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30 novembre 2024
Santé
LE SAMES INTERPELLE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a apporté son soutien aux internes des hôpitaux en grève depuis quelques jours pour réclamer plus de moyens mais aussi pour la reconsidération de l’internat.
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a apporté son soutien aux internes des hôpitaux en grève depuis quelques jours pour réclamer plus de moyens mais aussi pour la reconsidération de l’internat. Ces internes qui ont battu le macadam en début de semaine au sein de l’hôpital Fann ont été dispersés par des grenades lacrymogènes.
Le Sames dans un communiqué de presse en date du 24 novembre a dénoncé cette attaque des internes au sein de l’hôpital de Fann par les forces de l’ordre. « Ceci est un précédent dangereux qui est intolérable et le SAMES va apporter son appui énergique à nos collègues pour le règlement de ce problème ! » a renseigné la source. Et de poursuivre : « l’hôpital doit rester un sanctuaire inviolable de paix et de sécurité pour les patients et les travailleurs ».
Pour les camarades de Dr Yéri Camara, l’internat est un creuset de savoir et une formation d’élite dont les pensionnaires doivent bénéficier des mêmes conditions de prise en charge que ceux des grandes écoles internationales comme HEC, Louis Le grand, Ponts et Chaussées, et c’est seulement dans ces conditions que le Sénégal pourra légitimement revendiquer les résultats que les anciens internes nous ont valu comme pendant le récent concours d’agrégation (CAMES).
« Le manque de réactivité de l’Etat en la personne du Ministère de l’enseignement supérieur concerné exclusivement par 75 % des points de revendication des internes, est inexplicable ! Le problème de la spécialisation en médecine, en pharmacie et en santé bucco-dentaire doit être pris en charge de manière sérieuse par toutes les parties prenantes pour régler la question de manière définitive pour se départir des grèves récurrentes et s’assurer de la disponibilité des spécialistes dans tout le Sénégal », a avancé la source.
Et d’attester : « nous devons toujours nous rappeler que sans spécialistes, il n’y a pas d’équité dans l’offre de soins et par conséquent pas de Couverture Sanitaire Universelle point nodal du Plan Sénégal émergent (Pse).
DES MAUX ET DES MOTS REDUITS EN POUSSIERE
La maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec a été soumise ces dernières semaines à la furie destructrice du « Cartepillar
La maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec a été soumise ces dernières semaines à la furie destructrice du « Cartepillar ». Comme les autres services de cet hôpital, elle a été cognée, rasée, pour les besoins d’une reconstruction à travers un édifice plus moderne qui répondrait aux besoins de la prise en charge de la mère et de l’enfant. Dans ce projet, c’est toutefois un pan d’histoire qui disparaît.
Créé en 1913, l’hôpital Aristide Le Dantec se retrouve aujourd’hui, après plus de cent ans d’existence, complètement rasé, mis à terre pour dit-on, les besoins d’une reconstruction. Aucun service n’a été épargné par le gouvernement du Sénégal qui compte y ériger un établissement de santé de dernière génération. Longtemps considéré comme un hôpital social, du fait qu’il était resté fidèle au concept de sa création comme « hôpital des indigènes », Le Dantec prenait en charge plus de 60% des malades sociaux qui venaient le plus souvent de la banlieue dakaroise, des régions de l’intérieur du pays, mais aussi de la sous-région. La maternité ne faisait pas exception car la majorité des références de la région de Dakar y était orientée. Première maternité africaine, elle a aussi abrité la première crèche et accueilli les premières consultations de femmes enceintes et de nourrissons en Afrique occidentale française ( A.O.F.).
PR PAUL CORREA, UNE REFERENCE AFRICAINE
Premier professeur agrégé des facultés en gynécologie obstétrique d’Afrique francophone, Paul Corréa a été le premier directeur africain de la maternité Le Dantec. Reconnaissable par sa belle architecture soudano-sahélienne, elle était devenue un véritable centre de formation pour les étudiants de l’Afrique sub-saharienne et du nord.
Le Pr Corréa avait ainsi formé plusieurs promotions de médecins gynécologues et sage-femmes d’État du Sénégal, du Mali, de Guinée Conakry, du Cameroun, du Rwanda, du Maroc, de l’Egypte qui pour la plupart, sont devenus d’éminents spécialistes de santé reproductive, de renommée continentale et mondiale. Leader principal du dispositif sanitaire néonatal, la maternité a ainsi vu naître plusieurs autorités du Sénégal et de la sous-région comme l’ancien directeur de Dantec, le colonel Massamba Diop.
Après 13 ans de fermeture de cette maternité, des gens de sa trempe ont beaucoup œuvré pour porter le plaidoyer de sa réouverture auprès des plus hautes autorités. Une démarche qui avait porté ses fruits, car la maternité de l’hôpital Le Dantec fermée depuis le 25 août 2005 sera réhabilitée et remise en service en 2018. Les pensionnaires tout heureux, avaient ainsi retrouvé leur joyau qui continuait d’offrir des services de qualité à moindre coût. La chimiothérapie du cancer du sein était ainsi logée dans le service de la maternité.
Mme Bigué Ba Mbodj, présidente de l’Association nationale des Sage-femmes du Sénégal, par ailleurs maîtresse sagefemme de Le Dantec, de se souvenir : « Nous avons vécu une première fermeture de la maternité qui a duré 13ans. Durant cette période, nous avons reçu la visite d’éminentes personnalités étrangères qui sont venues pour s’enquérir de la situation de cette maternité qui les a vus naître. Et ces dernières, sous la houlette du colonel Massamba Diop, ont beaucoup contribué pour la réouverture de cet édifice ».
DES TRACES D’HISTOIRE QUI S’EFFACENT
Aujourd’hui encore, les pensionnaires de cette maternité revivent le même phénomène qu’avant. « C’est vrai que c’est difficile pour moi d’en parler. C’est avec une grande émotion, quand on a passé plus de 35ans dans une structure, que l’on ait fait sa formation, toute sa carrière dans cette maternité, c’est vrai que tous ces souvenirs et voix, ces histoires, toutes ces anecdotes qui sont passées, c’est toute une vie qui est partie », se désole Bigué Ba Mbodji. Et de poursuivre : « maintenant, on a comme consolation l’espoir que cela va se reconstruire dans les délais promis et que le nouvel hôpital sera un établissement sanitaire qui nous fera oublier toutes les misères que nous sommes en train de vivre ».
Seulement, avec la reconstruction de l’établissement Aristide Le Dantec qui se situe au plus haut niveau de la pyramide sanitaire, il risque sans nul doute de changer de statut pour passer d’hôpital social à un hôpital de haute facture. Pour la maîtresse sage-femme de cette maternité : « la maquette renseigne d’un hôpital de très haut niveau avec des soins et des actes de pointe et avec un coût qui va impacter sur les tarifs. Et qui dit impactés sur les tarifs dit aussi sur l’accès à une certaine catégorie de la population et services ».
Et de se désoler : « Dantec était l’endroit où la population était assurée de trouver les plus éminents professionnels tous corps confondus, des soins à moindre coût, parfois même des tarifs sociaux, des cas sociaux pris en charge gratuitement et ce sera très difficile qu’avec le coût et le standing que va avoir Dantec que les malades bénéficient de cela ». Avec la destruction de la maternité de Le Dantec, c’est des pans de vie, des traces d’histoire qui s’effacent à jamais.
«IL FAUT FORMER LES SAGES-FEMMES SUR L’ACCUEIL»
Les journées scientifiques de l’association Nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal (Ansfes) ont servi de tribune au directeur de l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (Endss), Daouda Faye, pour préconiser la formation sur l'accueil
Les journées scientifiques de l’association Nationale des sages-femmes d’Etat du Sénégal (Ansfes) ont servi de tribune au directeur de l’Ecole Nationale de Développement Sanitaire et Social (Endss), Daouda Faye, pour préconiser la formation des sages-femmes sur l’accueil.
C’est sans langue de bois que le directeur de l’Endss s’est adressé aux sages-femmes pour les inviter à revoir leur manière d’accueillir les malades. «On vous reproche beaucoup de choses, notamment de ne pas être très gentilles envers les malades. Vous êtes indexées par la population dans le cadre de l’accueil qu’il faut améliorer. Vos collègues qui accueillent mal, c’est à travers des formations continues qu’il faut les sensibiliser par rapport à l’accueil», a soutenu Daouda Faye.
Par ailleurs, il est revenu sur l’examen de certification organisé par le ministère de la Santé en relevant des dizaines de milliers d’échecs depuis la création de ce module. «Mais où en sont actuellement ces échecs ? Où sont et que deviennent les sagefemmes et les infirmiers qui ont échoué aux examens de certification et qui ne sont pas devenus des sage-femmes et des infirmiers?» s’interroge-t-il. A l’en croire, les sages-femmes qui ont réussi paient les pots cassés de l’échec des autres. «Il faut que le ministère de la Santé fasse une étude pour savoir le nombre de personnes qui échouent dans ces formations. Ce qu’elles font et où elles sont», indique le directeur de l’Endss avant d’ajouter : «C’est à ce moment que le ministère de la Santé pourra prendre des décisions concernant les personnes recrutées dans les structures sanitaires. Il s’agit des agents sanitaires et des aides-infirmiers, et qui deviennent les sages-femmes et les infirmiers dans les régions»
«L’ORGANISATION DU SYSTEME DE SANTÉ AFRICAIN EST CADUQUE ET DÉPASSÉE»
Par ailleurs, Daouda Faye trouve que l’Endss devait être détachée de la tutelle de l’Enseignement supérieur depuis longtemps. «L’organisation du système de santé africain, qui a été pyramidale, et l’œuvre de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms), sont caduques et dépassées. Dans cette organisation, les sages-femmes d’État et les infirmiers chefs de poste prennent en charge au moins 60% voire 70% de la population africaine. Le niveau de formation doit être revu en hausse par rapport à la compétence qu’on doit léguer à la sage-femme et à l’infirmier», souligne le directeur de l’Endss.
A l’en croire, le gynécologue et les autres spécialités médicales doivent lâcher du lest pour permettre à la sage-femme et à l’infirmier d’acquérir des connaissances qui leur permettront de prendre véritablement en charge les personnes à leur disposition. «L’acquisition de ces connaissances doit se faire dans un environnement où la compétence sur le plan pédagogique et organisationnel existe. C’est pourquoi, avec beaucoup de raison, nous avons pensé qu’aussi bien l’Endss que les autres écoles de formation de niveau Bac+ doivent être rattachées au ministère de l’Enseignement supérieur pour que l’infirmier actuel ne soit plus un infirmier à qui on propose un organigramme en lui disant : si quelqu’un a mal à la tête, c’est un comprimé, si quelqu’un a ceci, c’est cela qu’il faut lui donner. Comme si à la limite, l’infirmier et la sage-femme étaient robotisés», affirme M. Faye qui ajoute par ailleurs qu’ils n’ont pas de compétence leur permettant de réfléchir, de faire des propositions, ainsi de suite.
REDUCTION DES RISQUES EN SANTE : VERS L’ELABORATION D’UNE CHARTE AFRICAINE SUR LA QUESTION
Les travaux de la 1ère Conférence africaine sur la réduction des risques en santé qui a lieu du 16 au 18 novembre dernier, ont été sanctionnés par la Déclaration de Marrakech qui comprend quatorze recommandations.
Mariame DJIGO (Envoyée spéciale à Marrakech) |
Publication 21/11/2022
Organisée par le ministère marocain de la Santé et de la Protection sociale et l’Association marocaine de médecine addictive et pathologies associées, la 1ère Conférence africaine sur la réduction des risques en santé a pris fin vendredi dernier. A l’issue des travaux, 14 recommandations dont l’élaboration d’une Charte africaine sur la réduction des risques en santé ont été formulées pour le renforcement des systèmes de santé en Afrique.
Les travaux de la 1ère Conférence africaine sur la réduction des risques en santé qui a lieu du 16 au 18 novembre dernier, ont été sanctionnés par la Déclaration de Marrakech qui comprend quatorze recommandations. Elles devront permettre d’avoir des politiques de santé publique souveraines et une feuille de route commune en Afrique.
En effet, les spécialistes en santé publique, les experts en protection sociale, les décideurs politiques et les industriels qui ont pris part à l’évènement ont préconisé l’élaboration d’une charte africaine de la réduction des risques de santé. Elle va être fondée sur une « vision multipartite de la réduction des risques en santé en sa qualité de démarche essentielle pour la transformation souveraine des systèmes de santé dans un environnement africain qui privilégie la solidarité et la coopération au service de la sécurité sanitaire de toutes les citoyennes et tous les citoyens africains fait également partie des recommandations ». Ils ont également recommandé la « promotion du renforcement des systèmes de santé sur le continent africain en utilisant une approche de réduction des risques, l’amélioration des conditions de vie quotidiennes de toutes les citoyennes et de tous les citoyens, à travers l’amélioration de l’environnement, le développement des politiques de soins de santé en Afrique qui sont axées sur une couverture médicale universelle au patient-citoyen et le respect de l’accès équitable à des soins de santé de qualité en tant que droit humain fondamental ».
Pour des systèmes de santé résilients et efficaces, les participants ont appelé à la « promotion des mécanismes de protection sociale et une garantie de l’accès à des services de santé essentiels de qualité et abordables, incluant les médicaments pharmaceutiques et les médecines traditionnelles et naturelles, une présentation des stratégies de riposte face à l’épidémie de Covid-19 et en tirer des enseignements qui serviront d’exemples pour la mise en œuvre d’un système de soins de santé efficace, collaboratif et résilient en Afrique ».
Parmi les 14 recommandations issues de la 1ère Conférence africaine sur la réduction des risques en santé, il y a aussi « l’accélération de la mise en œuvre de la vision et de la stratégie des soins de santé primaires et le développement de la télémédecine et l’utilisation de la santé numérique pour atteindre les populations isolées et vulnérables, l’amélioration de l’accès à des soins en psychiatrie et en santé mentale de qualité, en phase avec le développement des connaissances et des traitements et les besoins spécifiques des patients liés à leur âge, leur condition socio-économique, leur environnement et leurs vulnérabilités ».
Les pays africains misent également sur « la reconnaissance des addictions, avec ou sans substance, comme des maladies éligibles à des soins remboursables et la promotion de l’éducation sur un mode de vie qui soit plus sain basé l’activité physique, une alimentation saine et des choix de vie à moindre risque » pour réduire les risques en santé.
Mieux, ils n’ont manqué de mettre l’accent sur « l’accroissement du financement de la santé en recourant à des mécanismes de financement novateurs et durables, notamment des partenariats public-privé, l’augmentation de l’affectation des ressources nationales et se féliciter de la solidarité mondiale et la promotion du cannabis médical en tant que nouveau traitement contrôlé pour soigner des maladies spécifiques et établir des principes directeurs éthiques pour réglementer le cannabis médical afin d’en faire une mesure de réduction des risques ».
Les participants ont souligné l’importance de la tenue d’une conférence annuelle pour « garantir la poursuite et l’accélération des efforts en vue d’améliorer la couverture médicale universelle pour toutes et pour tous sur le continent africain ». Rendez-vous est donc donné en 2023 à Marrakech pour la deuxième Conférence sur les risques en santé qui portera sur l’eau, l’environnement et la sécurité alimentaire.
PAR PATHÉ DIÈYE
INONDÉ ET CALCINÉ, UN SYSTÈME DE SANTE EN QUETE DE SAUVEURS…
Dans un pays où on hume le vent à bord d’un TER, un stade qui éblouit tout visiteur et une corniche qui met du vernis à l’éclat de l’Atlantique (...), un hôpital inondé pourrait être de l’ordre de la fiction.
Dans un pays où on hume le vent à bord d’un Train express régional (TER), un stade qui éblouit tout visiteur et une corniche qui met du vernis à l’éclat de l’Atlantique, à l’ère où le monde trépigne pour embrasser sa méta-humanité, un hôpital inondé pourrait être de l’ordre de la fiction. Mais il existe encore des pays où ces scènes romanesques font le récit du quotidien. Un peu d’anesthésie pour tenir le choc.
Nous sommes au mois de juillet, en plein hivernage. Ici, on ne danse pas sous la pluie, car après elle, à la place du beau temps, on constate de la boue, des dégâts, et des larmes bruinent comme pour proposer un refrain aux averses. Dans la capitale dakaroise et au niveau des régions, les inondations n’ont même pas épargné les hôpitaux.
Le vendredi 8 juillet 2022, de fortes pluies avaient rempli d’eau les salles des patients de l'hôpital régional de Kolda, à 679 km au sud de Dakar. Le 22 juillet, les eaux de pluie ont tenu compagnie à un patient dans un bloc opératoire àl'hôpital Aristide Le Dantec à Dakar. Les médecins étaient obligés de se transformer en techniciens de surface. Sauver une vie en raclant des eaux, cela demande bien du génie…
Cette situation alarmante soulève trois questions fondamentales : est-ce que le Sénégal met assez de ressources pour financer son système de santé ? Est-ce que ces ressources sont utilisées de manière optimale ? Est-ce que le système de santé est à la hauteur des exigences de son époque ?
D’abord, le Sénégal a fait sienne des dispositions telles que la déclaration d’Abuja de 2001 qui matérialise l’engagement des pays de l’Union africaine à allouer au minimum 15% de leur budget au secteur de la santé ou encore la déclaration de Tunis du 5 juillet 2012 des ministres des finances et de la santé des pays d’Afrique qui les engage à accélérer la Couverture Sanitaire Universelle. Si la part de la santé n’était qu’à 8% du budget national en 2017, elle est passée à 10% en 2019. Même si des efforts sont faits pour améliorer ce budget d’année en année, l’utilisation efficiente des ressources demeure un défi majeur.
Le Sénégal comptait, en 2019, selon les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), 36 hôpitaux, soixante-dix-neuf (79) districts sanitaires, cent trois (103) centres de santé, mille quatre cent quinze (1 415) postes de santé, deux mille six cent soixante-seize (2 676) cases de santé. Mais on constate que certaines de ces structures de santé sont dans des états très vétustes avec des équipements précaires. Pour ne pas tomber dans l’idolâtrie des chiffres, il est utile de rappeler qu’il manque parfois du paracétamol ou le matériel de base pour faire les premiers soins dans ces structures surtout celles qui sont dans les régions reculées. C’est la raison pour laquelle, dans le dictionnaire de l’imaginaire populaire, nos hôpitaux sont synonymes de mouroirs. Bien validé à l’académie du désespoir…
On ne pourrait pas parler des infrastructures sans évoquer les ressources humaines. Non seulement il y a des établissements de santé sans personnel suffisant d’où le phénomène des déserts médicaux, il y aussi un réel déséquilibre géographique dans la répartition des acteurs de la santé. Dakar concentre 36% des professionnels de santé soit plus du tiers au niveau national. Cette répartition déséquilibrée explique le fait que certaines installations sanitaires n’existent que de nom, sans médecin qualifié et sans entretien.
Aujourd’hui si on enregistre certains accidents dans le milieu hospitalier comme des bébés calcinés ou des blocs opératoires inondés, c’est parce que l’existant est de mauvaise qualité. Les bâtiments sont dans des états de délabrement avancé, certains ayant été construits depuis la période des indépendances. D’autres sont récemment construits, inaugurés à grande pompe, mais mal entretenus.
Ce constat interpelle aussi sur le niveau de salubrité des structures de santé. En plus de la nécessité de maintenir propres les espaces qui accueillent les patients et le personnel, la gestion des déchets biomédicaux demeure problématique dans plusieurs structures où on utilise encore de vieux incinérateurs ou des fours artisanaux ayant donc un effet néfaste sur l’environnement.
Rien qu’à travers l’état des infrastructures sanitaires, il saute à l’œil tous les symptômes d’un grand malade à qui il faut un perfusion de mise à niveau.
Lutter contre la corruption, diversifier les sources de financement, et miser sur l’entretien
Le Sénégal est un des « champions » quand il s’agit d’adhérer à des protocoles et conventions, et de rédiger des plans. Toutefois, on constate dans le pays, une mauvaise culture de suivi-évaluation et de sanction.
Comme souligné en amont, des efforts sont faits pour augmenter le budget affecté à la santé mais on ne ressent pas forcément les impacts sur le système. Donc il est nécessaire de s’attaquer aux questions de corruption et de redevabilité dans le système de santé. A ce propos, dans le document publié en février 2020 sur l’amélioration des systèmes de santéau bénéfice des populations, le think tank citoyen WATHI préconisait l’instauration « d’audits externes et internes pour assurer que les budgets sont alloués et dépensés de façon adéquate » et « l’élaboration de normes strictes de contrôle d’accès à certains équipements pour promouvoir la transparence et la reddition de comptes » afin de lutter contre la corruption au quotidien dans le milieu de la santé.
Pour diversifier les sources de financement, il faudrait affecter au secteur de la santé les ressources tirées des taxes sur les produits nocifs pour la santé, comme le tabac ou l’alcool, les taxes sur des produits de luxe et sur les transactions financières et éventuellement une taxe spéciale sur les profits des grandes entreprises.
En outre, la construction des hôpitaux modernes est essentielle au développement d’un pays, mais à la place des coups de pelle politique, il faudrait veiller à mettre à la disposition des populations des édifices de qualité avec des systèmes d’entretien pour assurer la durabilité. Le service d’entretien doit donc être considéré comme un organe incontournable au fonctionnement des établissements de santé.
Pour pallier toutes ces carences au niveau des installations physiques, recourir aux technologies modernes pourrait aider à instaurer des modes de paiements transparents, un système de traitement des dossiers plus rapide et faciliter le développement de la prévention à distance et de la télémédecine dans les zones reculées en priorité.
Il est presque impossible de relever tous ces défis sans avoir un état des lieux précis et à jour sur les besoins du système de santé. Aujourd’hui, il est difficile d’avoir des données à jour sur les finances ou sur le personnel du système de santé. Dès lors, on pourrait corriger cette faille à travers la mise en place d’une institution chargée de faire de la recherche sur le système de santé, d’identifier ses forces et ses faiblesses, et proposer des axes d’amélioration pour la mise en place de politiques publiques cohérentes et durables.
Préparer le système de santé au temps à venir
Avec une population sénégalaise qui pourrait atteindre 28 millions d'habitants d’ici 2050, un taux d’urbanisationdépassant la moyenne en Afrique de l’Ouest (40%), il est évident que les modes de vie changent. Par conséquent les pathologies liées aux maladies cardio-vasculaires, le diabète, le cancer sont de plus en plus fréquentes. Il est important pour notre système de santé d’être doté d’un mécanisme de suivi des dynamiques de la population qu’il sera appelé à prendre en charge afin d’améliorer ses capacités d’accueil, et investir davantage sur la prévention.
Cette approche prospective nous rappelle encore l’importance de la recherche. Les résultats de la recherche ne sont pas des prédictions mais offrent éventail de situations ou de scénarios possible pour mieux réagir face à une situation ou une crise. Cette exigence d’avoir des systèmes préparés à faire face aux défis d’un monde dynamique et incertain nous impose de laisser plus d’espace aux scientifiques dans les processus de prise de décision.
L’ultime recommandation c’est qu’il faut dépasser le temps des murs mal bâtis ou des hôpitaux sans électricité et être orientés sur le futur pour mieux faire face aux problèmes du présent. Pour cela, nos États devraient penser à financer des programmes de recherche prospective sur les scénarios possibles de notre système de santé d’ici 2030 voire 2050. Les résultats des recherches pourraient améliorer ou corriger les orientations de la stratégie nationale, aider à repenser la gouvernance du secteur, et même nous préparer à une médecine à l’ère de l’intelligence artificielle.
Pathé Dieye, chargé de recherche au Think Tank WATHI
«AU SENEGAL, LES MEDECINS N’ONT PAS LA CULTURE DU DROIT DE LA SANTE»
Dr Joseph Mendy, neurochirurgien, juriste et bioéthicien revient sur les obligations des patients et des soignants, les dérives pénales, les lois et règlements qui régissent l’exercice de la médecine mais aussi la gestion des cas d’urgence
Recueillis par Mariame DJIGO |
Publication 19/11/2022
Les travaux de la première Conférence africaine sur la réduction des risques en santé se poursuivent à Marrakech. Après son exposé sur le Droit de la santé et réduction du risque en santé, Dr Joseph Mendy, neurochirurgien, juriste et bioéthicien s’est entretenu avec la presse. Dans cet entretien, l’enseignant chercheur par ailleurs expert médical près des Cours et Tribunaux à Dakar est largement revenu sur les obligations des patients et des soignants, les dérives pénales, les lois et règlements qui régissent l’exercice de la médecine mais aussi la gestion des cas d’urgence.
Pouvez-vous revenir sur la problématique du droit de la santé ?
Le droit de la santé, ce sont des règles juridiques. C’est-à-dire les lois, les décrets, les arrêtés qui réglementent les activités de la santé. Et donc, l’amélioration des systèmes de santé repose en premier lieu sur la maitrise des techniques médicales, le financement médical mais également sur la maitrise des lois et règlements qui réglementent l’exercice de la médecine et le fonctionnement des structures, la formation des professionnels que ce soit les médecins, les pharmaciens ou les paramédicaux. Donc, c’est extrêmement important que tous les acteurs de la santé que ce soit les professionnels de la santé ou certaines professions connexes qui interviennent de façon ponctuelle ou permanente au niveau de la santé. Je peux prendre par exemple des économistes instruits de la responsabilité pour construire des règles pour pouvoir conduire à bien leurs missions. Au cas contraire, ce sera des manquements qui peuvent prendre l’allure des fautes que ce soient les fautes civiles comme les fautes pénales qui engagent la responsabilité des acteurs et ça peut amener à nuire aux acteurs de la santé alors que le but premier de tout acteur de la santé, c’est la réduction de la souffrance. C’est-à-dire le combat contre la maladie.
Quel est l’apport du droit de la santé dans la réduction des risques sanitaires ?
L’apport est extrêmement important. Parce que pour réduire un risque, il faut d’abord savoir à quoi renvoie le risque et qu’est-ce qui nous est autorisé à faire ? Qu’est-ce qui ne nous est pas autorisé à faire ? Rien qu’en étant en possession de ces connaissances permet d’éviter le risque au patient. Et donc, la réduction des risques, il faut maitriser les techniques médicales mais il faut aussi savoir les droits et obligations des patients et des professionnels. Parce que le risque ne concerne pas que le malade, il concerne également les internats au niveau de la santé notamment les infections nosocomiales, la contamination du personnel médical par le Sida par exemple. Ce sont des risques auxquels les personnels sont exposés. Donc, quand on veut combattre les risques, il faudrait que les différents acteurs, comme je l’ai dit à la conférence, soient instruits de l’administration de la santé, de la formation jusqu’aux obligations de soins. Qui doit prendre les soins ? Qui doit prendre tel ou tel soin ? Que dit la loi par rapport aux fonctionnements des services de santé ? On a entendu tout à l’heure l’ex-ministre de la Turquie qui disait que dans son pays, on prenait les malades en otage. Ça par exemple, c’est une dérive pénale. La dérive pénale, c’est la séquestration. Le médecin ou bien le gestionnaire d’une clinique ou d’un service de santé ne peut pas et ne doit pas garder le patient à l’hôpital contre son gré dès l’instant que le médecin a décidé que le patient doit être sorti, qu’il n’a plus besoin d’être à l’hôpital. Maintenant, le patient doit savoir que s’il va dans un hôpital, dans une clinique, il va falloir payer. En revanche, même s’il ne paie pas, le professionnel ou le propriétaire de la clinique ne peut pas le garder à l’hôpital sous prétexte qu’il n’a pas payé. Ça devient de la séquestration. Il va donc falloir saisir d’autres structures de recouvrement. C’est pourquoi, dans les structures de santé, il y a toujours un service de recouvrement pour aller chercher les factures qui n’ont pas été payés.
Quel est l’état du droit de la santé dans l’enseignement dans les universités au Sénégal ?
Je dois dire qu’il n’y a pas réellement l’enseignement proprement dit du droit de la santé. En revanche, il y a certains chapitres qui sont enseignés notamment au niveau de la médecine légale. La médecine légale, son but, c’est d’apporter l’éclairage au juge ou à l’administration pour qu’il puisse prendre les décisions pour trancher les litiges ou les cas de problématiques au niveau de la santé. Et dans cet enseignement, on enseigne une partie du droit de la santé. On nous parlera de certificat médical, de diagnostic de la mort mais le droit de la santé dépasse largement ce contexte-là et c’est pourquoi on m’a sollicité pour parler du droit de la santé dans cette conférence internationale.
Que dit la loi lorsqu’un médecin refuse d’examiner un patient tant qu’il n’a pas passé à la caisse avec tous les risques que cela comporte ?
Justement, vous avez évoqué une problématique du droit de la santé. Vous allez à l’hôpital. Quels sont vos droits à l’hôpital ? Quelles sont vos obligations ? L’hôpital a une organisation administrative qui est basée sur un financement qui vous dit voilà comment ça marche dans l’hôpital. Donc, quand vous allez à l’hôpital en tant que patient, vous ne pouvez pas imposer vos lois. Il faut que vous suiviez l’obligation administrative de l’hôpital. La deuxième question qui est fondamentale, c’est celle de la prise en charge sanitaire. Si vous êtes arrivé à l’hôpital, il y a deux cas. Si vous y êtes arrivés en état d’urgence, effectivement on ne peut pas vous exiger une quelconque participation ou bien de vous demander une formalité avant de vous prendre en charge. Dès que vous arrivez, le médecin urgentiste, son obligation contractuelle, c’est de mettre à votre disposition tous les moyens de diagnostic et de traitement dont il a besoin sans pour autant qu’il vous dise de passer à la caisse ou de remplir tel ou tel papier. Peut-être qu’il va vous demander votre nom pour vous identifier. Mais il ne peut pas vous retarder pour vous dire d’aller payer quoi que ce soit. Maintenant, à la fin de la procédure d’urgence, le patient viendra maintenant pour remplir son obligation de payer les soins. Le deuxième volet, si vous arrivé à l’hôpital et que vous n’êtes pas en état d’urgence, vous devez entrer dans l’organisation administrative de l’hôpital. C’est-à-dire quelles sont les procédures de prise en charge du patient qui ont été édictées par le ministère de la Santé et de l’hôpital. Si on vous dit que pour voir le médecin, vous devez d’abord passer par la caisse, vous le faites. Si vous ne le faites pas, alors que vous n’êtes pas en état d’urgence, l’hôpital se réserve le droit de ne pas vous traiter mais quand il s’agit des urgences, on ne peut pas attendre quoi que ce soit. Seulement, il faut le dire, l’urgence, c’est vrai que c’est le patient qui a mal mais avoir mal ne signifie pas que vous êtes en état d’urgence. C’est le médecin qui le détermine. L’obligation du médecin, c’est de soulager le patient parce que vous ne pouvez pas aller dans un hôpital, avoir mal et rester deux ou trois heures de temps sans que le médecin ne puisse vous soulager. C’aurait été en France en vertu de la loi du 4 mars 2002 relative à l’amélioration de la relation médecin-malade, le droit de ne pas souffrir, c’est un droit effectif et que le patient peut porter plainte contre le médecin du fait qu’il soit rendu chez le médecin pendant deux ou trois heures sans qu’il ne puisse le soulager.
Qu’en est-il des cas d’urgence qui sont renvoyés pour manque de place ?
Je ne suis pas en train de dire que tout est rose, que les médecins reçoivent les urgences et qu’au Sénégal, les médecins ont la culture du droit de la santé. Moi-même étant médecin, je suis confronté à ces problèmes. Des collègues peut-être qu’ils le faisaient délibérément ou bien qu’ils n’étaient pas animés de bonne foi, renvoient des cas d’urgence. C’est des cas qui existent. Ça revient à ce que je suis en train de faire aujourd’hui parce qu’un médecin ne sait pas qu’il peut aller en prison à cause de ça parce que s’il le savait, il n’aurait pas réagi comme ça. Le fait de refuser un malade en cas, pour moi, c’est ce que vous n’êtes pas vraiment instruits de vos obligations et qu’à partir de ce cas-là, vous pouvez nuire à votre carrière définitive mais ils le font. Peut-être aussi ils le savent.
Est-ce que ce n’est pas une chaine de défaillance qui aboutit à des cas de morts?
C’est ça le droit de la santé parce que l’obligation du personnel soignant, c’est l’obligation des moyens. Ce n’est pas l’obligation de résultat. En médecine, on vous dit vous devez mettre les moyens. On n’a pas l’obligation de guérir mais nous avons l’obligation de soigner qui consiste à mettre à disposition des malades tous ceux dont on dispose en matière de techniques médicales. Une fois que nous l’avons fait, on a rempli notre obligation parce que si on nous obligeait le résultat, nous tous, nous serions en prison. Maintenant, cette obligation requiert les moyens de diagnostic et de prise en charge et les moyens des structures d’hospitalisation. Nous qui sommes dans ce domaine, on sensibilise tout le monde, les pouvoirs publics comme les praticiens parce que si dans un hôpital universitaire, on vous dit que le scanner est en panne ou bien il y a que cinq ou six lits au service d’urgence qui sont occupés le week-end, le médecin ne peut pas vous recevoir. Ce n’est pas une faute. C’est un défaut de moyen et c’est l’Etat qui en est responsable parce qu’il n’a pas pu mettre en place les structures suffisantes pour accueillir les citoyens et dans certaines circonstances, on peut ester l’Etat en justice, pour fonctionnement défectueux du service public. Il va payer les dommages et intérêts mais le juge sénégalais n’a pas un pouvoir coercitif par rapport à l’Etat.
Est-ce qu’au Sénégal, les médecins ont la culture du droit de la santé ?
Ils ne l’ont pas. Même les notions qu’ils apprennent en médecine légale, ils oublient à la sortie de la faculté. Quand j’étais vice-président de l’Ordre des médecins du Sénégal, j’ai mis un système pour inciter les médecins mais ils ne venaient même pas s’inscrire à l’Ordre alors qu’en médecine légale, on leur dit pour exercer la médecine, il faut avoir le diplôme d’Etat, être sénégalais et s’inscrire à l’Ordre. Quand ils sortent, ils ne s’inscrivent pas et dès qu’ils ne s’inscrivent pas, ils sont en état d’illégalité dans l’exercice de la médecine.
Recueillis par Mariame DJIGO
(ENVOYEE SPECIALE A MARRAKECH)
L’ORDRE NATIONAL DES CHIRURGIENS-DENTISTES LÈVE LA VOIX
Une loi sur l’exercice de la chirurgie dentaire est en passe d’être votée à l’Assemblée nationale sans l’amendement de l’ordre national des chirurgiens-dentistes du Sénégal
Une loi sur l’exercice de la chirurgie dentaire est en passe d’être votée à l’Assemblée nationale sans l’amendement de l’ordre national des chirurgiens-dentistes du Sénégal. Seulement, l’ordre a renseigné n’avoir pas pu mettre la main dans ce document qui serait modifié et qui n’a pas fait l’objet d’amendement de leur part, malgré plusieurs correspondances adressées au ministère de tutelle. En point de presse hier, jeudi 17 novembre à Dakar, l’ordre a dénoncé cet état de fait et se démarque de ce projet qui enfoncerait l’exercice de cette profession.
L es Ordres de santé sont des institutions à caractère professionnel établies au Sénégal par des lois et qui ont pour mission conférée par l’État du Sénégal, la régulation et la réglementation de ces différents secteurs de la santé, ainsi que la formulation d’avis à l’adresse des pouvoirs publics en ce qui concerne la législation respective. L’Ordre nationale des chirurgiens-dentistes du Sénégal (Oncds), se sent dépourvu de cette prérogative face à la nouvelle loi sur l’exercice de la médecine qui doit passer à l’Assemblée nationale. En point de presse hier, jeudi 17 novembre à Dakar, les camarades du Dr Myriam Thérèse Arlette Dia Ntap ont décidé de faire prévaloir conformément à la loi 81- 70 du 10 décembre 1981, leur droit légitime à une relecture du projet de loi avant l’envoi pour adoption à l’Assemblée nationale, en vue de s’assurer que les différents articles dans leur formulation n’altèrent en rien les statuts et la mission ordinale, ainsi que l’excellence de la pratique dentaire au Sénégal. « « L’Oncds a appris par voie de presse, que le projet de loi relatif à l’exercice dentaire est passé en Conseil des Ministres le 12 octobre 2022. Dans un exemplaire du projet obtenu en dehors du circuit administratif et qui serait celui devant être soumis à l’Assemblée Nationale, l’Oncds a constaté que des rajouts et modifications autres que ceux proposés à l’ateliertripartite ont été apportés au texte amendé sans aucune notification préalable à notre Institution » a souligné sa présidente Dr Ntap
Pour ce projet de loi qui doit passer à l’Assemblée nationale, l’Oncds a renseigné que, suite à un atelier tripartite (Secrétariat général du gouvernement (SggMsas-Oncds), des amendements essentiellement de forme ont été relevés. Cependant, le projet de loi amendé n’a pas été partagé avec l’institution ordinale pour relecture et validation.
Devant cet état de fait, la présidente de l’Oncds a fait savoir : « une correspondance a été adressée au ministre en charge de la santé à la date du 24 octobre 2022, pour obtenir un exemplaire du projet de loi issu du Conseil des ministres aux fins d’une relecture pointue du Conseil de l’Ordre. À ce jour, VOTEDE LOI SUR L’EXERCICEDE LACHIRURGIEDENTAIRE L’Ordre se démarque et demande une relecture du projet aucune réponse ne nous a été servie. Une correspondance a de nouveau été envoyée avec le même objet le 14 novembre 2022, et la réaction des autorités ministérielles toujours attendue. Ainsi donc, l’ONCDS ignore la quintessence finale de ce projet de loi relatif à l’exercice dentaire en passe d’être adopté par l’Assemblée nationale ». L’Oncds a porté à l’attention de l’ensemble de la Nation, ce fait qui est loin d’être isolé et qui porte à croire que « le spectre de la boulimie de pouvoir persiste dans ce démembrement de l’Etat ».
Comment ne pas se préoccuper de cette tentative de nous laisser à l’occulte de la quintessence finale de ce projet de loi qui obligera tout Chirurgien-dentiste exerçant au Sénégal, assurément pendant des décennies? Comment analyser autrement ce silence du MSAS, devant la requête légitime de l’ONCDS : personne morale de droit public habilitée à donner son avis sur la législation dentaire? La mission ponctuelle de notre Ordre ne saurait être entièrement tributaire de la tutelle technique d’un service ministériel qui pourtant croule sous une charge colossale de tâches », se sont-ils demandés. Et de renchérir : « c’est vraiment le lieu de convenir tous ensemble, qu’il serait parfaitement regrettable que des bistouris mal avertis quand bien même spécialisés en légistique, procèdent à des incisions et incises relevant d’un tout autre art, inappropriées de surcroît, qui ne serviraient à tout le moins que des fantasmes désireux de mettre en veilleuse, voire d’aliéner notre Institution ordinale, en parfaite contradiction non seulement avec les directives et recommandations de l’UEMOA, mais également avec tout ce qui a trait à la régulation et à la réglementation de l’exercice dentaire et partant, de tous les autres secteurs de la santé ». Cette situation considérée comme dommageable au plan national et sous régional, voire international par cet ordre, constituerait un vecteur de recul selon lui pour la transparence et la crédibilité du système de santé nationale et ouvrirait à d’éventuels maux tels que le népotisme rampant, passe-droit, clientélisme, compérage, favoritisme.
Une telle conception ne ferait donc que finaliserle projetfuneste de réduire définitivement en toute légalité, sans coup férir, l’Oncds au statut de « géant aux pieds d’argile » car le secteur buccodentaire ne jouit d’aucune visibilité dans ce Ministère : les invitations et adresses à l’institution ordinale font fi de la juste place et de la préséance requises ».
«AU SERVICE D’UROLOGIE DE LE DANTEC, 45% DES DECES ETAIENT LIES AU CANCER DE LA PROSTATE»
Chirurgien urologue, enseignant chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Pr Yaya Sow fait un diagnostic complet du cancer de la prostate. A l’en croire, plus de 100 cas sont détectés chaque année, rien qu’à l’hôpital le Dantec.
Chirurgien urologue, enseignant chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Pr Yaya Sow fait un diagnostic complet du cancer de la prostate. A l’en croire, plus de 100 cas sont détectés chaque année, rien qu’à l’hôpital le Dantec.
C’est quoi le cancer de la prostate ?
C’est le développement anormal et anarchique d’un contingent de cellules prostatiques qui se multiplient et forment une masse qu’on appelle tumeur maligne. La prostate est une glande masculine située dans le pelvis sous le réservoir urinaire appelé vessie.
Quels sont les symptômes du cancer de la prostate ?
Au début, le plus souvent, aucun symptôme n’est noté. Le cancer évolue à bas bruit, d’où la nécessité d’un dépistage qui permet de chercher le cancer chez les hommes à partir de 50 ans. Le dépistage consiste en un examen annuel de la prostate par le toucher rectal associé à un dosage sanguin du PSA total qui est un marqueur prostatique. A un stade plus avancé, commence la symptomatologie sous forme de signes urinaires : difficultés à uriner, voire une incapacité totale d’uriner, miction fréquente, fuites urinaires, sang dans les urines. Pour les signes génitaux, il y a des douleurs à l’éjaculation ou parfois du sang dans le sperme. Il y a d’autres signes comme les douleurs pelviennes ou de la colonne vertébrale, une perte de poids ou de la fatigue, une paralysie des jambes.
Quels sont les facteurs de risque ?
L’âge est un facteur de risque, mais c’est à partir de 50 ans qu’il devient un facteur de risque pour le cancer de la prostate. Plus les sujets avancent en âge, plus le risque augmente jusqu’à atteindre un pic de fréquence le plus élevé vers 75 ans. Il y a les facteurs hormonaux et familiaux. Notamment, ceux qui ont un parent proche qui ont le cancer de la prostate sont plus à risque. Il y a aussi les facteurs génétiques, certaines personnes porteuses des gènes BRCA1 et BRCA2 ont un risque accru de cancer de la prostate. Ces gènes sont associés également au cancer du sein chez la femme. Les hommes dont la mère ou la sœur ont eu un cancer du sein sont plus à risque d’avoir le cancer de la prostate. Et enfin les facteurs ethniques : les noirs sont plus atteints que les blancs. Les asiatiques sont moins touchés. Il y a d’autres facteurs comme certains aliments (viande rouge) qui sont incriminés alors que d’autres auraient un rôle protecteur (la tomate, les fruits rouges). Le tabac augmenterait le risque de cancer agressif.
Est-ce qu’on peut avoir des statistiques concernant le cancer de la prostate au Sénégal ?
Il n’existe pas de registre de cancer fonctionnel au Sénégal, ce qui rend difficile l’estimation du nombre de personnes touchées par le cancer de la prostate. Il existe cependant des études isolées par centre. Une étude récente estimait l’incidence du cancer de la prostate à environ 100 nouveaux cas /an à Le Dantec. Nous avions fait une étude à Dantec sur les causes de mortalité dans le service d’urologie. Nous avons observé que le cancer de la prostate occupait la plus grande partie des décès. Nous avons observé que 45% environ des décès étaient liés au cancer de la prostate toutes causes confondues. Cela veut dire que le taux de mortalité pour le cancer de la prostate est élevé dans les services, et au Sénégal de façon générale. On sait que le diagnostic du cancer est tardif, ce qui fait que les patients meurent le plus souvent de leur cancer.
Qu’est-ce qui explique qu’un patient chez qui on a détecté le cancer, après traitement, rechute ?
Quand on fait le traitement du cancer de la prostate, le patient est surveillé non seulement en fonction du stade, mais aussi pour voir s’il y aura des récidives ou une progression de sa maladie. Si on avait traité le cancer dans le but de le guérir parce que c’était localisé au fur des mois ou années, on peut noter une augmentation encore du Psa qui signifie qu’il y a une récidive du cancer. Maintenant, si c’était un traitement pour diminuer l’évolution du cancer, il y a des stades où quand on traite le cancer, on ne vise pas à guérir le patient mais à freiner l’évolution du cancer. Dans ce cas, le Psa aussi baisse de façon drastique et à un moment, on peut noter que le Psa augmente. C’est lié au fait que la maladie continue à progresser ; cela veut dire que la maladie est réfractaire au traitement qui était en cours. C’est pourquoi ils sont surveillés jusqu’à 10 ans avant qu’on ne les déclare guéris.
Comment doit se passer le traitement de la prostate ?
Il dépend du stade d’évolution du cancer. Si c’est le stade de cancer localisé, la tumeur est confinée au sein de la prostate. On peut guérir le cancer par la prostatectomie totale. Elle consiste à enlever toute la prostate ainsi que les vésicules séminales lors d’une opération. Elle est parfois associée à l’ablation des ganglions pelviens (curage ganglionnaire). La radiothérapie a pour but de détruire les cellules cancéreuses localisées au niveau de la prostate au moyen de rayons délivrés par appareil externe.Dans le stade de cancer localement avancé, les structures avoisinantes sont touchées. Il nécessite une association de deux ou plusieurs traitements pour maîtriser le cancer : chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie etc… Pour le stade de cancer métastasé, il existe une atteinte des organes à distances (os, poumon,foie). Le cancer ne peut plus être guéri. On fait un traitement palliatif avec une hormonothérapie qui supprime l’hormone mâle qui est responsable de la croissance et de l’évolution du cancer. D’autres traitements comme la chimiothérapie et l’immunothérapie peuvent aussi être utilisés.
Quel est le rapport entre la fréquence de la sexualité et le cancer de la prostate ?
Quelques études ont montré qu’une fréquence élevée d’éjaculation diminuerait le risque de cancer de la prostate. De même que le fait de débuter tôt l’activité sexuelle. Mais des études plus poussées sont nécessaires pour confirmer ces constatations.
NB : «Les noms ont été changés»
CANCER DE LA PROSTATE, RADIOSCOPIE D’UNE TUMEUR FATALE AUX HOMMES
Chaque année, le Sénégal enregistre 880 nouveaux cas de cancer de la prostate et déplore 504 décès causés par cette pathologie considérée comme le quatrième cancer
Chaque année, le Sénégal enregistre 880 nouveaux cas de cancer de la prostate et déplore 504 décès causés par cette pathologie considérée comme le quatrième cancer. Devant ce sinistre tableau, le mois de novembre est dédié à la sensibilisation et à la lutte contre le cancer de la prostate qui fait des ravages chez les hommes.
Envie d’uriner anormalement fréquente, miction difficile voire douloureuse, incontinence urinaire… Voilà autant de signes qui informent sur une possibilité de cancer de la prostate. Dès lors, le sujet doit aller se faire consulter pour une prise en charge précoce afin d’éviter les complications liées au cancer de la prostate. Glande de l’appareil reproducteur masculin, la prostate est située tout juste sous la vessie. Et comme un anneau, elle entoure l’urètre, ce canal par lequel l’urine et le sperme sortent à l’extérieur du corps. Le rôle de la prostate «est de produire le liquide prostatique (une des composantes du sperme avec le liquide séminal) et les spermatozoïdes, de stocker temporairement le sperme avant l’éjaculation, puis de se contracter au moment de l’éjaculation, participant ainsi à l’expulsion du sperme». Lorsque cette membrane est touchée par des cellules cancéreuses, on parle de cancer de la prostate. Un tour à l’hôpital Dalal Jamm, la seule structure publique qui prend en charge les malades du cancer après la fermeture de l’hôpital le Dantec, permet de mesurer les ravages que cette maladie fait dans notre pays.
C’EST QUOI LE PSA ?
Sécrétée de façon exclusive par la prostate, le PSA est une protéine qui circule dans le sang. Il est possible de doser sa concentration par une prise de sang. Lorsque l’on souffre d’une maladie de la prostate (infection, adénome ou cancer), le taux de PSA augmente. Le dosage du PSA est un examen de référence pour faire le diagnostic du cancer de la prostate. Le PSA est un marqueur de l’activité de la prostate. Pour le doser, on réalise une prise de sang, les résultats obtenus étant exprimés en nanogrammes par millilitre (ng/ml). On estime habituellement que le PSA est normal lorsque son taux est de 4 ng/ml (2,5 ng/ml avant 50 ans et 6,5 ng/ml au-delà de 70 ans). Néanmoins, qu’il soit plus élevé ou plus bas ne signifie pas qu’on présente une pathologie prostatique. À lui seul, le dosage du PSA ne signifie rien. Il doit nécessairement être complété par des examens cliniques supplémentaires.
«MON CANCER EST REVENU QUELQUES ANNEES APRES MON ABLATION»
Beaucoup d’hommes contractent la maladie sans le savoir, parce que n’ayant pas de signes au début. C’est en 2016 que Abdoulaye Konaté, retraité depuis plusieurs années, vit avec la maladie. Chaque année, il se faisait consulter. C’est au cours de ces consultations de routine qu’on lui a diagnostiqué une tumeur en 2016. Agé de 72 ans et ayant eu des enfants, il a été encouragé par son médecin à faire une ablation de la prostate. Elle accepte la proposition. L’intervention effectuée en Tunisie et lui avait coûté la somme de 3 millions Fcfa. Après cette expérience, Abdoulaye Konaté pensait en avoir fini avec le cancer, mais l’année dernière, il a découvert que le «monstre» est revenu. «Je continuais à faire mes traitements et analyses de routine. A la fin de l’année 2021, ils ont découvert que le Psa était élevé et on m’a demandé de faire la radiothérapie. J’ai dépensé plus de 5 millions Fcfa depuis qu’on m’a diagnostiqué la maladie», indique le vieux retraité.
«JE N’AVAIS AUCUN SIGNE, J’AI DECOUVERT LA MALADIE PAR PUR HASARD»
Rencontré à l’hôpital Dalal Jamm, Ibrahima Mbengue indique qu’il n’avait aucun signe lorsqu’on lui a fait part de sa maladie. «J’étais en mission en France et j’en ai profité pour faire un bilan et les médecins ont découvert que le Psa était élevé. Depuis lors, je suis mes traitements. C’est pourquoi, je conseille aux hommes de faire des bilans pour voir, car on peut avoir le cancer sans s’en rendre compte».
QUAND UN AGENT DE SANTE SE SOUVIENT DE SON DEFUNT PERE
Agent médical dans une structure de la place, Mame Fatou Niang a vu son père mourir du cancer de la prostate. C’est en fin 2017 que son vieux papa qui était âgé de 80 ans a appris sa maladie. Au début, il avait le cou qui lui faisait mal. Pensant que c’était un courant d’air, il se massait avec du beurre de karité. Comme le mal persistait, le vieux a fini par raconter à sa fille que ses urines étaient maculées de sang.Ainsi, il est conduit à l’hôpital pour faire des analyses afin de connaître le niveau de Psa. «On a découvert que le Psa était élevé. C’est le début du calvaire. On devait faire tout un tas d’analyses. Certains examens devaient être faits en France. Donc nous avons dépensé beaucoup d’argent, mais son état de santé se dégradait de jour en jour. Après plusieurs hospitalisations, il a fini par être dans le coma avant de rendre l’âme en mai 2018», raconte en pleurs la dame.
PAS MOINS DE 5 MILLIARDS POUR FINANCER LA RÉHABILITATION DES CENTRES RÉGIONAUX D'APPAREILLAGE ORTHOPÉDIQUE
L’État du Sénégal est en train de s’affairer autour du projet de Réhabilitation des centres régionaux d’orthopédie et d’appareillage
Le directeur du Centre national d’appareillage orthopédique de Dakar a annoncé hier, Mardi 15 Novembre, à Kaolack la mise en disposition prochaine d’une enveloppe de 5 Milliards de frs pour le financement du programme de réhabilitation des Centres régionaux d’appareillage orthopédique du pays (Crao) .
Pour Djibril Bèye, depuis plusieurs semaines déjà, l’État du Sénégal est en train de s’affairer autour de ce projet pour son bouclage avant le passage à son financement attendu de ses bailleurs en début 2023. Dans la semaine, renseigne-t-il, il sera finalisé et soumis au bailleur qui n’attend que la partie sénégalaise pour mettre la main dans la poche. Ceci justifie en partie la tournée nationale entamée depuis hier par le directeur du centre d’appareillage orthopédique de Dakar dans les différents centres du pays pour une inspection approfondie du système de gouvernance au sein de ces unités de réhabilitation physique des personnes victimes d’une amputation ou d’une malformation quelconque aboutissant à un problème de déplacement.
C’est en effet un vaste programme qui vise à équiper les Crao en les dotant de composantes orthopédiques et intrants afin que les malades victimes d’un problème de mobilité puissent retrouver une insertion sociale et professionnelle. Puisque le Sénégal traverse aujourd’hui des moments cruciaux pour disposer à suffisance de ressources humaines qualifiées en matière de réadaptation orthopédique, avec au total 80 spécialistes pour une population de 17 millions d’habitants, le directeur du centre national d’appareillage orthopédique a pour autant fait l’annonce de la reprise de la formation d’agents.
Une formation arrêtée depuis 4 ans pour des raisons pédagogiques avant d’être rattachée à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pour la spécialisation de nouvelles recrues. C’est au cours de cette année universitaire que la formation a redémarré, avec la mise en selle d’un certain nombre de desks dont celui de la médecine physique et de réadaptation, qui est la médecine spécialisée et qui se trouve à présent accompagnée par les orthopédistes et chirurgiens.
A cela s’ajoute le plan de formation qui sera lancé sans attendre sur instruction du directeur des établissements de santé. Un outil qui servira à agiter le plan de développement des ressources humaines dans le domaine de la rééducation et la réadaptation pour une meilleure prise en charge de l’ensemble des patients répartis un peu partout sur le territoire national et dans la sous-région.