SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
23 avril 2025
Société
par Samba Gadjigo
SEMBÈNE ET THIAROYE : QUAND LA CAMÉRA EXPLORE L'HISTOIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Grâce à des œuvres comme celle de Sembène, l’histoire coloniale, souvent racontée à sens unique, trouve une pluralité de voix. il fut un éclaireur, un gardien d’une mémoire que d’autres voulaient tout simplement annihiler
Il est des hommes dont la vie s’érige en pont entre l’oubli et la mémoire, entre le silence imposé et les vérités proclamées. Ousmane Sembène est de ceux-là. Soldat de deuxième classe de 1944 à 1946, puis artiste en révolte permanente jusqu’à sa mort en 2007, il fut le témoin d’un siècle blessé par le colonialisme. Avec sa caméra comme arme et son imagination comme boussole, il a révélé les plaies béantes de l’histoire, parmi lesquelles celle du massacre de Thiaroye, le 1er décembre 1944.
Thiaroye demeure une cicatrice vive, un cri étouffé que Sembène a refusé de laisser disparaître. Ce lieu, où les tambours de la mort résonnèrent au rythme des mitrailleuses coloniales, incarne la trahison de ses valeurs supposées par un système de domination. Les tirailleurs sénégalais, de retour en Afrique après avoir survécu aux horreurs des camps allemands, espéraient pouvoir prétendre à un minimum de reconnaissance. Ils furent pourtant fauchés pour avoir réclamé leurs soldes et leur dignité. Le colonialisme tue deux fois : une première fois par la violence, une seconde fois par l'effacement des mémoires. Ousmane Sembène, en soldat devenu le vigile spirituel de ses camarades de combat, refusa cette double condamnation.
Il importe aujourd'hui plus que jamais de rappeler son parcours.
En février 1944, jeune maçon et apprenti-mécanicien, il rejoint le camp des Mamelles à Dakar en tant que soldat. Avec Djibril Mbengue et Omar Samb, il intègre la classe de 1944, un an plus tard que prévu. Pendant trois mois, il reçoit une instruction militaire, avant d’être affecté au Niger, dans la Troisième Compagnie de Transport, à l’annexe Artillerie. Là, pendant deux années d’un labeur harassant, il traverse l’enfer du désert : les convois interminables pour le ravitaillement des troupes d’Afrique du Nord, la chaleur accablante, la mort omniprésente signalée par le vol des charognards. Ces années de privations et de souffrances le marquèrent à jamais, façonnant en lui une conscience aiguë de l’injustice et du devoir de dire.
Rentré à Dakar en 1946, Sembène n’obtient même pas le certificat de bonne conduite. La même année, il s’embarque clandestinement pour Marseille, où il devient docker au Vieux-Port. C’est dans les bibliothèques du Parti communiste qu’il découvre la littérature, “comme un aveugle découvre la lumière”. Cette découverte le transforme et il publie Le Docker noir en 1956. Mais bientôt, il troque la plume pour la caméra, le cinéma étant à ses yeux plus accessible à son peuple que la littérature.
Avec Camp de Thiaroye (1988), réalisé avec Thierno Faty Sow, il laisse éclater sa révolte, racontant l’histoire des tirailleurs sénégalais revenus d'Europe brisés, mais dignes. Leur révolte légitime face au refus des autorités françaises de payer leurs droits se termine dans un bain de sang, mettant à nu les contradictions d’un système colonial qui exige loyauté et sacrifices tout en niant l’humanité de ceux qu’il exploite. Pendant le tournage, Sembène et son équipe font face aux intimidations : des avions de surveillance français survolent son plateau et son film sera interdit en France pendant dix ans (1988-1998). Mais il persévère et transforme cette œuvre en un monument mémoriel, empêchant ainsi Thiaroye de sombrer dans l’oubli.
Avant Camp de Thiaroye, Sembène avait déjà marqué les esprits avec Émitai (1971), une fresque dédiée aux résistances africaines. Ce film, situé en Casamance en 1940, retrace les conscriptions forcées imposées aux paysans pour servir une guerre qui n’était pas la leur. Il ressuscite la figure d’Aline Sitoé Diatta, héroïne du soulèvement des siens contre l’arbitraire colonial. Avec Émitai, il amorce son combat cinématographique : révéler les non-dits, célébrer les luttes et redonner une voix à ceux que le colonialisme a tenté de réduire au silence.
Ousmane Sembène n’a jamais été seul dans ce combat. Des poètes comme Léopold Sédar Senghor, dans son poème Thiaroye, ont pleuré les âmes des tirailleurs. Keïta Fodéba, dans Aube africaine, dénonçait l’injustice coloniale tout comme, dans les années soixante-dix, Boubacar Boris Diop, dans Thiaroye, Terre rouge. De leur côté, des historiens tels que Mbaye Guèye et Cheikh Faty Faye, confrontés au silence des archives coloniales, ont eu à cœur de reconstituer patiemment les faits, pour briser l’omerta de l’histoire officielle. De jeunes musiciens les ont rejoints pour former en leur compagnie un chœur puissant contre l’oubli.
L’art est une mémoire vivante. Il interroge, dérange et éclaire les zones d’ombre. Grâce à des œuvres comme celle de Sembène, l’histoire coloniale, souvent racontée à sens unique, trouve une pluralité de voix. Le cinéma et la littérature deviennent des outils de réappropriation, permettant aux peuples africains de se réconcilier avec leur passé.
Sembène disait que l’artiste est le témoin de son époque. Il fut bien plus qu’un témoin : il fut un éclaireur, un bâtisseur de ponts entre les générations, un gardien d’une mémoire que d’autres voulaient tout simplement annihiler.
La commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye va au-delà du simple hommage. Elle incarne une volonté politique forte, celle de rendre justice aux victimes et de célébrer le travail des artistes, écrivains et historiens qui ont refusé de se taire. Elle est un appel à regarder le passé en face, à en tirer les leçons, pour bâtir un avenir plus juste et plus humain.
Au-delà de Sembène, soldat, artiste et militant, cette commémoration est un acte de reconnaissance envers tous ceux qui pendant des décennies ont puissamment fait retentir les voix des oubliés. Elle est dédiée à ces panafricains qui nous ont appris que la mémoire est un combat, un flambeau à transmettre pour que jamais le mensonge n'impose le silence à la simple vérité historique.
par l'éditorialiste de seneplus, Arona Oumar Kane
UNE FAILLE DE SÉCURITÉ DANS LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un président par intérim avoué, un dauphin Premier ministre et une majorité écrasante : le Sénégal de 2024 rappelle 1981, quand Senghor transmit le pouvoir à Diouf de façon monarchique
Arona Oumar Kane de SenePlus |
Publication 03/12/2024
L’article 35 alinéa 2 de l’ancienne loi constitutionnelle no 76-27 du 6 avril 1976 de la République du Sénégal disposait :
“En cas de démission ou de décès du président de la République ou lorsque l'empêchement est déclaré définitif par la Cour Suprême, le Premier ministre exerce les fonctions de président de la République jusqu'à l'expiration normale du mandat en cours. Il nomme un nouveau Premier ministre et un nouveau gouvernement dans les conditions fixées à l'article 43”.
C’est cette fameuse loi constitutionnelle qui avait valu au Sénégal la transmission du pouvoir d'un président de la République à un autre, sans le passage obligé par la sacro-sainte élection présidentielle. Ainsi, le 1er janvier 1981, sur la simple volonté du président Senghor, qui avait démissionné la veille, Abdou Diouf devenait le nouveau président de la République du Sénégal pour le reste d’un mandat qui allait jusqu’en 1983.
Cette transmission du pouvoir, peu démocratique, s’était pourtant déroulée de manière pacifique, dans un climat social apaisé et n’avait fait l’objet d’aucune contestation populaire. Il faut dire que la perspective de voir un président, qui sentait le vent de l’impopularité commencer à lui souffler doucement dans le dos, partir de lui-même était suffisamment satisfaisante pour que le geste fût plutôt salué par les populations. A cela, il faut ajouter le fait que nous étions dans un contexte où les bouillantes et très actives organisations politiques et celles de la société civile n’avaient pas la force de mobilisation et l’influence qu’elles ont de nos jours.
On peut cependant noter quelques similitudes, avec le contexte actuel, qui questionnent sur la stabilité institutionnelle de notre système démocratique. Cette dévolution quasi-monarchique du pouvoir avait, en effet, été rendue possible grâce à une révision, quatre ans auparavant, de la Constitution de 1963, qui modifiait les règles de suppléance à la tête de l’Etat. Cette réforme majeure avait été simplement décidée par le président Senghor - après s’être choisi un dauphin - et votée par une Assemblée totalement contrôlée par son parti, le PS.
Le président Abdoulaye Wade avait également bénéficié d’une majorité qualifiée, soit trois cinquièmes des députés, et l’avait même utilisée pour créer un poste de vice-président, jamais pourvu. Il avait aussi un dauphin apparent, mais contrairement à Senghor, il s’était heurté à une résistance populaire farouche. Les présidents Diouf et Sall ont eux-aussi pu, à des moments de leurs magistères, disposer de cette majorité qualifiée mais ni l’un ni l’autre n’avait de dauphin apparent, encore moins la volonté de transmettre le pouvoir à un tiers.
Aujourd’hui, nous avons tous les ingrédients favorables à un retour à cette forme de dévolution du pouvoir. D’abord, un chef de l’Etat, M. Bassirou Diomaye Faye, élu dans des circonstances particulières qui en font un président par défaut, ce que l’intéressé reconnaît et assume volontiers. Lors d’un entretien avec la presse sénégalaise, il avait encouragé son premier ministre M. Ousmane Sonko, comme pour faire taire les détracteurs, “non pas à lorgner son fauteuil mais à le regarder clairement”. Il avait ajouté qu’il se bat depuis 10 ans pour que M. Sonko s’installe dans ce fauteuil, qu’il n’a pas renoncé à cette ambition et qu’il n’y renoncera jamais. Cela fait du Premier ministre un dauphin clairement déclaré.
En plus de cette volonté affichée du prince, nous avons un parti présidentiel qui vient de remporter une victoire écrasante aux élections législatives anticipées, sous la houlette du dauphin présidentiel, qui a encore une fois démontré son intelligence stratégique hors du commun. Quelle que soit l’opinion des uns et des autres sur les méthodes et la personnalité du leader du Pastef, force est de reconnaître qu’on a affaire à un véritable génie politique qui déroule, depuis 10 ans, une stratégie gagnante qui le rapproche de plus en plus de ce fameux fauteuil.
Cette nouvelle majorité qualifiée, remportée haut la main, est largement suffisante pour opérer le type de révision constitutionnelle dont il est question. Il suffit en effet que le président Faye soumette à la nouvelle Assemblée un projet de loi constitutionnelle reprenant la lettre de l’ancien article 35 et qu’il obtienne l’adhésion de seulement 99 des 130 élus Pastef pour qu’une telle loi soit adoptée. Sans avoir besoin de passer par un référendum, avantage d’une révision qui serait portée par le chef de l’exécutif. Autant dire que, sur le plan politico-législatif, cela passerait comme une lettre à la poste.
Ensuite, une promulgation de la nouvelle loi par le président de la République, après contrôle de conformité par le Conseil constitutionnel, suivie d’une démission dans la foulée, et le Premier ministre lui succéderait immédiatement. En toute légalité. Cela pourrait se faire dès après l’ouverture de la première session ordinaire et l’installation de la nouvelle assemblée, le 2 décembre 2024, ce qui avec les délais de rigueur pourrait nous amener à une prestation de serment dès janvier 2025 !
Le Conseil constitutionnel, qui serait probablement saisi à la vitesse de l’éclair par l’opposition parlementaire, pourrait toutefois retoquer une telle révision. Il pourrait le faire notamment grâce à une interprétation de l’alinéa 7 de l’article 103 de la Constitution actuelle, qui réaffirme la forme républicaine de l’Etat et stipule l’impossibilité de réviser le mode d’élection du président de la République. Le Conseil pourrait tout aussi valider cette hypothétique loi en arguant que l’article 103 traite de l’élection et pas de la suppléance. C’est tout le sens de la notion d’interprétation qui donne à l’instance juridictionnelle le pouvoir de trancher en dernier ressort.
Bien évidemment, tout cela n’est qu’un scénario de politique-fiction, car ni le président de la République, ni son Premier ministre, n’ont déclaré avoir ce projet de dévolution par voie législative. Ils avaient certes évoqué l’idée de la création d’un poste de vice-président, mais le candidat Diomaye Faye avait bien précisé que ce serait dans la perspective de l’élection de 2029. On peut penser, par ailleurs, que le combat démocratique durement mené par le duo Diomaye-Sonko, au nom de la souveraineté populaire et des valeurs de liberté qu’ils incarnent, les a probablement immunisés contre cette tentation. Mais, l’histoire récente de la vie politique sénégalaise montre, à suffisance, qu’on ne peut être sûr de rien en la matière. D’autres figures avaient porté un combat politique de haute lutte et fait avancer de façon substantielle la démocratie sénégalaise, pour ensuite céder progressivement à la tentation du tripatouillage institutionnel au service d’ambitions personnelles, claniques ou partisanes. La séquence de la dissolution de l’Assemblée nationale, la veille de la date fixée par décret pour la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre, doit être considérée comme une alerte à cet égard. Il s’agissait clairement d’un cas de tripatouillage institutionnel à des fins partisanes.
Quelle que soit la part de réalité dans ce scénario hypothétique d’une transmission extra-électorale du pouvoir, le simple fait que notre corpus juridique actuel rende possible une telle opération pose problème. Cela s’apparente à une faille de sécurité, comme dans les systèmes informatiques, c'est-à-dire un élément constitutif du système pouvant servir à compromettre son intégrité. Une démocratie n’est pas une œuvre finie mais un effort de veille continue et de renforcement des fondations qui la soutiennent. Ces fondations doivent être suffisamment solides et complexes, pour qu’il soit impossible de remettre en cause l’architecture globale par la seule volonté d’un individu ou d’un groupe d’individus.
Cette forme de résilience institutionnelle existe ailleurs dans le monde et doit inspirer. L’exemple le plus emblématique est celui des Etats-Unis d’Amérique où la modification de la charte fondamentale est soumise à des conditions si difficiles à réunir qu’elles en font un texte inamendable en pratique. Pour toucher à un seul des articles et amendements de cette Constitution qui date de 1787, ou en introduire un nouveau, il faut d’abord un vote conjoint des deux tiers des deux chambres du Congrès - ou d’une convention réunissant les deux tiers des États. Ensuite, pour entrer en vigueur, la révision doit être ratifiée par un vote des trois quarts des législatures des 52 États - ou d’une convention équivalente. Avec un tel verrou, ce pays, pourtant figure de proue des innovations technologiques et des mutations sociétales perpétuelles, est régi par la même charte fondamentale depuis plus de deux siècles. La plus récente ratification remonte à 1992 et porte sur le 27e amendement proposé en … 1789, soit plus de deux cent ans auparavant !
Cette forme de stabilité constitutionnelle doit être recherchée ; elle doit être un objectif dans le projet de transformation porté par les nouvelles autorités. Il s’agit, pour reprendre la formule de l’ancien président ghanéen, Jerry Rawlings, de « faire en sorte que si le diable lui-même venait à se retrouver à la tête du pays, certaines procédures, certaines pratiques l'empêcheraient de faire ce qu'il veut. Il serait obligé de faire ce que le peuple attend de lui ». Tant qu’il sera possible, dans notre pays, de faire modifier la Constitution par une centaine de députés, sans passer par un référendum, nos institutions resteront bien loin de ce niveau de résistance au diable, indispensable à l'exercice d’une véritable démocratie.
MISSIRAH ENDEUILLÉE PAR LES TRAGÉDIES DE L'ÉMIGRATION IRRÉGULIÈRE
C’est une journée sombre cette petite commune du département de Tambacounda. Le chavirement tragique d’une pirogue transportant des migrants vers l’Europe a coûté la vie à dix de ses enfants.
C’est une journée sombre cette petite commune du département de Tambacounda. Le chavirement tragique d’une pirogue transportant des migrants vers l’Europe a coûté la vie à dix de ses enfants, plongeant toute la communauté dans le deuil. Chroniques de l’espoir perdu, signée Pape Ousseynou Diallo
Un voyage vers l’espoir, une tragédie en mer
Dans la nuit du 21 novembre, une pirogue en provenance de Nouakchott et en direction des îles Canaries a sombré au large des côtes mauritaniennes. Parmi les victimes : une étudiante de 26 ans, un cultivateur de 17 ans, une divorcée mère de trois enfants, un bébé d’un mois et un garçon de trois ans. Ce voyage, qui devait représenter un espoir de vie meilleure, s’est transformé en une catastrophe maritime.
Sur les plus de 100 migrants présents à bord, seules six personnes ont survécu, sauvées in extremis par des pêcheurs locaux. Les rescapés racontent des heures d’effroi, lorsque la pirogue a pris feu en pleine mer, provoquant la panique et scellant le destin tragique des passagers.
Des familles brisées par le drame
À Missirah, les familles endeuillées tentent de faire face à l’inacceptable. Au domicile de Souleymane Keita, père du jeune cultivateur de 17 ans, c’est une atmosphère de deuil qui règne. « Mon fils voulait rallier l’Espagne pour nous sortir de la pauvreté. J’ai vendu tout ce que j’avais pour financer son voyage », confie-t-il, accablé par la perte.
Parmi les survivants, Néné Sylla a laissé ses deux enfants derrière elle, victimes du naufrage. « J’ai payé 2,4 millions de francs pour ce voyage. Mais ce périple s’est terminé par la perte de mes enfants et de nombreux autres jeunes de notre village », raconte-t-elle, dévastée mais reconnaissante d’avoir échappé à la mort.
Une commune à l’abandon, un avenir incertain
Pour les habitants de Missirah, ce drame met en lumière une réalité amère. La commune manque cruellement d’infrastructures, de centres de formation professionnelle et d’opportunités d’emploi. Selon un inspecteur d’éducation à la retraite, « la jeunesse de Missirah n’a d’autre choix que de rêver d’un avenir ailleurs, influencée par les images de réussite projetées par les émigrés revenus en vacances. »
Un appel urgent à l’action
Ce naufrage tragique n’est pas un cas isolé. Il illustre les dangers de l’émigration clandestine et la nécessité d’offrir des solutions concrètes pour dissuader les jeunes de risquer leur vie en mer. Les autorités locales et nationales, ainsi que les partenaires internationaux, doivent unir leurs efforts pour créer des alternatives viables, renforcer la sensibilisation et garantir des moyens de migration sûrs et légaux.
Ce drame doit servir d’électrochoc : chaque jeune perdu dans ces eaux représente une perte inestimable pour une nation en quête de développement.
LA CNDHS SALUE UNE LÉGISLATURE MARQUÉE PAR DES AVANCÉES EN FAVEUR DE L’INCLUSION ET DE L’ÉGALITÉ
À l’occasion de l’installation de la 15ᵉ législature du Sénégal, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDHS) adresse ses félicitations aux députés nouvellement élus, tout en saluant la composition diversifiée de cette assemblée...
À l’occasion de l’installation de la 15ᵉ législature du Sénégal, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDHS) adresse ses félicitations aux députés nouvellement élus, tout en saluant la composition diversifiée de cette assemblée, qui reflète les différentes composantes de la société sénégalaise.
Parmi ces progrès, la présence de députés vivant avec un handicap constitue une avancée majeure dans la promotion de l’inclusion et de l’égalité des chances au sein des instances décisionnelles. La CNDHS considère cette représentation comme une étape essentielle vers une société plus équitable et inclusive. Pour garantir le plein exercice de leur mandat, la CNDHS appelle les autorités compétentes à : Fournir des outils adaptés, notamment des documents en braille pour les personnes malvoyantes. Aménager les infrastructures de l’Assemblée nationale afin de les rendre accessibles aux personnes à mobilité réduite. Ces mesures visent à créer un environnement inclusif où chaque député, indépendamment de sa condition physique, peut contribuer pleinement aux travaux parlementaires.
La CNDHS exhorte également les acteurs politiques à intensifier leurs efforts pour une représentation accrue des personnes vivant avec un handicap dans les prochaines échéances électorales. Renforcer cette dynamique est crucial pour faire du Sénégal un modèle de participation citoyenne et de respect des droits humains. « Il est essentiel que cette avancée ne soit qu’un point de départ vers une représentation encore plus significative et diversifiée dans nos institutions », souligne la commission.
En ce 3 décembre, Journée internationale des personnes vivant avec un handicap, la CNDHS réitère son engagement à collaborer avec tous les acteurs pour bâtir une société plus juste, inclusive et respectueuse des droits humains.
La présence de députés vivant avec un handicap dans la 15ᵉ législature marque une étape clé, mais le chemin vers une inclusion totale nécessite des efforts soutenus et constants. Le Sénégal, à travers ces initiatives, montre sa détermination à progresser vers une démocratie véritablement participative.
L'ARABIE SAOUDITE AU COEUR DE LA LUTTE CONTRE LA DESERSIFICATION
La COP16 est sur le point de changer la donne, en marquant un engagement mondial renouvelé pour accélérer les investissements et les actions visant à restaurer les terres et à renforcer la résilience à la sécheresse au profit des populations...
La seizième session de la Conférence des Parties (COP16) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), qui se tient à Riyad, en Arabie saoudite, est sur le point de changer la donne, en marquant un ‘’engagement mondial renouvelé’’ pour accélérer les investissements et les actions visant à restaurer les terres, a appris l’APS.
‘’La COP16 est sur le point de changer la donne, en marquant un engagement mondial renouvelé pour accélérer les investissements et les actions visant à restaurer les terres et à renforcer la résilience à la sécheresse au profit des populations et de la planète’’, lit-on dans un communiqué publié sur le site de la CNULCD.
Cette première COP de la CNULCD organisée à Ryad, en Arabie Saoudite, s’est ouverte lundi sur le thème : »Notre terre, Notre avenir’’, et se poursuit jusqu’au 13 décembre.
Coïncidant avec le 30e anniversaire de la CNULCD, la COP16 sera ‘’la plus grande conférence des Nations unies sur la terre à ce jour et la première COP de la CNULCD organisée dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, qui connaît de première main les impacts de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse’’, souligne le texte.
Pour la CNULCD, elle représente également ‘’un moment décisif pour accroître l’ambition mondiale et accélérer l’action en matière de résilience des terres et de la sécheresse grâce à une approche centrée sur les personnes’’.
La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) est l’un des trois principaux traités des Nations unies connus sous le nom de Conventions de Rio pour le climat et la biodiversité.
La Conférence des Parties (COP) est le principal organe décisionnel des 197 parties (pays), à savoir 196 pays et l’Union européenne, à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD)
Par Mohamed GUEYE
CULTIVER ENFIN LA TRANSPARENCE
Les promesses du nouveau régime sénégalais se heurtent à une réalité plus complexe que prévu. Les députés de Pastef s'agitent autour des nominations pendant que le pays s'interroge sur sa direction
Hier, au moment où les députés de Pastef captaient l’attention de l’opinion autour d’une guerre de postes et de nominations, le pays ne cessait de se perdre en conjectures sur la direction vers laquelle la gouvernance du président Diomaye Faye nous menait. Si le nouveau régime politique a promis bien de choses au peuple, personne n’a encore vraiment noté de changement véritable. Parfois même, on a plus l’impression que les choses sont en train de régresser.
Les pluies, l’agriculture, l’économie…
Juste pour illustrer, le pays a connu cette année des inondations parmi les plus terribles qu’il ait jamais connues au cours des deux dernières décennies. Une bonne partie de l’arrière-pays a été inondé, et on a compté même des morts, emportés par le débordement des eaux du fleuve Sénégal. Si la ville de Touba n’a pas été épargnée, c’est à peine si certains ont pu noter que la capitale Dakar a eu à se plaindre d’un trop-plein d’eaux de pluie cette année. Il aurait été délicat de le rappeler, si l’on ne voulait pas magnifier le travail accompli par le Président Macky Sall pour en finir avec les inondations. Au contraire, c’est beaucoup plus gratifiant de tourner en dérision les plus de 766 milliards de francs Cfa prétendument gaspillés sous le prétexte de lutte contre les inondations. Ce programme décennal de lutte contre les inondations avait été remis en cause il y a deux ans, après de fortes inondations dont la commune de Keur Massar avait été victime. Pourtant, il n’a pas fallu longtemps pour démontrer que les ouvrages d’assainissement avaient fait l’objet de sabotage. Des personnes malintentionnées avaient délibérément bloqué les ouvrages d’écoulement des eaux de pluie, afin manifestement de provoquer des inondations. Et cela avait été réussi. Maintenant que les motifs politiques de ces sabotages ont disparu, la commune n’a plus revécu cette année, la hantise de fortes pluies d’hivernage.
Mais dans les zones qui n’avaient pas été concernées par ce programme, l’histoire a été bien différente. Au point que le ministre de tutelle a dû sortir, sous forme de pirouette, que l’hivernage de cette année n’était «pas (leur) hivernage»… Les victimes ont dû apprécier.
Mais il n’y a pas que la gestion de la pluie. Dans ces colonnes, nous nous sommes intéressés plusieurs fois à la préparation et la gestion de l’actuelle campagne agricole, pour affirmer que les paysans ne se retrouvaient pas dans les déclarations triomphatrices de la tutelle. Tout le monde se rend compte maintenant, avec le démarrage de la compagne de commercialisation de l’arachide, que les prévisions les plus pessimistes sont en train d’être dépassées. Il suffit, pour s’en convaincre, de se rendre compte que le ministre de l’Agriculture et son homologue du Commerce sont revenus sur leur décision d’interdire l’exportation de l’arachide. La mesure aurait d’ailleurs été très difficile à mettre en œuvre, malgré la mobilisation des Forces de défense et de sécurité (Fds) dont ce n’est d’ailleurs pas le rôle.
Sonko et ses chiffres falsifiés
Ne parlons pas non plus des agrégats macro-économiques. Au mois de septembre dernier, le gouvernement, avec le Premier ministre Sonko en tête, a déclaré que les chiffres de l’économie, sur lesquels les prévisions budgétaires ont été établies, et qui ont été présentés à ce jour aux partenaires économiques et financiers, étaient tous «falsifiés», et que la situation économique du pays était profondément dégradée. La conséquence de ces déclarations ne s’est pas fait attendre. La grande partie des financements espérés des partenaires, même du Fonds monétaire international, a été gelée. Tout le monde retient ses fonds, le temps de voir la direction que le pays prend. Au point que l’on voit sur les réseaux sociaux une vidéo où M. Sonko reconnaît que ses déclarations alarmistes sur l’économie du pays «ont contribué à inquiéter les partenaires, et rendu la situation encore plus difficile». Sans doute un faible moment de lucidité…
Qui cache le rapport trimestriel d’exécution budgétaire du 3ème trimestre ?
La question qui se pose est qu’il faudra que la Cour des comptes publie bientôt son rapport sur la gestion budgétaire 2023, qui correspond à la dernière gestion du régime de Macky Sall. On verra alors si cette institution prendra le contre-pied des décisions qu’elle a annoncées durant les douze années du mandat de Macky Sall, et viendra renforcer les déclarations de l’actuel gouvernement. Ou si la Cour des comptes va réaffirmer son indépendance et produire un rapport en droite ligne de ce qu’elle a toujours produit, et qui traduit l’intégrité de la gestion des finances du pays.
En attendant d’en savoir plus, on se rend compte que le gouvernement actuel a décidé de verser dans le dilettantisme. Contrairement aux bonnes habitudes auxquelles on a été habitués à ce jour, il n’a toujours pas publié le Rapport trimestriel d’exécution budgétaire, pour le troisième trimestre. Le rapport aurait dû être publié depuis le mois de septembre dernier. A ce jour, sur les sites du ministère des Finances et du budget, aucune information n’est donnée sur cette lacune. Le dernier document du genre date de juillet dernier. Or, la publication de ce document est prévue par la loi. D’ailleurs, il est toujours indiqué que «le présent rapport est préparé en application de l’article 70 de la loi organique n° 2020-07 du 26 février 2020 relative aux lois de finances et publié conformément aux dispositions prévues au point 6.6 de l’annexe à la loi n° 2022-12 du 27 décembre 2022 portant Code de transparence dans la gestion des Finances publiques».
Les mauvaises langues diraient sans doute que le gouvernement a des choses qu’il ne souhaiterait pas communiquer au public en ce moment. Car si l’on se réfère au document précédent, on voit que le niveau d’exécution budgétaire n’est pas aussi catastrophique, pour une «économie en ruine», selon les termes du chef du gouvernement. On note en effet, dans le Rapport d’exécution du second trimestre, que «comparées au deuxième trimestre 2023, les ressources du budget général ont évolué à la hausse de 79, 14 milliards F Cfa en valeur absolue, soit 4, 3% en valeur relative. Cette hausse est imputable aux ressources internes (+99, 83 milliards F Cfa, soit +5, 7%) grâce au bon niveau de recouvrement des recettes fiscales (+121, 60 milliards F Cfa, soit +7, 5%), notamment des impôts directs et indirects qui ont respectivement augmenté de 77, 18 milliards F Cfa (soit 10, 7%) et 38, 00 milliards F Cfa (soit 4, 1%), par rapport à l’année précédente». Tout le reste du document est dans la même veine. Si dans l’intervalle, la situation s’est fortement dégradée, le gouvernement devra alors de bonnes explications au Peuple. Et même au contraire, si elle devenait encore plus dramatique, les pouvoirs publics pourraient toujours encore chercher à enfoncer leurs prédécesseurs, et trouveront toutes les explications qui leur passeront par la tête.
On peut imaginer que les choses leur seront rendues encore plus faciles, maintenant que l’Assemblée a pris fonction. Mais les députés savent aussi que leur priorité sera de voter rapidement le budget qui va accélérer la mise en œuvre de la Vision 2050, le Pse du tandem Diomaye-Sonko. Ils ne doivent pas traîner les pas, car ils connaissent les urgences du pays. Et surtout, s’il y a un conseil à leur donner, c’est de réellement encourager la promotion de la transparence, afin d’encourager le monde des affaires à retrouver la confiance en ce pays.
VIDEO
LE GRAND TRI DANS LES MÉDIAS
Sur les 380 médias inscrits sur la plateforme nationale, seuls 112 répondent actuellement aux normes en vigueur. Les médias non conformes devront rapidement se mettre aux normes sous peine de sanctions, incluant l'interdiction d'exercer
Le ministre de la Communication, Aliou Sall, a tenu ce matin un point de presse pour annoncer la publication de la liste provisoire des médias conformes aux dispositions du Code de la presse. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique du gouvernement visant à assainir le secteur des médias au Sénégal, à améliorer les conditions de travail des journalistes et des jeunes reporters, et à impulser une nouvelle dynamique dans le paysage médiatique du pays.
Avant de dévoiler la liste des médias conformes aux normes, le ministre a d’abord dressé un état des lieux du secteur, rappelant la volonté du gouvernement d’accompagner ce dernier. En 2023, 535 organes de presse ont exprimé leur intérêt pour accéder au Fonds d’Appui et de Développement de la Presse. Cependant, malgré cette forte demande, la situation demeure préoccupante. En effet, la loi sur la presse stipule que toutes les structures médiatiques doivent disposer d’une autorisation délivrée par le ministère de la Communication. À ce jour, aucune structure ne respecte cette exigence légale.
Cette absence d’autorisation a contribué à la déliquescence de l’environnement économique des médias. Les acteurs du secteur se trouvent dans une situation de précarité sociale et économique, alimentée par la prolifération de “mercenaires” de l’information qui ne respectent ni les standards professionnels, ni les règles éthiques.
Le ministre est également revenu sur la chronologie des concertations ayant abouti à la publication de la liste officielle des médias. Il a souligné qu’il s’agissait d’une démarche collégiale impliquant tous les acteurs du secteur.
Les efforts du ministère pour réguler et assainir le secteur
Dans ce contexte, Aliou Sall a réaffirmé la volonté du ministère de la Communication de réguler le secteur afin de le rendre plus transparent et professionnel. La publication de la liste provisoire des médias conformes s’inscrit dans une démarche de renforcement des normes, dans le but de garantir un environnement médiatique fiable et respectueux des normes en vigueur.
Parmi les 380 médias inscrits sur la plateforme de déclaration des médias du Sénégal, 112 ont été jugés conformes au Code de la presse. Cette liste comprend :
• 10 chaînes de télévision
• 14 journaux imprimés
• 17 stations de radio
• 11 radios communautaires
• 6 Web TV
• 54 sites d’information en ligne
Les médias non conformes auront la possibilité de se rapprocher des services du ministère pour se mettre en conformité, sous peine de sanctions sévères. Des mesures sont en effet prévues pour interdire leur fonctionnement, notamment l’interdiction d’impression pour la presse écrite, l’arrêt de diffusion pour les médias audiovisuels par la Commission Nationale de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA), ainsi que l’impossibilité d’accéder à la communication commerciale de l’État. Il est également recommandé aux entreprises privées de ne pas diffuser de publicités dans ces médias, sous peine de sanctions, y compris des poursuites en vertu de la loi sur le blanchiment d’argent.
Réformes en vue pour transformer le secteur des médias
Le ministre Aliou Sall a également mis en avant plusieurs réformes destinées à insuffler une nouvelle dynamique dans le secteur des médias. Parmi les initiatives annoncées figure la réforme du Code de la presse, visant à moderniser les lois et les pratiques en matière de liberté de la presse et de régulation. La révision du Code de la publicité fait également partie des priorités, afin de mieux encadrer la distribution des publicités et garantir une meilleure transparence dans le financement des médias.
Une autre mesure phare est la création d’un fonds de développement pour la production audiovisuelle, destiné à soutenir la production de contenu de qualité au Sénégal. Le ministère prévoit également de réorganiser les conventions entre l’État et les médias, afin de diriger le financement public vers la production de contenus médiatiques de qualité et de renforcer l’indépendance éditoriale des organes de presse.
Les réformes envisagées devraient aussi permettre la mise en place de leviers de financement additionnels, afin de diversifier les sources de financement et d’offrir un soutien tangible aux médias sénégalais. Cela inclut la révision des mécanismes d’accès au fonds d’appui à la presse, qui sera désormais destiné en priorité aux médias respectant les critères de conformité, en mettant l’accent sur la qualité de la production et la viabilité économique des structures médiatiques.
Le ministre a insisté sur le fait que l’État assume pleinement ses responsabilités pour garantir un environnement médiatique plus structuré, tout en encourageant les acteurs du secteur à se conformer aux normes afin de bénéficier des opportunités offertes par ces réformes.
IBRAHIMA THIOUB REVIENT SUR LES PÉRIPÉTIES DU MASSACRE DE THIAROYE
L'historien a développé une analyse rigoureuse des causes profondes de cette tragédie, en replaçant les événements dans le contexte plus large du racisme colonial
La leçon inaugurale des panels et conférences dans le cadre de la commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye 44 est livrée par le Professeur ibrahima Thioub à l’Ucad. Cette tribune des historiens et chercheurs s’est penchée sur les causes de la tragédie, les périples des tirailleurs ainsi que la différence entre le travail d’historien et la mémoire. Thioub a aussi plaidé pour la construction de la maison des archives et la bibliothèque nationale.
L’esprit de la colonisation a un soubassement racial. Le colonialisme, introduit Thioub, porte en lui la terreur, mais il porte en lui le plus néfaste (...), la haine de l’homme bref le racisme. Que l’on s’y prenne comme on voudra, on arrive toujours à la même conclusion : «il n’y a pas de colonialisme sans racisme», il a ainsi cité Aimé Césaire, «Le colonialisme n’est pas mort», Nouvelle critique, revue du marxisme militant, janvier 1954. Ce qui lui a permis de plonger dans le vif du sujet. «S’il est un événement survenu durant la 2e guerre mondiale et demeure vivace dans les mémoires africaines de la colonisation, c’est bien le massacre des tirailleurs survenu le matin du 1er décembre 1944...», déclare Pr Thioub. Il rapporte le parcours historique des tirailleurs sénégalais, dont le bataillon fut créé par le décret signé par Napoléon 3, le 21 juillet 1857.
L’évènement de Thiaroye 44, poursuit l’historien, se rattache à une longue tradition du gouvernement colonial en matière de répression et de maintien de l’ordre public. Toutefois, il survient à un moment si spécifique qui le détache relativement de ce passé. D’autant que l’évènement a secoué le système dans son ensemble. Ce qui a en conséquence poussé l’administration coloniale à déployer une première stratégie visant à «étouffer le mieux possible l’évènement et le rendre dans l’immédiat invisible». Face aux limites manifestes de cet angle d’attaque, souligne l’universitaire, elle a déployé une panoplie de mesure dont la production d’une provision de rapports aux contenus souvent discordants sur le déroulé des évènements comme pour perdre les historiens et les chercheurs. Mais tous tendent à établir la culpabilité des tirailleurs et à s'inscrire dans une euphémisation de l’évènement. « L’ampleur, puis cette tuerie de masse, le contexte de sa survenue comme le statut des protagonistes n’ont laissé aucune chance de succès à la stratégie de l’administration coloniale ».
Pour Pr Thioub, dans l’immédiat, un nombre important d’acteurs se sont impliqués dans la gestion du dossier en l’étalant largement dans l’espace public impérial et même au-delà. C’est entre autres ce qui a entretenu le sujet.
Le mouvement anticolonial
Le mouvement anticolonial qui connaît un fort renouveau au lendemain de la 2e guerre mondiale s’est emparé du dossier en a assuré la préservation du souvenir. « Par la suite, Thiaroye 44 est devenue le lieu d’une intense guerre de mémoire », rappelle l’historien. Seulement, il enjoint que l’écriture de l’histoire tardivement arrivée sur la scène du crime éprouve d’énormes difficultés à faire sens de l’évènement en dépit des remarquables efforts. Il s’y ajoute que la rétention d’information dès la survenue de l’évènement, le brouillage des pistes archivistes et documentaires, les difficultés de prendre ses distances des mémoires en conflit, lui ont rendu la tâche particulièrement difficile, regrette l’historien qui met en garde. « Que les autorités militaires et politiques aient travesti ou non les chiffres, qu’elles aient voulu en toute conscience brouiller les pistes, préméditer le massacre, ne peut nous empêcher d’écrire cette histoire comme celle de l’ensemble du parcours des tirailleurs de 1857 à 1860. (...) L’attitude des autorités reste partie intégrante de cette histoire que les études doivent éclaircir», renseigne l’historien. L’investigation de l’historienne, certes attentive aux données statiques, devra toutefois plus se préoccuper à rétablir et analyser finement les faits pour extraire de leurs analyses une problématique à décrypter. Qu’est-ce qui fait la singularité de Thiaroye dans l’histoire de la répression coloniale ? De quoi Thiaroye est-il le nom ? Pourquoi son évocation continue-t-elle plus que jamais de susciter une si vive émotion et de sérieuses controverses historiques des décennies après sa survenue ? C'est, a-t-il dit, que la métropole est sortie de la guerre extrêmement affaiblie. Elle a subi une défaite retentissante lors de la drôle de guerre. Les tirailleurs sénégalais étaient témoins actifs de cette douloureuse expérience qui révèle une discordance manifeste entre les prétentions de la puissance coloniale française à civiliser et la réalité de ses forces. A la défaite se sont ajoutées l’occupation de son territoire, la reddition de son État, liste l'universitaire. Selon lui, il est incontestable que n’eût été la contribution de l’empire et l’armée africaine en particulier, la France n’aurait pas occupé une place à la table des vainqueurs de la guerre. Mais la crainte de perdre sa domination était réelle.
Plaidoyer pour l’érection de la maison des archives et la bibliothèque nationale
Comment rétablir l’idéologie de la supériorité raciale après une telle expérience de la guerre ? Comment gommer l’expérience acquise à la guerre par les tirailleurs ? Comment gérer la nouvelle conscience des tirailleurs issus de la guerre ? Il était prévisible, de l’avis de l’historien, que l’administration civile et militaire de l’Aof (...) ferait tout pour en contenir les conséquences politiques.(...) L’historien relève également les différences voire le conflit entre l’histoire et la mémoire. Il s’agit pour les historiens de donner aux lecteurs, quand ils écrivent, les moyens de contester la thèse qu’ils défendent. C’est, souligne-t-il, là la différence radicale d’avec les mémoires qui appellent à une adhésion souvent militante. « L’audace de la vérité historique pour alimenter la mémoire nationale ouverte sur l’Afrique souveraine est le gage de conquête future de notre émancipation », dit-il. Il plaide en fin de compte, pour l’érection de la maison des archives qui peut abriter la bibliothèque nationale.
VERS UNE LOI SUR LA DEFENSE ET LA SECURITE NATIONALE
Le général de brigade Maguette Ndiaye, chef d’état-major de l’Armée de terre, a annoncé, lundi, à Kaolack (centre), la révision de la loi sur la Défense nationale qui va deviendra loi sur la Défense et la sécurité nationale.
Le général de brigade Maguette Ndiaye, chef d’état-major de l’Armée de terre, a annoncé, lundi, à Kaolack (centre), la révision de la loi sur la Défense nationale qui va deviendra loi sur la Défense et la sécurité nationale.
»Nous sommes en train de réviser la loi sur le défense nationale pour arriver à une loi sur la défense et la sécurité nationale. C’est important d’y aller, parce qu’il faut une synergie d’actions pour mutualiser toutes les capacités et tous les efforts des forces de défense et de sécurité, les synchroniser pour avoir une efficacité optimale’’, a-t-il notamment dit.
Le général de brigade Maguette Ndiaye animait une conférence de presse au camp Sémou Djimith Diouf de la capitale du Saloum, en prélude de la Manœuvre nationale ‘’Saloum 2024’’ dont il est le commandant de la force d’intervention, qui se tiendra du 2 au 8 décembre dans les régions de Kaolack et Fatick.
C’est dans cette perspective, selon lui, qu’il faut placer la manœuvre nationale ‘’Saloum 2024’’ et qu’il juge ‘’pertinente’’.
»Depuis un certain temps, les Armées ont entrepris un vaste chantier consistant à renforcer leur autonomie en matière de conception, de planification et d’exécution d’opérations de grande envergure’’, a-t-il souligné.
La manœuvre nationale ‘’Saloum 2018’’ a été suivie par la manœuvre ‘’Falémé 2020’’ en zone militaire numéro 4, à la frontière commune avec le Mali. En 2022, la manœuvre nationale ‘’Ferlo’’ a eu pou cadre la zone militaire numéro 2.
»L’objectif de ces manouvres, en particulier celle prévue cette année, c’est de faire face aux menaces potentielles. Dans le contexte de la sous-région, vous n’êtes pas sans savoir que nous avons pas mal de conflits et le contexte mondial prouve aussi qu’il y a d’autres formes de conflits qui se développent’’, a expliqué le général Ndiaye.
»Nous devons être en mesure de faire face aux menaces conventionnelles et asymétriques nécessitant des modes d’action asymétriques. C’est dans ce cadre que nous organisons cette manœuvre que nous avons élargie à toutes les forces de défense et de sécurité’’, a-t-il ajouté.
La zone centre, notamment les régions de Fatick et Kaolack, a une spécificité de zones de manœuvre qui conviennent à l’envergure des forces qui doivent être mises en œuvre mais aussi à une frange maritime qui permet à la marine d’entrer en action et de participer activement à cet exercice, a-t-il relevé.
Pour mener à bien cette manœuvre nationale, les forces armées sénégalaises comptent déployer ‘’environ 4 500 éléments’’ provenant de toutes les forces de défense et de sécurité et d’importants moyens avec plus de 500 véhicules engagés, sept aéronefs seize navires et embarcations.
DES MEUBLES D’UNE VALEUR DE PLUS DE 2 MILLIARDS CFA DEROBES
Créateur et fabricant de meubles en bois massif de qualité, canapés, salons, fauteuils, chambres à coucher de luxe et décoration design, la multinationale dubaïote « Danube Home » s’est installée à Dakar en 2022.
Cadres et responsables commerciaux dans le collimateur de la Dic
Située sur la route de l’Aéroport (Yoff), la grande boutique « Danube Home Sénégal » est victime d’une série de vols de meubles de luxe. Le préjudice des salons, lits, consoles de cuisine et tables à manger dérobés est estimé à plus de 2 milliards cfa. Plusieurs cadres et responsables commerçants font partie du gang interne. La preuve par les images des caméras de surveillance. L’enquête suit son cours au niveau de la Division des investigations criminelles (Dic).
Créateur et fabricant de meubles en bois massif de qualité, canapés, salons, fauteuils, chambres à coucher de luxe et décoration design, la multinationale dubaïote « Danube Home » s’est installée à Dakar en 2022. Et précisément sur la route de l’aéroport de Dakar-Yoff où Danube Home dispose du plus grand Showroom de l’Afrique.
A peine ouverte, Danube Home Sénégal est en faillite à cause d’une série de vols de meubles de luxe aux allures d’un casse du siècle perpétré par un gang interne. Ils’agit de hauts cadres de la direction et responsables commerçants insoupçonnés qui dérobaient les produits. Des agissements délictueux facilités par une chaine de complicités bien huilée. Le préjudice est estimé à plus de 2 milliards cfa.
Dans leur plainte déposée à la Division des investigations criminelles (Dic), les administrateurs sénégalais de la filiale ont expliqué la manière dont les cadres et agents se sont transformés nuitamment en cambrioleurs pour piller l’entreprise. Les images prises à partir de séquences vidéo sont renversantes ! Dans plusieurs séquences nous révèle-ton, on voit clairement les mis en cause qui masquaient les caméras de surveillance du showroom avec du ruban adhésif avant d’enlever furtivement les meubles. Ce, sous prétexte de procéder à des livraisons d’urgence qui n’existaient que dans leur imagination. L’enquête suit toujours son cours à la Dic où plusieurs employés du groupe Danube Home Sénégal ont été entendus.
Avec ses 44 représentations à travers le monde rappelons-le, « Danube Home » a participé à la réalisation de plusieurs projets d’ameublement et de décoration aux Emirats Arabes Unis notamment le Burj Al Arabe, le Shangri Hôtel, le Grand Hyatt, le Burj Khalifa, l’Aéroportinternational de Dubaï etc…Malheureusement à cause de la criminalité « Made In Sénégal », Danube Home a fermé définitivement ses portes depuis quelques jours provoquant ainsi le chômage de plus de 500 employés et ouvriers directs ou indirects.