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23 avril 2025
Société
LE GRAND MALENTENDU CASAMANÇAIS
Le dialogue entre Elgas et Séverine Awenengo Dalberto dessine l'histoire d'une fiction administrative coloniale devenue revendication armée. L'échange éclaire les mécanismes complexes qui ont transformé une construction intellectuelle en conflit meurtrier
(SenePlus) - Dans un entretien accordé ce samedi 7 décembre 2024 à l'émission "Mémoire d'un continent" de RFI, l'historienne Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse au CNRS et à l'IMAF, révèle la genèse et l'évolution complexe d'une idée qui a façonné l'histoire d'une région : l'autonomie de la Casamance. Son ouvrage "L'idée de Casamance autonome, possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal" (éditions Karthala) retrace minutieusement cette construction historique aux conséquences dramatiques.
L'histoire de la Casamance commence véritablement au XVe siècle, lorsque le voyageur vénitien d'Ammosto découvre un fleuve majestueux qu'il nomme "Casamansa", d'après le titre du souverain local du Cassa. Cette première trace écrite marque le début d'une longue histoire de singularisation territoriale. À cette époque, la région est morcelée entre différentes entités politiques, dont l'Empire du Gabou qui connaît son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La construction administrative coloniale, qui s'opère à la fin du XIXe siècle, va profondément transformer cette configuration territoriale. Suite à des négociations complexes avec les Britanniques et les Portugais dans les années 1880, la France crée le "district des territoires de Casamance". Cette création administrative résulte d'un échec : l'impossibilité pour la France d'échanger avec la Grande-Bretagne ses comptoirs de Gambie, compromettant ainsi le rêve d'une Sénégambie unifiée.
L'invention d'une différence
L'administration coloniale développe rapidement un discours particulier sur cette région. La Casamance est décrite comme une terre "indomptable", dont les populations, particulièrement les Diolas, sont présentées comme "sauvages" et "anarchiques". Cette vision s'inscrit dans une ethnologie raciste de l'époque, portée notamment par Louis Faidherbe, qui établit une hiérarchie entre les différentes "races" du Sénégal.
L'Église catholique joue également un rôle crucial dans la construction de cette différence. Elle voit dans la Casamance une terre d'évangélisation unique au Sénégal, les populations animistes étant perçues comme plus "convertissables" que les populations musulmanes du nord. Cette perception religieuse contribue à forger l'image d'une Casamance distincte du reste du Sénégal, bien que la réalité démographique et religieuse soit plus complexe.
Un tournant majeur s'opère en 1914, lors de la visite du gouverneur général William Ponty. La chambre de commerce de Ziguinchor formule explicitement une demande d'autonomie, portée par une alliance inhabituelle entre colons français, métis portugais et créoles. Cette revendication, initialement administrative et économique, traduit déjà un imaginaire particulariste de la région.
La création du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) en 1949 marque une nouvelle étape. Fondé par des intellectuels comme Émile Badiane et Ibou Diallo, formés à l'école William Ponty, ce parti ne réclame pas l'indépendance mais cherche à faire entendre la voix de la Casamance dans le jeu politique sénégalais. Une pièce de théâtre, "Bugolo", écrite par ces élites, participe à la construction d'un récit héroïque de résistance casamançaise.
Le pacte brisé et ses conséquences
L'alliance entre le MFDC et le Bloc Démocratique Sénégalais de Léopold Sédar Senghor en 1951 crée un sentiment de "dette morale". Les excellents résultats électoraux obtenus en Casamance par le BDS alimentent cette perception. Le référendum de 1958 sur la Communauté française constitue un moment critique : l'administration coloniale tente d'instrumentaliser les élus casamançais en leur promettant une possible autonomie en cas de vote favorable, une promesse qui restera lettre morte.
La transformation tragique de cette idée d'autonomie survient en décembre 1982, lorsqu'un nouveau MFDC, sous la direction de l'Abbé Augustin Diamacoune Senghor, entre en conflit armé avec l'État sénégalais. Diamacoune réinterprète l'histoire coloniale, affirmant détenir des "preuves formelles" d'une autonomie ancienne de la Casamance. Cette relecture de l'histoire, basée sur des "fragments d'archives" et de mémoire, sert à légitimer une revendication indépendantiste.
Le conflit qui s'ensuit a fait plus de 4000 morts en 40 ans, marqué par des combats acharnés, l'utilisation de mines antipersonnel et des déchirements familiaux. Cette guerre de basse intensité, selon les termes d'Elgas, trouve ses racines dans la construction historique complexe de l'idée d'autonomie casamançaise, née dans le contexte colonial et transformée au fil du temps par différents acteurs et circonstances politiques.
Comme le souligne Séverine Awenengo Dalberto, comprendre cette histoire permet de mieux saisir pourquoi, même parmi les Casamançais non indépendantistes, persiste l'impression d'une "histoire cachée". Son travail d'historienne, fruit de plus de vingt ans de recherches, met en lumière cette "histoire souterraine", celle des "possibles non-advenus" et des interprétations morales du passé, indispensable pour comprendre les tensions actuelles et, peut-être, contribuer à une paix durable dans la région, estime Egas.
Aujourd'hui, alors qu'un espoir de paix définitive se dessine, cette histoire complexe rappelle l'importance de comprendre les racines historiques des conflits pour mieux en appréhender les solutions. La Casamance, avec son potentiel de développement considérable, attend désormais que cette page douloureuse de son histoire puisse enfin se tourner.
LA JEUNESSE S'EMPARE DE LA BIENNALE
Une nouvelle génération, smartphone en main, envahit l'ancien Palais de Justice colonial, transformé en temple de l'art contemporain. Entre selfies et découvertes artistiques, ces jeunes sénégalais réinventent la façon de consommer l'art
(SenePlus) - La Biennale de Dakar, rendez-vous prestigieux habituellement réservé aux collectionneurs fortunés et aux connaisseurs, connaît cette année une métamorphose inattendue sous l'impulsion d'un nouveau public : la jeunesse sénégalaise. Le New York Times (NYT) décrit ce phénomène qui bouleverse les codes traditionnels de l'événement.
Au cœur de cette transformation, l'ancien Palais de Justice de Dakar, témoin majestueux de l'époque coloniale française, joue un rôle central. Ce bâtiment emblématique, fermé en 1992 par crainte d'effondrement, connaît une seconde vie en tant que principal centre d'exposition de la Biennale. Un symbole fort pour une manifestation qui entend redéfinir les rapports entre l'art contemporain et la société africaine.
La présence massive des jeunes visiteurs marque un tournant décisif. "C'est amusant, c'est gratuit, c'est beau et c'est tellement instagrammable", confie au journal américain Sokna Mbene Thiam, une lycéenne de 17 ans venue avec ses camarades de classe. Cette nouvelle génération, qui découvre souvent l'art contemporain pour la première fois, s'approprie l'espace avec une spontanéité rafraîchissante, transformant chaque visite en expérience partagée sur les réseaux sociaux.
Cette démocratisation de l'art trouve un écho politique fort avec le soutien explicite du président Bassirou Diomaye Faye, le plus jeune dirigeant élu d'Afrique. Lors de la cérémonie d'ouverture, il a prononcé des mots qui résonnent particulièrement auprès d'une population dont près des trois quarts ont moins de 35 ans : "L'art distrait, fait rêver et réfléchir ; il enseigne et éduque." Une vision qui rompt avec l'élitisme traditionnel des manifestations artistiques.
Sous la direction de Salimata Diop, commissaire franco-sénégalaise de 37 ans, la Biennale prend une dimension nouvelle. "L'ancien Palais de Justice a été construit pour représenter la justice écrasante de l'empire colonial français", explique-t-elle au quotidien américain. "Nous voulons que chacun se sente légitime pour entrer et habiter cet espace." Une mission qui semble accomplie au vu de l'affluence des jeunes visiteurs, qui arrivent équipés de perches à selfies et de stabilisateurs pour smartphones.
L'exposition, qui s'étend sur 4 000 mètres carrés, aborde les grandes questions qui traversent les sociétés africaines contemporaines. Le changement climatique, le chômage des jeunes et les défis de la migration sont au cœur des œuvres présentées. Des installations comme "Cotton Blues" de l'artiste franco-béninoise Laeila Adjovi explorent l'héritage de la colonisation et de la traite des esclaves, tout en faisant écho aux difficultés actuelles des cultivateurs de coton face aux bouleversements climatiques.
L'exposition a su créer des espaces d'intimité particulièrement appréciés des jeunes visiteurs. La "Bibliothèque haptique" du collectif Archive Ensemble transforme une ancienne salle d'audience en bibliothèque anticoloniale où les visiteurs peuvent étudier ou feuilleter des livres. L'installation "Vines" de l'artiste marocaine Ghizlane Sahli, avec ses fleurs et lianes tricotées, est devenue un lieu de prédilection pour les photos Instagram.
Cette popularité nouvelle n'est pas sans défis. Les médiateurs, parfois débordés, doivent rappeler les règles de base : ne pas toucher les œuvres, ne pas s'asseoir sur les installations, ne pas bloquer les entrées pour les photos. Mais pour Salimata Diop, ces difficultés sont le prix à payer pour une démocratisation réussie de l'art contemporain. "Pourquoi prenons-nous des selfies ? Pour s'approprier l'art", défend-elle, soulignant que "certains sont très touchés par les œuvres."
Le bâtiment lui-même participe à cette transformation. Autrefois symbole du délabrement du centre-ville de Dakar, l'ancien Palais de Justice est devenu un espace accueillant, avec ses carreaux vert et blanc rappelant les tissus traditionnels et ses rideaux évoquant les draps qui flottent dans les cours familiales de la ville. Il est prévu qu'il devienne un Palais des Arts permanent d'ici 2027, incarnant l'ambition de Dakar de s'imposer comme le cœur culturel de l'Afrique de l'Ouest.
La visite surprise du président Faye le mois dernier souligne l'importance politique de ce succès populaire. Comme le rapporte le New York Times, ce geste est perçu comme une reconnaissance de l'influence grandissante des jeunes électeurs dans la vie culturelle du pays. Cependant, rien n'est acquis pour l'avenir, ni le financement gouvernemental de la Biennale, ni même la pérennité de l'ancien Palais de Justice comme lieu d'exposition.
Cette incertitude n'entame pas la détermination des organisateurs. Comme le déclare Salimata Diop au quotidien new-yorkais : "Nous devons continuer à nous battre pour offrir une voix de l'Afrique qu'on n'entend pas assez dans le monde de l'art." Une bataille qui, à en juger par l'enthousiasme de la jeunesse sénégalaise, est en passe d'être gagnée.
SOUS LES PONTS, LE PARADIS DES SANS LOGIS
L’absence d’aménagement sous les ponts routiers attire des individus d’horizons différents. Un terreau fertile au banditisme qui pose aussi un péril environnemental mais surtout sécuritaire. Le pont de la Cité Diamalaye est loin d’être une exception.
L’absence d’aménagement sous les ponts routiers attire des individus d’horizons différents. Un terreau fertile au banditisme qui pose aussi un péril environnemental mais surtout sécuritaire. Le pont de la Cité Diamalaye est loin d’être une exception.
Les alentours du pont de la Cité Diamalaye deviennent le point de ralliement d’une frange de la population, lucifuge cette fois. Des individus aux visage crispé, qui se lèvent quand le soleil se couche, et qui se couchent quand l’astre se lève, car menant la vie à l’envers. Ils trouvent, dans cet endroit dont une partie se trouve dans la commune de Yoff et l’autre aux Parcelles Assainies, les conditions de leur épanouissement. Il est 22h, ce vendredi 29 novembre 2024, un vent frais annonce le début du froid. A côté du mur du cimetière musulman de Yoff, aux murs glauques, se mène une vie pleine d’activité : gargotes, ribambelle de mototaxis « Jakarta », briquetiers…
Cet espace non aménagé est le lieu de toutes les fréquentations par des hommes et femmes venant d’horizons différents. « Vers 00h, je vais quitter et rentrer chez moi parce que ce lieu n’est pas sûr », avance d’un ton peureux, Abass Ngom, 22 ans, conducteur de moto, posté devant un fast food. Son ami et collègue Pape Sarr raconte sa mésaventure survenue le lundi 25 novembre 2024. « Vers 00h, je devais livrer un repas à une dame qui habite à Nord-Foire. Mais, j’ai surpris deux agresseurs qui dépouillaient une dame de ses biens. J’ai braqué les phares de la moto sur eux et ils ont fui. Malheureusement ils ont emporté le téléphone et le sac de la femme qui contenait ses pièces d’identité. De Diamalaye à Nord-Foire, c’est une autre vie qui s’y déroule la nuit avec des hommes qui squattent les lieux, souvent des malintentionnés », narre-t-il.
Les communes indexées
Le pont de Diamalaye semble être victime de la tumeur généralisée qu’est l’exode rural et dont les métastases se manifestent sous forme de bidonvilles lépreux, érigés à flanc de banlieue. Tas d’immondices, cases en bois qui servent de maison à des sans domicile fixe, gravats à la pelle, aire de repos pour charretiers et leurs chevaux… Dans ce décor, se sont implantés de sordides lupanars, des bars glauques, réceptacle des pauvres. « Si les communes de Yoff et des Parcelles Assainies avaient pavé ces lieux avec une présence régulière de la police, on n’en serait pas à ce niveau de criminalité. A partir de 22h, j’interdis à mes enfants de fréquenter le rond-point 26 », dit Moussé Sy, instituteur à la retraite. Debout devant sa maison dont l’un des étages surplombe l’infrastructure routière, il appelle à plus de sécurité dans ce milieu.
Samedi 30 novembre 2024, à côté du climat paisible du cimetière, un fait tranche d’avec l’atmosphère de ce lieu de repos éternel. Dès la nuit tombée, un calme monacal se substitue à l’effervescence diurne. Le silence, tel un voile céleste, s’abat sur le quartier. Mais ce calme n’est qu’apparent. Dessous, se déroule une autre vie, en sourdine mais bouillonnante. La preuve, ces silhouettes furtives qui se succèdent : trublions, voleurs, fêtards, trafiquants de drogue, agresseurs y ont pignon sur rue. « En dessous du pont, c’est du grand n’importe quoi », se désole le sexagénaire Pape Sow, qui habite Nord-Foire. D’après cet ex-gendarme, des rafles permanentes doivent être effectuées dans cet espace.
Sous le pont de Diamalaye coincé entre Yoff et les Parcelles Assainies, c’est une autre vie qui se déroule. Une ville dans une ville. Des kilomètres sablonneux par endroit, cloitrés entre les allées routières où foisonnent rébus, sans domiciles fixes, dealers, trafiquants, déflatés, entre autres rejets du corps sociétal. Médoune Thiandoum alias « Thian » dort encore à la belle étoile à 9h ce samedi 30 novembre 2024. Allongé sur une éponge déchirée en partie, noircie par des années d’usage, l’homme à la barbe poivre et sel est en contradiction avec sa famille. « Je ne suis pas un fou », rassure-t-il avec hargne, maîtrisant à merveille la langue de Molière.
« Je suis un apatride »
Sa musculation gringalet et son abord rébarbatif lui donnent l’air d’un sauvage. Emigré en Espagne de 2009 à 2013, « Thian » a divorcé avec sa femme à cause de problèmes conjugaux. Ruiné et de retour au Sénégal, il demande sa part d’héritage de la maison familiale sise à Guédiawaye suite au décès de ses parents. « Mes frères et sœurs ont dit niet. Donc, j’ai décidé de quitter la maison pour m’installer ici. Le voisinage m’aide à manger et parfois quelques automobilistes m’offrent des pièces d’argent. Je n’ai pas de vie sociale, ni association, ni communautaire. Comment peut-on vivre alors ? Je ne suis pas un délinquant car je n’ai jamais eu de problèmes avec les services de sécurité. Pourtant, je ne suis pas un citoyen dans mon propre pays. Je suis un apatride », se résigne-t-il, ton mélodramatique. A 52 ans, hypertendu et divorcé deux fois, « Thian » dit vouloir chanter les maux du monde.
Au Rond-point 26, les travailleurs de la Société nationale de gestion des déchets (Sonaged) sont d’arrache-pied pour nettoyer les amas de détritus laissés par les occupants. Les lieux grouillent de gargotes, de mécaniciens, de « coxeurs ». « Beaucoup de personnes passent la nuit ici et la plupart sont des bandits. Il ne faut pas fréquenter cet endroit la nuit car ce n’est pas sûr. Ils nous rassemblent trop d’ordures », déplore Linda Gomis, tenant un balai. A quelques mètres, un jeune homme se laisse tomber sur le matelas et porte la main gauche sur son front. Sa migraine réveille sa douleur pulsatile qui lui vrille le temps. Nerveusement, Pathé se tâte la poche, y sort un mégot de cigarette qu’il allume illico presto. Il en tire quelques bouffées et contemple la fumée qui s’élève en spirale avant de se dissiper. « Je suis de Grand Dakar », expose-t-il, l’air menaçant.
« Je mène ma vie ici tranquillement »
Ce drogué aux yeux rougis, en besoin intense de cannabis, livre les raisons de son installation dans cette partie de la commune des Parcelles Assainies. « Je faisais partie de ceux qui squattaient les abords du Stade Léopold Sédar Senghor. Je me suis replié ici. A Grand Dakar, je ne pouvais plus vivre chez nous parce que je devais attendre que mes deux frères aillent au boulot pour me coucher. Je mène ma vie ici tranquillement », explique-t-il aspirant avec frénésie sa cigarette. Pour ceux qui veulent s’extirper de la grisaille existentielle des réalités de la vie difficile, vivre sous les ponts offre un cadre d’épanouissement.
LOI D'ORIENTATION SOCIALE, L'HEURE DES GRANDES DECISIONS
Les députés en situation de handicap ont fait sensation lors de l'installation de la quinzième législature. Parmi les sept personnes vivant avec un handicap qui ont été investies par la majorité au pouvoir, deux seront des représentants du peuple...
Les députés en situation de handicap ont fait sensation lors de l'installation de la quinzième législature. Parmi les sept personnes vivant avec un handicap qui ont été investies par la majorité au pouvoir, deux seront des représentants du peuple les cinq prochaines années. Une nouvelle donne qui laisse entrevoir visiblement l'effectivité de la loi d'orientation sociale quasiment en sourdine depuis son adoption en 2010.
L'image a fait le tour du monde. L'entrée à l'hémicycle du tout nouveau député non voyant tenu par la main par ses collègues notamment Guy Marius a ému plus d'un. Amadou Lamine Diouf, 61 ans, entrepreneur, technicien supérieur en génie électrique, élu sur la liste Pastef Afrique du Nord fera en effet partie des voix du peuple pour les cinq prochaines années, nonobstant son handicap. Il en sera de même aussi pour Awa Seck. Vice-coordinatrice du Mouvement national des patriotes handicapés (MONAPH) et membre du bureau politique de Pastef, elle était investie à la 18e place sur la liste nationale du parti. Interpellée sur sa nomination lors de l'installation de la quinzième législature, la nouvelle parlementaire est sans équivoque sur son objectif à l'Assemblée nationale : «Je suis une femme, je suis handicapée et je représente Mbacké. Toutefois, ma mission principale dans l'hémicycle sera d'être la voix des personnes vivant avec un handicap comme moi», soutient-elle avant même de fouler pour la première fois le parvis de l'Assemblée nationale. Il faut dire que le nouveau régime a fait des efforts sur l'inclusion sociale avec cette quinzième législature en prenant en considération les personnes vulnérables. Ce qui semble d'ailleurs être une volonté affichée du président de la République qui a rappelé, lors du Conseil des ministres du 27 novembre dernier, «la place primordiale de cette importante frange vulnérable de la population dans les politiques d’équité et d’inclusion sociale».
Invitant ainsi le ministre de la Santé et de l’Action sociale et le ministre de la Famille et des Solidarités à renforcer les interventions de l’Etat en leur faveur, ainsi que l’évaluation de l’application de la loi d’orientation sociale relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées. Notamment, d'après le chef de l'État, le système des cartes d’égalité des chances.
NOUVELLE STRATEGIE NATIONALE D'ACCOMPAGNEMENT
Le Président Faye a demandé aussi lors du Conseil des ministres de préparer une nouvelle stratégie nationale d’accompagnement des personnes vivant avec un handicap. Il a indiqué par la même occasion au Premier Ministre l’importance de faciliter, selon les diplômes obtenus et des critères établis, les recrutements et les nominations des personnes vivant avec un handicap dans les secteurs publics et parapublics. De même que l’insertion des personnes vivant avec un handicap au sein des entreprises privées doit tout aussi être encouragée par le biais du dialogue social avec les organisations d’employeurs. Cette préoccupation du chef de l'Etat vient visiblement à son heure, après plusieurs années «d'hibernation» de la loi d’orientation sociale adoptée depuis 2010 mais dont l'effectivité a considérablement fait défaut ces 14 dernières années. Et ce, malgré les résultats de l'ANSD de 2013 et 2023 qui montrent à suffisance la nécessité d'accorder une attention particulière à ces couches vulnérables. Les résultats du 5e Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5) effectué par l'ANSF il y a quelques mois, confirment cet état de fait. En effet, en 2023, le taux de prévalence du handicap est estimé à 7,3% à l’échelle nationale, en légère augmentation par rapport aux 5,9% enregistrés en 2013. L'étude avait montré aussi que les femmes sont plus touchées, avec une prévalence de 7,8%, comparativement à 6,7% chez les hommes.
Soulignant dans la foulée que parmi les personnes âgées de 35 à 64 ans, la prévalence du handicap visuel atteint 7,1%, tandis que celle liée à la mobilité se situe à 5,9%. Et pourtant la loi d'orientation sociale offre tous les gages d'une bonne prise en charge des personnes vivant avec un handicap. Elle prévoit par exemple que toute personne handicapée reçoit une carte spécifique prouvant son handicap et appelée «carte d’égalité des chances». «Cette carte est délivrée par le ministère chargé de l’Action sociale sur proposition des commissions techniques départementales. La carte d’égalité des chances» permet à son titulaire de bénéficier des droits et avantages en matière d’accès aux soins de santé, de réadaptation, d’aide technique, financière, d’éducation, de formation, d’emploi, de transport, ainsi qu’à tout autre avantage susceptible de contribuer à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées. La personne qui assiste une personne lourdement handicapée peut bénéficier de privilège en vue de lui permettre d’assurer au mieux sa mission d’assistance. La loi dit aussi qu'il est réservé aux personnes handicapées, un quota des postes de formation dans les centres publics de formation professionnelle.
Ainsi que la création à la Présidence de la République, une Haute Autorité chargée de la promotion et de la protection des Droits des personnes handicapées, ayant pour objectif d’appuyer les efforts de l’État dans l’élaboration des politiques nationales et les stratégies sectorielles dans tous les domaines touchant le handicap. En tout, c'est 49 articles révolutionnaires concernant la prise en charge des personnes vivant avec un handicap. Il faut rappeler que le président de la République Macky Sall avait lancé en grande pompe en 2015 la remise des cartes d'égalité des chances.
FAIRE MIEUX QUE LE REGIME DE MACKY SALL
Et de 2015 à 2023 73 756 cartes d’égalité des chances ont été données. Mais force est de dire que plusieurs associations de personnes handicapées ont fustigé le manque d'utilité de ses cartes qui n'ont donné les conséquences positives escomptées. C'est pourquoi le défi de ce nouveau régime sera l'effectivité de la loi d'orientation sociale. L'arsenal juridique existe mais la difficulté est de le mettre en pratique pour une prise en charge idoine des personnes vivant avec un handicap. Les députés Amadou Diouf et Awa Seck ne doivent pas être les deux arbres qui cachent une forêt d'attente de ces couches vulnérables. Et même sur ce plan, la Commission nationale des droits de l’Homme du Sénégal (Cndhs), présidée par la professeure Amsatou Sow Sidibé, ces députés doivent exercer dans les meilleures conditions leur rôle. Lançant ainsi un appel aux autorités compétentes à prendre des mesures visant à garantir aux députés en situation de handicap l’exercice complet de leur mandat au sein de l’Assemblée nationale. La Cndhs souhaite la mise à disposition d’outils adaptés pour les députés en situation de handicap tels que des documents en braille pour les nonvoyants, ainsi que l’aménagement des infrastructures afin de rendre les locaux accessibles aux personnes à mobilité réduite. Des préalables déjà pris en charge par la loi d'orientation sociale.
COMMENT DAKAR A CONGÉDIÉ L'ARMÉE FRANÇAISE
Diomaye n'aurait prévenu ni ses ministres de la Défense et des Armées, ni son chef d'état-major. La fuite du rapport Bockel, un des éléments de crispation ? Les EFS se préparent déjà à partir de deux bases
(SenePlus) - D'après une enquête approfondie de Jeune Afrique, l'annonce du départ des forces françaises du Sénégal par le président Bassirou Diomaye Faye le 28 novembre dernier s'inscrit dans une dynamique complexe, mêlant considérations stratégiques et enjeux politiques.
Cette décision, bien que spectaculaire, n'est pas totalement inattendue. Comme le révèle Jeune Afrique, dès novembre 2022, des signes avant-coureurs étaient perceptibles. Un haut gradé français confiait alors au magazine ses interrogations sur l'avenir de la présence militaire française dans le pays, illustrant cette incertitude par la fermeture programmée du centre équestre de la base Frédéric-Geille de Ouakam.
L'évolution de cette présence militaire s'était déjà amorcée sous la présidence d'Abdoulaye Wade. Les Forces françaises du Cap-Vert, comptant initialement 1 200 militaires, avaient été restructurées en 2011 pour devenir les Éléments français du Sénégal (EFS), avec des effectifs réduits à 350 hommes.
La chronologie des événements révélée par Jeune Afrique met en lumière un processus graduel. En février 2023, Paris proposait à l'ancien président Macky Sall, par l'intermédiaire de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, une réduction de moitié des effectifs. Une proposition qui se heurtait alors aux préoccupations sécuritaires du Sénégal face à la menace jihadiste.
Le timing de l'annonce de Diomaye Faye semble avoir été influencé par plusieurs facteurs. Selon le magazine, le président sénégalais n'avait pas prévenu ses ministres de la Défense et des Armées, ni son chef d'état-major général. Une source citée par Jeune Afrique suggère que cette décision était liée à la commémoration du massacre de Thiaroye : "Il est possible qu'il ait préféré prendre les devants avant la commémoration du massacre de Thiaroye [...] Il ne voulait pas prendre le risque qu'Ousmane Sonko, qui a une position ferme sur la question, ne s'empare du sujet."
Le rapport Bockel, commandé par Emmanuel Macron, semble avoir joué un rôle décisif dans la précipitation de l'annonce. Comme le rapporte Jeune Afrique, ses recommandations, qui préconisaient le maintien d'une centaine de militaires français, ont fuité avant même d'être discutées avec Dakar, provoquant l'exaspération des autorités sénégalaises. Le président Faye a d'ailleurs réagi vivement : "Pourquoi ce doit être à M. Bockel ou à toute autre personne française de décider que, dans tel pays souverain et indépendant, il faudrait maintenir 100 soldats ?"
Selon le général Babacar Gaye, ancien chef d'état-major général des armées sénégalaises, cité par Jeune Afrique : "Ce ne sont pas les capacités déjà réduites des EFS, ni des accords fondamentaux qui sont remis en cause, mais une présence qui relève du symbole qu'il faut faire évoluer."
La mise en œuvre de ce retrait reste à définir. Les EFS se préparent déjà à quitter deux bases à Dakar, Protée et Saint-Exupéry, tandis que l'avenir de la base de Ouakam demeure en discussion. Le président Faye a promis un départ "dans le respect" et "sans précipitation", même si, comme le précise un proche conseiller cité par Jeune Afrique : "Nous souhaitons de notre côté un départ définitif. Une coopération militaire peut bien se faire sans implantation physique."
PRISON FERME POUR MARIE LÔ
La fille du chanteur Ismaïla Lô laisse derrière elle six victimes et une ardoise de 600 millions de FCFA. L'histoire révèle un stratagème bien rodé où la prévenue aurait utilisé ses connexions présumées avec le pouvoir pour séduire des investisseurs
Le tribunal correctionnel de Dakar a condamné Marie Lô à une peine ferme de 22 mois pour le délit d’escroquerie.
Elle est contrainte d’allouer près de 600 millions de FCfa à ses victimes qui lui reprochent de les avoir grugées avec des supposés marchés de l’État. En prison depuis 15 mois, Marie Lô, la fille du chanteur Ismaïla Lô, va devoir y rester pour sept autres mois si elle ne bénéficie pas d’une grâce présidentielle ou d’une libération conditionnelle. Le tribunal correctionnel de Dakar l’a condamnée, hier, à une peine ferme de 22 mois pour escroquerie. Elle est contrainte d’allouer à ses victimes des dommages et intérêts de près de 600 millions de FCfa. Placée sous mandat de dépôt depuis le 30 août 2023, Marie Lô a été arrêtée par la Sec tion de recherches de la gendarmerie de Colobane à la suite de plusieurs plaintes de commerçants qui accusent la dame de les avoir grugés de plus de 500 millions de FCfa.
Marie Thérèse Wane, qui lui réclame 25 millions, Dame Gaye 20 millions, Moustapha Amar 137 millions, Mamadou Ahmet Amar 190 millions, Ami nata Amar 114 millions et Serigne Moustapha Guèye 43 millions, sont ses principales victimes. Tous ont confié que la prévenue, en sa qualité de fausse cheffe d’entreprise, leur a fait croire qu’elle avait gagné des marchés de différents ministères de l’an cien régime. Elle les a invités à y investir pour bénéficier en de ristournes et autres dividendes. Selon l’enquête, pour mieux ferrer ses victimes, Mme Lô leur a fait croire qu’elle était l’amie de la femme du ministre de l’Intérieur de l’époque.
À l’arrivée, les commerçants n’ont reçu aucun centime. Lors de sa comparution à la suite de leurs plaintes, Marie Lô est revenue sur ses aveux à l’enquête en contestant avoir fait miroiter des marchés aux parties civiles. Elle a toutefois reconnu leur devoir de l’argent, à l’exception de Serigne Fallou Fall à qui elle aurait restitué ses 49 millions de FCfa. La prévenue a reconnu avoir remis les factures pro-forma. Cependant, elle a laissé entendre qu’il s’agit d’une relation d’affaires qui a mal tourné. « Les parties civiles s’acharnent sur moi. C’est aujourd’hui qu’elles ont fait bloc pour me demander leur argent alors que lorsque nous étions en affaires, personne parmi elles ne l’a fait », s’est défendue Marie Lô. La dame n’a pas pu convaincre les avocats des plaignants, encore moins le parquet, qui avait requis deux ans de prison ferme assortis d’une amende d’un million de FCfa.
UN VENT VIOLENT ATTENDU CE SAMEDI SUR LA GRANDE COTE ET DAKAR
L’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) a émis un avertissement pour un vent violent prévu samedi 7 décembre 2024, de 5h à 15h, sur la Grande Côte et Dakar.
L’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) a émis un avertissement pour un vent violent prévu samedi 7 décembre 2024, de 5h à 15h, sur la Grande Côte et Dakar.
Ce vent fort, soufflant à plus de 40 km/h du Nord-Est, pourrait entraîner des risques d’accidents en mer, des inondations côtières et perturber les activités maritimes.
L’Anacim recommande une vigilance maximale et conseille aux pêcheurs et usagers de la mer d’éviter toute sortie pendant cette période, tout en suivant les consignes de sécurité des autorités locales.
MULTIPLE PHOTOS
CES QUARTIERS DE DAKAR QUI RAYONNENT GRACE À L’ENGAGEMENT DES HABITANTS
Dakar change progressivement de visage surtout dans les quartiers traversés par le Bus rapid transit (Brt). Cependant à Grand-Dakar, Zone A-B, Amitié, les populations ont toujours veillé sur leur cadre de vie
Ils ne sont certes pas logés au cœur de la capitale sénégalaise, mais, Grand-Dakar, Zone A-B, Amitié, sont des quartiers, qui aujourd’hui, se démarquent en matière d’aménagement, du cadre de vie, grâce à la beauté des rues qui sont bien propres et bien entretenues, notamment avec le passage du Bus rapid transit (Brt) dans ces zones.
Dakar change progressivement de visage et cela est maintenant visible à travers l’aménagement des rues surtout dans les quartiers traversés par le Bus rapid transit (Brt). Cependant, dans certaines de ces zones, à l’instar de Grand-Dakar, Zone A-B, Amitié, les populations ont toujours veillé sur leur cadre de vie. ‘’J’habite dans ce quartier depuis bientôt 60 ans et Zone A, a toujours été un quartier propre machallah. Il fait partie des zones les plus propres de Dakar. Ici, tous les jours, nous nettoyons les rues. On ne jette pas les ordures dans la rue et personnellement, si je tombe sur quelqu’un qui jette des ordures dans la rue, je les ramasse moi-même et je les mets dans ma poubelle en attendant l’arrivée des véhicules de ramassage des ordures. Cela ne me dérange guère’’, dit le vieux Amadou Dian Diallo, qui tient une table de fruits à quelques mètres de l’arrêt du Cinéma El Mansour.
Si le vieux Diallo se donne autant à l’hygiène dans son quartier, parce qu’il estime que c’est un acte citoyen qui participe à embellir leur environnement. « Il arrive que des clients jettent des peaux de bananes par terre après avoir mangé et là aussi, je les ramasse sans rien dire et je les mets dans mon coin ici. Pour moi, l’environnement où on évolue doit être agréable, propre pour soi d’abord et pour attirer les autres surtout quand on est dans le commerce. Actuellement, avec l’aménagement du Brt c’est plus embelli. Maintenant, c’est à nous riverains de prendre soin de ces ouvrages », a-t-il renchéri.
A l’autre bout de la rue, Mamadou Ndiaye, résident au quartier Grand-Dakar, notamment, en face de la mosquée El Mansour, prend de l’air devant leur maison. Ici, la rue est bien balayée. Pas de poubelle encore moins des dépôts d’ordures dans les coins. Tout est clean. ‘’Notre quartier a totalement changé de visage ces dernières années et nous rendons grâce à Dieu et remercions les autorités pour ces aménagements, avec le trajet du Bus rapid transit (Brt). Si tous les quartiers du Sénégal étaient aménagés de la sorte, cela serait génial’’, dit-il.
En fait, fait savoir Mamadou, dans son quartier, il y a beaucoup de mouvements de jeunes qui organisent régulièrement des journées de ‘’set-sétal’’ (nettoiement) et la mairie recrute aussi du personnel pour cela. ‘’Ici, tout est propre et les gens s’en réjouissent et sont épanouis. Car, un cadre de vie hygiénique et agréable nous en avons tous besoin en tant qu’êtres humains. Et nous les jeunes, nous devons nous mobiliser davantage pour garder nos quartiers propres et au-delà, notre pays propre’’, lance-t-il avec fierté.
Heuma Cissé, un exemple de patriotisme au service de sa commune
Engagé depuis presque une décennie pour son quartier, Heuma est connu à la Zone B pour ses actions pour rendre son quartier propre depuis 1997. ‘’A chaque fois, c’est lui qui paie les jeunes parfois, il leur donne chacun 5000 francs CFA pour qu’ils nettoient le quartier le week-end. Honnêtement, à la Zone B, on ne peut pas parler de cadre de vie sans pour autant le citer’’, témoigne Diégane, un laveur de véhicule trouvé au rond-point sis en face de l’autre portail du lycée Blaise.
En réalité, Heuma a toujours milité pour rendre son quartier attrayant et cela depuis 1997. D’ailleurs sur sa page Facebook, il nous montre une photo de lui, avec deux de ses amis, lors d’une journée de ‘’sét sétal’’ en 1997. Jeune mécanicien, il s’est lancé dans la construction de poubelles en fer, qu’il a installées un peu partout à travers la zone et a semé avec l’aide des jeunes des cocotiers aux abords des rues. Au-delà, il a fabriqué une grande poubelle de recyclage des bouteilles et matière plastique. Il s’agit d’un appareil constitué de trois compartiments pour les bouteilles de 10 litres, celles de 33 ou 50 centilitres et l’autre pour les tâches de café.
‘’Au début, quand j’ai commencé à m’investir dans ce domaine, les gens me prenaient pour un fou. Mais, aujourd’hui, ils ont tous adhéré au projet. Je me suis toujours battu pour rendre mon quartier propre’’, nous raconte Heumeu, dans son atelier sis à la Zone B. Ici, on est loin de l’image des ateliers de mécaniciens traditionnels qu’on a l’habitude de voir à travers le pays. Les lieux sont tout propres. Une salle d’attente pour les clients, un bar équipé en arrière-plan, trois poubelles disposées par ordre de grandeur, campent le décor. On se croirait plutôt à un lieu de vente de véhicules de luxe alors qu’on est dans un atelier d’un mécanicien de véhicule. Et l’homme vêtu d’un t-shirt blanc tout qui n’a même pas une tache d’huile sur lui, s’occupe de ses clients qui défilent sans cesse à cette heure de la journée.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
LE MAUVAIS PROCÈS FAIT AU MINISTÈRE DE LA COMMUNICATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Certains acteurs du secteur de la presse poussent à la confrontation. Pour les uns, il s’agit de reprendre le combat de l’ancien régime en arrière garde. Rien ne doit plus être comme avant
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 06/12/2024
Mamadou Ibra Kane, le président du Conseil des Diffuseurs et Editeurs de la Presse (CDEPS) est, pour qui le connait, un homme d’habitude pondéré et courtois.
Il ajoute même : « ce 2 décembre 2024 est une date macabre pour la liberté de la presse au Sénégal. Toutes les appréhensions que nous avions depuis plus de huit mois du nouveau régime de Bassirou Diomaye se justifient aujourd’hui. Nous sommes scandalisés, abasourdis… »
Maimouna Ndour Faye de surenchérir : « Ce projet est sournois. Blocage de comptes bancaires, annulation des contrats avec l’Etat, gel des paiements et maintenant ça. Mais qu’ils sachent que nous ne céderons pas ».
Mandiambal Diagne lui, sonne carrément la mobilisation contre le gouvernement : « Nous refusons d’accepter une telle décision illégale. Ma sympathie et mon soutien à tous les acteurs des médias qui font les frais de l’arbitraire du gouvernement de Ousmane Sonko ».
La fronde des patrons
Notons d’abord qu’il s’agit d’une fronde des seuls patrons de presse, aucune organisation professionnelle ne s’y est associée.
Ni le Syndicat des Professionnels de l’Information et la Communication du Sénégal (SYNPICS), ni la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS), ni l’Association des Femmes des Médias du Sénégal (AFMS) ni le Conseil pour l'Observation des Règles d'Éthique et de Déontologie (CORED) ! En outre, ces patrons font au « gouvernement Sonko » un mauvais procès : celui de vouloir les liquider.
Il est vrai que ce dernier pourrait pour sa part soupçonner certains patrons, du fait de leur proximité, de leur « amitié » déclarée même avec l’ancien président, de vouloir prendre à leur compte le combat de l’ancien régime en alimentant la sédition. Quant au fond, convenons de ceci :
1-Dans un contexte de pluralisme médiatique, la régulation de la presse écrite tout comme de l’audiovisuel est bien évidemment une responsabilité du gouvernement. Le Code de la presse porte précisément sur les modalités de cette régulation notamment par les articles 80 à 93 concernant la presse écrite et les articles 94 à 117, la communication audiovisuelle.
Cette régulation est d’autant plus nécessaire que les acteurs de la presse ont, eux même, naguère appelé à des mesures d’assainissement consistant à « la nécessaire régulation du secteur par les autorités publiques, l’évaluation et la réforme du Code de la presse, le financement adéquat des entreprises de presse, l’adoption d’un Code de conduite pour les médias, la prise en charge de la formation dans les métiers des médias… ».
2-Les 112 entreprises de presse retenues par le ministère de tutelle sont celles qui sont déjà en règle au regard des articles précités du Code de la presse et de ce fait sont éligibles au Fonds d’Appui à la presse. Il ne s’agit nullement comme les patrons de presse font semblant de croire, « d’une liste d’entreprises de presse qui auraient le droit d’exercer sur le territoire sénégalais ».
3-La réglementation relative à la création des organes de presse écrite n’est pas remise en cause, on le sait bien : c’est toujours le principe déclaratif qui prévaut : il suffit d’une déclaration de parution adressée au ministère accompagnée d’un extrait du casier judiciaire du directeur de publication, les nom et adresses du directeur de publication et des propriétaires.
4- Quant à la liberté de la presse qui serait menacée par la régulation, on n’oublie que liberté de presse et responsabilité sociale de la presse vont de pair.
Ceci a été codifié en doctrine dès les années 1947, aux Etats Unis face à l’explosion de la presse, à cette époque. Voici ce qu’établissait dès lors la commission dite Commission Hutchins établie pour étudier comment sauvegarder la liberté de la presse tout en l’astreignant au contrôle : « Il y a contradiction entre l’idée traditionnelle de la liberté de la presse et sa nécessaire contrepartie de responsabilité…La responsabilité comme le respect des lois, n’est pas en soi une entrave à la liberté ; bien au contraire, elle peut être l’authentique expression d’une liberté positive. …Il est trop fréquent aujourd’hui que la prétendue liberté de la presse soit une forme d’irresponsabilité sociale. La presse doit savoir que ses erreurs et ses passions ont cessé d’appartenir au domaine privé pour devenir des dangers publics. Si elle se trompe, c’est l’opinion qu’elle trompe... »
Visiblement certains acteurs du secteur de la presse, au sein de la profession comme au sein de l’administration publique poussent à la confrontation. Pour les uns, il s’agit de reprendre le combat de l’ancien régime en arrière garde, pour les autres, il faut liquider définitivement ces gens qu’on assimile à des ennemis irréductibles.
Une presse indépendante et forte pour une démocratie forte
Ne les suivons pas dans l’escalade. Le Sénégal a besoin d’une démocratie forte pour faire face aux défis du développement tels que formulés par l’Agenda 2050. Une telle démocratie ne saurait bien entendu prospérer sans une presse indépendante et forte.
Convenons-en pourtant : rien ne doit plus être comme avant : le secteur de la presse doit être assaini, l’équité et la transparence doivent prévaloir aussi bien dans l’enregistrement des médias, que dans l’attribution et le contrôle de l’exploitation des fréquences, que dans l’attribution du Fonds d’Appui à la presse.
Les entreprises de presse doivent évidemment se conformer rigoureusement désormais aux prescriptions du Code de la presse notamment en ce qui concerne le profil et les qualifications de leurs responsables et la nécessité d’embaucher le nombre minimum de journalistes professionnels requis.
Elles doivent s’astreindre à reverser désormais les cotisations sociales de leurs employés et à régler leurs impôts. Toutes les prescriptions maintenant exigées des entreprises de presse ne mettent elles pas en cause leur viabilité économique ? Certainement !
Pour le renouveau de la presse
Peut-être doit on courageusement remettre en cause le modèle économique traditionnel ? Peut-être doit on plaider auprès des autorités publiques pour la mise à jour de l’organisation du secteur de la publicité dont la loi de référence date de plus de 40 ans (loi n° 81-58 du 9 novembre 1981) !
La presse a encore de beaux jours devant elle dans notre pays : le nouveau régime pour lequel les Sénégalais ont voté dès le premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et auquel ils ont donné la majorité des deux tiers aux législatives récentes, s’inscrit dans la continuité républicaine et démocratique.
Il entend renforcer le pluralisme médiatique : tout journal, radio, télévision et média en ligne est bien évidement libre de traiter et de présenter l’information selon sa ligne éditoriale pour peu qu’il le fasse dans le respect des lois et règlements de la République.
IPRES, DES RETRAITÉS DÉNONCENT LA GESTION DE RACINE SY ET EXIGENT UN AUDIT
En conférence de presse, Demba Welle Diop a dénoncé une gestion clanique et démagogique de la structure sous le regard approbateur des centrales syndicales qui ne leur accordent aucune aide.
Depuis plusieurs années l’Institution de Prévoyance Retraites du Sénégal (IPRES) connaît une crise, en partie due à sa mauvaise gestion. Ce que déplore l’Association des Retraités, Veufs, Veuves et Orphelins du Sénégal (ARVVOS).
En conférence de presse, le président de l’association, Demba Welle Diop dénonce une gestion clanique et démagogique de la structure sous le regard approbateur des centrales syndicales qui ne leur accordent aucune aide.
A ce titre, les retraités réclament l’audit de l’institution sociale et la refonte des textes, le départ du PCA actuel, Racine Sy. Par ailleurs, ils invitent le président de la République et son Premier ministre Ousmane Sonko à se pencher sur les problèmes des retraités.
L’association annonce aussi une marche dans les prochaines semaines pour parler de leurs revendications.