisodes de diarrhée. Pour prévenir les cas de dermatoses, les enfants doivent éviter les endroits souillés ainsi que le contact avec les eaux usées. Se laver les mains à l’eau et au savon une fois de retour à la maison.
LES MALADIES RESPIRATOIRES
La bronchite occupe le lot des consultations dans les structures de santé. Selon le professeur Idrissa Demba Bâ, chef du service de pneumonie de l’hôpital d’enfants Albert Royer de Dakar, l’hivernage, surtout lors de chaque rentrée des classes, les maladies respiratoires telles que l’asthme et la bronchite envahissent les structures de soins.
A en croire le spécialiste, cette situation est liée à des phénomènes de poussée et la période est très propice aux développements de virus. «Les diarrhées et les vomissements que présentent les enfants ainsi que les bronchiolites et les rhinobronchites font tous partie des infections virales. A cause des cas de pneumonie virale, beaucoup plus de patients viennent par exemple pour de la fièvre, de la toux et des vomissements».
En cette période des pluies, les enfants présentant un rhume ou la toux, relèvent des signes classiques d’une grippe accompagnée parfois de vomissements.
Pour les spécialistes de la santé, les virus, de façon globale, touchent trois organes. Celui respiratoire pour les enfants qui sont plus petits, du fait qu’ils ont des voies respiratoires petites. «Cela donne un peu de signes de difficultés respiratoires qui peuvent aller jusqu’au besoin d’oxygène», a alerté Pr Ba.
Et de poursuivre : «les virus donnent aussi des signes cutanés et des signes digestifs comme les vomissements et la diarrhée». Même si ces pathologies, dans la plupart des cas, s’avèrent bénignes, elles peuvent évoluer vers la forme grave. Les enfants souffrant de pathologie respiratoire peuvent avoir besoin d’oxygène, tandis que ceux souffrant de diarrhée peuvent présenter une déshydratation.
DE LA JUDICIARISATION DES ERREURS MÉDICALES
Comment juger les médecins ? La question est posée, d’autant que leurs arrestations donnent toujours lieu à des levées de boucliers et des menaces de grève. L’idée de créer une juridiction spéciale fait son chemin
De plus en plus, les médecins sont traduits devant les juridictions nationales. Il y a une sorte de judiciarisation à outrance des erreurs ou supposées erreurs médicales qui interpelle. Pendant très longtemps, les médecins ont joui d’une certaine impunité. Mais, de plus en plus, les populations portent plainte devant les juridictions ; les magistrats instruisent les dossiers qui aboutissent à des procès et parfois à des condamnations, fussent-elles symboliques… Et, enfin, l’État prend de plus en plus des mesures disciplinaires pour sanctionner.
Du moins, c’était le cas sous le magistère du non-médecin Abdoulaye Diouf Sarr. L’on se rappelle encore les cas récents de Dr Abdou Sarr de l’hôpital Magatte Lo de Linguère, Amadou Guèye Diouf de l’hôpital régional de Louga.
Dans l’affaire Doura Diallo de Kédougou, la tutelle, sous la conduite cette fois d’un médecin, a préféré laver à grande eau ses agents. Contrairement au communiqué de l’autorité judiciaire qui parle de ‘’grave négligence’’, elle s’est évertuée à justifier des actes dits médicaux. Ce qui rend hypothétique la prise de mesures, ne serait-ce qu’à des fins conservatoires contre les médecins incriminés. À la grande désapprobation de la famille de la victime. Laquelle ne se fait aucun doute sur la culpabilité du personnel médical. Il en veut pour preuve leurs premières réactions. ‘’Quand j’ai dit à l’anesthésiste qu’ils ont tué ma femme et mon enfant, il était en larmes. Il ne pouvait même plus parler, car il sait très bien ce qui s’est passé. Le gynécologue était paniqué. Ils ont fait leur bêtise et exercent un chantage sur la justice’’. Bouillant de rage, il rétorque aux syndicalistes qu’ils font comme si Kédougou était le sacrifice suprême : ‘’Qu’ils restent à Dakar, si Kédougou est un sacrifice pour eux !’’
‘’Renforcement du tribunal des pairs’’
Ainsi, si des sanctions administratives ne sont pas attendues de Marie Khemesse, la justice sénégalaise pourrait sévir. Ira-t-elle jusqu’au bout de l’initiative qui a été prise par le parquet de Kédougou ? Rien n’est moins sûr. Déjà, les blouses blanches sont sur le pied de guerre, pour s’ériger en bouclier. Et si la volonté de l’Ordre national des médecins du Sénégal (ONMS) se matérialise, les médecins seront à l’avenir jugés par les médecins… Dans un communiqué publié avant-hier, le président de l’ordre estime que les autorités doivent apprendre de cette situation, ‘’pour adapter l’arsenal juridique par le renforcement du tribunal des pairs’’.
‘’L’ONMS, lit-on dans le communiqué, en appelle à la responsabilité de l’État pour qu’autant de pouvoir placé entre les mains d’un seul individu ne puisse nuire aux efforts déployés depuis de nombreuses années pour améliorer la santé des populations et demande le respect de la présomption d’innocence en cas de suspicion de manquements dans le cadre des actes médicaux pratiqués dans les formations sanitaires’’.
En fait, l’ordre a fait plus qu’exiger le respect de la présomption d’innocence. Dr Boly Diop et Cie déplorent tout simplement la démarche du procureur qui s’est, selon leurs termes, substitué à l’expertise des pairs. ‘’Cette attitude semble condamner les membres d’un ordre professionnel régi par la loi avant d’avoir épuisé tous les principes de prudence’’, dénoncent-ils, non sans appeler le parquet au respect de la procédure, notamment la saisine de l’ordre pour les besoins d’expertise.
En langage moins codé, l’ordre semble dire au procureur de se contenter de l’avis des experts qu’il avait mis à sa disposition. ‘’L’ONMS se désole de la tournure prise par cette affaire du seul fait de la volonté du procureur de passer outre l’expertise des sachants dûment désignés, le respect du principe de la présomption d’innocence et la mise à contribution du tribunal des pairs’’.
‘’Le rapport de l’Ordre des médecins ne peut lier l’autorité judiciaire’’
Mais l’avis des experts lie-t-il vraiment l’autorité judiciaire, à savoir le procureur ou le juge ? Interpellé, le juriste Amadou Khomeiny Camara précise d’emblée : ‘’Le rapport de l’Ordre des médecins ne peut lier l’autorité judiciaire. C’est juste à titre de renseignement. Le dernier mot appartient toujours au magistrat, en l’espèce, au procureur qui est seul maitre de l’opportunité des poursuites. S’il juge opportun de poursuivre, un rapport de l’Ordre des médecins ne peut l’en empêcher…’’
Revenant plus généralement sur la prise en charge des erreurs médicales dans le droit positif sénégalais, il explique : ‘’Comme vous le savez, le médecin n’a pas une obligation de résultat. Il a juste une obligation de moyens. Il doit donc se comporter en bon père de famille. Au cas contraire, on peut considérer qu’il y a une faute médicale. Maintenant, la question qui se pose est de savoir comment caractériser cette faute ? Est-ce qu’un simple juriste, un magistrat peut le faire ? Évidemment que non. Il faut forcément un homme de l’art, c’est-à-dire un médecin. L’on peut alors se demander sur quoi le juge ou le procureur peut se baser pour passer outre l’avis du spécialiste. Ce sera très difficile. En tout cas, devant le juge, l’avis du spécialiste est souvent décisif.’’
‘’Ce qui m’écœure, fulmine-t-il, c’est ce corporatisme…’’
À en croire ce procureur, le plus écœurant dans cette affaire, c’est cette posture des médecins à vouloir à chaque fois prendre en otage de pauvres innocents pour protéger un des leurs. ‘’Ce qui m’écœure, fulmine-t-il, c’est ce corporatisme qui les pousse à vouloir se faire justice eux-mêmes à chaque fois qu’il y a erreur médicale. J’ai l’impression qu’ils ne se soucient jamais du préjudice subi par les victimes. À chaque fois qu’un des leurs est arrêté pour nécessité d’enquête, on prend systématiquement en otage toute la population, avec l’arme fatale qu’est la grève. Qu’adviendrait-il si toutes les corporations faisaient la même chose ?’’, s’interroge le magistrat dépité.
Selon Khomeiny, certaines revendications des médecins ne manquent tout de même pas de pertinence. ‘’Certains, dit-il, en sont venus à demander tout simplement s’il ne vaut pas mieux d’avoir tout simplement un tribunal spécial pour les médecins, comme c’est le cas chez les militaires, compte tenu des spécificités de la matière’’.
PLUS DE 800 MALADES MENACÉS DE FINIR EN FAUTEUIL ROULANT
Le Sénégal a célébré hier, mercredi 7 septembre 2022, pour la troisième fois, la Journée mondiale de sensibilisation consacrée à la maladie de la myopathie de Duchenne qui touche les muscles de l’organisme.
Le Sénégal a célébré hier, mercredi 7 septembre 2022, pour la troisième fois, la Journée mondiale de sensibilisation consacrée à la maladie de la myopathie de Duchenne qui touche les muscles de l’organisme. Maladie handicapante, elle est méconnue des Sénégalais de par sa rareté mais aussi sa complexité dans la manifestation. Avec plus de 800 malades dans le pays, l’Association des personnes victimes de myopathie a fait le plaidoyer pour un Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle pour mettre à l’aise les malades qui finissent, dans de nombreux cas, leur vie en fauteuil roulant.
La myopathie de Duchenne, ou dystrophie musculaire de Duchenne, est une maladie génétique provoquant une dégénérescence progressive de l’ensemble des muscles de l’organisme. Elle est liée à une anomalie du gène Dmd, responsable de la production d’une protéine impliquée dans le soutien de la fibre musculaire.
Selon le docteur neurologue Mariétou Traoré, cette pathologie est héréditaire et génétique parce que liée à une défaillance au niveau du gène qui coopte la protéine qui sous-tend le muscle. «Quand un muscle fonctionne, c’est parce que la protéine est normale. Maintenant, cette protéine, dans la maladie de Duchenne, est anormale. Elle s’appelle la dystrophie».
Pour le Dr Traoré, on a deux possibilités pour attraper la maladie. «Soit c’est un accident génétique au cours de l’embryonnaire ou c’est la maman qui va transmettre le gène malade au garçon. C’est pour cela que ce sont souvent les garçons qui sont malades de cette pathologie et les filles sont porteuses du gène malade», a-t-elle renseigné.
Sur le plan clinique, selon la spécialiste de la maladie, la myopathie de Duchenne, se déclare tôt pendant l’enfance, en général à l’âge de 18 mois, deux (2), cinq (5) ans. «Ce sont des enfants qui, quand ils courent ils tombent, quand ils montent les escaliers, ils font des chutes, des malades qui marchent sur la pointe des pieds, qui ont une augmentation du volume du mollet. Autant de signes, qui sont en rapport avec une défaillance du muscle», a déclaré la neurologue.
Face à la gravité et à la complexité de la maladie, le Sénégal a célébré hier, mercredi 7 septembre 2022, la Journée mondiale de la myopathie de Duchenne. Moment choisi pour porter la sensibilisation mais aussi le plaidoyer pour plus de soutiens à ces malades.
Pour le président de l’Association des malades de la myopathie de Duchenne, Brahim Aïdara Ndiaye, l’objectif de la journée est d’abord de marquer leur empreinte en faisant parler de cette maladie qui fait partie des 58 maladies rares génétiques. «Nous avons des problèmes musculaires. Nous avons du mal à nous tenir sur nos deux jambes, à soulever quelque chose. Notre première mission, est la sensibilisation, faire connaître cette maladie des Sénégalais» a déclaré M. Ndiaye.
COMPLICATIONS: INSUFFISANCE RESPIRATOIRE CONDUISANT A UN ARRET DE LA RESPIRATION, CARDIOMYOPATHIE EVOLUANT VERS UNE INSUFFISANCE CARDIAQUE
Avec plus de 800 malades dans le pays, les acteurs de la lutte ont fait le plaidoyer afin que l’Etat leur offre un accompagnement psycho-sociale, ainsi que la mise à disposition d’un Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle qui reste, à en croire l’association, la seule solution pour mettre à l’aise les personnes souffrant de cette pathologie. Une sortie qui fera dire à la spécialiste de la maladie, Dr Traoré, qu’il est important de faire de la sensibilisation. «Beaucoup diront qu’il y a des maladies rares ; mais c’est une pathologie grave de par ses complications. Nous avons des muscles extérieurs du bras, de la cuisse, de la jambe, mais il y aussi d’autres muscles qui sont intrinsèques à l’intérieur de l’organisme à savoir les muscles de l’œsophage, du cœur, du diaphragme qui sous-tend la respiration. Si la maladie évolue vers l’atteinte de ces muscles, ce qui va se passer, pour le diaphragme, le malade va présenter des troubles respiratoires avec une complication qui engage le pronostic vital, avec une insuffisance respiratoire qui va conduire à un arrêt de la respiration avant l’âge de 13 ans. Si c’est le muscle cardiaque qui est atteint, il va présenter une cardiomyopathie qui va évoluer vers une insuffisance cardiaque», a renseigné Dr Traoré. Et de poursuivre : «la prise en charge est multidisciplinaire. Il y a une concertation qui se fait avec tous les spécialistes impliqués dans l’évolution de la maladie. Au niveau du service de neurologie, nous avons des médicaments pour ralentir l’évolution». En attendant que la recherche établisse des protocoles de soins adaptés pour le traitement curatif de cette maladie, des patients en absence de rééducation régulière des muscles continuent de voir leurs muscles se déformer, les conduisant à une paralysie, au fauteuil roulant, avant d’être cloué au lit. «Il n’y a pas de traitement curatif. Mais, en Europe, les spécialistes travaillent sur un traitement thérapeutique», a souligné Docteur Mariétou Traoré.
LE SAMES EN GRÈVE DE 72 HEURES
L'assemblée générale tenue hier à Kédougou a été l'occasion pour le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal de se pencher sur des sujets qui étranglent leur profession avec en ligne de mire l'affaire Doura Diallo.
L'assemblée générale tenue hier à Kédougou a été l'occasion pour le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal de se pencher sur des sujets qui étranglent leur profession avec en ligne de mire l'affaire Doura Diallo. Il s'agit entre autres points de crispation : l'emprisonnement quasi systématique des agents de santé, des décisions précipitées du parquet dans certains accidents.
Sous ce rapport, le Sames rappelle d'emblée qu'en 2 ans, 3 agents de santé ont été emprisonnés pour des affaires banales dans la région de Kédougou. Ainsi, il a dénoncé une volonté manifeste du Parquet de causer du tort au système de santé de Kédougou.
Par ailleurs, regrettant une tendance d'emprisonnement quasi systématique des agents de santé devant tout accident ou incident survenu à l'hôpital, le Sames a exigé la prise de dispositions réglementaires instituant la consultation du ministre de la Santé et de l'Action Sociale ainsi que le président de l'Ordre National des Médecins du Sénégal, avant toute audition ou poursuite d'un agent de santé, pour ne pas provoquer des décès évitables à cause de décisions précipitées du parquet.
Mieux, les syndicalistes exigent des concertations entre les Ministères de Justice, celui de la Santé et le Haut conseil de la Magistrature.
En conséquence, constatant l'absence de toute proposition de l'Etat du Sénégal, le Sames a décrété un mot d'ordre de grève de 72h renouvelable. Cette grève, selon le Bureau exécutif national du Sames, concerne toutes les activités cliniques et de coordination ainsi que les actes médico-légaux (Genre de mort, Expertises, Certificat pour coups et blessures, autopsie etc).
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
LA RESPONSABILITÉ MÉDICALE, LE DROIT ADMINISTRATIF ET LE PROCUREUR
EXCLUSIF SENEPLUS - La sortie du procureur de Kédougou est un modèle de déclaration politique : biaisé, péremptoire et spéculatif. Malick Sall va-t-il faciliter le traitement juste des plaintes dans les services de santé ?
Felix Atchadé de SenePlus |
Publication 06/09/2022
Depuis quelques jours, la justice sénégalaise nous donne le spectacle affligeant de son niveau élevé de dysfonctionnement. Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un homme politique dont le destin est scellé par une poignée de magistrats obéissant aux ordres du chef de l’exécutif. Nous sommes confrontés à un drame que les errements d’un procureur rendent encore plus difficile à supporter.
La mort des suites d’une intervention chirurgicale de la parturiente Mamy Doura Diallo et de son bébé au centre de santé de Kédougou a montré à quel point les citoyens sont en insécurité judiciaire. Notre liberté, notre présence parmi nos proches, l’exercice de notre métier peuvent être remis en cause du jour au lendemain par la simple volonté d’un procureur et ceci sans que le droit ait quelque chose à y voir. Il s’y ajoute, pour le malheur des professionnels de santé, la frénésie procédurale des magistrats depuis la découverte par les médias du marronnier de la mort dans les structures de santé.
Il suffit de quelques manchettes racoleuses et morbides de la presse écrite le matin suivies de « plateaux de télévision » le soir avec des chroniqueurs sans la moindre compétence médicale, mais suffisamment spécialiste en « toutologie » pour que la machine s’emballe. Le procureur de pousser tous les dossiers qui se sont amoncelés sur son bureau au fil des années pour s’occuper du cas à grand renfort de communiqués de presse.
Deux remarques préliminaires
Il n’est pas question ici de critiquer la presse qui fait face à des contraintes structurelles parmi lesquelles le modèle économique n’est pas des moindres. Les journalistes qui tiennent l’antenne en direct pendant des heures sont des « forçats de l’information » nous leur devons des encouragements pas des quolibets. Il ne s’agit pas de dire que les professionnels de santé ne doivent pas rendre des comptes lorsque leur responsabilité est engagée. De même, passer par perte et profits la situation problématique de notre de système santé en général et des structures de soins médicaux en particulier. Divers travaux scientifiques et des rapports d’organisations de la société civile ont montré comment la violence est au cœur du fonctionnement des hôpitaux. Qu’elle soit verbale, physique ou symbolique, de manière banale la violence s’exerce sur les patients par des professionnels. Les travailleurs des hôpitaux subissent eux-mêmes la violence des usagers et de l’institution. Les établissements publics de santé sont des employeurs à qui le droit du travail ne s’applique pas.
Que les professionnels de santé et les établissements publics de santé aient mauvaise presse et l’opinion remontée contre eux, ils n’en demeurent pas moins des sujets de droit. La loi sénégalaise est claire : le professionnel de santé qui exerce au sein d’une structure hospitalière publique intervient en tant qu’agent de l’administration et le patient est un usager du service public. En cas d’accident, seule la responsabilité de l’établissement public est en principe engagée. C’est quand il peut être considéré que le professionnel de la santé a commis une faute personnelle détachable de ses fonctions que sa responsabilité pénale ou civile est engagée. Les fautes détachables de l’agent résultent d’actes relevant de sa vie privée ; d’une intention de nuire ; de la recherche d’un intérêt personnel et enfin la faute inadmissible, inexcusable au regard de la déontologie professionnelle. Cette responsabilité personnelle des agents ne se présume pas, elle doit être démontrée par des enquêtes sérieuses.
Procureur ou politicien ?
Le communiqué de presse (CP) du 31 août 2022 du procureur de la République près du Tribunal de grande instance de Kédougou est un modèle de déclaration politique : biaisé, péremptoire et spéculatif, il peut servir de modèle à tous ceux qui au sein des partis sont chargés d’en rédiger. Il ressort de la lecture que son auteur n’est pas médecin et qu’il connaît peu de choses à l’art. Aucun terme médical pour décrire les éventuels manquements, des affirmations gratuites comme « la défunte qui était diabétique ne pouvait nullement supporter accouchement par voie basse vu son poids qui était quasiment à 100 kg ». « Il nous a été donné de constater que le fœtus pesait 4 kilos 770 grammes et donc ne pouvait sous quelque acrobatie utilisée sortir par la voie basse. »
Quelles sont les sources médicales du procureur ? En termes techniques, l’équipe médicale était face à une dystocie des épaules conséquence d’une macrosomie fœtale. Les praticiens avaient-ils posé le diagnostic de macrosomie fœtale avant le début du travail ? Au cours des visites prénatales avaient-ils décelé les signes devant les orienter dans ce sens ? Les réponses à ces questions et bien d’autres ne peuvent que découler de l’étude attentive du dossier médical de la défunte. Le dépistage d’une macrosomie fœtale n’est pas un exercice facile. La sensibilité et la spécificité du dépistage clinique sont mauvaises. À l’échographie, les calculs pour estimer le poids fœtal ne sont pas infaillibles. À Kédougou, ces moyens existent-ils ? Le débat fondamental est de savoir si la responsabilité des praticiens est engagée. Le cas échéant, savoir s’il s’agit d’erreur ou de faute. Le procureur de Kédougou tel un politicien désireux de profiter d’une occasion pour faire avancer sa cause n’a pas voulu s’intéresser au fond.
Que fait maître Malick Sall, le ministre de la Justice ?
Il y a quelques semaines François Mancabou interpellé en bonne santé mourait après quelques jours de garde à vue. Dans un endroit où il n’y a aucune de raison d’avoir des « fractures cervicales », il en a été victime. L’« enquête » du procureur de Dakar n’a donné lieu à aucune garde à vue. Pourquoi l’hôpital, lieu où la mort est un phénomène malheureusement récurent, ne peut pas être le théâtre d’enquêtes sans gardes à vue et mandats de dépôt ? Maître Malick Sall qui s’est surtout illustré jusqu’à présent comme garde des siens va-t-il prendre date avec l’histoire en mettant en œuvre des réformes qui permettront un traitement juste et équitable des plaintes des usagers des services publics de santé ? En attendant, peut-il nous dire quelles sont les instructions de la Chancellerie aux parquets dans le traitement des dossiers impliquant les professionnels de la santé ?
L’époque de la toute-puissance et l’impunité du corps médical sont révolues. En même temps que la médecine devient une science pointue et une technique sûre, le public tolère de moins en moins ce qui peut sembler des erreurs ou des fautes. Il faut prendre en compte ces évolutions et penser le traitement judiciaire qu’il faut apporter aux plaintes des usagers. Il nous paraît qu’il y a deux travers à éviter : la complaisance et l’acharnement. Cela passe par la protection des droits des usagers et des professionnels, le respect des textes de loi édictés et l’allocation à la Justice de moyens nécessaires à sa mission. Personnellement, je suis contre l’idée d’un tribunal des paires telle que le demande le Conseil de l’Ordre des médecins. Que le Conseil continue de s’occuper des fautes déontologiques va de soi. Lui donner des prérogatives en matières civiles et pénales est inconcevable en démocratie.