Nominations de magistrats, Mamadou Ndoye tire sur Macky
par Fatoumata Sissi Ngom
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GEEJ GI — LE VIEIL HOMME ET LA MER
EXCLUSIF SENEPLUS - Dialogue avec les hommes et femmes de la mer de Mboro. Ces discours édifiants convoquent l’élaboration urgente de politiques publiques au service des communautés (Échanges en Wolof, avec sous-titres)
Fatoumata Sissi Ngom dialogue avec les hommes et femmes de la mer de Mboro. Leurs discours sont édifiants. Ils convoquent l’élaboration urgente de politiques publiques au service des communautés. Échanges en Wolof, avec sous-titres.
Je suis partie à la rencontre des pêcheurs de Mboro, avec mon ami Ndiaga Ndiaye, leader politique. Ces échanges s’inscrivent dans le cadre du projet de co-création organique Une Proposition nommée Désir, que j’ai initié à Mboro et les villes environnantes comme Darou Khoudoss. Les discussions vont nourrir l’Observatoire de la plateforme du projet.
“Le vieil homme et la mer”, car ce jour-là, en écoutant le vieux doyen, les pêcheurs et les enfants, et en les imaginant en pleine mer, remplis d’espoirs, ou en train de se mesurer à plus grand qu’eux - le gros bateau européens ou les déchets chimiques - j’ai senti que l’esprit d’Hemingway, de Santiago et du petit Manolin était avec nous. C’est l’histoire de la dignité humaine et du courage. C’est aussi l’histoire de pêcheurs courageux, d’enfants qui apprennent des ainés, et de femmes qui partagent une même condition. La littérature universelle et la création organique peuvent se mettre au service des politiques publiques et de la condition humaine.
L’urgence pour le nouveau chef de l’Etat de mettre en place des politiques publiques tranchantes au service des populations
La situation de l’économie de l’Océan au Sénégal et particulièrement à Mboro est représentative des graves distorsions économiques et sociales au Sénégal, et qu’il faut urgemment réparer. Le nouveau président élu, Bassirou Diomaye Faye, et son gouvernement, doivent prioriser une transition juste et inclusive au service réel des populations.
Mboro-sur-mer est un important hub de pêche, dont le potentiel est noyé à cause de l’absence d’infrastructures de pêche adéquates, la pollution industrielle notamment par les Industries Chimiques du Sénégal, et les accords de coopération internationale qui sont défavorables voire dangereux à la survie des communautés locales. A Mboro-sur-mer, le “gros bateau” provenant d’Europe et pêchant à outrance est devenu une entité à part entière. Dans l’imaginaire de ce village de pêcheurs, ce gros bateau aux moyens et dimensions disproportionnés est un racketteur autorisé par l’État.
Considérer encore plus les femmes et les enfants
Lors de cette rencontre, j’ai pu observer en direct que les inégalités hommes-femmes et le modèle patriarcal sont profondément ancrés dans les imaginaires. Aucune femme n’était présente dans l’assemblée. Ni aucune petite fille et aucune jeune fille, alors que beaucoup de garçons étaient présents. Éternelles fourmis invisibles ? Cela a été un peu étrange d’être la seule femme entourée d’hommes et de petits garçons. À un moment, j’ai demandé pourquoi les femmes n’étaient pas là, et si je pouvais les entendre, elles aussi. Les dignitaires ont alors appelé une femme transformatrice qui a bien voulu se montrer et prendre part à la discussion.
Mais le plus émouvant, ce sont les enfants, ces petits bouts du divin. Déjà tout petits, ils se préoccupent de la rentabilité de la pêche, nourrissent un profond ressentiment envers le gros bateau et les ICS, et portent sur leurs frêles épaules les problèmes des adultes. Je suis un peu dépassée et submergée en les écoutant.
Il va être urgent pour le nouveau chef de l’État sénégalais de réviser en profondeur les accords de pêche avec les partenaires internationaux, et d’instaurer un vrai cadre d’application de normes environnementales pour les entreprises extractives. Cela passe par l’élaboration de politiques publiques conscientes et tranchantes qui mettent l’humain au centre.
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UNE CONSTITUTION À REFONDER
Sous l'égide de Sursaut Citoyen promoteur du Pacte de bonne gouvernance démocratique, experts et participants débattent des grandes orientations à donner à la prochaine loi fondamentale inspirée des Assises nationales et des travaux de la CNRI
Dans le cadre de sa campagne citoyenne pour la mise en œuvre des réformes institutionnelles au Sénégal, l'organisation Sursaut citoyen a organisé jeudi 28 mars 2024, une séance de discussions autour de l'avant-projet de nouvelle Constitution proposée par la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI). Cet important rendez-vous intervient quelques semaines après la signature par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye du Pacte de bonne gouvernance démocratique, un engagement à appliquer les recommandations issues des Assises nationales et de la CNRI.
Au terme de cette conversation citoyenne animée par des experts tels que Alioune Badara Fall, Babacar Gueye, Arame Ndoye Gaye, Maurice Soudiieck Dione et Jean-Louis Corréa, l'ancien ministre de l'Éducation Mamadou Ndoye a présenté une synthèse des échanges, dont voici les points saillants :
Identifier les problèmes à résoudre
La première étape cruciale consiste à définir clairement les dysfonctionnements que la nouvelle Constitution devra corriger. Parmi les principaux maux épinglés : les atteintes aux libertés, le non-respect de la Constitution, l'hyper-présidentialisme et la mainmise du président sur le Parlement, la justice et l'administration.
Déterminer le degré de changement
Un débat de fond anime les participants : faut-il se contenter d'une simple rationalisation du cadre existant ou aller vers des réformes en profondeur, voire une refondation totale avec l'instauration d'une nouvelle République ? Une question cruciale qui devra trouver un consensus.
Choisir le régime politique
La forme de l'Etat fait aussi l'objet de vives discussions : faut-il opter pour un régime présidentiel, parlementaire ou un modèle hybride sur mesure ? L'adaptation au contexte national sera déterminante pour garantir la cohérence du nouveau texte constitutionnel.
Renforcer les droits et libertés
Le renforcement des droits et libertés des citoyens ainsi que de leur pouvoir de contrôle sur les institutions apparaît comme une priorité absolue. Il s'agit de créer de nouveaux espaces démocratiques pour encourager l'initiative citoyenne. Parmi les pistes évoquées : des juges de la liberté, un médiateur renforcé, une évaluation systématique des hauts fonctionnaires, etc.
Instaurer des mécanismes de mise en œuvre
Enfin, au-delà du cadre théorique, les participants insistent sur la nécessité de mettre en place des dispositifs concrets pour assurer l'application effective des réformes.
Cette conversation citoyenne, riche en perspectives, marque une étape importante du processus de réformes institutionnelles réclamées par la société civile afin de sortir le Sénégal du fléau de l'hyperprésidentialisme. Un séminaire national est d'ores et déjà pévoqué pour approfondir les réflexions et produire un projet de Constitution actualisé à soumettre au président Bassirou Diomaye Faye.
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LE SÉNÉGAL, UN LABORATOIRE D'EXPÉRIMENTATION DÉMOCRATIQUE AFRICAINE
Dans une intervention remarquée sur France 24, l'éminent historien sénégalais Mamadou Diouf a qualifié l'élection surprise de Bassirou Diomaye Faye à la présidence de "presque une révolution"
Dans une intervention remarquée sur France 24, l'éminent historien sénégalais Mamadou Diouf a qualifié l'élection surprise de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal de "presque une révolution". Professeur à l'Université de Columbia, Diouf a souligné le caractère historique et transformateur de ce examen pour la démocratie sénégalaise.
Selon lui, cette élection marque le respect des institutions et de la Constitution malgré les tensions politiques. L'administration a également réussi l'épreuve en organisant des élections apaisées. Diouf y voit l'expression de la "maturité" et de la "culture démocratique" ancrées dans la société sénégalaise.
Au-delà du nouveau président élu, c'est l'émergence d'un leadership renouvelé avec Ousmane Sonko, figure de proue du parti Pastef, qui semble se profiler. Une configuration inédite et pleine de défis selon l'historien.
Enfin, Diouf considère cette élection comme un contre-exemple positif dans une région africaine secouée par les coups d'État militaires. Le Sénégal incarnerait ainsi un "laboratoire" et une source d'inspiration démocratique pour le continent.
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DIOMAYE FAYE A COMMENCÉ SES CONSULTATIONS
Le nouveau président est à l'oeuvre pour la formation de son gouvernement annoncé pour le 5 avril. Le mot d'ordre sera la compétence, avec la nomination notamment de technocrates et de membres de la diaspora
Le nouveau président Bassirou Diomaye est à l'oeuvre pour la formation de son gouvernement annoncé pour le 5 avril. Le mot d'ordre sera la compétence, avec la nomination de technocrates et de membres de la diaspora, selon des indiscrétions de TV5 Monde.
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RUPTURE ET RENAISSANCE AU SÉNÉGAL
À contre-courant des élites déconnectées, Faye et Sonko ont su réveiller les aspirations de changement de la jeunesse. Sauveront-ils le Sénégal de l'emprise néocoloniale ? Analyse et commentaires avec René Lake, Niakala Goké et Kalvin Dark sur VOA Afrique
À 44 ans, Bassirou Diomaye Faye vient de réaliser l'impensable. Cet inspecteur des impôts devenu figure de la contestation a été propulsé à la présidence du Sénégal dès le premier tour. Porté par une vague de jeunesse en quête de changement radical, son élection marque une rupture historique avec le vieux système politique.
Diomaye Faye, avec son mentor Ousmane Sonko, incarne une nouvelle génération panafricaniste déterminée à briser les vieilles chaînes néocoloniales. Leur discours à contre-courant, prônant l'indépendance vis-à-vis des puissances étrangères et la renégociation des contrats léonins, a renforcé les masses.
Mais ce vent de rupture soulève de nombreux défis. Comment concrétiser les promesses de moralisation sans provoquer de crises ? Réformera-t-on vraiment le système éducatif pour « dé-coloniser » les esprits ? Sonko conservera-t-il son influence au risque d'éclipser le président ?
Analyse et commentaires avec René Lake, Niakala Goké et Kalvin Dark dans l'émission hebdomaire Washington Forum sur VOA Afrique.
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QUAND OBTENIR UN VISA VIRE AU RACKET
Déjà confrontés à une procédure d'obtention de visa complexe, de nombreux Sénégalais doivent aussi faire face à la cupidité de certains. Des intermédiaires monnayent désormais l'accès aux rendez-vous. Enquête sur un trafic organisé
Déjà confrontés à une procédure d'obtention de visa complexe, de nombreux Sénégalais doivent aussi faire face à la cupidité de certains. En effet, des intermédiaires monnayent désormais l'accès aux rendez-vous, pourtant gratuits, pour déposer un dossier. Comment est né ce système peu scrupuleux et quelle en est l'ampleur ?
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LES GRANDES AMBITIONS SOUVERAINISTES DE BASSIROU DIOMAYE FAYE
Abandon du franc CFA, renégociations commerciales dans le gaz et le pétrole, départ des troupes françaises du territoire... Le nouveau chef d'État pourrait déclencher une vague de réformes majeures dans les prochains mois
(SenePlus) - Dans un entretien accordé à RFI, Pape Ibrahima Kane, chercheur sénégalais, a décrypté les principales ambitions du nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye en matière de souveraineté économique, monétaire et diplomatique.
Tout d'abord, M. Kane souligne que « la première souveraineté » que vise M. Faye est « la souveraineté de l'État sur ses ressources naturelles », à savoir le gaz, le pétrole, les phosphates ou le zircon. Son projet électoral, qui mentionne à 18 reprises le mot « souveraineté », prévoit de « renégocier les contrats » signés avec les compagnies internationales comme BP ou Kosmos Energy dans le secteur énergétique.
Sur les contrats gaziers et pétroliers offshore déjà existants, le chercheur estime qu'il « n’y a pas l'information qui permet de vérifier » les affirmations du président sortant Macky Sall selon lesquelles « l'État sénégalais est déjà majoritaire ». Il souligne que de nouvelles négociations pourraient avoir lieu, notamment avec le voisin mauritanien avec lequel le Sénégal partage ces ressources.
Dans le secteur de la pêche, Pape Ibrahima Kane juge que le nouveau président a aussi « la possibilité de remettre en cause beaucoup de ces contrats » accordés à des entreprises étrangères par des Sénégalais qui les ont ensuite sous-loués. Il s'agirait de satisfaire les demandes des pêcheurs locaux qui déplorent la raréfaction des ressources halieutiques.
Sur le plan politique, l'ambition affichée de « sortir du néocolonialisme » pourrait se traduire par le départ des bases militaires françaises installées au Sénégal depuis l'indépendance en 1960, estime M. Kane. Il s'attend aussi à une renégociation des accords de défense liant le pays à la France.
Concernant la monnaie commune CFA, le chercheur note que M. Faye a adopté un discours « plus réaliste » en évoquant d'abord l'éco, future monnaie de la CEDEAO, avant d'envisager une monnaie nationale. Néanmoins, un changement au Sénégal fragiliserait davantage le franc CFA, dont la Côte d'Ivoire est désormais le principal soutien.
Sur la scène internationale, M. Kane juge improbable un « shift » vers la Russie, le Sénégal entretenant déjà d'« excellents rapports » économiques et une politique de non-alignement. En revanche, le nouveau président pourrait use de son influence auprès du Mali pour le ramener dans le giron de la CEDEAO.
En conclusion, Pape Ibrahima Kane estime que la conduite de la politique étrangère reviendra au président Faye, tandis qu'Ousmane Sonko, allié de poids dans sa victoire, pourrait se voir confier des responsabilités au niveau national.
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ELIMANE KANE, MEMBRE DU COLLECTIF AAR SUNU ELECTION, INVITE DE LA RFM