SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
5 avril 2025
SENEPLUS TV
VIDEO
THIAROYE 44, LES EXCUSES HISTORIQUES DE LA FRANCE
80 ans après cette tragédie, Paris reconnaît sa responsabilité dans ce drame. Par la voix de son ministre Jean-Noël Barrot, porteur d'un message de Macron, elle admet qu'aucune justification n'est possible pour ces tirs contre ses propres soldats
Dans une déclaration solennelle prononcée à Thiaroye ce dimanche 1er décembre 2024, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a officiellement reconnu le massacre perpétré le 1er décembre 1944 contre des tirailleurs sénégalais. Porteur d'un message du président Emmanuel Macron, le patron de la diplomatie française a déclaré que "rien ne peut justifier que des soldats de France aient ainsi retourné leur canon contre leurs frères d'armes".
Ces événements tragiques se sont déroulés dans un contexte d'après-guerre, alors que des milliers de soldats africains avaient combattu héroïquement pour la libération de la France. Vénus de diverses colonies françaises, notamment du Sénégal, des Comores, du Congo, et de la Côte d'Ivoire, ces tirailleurs s'étaient illustrés sur tous les fronts de la bataille de France, de Sedan à Amiens.
Pourtant, à la Libération, ces héros furent victimes d'une profonde injustice. Démobilisés avant leurs camarades européens et privés de leur solde, ils protestèrent d'abord à Morlaix, refusant d'embarquer sur le Circassia qui devait les ramener chez eux. Leur seconde protestation, au camp de Thiaroye, se termina dans un bain de sang lorsque l'armée française révéla le feu sur ses propres soldats.
Dans le cadre d'un travail de mémoire et de vérité, la France a pris plusieurs mesures concrètes, notamment la transmission des archives en 2014 et le soutien à une mission d'étude dirigée par le Professeur Mamadou Diouf.
Cette reconnaissance s'inscrit dans une volonté de renouveau des relations franco-sénégalaises, marquée par un partenariat renforcé établi en juin dernier entre les deux pays. Le ministre a conclu en appelant à "cultiver l'amitié entre le Sénégal et la France sur les fondements d'une mémoire qui rassemble plutôt qu'une mémoire qui divise".
VIDEO
LA MÉMOIRE DES TIRAILLEURS INSTITUTIONNALISÉE
Un mémorial et un centre de documentation verront le jour à Thiaroye, tandis que des rues porteront le nom de cet événement tragique. L'histoire des tirailleurs intégrera les programmes scolaires, assurant sa transmission aux générations futures
Le président Bassirou Diomaye Faye a dévoilé ce samedi 1er décembre à Dakar plusieurs mesures de préservation de la mémoire des tirailleurs sénégalais, à l'occasion du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye.
En présence de plusieurs chefs d'État africains, le président Faye a annoncé cinq mesures majeures pour réhabiliter cette page sombre de l'histoire commune à 17 pays africains. "J'initierai plusieurs mesures de réappropriation de cette histoire commune avec 16 pays africains frères", a déclaré le chef de l'État sénégalais.
Au cœur de ces initiatives figure l'érection d'un mémorial à Thiaroye, conçu comme "un lieu de recueillement et de mémoire ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires ainsi qu'au public". Cette première mesure sera complétée par la création d'un centre de documentation et de recherche dédié aux tirailleurs, destiné à "conserver la mémoire" en recueillant "archives, témoignages et récits".
Le président a également annoncé que des rues et des places porteraient désormais les noms des soldats et de cet événement tragique, "pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien et notre histoire collective". L'histoire de Thiaroye sera par ailleurs intégrée aux programmes scolaires, permettant ainsi aux "générations futures de grandir avec une compréhension approfondie de cet épisode de notre passé".
Enfin, point d'orgue de ces mesures, le 1er décembre a été officiellement décrété "journée du tirailleur", en mémoire du massacre de Thiaroye.
"Cette commémoration ne doit pas être qu'un moment de recueillement", a souligné le président Faye, "qu'elle soit un serment renouvelé, un serment de justice, un serment de mémoire, un serment de vérité pour que plus jamais Thiaroye et les événements similaires ne se répètent sous aucune forme nulle part ailleurs dans le monde".
Ces annonces interviennent dans un contexte marqué par une avancée significative : la reconnaissance officielle par le président français Emmanuel Macron, dans une lettre envoyée à son homologue sénégalais, que "les événements de Thiaroye en 1944 ont abouti à un massacre".
VIDEO
L'AFRIQUE CHANGE, ET EN FACE, LA FRANCE NE CHANGE PAS
Antoine Glaser et Francis Kpatindé dressent le portrait d'une ex-puissance coloniale qui n'a pas su anticiper les mutations sur le continent. Les récentes demandes de retrait des troupes françaises du Sénégal et du Tchad illustrent ce divorce croissant
Un entretien majeur avec deux spécialistes reconnus de l'Afrique vient éclairer le déclin accéléré de l'influence française sur le continent. Antoine Glaser, journaliste chevronné et auteur du "Piège africain de Macron" (Fayard), ancien fondateur de La Lettre du Continent, et Francis Kpatindé, ancien rédacteur en chef de Jeune Afrique et du Monde Afrique, aujourd'hui maître de conférence à Sciences Po, dressent un constat sans appel de la situation.
Les récentes demandes simultanées du Sénégal et du Tchad exigeant le départ des troupes françaises marquent un tournant historique dans les relations franco-africaines. Antoine Glaser pointe du doigt une France qui "s'est un peu endormie en Afrique", révélant une incapacité à comprendre les mutations profondes du continent.
"La France n'a pas vu l'Afrique se mondialiser", analyse Glaser, soulignant un aveuglement historique qui remonte aux indépendances. Selon lui, Paris est restée prisonnière d'une vision dépassée, celle de la "Françafrique", un système intégré qui a perduré bien au-delà de sa pertinence historique. Cette posture reflète une conviction erronée : celle d'une présence française éternellement désirée sur le continent.
Francis Kpatindé met en lumière un décalage croissant entre une Afrique en pleine mutation et une France figée dans ses certitudes. "L'Afrique change, elle a beaucoup changé depuis deux décennies. Et en face, la France ne change pas", observe-t-il. Il souligne particulièrement le fossé générationnel avec une jeunesse africaine qui n'a "aucune référence par rapport à la France, à l'ancienne puissance coloniale."
Un des aspects les plus alarmants soulevés par Kpatindé concerne l'érosion de l'expertise française sur l'Afrique. "Il n'y a plus d'experts : il n'y a plus de gens qui connaissent vraiment l'Afrique. Et surtout, il n'y a plus de gens qui ressentent l'Afrique", déplore-t-il. Cette perte de compréhension profonde conduit à une politique de réaction plutôt que d'anticipation, laissant la France systématiquement "un train de retard dans les événements en Afrique."
VIDEO
LES MISES EN GARDE D'AISSATA TALL SALL
L'ex-garde des Sceaux évoque l'impossibilité d'abroger rétroactivement une loi d'amnistie dont ont bénéficié plusieurs personnalités, dont le président et son Premier ministre. "C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire", estime-t-elle
Dans une intervention sur la situation politique nationale, l'ancienne ministre de la Justice et actuelle députée de l'opposition Takku Wallu, Aissata Tall Sall, a livré une analyse des questions juridiques et constitutionnelles qui agitent le pays.
L'ancienne garde des Sceaux s'est particulièrement attardée sur l'article 86.6 de la Constitution sénégalaise, l'équivalent du 49.3 français. Elle a souligné que malgré l'existence de cet article permettant l'adoption de lois sans débat, son utilisation n'était pas justifiée pour le vote de la loi de finances 2025, rappelant que l'Assemblée dispose déjà d'une majorité suffisante.
Sur la question de la Haute Cour de Justice, sujet de vives tensions, Aissata Tall Sall a tenu à remettre les pendules à l'heure : "La Haute Cour de Justice existe depuis que le Sénégal est Sénégal. C'est cette même cour qui avait jugé le président Mamadou Dia en 1963", a-t-elle rappelé. Elle a insisté sur le caractère judiciaire de cette institution, présidée par le premier président de la Cour suprême et non destinée à des règlements de comptes politiques.
La députée a également abordé la question épineuse de l'abrogation de la loi d'amnistie, mettant en garde contre les obstacles juridiques majeurs. "C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire", a-t-elle averti, évoquant les principes fondamentaux de non-rétroactivité des lois et d'intangibilité des droits acquis. Elle a notamment rappelé que l'actuel président de la République et son Premier ministre avaient eux-mêmes bénéficié de cette loi.
L'ancienne ministre a vivement apprécié l'utilisation de l'argument de la "majorité écrasante" par le pouvoir en place, estimant que celle-ci devrait plutôt se concentrer sur les véritables préoccupations des Sénégalais plutôt que sur des manœuvres politiques.
VIDEO
DAK'ART 2024 : DES PHILOSOPHES EN IMMERSION
La biennale peut donner des idées, susciter des vocations pour certains apprenants, en plus de compléter leur formation. C’est fort de cela que le Pr Babacar Mbaye Diop a décidé de faire découvrir la Biennale à ses étudiants en philosophie.
L'ancien directeur du Dak'Art, le Pr Babacar Mbaye Diop, a décidé de faire découvrir la Biennale à ses étudiants en histoire de l'art afin de compléter leur formation reçue en amphi. Une immersion et une exploration forts bien appréciées par ses étudiants dont la majorité n'est qu’à sa toute première expérience de découverte de ce festival. Regardez le reportage.
La Biennale de l’art africain contemporains de Dakar draine tout un tas de visiteurs de différents profils pour diverses raisons : des curieux, des hommes d’affaires, des artistes, des collectionneurs, des apprenants (des élèves ou étudiants). C’est justement dans cette catégorie que nous classons ces étudiants en philosophie accompagnés de leur professeur de philosophie, spécialiste de l’esthétique et de l’histoire de l’art.
Dans la matinée du jeudi 14 novembre, ils sont au nombre de 80 à investir de manière très visible l’ancien palais de justice de Dakar où a lieu l’exposition internationale dans le cadre des IN. Ils ont passé des heures à explorer expo après expo pour se confronter à la réalité de ce dont ils ont dû parler en cours avec leur professeur concernant l’art.
Philosophes en devenir, ces étudiants se sont spécialisés en histoire de l’art. Donc cette exploration de la Biennal ne peut qu’être bénéfique pour eux a plus d’un titre. Nous les avons rencontrés après leur professeur alors qu’ils étaient sur le point d'achever leur exploration.
VIDEO
LA FRANCE N'EST PLUS L'INVITÉE PRIVILÉGIÉE DE L'AFRIQUE
L'échec de la politique africaine d'Emmanuel Macron apparaît au grand jour. " C'est encore toujours cette impression de paternalisme en pensant que depuis l'Élysée vous allez pouvoir changer ce continent ", observe Antoine Glaser
"Les présidents africains ont aujourd'hui le monde entier dans leur salle d'attente", affirme Antoine Glaser sur TV5 Monde. Cette observation du spécialiste de l'Afrique résume la nouvelle dynamique qui bouleverse les relations franco-africaines, alors que le Tchad et le Sénégal viennent d'annoncer leur volonté de mettre fin à la présence militaire française sur leur territoire.
Cette diversification des partenariats militaires et stratégiques révèle les limites de l’approche française. Seiddik Abba, expert du Sahel, souligne que la France n'a pas su adapter sa politique à la transformation du continent. Le cas tchadien est particulièrement révélateur : alors que le pays accueillait la plus importante base française en Afrique et servait de point de réponse après l'éviction des forces françaises du Niger, il se tourne désormais vers d'autres partenaires comme la Turquie, les États -Unis ou les Émirats arabes unis.
L'échec de la politique africaine d'Emmanuel Macron apparaît au grand jour. "C'est un peu triste maintenant quand on pense à Macron en bras de chemise en train de monter les cartes du Sahel... C'est encore toujours cette impression de paternalisme en pensant que depuis l'Élysée vous allez pouvoir changer ce continent ", observe Antoine Glaser. La tentative de réorientation vers l'Afrique anglophone, symbolisée par le prochain sommet au Kenya, ne convainc pas les experts.
Il ne reste désormais que 900 soldats français en Côte d'Ivoire et 300 au Gabon. Cette présence, autrefois considérée comme une « assurance-vie » pour certains régimes selon Seiddik Abba, apparaît aujourd'hui comme le vestige d'une époque révolue. La France paie le prix de sa difficulté à comprendre que l'Afrique a changé et qu'une relation fondée sur la présence militaire et l'influence exclusive n'est plus viable à l'heure où les nations africaines affirment leur souveraineté et diversifient leurs alliances.
VIDEO
THIAROYE : LA VÉRITÉ SORT DES ARCHIVES
Une délégation d'historiens sénégalais, dépêchée en France, a mis au jour des actes de décès jusqu'alors inconnus. Ces documents révèlent que le nombre de victimes dépasse largement les chiffres officiels communiqués par l'administration coloniale
Lors d’une conférence de presse, la commission technique chargée de commémorer le 80e anniversaire de cette tragédie a annoncé la découverte de documents inédits, notamment des actes de décès de tirailleurs sénégalais, dans les archives françaises.
Une délégation composée de six historiens sénégalais, en mission en France du 19 au 28 novembre 2024, a eu l’opportunité d’accéder à ces archives. Ces documents corroborent non seulement la réalité du massacre des tirailleurs sénégalais, mais révèlent également un bilan de victimes bien supérieur à celui communiqué par l’administration coloniale française.
La commission technique a affirmé que les recherches se poursuivront dans d’autres pays afin de lever toutes les zones d’ombre entourant les événements tragiques survenus au camp de Thiaroye en 1944. Cette annonce fait suite à la reconnaissance officielle du massacre par le président français Emmanuel Macron, une étape jugée cruciale par les membres de la commission.
Le président du comité a souligné que les préoccupations soulevées par les chercheurs et la population, concernant cet événement longtemps enveloppé de silence, sont désormais au cœur des débats. Pendant plus de huit décennies, l’oubli a été systématiquement orchestré, débutant avec l’inspecteur des colonies Louis Mera, qui, deux mois après les faits, avait conclu que cet « événement très grave » devait être absorbé dans l’oubli. Il a plaidé pour une construction du silence autour de cette tragédie.
La non-divulgation des archives et l’impossibilité d’accès des chercheurs à ces documents ont longtemps entravé la compréhension de cet évènement. Néanmoins, grâce à la détermination de certains chercheurs, des avancées significatives sont en cours. Le gouvernement du Sénégal a pris une décision judicieuse en constituant un comité chargé de faire la lumière sur cette affaire.
Cependant, l’effort ne s’est pas limité à la recherche de documents en France. Le comité a été composé d’universitaires, de journalistes, d’artistes et d’autres individus capables d’apporter une contribution au décryptage des événements tragiques de Thiaroye. Cette approche holistique permet de rassembler une palette d’informations qui facilitent la compréhension historique de cette question.
La mission en France ne s’est pas uniquement concentrée sur les documents que les autorités françaises étaient prêtes à partager. Les membres de la délégation ont exploré plusieurs centres d’archives et ont également élargi leurs recherches dans les communes afin de retracer la mémoire des Sénégalais. Cette initiative a permis de collecter des documents et des informations supplémentaires, enrichissant ainsi la base de connaissances sur cette tragédie.
Les historiens sont rentrés de leur mission avec de précieux documents qui apportent des éclaircissements sur de nombreuses questions restées sans réponse pendant tant d’années. Ces avancées sont susceptibles de faire évoluer significativement la compréhension des événements qui ont eu lieu à Thiaroye en 1944, en rendant hommage à la mémoire de ceux qui ont été victimes de cette iniquité.
Cette mission représente un tournant dans la quête de vérité et de justice pour les tirailleurs sénégalais, et marque un pas important vers la réécriture d’une histoire trop longtemps silencieuse.
VIDEO
HOMMAGE À UN PILIER DE L'ÉCOLE DE DAKAR
L’artiste Zulu Mbaye décrit Baye Mballo Kébé, un des précurseurs de la peinture au Sénégal, à qui la BICIS rend hommage dans le cadre des Off du Dak’art 2024, à travers une exposition au sein de l’agence prestige de l’institution bancaire.
La Banque internationale pour l'industrie et le commerce (BICIS) a procédé au vernissage d’une exposition ce jeudi 21 novembre 2024 au sein de son agence prestige ou un hommage mérité a été rendu à l’artiste Baye Mballo Kébé, un artiste multidimensionnel, peu connu du grand public en dépit de son immense talent et de ses distinctions obtenues sur le plan international. Dans cette entrevue, en marge de cette exposition, l'artiste Zulu Mbaye explique qui est Baye Mballo Kebe.
L’hommage est rendu à Baye Mballo Kébé dans le cadre de la 15e édition de la Biennale de l’art africain contemporain dans le sillage des expos Off et c’est aussi une fois de plus le soutien de cette institution bancaire au secteur de l’art.
Précurseur de la peinture au Sénégal avec quelques-uns de ses confrères, c’est à un cet homme aux 80 ans bien revoulus dont le pinceau demeure encore alerte, que la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (BICIS), a rendu un hommage mérité au sein de son agence Prestige, en présence d’importantes personnalités, de familles, d’aficionados et de simples curieux ou férus de l’art. Cette exposition très jazzy met en valeur des œuvres dont le penchant pour le jazz est manifestement indubitable.
Artiste multidimensionnel, grand manitou de l’école dite de Dakar en matière d’art, le peintre, l’octogénaire discret et fin a eu droit à l'hommage digne de son œuvre. Discret de caractère, mais aussi de par la corpulence, l’homme prêt à engager chaleureusement une discussion avec quiconque l’accoste.
Baye Mballo est jugé à sa juste valeur par ceux qui connaissent l’homme, qui maîtrisent la finesse de son pinceau et ont expérimenté très souvent son humilité et sa discrétion remarquables. C’est le cas du peintre Zulu Mbaye, directeur du village des arts et bon connaisseur de Baye Mballo Kebe. «Baye Mballo Kebe fait partie de ce qu’on a appelé l‘école de Dakar. C’est quelqu’un qui a fait des études très sérieuses. Après l’école des beaux-arts, il est allé en France ou il a eu beaucoup de distinctions et de reconnaissance avant d’être connu dans son pays », explique Zulu Mbaye.
VIDEO
SAMBA GUEYE, L'ENFANT MIRACLE DU SÉNÉGAL
Il sourit à la vie malgré les 77 interventions chirurgicales qu'il a subies. Le jeune homme de 15 ans incarne la résilience face à un accident domestique qui aurait pu lui coûter la vie. Son histoire fait désormais l'objet d'un livre
Dans interview accordée à l'émission "Soir D'info" de la TFM le jeudi 28 novembre 2024, Samba Gueye, âgé aujourd'hui de 15 ans, a partagé son parcours remarquable de résilience et de courage face à l'adversité.
À l'âge de trois ans, alors qu'il vivait à Joal, Samba a accidentellement ingéré de la soude caustique, localement connue sous le nom de "Ré" en wolof. "C'est ainsi que je suis tombé malade, que mon œsophage s'est brûlé et j'avais des problèmes d'alimentation", a-t-il confié au présentateur Cherif Diop.
Face à cette situation critique, sa mère Mariem a fait preuve d'une détermination extraordinaire. "Ma mère me mettait dans un bassin où elle mettait de l'eau et du sel", se souvient Samba, évoquant les premiers soins prodigués pour maintenir son corps en vie. Après deux mois sous perfusion à Joal, il a été transféré dans plusieurs hôpitaux de Dakar, où une sonde gastrique lui a été posée, qui s'est malheureusement bouchée quelques semaines plus tard.
Le tournant de son histoire survient grâce à sa rencontre avec Cya Cloté, qu'il décrit comme "une grande femme, une femme d'honneur qui aime l'Afrique mais aussi l'Europe". Cette dernière a permis son transfert en Allemagne, où il a subi 77 opérations chirurgicales en dix ans. "À l'hôpital, c'était comme une troisième famille", témoigne-t-il.
Son séjour en Allemagne a été marqué par des moments intenses, notamment sa dernière opération particulièrement risquée. "On m'avait dit que c'était une opération très très difficile et très compliquée, et que ça pouvait même aller à la mort", explique-t-il. Son histoire a tellement ému qu'elle a fait la une de la presse allemande et lui a valu une rencontre avec le président allemand de l'époque.
Aujourd'hui, Samba porte un message d'espoir pour les autres enfants confrontés à des épreuves similaires : "Après chaque opération, je souriais [...] chaque enfant, chaque personne a le droit de rêver. L'empêchement d'une maladie ne veut pas dire que tu n'as pas le droit de rêver."
Son histoire fait désormais l'objet d'un livre publié aux éditions Feu de Brousse, dans la collection "Histoire de vie", une initiative visant à préserver la mémoire des parcours exceptionnels au Sénégal.
VIDEO
LE SÉNÉGAL DÉVERROUILLE LA MÉMOIRE DE THIAROYE
Mamadou Diouf, président du comité de commémoration des 80 ans du massacre, salue les avancées obtenues grâce à la persévérance des autorités sénégalaises. L'historien détaille les préparatifs des cérémonies prévues le 1er décembre et au-delà
À trois jours de la commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, le professeur Mamadou Diouf, président du comité de commémoration, dresse un état des lieux des avancés dans la reconnaissance de cet événement tragique par la France.
Dans un entretien accordé à la RTS ce jeudi, le professeur de l'université Columbia de New York souligne l'importance de la récente reconnaissance par Emmanuel Macron des événements du 1er décembre 1944. "La pression sénégalaise à des effets", affirme-t-il, précisant que "le fait que le Sénégal a effectivement décidé non seulement de commémorer le massacre mais de s'investir dans la recherche des faits [...] fait que progressivement les entraves sont en train de se lever."
Ce massacre, perpétré contre des tirailleurs sénégalais revenus du front européen, reste entouré de zones d'ombre. Selon le professeur Diouf, « on ne sait pas combien de tirailleurs ont été rapatriés en 44, on ne sait pas les circonstances dans lesquelles le massacre a été perpétré, on ne connaît pas le nombre de victimes et on ne sait même pas où elles sont enterrées."
L'ironie tragique de cet événement est particulièrement soulignée par l'universitaire : "Au moment où la France est en train de massacrer les tirailleurs sénégalais, la France célèbre la libération [...] c'est à ce moment-là que la France dit aux tirailleurs sénégalais qui se sont battus pour la France : 'Vous retournez à votre place et votre place c'est la place de colonisé.'"
Le nouveau régime sénégalais a pris l'initiative de rouvrir ce dossier historique, longtemps maintenu fermé par la France. Les commémorations du 1er décembre 2024 comportent une série d'événements officiels, incluant un dépôt de gerbes au cimetière en présence du chef de l'État, des cérémonies au camp de Thiaroye, et diverses prestations culturelles.
"Le travail de recherche va continuer jusqu'en avril", précise le professeur Diouf, annonçant l'organisation de panels et de conférences pour approfondir la connaissance de cet événement historique qui, selon ses mots, "porte aussi cet espoir et ces valeurs que les tirailleurs ont acquis dans la guerre et se sont lancés dans une bataille qui est une bataille pour l'émancipation.