SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
22 avril 2025
Société
par Patrick Chamoiseau
FAITES SORTIR LES ELFES !
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui, nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous pouvons imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté
Allocution de Patrick Chamoiseau lors de la réception du Prix de l’excellence à vie au Center For Fiction de New York, le 10 décembre 2024.
L’écrivain islandais Thor Vilhjálmsson, me raconta un jour cette très belle histoire. Il admirait beaucoup l’écrivain français Michel Butor, grand partisan du Nouveau Roman. Ce mouvement littéraire avait réussi à élargir les limites de la fiction romanesque, à une époque où celle-ci paraissait ne plus rien comprendre à la complexité du monde.
Thor Vilhjálmsson appela Butor pour l’inviter à donner une conférence dans son petit pays de rochers, de glaciers, de geysers et de volcans. Quand Vilhjálmsson eut Butor au bout du fil, il lui formula l’invitation la plus chaleureuse qui soit. Michel Butor l’écouta poliment mais, peu enclin à voyager vers cette île de mousse grise, il lui bredouilla les excuses que les écrivains utilisent pour échapper à une invitation... Qu’il avait du travail... Qu’il était fatigué... Que les voyages en avion ne lui convenaient pas... et-cætera, et-cætera.
Mais, Thor n’était pas homme à se décourager. Comme il était lui-même un grand romancier, un fils béni de l’art de conter, il eut soudain l’idée qui allait tout changer. Sur un ton mystérieux, il expliqua à Butor que si l’Islande n’était qu’une île de glace et de cailloux, elle détenait malgré tout une vertu extraordinaire qu’il fallait voir absolument. Intrigué, Michel Butor lui demanda : Laquelle ? Nous sommes environ 400 000 habitants, poursuivit Vilhjálmsson, mais la nuit, notre population double pour s’élever à plus de 800 000 âmes !
— Ah bon ? Et ... pourquoi ? s’étrangla Butor.
— C’est parce que la nuit, murmura Vilhjálmsson, les elfes sortent des rochers et viennent vivre parmi nous !
— J’arrive tout de suite ! lui répondit Butor.
Cette petite histoire illustre à merveille l’importance que nous devons accorder à la fiction narrative. Qu’elle passe par la littérature ou par d’autres formes d’expression artistique, son rôle est d’enchanter les ombres qui nous entourent, de faire jaillir des roches et des glaciers, toutes sortes d’éclats et de merveilles. Avant de conquérir la planète, homo sapiens l’avait d’abord imaginée. Plutôt que de se limiter à une vision utilitaire ou prosaïque, il l’avait enveloppée de ses propres narrations. Ce faisant, avant même de peupler une quelconque géographie, il a de tous temps habité son propre imaginaire. Malgré le bruit et la fureur, l’être humain a toujours su rendre la terre désirable en y projetant de grands enchantements. Homo-sapiens est, par essence, un créateur de mondes. Il a su accompagner ses souffrances, ses résistances, ses pensées, ses fondations, de tous les fastes qui remplissaient ses imaginations. C’est au cœur de ses propres utopies narratives qu’il a trouvé moyen d’inventer des chemins, de dégager des solutions, de gravir les montagnes ou de franchir les océans.
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui – l’effondrement du vivant, les désordres climatiques, les reculs de la démocratie, les spectres du fascisme, du racisme, de la haine et de la division – nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous devons, nous pouvons, imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté. Nous avons l’obligation de deviner en nous la vie que nous voulons, de rêver ses contours, et de retrouver, dans cette nuit qui menace, la haute capacité à faire sortir les elfes !
C’est avec le sentiment de cette urgence, et de cette certitude, que je me sens proche de ceux qui m’ont précédé ici : Toni Morrison, Kazuo Ishiguro, Wole Soyinka, Salman Rushdie. Nous avons besoin d’eux, et leurs livres font partie de nos armes pacifiques les plus miraculeuses.
Je pense aussi à ceux qui peuplent mon écriture de leurs présences magiques : à William Faulkner, à Gabriel Garcia Márquez, à Aimé Césaire, à Édouard Glissant, à Frantz Fanon, à Saint-John Perse, à René Char, à Victor Segalen, à James Baldwin, à Zora Neale Hurston... et à tant d’autres !... Je sais que l’on n’écrit pas pour recevoir des distinctions, mais cela fait toujours plaisir de se voir offrir les signes de l’amitié. Des soirées comme celle-ci honorent avant toute chose, les paysages, jusqu’ici invaincus, de nos littératures.
C’est d’abord en leur nom que je vous dis merci !
Merci au Center for Fiction.
Merci à ceux qui le soutiennent et à vous tous qui êtes ici !
Merci à M. Errol Mac Donald pour son amicale fidélité, et merci à tous ceux qui travaillent pour que la lecture se développe, que la poésie vive et que le livre circule.
Et maintenant : libérez les lucioles et faites sortir les elfes !
par Abdoul Aziz Diop
LE BUDGET NON ANTISYSTÈME DES PERCEPTEURS FAYE ET SONKO
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec un déficit de 7,09% et une baisse globale de 8,68%, la LFI 2025 peine à incarner la rupture annoncée. Les institutions critiquées conservent leurs moyens tandis que la décentralisation fiscale promise reste lettre morte
Le charme du régime de séparation des pouvoirs qu’est la démocratie n’est pas seulement de permettre à une opposition, dite antisystème, d’arriver au pouvoir. Plus charmante encore est la sentence à laquelle s’expose l’antisystème, devenu majoritaire, lorsque commencent les choses sérieuses dont la principale est le budget annuel de l’État, premier du genre pour le duo que forment les percepteurs Bassirou D.D. Faye et Ousmane Sonko. Ce dernier nous facilite l’instruction à charge à laquelle est consacrée la tribune dont le contenu, adossé au réel, est tiré du rapprochement de ce que nous savons du budget initial 2025 avec les plus récentes caprices des amis Ousmane Sonko, premier ministre, et Moussa Bala Fofana, ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires.
Déficit et boulimie d’un trio
Peu avant les élections locales du 23 janvier 2022, Moussa Bala Fofana et Ousmane Sonko publient un essai intitulé « Les territoires du développement » (L’Harmattan, 2023), prenant ainsi l’initiative du débat local pour donner le tempo, s’octroyer les moyens de le gagner et engranger les bons résultats électoraux qu’ils en attendent. Mais les choix fiscal et monétaire que Sonko et Fofana disaient être les leurs il y a un peu plus de deux ans seulement résistent-ils encore aux choix budgétaires pour l’année 2025 ?
Pour montrer jusqu’où un gouvernement peut aller et jusqu’où il ne peut pas aller, les économistes font état, quand on les y invite, des différences qui existent entre les politiques fiscale et monétaire. L’analyse montre que c’est du côté des recettes qu’il faut regarder pour expliquer pourquoi le déficit public augmente ou diminue. Aussi l’« évaluation du potentiel de recettes publiques », demandée par les gouvernements, vise-t-elle l’«augmentation des ressources publiques tout en minimisant les coûts collectifs entraînés par les [impôts et taxes]».
Arrêté à seulement 6 395,1 milliards FCFA (9,74 milliards d'euros), contre 7 003,6 milliards FCFA (10,57 milliards d'euros) en 2024, soit une baisse de 8,68% (608,6 milliards FCFA), le projet de budget pour l'année 2025 montre un déficit de 7,09 %. Ce déficit budgétaire est 2,36 fois plus élevé que celui de 3 %, correspondant, en la matière, à la valeur à laquelle convergent, pour s’y retrouver, les bons élèves de la zone UEMOA.
En 2014 - année de lancement du Plan Sénégal émergent (PSE) - l’effort d’adaptation de la politique fiscale à l’ambition d’émergence du Sénégal devait permettre de gagner trois points de PIB. « Sur la période 2020-2023 », l’ancien ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, clôturant la session budgétaire de l’année 2019, « se [fixait] pour objectif de faire passer le taux de pression fiscale de 17 % à 20 % » obtenu en rapportant les recettes fiscales au produit national.
Pour la LFI 2025, et en dépit du bavardage présidentiel et primatorial sur les impôts et taxes à faire honorer dare-dare, les percepteurs Faye et Sonko tablent sur « un taux de pression fiscale projeté [à seulement 19,3 %] contre 19,4 % dans la LFI 2024 ».
Huit mois après leur prise tintamarresque de tous les pouvoirs, le duo - pas génial du tout au regard des chiffres - a encore tout à prouver au secteur privé national et aux partenaires techniques et financiers plutôt méfiants depuis le 26 septembre 2024, date à laquelle le Premier ministre du Sénégal s’en est pris à son propre pays en l’accusant d’État faussaire.
Au même moment, le caractère multinational de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) met cette dernière à l’abri des décisions unilatérales des gouvernements dont elle est l’émanation. Depuis les réformes de janvier 2003, la mission claire, attribuée à la BCEAO contre les facteurs de risques pouvant peser sur la stabilité des prix et la croissance économique, l’indépendance des organes de direction de la pression des États membres et la limite au financement monétaire des États ont contribué au renforcement de la crédibilité de l’autorité monétaire, à la réduction des risques d’éclatement de l’Union et au succès de l’intégration économique.
Il ressort de ce qui précède que là où le gouvernement finance chaque année le déficit et redistribue les revenus publics engrangés grâce à sa politique fiscale, la politique monétaire est, elle, le fait de l’autorité monétaire indépendante qui vise la stabilité des prix et la stimulation de l’activité économique. Cette division du travail est pour beaucoup dans la « faible autonomie fiscale » des collectivités territoriales de tous les pays du monde dont les gouvernements se voient dépouillés, dans le cas contraire, du pouvoir politique de décider souverainement. Dans le cas du Sénégal, Ousmane Sonko parle d’« autonomie fiscale fluette », c’est-à-dire mince, dont il trouve, dans l’ouvrage cité au début de cette tribune, une explication valable pour un pays riche comme l’Allemagne ou pauvre comme le nôtre. « L’État, écrit-il, est toujours le premier à se servir du fait de sa prééminence légale et des tensions financières permanentes qui le minent. » Il aurait été donc plus logique pour le trio Faye, Sonko et Ndiaye (le jeune, mais non barbu El Malick notabilisé par le perchoir) de soumettre respectivement la présidence de la République, la Primature et l’Assemblée nationale (marionnette) à une vraie cure d’amaigrissement. Or, écrit le journal Le Quotidien - traqué par le pouvoir pour cause de liberté d’analyse et de liberté de ton dans l’examen des faits - « contrairement aux infos qui ont circulé (…) sur la toile, les crédits alloués à certaines institutions de l’Etat sont plus importants que les chiffres avancés annonçant une réduction drastique du train de vie de l’Etat. » Et Le Quotidien d’ajouter : « Le budget de la présidence de la République est de 78 milliards 609 millions F CFA, soit une baisse d’1 milliard 495 millions. Pour la Primature, ce sont 25 milliards 723 millions F CFA, soit une réduction de 716 millions F. » Sans oublier qu’à « l’Assemblée nationale dont le budget est de 22 milliards 474 millions, on a constaté une hausse de 2 milliards 316 millions F CFA ». Sans qu’on ne dise pourquoi puisque le personnel de la chambre législative est resté en l’état.
Le carré d’as improbable
Ousmane Sonko voit-il aujourd’hui encore dans la mince autonomie fiscale et dans ce qu’il appelle « l’exiguïté des autres ressources financières des collectivités territoriales » le « corset de sujétions » locales dont il voudrait se débarrasser en modifiant, aidé par sa majorité écrasante, le Code général des collectivités territoriales en vigueur au Sénégal. Sans trop y croire, on peut encore le penser quand on sait que les auteurs Fofana et Sonko ont consacré 58 pages - 30 % de ce que nous considérons comme une longue note technique à l’actuel ministre des Finances et du Budget - aux « instruments et stratégies de financement de la décentralisation ». Mais avec moins de chance d’être suivi par les Ziguinchorois sur au moins un point puisqu’en bon percepteur convaincu que «personne n’ira vers le Fisc pour avoir le droit de payer l’impôt», l’ancien maire, devenu premier des ministres, veut conditionner, pour les impôts personnels, «l'obtention de toute pièce å caractère administratif (certificat de naissance, de décès, de résidence, carte d'identité nationale, passeport et permis de conduire) par la présentation d'un quitus sur lequel devra figurer la mention d'une quittance de paiement de la “taxe payée par tous les résidents” des communes des zones urbaines et locales en substitution à l'IMF, de la TRIMF et de la taxe rurale». En même temps, l'État souverain et unitaire du Sénégal verrait d’un très mauvais œil des « pôles régionaux de développement [qui] ne doivent nullement être promus et initiés par l’Etat central » progressivement dessaisi, proposent Fofana et Sonko, de «la gestion des ressources naturelles non renouvelables » comme le pétrole et le gaz. S’agissant des hydrocarbures, les revenus engrangés par l’État et inscrits à la LFI 2025 se chiffrent, écrit Le Quotidien, à «72,53 milliards de F CFA réparti, conformément à la loi portant sur les hydrocarbures, comme suit : Budget général : 50, 85 milliards de F CFA (70%) ; Comptes spéciaux du Trésor : 21, 68 milliards de F Cfa (30%) dont Fonds intergénérationnel : 7, 25 milliards de F Cfa (10%), Fonds de stabilisation : 14, 43 milliards de F Cfa (20%) ».
Pour le retour au calme, le ministre Moussa Bala Fofana (ami du Premier ministre) devrait pouvoir compter sur la suppression du Conseil économique social et environnemental (CESE) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCTT) pour tirer le meilleur parti des premières économies de bouts de chandelles réalisées par le nouveau pouvoir. Surtout lorsqu’on sait, insiste Le Quotidien, que les crédits accordés aux deux anciennes assemblées consultatives « sont maintenus dans le projet de Loi de Finances initiale à respectivement 7 milliards 541 millions et 7 milliards 810 millions. » Assez pour former le carré d’as mâle Faye, Sonko, Ndiaye et Fofana ? Attendons de voir !
LFI 2025 sans monnaie locale
Connu pour son imprécision et/ou le manque de clarté dans l’argumentation, l’économiste Khadim Bamba Diagne appuya sans réserve l’idée d’une « monnaie locale » agitée en juillet 2022 par Ousmane Sonko en campagne pour la mairie de Ziguinchor. Rappelons qu’une monnaie locale, complémentaire de la monnaie nationale à laquelle elle est adossée, est mise en place par une association à laquelle il faut adhérer pour disposer de la liste des commerces et des entreprises qui acceptent ladite monnaie. Parce qu’elle ne recouvre pas la fonction de réserve de valeur que possède la monnaie nationale, une monnaie locale ne permet pas d’épargner et de produire des intérêts. Comment fonctionne-t-elle alors ? À titre d’exemple, en échangeant des francs CFA contre de la monnaie locale, une association crée un fonds de garantie géré par une banque partenaire qui permet ainsi aux commerces et aux entreprises concernés de reconvertir la monnaie locale en francs CFA. En campagne électorale, Ousmane Sonko annonce - c’est nous qui traduisons les passages en ouolof - son « engagement local appliqué à la Casamance » en ces termes : « Le dernier levier, appelé monnaie complémentaire ou monnaie locale, est une technique qui permet à l’échelle de la Casamance d’échanger des billets imprimés suite au retrait de la monnaie conventionnelle qui est le Franc CFA. L’épargne est alors réinvestie dans des créneaux beaucoup plus rentables en même temps qu’elle sécurise l’argent des déposants. En résumé, ça peut rapporter énormément en termes de gain et en termes de capacité d’investissement dans la commune. » Faux ! Bonne nouvelle néanmoins : nulle part dans les 123 pages de la LFI 2025 ne figure le projet de monnaie locale de l’ancien maire de Ziguinchor qui aurait troqué le global contre le local pour devenir bon commis de l’État unitaire du Sénégal. Mais pour combien de temps ? Une chose est néanmoins sûre : le premier budget des percepteurs Faye et Sonko n’est pas antisystème. Retour non innovant sur terre.
SIX MOIS POUR ÉVITER L'ÉCLATEMENT DE LA CEDEAO
L'organisation ouvre ce dimanche 15 décembre une dernière fenêtre de négociation en offrant un sursis aux trois pays désireux de partir. Une gageure face à des États qui affirment le caractère "irréversible" de leur décision
(SenePlus) - La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ouvre une nouvelle page dans ses relations avec les États dissidents. Selon Reuters, l'organisation régionale a décidé ce dimanche 15 décembre 2024, d'accorder un délai de grâce de six mois au Mali, au Burkina Faso et au Niger, dans la cadre de leur retrait initialement prévu le 29 janvier prochain.
Cette décision intervient alors que ces trois pays du Sahel central, désormais dirigés par des juntes militaires, avaient annoncé conjointement leur départ il y a un an, marquant un revirement sans précédent dans l'histoire de l'organisation régionale.
"L'objectif est de ramener les trois pays membres au sein de la CEDEAO sans préjudice", a déclaré le président de la commission, Oumar Touray, à l'issue du sommet, comme le rapporte l'agence Reuters. Concrètement, bien que la date officielle de retrait reste fixée au 29 janvier, la période de transition s'étendra jusqu'au 29 juillet 2025.
Cette initiative de la CEDEAO intervient dans un contexte particulièrement tendu. La veille du sommet, les trois États ont réaffirmé le caractère "irréversible" de leur décision de quitter l'organisation. Dans un geste significatif, ils ont néanmoins annoncé le maintien de la libre circulation des citoyens de la CEDEAO sur leurs territoires après leur départ.
Selon Reuters, cette dernière mesure pourrait être interprétée comme une tentative d'apaiser les inquiétudes concernant l'impact de leur retrait sur la liberté de mouvement et le marché commun de 400 millions de personnes que représente la CEDEAO.
Cette crise institutionnelle s'inscrit dans une période tumultueuse pour le Sahel. Depuis 2020, la région a connu une série de coups d'État qui ont porté au pouvoir des autorités militaires. Ces nouveaux dirigeants ont progressivement réorienté leurs alliances, se rapprochant de la Russie au détriment de la France, leur ancien colonisateur, et d'autres partenaires traditionnels.
Les trois pays ont par ailleurs renforcé leur coopération mutuelle, notamment en matière de défense, et envisagent même de quitter l'union monétaire ouest-africaine, rapporte Reuters. Cette évolution marque une recomposition géopolitique majeure dans la région, dont les conséquences restent encore à déterminer.
VIDEO
LA LOI D'AMNISTIE RESTERA, SELON MOUSSA BOCAR THIAM
L'ancien ministre de Macky Sall affirme que le Pastef n'osera pas abroger ce texte controversé. Une position qu'il justifie par l'implication de nombreux membres du parti au pouvoir dans les événements concernés par sa mise en oeuvre
L'ancien ministre de la Communication, Maître Moussa Bocar Thiam, a livré une analyse approfondie de l'actualité politique nationale lors de son passage ce dimanche 15 décembre 2024 dans l'émission "Grand Jury" de RFM. Au cours de cet entretien, il s'est notamment exprimé sur la question sensible de l'abrogation de la loi d'amnistie, un sujet qui cristallise les tensions dans le pays.
Selon lui, le parti au pouvoir Pastef ne procèdera pas à l'abrogation de cette loi, contrairement à ce qui avait annoncé été. "Ce serait se tirer une balle dans le pied", a-t-il déclaré, car de nombreux membres du parti seraient concernés par les événements couverts par cette amnistie. Il a notamment souligné que certains dossiers impliquaient des partisans du Pastef dans des actes de vandalisme et de violence.
L'invité de Babacar Fall s'est également exprimé sur la radiation controversée de Barthélémy Dias de l'Assemblée nationale et sa révocation de la mairie de Dakar, qualifiant ces décisions d'"illégales". Il a particulièrement évoqué l'intervention musclée de la police à l'hôtel de ville, la définissant comme un retour aux pratiques que le nouveau pouvoir dénonçait lorsqu'il était dans l'opposition.
Concernant la configuration actuelle du pouvoir exécutif, Maître Thiam a évoqué une éventuelle nécessité de réviser la Constitution pour clarifier la répartition des pouvoirs entre le président et le Premier ministre. Il a notamment parlé d'une "déchéance de la fonction présidentielle", le chef de l'État se trouvant selon lui cantonné aux affaires diplomatiques.
Sur le dossier des victimes des violences politiques, l'ancien ministre a commenté le projet gouvernemental de verser 5 milliards de francs CFA aux familles des victimes des événements survenus entre 2021 et 2024. Il a insisté sur l'importance d'établir les responsabilités dans ces drames et d'éviter leur répétition.
Enfin, l'ancien ministre de la Communication s'est montré critique envers la récente publication d'une liste de médias conforme au Code de la presse, dénonçant une approche qu'il juge inadaptée et appelant à une plus grande implication des professionnels du secteur dans toute réforme médiatique.
VIDEO
DAK'ART : UNE INCROYABLE ÉNERGIE ENTRE IN ET OFF
Mémorable. La 15e édition de la biennale de l’art africain contemporain de Dakar a laissé une bonne impression aux visiteurs qui ont bien vécu l’évènement vieux de 30 ans. A l’unisson, ils apprécient l’énergie et la vitalité de la créativité africaine.
En 30 ans, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar est devenue un événement culturel et artistique incontournable sur le continent africain. Le Dak'art continue de tracer son chemin. Il a gagné en maturité, en expérience et en qualité. Cette15e édition qui a baissé ses rideaux le 7 décembre, le prouve à suffisance. Une biennale avec des propositions magnifiques et qui explore presque toutes les thématiques comme l'a relevé, le journaliste Aboubacar Demba Cissokho par ailleurs critique d'art.
Malgré le report qui a fait que l’on aurait pu craindre des couacs. Mais fort heureusement, tout semble manifestement s’être bien passée comme le constatent les aficionados. Les différents visiteurs qui s’intéressent à cet événement sont de profils divers et variés et viennent pour des raisons tout aussi différentes et variées.
En effet, au Dak’art, l’on croise de simples amateurs ou curieux, certainement les plus nombreux de tous, ensuite les promoteurs locaux comme étrangers, des philosophes de l’art, de critiques, des collectionneurs.
Dans ce reportage AfricaGlobe Tv nous avons pu rencontrer quelques personnes qui donnent leur impression sur cette grand-messe de l’art africain qui s’est tenu sur un mois entier du 6 novembre au 7 décembre 2024.
L’événement a été particulièrement populaire, cette année, grâce aux réseaux sociaux numériques et a ainsi mobilisé les très jeunes comme des collégiens et des lycéennes qui se bousculaient jusqu'aux dernières heures de la fermeture le 7 décembre pour accéder à l'expo internationale de l'ancien palais de Justice de Dakar qui étaient l'une des attractions.
Au vu de cet intérêt et de cette mobilisation, la ministre de la Culture n'exclut pas de rallonger la période de la tenue de cet événement qui est historiquement d'un mois. Mieux, elle explore la possibilité de pouvoir créer d'autres événements culturels plus ou moins similaires et surtout décentralisée dans les départements, pas forcément d'aussi grande envergure, afin de permettre à tous les Sénégalais de vivre l'art.
VIDEO
LE FAUX REMBOURSEMENT DE LAT DIOP
L'ancien ministre des Sports, poursuivi pour un préjudice accru à 8 milliards de FCFA, aurait selon certains médias, remboursé plus du tiers du montant à l'État. Son avocat a catégoriquement démenti cette allégation
Une information largement relayée sur les réseaux sociaux le 12 décembre 2024 affirmait que Lat Diop, l'ancien directeur général de la Lonase actuellement en détention, aurait remboursé 3 milliards de FCFA à l'État du Sénégal sur les 5 milliards qu'il devrait. Après vérification, cette information s'avère totalement fausse.
L'origine de cette désinformation a pu être retracée jusqu'à une émission de la web TV Feeling Dakar, où la présentatrice avait partagé cette information en direct, l'ayant elle-même reçue d'une influenceuse, Maty Sarr Niang. Cette dernière a rapidement reconnu avoir été induite en erreur par sa source et a supprimée sa publication quelques minutes après l'avoir postée.
Maître Aloul Badara Fall, avocat de Lat Diop, a catégoriquement démenti cette allégation. Il précise que non seulement son client n'a effectué aucun remboursement, mais qu'il conteste même l'existence d'une dette quelconque envers l'État sénégalais.
Pour remplacer les faits dans leur contexte, l'ancien ministre des Sports fait l'objet de poursuites pour détournement de deniers publics, extorsion de fonds et blanchiment de capitaux, avec un préjudice évalué à 8 milliards de FCFA. Placé sous mandat de dépôt depuis le 27 septembre 2024, il reste en détention après le rejet, le 13 décembre, des requêtes de ses avocats demandant l'annulation de la procédure et le dégel de ses comptes.
La procédure judiciaire suit donc son cours, sans qu'aucun remboursement n'ait été effectué à ce jour.
VIDEO
DAK’ART : DES VISITEURS MALMÈNENT DES ŒUVRES
La mobilisation exceptionnelle du Dak’art 2024 est a été favorisée par l’attrait de la jeunesse, grâce aux réseaux sociaux. Mais le revers de la médaille a été la tentation irrésistible de ce public à toucher des œuvres pour prendre des photos.
Malgré les consignes données de ne pas toucher des œuvres, la tentation est grande pour les visiteurs qui irrésistiblement cèdent. Mamadou Tété Sané, médiateur dans la section Design, regrettent ces actes inacceptables sachant que bien des visiteurs ne s’occupent de l’essentiel autour des œuvres… Le médiateur nous fait part aussi de ses impression sur cette édition et parle de son métier. Sur d’autres sites de la Biennale, certains artistes aussi ont exprimé les mêmes plaintes.
Le Dak’art est une occasion pour certains acteurs culturels comme des médiateurs de pouvoir serer leur métiers. Les médiateurs sont en effet, l’intermédiaire entre les œuvres et les visiteurs.
En l’absence des artistes ou des commissaires d’expo, ce sont qui répondent aux questions des visiteurs et leur fournissent quelques informations selon le briefing qu’ils ont eux-mêmes reçu des artistes.
A l’ancien palais de justice nous avons ainsi rencontre Mamadou Tété Sané, qui est de ce milieu. En exprimant son sentiment sur dette 15 e édition du Dak’art a. déplore le comportement de certains visiteurs vis-à-vis des œuvres d’art.
Pour lui, les jeunes surtout ne posent pas de questions pour comprendre le message éventuellement codée de l’œuvre, mais se contentent de prendre des photos avec des œuvres au point de les malmener. Selon Mamadou Tété Sané, il est impératif qu’une politique d’éducation à la culture soit mise en place à l’échelle nationale
LA PERSONNE HANDICAPEE NE DOIT PAS SE BASER SUR LA MENDICITE POUR SUBVENIR A SES BESOINS
Moustapha Seck est un jeune handicapé très connu à Saint-Louis. c’est un artiste, rappeur, compositeur très adulé dans la capitale du nord. «Amdy Rap», son nom de rappeur, poursuit son petit bonhomme de chemin.
Moustapha Seck est un jeune handicapé très connu à Saint-Louis. c’est un artiste, rappeur, compositeur très adulé dans la capitale du nord. «Amdy Rap», son nom de rappeur, poursuit son petit bonhomme de chemin. Après son premier single dénommé «Handicapé» pour dénoncer la «mendicité des personnes handicapées», il a sorti deux autres sur l’environnement et les étudiants.
«Amdy rap» a saisi le mois de décembre consacré aux personnes handicapées pour se prononcer sur l’attitude de certains de ses camarades. «Je suis contre qu’un handicapée tende la main à longueur de journée. C’est indigne. Mon handicap n’est pas un blocage. Je trouve du plaisir en jouant de la musique. La musique est faite par quelqu’un qui réfléchit et qui n’a pas de complexe vis-à-vis des autres. La personne handicapée, pour moi, c’est celle qui ne réfléchit pas et qui dépend des autres. Quelqu’un qui n’a pas confiance en lui. Les béquilles ne constituent pas une entrave pour moi. Je mène tranquillement mes activités sans complexe», soutient l’artiste trouvé en pleine répétition avec son groupe qu’il dirige de main de maître.
Le single « Handicapé» sorti récemment, cartonne actuellement sur les bandes Fm de la vieille cité. Les émissions interactives auxquelles il est invité sont très prisées. «Mes émissions sont aimées par les mélomanes qui y participent», se réjouit le natif de Diamaguène.
La tête sur les épaules, ce membre de handisport de Saint-Louis pense que les personnes handicapées doivent se respecter d’abord. Dans le single, il lance un appel à ses camarades. «Être handicapé ne me pousse pas à mendier. Il faut se lever pour gagner sa vie, se battre pour être quelqu’un dans la société. Le problème de mobilité n’est pas un alibi. Il faut refuser d’être dans les coins de rue pour tendre la main. La personne handicapée ne doit pas se baser sur la mendicité pour subvenir à ses besoins. Elle doit vivre à la sueur de ton travail. Elle ne doit envier personne», estime Amdy Rap qui invite ses pairs à redoubler d’efforts.
Sur le deuxième single « Environnement», il invite les citoyens à une meilleure prise en charge du cadre de vie. «Les déchets doivent être déposés dans les bacs à ordures pour renforcer la salubrité des quartiers de Saint-Louis», signale-t-il avant de magnifier la décision du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui a lancé chaque mois la campagne « Sétal Sunu Réew» pour améliorer le cadre de vie.
La crise universitaire n’a pas laissé indifférent l’artiste compositeur. Dans le morceau «Universitaire», il appelle à la paix. «Les autorités doivent respecter leurs engagements vis-à-vis des étudiants. Elles ne doivent pas entrer dans les universités pour les mater. L’université n’est pas un lieu de violence. Mais l’universitaire doit, lui aussi étudier car il représente l’avenir de la nation et doit éviter de sombrer dans la violence», conseille notre interlocuteur qui interpelle les autorités locales. «Elles doivent faire la promotion des artistes locaux au lieu de faire appel à d’autres qui sont payés à des millions. Il y a des artistes qui ont besoin d’être soutenus», a-t-il lancé. Interpellé sur le choix du rap, il répond qu’il éveille les consciences. «A travers le rap, nous pouvons dire ce qui nous fait mal et ce qui nous plait pour faire avancer la société. Nous pouvons aussi dénoncer le manque de considération à l’encontre des personnes handicapées qu’elles ne cessent de stigmatiser», a martelé Moustapha Seck qui a contracté la poliomyélite à l’âge de sept ans.
CES OBSTACLES QUI FREINENT L’INCLUSION DES ENFANTS HANDICAPES
L'éducation spéciale ne regroupe que des enfants handicapés et le plus souvent des handicapés lourds. L'éducation inclusive, c'est tout, les enfants handicapés et non-handicapés fréquentent les mêmes écoles, les mêmes classes avec les mêmes enseignants
L’inclusion des enfants handicapés reste une préoccupation pour les autorités parce que beaucoup d’enfants souffrent dans les établissements scolaires du fait de la nonprise en compte de leurs besoins spécifiques. Seulement beaucoup d’obstacles se dressent devant l’inclusion des enfants handicapés dans les établissements.
«Il faut comprendre l'éducation inclusive que les gens confondent avec l'éducation spéciale. L'éducation spéciale est une forme d'éducation qui ne regroupe que des enfants handicapés. Et le plus souvent, ce sont des handicapés lourds. Mais l'éducation inclusive, c'est tout, ce sont des enfants handicapés qui fréquentent les mêmes écoles que les enfants non-handicapés, les mêmes classes avec les mêmes enseignants», explique Moussa Mbengue le chargé de programme à l’Ong Sigthsavers. A l’en croire, plusieurs défis attendent les autorités. «C’est la politique de l'éducation inclusive qui tarde à être validée. Néanmoins des expérimentations par-ci et par-là sont en train d'être développées. Donc, le premier défi, c'est un cadre politique et stratégique qui organise le secteur. C’est la validation de la politique de l'éducation inclusive», dit-il.
L'autre défi, selon lui, c'est la promotion des expériences qui sont en train d'être faites. «C’est vrai que la politique n'est pas encore finalisée, mais il y a des expériences développées par Sigthsavers et d'autres organisations. Mais on ne sent pas la visibilité. Le dernier défi, c'est quand même le financement de l'éducation inclusive qui est tellement lourd et on ne sent pas les collectivités territoriales», soutient-il. A l’en croire, le financement de l'éducation inclusive reste aussi un défi à relever. Revenant sur l’absence de la validation de la politique d’éducation inclusive, il précise que leur organisation accompagne le ministère de l'Education depuis 2017 pour l'élaboration du document. «Nous sommes à l'étape de validation institutionnelle. Le processus est accéléré depuis juillet 2024 dès l'arrivée du nouveau ministre de l’Éducation. On sent une nette volonté de valider la politique. Ce qui reste, c'est la validation institutionnelle. Et le document est entre les mains du ministre.
LES REMPARTS MILLÉNAIRES DU ROYAUME DU BÉNIN EN PÉRIL
À Benin City, un ensemble architectural unique au monde, l'Iya, est grignoté jour après jour par l'expansion urbaine. Les archéologues se lancent dans une course contre la montre pour préserver ce témoignage exceptionnel de l'ingéniosité africaine
(SenePlus) - Une course contre la montre s'engage pour sauver l'un des plus impressionnants sites archéologiques d'Afrique. Les fortifications de l'ancien royaume du Bénin, aujourd'hui situées au Nigeria, constituent un chef-d'œuvre architectural menacé de disparition.
Cette structure monumentale, baptisée "Iya", s'étend sur plus de 16 000 kilomètres à travers le territoire. Constituée de remparts massifs et de fossés recouverts de végétation, elle représente le plus vaste ouvrage en terre jamais construit par l'homme. Son édification, achevée avant le XVIe siècle, témoigne d'une prouesse technique remarquable pour l'époque.
L'urgence de la situation pousse aujourd'hui archéologues nigérians et allemands à unir leurs efforts. Leurs observations sont alarmantes : plus de la moitié des structures cartographiées dans les années 1960-1970 ont déjà disparu. L'expansion urbaine de Benin City constitue la principale menace, les habitants utilisant les terres des remparts comme matériaux de construction et aplanissant les reliefs historiques pour bâtir de nouvelles habitations.
Au-delà de la préservation physique du site, les chercheurs espèrent percer les mystères de cette construction exceptionnelle. L'Iya aurait en effet rempli de multiples fonctions essentielles pour la cité : système défensif, régulation des eaux, protection de la faune et délimitation territoriale. Ces fortifications constituent un témoignage unique de l'ingéniosité du royaume du Bénin, avant sa chute face aux troupes britanniques en 1897.
La sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel représente désormais un défi majeur pour les autorités nigérianes et la communauté scientifique internationale. Le temps presse pour préserver ce qui reste de ce monument historique, témoin d'une civilisation africaine à son apogée.