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27 novembre 2024
Santé
PLUS DE 34 000 CAS RECENSÉS EN 2020 DONT 6 948 À DAKAR
L’avortement est interdit au Sénégal. Il n’est autorisé que si trois médecins différents constatent que la vie de la mère est en danger. Pourtant le Sénégal a signé et ratifié le protocole de Maputo qui autorise l’avortement en cas de viol, d’inceste.
Les chiffres font froid dans le dos. L’avortement est devenu un fléau au Sénégal. Plus de 34 000 cas d’avortements ont été recensés au Sénégal durant l’année 2020 et la région de Dakar arrive entête avec6948 cas. L’annonce a été faite hier par la chargée de la formation de l’association des juristes sénégalaises (Ajs) Awa Tounkara, à l’occasion d’une session de formation sur les droits de la santé et de la reproduction. Elle souligne que près de 63% des avortements pratiqués au Sénégal sont faits par des personnes non qualifiées.
L’avortement est interdit au Sénégal. Il n’est autorisé que si trois médecins différents constatent que la vie de la mère est en danger. Pourtant le Sénégal a signé et ratifié le protocole de Maputo qui autorise l’avortement en cas de viol, d’inceste. Mais le Sénégal traîne encore les pieds pour l’application de ce protocole. Ce qui n’est pas sans conséquence, selon les juristes sénégalaises. Car il a favorisé l’augmentation des cas d’avortements.
D’après la chargée de la formation à l’Ajs, Awa Tounkara, le nombre d’avortements constatés reste relativement élevé au Sénégal. « La direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant fait état d’un cumul de 34 079 avortements constatés en 2020. La région de Dakar caracole en tête avec 6 948, suivie de la région de Thiès 5 300 ; Diourbel vient en 3e position avec 3 704 », a-t-elle détaillé lors d’une session de formation à l’intention des journalistes par planned parenthood global (Ppg). Elle ajoute que plus d’une cinquantaine de cas de viols et d’incestes suivis de grossesses ont été recensés par les boutiques de droits de l’Ajs entre 2014 et 2018. «Depuis janvier 2021, 472 cas de viols sont enregistrés. Au Sénégal, les statistiques révèlent 668 cas de violences sur mineurs, 706 agressions sexuelles et 1 200 cas de viols, rien qu’en 2019. »
Cette situation est à l’origine des cas d’infanticides. A l’en croire, l’infanticide est souvent l’aboutissement d’un avortement manqué. «Les motivations évoquées par les femmes auteures d’infanticides sont principalement les souffrances liées au viol et à l’inceste. Dans l’impossibilité d’accéder à un avortement médicalisé, certaines femmes cachent leur grossesse pour se débarrasser de l’enfant au moment de l’accouchement », souligne-t-elle.
Selon Mme Tounkara, près de deux tiers ou 63% des avortements pratiqués au Sénégal sont faits par des personnes non qualifiées. «Le continent est incontestablement l'un des plus répressifs en termes de législation, ce qui explique pourquoi près de 99% des avortements y sont pratiqués de manière illégale. Bien que souvent cité en exemple en matière de reconnaissance des droits des femmes, le Sénégal s'inscrit dans cette mouvance », affirme-t-elle.
La chargée de la formation à l’Ajs, souligne que le Code pénal adopté en 1962 (art. 305) fait de l'avortement un délit. « La loi sur la santé de la reproduction votée en 2005 (art. 15) confirme cette interdiction, laissant pour seule option aux femmes l'avortement thérapeutique, strictement encadré par le code de déontologie. En attendant, une femme meurt toutes les 9 minutes d'un avortement clandestin dans le monde », révèle-t-elle.
PAS DE SERVICE MINIMUM À PARTIR DU 3 OCTOBRE
La Fédération des syndicats de la santé a décidé de retourner en grève de 48heures du 03 au 04 octobre prochain avec seulement la prise en charge des urgences, sans aucun service minimum
La Fédération des syndicats de la santé a décidé de retourner en grève de 48heures du 03 au 04 octobre prochain avec seulement la prise en charge des urgences, sans aucun service minimum. Une décision prise hier, jeudi 29 septembre, au cours d’un point de presse tenu dans la région de Thiès.
Cheikh Seck et ses camarades de la F2S ont décidé aussi au cours de leur grève de faire une rétention d’information. Une décision qui entre dans le cadre de leur suivi des accords entre les syndicats de la santé et le gouvernement. Ils estiment que dans ces actions, beaucoup de décisions n’ont pas été exécutées ou pas correctement. « Face à ce blocage, la F2S après concertation avec la base a décidé en plus de la rétention d’information qui reste en vigueur de décréter 48 h de grève. Nous sommes convaincus que si l’Etat ne trouve pas de solutions par rapport à nos revendications, un plan d’action beaucoup plus corsé sera appliqué. On n’exclut pas d’aller vers une grève illimitée » a-t-on relevé sur la note liminaire du point de presse.
Revenant sur les accords, la F2s a exigé leur généralisation dans tous les départements ou services utilisant du personnel socio-sanitaire comme les universités, les cliniques privées, les collectivités locales ou territoriales. Des accords qui concernent l’accès aux logements sociaux de base avec le ministère de l’Urbanisme. La reprise des négociations sectorielles avec le ministre de la fonction publique. « Nous continuons encore de réclamer la généralisation de l’indemnité de logement à tous les agents de la santé et de l’action sociale ainsi qu’au personnel des collectivités territoriales cela n’est pas négociable», ont avancé les membres de la F2S.
Et d’évoquer le règlement de la situation du personnel communautaire avec l’octroi d’un statut, la fin de la contractualisation au niveau du ministère de la Santé au profit d’une intégration dans la fonction publique ou fonction publique locale, l’ouverture du concours d’entrée à l’ENDSS pour les 15 sections, la subvention pour la prise en charge future des indemnités au sein des établissements publics de santé, l’augmentation de la subvention des hôpitaux et la définition de critères d’allocations budgétaires pour la loi des finances 2022-2023 mais aussi l’application du statut du personnel et le remboursement intégral des créances liées à l’agence pour la couverture maladie universelle CMU, l’audit global du personnel de la santé et de l’action sociale et des éclairages sur les contrats signes à gauche et à droite au profit de leurs parents qui parfois n’ont aucune qualification.
DÉJÀ TROIS DÉCÈS DE LA RAGE HUMAINE NOTIFIÉS
Le Sénégal, à l’instar de la communauté nationale, s’est engagé à éliminer la rage humaine transmise parles chiens d’ici 2030.
Trois cas de décès liés à la rage humaine ont été notifiés au cours de cette année 2022 pour le compte du Sénégal. Selon le programme de lutte contre les maladies tropicales négligées, ces décès pouvaient être évitables.
Le Sénégal, à l’instar de la communauté nationale, s’est engagé à éliminer la rage humaine transmise parles chiens d’ici 2030. Une maladie 100% mortelle. Avec trois décès cette année, les acteurs de la lutte contre la rage humaine comptent mettre le focus sur la sensibilisation à l’endroit des enfants, mais aussi des adultes, pour amoindrir les risques. « Les enfants sont les plus exposés à la rage du fait de leur proximité avec les chiens. Ces derniers s’ils ne sont pas vaccinés, en cas de morsure peuvent contaminer la personne et l’exposer à la maladie », a renseigné l’infectiologue Dr Aboubacar Sidikh Badiane, du Service des maladies infectieuses de Fann.
La blouse blanche fait remarquer : « deux formes cliniques s’offrent aux victimes de rage dont la finalité est la mort. Il y a la forme furieuse dont dans 80% des cas, la personne présente une hyperactivité et une excitabilité. La mort survient en quelques jours. Il y a aussi la forme paralytique. Pour ce cas, les muscles se paralysent progressivement pour donner lieu ensuite à un coma conduisant à la mort ».
Le Dr Badiane a aussi appelé les populations à adopter les premières mesures d’urgence en cas de morsure de chien, à savoir le lavage de la plaie à l’eau et au savon. Au Sénégal, les cas de rage continuent d’être enregistrés, même si les acteurs de la lutte avancent que la tendance est à la baisse.
Pour l’infectiologue, Dr Badiane, le Sénégal a notifié 97 cas de rage humaine entre 1986 et 2017 et l’animal agresseur était représenté dans 100% des cas parle chien. Et le programme de lutte contre les maladies négligées tropicales d’attester : « entre 2009 et 2017, le dispositif de surveillance de la maladie du ministère de la Santé et de l’Action sociale a permis la notification de 16 751 cas d’exposition à la rage. Durant la même période, 43 cas de rage humaine ont été déclarés. En 2022, trois cas de décès humain liés à la rage humaine ont été notifiés par la clinique des maladies infectieuses de Fann. Cela démontre à suffisance une circulation active du virus de la rage qui constitue un problème majeur de santé publique ».
Aujourd’hui, les acteurs de la lutte contre la rage humaine appellent à la prévention. La vaccination des chiens étant la voie pour l’éradication de la maladie, ils appellent les propriétaires de chiens à les faire vacciner chaque année afin de protéger les membres de la famille mais aussi de la communauté. Toutefois dans cet appel, l’inquiétude demeure à savoir la prise en charge des chiens errants. Pour cette journée mondiale de la rage qui sera célébrée à Saint Louis ce jeudi, le thème retenu est : « zéro décès lié à la rage ».
Pour la coordinatrice des maladies tropicales négligées, Dr Ndèye Mbacké Kane, le thème retenu cette année met en exergue cette approche importante de « one health » et montre l’importance de la vaccination préventive des animaux et les professionnels à risque mais aussi de la vaccination post exposition de toutes les victimes de morsures d’animaux dans l’atteinte de l’objectif « zéro décès lié à la rage ». « Le programme national de lutte contre les Mtn dans son nouveau plan stratégique 2022-2025 s’est fixé comme objectif d’avoir « zéro décès lié à la rage d’ici 2025. La journée mondiale de la rage constitue une opportunité d’entreprendre des actions qui contribuent à l’atteinte de cet objectif. La journée mondiale de la rage étant l’une des plus importantes journées mondiales de sensibilisation » a-t-elle avancé.
22E FORUM PHARMACEUTIQUE INTERNATIONAL, DAKAR MET LES PETITS PLATS DANS LES GRANDS
Alfonse Thiaw, directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, a procédé, vendredi, au lancement officiel des préparatifs du 22e Forum pharmaceutique international (FPI), prévu à Dakar en février 2023
Dakar, 23 sept (APS) – Alfonse Thiaw, directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, a procédé, vendredi, au lancement officiel des préparatifs du 22e Forum pharmaceutique international (FPI), prévu à Dakar en février 2023, a constaté l’APS.
De nombreux acteurs du secteur ont participé au lancement des préparatifs de ce forum qui se tiendra notamment du 16 au 19 février 2023 dans la capitale sénégalaise sur le thème : ’’La souveraineté pharmaceutique pour l’Afrique : défis et opportunités’’.
’’Au lendemain de la crise sanitaire mondiale de la COVID-19 qui n’a épargné aucun continent, il urge de réfléchir sur des voies et moyens de sécuriser la santé de nos populations’’, a déclaré l’officiel du ministère de la Santé.
Il a estimé que la sécurisation de la santé des populations ne sera effective sur le continent que lorsque les Etats opteront pour une réduction considérable de leur dépendance en besoins de médicaments et autres produits.
’’Pour l’actualisation de la règlementation pharmaceutique entreprise dans plusieurs pays du continent, la promotion d’une industrie locale par la création de pôles d’excellences régionales, entre autres, constituent inéluctablement les axes à développer durant ce forum’’, a avancé M. Thiaw.
Pour sa part, le secrétaire permanent du FPI, le docteur Alfred Sandouidi, a soutenu que ce forum allait constituer pour le pays hôte, une occasion de décliner la vision du développement de son secteur pharmaceutique.
Le docteur Sandouidi a ajouté que le forum permettra au Sénégal de mettre en exergue ses atouts et opportunités en termes d’investissements, valoriser son expertise nationale et s’enrichir de l’expérience des autres.
’’Mon rôle en tant que secrétaire permanent du FPI est de coordonner les échanges entre les institutions parties du forum et appuyer le pays organisateur pour la réussite de l’organisation du forum’’, a-t-il fait savoir.
Le docteur Kanigui Hyacinthe Ouattara, président de l’inter syndicale des pharmaciens d’Afrique a de son côté réaffirmé l’engagement du secrétariat permanent de la structure à mobiliser ses membres aussi bien pour leur participation à l’évènement que leur contribution aux conférences et tables rondes prévues.
La manifestation sera l’occasion de consolider la mise en œuvre de la stratégie de développement de l’industrie pharmaceutique au regard des effets de la pandémie de COVID-19, soulignent les organisateurs dans un document de présentation du forum.
Ils assurent que les résultats attendus des réflexions, contribueront incontestablement à dynamiser et à promouvoir le secteur pharmaceutique africain en général et sénégalais en particulier.
’’L’objectif du FPI est de créer un cadre approprié d’échange et de réflexion pour l’ensemble des acteurs du secteur de la pharmacie, du médicament et des autres produits de santé’’, ont-ils de nouveau expliqué.
POURQUOI ÇA COINCE AU SÉNÉGAL
Les droits de la santé sexuelle et reproductive ont été l’objet d’une session de formation à l’intention des journalistes. Organisée par Planned parenthood (Pp) Global cette session vise à aider les journalistes à mieux parler de la santé reproductive.
Les droits de la santé sexuelle et reproductive ont été l’objet d’une session de formation à l’intention des journalistes. Organisée par Planned parenthood (Pp) Global, cette session vise à aider les journalistes à mieux parler de la santé de la reproduction. A cette occasion, plusieurs thématiques seront abordées parmi lesquelles l’avortement.
Le débat sur l’avortement médicalisé peine encore à porter ses fruits au Sénégal. Cela s’explique par plusieurs facteurs. La juriste Awa Tounkara informe dans ce sens que « la législation nationale est défavorable à l’accès à l’avortement médicalisé aux femmes et aux jeunes filles en cas de viol, d’inceste ou d’atteinte à la santé ou à la vie de la mère ou du fœtus ». Pour mieux sensibiliser les acteurs une session de formation à l’intention des journalistes a été organisée par Planned parenthood (Pp) Global, sur les droits de la santé sexuelle et reproductive, à Saly.
Dans sa présentation, Mme Tounkara qui est membre de la task force pour mener le plaidoyer en vue de l’application de l’avortement médicalisé, a constaté que des défis persistent. « Il s’agit de vaincre les poches de résistance (quelques groupes religieux), d’harmoniser notre législation interne aux instruments juridiques internationaux, d’assurer la mise en œuvre et un bon encadrement de la loi sur l’avortement médicalisé », a listé la juriste. Mais aussi parce qu’il y a une « déformation », par les médias, du message.
C’est face à cette situation que la task force a vu le jour et a fait le diagnostic suivant : « Un taux de mortalité élevé avec 8% des décès maternels liés aux avortements, qui représentent 50% des motifs d’admission en urgence dans les maternités de référence et sont placés au cinquième rang des causes de décès maternels ; diagnostic situationnel des avortements à risque au niveau national piloté par la division de la santé de la reproduction ». En plus de cela, souligne l’experte, « plus d’une cinquantaine de cas de viols et d’inceste suivis de grossesses recensés par les boutiques de droit de l’Ajs entre 2014 et 2018. Depuis janvier 2021, 472 cas de viols. Au Sénégal, les statistiques révèlent 668 cas de violences sur mineurs, 706 agressions sexuelles, 1200 cas de viols rien qu’en 2019 ». Sans oublier l’infanticide.
Selon Awa Tounkara, il s’agit de l’aboutissement d’un avortement manqué. « Les motivations évoquées par les femmes sont principalement les souffrances liées au viol et à l’inceste. Dans l’impossibilité d’accéder à l’avortement médicalisé, certaines femmes cachent leurs grossesses pour se débarrasser de l’enfant au moment de l’accouchement », a conclu la juriste.
LUTTE CONTRE LE PALU, LE VIH ET LA TUBERCULOSE, LA STAGNATION DES FINANCEMENTS INQUIÈTE
Le fonds mondial de lutte contre le paludisme visait 18 milliards de dollars US pour son prochain cycle de financement de 3 ans. En l’état, 14,25 milliards de dollars US ont été mobilisés. Ce qui « met en péril l’objectif visé…
Le fonds mondial de lutte contre le paludisme visait 18 milliards de dollars US pour son prochain cycle de financement de 3 ans. En l’état, 14,25 milliards de dollars US ont été mobilisés. Ce qui « met en péril l’objectif d’obtenir suffisamment d’investissements » pour « sauver 20 millions de vies supplémentaires du paludisme, du VIH et de la tuberculose », alerte la Directrice Générale par intérim du Partenariat RBM pour mettre fin au paludisme, Dr Corine Karema.
Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a annoncé que sa septième conférence de reconstitution des ressources, organisée à New York, aux États-Unis, par le président Biden, a permis de collecter un total de 14,25 milliards de dollars US. Le communiqué reçu à Emedia précise que d’autres promesses sont attendues au cours des prochaines semaines.
Le document ajoute que le gouvernement américain a promis 6 milliards de dollars supplémentaires, pour mettre fin aux trois maladies, dont le paludisme, tout en remerciant l’ensemble des donateurs et des gouvernements qui ont reconnu « la gravité de la situation » et ont « considérablement augmenté leurs engagements », notamment le Canada, la Commission européenne, la France, l’Allemagne et le Japon.
En revanche, le partenariat, tout en se félicitant « de l’augmentation significative » des contributions d’un certain nombre de pays endémiques du paludisme, et reconnaissant qu’il s’agit « d’une période économiquement difficile », a annoncé que les investissements annoncés aujourd’hui sont inférieurs à l’objectif de 18 milliards de dollars US que s’est fixé le Fonds Mondial pour son prochain cycle de financement de 3 ans. Ce qui, s’inquiète-t-il, « met en péril l’objectif d’obtenir suffisamment d’investissements » pour « sauver 20 millions de vies supplémentaires du paludisme, du VIH et de la tuberculose. »
En 2020, la maladie a causé 627 000 décès, soit 69 000 de plus que l’année précédente
Aussi, « le Fonds mondial étant l’une des principales sources de financement de la lutte contre le paludisme dans le monde, le Partenariat RBM et la communauté mondiale de la lutte contre le paludisme s’inquiètent de l’impact que pourrait avoir le fait de ne pas combler le déficit actuel », alerte le document. Lequel ajoute que le Partenariat RBM continuera à « plaider en faveur des communautés touchées par cette maladie. »
« Nous félicitons le gouvernement des États-Unis pour son leadership, ainsi que tous les donateurs qui ont contribué à la reconstitution record d’aujourd’hui - cet argent permettra de sauver des milliers de vies du paludisme, a plaidé la Directrice Générale par intérim du Partenariat RBM pour mettre fin au paludisme, Dr Corine Karema. Cependant, nous sommes préoccupés par le fait que le total des promesses de dons d’aujourd’hui n’a pas encore atteint l’objectif que le Fonds Mondial s’était fixé pour remettre la lutte contre le paludisme en avant. Ce financement est vital - non seulement pour fournir des programmes de sauvetage du paludisme, mais aussi pour renforcer la résilience des systèmes de santé de manière plus générale et contribuer à nous protéger des futures pandémies."
Elle ajoute : « aujourd’hui, la lutte contre le paludisme se trouve à un stade précaire. En 2020, la maladie a causé 627 000 décès, soit 69 000 de plus que l’année précédente, en partie attribuées à la pandémie de COVID-19. L’impact de la stagnation des financements, des urgences humanitaires, ainsi que les menaces croissantes de la résistance aux médicaments et aux insecticides, ont encore affecté notre capacité à progresser. » Avant de poursuivre : "nous appelons les gouvernements, les philanthropes, le secteur privé et les pays endémiques qui ne se sont pas encore engagés à faire un pas en avant et à s’engager. Le temps est compté pour que les gouvernements s’engagent - chaque dollar compte vraiment pour sauver des vies. Il n’est pas trop tard pour que les gouvernements, en particulier ceux qui ont déjà fait preuve d’un tel leadership et d’un tel engagement en faveur de la santé mondiale, agissent. Les pays où le paludisme est endémique dans le monde entier nous regardent et nous attendent. »
Le communiqué souligne que la reconstitution des ressources du Fonds Mondial « est essentielle aux efforts de lutte » contre le paludisme car elle permet « de mobiliser et d’investir des fonds pour le financement de programmes de lutte contre le paludisme dans 94 pays. Le Fonds Mondial a estimé qu’un Fonds Mondial entièrement reconstitué permettrait : De réduire les cas de paludisme de 66 %, soit de 239 millions en 2020 à 81 millions en 2026, d’augmenter la couverture des moustiquaires imprégnées d’insecticide en Afrique de 43 % en 2020 à 52 % en 2026, de traiter 550 millions de cas de paludisme grâce aux systèmes du secteur public entre 2021 et 2026, et d’éliminer le paludisme dans 6 pays supplémentaires d’ici 2026.
ABDOULAYE ELIMANE KANE RACONTE SA RENCONTRE AVEC LA COVID
L'ancien ministre de la Culture a présenté, mercredi 14 septembre 2022, son livre : SAARABAA, La Covid-19 existe, je l'ai rencontrée. Témoigner c’est contribuer à lutter contre cette maladie en soulignant certains aspects de sa complexité, indique-t-il
SenePlus publie ci-dessous, le texte de présentation du nouveau livre SAARABAA, La Covid-19 existe, je l'ai rencontrée d’Abdoulaye Elimane Kane paru aux Éditions L’Harmattan. L’auteur y revient notamment sur les implications de cette maladie dont il a été victime, à travers des réflexions sociétales, philosophiques et culturelles. La cérémonie de dédicace a eu lieu mercredi 14 septembre 2022 dans l’enceinte de L’Harmattan à Dakar.
« Mesdames, messieurs,
Chers amis, parents et collègues et illustres panélistes,
merci d’ être venus , par ces temps difficiles et encombrés , une actualité dominée par le Magal de Touba , la mise en place de la 14e législature , l’ attente de la formation du gouvernement , les inondations , le coût de la vie et la guerre en Ukraine et sans doute d’ autres urgences.
Mes remerciements vont également au Docteur Abdoulaye Diallo directeur des éditions L’Harmattan Sénégal qui, sans répit, accepte de publier mes ouvrages et d’assister à leur présentation avec une égale courtoisie et marque d’attention.
Mes pensées vont également vers mon ami Charles Becker : depuis bientôt une décennie, il s’est montré d’une disponibilité sans faille pour relire mes manuscrits et effectuer la configuration technique des ouvrages qui en sont issus.
Il m’est également agréable de saluer et remercier deux grands artistes à qui je dois l’illustration qui figure sur la couverture de Saarabaa, illustration intitulée ANDARY, pour rendre hommage à Ndary Lo, célèbre sculpteur sénégalais qui crée des personnages grands et filiformes à l’image de ceux de Giacometti, L’Homme qui marche, sculpture en bronze, étant l’un des plus célèbres qu’on trouve au siège de l’Unesco à Paris.
Je veux nommer Viye Diba, artiste plasticien sénégalais bien connu, mainte fois primé pour ses œuvres, notamment ses installations.
C’est sur son idée et en s’inspirent d’un bas-relief figurant des dents de chien à l’entrée de son atelier, que Pape Ba, photographe et éditeur d’ouvrages, a réalisé cette illustration.
Il s’agit d’un photomontage représentant un funambule jouant d’une guitare traditionnelle et essayant de traverser un précipice, sur un fil tendu entre deux pics géants figurant des dents de carnassier sur fond de ciel bleu mais nuageux.
Le professeur Djibril Samb brillant préfacier de cet ouvrage, a donné dans son texte une contribution substantielle et éclairante sur les questions soulevées par ce témoignage.
Autour de cette table, pour contribuer à la présentation de SAARABBA, le professeur Issa Wone vous a présenté des personnalités du monde universitaire et médical connues pour leurs états de services élogieux en raison de leur expérience et de leurs travaux qui font autorité dans leurs domaines respectifs.
Le professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses au CHU – Fann de Dakar que l’irruption du nouveau coronavirus, après celle d’Ebola dans le monde et au Sénégal, a propulsé au-devant de la scène.
Je le remercie encore d’avoir fait l’effort de caller dans son agenda très chargé, cette échappée pour prendre part à nos échanges de cet après- midi.
Le professeur Abdoul Almamy Hane, ancien chef du service de pneumologie du CHU- Fann de Dakar, qui a pris sa retraite dans la fonction publique mais qui n’en continue pas moins de mettre son expérience au service de ceux qui souffrent ou ont besoin de conseils.
C’est lui qui a fait dire un jour à un médecin parisien qui s’adressait à moi : « N’abandonnez ni votre médecin ni le traitement qu’il vous a prescrit. »
Je termine cette galerie prestigieuse de portraits par le professeur Issa Wone.
Il fait partie de ceux qui, avec les éditions L’Harmattan, m’ont décidé à faire cette présentation/ dédicace.
Et c’est lui qui m’a présenté au professeur Seydi pour les besoins de cette rencontre. Le professeur Seydi, en plus de son accord a pris, discrètement comme à son habitude, une part non négligeable à la préparation de cette cérémonie.
Je me réjouis de constater qu’Issa, fils de mon regretté cousin, le professeur Ibrahima Wone, a suivi les pas de son illustre père en choisissant lui aussi une carrière de médecin/enseignant et en manifestant un intérêt particulier pour la santé publique.
Ils sont tous très sollicités et leurs responsabilités leur laissent peu de loisir : j’apprécie qu’ils aient fait preuve d’amitié et de générosité pour lire et commenter ce témoignage que je verse dans la corbeille de l’abondante littérature consacrée à l’apparition et à la pandémie due au nouveau Coronavirus.
La pandémie n’est plus l’épicentre de l’actualité mais il ne me semble pas décalé de discuter d’un témoignage sur la Covid-19, même dans un petit livre dont le motif principal est de soutenir qu’il ne faut, sous aucun prétexte, placer la santé au-dessous d’aucune autre priorité.
Mais je dois confesser que ce texte m’a donné bien du fil à retordre.
La volonté de le produire a été présente dans mon esprit dès que certains contours de l’épidémie et ses nombreuses conséquences ont été expliqués.
Mais je concevais autrement le contenu d’une telle contribution, avant d’être contaminé par le virus sans pour autant avoir commencé à l’écrire.
L’infection et l’hospitalisation ont complétement changé la donne : écrire sur cette expérience pouvait prendre différentes formes : un roman, une nouvelle, un entretien organisé ou un petit essai.
La forme de journal intime a vite pris le dessus pour deux raisons : le besoin de fixer, pour mémoire, les étapes, événements et faits significatifs de cette expérience, pour ma gouverne personnelle essentiellement.
Du fait de la singularité de cette affection, je me suis trouvé en dialogue avec moi-même, pour comprendre ce qui m’est arrivé et donner un sens aux rapports que j’ai eus avec différents protagonistes de cette affaire, notamment le personnel médical.
Pour ces deux raisons, j’ai été confronté au dilemme suivant : faut-il le publier ou le garder simplement comme journal personnel ?
Au moment de trancher, les avis de quelques personnes dont j’ai mentionné les noms dans la page des remerciements, m’ont aidé à prendre cette décision.
Le désir de partager mes réflexions, impressions et sentiments avec les hommes et femmes du monde médical et ceux et celles qui ont été malades de la Covid-19 a été décisif.
Je voudrais à présent m’arrêter un moment sur les composantes de ce récit de vie qui n’est pas le premier genre dont je me sois servi puisque, on s’en souvient sans doute, j’ai déjà publié une chronique portant sur l’asthme dans mon autobiographie intitulée : « Philosophie sauvage. La vie a de longues jambes. »
Ce cas-ci comporte plusieurs aspects qu’on ne trouve pas dans le premier.
Il fait l’objet d’une publication à part alors que la chronique sur l’asthme est insérée dans des textes ayant d’autres objets de réflexion que la maladie.
Comme l’a si brillamment montré le professeur Djibril Samb dans sa préface, Saarabaa a toutes les caractéristiques d’un récit : chronologie, descriptions de personnages et de lieux péripéties et dénouement.
Sur ce point je n’ai pas manqué de noter pour moi-même une question qui pourrait venir à l’esprit du lecteur et qui est la suivante : était-il nécessaire de produire ce foisonnement de détails, de portraits d’hommes et de femmes, d’événements et de circonstances, de références à ma famille, mon épouse, mes enfants, des parents et des amis quand, ce qui est attendu de l’auteur, est de parler du virus, de ses manifestations et de l’issue de cette affection sur la personne qui fait ce récit ?
Aucun détail n’est ici, superflus, tous les éléments de la trame de ce récit, même les plus apparemment anodins, anecdotiques ou subjectifs, sont justifiés et ordonnés à une fin principale : faire comprendre comment cette maladie a été vécue par l’auteur de ce récit et expliquer le type de rapports institués entre protagonistes de ce récit de vie, notamment entre le patient et les médecins.
Prenons un exemple : j’ai longuement décrit la cabine 21 où j’ai séjourné un mois, le personnel médical qui y venait, la périodicité des visites, et mon voisin de chambre auquel j’ai consacré des paragraphes conséquents.
Sans ces maillons on ne comprendrait pas l’articulation de certains éléments de l’énigme constituée par les positions opposées des deux médecins chargés de mon dossier sur la question de savoir si tel jour je devais sortir de l’hôpital.
Sans la présence et les propos innocents de mon voisin de chambre cette contradiction n’apparaitrait pas et une part significative de mes interrogations sur la prise en charge médicale disparaitrait.
En science et dans le domaine médical des divergences d’appréciations ne constituent pas forcément un scandale, ni ne mettent en cause la connaissance scientifique et ses mérites. Souvent ce sont des faits de cette nature qui font progresser la science.
Mais du point de vue du patient qui en est informé cela peut constituer une source d’angoisse.
J’ai donc dès le départ voulu donner à ce livre, Saarabaa, laCovid-19 existeje l’ai rencontré, une valeur de témoignage à partager.
Devant la maladie différentes conduites sont possibles et l’on ne peut que respecter et comprendre celle des infectés de la Covid-19 qui n’estiment pas nécessaire de partager cette expérience sous une forme éditoriale ou publique.
Le plus important, en effet, est de recouvrer la santé et de travailler à la préserver.
Dans nos sociétés africaines, sénégalaise en particulier, contrairement à une longue tradition du monde occidental depuis la Renaissance et l’invention de l’imprimerie et du concept d’individu, la publicité d’actes de vie personnelle va souvent à contre-courant d’une certaine éthique de la retenue, de la pudeur, du secret, de l’ésotérisme et de la confidentialité.
Ce type d’interrogation a effleuré l’esprit de tout auteur d’une autobiographie.
La volonté de témoigner peut absoudre l’auteur en ce que cette pandémie semble être, de toutes celles qui sont connues, la plus dévastatrice et la plus menaçante non seulement pour la vie de chacun mais aussi pour la collectivité, voire la civilisation et même l’humanité.
Témoigner c’est donc contribuer à lutter contre cette maladie en soulignant certains aspects de sa complexité, la diversité des modalités de sa manifestation et pour donner aux autorités sanitaires l’avis des infectés rescapés sur les problèmes de prise en charge médicale.
Voici à présent un autre argument pour justifier cette forme de témoignage.
Il s’agit d’un argument philosophique spécifique.
Ce qu’on appelle en philosophie leproblèmeduMal constitue un des objets usuels de la pensée philosophique : pourquoi le Mal sur Terre, est-ce le fait des hommes ou celui d’une puissance qui les dépasse ?
De manière plus prosaïque la violence, la souffrance, la maladie, la mort constituent différentes figues du Mal diversement vécues et interprétées.
La maladie et la mort, deux visages du Mal sur Terre, sont perçues à la fois comme logiques dans l’ordre du vivant (notre vulnérabilité et notre finitude) et indésirables dans l’ordre de l’existence.
L’intérêt de ce rappel est d’en arriver à cette idée fondamentale en philosophie : la question du sens : quel sens donnons-nous à ce qui est vécu. Et, ici, quel sens donnons-nous à la maladie ?
La maladie fait partie de la vie. Être malade c’est encore être en vie et espérer vivre plus longtemps.
À condition que les moyens soient ordonnés à cette fin et qu’une communication appropriée permette au malade de contribuer à sa propre guérison.
Au titre des questions implicites qui se trouvent au cœur de ce témoignage en voici une qui est révélatrice de l’effet Covid sur la psychologie des populations en général, des patients en particulier.
Avec cette hospitalisation, ma perception de l’hôpital a brutalement changé.
J’ai été, à plusieurs reprises, hospitalisé pour cause de mal asthmatique. Et l’hôpital m’était jusque-là apparu dans son sens originel d’hospice – lieu où l’on offre l’hospitalité et le réconfort.
Pour la première fois je me suis montré rétif à cette hospitalisation, suite à cette infection par le nouveau coronavirus.
J’ai exprimé dans ce texte, sous des formes différentes, mon souci et ma volonté d’abord d’éviter d’y entrer, ensuite d’en sortir, en me fondant sur ce que je ressentais à différentes étapes et qui me semblait justifier ce souhait et cette volonté.
Pourtant je sais par expérience que, c’est pour leur bien et par nécessité qu’on admet et retient des patients à l’hôpital.
Malgré les chiffres qui assurent un nombre plus élevé de guérisons que de morts cette nouvelle perception est très certainement due au sentiment d’enferment et d’incertitude qu’au cours de cette période la notion d’hospitalisation a engendré.
Ce changement de regard peut expliquer en partie les rapports médecin/patient qui ont caractérisé mes relations avec les deux principaux soignants ayant eu en charge mon dossier.
Mais d’autres facteurs s’y sont sans aucun doute, également greffés : le manque de personnel qui ne leur a pas permis d’être souvent disponibles, la complexité de cette maladie, leurs propres soucis de membres du corps médical exposés et vulnérables comme tout le monde.
Ils me pardonneront d’ajouter qu’ils me sont apparus comme ayant une certaine propension à se fier presque exclusivement aux instruments de mesure qui leur permettaient de connaitre l’évolution de mon état de santé.
La technologie a rendu d’immenses services à la médecine et à l’humanité et il en sera certainement ainsi et de plus en plus.
Mais la santé relève plus du qualitatif que du quantitatif et s’apprécie en termes de ressenti du patient.
Pourtant, je ne doute pas un instant de ce que leur vocation et leur formation les aient préparés à savoir que ce ne sont pas des chiffres qu’ils ont à soigner mais des êtres de chair et de sang et qui plus est, des êtres humains.
Au titre d’autres questions plus explicites j’ai abondamment brodé sur trois sujets qui reviennent dans mes méditations d’individu aux prises avec une maladie chronique.
En m’inspirant d’un adage de la langue Pulaar j’ai insisté, dans ce livre, sur la primauté de la santé par rapport à toutes les raisons d’ordre économique et tous les arguments de décision et d’orientation des politiques publiques qui ont eu, à un moment ou à un autre, à ne pas prendre un compte suffisant de la santé.
Celal woni afo ngalu : « La santé est l’article premier de la prospérité », dit cet adage.
Je me suis employé à montrer que les traductions littérales et non littérales de cette expression renvoient à deux visions opposées des questions de priorité :
d’un côté celle d’ une conception de type techno- économique, principalement soucieuse de rentabilité et de profits, conception qui a conduit aux difficultés et aux traumatismes révélées par cette pandémie ;
de l’autre celle qui correspond à l’ esprit de cette parole de sagesse à savoir que la santé est cette forme de prospérité garante de toutes les autres.
En lisant récemment Jacques Attali, j’ai vu que ce qu’il appelle « économie de la vie » correspond bien à la leçon qu’il demande de tirer des erreurs des sociétés occidentales les plus développées économiquement et qui sont celles qui ont le plus souffert de cette pandémie. Il élève une nouvelle vision du monde et un changement de politiques publiques au rang de nécessité pour passer de la simple survie de l’humanité à une véritable assurance de vie et de prospérité, avec la santé et l’éducation comme piliers de cette nouvelle orientation.
L’hôpital, la santé publique et l’éducation appellent un changement de regard, un autre paradigme si l’on ne veut pas faire sombrer l’économie elle-même et l’humanité avec elle.
La question souvent débattue dans la presse du monde occidental, au sein des instances sanitaires internationales ou régionales, l’idée d’ une « exception africaine » face à cette pandémie, en termes de nombre d’infectés, d’hospitalisés et de morts, a été abordée dans Saarabaa.
N’ayant aucune expertise dans aucun domaine, encore moins dans celui- ci, en attendant de connaitre l’explication scientifique de ce phénomène, je me suis jeté à l’eau en hasardant une hypothèse tirée d’une sorte d’empirisme naïf : à savoir que, pour le cas du Sénégal, contre toute logique et toute exigence de discipline, c’est la vie sociale, culturelle et religieuse qui pourrait avoir fabriqué une certaine immunité collective.
Mais je n’ai pas oublié que toute l’histoire de la philosophie est un tissu de ruses avec le sens commun, usant de procédés ambivalents pour faire de ce mode de connaissance un marchepied, l’élevant dans un premier temps à la dignité de bon juge pour, l’instant d’après, le récuser comme aveugle à des réalités plus profondes.
Bachelard nous a averti de longue date « Les intuitions sont bonnes, elles servent à être détruites. »
Je suis donc un homme doublement averti pour ce qui est de la valeur de cet argument.
Mais c’est pour le moment la seule explication qu’il me semble pouvoir tirer de l’observation. Seule la science nous édifiera sur la question.
À cet argument à l’emporte-pièce j’ai ajouté celui que je tiens d’un de mes maitres à l’université de Paris, Georges Canguilhem, philosophe et médecin de son état, connu dans l’histoire contemporaine de l’épistémologie historique pour l’importance qu’il accorde au concept de normativité et par extension à celui d’auto-normativité.
Ce concept signifie en gros que la santé n’est pas un état de nature déjà donné dont les écarts par excès ou par défaut sont cause la maladie.
Entre la pathologie et la santé il y a une différence de nature et non de degré. Il n’y a pas en matière de santé une norme statique, universelle et pérenne, valable pour tous les individus et tous les patients face à la maladie.
La spontanéité de la vie et la créativité de l’organisme offrent à ce dernier, face aux pathologies, de tolérer des infractions à la norme habituelle et de créer des normes nouvelles.
« La santé, écrit- il, c’est le luxe de tomber malade et de s’en relever ».
Et pour preuve qu’on ne peut pas la fixer dans des normes immuables, notre philosophe a cet autre aphorisme particulièrement instructif : « Aucune guérison n’est retour à l’innocence biologique. »
En extrapolant et en appliquant ce concept d’auto normativité à ce qu’on appelle « exception africaine », face à la pandémie et en y voyant une explication de son immunité collective relative, j’ai trouvé une caution intellectuelle à cette hypothèse.
Mais ma conviction demeure que c’est la science qui nous donnera la bonne réponse et que sa réponse ne récusera pas forcément l’idée d’exception africaine.
Enfin, dernière question d’intérêt philosophique abordée dans ce livre : le statut épistémologique de la médecine.
C’est un biais par lequel on peut faire l’éloge de la médecine.
Car d’un bout à l’autre de ce témoignage, m’appuyant sur mon expérience de néo-hospitalisé et observant ce qui se passe dans le monde depuis l’irruption du nouveau coronavirus, je n’ai eu cesse de faire l’éloge des médecins et de la médecine.
Partons encore d’une formule de Canguilhem : « La médecine est un art au carrefour de plusieurs sciences ».
Chaque terme de cet aphorisme renvoie à la singularité de cette discipline.
Expliciter cela est un exercice délicat qui consiste à tenir ensemble deux exigences : la médecine appartient au monde des sciences mais en tant que technique il y a dans sa pratique une part d’opacité que la loi scientifique ne peut rendre entièrement transparente et qui ne relève de rien d’irrationnel ou d’une quelconque sympathie envers l’obscurantisme.
C’est la part d’humanisme qui consiste à traiter le patient en ne se contentant pas de le réduire à un ensemble de chiffres - si utiles et pertinents soient – ils, personne n’en disconvient - mais comme un être humain ainsi que Hippocrate l’a très tôt et constamment recommandé dans sa conception holistique de la médecine.
En guise d’illustration, mon collègue, le professeur Djibril Samb, qui a eu la bonté de préfacer ce petit livre, rappelle fort opportunément à la fin de son texte cette recommandation de Hippocrate au médecin : « veiller jusqu’au parfum qu’il porte, lequel doit être agréable et n’avoir rien de suspect » .
Hippocrate avait à l’avance anticipé sur des cas comme le mien, moi qui suis allergique à certains parfums, pas à tous fort heureusement.
Je voudrais terminer cette présentation sur trois notes.
La première est relative au vaccin et à la vaccination et à la nécessité de promouvoir une culture scientifique pour tous.
Les audaces d’interprétation sur l’immunité collective et « l’exception africaine » ne m’ont pas fait perdre de vue le caractère impératif d’une politique et d’une action résolue pour la vaccination universelle.
Cette précision relève de ce que nous devons, en même temps que l’humanisme, faire de la culture scientifique et de la croyance en la valeur de la science un des piliers de l’éducation et de l’émancipation.
La culture scientifique n’est pas l’affaire d’un jour ou des scientifiques seulement.
Elle a besoin de volonté politique, de pédagogies appropriées et de persévérance. Notamment souligner et prouver que cette culture scientifique n’est pas antinomique d’une croyance et d’une pratique religieuses intelligentes et tout à fait conforme à certaines prescriptions des écritures saintes.
Et à propos de vaccination, pour qu’elle soit universelle, une des conditions à satisfaire est bien évidemment que le vaccin soit à la portée de tous.
La deuxième note porte sur SAARABAA, titre de l’ouvrage, concept et facteur psychologique d’accompagnement de ma rencontre avec la Covid-19.
Œuvre musicale à la fois célèbre et somptueuse, le fait d’avoir écouté différentes interprétations de cet air , à commencer par celle de Samba Diabaré Samb, au moment le plus critique de mon infection, à une heure tardive d’une nuit d’insomnie, a eu pour conséquence de faire naitre dans mon esprit l’ambiguïté de sa signification alors qu’en dehors de son refrain je ne savais rien du contenu de cet air, ni son origine ni sa destination.
J’ai dit dans le texte que son refrain, Nanu dem saarabaa, nanu ni bi saarabaa, a eu pour moi l’effet d’un mantra au cours de mon hospitalisation avec des sentiments oscillant entre angoisse et confiance.
C’est quoi un mantra ?
Un mantra, c’est un élément verbal, un mot par exemple, répété mentalement et volontairement, soit dans des exercices à caractère mnémotechnique soit dans d’autres à caractère mystique comme par exemple le zikre.
Par ailleurs, chacun a fait l’expérience, après une longue écoute d’un air ou d’une partition musicale, d’avoir continué à percevoir des lambeaux de flonflons, des bribes de sons, longtemps après la cessation des conditions qui en étaient à l’origine. Voire de les fredonner plus ou moins machinalement. Donc involontairement.
Sa persistance et son surgissement à différentes étapes de mon traitement m’ont fait considérer le refrain de Saarabaa comme un mantra. Mais dont la répétition n’est pas volontaire.
Et j’ai consacré la dernière partie de l’ouvrage aux investigations que j’ai menées, après ma sortie d’hôpital et pour les besoins de ce témoignage, afin d’en savoir plus.
Le résultat auquel je suis arrivé, avec l’aide des professeurs Lamane Mbaye et Massamba Guèye me donne tout à fait satisfaction.
Saarabaa symbolisant un lieu mythique, un lieu qui n’existe nulle part mais ayant valeur d’horizon désirable, j’ai interprété le mantra qu’a constitué pour moi ce refrain comme une métaphore de la santé.
A savoir, une sorte de paradis perdu quand domine la maladie et la douleur.
Ou bien alors l’espoir du retour d’un « âge d’or », celui d’avant la maladie et dont on ne s’aperçoit de la valeur de « paradis » relatif qu’après l’avoir perdu.
J’en ai fait une deuxième interprétation en extrapolant l’idée de lieu mythique pour souhaiter qu’à la lumière de cette pandémie, et après avoir tiré les leçons de nos errements, imprévoyances, négligences, détournements coupables d’objectifs, une nouvelle utopie permette à l’humanité d’aller vers un nouvel « âge d’or « où la santé serait la reine des priorités.
Voici enfin, dernière note ne figurant pas dans l’ouvrage mais est induite par les observations faites sur le nombre de cas d’infectés, d’hospitalisés et de décès, ici et dans le monde.
Il s’agit de considérations relatives à la perception que nous avons de la maladie d’abord (ce virus existe-t-il et si oui pourquoi est-il resté inconnu) ; ensuite la qualité et le nombre des victimes à travers les informations données par les médias et les autorités sanitaires.
En termes d’exigence démocratique et de besoin d’information le rôle de pouvoirs et la portée de leur influence n’est plus à démontrer.
Il s’agit plutôt de notre psychologie collective face à l’actualité en général, aux évènements dramatiques en particulier, notamment les accidents, les maladies et la mort dont les médias et les avis circonstanciés des autorités étatiques et/ou médicales se font l’expression et le relai.
Face aux conséquences désastreuses de cette pandémie qui dure encore et dont on ne connait pas tous les ressorts nos pensées vont vers ceux que nous avons connus et aimés et qui n’ont pas eu la chance que d’autres ont eue.
Parmi eux d’illustres personnalités du monde de arts, des Lettes, de la politique, de la science et d’autres domaines de la vie publique.
Mais il y a également ces milliers d’autres victimes de la Covid-19 qui ne sont ni des stars, ni des hommes et des femmes connus, ces milliers d’anonymes pour le grand public mais dont, évidemment, la perte est connue et a été ressentie par leurs proches endeuillés et confrontés aux conséquences d’un tel traumatisme.
La raison en est simple : les médias s’adressent aux masses et les masses ont besoin de mythes : événements choc, personnalités en vue et qui les ont fait rêver, notamment.
Mais ce fait laisse en creux des réalités plus profondes.
« Être, c’est être perçu » : voilà une formule du philosophe idéaliste du 17e siècle Berkeley, qui pourrait interprétée pour les besoins de cette problématique, éclairer la signification de cette différence de perception et les conséquences qui en découlent.
Formule fausse en première instance car n’être pas vu n’empêche pas d’exister, le philosophe l’ayant lui- même souligné dans un premier temps.
Par exemple la Tour Effel quand on n’est pas à Paris et en face de cette œuvre monumentale.
Par exemple, ce virus dévastateur qu’est le Covid-19 avant le déclenchement de la pandémie à Wuhan en Chine.
Mais formule vraie, en deuxième instance : si personne ne regarde la Tour Effel que reste-t-il de sa valeur : l’image de la ville, les retombées du tourisme et la qualité de la vie culturelle ?
De même le virus du Covid-19 existait bel et bien, d’abord non perçu, puis, dans le même élan s’est révélé à l’humanité tout en causant les dégâts qu’on n’a pas encore fini de dénombre.
Est-on à l’abri d’autres virus inconnus et inaperçus et dont on risquerait de subir les méfaits en même temps qu’ils apparaitraient en pleine lumière ?
Question qui permet de revenir à la formule complète du philosophe anglais : « être c’est être perçu ou percevoir »
D’où l’importance de la recherche scientifique et la nécessité de la doter de moyens conséquents privilégiant ces questions vitales.
Formule valable donc par rapport à la question suivante : le nombre de cas positifs aux tests et le nombre de morts recensés dans le monde et dans chaque pays correspond-il au nombre réel de victimes ?
Du point de vue statistique, les cas non perçus, par exemple faute d’instruments de mesure ou d’équipes qualifiées pour en connaitre, sont-ils marginaux ou, au contraire, de nature à montrer que cette pandémie a été plus dévastatrice qu’on ne l’a pensé.
Ces oublis, omissions et méconnaissances liées à différents facteurs sont- ils de nature à remettre en cause jusqu’ à l’idée « d’exception africaine » ou bien demeurent elles marginales bien que déplorables comme toute perte de vie humaine ?
Mesdames, messieurs, chers amis, parents et collègues merci infiniment d’être venus et d’avoir pris part, chacun à sa manière, à ces échanges où nos trois invités de marque, les professeurs de médecine Seydi, Hane et Wone, nous ont aidé à prendre la mesure exacte des questions qu’inspirent l’expérience d’une rencontre avec le Covid-19. »
POURQUOI IL FAUT LUTTER CONTRE LES FAUSSES INFORMATIONS ET LES BARRAGES CULTURELS
Face à la résurgence des maladies émergentes en Afrique, le chef de Service des maladies infectieuses de Fann, recommande de lutter contre la désinformation et les barrages culturels. Entretient avec le professeur Moussa Seydi
Face à la résurgence des maladies émergentes en Afrique, le chef de Service des maladies infectieuses de Fann, recommande de lutter contre la désinformation et les barrages culturels. Dans cet entretien accordé à Bés bi Le jour, le professeur Moussa Seydi analyse l’impact des essais cliniques sur les systèmes de santé.
Comment se porte la recherche en Afrique ?
Depuis cette dernière décennie, il y a eu des progrès. Parce que si on regarde, la production scientifique mondiale était multipliée par 2,3 en Afrique. Alors que cette production scientifique a été multipliée par 1,3 dans le reste du monde. Mais il faut remarquer que ce progrès a eu lieu après un retard énorme, et nous sommes toujours en retard malgré ces progrès parce qu’il n’y a que 2,4% de chercheurs mondiaux qui sont africains. Moins de 1% des brevets sont détenus par les Africains. Nous participons à moins de 4% de la littérature scientifique mondiale. Il y a des progrès qui ont été faits mais il reste beaucoup à faire pour combler le gap.
Quel est l’impact de ces recherches sur les systèmes de santé ?
Je donnerais un point de vue du clinicien. Par rapport à l’utilisation de l’azytromicine et de l’hydroxy chloroquine dans le Covid, il y a des articles qui ont montré que c’était efficace in vitro. Une étude préliminaire a montré que cela pouvait marcher et nous avions pris l’option de l’utiliser. Et après avoir utilisé ce médicament, à peu près sur 1000 malades, nous avons fait une étude rigoureuse qui nous a montré que cette association était efficace et bien tolérée. Donc, cela nous autorisait à continuer le traitement et pas pour des recommandations internationales. Nous l’avions fait pour nous-mêmes. Mais le contexte a bien changé, et depuis lors, cette association n’est plus recommandée pour plusieurs raisons. On ne sait pas si cette combinaison marche sur Omicron. On sait qu’il y a des traitements qui marchent sur Delta par exemple, mais qui ne marche pas sur Omicron. On sait que le vaccin est un peu moins efficace sur Omicron.
Que peut-on retenir en guise d’exemple ?
Je peux donner l’exemple du vaccin Ebola. Nous avons participé à un projet de recherche là-dessus, on sait que sans ce vaccin, il est difficile d’arrêter une épidémie à virus Ebola. Et pour ces deux grands projets, la Solution recherche opérationnelle (Sro) c’était Pharmalys. C’est cette organisation qui nous a accompagnés. Imaginez dans un contexte de polémique internationale, si vous faites une recherche sans une au niveau de Pharmalys, peut-être votre étude ne sera même pas prise au sérieux. Donc, ce sont des organisations très importantes pour nous chercheurs. Je peux donner l’exemple de human papilloma virus, le vaccin contre le cancer du col de l’utérus, les recherches ont été effectuées ici notamment au lycée Kennedy. Ce sont ces recherches qui avaient permis de faire un plaidoyer pour l’introduction du vaccin chez les filles âgées de 9 à 15 ans. Je peux donner l’exemple de l’infection à Vih, les premières recherches ont été menées ici. Au début, on disait qu’en Afrique il fallait juste faire le traitement des maladies opportunistes, il ne fallait pas donner de traitement anti rétroviral, c’est ce que tous les experts occidentaux disaient. On traite les infections opportunistes, on les laisse tranquillement mourir de l’infection à Vih. Mais ce sont ces recherches menées ici qui ont montré la faisabilité de ces traitements en Afrique. Et ce sont ces recherches qui avaient permis de faire le plaidoyer pour que ces médicaments soient mis à la disposition des patients gratuitement. Je peux donner d’autres exemples, et je ne vous ai parlé que des recherches menées, ici, à Dakar, qui était impliqué. Donc, on ne peut pas dissocier la recherche clinique de la médecine.
Que faut-il faire pour propulser la recherche face à la résurgence des maladies émergentes ?
Il y a beaucoup de choses à faire et à chaque niveau. D’abord, au niveau institutionnel, il faut créer et renforcer les institutions de recherche avec un agenda scientifique. Je ne vais pas donner de détail - mais pas d’agenda politique, pas d’agenda personne, pas un autre agenda, un agenda scientifique. La deuxième chose, c’est qu’il faut des moyens financiers. La recherche c’est quand même très lourd, il faut beaucoup de ressources. Si vous avez un montant dérisoire, vous ne pouvez pas faire de la bonne recherche. La recherche coûte cher mais voyez le résultat. Si vous créez un vaccin qui sauve des milliers de vies humaines, vous mettez sur pied un traitement qui guérit des millions de personnes, ça vaut le coup. Il faut former le personnel à la recherche. Parce que dans l’exercice de sa profession, il peut constater des problèmes, vouloir analyser en vue d’apporter des solutions. Mais beaucoup de médecins dans les régions vous diront qu’ils ont réussi à identifier et à régler un problème à l’issue de recherches opérationnelles. On me raconte une histoire il y a très longtemps par un de nos anciens, je pense que c’était à Khombole, où il y avait beaucoup de cas de tétanos. Alors, quelqu’un a mené des études pour voir si en faisant le flambage de la lame de rasoir, est-ce que cela peut réduire le nombre de cas de tétanos néonatal. Et il avait trouvé que cela a réduit le nombre de cas de tétanos néonatal. Il y a des endroits ici, au Sénégal, où on a juste incité les gens à se laver les mains. Et on a vu en se lavant les mains, que cela réduisait les infections respiratoires. Ceux sont des types de recherche opérationnelle qu’un médecin peut faire. Donc, il faut faire former les gens dans le cadre de cette recherche opérationnelle.
Pour une adhésion des populations aux vaccins et traitements, qu’est-ce qu’il y a lieu de faire ?
Il faut lutter contre les fausses informations, les barrages culturels. La recherche est indispensable. Dans certains endroits, dès qu’on parle de recherche, on pense qu’on met en danger la vie des patients, on donne des médicaments que l’on ne connait pas, etc. Vous avez tous entendu parler du vaccin contre le Covid-19, vous vous rappelez le message qui circulait disant que tous ceux qui sont vaccinés, 6 mois après, allaient tous mourir. Si on était tous morts, que serait devenu le monde ? Ce sont des lobbys très bien organisés pour détruire tout ce qui est en rapport avec la recherche comme ceux qui sont contre les vaccins. Nous sommes infectiologues, moi je n’ai jamais vu de cas de diphtérie, mes anciens en voyaient tous les jours et les gens mourraient comme pas possible. C’est parce qu’il y a le vaccin, le tétanos néonatal, on peut rester 3 ans sans le voir. Lorsque je faisais mes études en médecine, il y en avait minimum 200 par année. Et je peux continuer à donner des exemples. L’hépatite B, depuis qu’on a commencé à renforcer la vaccination, est devenu assez rare chez les enfants âgés de moins de 15 ans. C’est un gros combat, il faut lutter contre ces obstacles culturels mais aussi politiques. Il faut qu’il y ait de bonnes institutions, une bonne organisation et que le ministère de la santé et tous ceux qui parlent de santé se mettent ensemble pour voir comment faire pour lever tous les goulots d’étranglement.
CHERIF MOHAMED ALY AÏDARA PROPOSE D’INSCRIRE LE DON DE SANG DANS LES GRANDS ÉVÈNEMENTS RELIGIEUX
La communauté chiite commémore «l’Arbaïn» ou 40ème jour de l’assassinat de Hussein. A la veille de l’évènement prévu ce samedi, une journée de don de sang a été organisée par la communauté au siège de l’institut Mozdahir. Une occasion pour le guide chiite de préconiser l’utilisation des évènements religieux pour collecter du sang et résoudre le problème des déficits au niveau des établissements sanitaires du pays.
En prélude la commémoration de «l’Arbaïn» qui marque le quarantième jour après le massacre de Karbala, la communauté chiite du Sénégal a tenu à marquer l’évènement par une journée de don de sang, hier vendredi, avant les activités prévues ce samedi. Ce don de sang marque le sacrifice de l’imam Hussein pour sauver l’Islam, selon le guide chiite. «Comme l’imam Hussein a donné sa vie pour sauver l’Islam, nous pensons que donner du sang pour sauver des vies est une bonne action», a dit Mouhamed Aly Aïdara.
A cette occasion, le chef de la communauté chiite Mozdahir, s’est prononcé pour apporter des pistes de solution face à l’équation des pénuries de poches de sang. La solution, pour le chef religieux, pourrait être trouvée à travers les grands évènements religieux du pays qui peuvent être des prétextes pour organiser des dons de sang, avec l’implication des guides suprêmes des différentes communautés religieuses, comme à l’occasion du Magal, des Gamou et autres, sans oublier les autres confessions. «Face aux besoins énormes en poches de sang, la convergence de plusieurs milliers de fidèles peut être une opportunité pour organiser des dons de sang, récolter beaucoup de poches et mettre définitivement un terme aux ruptures de sang fréquentes dans les établissements sanitaires du pays.» «C’est dommage parce que moi j’aurais aimé voir toutes les personnes qui ont des partisans ou des gens qui les écoutent, faire des initiatives comme ça pour donner du sang. Nos frères dans les hôpitaux en ont besoin, ils sont en souffrance. Donc leur venir en aide est une obligation pour tout croyant. Aujourd’hui, nous faisons ce don à Dakar, mais on sait que dans des endroits comme Touba on en a besoin aujourd’hui avec tous ces accidents. Je pense que c’est valable à travers tout le pays. L’idéal serait qu’à chaque évènement religieux important qu’on puisse programmer aussi un don de sang. Normalement, nos hôpitaux ne devraient pas manquer de sang au Sénégal», a préconisé le guide de la communauté chiite Mozdahir.
Selon le guide, l’autoflagellation pratiquée par cette communauté ne fait pas partie des enseignements du Prophète (PSL). Pour autant, il ne condamne pas ceux qui s’y adonnent car c’est une façon pour eux d’exprimer leur ressenti. «Ce n’est pas dans les enseignements authentiques de l’Islam. C’est des ressentis et chaque personne à sa façon d’exprimer le mal qu’il ressent ; donc je me garde de porter un jugement sur leur choix. Nous on a choisi de suivre les enseignements de notre Prophète», a-t-il dit.
Au nom du ministère de la Santé, le Dr Ousseynou Badiane, qui s’est soumis à l’exercice du don de sang, a magnifié la journée qui contribue à résorber le gap de sang dans les hôpitaux du pays. «Les structures sanitaires sont souvent confrontées à problème de disponibilité de sang et le fait de donner du sang peut participer à réduire ce déficit-là. C’est quelque chose qu’il faut encourager, chaque fois que l’occasion se présente si les gens peuvent donner du sang qu’ils puissent le faire pouvoir sauver des vies», a souligné Dr Badiane. La journée de l’Arbaïn est prévue ce samedi et sera marquée par des causeries religieuses et des prières à la mémoire des martyrs de Karbala.
F2S ANNONCE UNE GRÈVE DE 48H
La conférence des secrétaires généraux de la Fédération des syndicats de la santé (F2s) a décidé d’aller en grève de 48 heures à partir du 21 septembre prochain.
La Fédération des syndicats de la santé (F2s) a annoncé, dans un communiqué, une grève générale de 48h les 21 et 22 septembre prochain. Selon les camarades de Cheikh Seck, cette décision entre dans le cadre du suivi des accords entre le gouvernement du Sénégal et les syndicats de la santé mais aussi pour le rétablissement de la dignité du professionnel de la santé suite à l’affaire de Kédougou.
La conférence des secrétaires généraux de la Fédération des syndicats de la santé (F2s) a décidé d’aller en grève de 48 heures à partir du 21 septembre prochain. Une décision prise lors de leur dernière rencontre sur l’avancement des différents points d’accords entre les syndicats de la santé et le gouvernement.
Dans un communiqué reçu, hier vendredi, les camarades de Cheikh Seck ont évoqué les points de négociations surtout sectoriels avec le gouvernement concernant la matérialisation des accords du 10 mai 2022 pour les points à incidence financière et la régularisation du personnel administratif des contractuels des établissements publics de santé (Eps) et du ministère de la Santé, des Collectivités territoriales, des Comités de développement sanitaires (Cds), des universités. «Nous nous félicitons du respect des engagements vis-à-vis de la subvention destinée au personnel des Eps à hauteur de 8 milliards pour couvrir les charges induites par les augmentations», a renseigné le communiqué.
Toutefois, il fait noter : «malgré la disponibilité de l’argent, certains agents administratifs ou de soutien et les ex-agents du Cto sont laissés en rade. Cette même situation est constatée au niveau du personnel des universités, des Collectivités territoriales ou des contractuels du ministère de la Santé.»
La source a aussi renseigné que «pourtant ceux qui sont à l’origine de ce blocage se sont empressés à s’octroyer une indemnité variant entre 200 et 300 milles francs. Ce sont les agents du ministère de la Fonction publique et du ministère des Finances».
Les points évoqués au cours de leur rencontre dévaluation sont aussi relatifs à la situation de Kédougou, avec le décès regrettable de Mme Doura Diallo et son bébé qui ont conduit à l’arrestation de trois professionnels de santé. «La situation à Kédougou a fini de montrer que tous les agents de santé sont en sursis et sont susceptibles, pour un moindre incident, de se retrouver en prison. Il y a une nécessité de mettre en place une règlementation protégeant les agents de santé, sans se substituer aux lois et règlements du pays», a annoncé le communiqué.
La situation de l’Ecole nationale de développement sanitaire et social (Endss), le reclassement des techniciens supérieurs et l’absence de recrutement dans la fonction publique depuis deux ans ont également été à l’ordre du jour de leur rencontre.
Pour les camarades de Cheikh Seck, depuis 5 ans, le concours pour la formation du personnel paramédical n’est pas ouvert au niveau de l’Endss. «Quinze sections ou spécialités n’ont pas ouvert de concours et parallèlement la Direction des ressources humaines est en train de prostituer cette formation en ouvrant tous azimuts des formations privées qui cherchent plus à enrichir une bande de nomenklatura que de répondre aux exigences de la formation», a déclaré la F2s.
Et d’attester : «depuis 2009, année de la réforme de l’Endss relevant le niveau de recrutement, qui devrait normalement être suivi par le reclassement des anciens infirmiers d’Etat, Sage-femmes et Techniciens supérieurs à leur nouveau corps d’accueil, ces derniers sont toujours dans l’expectative». Pour terminer, la F2s a réitéré sa position pour la préservation du patrimoine de l’hôpital Aristide le Dantec mais aussi «du sort des 900 agents contractuels et prestataires pour la préservation de leurs droits».