Dans le cadre de l’enquête sur la gestion des fonds Force Covid-19, un nouveau groupe de responsables du secteur de la santé a été déféré ce matin par la Division des investigations criminelles (Dic). Il s’agit notamment de Mamadou Ndiaye, directeur de la Prévention, d’Ousseynou Ngom, directeur de l’administration générale et de l’équipement (Dage) du ministère de la Santé, ainsi que de plusieurs directeurs d’hôpital : Babacar Sène (Kaffrine), Moussa Sam Daff (Dalal Jamm), Alioune Babara Diop, comptable particulier, et Lamine Diallo, comptable à l’hôpital Youssou Mbargane de Rufisque.
Les mis en cause ont été placés en garde à vue dans les locaux de la Dic avant d’être transférés à la cave du palais de justice de Dakar. Ils y attendent désormais la désignation par le procureur de la République d’un cabinet d’instruction pour l’ouverture d’une information judiciaire.
Cette vague de déferrements s’inscrit dans le cadre d’une série d’interpellations opérées depuis plusieurs jours, suite à l’audit ordonné sur les dépenses liées à la gestion de la pandémie de Covid-19.
LE LONG CHEMIN VERS L'ÉLECTRICITÉ ABORDABLE
La récente déclaration du ministre de l'Énergie sur une baisse du prix de l'électricité à 60 FCFA/kWh a été mal interprétée comme immédiate, alors qu'elle s'inscrit dans une stratégie à long terme conditionnée par d'importantes réformes. Explications !
(SenePlus) - La récente déclaration du ministre de l'Énergie concernant une possible baisse du prix de l'électricité a déclenché une vague d'enthousiasme, rapidement transformée en confusion. Qu'a réellement promis le gouvernement, et dans quels délais cette réduction tant attendue pourrait-elle se concrétiser ? Une analyse approfondie des faits s'impose.
Les propos de Birame Souleye Diop, ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, ont été au centre d'une confusion médiatique majeure en avril 2025. Plusieurs médias et internautes ont cru comprendre que le coût du kilowattheure (kWh) allait immédiatement passer "de 117 francs CFA à 60 francs CFA après des réformes structurelles", selon Africa Check.
Lors d'une intervention à la radio nationale le 6 avril 2025, le ministre a effectivement évoqué cette baisse, mais dans un contexte bien précis : "L'objectif du gouvernement est de faire en sorte que ce coût, qui se situe actuellement à environ 117 FCFA le Kwh, puisse baisser à 60 FCFA le Kwh", a-t-il déclaré. Toutefois, cette diminution ne surviendra qu'après "plusieurs mesures à introduire et des changements à réaliser dans le secteur énergétique", précise Africa Check.
Cette promesse s'inscrit en réalité dans le cadre de l'"Agenda National de Transformation - Sénégal 2050", document référentiel lancé en octobre 2024. Ce plan stratégique prévoit une baisse progressive du coût de l'électricité : "Notre électricité de demain sera entièrement générée par la transformation de nos ressources nationales (gaz, vent, soleil, cours d'eau). Cette énergie sera propre et compétitive, avec un prix modéré (moins de 60 FCFA le kWh) pour les besoins des ménages et de nos entreprises et industries", mentionne le document à sa page 8.
La feuille de route fixe des étapes intermédiaires claires : le prix moyen, actuellement "à 110 FCFA/KWh", devrait descendre à "moins de 80 FCFA/KWh d'ici 2034", avant d'atteindre l'objectif final de "moins de 60 FCFA/KWh en 2050". Néanmoins, le Premier ministre Ousmane Sonko semble avoir accéléré le calendrier en déclarant devant l'Assemblée nationale, le 14 avril 2025, que le gouvernement compte atteindre ce prix "dans les cinq ans".
Alioune Badara Camara, consultant en énergie cité par Africa Check, replace ces annonces dans leur contexte : "Les réformes structurelles en matière d'énergie ont effectivement été initiées par le régime précédent, notamment à partir de 2014, dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE)". Ces réformes "visent à moderniser le secteur, réduire les coûts de production, attirer des investissements privés et accroître l'accès à une énergie plus propre et moins chère".
Un document stratégique élaboré avec le Millennium Challenge Corporation en 2018 prévoyait déjà une baisse du prix à 80 FCFA/kWh, rappelle le site de fact-checking. Malick Ndaw, journaliste et consultant en énergie, ajoute qu'en 2020, "les coûts de production étaient censés baisser à 80 FCFA/kWh en 2023, mais la crise de la Covid, les effets du conflit ukrainien, entre autres, avaient contribué à retarder l'exploitation des ressources pétrolières et gazières".
Le ministre Birame Souleye Diop a détaillé les leviers qui permettront d'atteindre ces objectifs. La SENELEC (Société nationale d'électricité du Sénégal) prévoit d'adopter "un mix énergétique", notamment en "convertissant certaines centrales fonctionnant au fioul vers le gaz". Africa Check précise que ce terme désigne "la répartition des différentes sources utilisées pour les besoins énergétiques dans une zone géographique donnée".
L'État sénégalais envisage également "d'ouvrir des négociations avec les fournisseurs d'énergie" et de "développer davantage de centrales solaires", selon le ministre, qui affirme que ces projets reposent sur "des études déjà finalisées".
Malick Ndaw souligne que "la baisse effective des tarifs doit être attendue désormais à moyen terme, mais pas maintenant". Selon lui, "la baisse du prix de l'électricité nécessite des machines performantes et efficaces et le dernier maillon pour concrétiser la baisse des tarifs est tributaire de l'arrivée du gaz domestique".
Malgré le démarrage de la production du site gazier de Grand Tortue Ahmeyim en février 2025, "à court terme, une baisse des prix de l'électricité semble improbable", car il faut considérer "les investissements requis pour développer des infrastructures de production performantes", explique l'expert.
Le Sénégal, devenu producteur d'hydrocarbures depuis juin 2024, pourrait voir sa situation économique transformée par cette nouvelle ressource. Toutefois, la promesse d'une électricité à 60 FCFA le kWh reste, pour l'instant, un objectif à moyen ou long terme, contrairement à ce que certaines interprétations hâtives ont pu laisser croire.
LA JUSTICE TRAQUE LES VARIANTS
La Division des investigations criminelles (Dic) a carburé, ces dernières 48h, à plus de 100 km/h pour démasquer les personnes supposées avoir détourné l’argent du Fonds de riposte contre le Covid-19.
Après la vague d’arrestations des dernières heures, la Haute cour de justice devrait suivre la marche avec la mise en accusation imminente, par l’Assemblée nationale, d’une dizaine de ministres qui auraient été épinglés par le rapport de la Cour des comptes sur le Fonds de riposte contre le Covid-19.
La Division des investigations criminelles (Dic) a carburé, ces dernières 48h, à plus de 100 km/h pour démasquer les personnes supposées avoir détourné l’argent du Fonds de riposte contre le Covid-19. Après la première vague du lundi, une autre brochette de gestionnaires a été placée en garde à vue sur ordre du Parquet judiciaire financier pour détournements présumés de fonds publics. Il s’agit du Dage du ministère de la Santé et de l’action sociale, Ousseynou Ngom, de Mamadou Ndiaye, directeur de la Prévention au Msas, qui était une figure marquante de la riposte contre la pandémie.
Dans ce lot, il y a d’autres responsables d’établissements financiers qui devraient aussi être déférés aujourd’hui au niveau du Pjf. On peut citer Moussa Sam Daff, directeur de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, Babacar Sène, directeur de l’Hôpital de Kaffrine, le comptable particulier de l’Hôpital de Pikine, Alioune Badara Diop, et Lamine Diallo, comptable de l’hôpital Youssou Mbargane. Artistes pris à contretemps ?
Dans ce dossier Covid-19, il y a une danse à contretemps des hommes culturels. L’animateur et entrepreneur culturel Tange Tandian, qui fait partie des cas suspects, a été aussi envoyé au Parquet pour des malversations présumées de 72 millions F Cfa. Ancien Directeur exécutif de l’Observatoire de la musique et des arts du Sénégal (Omart Sénégal), il a fait partie des gestionnaires des fonds destinés aux musiciens impactés par le Covid-19 à cause de la suspension de leurs activités due aux mesures restrictives comme l’interdiction des rassemblements. En présentant des décharges, il a tenté de se défendre, mais cela n’a pas convaincu les enquêteurs.
Connue pour ses talents créatifs, Alimatou Sadiya Guèye, présidente des stylistes, s’est retrouvée dans le viseur de la Justice à cause des mêmes soucis. Elle a été déférée au même titre que Bamba Hamdy (artiste-compositeur), Abdou Aziz Mbaye (communicateur traditionnel), Mamadou Ngom Niang, ancien directeur de l’Administration générale et de l’équipement au ministère des Sports, et d’autres responsables publics arrêtés lundi.
Leur face-à-face avec le Parquet a tiré en longueur hier à cause des propositions de médiation pénale soumises par certains suspects et des écheveaux à démêler pour tirer cette affaire au clair. Evidemment, lors de leurs auditions, ils ont apporté des pièces justificatives, mais cela n’a pas suffi pour se sortir de ce huis-clos avec les enquêteurs totalement libres.
Ministres en salle d’attente
Aux yeux de certains, ils ne sont que de simples lampistes qui ne doivent pas payer à la place des gros calibres. Et des poursuites vont être déclenchées dans les prochains jours devant la Haute cour de justice dont la composition est déjà connue, contre d’anciens ministres sous Macky Sall au moment de la survenue de la pandémie. Il s’agit d’une liste d’une dizaine d’ex-hauts responsables ministériels, qui devraient être visés par une procédure de mise en accusation au niveau de l’Assemblée nationale. Si certains restaient toujours fidèles à l’ancien président de la République, d’autres ont pris leurs distances avec lui en rejoignant d’autres partis ou en se mettant en retrait de la politique.
Les faits qui leur sont reprochés sont de natures diverses et vont, entre autres, de «défaut de justification des dépenses» ou «absence de pièces justificatives» relatives à des dépenses à «des paiements sans service fait», en passant par des «surfacturations» pour l’acquisition de certains produits. Sans oublier certains paiements en espèces pour des achats, ce qui est contraire à la règle dans l’Administration publique. Il faut savoir que sur les 1000 milliards du fonds Covid-19 dont il est question, 628 milliards de Cfa étaient tirés du Trésor public, tandis que pour 372 milliards, il s’agissait de mesures de renonciations fiscales visant à permettre à des entreprises privées nationales de pouvoir supporter le choc de la perte de leurs activités économiques et de ne pas mettre la clé sous le paillasson durant la période du Covid-19.
Le fonds Covid-19 devait permettre la mise en œuvre du Programme de résilience économique et sociale (Pres) en ses 4 axes, à savoir le soutien au secteur de la santé, le renforcement de la résilience de la population et de la cohésion sociale, la sauvegarde de la stabilité macroéconomique et financière, ainsi que la sécurisation de l’approvisionnement et de la distribution des denrées alimentaires, des médicaments et de l’énergie.
QUARANTE ANS DE CENSURE MÉDIATIQUE EN CASAMANCE
De l'expulsion de Sophie Malibeaux de RFI en 2003 à la fermeture temporaire du Groupe Sud Communication en 2005, les autorités sénégalaises ont systématiquement restreint la couverture médiatique de la crise
L’Etat du Sénégal a toujours été regardant et strict sur la couverture médiatique des activités et autres sujets relatifs à la crise en Casamance, un des plus vieux conflits sur le continent africain, enclenché en 1982. Quarante ans plus tard, malgré la longue période d’accalmie, des journalistes et acteurs des médias continent de faire face au contrôle des autorités, à leurs dépens.
Une équipe de la chaîne de télévision «Al Jazeera», accréditée au Sénégal, dépêchée en Casamance pour un reportage sur le retour des populations déplacées de guerre dans leurs villages d’origine, a été interpellée dimanche dernier, 13 avril 2025, à l’aéroport du Cap Skirring (dans la région de Ziguinchor) par la police et la gendarmerie, sur ordre des autorités locales, leurs passeports et matériel saisis, le temps d’être renvoyés à Dakar, le lendemain. L’Association de la presse étrangère au Sénégal (APES) a qualifié cette interpellation d’«une entrave sans précédent (…) à l’exercice du travail d’une équipe régulièrement accréditée auprès des autorités sénégalaises».
Contexte marqué par la signature d’un accord de paix entre l’etat et le MFDC, en Guinée Bissau
Cette interpellation intervient dans un contexte marqué, après plusieurs années d’accalmie notée dans la région naturelle, par la récente signature d’un accord de paix entre l’Etat sénégalais et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) en Guinée-Bissau. En effet, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a signé, le 23 février 2025, après trois jours de réunion, un protocole d’accord de paix avec l’une des factions du MFDC, notamment des responsables du Front Sud. Le nouvel accord conclu à Bissau, sous la médiation du président Umaro Sissoco Embalo, prévoit d’abord le dépôt des armes et la démobilisation des combattants du Front Sud, dirigé par César Atoute Badiate, ainsi que leur réinsertion dans la société. Il engage également les autorités à organiser le retour des populations déplacées, parfois depuis plus de vingt (20) ans, dans leurs villages d’origine. C’est dans le sillage d’un accord similaire qui avait déjà été signé, en 2022, sous l’ancien président sénégalais Macky Sall. Mais la situation n’avait que peu évolué.
D’ailleurs, dans le cadre de l’exécution du « Plan Diomaye pour la Casamance », un important programme d’accompagnement des populations déplacées de retour dans leurs villages d’origine a été officiellement lancé par la ministre de la Famille et des Solidarités, Maïmouna Dièye, le 11 janvier 2025, à Ziguinchor. Il s’agit de la phase pilote du Projet d’accompagnement des déplacés de retour en Casamance (PADC), exécuté par le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et territoires frontaliers (PUMA), pour accompagner le retour des personnes déplacées par le conflit armé dans leurs villages d’origine. Prévu sur la période 2024-2025, le PADC est financé à hauteur de 4 milliards 698 millions FCFA, pour le relogement des déplacés, la construction et l’équipement d’écoles, de postes de santé, de pistes de production, d’adduction en eau potable, d’installation d’antennes notamment pour le réseau téléphonique pour le désenclavement, etc.
Une interpellation qui en cache plusieurs autres
Ce fait en rappelle plusieurs autres mais surtout la position des autorités sénégalaise sur tout ce qui touche à la crise casamançaise notamment dans les média. En octobre 2003, Sophie Malibeaux, correspondante de Radio France Internationale (RFI) à Dakar, a été expulsée du Sénégal pour « nécessité d’ordre public». En cause, la diffusion d’une interview jugée « tendancieuse » d’Alexandre Djiba, figure radicale du MFDC, réalisée à Ziguinchor, en marge des Assises sur la paix en Casamance qui se tenaient du 6 au 7 octobre 2023, qu’elle couvrait. Sophie Malibeaux avait alors été interpellée le 7 octobre par des agents de la Brigade mobile de sûreté (BMS) qui l’ont reconduite par avion à Dakar. Un arrêté d’expulsion lui a été remis et motivé « par nécessité d’ordre public».
Le gouvernement d’alors, sous la présidence d’Abdoulaye Wade, avait qualifié cet entretien « d’ingérence grave et manifeste dans les affaires intérieures du Sénégal» et de «tentative de sabotage» du processus de paix. La journaliste, était dans le viseur des autorités pour avoir critiqué la gestion du naufrage du bateau «Ms Le Joola», l’intervention des responsables de la «radio mondiale» ne changera pas la décision prise parle gouvernement, le 7 octobre 2003, d’expulser Sophie Malibeaux, Après une suspension temporaire de la mesure, la correspondante de RFI sera renvoyée à Paris, la capitale française, où elle est arrivée, le 25 octobre, dans la matinée.
Cette mesure avait provoqué une vive réaction de la presse nationale et internationale. Des organisations comme la Fédération internationale des Journalistes (FIJ), le syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) et de la société civile (la RADDHO) avaient alors dénoncé «une atteinte grave à la liberté d’informer et un climat croissant d’intimidation envers les journalistes en Afrique de l’Ouest».
Deux ans plus tard, les média du Groupe Sud Communication paieront les frais. Suite à la diffusion d'une interview du chef rebelle Salif Sadio, de la branche armée irrédentiste du MFDC que les rumeurs les plus folles d’alors donnaient pour mort, sur la radio privée Sud FM, et dans l’édition du jour de Sud Quotidien, la police avait procédé à la fermeture de l'ensemble des relais/support du groupe de presse dans le pays, le 17 octobre 2005. La totalité du personnel trouvé dans les locaux de la radio et du quotidien à Dakar, ainsi que le chef de la station locale de Ziguinchor, en Casamance, Ibrahima Gassama, auteur de l’entretien, avaient été placés en détention. Mais c’était sans compter avec la forte mobilisation de toute la presse et de la société civile, y compris des politiques, pour dénoncer «Le Monstre», en référence au titre de l’éditorial commun signé dans toute la presse.
Ils seront finalement relâchés le même jour, dans la soirée, la radio autorisée à reprendre ses émissions et le journal sa parution, suite à l’annonce de la levée de la mesure de suspension par le ministre de l'Information. Malgré la lourde charge d’«atteinte à la sûreté de l'Etat» retenue, les 19 membres du personnel dakarois de Sud FM et Madior Fall, alors coordonnateur de Sud Quotidien, pouvaient quitter le Commissariat central de Dakar où ils avaient été conduits. Le chef de la station régionale de Ziguinchor (Casamance, Sud) aussi. Même si aucune plainte n'a été déposée contre la radio et le journal, les autorités ont cependant saisi une caméra et une cassette vidéo de l'interview du chef rebelle lors d'une perquisition au domicile du journaliste de Ziguinchor.
Aussi, plusieurs journalistes ont été la cible d’attaques verbales directs des autorités sénégalaises, y compris parle chef de l’Etat, suite à des questions «dérangeantes» (comme sur l’autonomie de la Casamance) qu’ils auront osé poser sur la gestion du conflit en Casamance en conférence de presse ou d’autres occasions.
La sécurité, une motivation des interpellations ?
Néanmoins, certains justifient cette posture des autorités par un réflexe sécuritaire. En atteste, depuis le début de la mise œuvre de ce programme de retour des déplacés, tous les reportages réalisés dans les zones concernées (Djibidione dans le Nord Sindia, Boutoupa Camaracounda et environs dans le Niaguiss – dans la région de Ziguinchor -, et en zone de frontière dans le département de Goudomp, région de Sédhiou), ont été organisés et encadrés par l’Armée, à travers la Direction des relations publiques des Armées (DIRPA), et par les autorités étatiques, notamment l’Agence nationale de relance des activités socioéconomiques de la Casamance (ANRAC), sous la surveillance de l’Armée.
Surtout que la région a été également le théâtre de plusieurs cas d’enlèvements ou prises d’otage, c’est selon, cependant jamais revendiqués parle MFDC, sur lesquels un mystère plane jusqu’ici. Parmi eux, les plus médiatisés sont la disparition des couples de touristes français Martine et Jean Paul Gagnaire et Catherine et Claude Cave (04 touristes en vacances), disparus dans la cité balnéaire de Cap Skiring, le 06 avril 1995 , et celle de quatre jeunes coupeurs de bois, introuvables depuis aout 2018. Partis à la cueillette de fruits sauvages dans la forêt de Boussoloum, dans la commune de Boutoupa Camaracounda, (département de Ziguinchor), le 04 aout 2018, ces quatre personnes ne seront jamais revenues, du moins jusque-là.
Il y a aussi le cas du jeune étudiant de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) porté disparu dans la forêt de Goudomp, dans la région de Sédhiou, en 2019. Parti à la recherche des bœufs de son père, volés par des inconnus, il a suivi les traces de ces voleurs, mais il ne reviendra plus jamais. Et l’un des derniers cas est celui de l’agent de la sécurité de proximité (ASP), Barthélemy Diatta, kidnappé, le 22 janvier 2023, dans la forêt de Santhianba Manjack, par des individus supposés rebelles. Six (06) mois plus tard, l’ASP Barthelemy Diatta, a été retrouvé mort. C’est le 21 juin 2023, en début de soirée, que la nouvelle de sa mort avait fait le tour de Ziguinchor. Après qu’un membre de sa famille, alerté, a pu identifier le corps en état de décomposition avancé. Il avait été inhumé sur place.
Prises d’otages de militaires par le MFDC
Ce recours aux prises d’otages, par le MFDC, n’épargnera pas les forces de défense. En décembre 2011, cinq (05) soldats sénégalais avaient été pris en otage suite à une attaque, le 13 décembre, par le MFDC, du cantonnement militaire du village de Kabeum, dans la région de Sédhiou. L’Armée sénégalaise, qui avait nié avoir subi des pertes, avait précisé, dès le19 décembre, rechercher cinq (05) de ses éléments disparus à la suite de l’attaque. Elle confirmera, le mardi 28 décembre, que ces militaires, dont on était sans nouvelles depuis deux semaines, sont désormais aux mains des indépendantistes du MFDC. «L’Armée informe que cinq parmi les six (soldats) manquant à l’appel sont présentement entre les mains du MFDC», avait informé la DIRPA, sans préciser le sort du dernier soldat disparu.
Un mois plus tard, le MFDC revendiquera d’autres otages. Finalement, tous les huit militaires retenus en otages par les indépendantistes, seront libérés et convoyés par vol spécial à Dakar où ils ont été reçus par le chef de l’Etat, Macky Sall, le 10 décembre 2012, accompagnés de quelques ministres gambiens. Le président de la République de Gambie d’alors, Yahya Jammeh, aura joué le rôle de facilitateur dans la libération des otages et la Communauté Sant’Egidio qui a assuré le travail de médiation.
Près d’une décennie après, même scénario s’est déroulé. Sept (07) militaires sénégalais de l’ECOMIG, la Mission ouest-africaine (de la CEDEAO) en Gambie, avaient été retenus en otage par des éléments de Salif Sadio, suite à un accrochage, survenu le24janvier2022. Ils seront à leur tour tous libérés, le 14 février 2022, à la mi-journée, par des rebelles casamançais, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée en l’absence de Salif Sadio, le chef du MFDC, des autorités de Dakar et de celles de Banjul qui n’ont pas envoyé de représentant. En bonne santé, sains et saufs, ils ont été remis à la CEDEAO, les mains libres, entourés de rebelles, en milieu rural, près de la frontière avec le Sénégal. En présence de quelques personnalités dontle représentant de la CEDEAO, deux membres du CICR, ainsi qu’un responsable de la communauté Sant’Egidio, qui a fait office de médiateur pourfavoriser cette libération. La suite, des semaines après, l’Armée investira cette zone Nord, qu’elle ratissera largement pour démanteler les bases rebelles, ce qui contribuera à maintenir le calme observé depuis, après le nettoyage du front Sud.
LE DÉFI D'UN CONCEPT JURIDIQUE FLOU
Le flou juridique entourant la notion de "haute trahison" constitue l'un des obstacles à la mise en accusation de Macky Sall. Non définie dans les textes sénégalais, cette qualification laissera aux juges la responsabilité d'en déterminer les contours
Interpellé pour donner un avis purement technique sur le cas de figure que constitue la proposition de mise en accusation de l’ancien président Macky Sall devant la Haute cour de justice, un professeur agrégé de droit constitutionnel s’est prononcé sous le couvert de l'anonymat sur les tenants et aboutissants de la loi en question, sur la possibilité de voir une telle requête aboutir, et éventuellement sur ses éventuelles conséquences.
« Au Sénégal, un ancien président de la République ne peut être poursuivi que devant une seule juridiction : la Haute cour de justice. Aucune autre instance nationale ne peut se saisir d’éventuelles infractions commises durant son mandat. C’est ce que rappelle un spécialiste du droit, alors que la procédure enclenchée par Guy Marius Sagna à l’encontre de Macky Sall entre dans sa phase critique.
Installée il y a un mois, la Haute cour de justice pourrait donc être appelée à statuer. Encore faut-il, au préalable, qu’une proposition de résolution soit adoptée par les 3/5 des députés. Une majorité que détient l’actuelle coalition parlementaire, ce qui rend plausible le déclenchement de la procédure.
Une fois la résolution votée, le dossier sera transmis à la Haute cour de justice, composée de parlementaires mais présidée par un magistrat professionnel. Deux obstacles majeurs demeurent cependant. D’une part, la notion de "haute trahison" n’est définie par aucun texte juridique au Sénégal. En conséquence, il reviendra aux juges d’en donner une interprétation, selon la jurisprudence.
D’autre part, l’absence de définition précise soulève également la question de la peine. Ce sera au juge de déterminer à la fois si les actes reprochés à l’ex-chef de l’État relèvent de la haute trahison, et quelle sanction leur serait applicable. Dans cette optique, le principe de proportionnalité devra être scrupuleusement respecté, afin d’assurer que la peine prononcée corresponde à la gravité des faits établis »
PLUS DE 300 KG DE CHANVRE INDIEN SAISIS À FIMELA ET SOKONE
Ces actions s’inscrivent dans le cadre des directives du Haut-commandement de la Gendarmerie visant à intensifier les contrôles et les patrouilles sur l’ensemble du territoire national.
Les efforts de la Gendarmerie nationale dans la lutte contre le trafic de stupéfiants portent leurs fruits. Hier, les brigades de Fimela et de Sokone se sont illustrées par d’importantes saisies de chanvre indien, confirmant la montée en puissance des opérations de sécurisation menées à travers le pays.
À Fimela, les gendarmes ont intercepté pas moins de 300 kilogrammes de chanvre indien, une saisie record dans cette zone. Du côté de Sokone, les éléments de la brigade ont mis la main sur 11 kilogrammes de la même substance illicite. Cette dernière opération s’est soldée également par l’arrestation d’un individu de nationalité sénégalaise, quelques jours seulement après le démantèlement d’un réseau de trafic de drogue dure à Dakar, le 11 avril dernier.
Ces actions s’inscrivent dans le cadre des directives du Haut-commandement de la Gendarmerie visant à intensifier les contrôles et les patrouilles sur l’ensemble du territoire national. Elles font suite à une autre saisie d’envergure réalisée par la Section de Recherches de Dakar, qui avait intercepté 80 kilogrammes de cocaïne.
Les opérations se poursuivent, et la Gendarmerie réaffirme sa détermination à lutter sans relâche contre le trafic de drogue sous toutes ses formes.
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BACHIR FOFANA DÉFIE LA "TOLÉRANCE ZÉRO" DE SONKO
Le journaliste répond aux récentes déclarations du Premier ministre visant les chroniqueurs et autres critiques du régime. "Le combat qui va dans ce pays, c'est le combat pour le développement économique, pas le Gatsa Gatsa", cingle-t-il
Face aux récentes déclarations musclées du Premier ministre Ousmane Sonko ciblant l'opposition et certains chroniqueurs, le journaliste Bachir Fofana n'a pas mâché ses mots. "Bachir ne se sent pas visé et n'a pas peur", a-t-il déclaré d'emblée lors d'une intervention médiatique lundi sur GFMTV.
Selon le chroniqueur, le Premier ministre s'égare en s'engageant dans ce qu'il qualifie de "Gatsa Gatsa" (querelles verbales) plutôt que de se concentrer sur le développement économique du pays. "Le combat qui va dans ce pays, c'est le combat pour le développement économique", a souligné Fofana.
Le journaliste a rappelé que la liberté d'expression est profondément ancrée dans la culture sénégalaise. "Le Sénégalais est jaloux de sa liberté. Nous, dans nos 'bantambala', c'est la démocratie. Pourquoi avons-nous l'arbre à palabre dans nos sociétés anciennes ?", a-t-il résumé, suggérant que les tentatives d'intimidation sont vouées à l'échec.
Fofana a également souligné que d'autres régimes avaient tenté sans succès de museler la presse. "Macky Sall n'a pas réussi là où Wade et d'autres n'ont pas réussi. Sonko ne réussira pas non plus", a-t-il prédit.
Par ailleurs, le journaliste a évoqué le cas de son confrère Simon Pierre Faye, figure respectée avec plus de 25 ans d'expérience, actuellement poursuivi en justice pour une publication apparue sur une page non officielle. Bachir Fofana espère que cette affaire sera rapidement classée sans suite.
Collaborateur régulier à Ndumbelan et au journal Le Quotidien, Bachir Fofana a tenu à préciser qu'il parle en son nom propre et prépare soigneusement ses interventions après recherche.
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LA SORTIE MUSCLÉE DE PAPE DJIBRIL FALL
Transparence financière, pressions sur la justice, licenciements politiques : Le député n'a épargné aucun sujet lors de sa conférence de presse ce mardi 15 avril, exigeant notamment des explications de la part du gouvernement d'Ousmane Sonko
Ce mardi 15 avril 2025, le député Pape Djibril Fall a tenu une conférence de presse particulièrement virulente à l'encontre du gouvernement. Dans une sortie médiatique remarquée, le parlementaire a formulé de graves accusations concernant des licenciements massifs qu'il qualifie de "politiques".
"Nous disposons de documents confidentiels prouvant que plus de 781 personnes ont été licenciées de façon abusive", a déclaré le député, précisant que ces licenciements touchaient également des ressortissants étrangers, notamment burkinabè et maliens. Selon lui, ces mesures seraient prises "pour satisfaire une clientèle politique" et constitueraient une "rupture" avec les promesses faites durant la campagne.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a été particulièrement ciblé par les critiques. Pape Djibril Fall l'accuse de ne pas respecter la loi et de vouloir exercer des pressions indues sur l'appareil judiciaire. "Le Premier ministre n'est pas la loi", a-t-il martelé, appelant dans la foulée l'Union des magistrats du Sénégal à "faire bouclier autour du ministre de la Justice" face à ce qu'il considère comme une "persécution".
La transparence financière a également été au cœur des préoccupations exprimées par le député. Il réclame des explications claires concernant la gestion de 405 milliards de francs CFA, estimant que les Sénégalais ont droit à la vérité sur l'utilisation des fonds publics dans un contexte où le gouvernement serait, selon lui, incapable de faire face au chômage malgré ses promesses.
En tant que membre de l'opposition, Pape Djibril Fall a tenu à définir sa vision du rôle parlementaire : "Nous sommes une opposition responsable et républicaine", a-t-il affirmé, promettant d'utiliser tous les outils législatifs à sa disposition, notamment les questions écrites et les propositions de loi, pour tenir le gouvernement responsable de ses actes.
Le député a conclu en lançant un appel à la presse, l'invitant à rester neutre et à jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir. Il a également mis en garde contre ce qu'il perçoit comme une transformation de l'Assemblée nationale en "quartier général" par une majorité qu'il juge "écrasante", promettant que l'opposition ne l'accepterait pas.
AUX ÉTATS-UNIS, UN ÉTUDIANT ARRÊTÉ AU SEUIL DE LA CITOYENNETÉ
Mohsen Mahdawi, acteur des mouvements pro-palestiniens à Columbia, s'est rendu à un rendez-vous pour sa naturalisation au Vermont. Il en est ressorti menotté, cible d'une stratégie de l'administration Trump contre les activistes étrangers pro-Palestine
(SenePlus) - Un organisateur des manifestations pro-palestiniennes à l'université Columbia, Mohsen Mahdawi, a été arrêté lundi par les autorités d'immigration américaines alors qu'il se rendait à un rendez-vous au Vermont qu'il pensait être une étape vers l'obtention de la citoyenneté américaine, rapporte le New York Times.
Quelques heures après cette arrestation inattendue au centre d'immigration de Colchester, sa mère, sa sœur aînée et ses avocats tentaient désespérément de le localiser. Ses avocats ont demandé une ordonnance restrictive temporaire pour empêcher les autorités fédérales de le transférer vers une juridiction plus conservatrice - une tactique déjà utilisée dans la détention et les tentatives d'expulsion d'au moins quatre autres manifestants universitaires, selon le quotidien new-yorkais.
Le juge fédéral du Vermont, William K. Sessions III, a rapidement accordé cette requête, ordonnant que M. Mahdawi, critique virulent de la campagne militaire israélienne à Gaza, ne soit ni expulsé des États-Unis ni transféré hors du Vermont jusqu'à nouvel ordre.
"C'est leur mode opératoire", a déclaré l'avocate de M. Mahdawi, Luna Droubi, au New York Times. "Ils continuent simplement à cacher l'individu au point où ses avocats ne peuvent pas comprendre ou identifier où déposer les recours. Nous opérons à l'aveugle, alors qu'ils détiennent toutes les informations."
Détenteur d'une carte verte depuis dix ans, M. Mahdawi est le dernier étudiant palestinien à être pris dans le filet de l'administration Trump qui cible les étudiants étrangers impliqués dans l'organisation de manifestations pro-palestiniennes sur les campus universitaires américains.
Né et élevé dans un camp de réfugiés en Cisjordanie, où il a vécu jusqu'à son déménagement aux États-Unis en 2014, M. Mahdawi termine actuellement ses études de premier cycle en philosophie à l'École d'études générales de Columbia et prévoyait de s'inscrire comme étudiant en master à l'école des affaires internationales à l'automne, précise le New York Times.
M. Mahdawi n'a été accusé d'aucun crime. Selon ses avocats, l'administration Trump semble chercher à l'expulser du pays en vertu de la même disposition légale qu'elle utilise pour détenir un autre ancien étudiant palestinien de Columbia, Mahmoud Khalil, affirmant que sa présence constitue une menace pour la politique étrangère et les intérêts de sécurité nationale des États-Unis.
Après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, M. Mahdawi avait cofondé "Dar: the Palestinian Student Society" à l'Université Columbia avec M. Khalil, pour "célébrer la culture, l'histoire et l'identité palestiniennes", selon la pétition de ses avocats. Il a également contribué à la fondation de "Columbia University Apartheid Divest", une coalition plus large qui a dirigé de nombreuses manifestations pro-palestiniennes sur le campus.
Plusieurs groupes pro-israéliens radicaux ont fait pression en ligne pour la détention et l'expulsion de M. Mahdawi depuis le retour du président Trump à la Maison Blanche. Betar USA, l'un de ces groupes, a posté sur X le 30 janvier que "le détenteur de visa Mohsen Mahdawi est sur notre liste d'expulsion". En mars, ils ont répété : "Mohsen Mahdawi est le prochain et également sur la liste d'expulsion", relate le New York Times.
Lundi matin, M. Mahdawi s'est présenté à un entretien qu'on lui avait dit être lié à sa naturalisation. Au lieu de cela, des agents d'immigration, certains avec le visage couvert, l'ont menotté et arrêté, selon une déclaration des deux sénateurs du Vermont, Bernie Sanders et Peter Welch, et de la représentante Becca Balint.
"C'est immoral, inhumain et illégal", ont déclaré les trois législateurs dans un communiqué cité par le New York Times. "M. Mahdawi, résident légal des États-Unis, doit bénéficier d'une procédure régulière conformément à la loi et être immédiatement libéré de détention."
GOXUMBAC, ENTRE HISTOIRE, TRADITIONS ET DÉFIS MODERNES
De son appellation aux multiples interprétations à son rôle dans l’histoire migratoire du Sénégal, ce quartier de pêcheurs niché sur la Langue de Barbarie à Saint-Louis, Goxumbac incarne un riche patrimoine oral et social.
Quartier de pêcheurs, situé sur la Langue de Barbarie à Saint-Louis, Goxumbac est à la fois symbole d’histoire et de l’émigration irrégulière. Interpellés sur l’origine de l’appellation de la localité, les avis divergent. Chacun y va avec la version du récit qu’il a hérité de ses ancêtres.
« Le nom de Goxumbac vient de la déformation de l’expression wolof « Goxu macc » (zone de parades militaires). Parce qu’à l’époque, les militaires français et de l’Afrique occidentale française (Aof), qui logeaient à côté du camp Abbé Boilat, venaient faire leurs parades ici. Donc, les populations l’ont surnommé « Goxu macc », narre Ndèye Fall, dite Aïssatou, une des filles du 2e chef de quartier de Goxumbac, Oubaydad Fall.
Cependant, pour la signification du terme « mbac », les interprétations divergent de celle de Ndèye Fall. Selon certaines oralités, elle renvoie à l’expression wolof « bathie » qui veut dire « laver » et faisant allusion aux lavandières sur les berges du fleuve.bPour les autres gardiens de la tradition au sein de ce village, « mbac » signifie « Baag », c’est-à-dire de grands récipients que les maures utilisaient pour sécher les peaux de moutons après la Tabaski. On retrouve encore ces derniers, tout au long de la plage, sise juste à côté de l’Institut islamique de Goxumbac. Rencontrée dans sa demeure, Ndèye Fall, une maure de teint noir, drapée dans une « meulfeu » bleue, reste gardienne de sa tradition. Dans la demeure, tout rappelle la Mauritanie : un salon oriental, de grandes théières, des oreillers qui rappellent la couleur du salon campent le décor.
Maman, comme l’appelle affectueusement tout le monde dans la maison, explique que ses grands-parents étaient parmi les premiers habitants de Goxumbac. À l’époque, c’était presque une forêt et les gens quittaient Guet Ndar pour venir cultiver leurs champs le matin et rentrer le soir. « Nous, les maures, sommes les fondateurs de ce village. Avant, les habitants apercevaient de loin la mer, mais aujourd’hui, à cause de l’avancée de la mer, les maisons sont au bord de l’eau », explique-t-elle avec fierté.
Un lieu de relogement pour les habitants de Guet-Ndar
La fille d’Oubaydad indique qu’auparavant Goxumbac était un quartier très salubre. « L’un des quartiers les plus propres de Saint-Louis », répète-t-elle. Le sable était blanc et fin. C’était un refuge pour beaucoup de religieux qui s’isolaient ici pour des moments de retraite spirituelle. C’était très calme. « Pendant l’hivernage, on ne voyait même pas de moustiques. C’est avec les lotissements vers les années 1974, qu’ils ont délocalisé les habitants de Guet-Ndar pour les reloger ici. Et cela s’est passé sous la gouvernance de Thierno Birahim Ndao et du maire de Saint-Louis, André Guillabert », rapporte Ndèye Fall.
Si Thierno Birahim Ndao a tenu à délocaliser les habitants de Guet-Ndar à Goxumbac, c’est parce que, rapporte Ibrahima Fall, trouvé sur la plage en train de défaire ses filets en compagnie des autres vieux du quartier, il y avait à l’époque une maladie infectieuse. « C’était dans le souci d’éviter la contamination et la recrudescence de certaines maladies cutanées qu’il l’a fait et depuis lors, on a remarqué que la situation sanitaire des populations s’est améliorée », fait-il savoir.
La particularité de Goxumbac, c’est aussi ses « penc » (grand-places) implantés tout au long de la plage. « En tant que pêcheurs, toute notre vie, c’est dans la mer. C’est pourquoi, une fois à la retraite, nous installons ces « penc » pour nous réunir et surveiller nos enfants qui vont en mer. Nos maisons ne sont que des dortoirs », explique le vieux Fall.Par contre, Goxumbac comme tous les villages pêcheurs de la Langue de Barbarie a son lot de contraintes et de paradoxes. Cette presqu’île, ceinturée par le fleuve et la mer, est une contrée de pêcheurs aujourd’hui surpeuplée.
Elle est dépourvue de certaines infrastructures socio-économiques telles un marché, une zone de stockage de produits halieutiques. « Nous n’avons pas un endroit où nous pouvons aller acheter ou vendre nos produits halieutiques. C’est pourquoi, nous sommes obligés de bazarder nos produits une fois à quai pour éviter qu’ils ne pourrissent entre nos mains. On n’a pas de grossistes à Goxumbac. Nous allons toujours au marché, au centre-ville pour avoir tout ce dont on a besoin. Or, on a suffisamment d’espaces vides dans la zone », se désole Oumar Wade, habitant de Goxumbac.
Au-delà, notre interlocuteur renseigne que leurs soucis ont augmenté avec la découverte du pétrole et du gaz au large des côtes sénégalo-mauritaniennes. Car, ils n’arrivent plus à accéder à certaines zones. En fait, cette localité fait face au champ gazier Grand Tortue Ahmeyim (Gta). De là, on aperçoit les engins et une flamme qui laisse échapper une ligne de fumée noire à des kilomètres dans le ciel.