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29 avril 2025
Société
par Abdoul Aziz Diop
IL Y A 13 ANS, LE RÉVEIL DE L’HISTOIRE EN SYRIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pendant qu’un garçon de 35 ans arrivait au pouvoir à Damas, un vieux de 74 ans s’emparait de l’État au Sénégal avec l’idée qu’un pouvoir africain ne tombe que lorsque l’on ne s’en sert pas pour transformer les bâtisses en forteresses
La télévision publique syrienne a annoncé ce week-end la prise du pouvoir par les rebelles en Syrie et la chute de Bachar Al Assad…
Il y a 13 ans, le réveil de l’Histoire en Syrie coïncida avec la révolution citoyenne au Sénégal dont l’épilogue fut la défaite du Sopi et le départ de son pape du pouvoir.
Très nombreux sont les objets d’art qui ont été volés, détruits ou censurés. Pourtant, l’art – « expression d’un idéal de beauté correspondant à un type de civilisation déterminé » - ne s’est jamais affaissé, faisant ainsi preuve d’une extraordinaire capacité de résistance aux assauts les plus ignobles. On peut comprendre cette capacité de l’art à se renouveler continument en dépit de la fragilité des œuvres en distinguant la forteresse – « lieu fortifié » - à la fortification qui est « l’art de fortifier » un lieu, une place, un pays, une nation... La distinction est d’autant plus importante qu’elle permet de scinder l’Histoire – « sale et entremêlée » - en deux séquences successives : le moment où les tyrans s’emparent des forteresses au terme d’une débauche inouïe de violence et le moment (inattendu) où ils trébuchent au contact d’une ou de plusieurs fortifications.
S’assurant le contrôle du Parti Baas syrien à la suite d’un coup d’État, le général Hafez-el-Assad fut l’un des chefs d’État du Proche-Orient qui resta le plus longtemps au pouvoir (1970-2000). A sa mort en juin 2000, son fils Bachar el-Assad hérita de la forteresse (bien gardée) dont il devint le président. Depuis plus de quatre mois maintenant, Bachar el-Assad fait face à une vague de protestations qui ne faiblit pas malgré la répression sauvage des populations insurgées par l’armée syrienne et les réformes en trompe-l’œil du système. En Syrie, la fortification contre laquelle bute le régime syrien contesté se déclame en peu de mots : « Nous ne nous soumettrons qu’à Dieu ! ». Bachar el-Assad n’est pas Dieu. Une évidence déconcertante annonce donc une vérité implacable : dans très peu de temps, la Syrie ne sera plus ce qu’elle est sans doute depuis la création en 1947 à Damas du Parti socialiste arabe Baas, longtemps balloté entre néo-marxisme et nationalisme jusqu’à l’abandon du projet originel d’unification de tous les États arabes face à l’influence occidentale et à Israël.
Pendant qu’un garçon syrien de 35 ans arrivait au pouvoir à Damas, un vieil opposant de 74 ans s’emparait des leviers de l’État au Sénégal avec l’idée – jamais dissimulée - qu’un pouvoir africain ne tombe que lorsque l’on ne s’en sert pas pour transformer les bâtisses – véritables œuvres d’art abritant les institutions - en forteresses imprenables. La présidence de la République, l’Assemblée nationale, les assemblées locales et le Temple de Thémis sont aux mains d’un seul dès le mois de mai 2002. C’est peut-être à ce moment précis que remonte le projet d’une succession arrangée pouvant profiter à n’importe quel heureux élu. C’est peut-être aussi à ce moment précis qu’une dépréciation de l’œuvre du législateur préfigura les vives tensions politiques constatées depuis le 16 juin 2011, date à laquelle le Conseil des ministres adopta en catimini le projet de loi instituant l’élection d’un président et de son colistier au suffrage universel. Mais en érigeant des forteresses, le législateur n’oublia pas les fortifications. Cette précaution explique à elle seule le rapport du citoyen aux bâtisses de la République et aux hommes légitimés à les occuper le temps d’un mandat. En apercevant de loin la façade de chacune des forteresses, le passant se remémore deux choses au moins : le coût de leur entretien par l’effort de tous et la façon dont le budget de la nation est grevé par le traitement de leurs animateurs principaux et subalternes. Ce double abus est supportable aussi longtemps que les fortifications ne cèdent pas sous la pression d’un seul ou de quelques-uns. La plus importante d’entre elles est sans doute aussi celle (péremptoire) qui ne se prête presque jamais aux spéculations des profanes et des savants. « La forme républicaine de l’État ne peut faire l’objet d’une révision ». Ainsi pétrie par le législateur, la fortification édicte une conduite à laquelle un mortel ne déroge sans que le commun des mortels ne lui inflige une correction au moins égale au préjudice subi. C’est ce qui se produisit le jeudi 23 juin 2011, jour de réminiscence des fortifications saccagées. Depuis cette date, deux peuples – le syrien et le sénégalais – dont les destins se sont longtemps croisés au Sinaï sous l’égide des Nations unies hurlent le même refrain tout aussi audible dans les rues des villes syriennes de Lattaquié et de Homs que dans les agglomérations sénégalaises de Saint-Louis, Thiès et Mbour : « Nous ne nous soumettrons pas ! »
A Damas et à Dakar, les forteresses, toutes prenables, sont aux mêmes endroits. Depuis le 23 juin 2011, les fortifications sénégalaises sont passées, elles, des mains sales à celles (propres), des gens du peuple insurgé. Sous peu, chacune des bastilles sera prise et vidée de ses occupants malpropres. Ce moment – le meilleur depuis plus d’un demi- siècle – préfigure le pays nouveau sur lequel anticipèrent les trente-cinq propositions de la Charte de gouvernance démocratique issue des Assises nationales. Pour la première fois, l’expression d’un idéal politique coïncide avec celle d’un idéal social annonciateur d’une nouvelle séquence historique. Aucune débauche de violence ne sera assez grande pour enlever à l’idéal sous-jacent de beauté (artistique) son éclat éblouissant. Ni même celle de légions étrangères à la rescousse de l’apprenti autocrate et de son dernier carré de fidèles.
Abdoul Aziz Diop est ancien porte-parole du Mouvement du 23 juin (M23) et artisan de la République du 23 juin.
COUP DE FILET DE LA DOUANE
La Subdivision des Douanes du Littoral Sud, Direction régionale des Unités maritimes a intercepté, entre fin novembre et début décembre, d’importantes quantités de chanvre indien et de faux médicaments pour une contrevaleur estimée à plus de 103 millions
La Subdivision des Douanes du Littoral Sud, Direction régionale des Unités maritimes a intercepté, entre fin novembre et début décembre, d’importantes quantités de chanvre indien et de faux médicaments pour une contrevaleur totale estimée à plus de 103 millions de francs CFA.
Les Unités fluvio-maritimes douanières ont effectué cette saisie par le biais de leurs opérations ciblées de lutte contre le trafic de produits prohibés en haute mer, indique, dimanche, un communiqué reçu à l’APS.
Les éléments de la Douane ont saisi 407 kg de chanvre indien et un lot de faux médicaments entre Niodior et
Sendou.
Selon le texte, la brigade fluviomaritime des douanes de Fimela a, d’abord, réalisé une saisie de dix colis de chanvre indien d’un poids total de 293 kg. 48 heures après, l’unité réalise une autre saisie portant sur 114 kg de chanvre indien.
Les saisies ont été effectuées sur des embarcations interceptées entre Niodior, Guéréo et Sendou.
Au cours de la même opération, poursuit le communiqué, » des agents ont arraisonné une pirogue transportant 82 cartons de faux médicaments emballés dans 25 colis. Lesdits médicaments sont composés essentiellement d’aphrodisiaques et d’antalgiques. La contrevaleur totale des produits saisis (chanvre indien et faux médicaments) est estimée à 67 millions de francs CFA. »
Dans le Delta du Saloum, les agents de la Brigade maritime de Toubacouta (Foundiougne) ont également, réussi à déjouer une tentative d’introduction de chanvre indien dans le territoire national de 570 kg pour une contrevaleur de 34 millions de francs CFA.
Au cours de l’opération qui a eu lieu à l’Île aux oiseaux (Parc national du Delta du Saloum), deux pirogues et deux moteurs ont été également saisis, indique la même source soulignant que quelques jours auparavant, la même unité avait arraisonné une pirogue contenant une importante quantité de flacons de paracétamol injectable.
La contrevaleur des médicaments saisis est estimée à plus de 6 millions de francs CFA.
La subdivision des douanes du littoral Sud, direction régionale des Unités maritimes, est composée des brigades maritimes de Mbour, Joal, Fimela, Foundiougne, Toubacouta et Cap Sikiring.
Entre janvier et novembre 2024, lesdites unités ont réalisé des saisies de produits prohibés d’une contrevaleur totale de 1, 335 milliards de francs CFA. Il s’agit, plus précisément, de 3,4 tonnes de chanvre indien, 4 tonnes de faux médicaments et 26 tonnes de cuisses de poulet.
La Douanes sénégalaise a entrepris de renforcer sa présence et sa position en mer en dotant ses unités maritimes de moyens navals conséquents et de moyens humains bien formés.
L’objectif visé est de mieux faire face à la criminalité transnationale organisée par le vecteur maritime.
La Direction générale des Douanes invite les populations à soutenir davantage les unités dans la
surveillance du territoire pour, ensemble, barrer la route au trafic illicite sous toutes ses formes.
PLUS DE 2 MILLIONS DE SENEGALAIS ET 55% DES MENAGES SOUS LE SEUIL DE LA PAUVRETE, D'ICI 2050
Le changement climatique constitue l’un des plus grands défis auxquels le Sénégal est confronté. Le pays, déjà vulnérable en raison de sa dépendance aux ressources naturelles et de sa situation géographique, se trouve à la à un moment charnière.
Plus de 2 millions de Sénégalais pourraient sombrer dans la pauvreté d'ici 2050, avec des conséquences catastrophiques sur la santé, l'éducation et la qualité de vie en général. Pis, 55% des ménages sénégalais pourraient basculer sous le seuil de pauvreté. C’est ce qui ressort du Rapport national 2024 sur Climat et Développement au Sénégal du Groupe de la Banque mondiale rendu public fin octobre dernier dont nous avons reçu une copie.
Le changement climatique constitue l’un des plus grands défis auxquels le Sénégal est confronté. Le pays, déjà vulnérable en raison de sa dépendance aux ressources naturelles et de sa situation géographique, se trouve à la à un moment charnière. Le Rapport national sur le Climat et le Développement (2024), publié par la Banque mondiale, dresse un tableau détaillé de l’impact du changement climatique sur l’économie, la société et l’environnement. Ce document propose également des stratégies et fait des recommandations pour renforcer la résilience du pays, tout en poursuivant ses objectifs de développement. Auparavant, il explore en profondeur les secteurs les plus touchés par le changement climatique, revient sur les prévisions économiques et les stratégies d’adaptation essentielles pour un développement durable.
Les enjeux clés du changement climatique et la vulnérabilité du Sénégal au changement climatique
Le Sénégal est particulière ment exposé aux effets du changement climatique, notamment en raison de sa large façade maritime et de son économie fondée sur l’agriculture et la pêche. L’élévation du niveau de la mer, l’érosion des côtes, la baisse des précipitations et l’augmentation de la température moyenne menacent non seulement les infrastructures du pays mais aussi ses moyens de subsistance. Le rapport souligne que l’érosion côtière est responsable de pertes économiques estimées à 3,3% du Produit intérieur brut (PIB), et les conséquences de cette érosion ont déjà un impact négatif sur les terres agricoles et les zones résidentielles en bord de mer.
Le secteur agricole, qui reste dominé par des pratiques agricoles pluviales peu productives, souffre particulièrement des sécheresses prolongées et des irrégularités climatiques. Or, l’agriculture représente environ 15% du PIB et constitue la principale source de revenus pour un large segment portion de la population, en particulier les populations rurales. Le stress hydrique, c’est-à-dire la pression accrue sur les ressources en eau, a des effets délétères sur l’agriculture et sur l’approvisionnement en eau potable, deux secteurs directement influencés par les changements climatiques.
Impacts sociaux : pauvreté, inegalités et vulnérabilités: «55% des ménages sénégalais sont a un choc économique près de basculer sous le seuil de pauvreté»
Le changement climatique aggrave les inégalités sociales existantes. Les populations les plus vulnérables, notamment les pauvres vivants en milieu rural et les communautés côtières, sont les plus durement affectées. Le rapport estime qu’avec l’inaction, «plus de 2 millions de Sénégalais pourraient sombrer dans la pauvreté d’ici 2050, avec des conséquences catastrophiques sur la santé, l’éducation et la qualité de vie en général». En effet, «55% des ménages sénégalais sont à un choc économique près de basculer sous le seuil de pauvreté» ; ce qui signifie que la résilience des ménages doit être au cœur des politiques de lutte contre le changement climatique.
Les inégalités géographiques sont également marquées. Les zones urbaines, bien que mieux protégées par rapport aux zones rurales, présentent leurs propres défis liés à l’urbanisation rapide et non planifiée. Dakar, par exemple, qui génère 25% des émissions nationales, est particulièrement vulnérable aux inondations et à l’érosion côtière.
«Les pertes économiques liées au changement climatique pourraient atteindre 3 % a 4 % du PIB sénegalais des 2030, et 9,4% d’ici 2050»
Concernant les prévisions économiques et impacts du changement climatique sur le PIB et la productivité, le rapport de la Banque mondiale prévoit que, sans actions d’adaptation, «les pertes économiques liées au changement climatique pourraient atteindre 3 % à 4 % du PIB sénégalais dès 2030, et 9,4 % d’ici 2050». Ces pertes seraient principalement causées par la réduction de la productivité dans des secteurs vitaux comme l’agriculture, la pêche et l’énergie, ainsi que par les destructions d’infrastructures dues aux phénomènes climatiques extrêmes (inondations, sécheresses, vagues de chaleur).
L’impact est particulièrement significatif sur l’agriculture, qui constitue non seulement un pilier économique majeur mais aussi une source de subsistance pour une large proportion de la population. Et pour cause, le rapport mentionne que les rendements agricoles pourraient diminuer de manière substantielle, en raison des changements dans les régimes pluviométriques et des températures élevées. Cela affecterait directement la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs.
Conséquences de l’urbanisation non planifiée : «la population exposée à des risques d’inondation pourrait augmenter de 20% à 30% dans la capitale d’ici 2050»
En parallèle, la croissance démographique dans les villes sénégalaises exacerbe les risques climatiques. Ainsi, la ville de Dakar, qui connaît une urbanisation rapide, est particulièrement vulnérable aux inondations, à la pollution et à l’élévation du niveau de la mer. Le rapport souligne que «la population exposée à des risques d’inondation pourrait augmenter de 20% à 30% dans la capitale d’ici 2050». Cette situation pourrait entraîner des coûts colossaux pour la réhabilitation des infrastructures et des maisons, ajoutant une pression supplémentaire sur les finances publiques.
Les effets du changement climatique sur la santé sont également préoccupants. «L’augmentation des températures et les phénomènes climatiques extrêmes (vagues de chaleur, sécheresses) pourraient aggraver les maladies liées au climat, telles que les maladies vectorielles (malaria, dengue), et déstabiliser davantage les systèmes de santé, déjà fragiles». Les populations rurales, souvent sans accès à des infrastructures de santé adéquates, seront les plus exposées à ces risques sanitaires.
Les stratégies d’adaptation, une voie incontournable, en plus de la promotion de l’agriculture climato-intelligente
Le secteur agricole est au cœur des priorités d’adaptation. Le rapport propose plusieurs mesures pour rendre l’agriculture plus résiliente aux changements climatiques, notamment l’adoption de variétés de cultures résistantes au climat, la promotion de l’agro-écologie et l’amélioration des techniques de gestion de l’eau telles que l’irrigation. Ces actions permettraient de maintenir la productivité agricole tout en limitant les impacts des sécheresses et des irrégularités des précipitations
Le rapport insiste également sur le rôle central de la gestion durable des ressources en eau, notamment à travers des pratiques d’économie d’eau et des projets d’irrigation à plus grande échelle. La mise en place de solutions fondées sur la nature, telles que le reboisement des zones de mangroves, serait également bénéfique pour protéger les écosystèmes côtiers tout en réduisant la salinisation des terres agricoles.
Renforcement de la résilience urbaine : « investir dans des solutions résilientes pour les villes »
Dans les zones urbaines, l’adaptation au changement climatique passe par l’amélioration des infrastructures et une meilleure gestion des risques. Le rapport recommande «d’investir dans des solutions résilientes pour les villes, telles que des systèmes de drainage améliorés, des infrastructures de protection contre les inondations, et des politiques de gestion durable des déchets. L’adoption de pratiques de construction respectueuses du climat et une meilleure planification urbaine aideraient les villes sénégalaises à se préparer à l’expansion rapide de leur population et aux risques climatiques.»
Cependant, prévient l’étude, l’urbanisation rapide, si elle est mal gérée, pourrait exacerber les inégalités climatiques, avec des zones sensibles aux risques environnementaux (inondations, pollution) où les populations pauvres vivent souvent dans des conditions précaires. Dès lors, une planification urbaine inclusive et durable est donc essentielle pour assurer la résilience des villes sénégalaises. Relevant le potentiel considérable en matière d’énergies renouvelables, notamment l’énergie solaire et éolienne, que possède le Sénégal, le rapport recommande d’«investir massivement dans ces secteurs afin de réduire la dépendance aux énergies fossiles et de favoriser une transition énergétique vers un modèle bas-carbone». Cela permettrait non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de réduire les coûts de production d’électricité, qui sont actuellement parmi les plus élevés en Afrique de l’Ouest
L’utilisation du gaz naturel comme solution de transition est également proposée, bien que le Sénégal se doive de veiller à ne pas se laisser «enfermer» dans des investissements à long terme dans des infrastructures à forte intensité de carbone. Le pays pourrait ainsi «tirer parti de ses ressources en gaz pour réduire progressivement sa dépendance aux combustibles fossiles, tout en continuant à développer des énergies renouvelables».
Mobilisation des financements et gouvernance : les besoins financiers évalués «à 8,2 milliards de dollars sur la période 2025- 2030 et a 10,6 milliards de dollars sur la période 2031- 2050»
Le financement de l’action climatique reste un défi majeur. Le rapport évalue les besoins financiers «à 8,2 milliards de dollars sur la période 2025- 2030 et à 10,6 milliards de dollars sur la période 2031-2050. Ces financements sont indispensables pour mettre en œuvre les stratégies d’adaptation et de transition énergétique. Il est crucial que ces ressources soient obtenues non seulement grâce à un soutien national mais aussi par la mobilisation de financements internationaux».
Le Sénégal doit également, selon l’étude, renforcer la gouvernance en matière de gestion des ressources naturelles, de planification urbaine et de transition énergétique. La coordination entre les secteurs public et privé, ainsi qu’avec les partenaires internationaux, est essentielle pour garantir que les actions climatiques soient mises en œuvre de manière efficace et qu’elles répondent aux besoins des populations les plus vulnérables.
Le changement climatique, à la fois un «défi majeur» et une opportunité «unique» pour le Sénégal de «redéfinir» son «modèle de développement»
Le rapport de la Banque mondiale révèle que le changement climatique représente un «défi majeur pour le Sénégal, mais qu’il offre également une occasion unique de redéfinir le modèle de développement du pays». En adoptant une approche inclusive, résiliente et durable, et en mettant en œuvre les stratégies proposées dans le rapport, «le Sénégal peut se positionner comme un leader dans la lutte contre le changement climatique en Afrique de l’Ouest». «La transition énergétique, l’agriculture climato-intelligente, la gestion des ressources en eau et le renforcement de la résilience urbaine sont des priorités incontournables pour un avenir prospère et durable». Toutefois, la réussite de ces transformations «dépendra de la mobilisation des ressources nécessaires et de la volonté politique de mettre en œuvre des politiques ambitieuses et cohérentes à l’échelle nationale et internationale».
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CHEIKH TIDIANE DIEYE COMPTE RACCORDER LES VILLAGES AUX ALENTOURS DU LAC DE GUIERS
En visite dans le département de Dagana, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Diéye, souhaite mettre fin au paradoxe de l’accès à l’eau potable dans les villages autour du lac de Guiers.
En visite dans le département de Dagana, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Diéye, souhaite mettre fin au paradoxe de l’accès à l’eau potable dans les villages autour du lac de Guiers.
Cette étendue d’eau constitue la principale source d’alimentation en eau douce de la capitale sénégalaise. Il a assuré que, dans le cadre du programme de l’« autoroute de l’eau », plusieurs villages auront accès à l’eau potable, notamment ceux d’où est puisée cette ressource précieuse pour alimenter d’autres villes du Sénégal. Cela, selon lui, cela représente une manière de corriger cette iniquité sociale qui a longtemps existé dans cette partie du Walo. Il s’exprimait à l’occasion d’une visite ce dimanche à Tahouey, un point de jonction entre le fleuve Sénégal et le canal qui alimente le lac de Guiers. Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, s’explique au micro de notre correspondant Ibrahima MBAYE.
CE SAMEDI 7 DECEMBRE, 44 UNIONS ONT ETE CELEBREES
Durant la traditionnelle cérémonie de Ziar au Khalife général des layennes, 44 mariages ont été célébrés ce samedi 7 décembre dans différentes localités de la communauté layenne, renseigne Layenne Digital.
Durant la traditionnelle cérémonie de Ziar au Khalife général des layennes, 44 mariages ont été célébrés ce samedi 7 décembre dans différentes localités de la communauté layenne, renseigne Layenne Digital.
Une tradition de mariages collectifs qui se tient chaque année depuis 40 ans. C’était en 1984 que l’ancien Khalife des layennes Baye Seydi Thiaw avait célébré 265 mariages lors de sa tournée d’informations dans les localités. Après cela, 235 mariages ont suivi son passage, soit un total de 500 célébrations la même année.
Depuis cette date, plus de 1000 couples ont pu être unis devant Dieu et les hommes. Il ne s’agit pas de mariages arrangés mais bien des couples qui ont bien voulu officialiser leur union.
THE ECONOMIST VOIT UN AVENIR DURABLE POUR LES PUTSCHISTES AFRICAINS
Le magazine britannique est formel : pour les aspirants putschistes africains, le message est clair. Non seulement il est possible de s'emparer du pouvoir par la force, mais on peut désormais le conserver sans craindre de véritables représailles
(SenePlus) - L'année 2025 pourrait marquer la consolidation du pouvoir des militaires en Afrique, selon une analyse publiée par The Economist dans son dossier "The World Ahead 2025" (2025, le monde à venir). Le magazine britannique dresse un constat : les juntes militaires qui se sont emparées du pouvoir depuis 2020 sont là pour durer, et ce malgré leurs promesses initiales de transition démocratique.
Ce qui frappe dans l'analyse de The Economist, c'est la facilité avec laquelle les coups d'État se sont succédé, dessinant une "ceinture" ininterrompue de l'Atlantique à la mer Rouge. Du Mali à la Guinée, en passant par le Soudan, le Burkina Faso, le Niger, le Gabon et le Tchad, les militaires ont pris le pouvoir sans rencontrer de résistance internationale durable. Même la pandémie de Covid-19 a servi leurs intérêts, offrant à certains gouvernements, comme celui de l'Éthiopie, un prétexte parfait pour manipuler le processus électoral.
L'hebdomadaire britannique met en lumière la stratégie désormais éprouvée des juntes militaires : promettre une transition démocratique pour mieux se maintenir au pouvoir. En Guinée, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, qui devait initialement quitter le pouvoir en 2024, n'a même pas encore organisé le référendum constitutionnel qui pourrait, ironiquement, lui permettre de se présenter aux élections. Au Gabon, Brice Clotaire Oligui Nguema suit le même schéma, repoussant sans cesse l'échéance démocratique prévue pour août 2025.
Une communauté internationale résignée
The Economist souligne un fait crucial : l'Occident et les organisations régionales ont baissé les bras. La CEDEAO, qui menaçait d'intervenir militairement au Niger, a finalement levé ses sanctions économiques en 2024. Les intérêts économiques et stratégiques priment : la Guinée possède d'immenses réserves de fer et de bauxite, tandis que le Gabon héberge une base militaire française. La France et les États-Unis ont même dû retirer leurs troupes du Niger, affaiblissant leur influence dans la région.
L'Alliance des États du Sahel (AES), qui réunit le Niger, le Mali et le Burkina Faso depuis juillet 2024, illustre parfaitement cette nouvelle donne. Selon le magazine britannique, cette confédération, née d'un pacte de défense, s'affirme comme un bloc anti-occidental où la démocratie n'est plus une priorité. Ni le Mali ni le Burkina Faso n'ont tenu les élections promises en 2024, traçant la voie que suivra probablement le Niger.
La conclusion du magazine britannique est sans lapidaire : pour les aspirants putschistes africains, le message est clair. Non seulement il est possible de s'emparer du pouvoir par la force, mais on peut désormais le conserver sans craindre de véritables représailles internationales. Une réalité qui laisse présager la poursuite de cette tendance autoritaire sur le continent africain.
ASSAD FUIT À MOSCOU
Le dirigeant syrien, lâché par ses alliés traditionnels, s'est réfugié en Russie avec sa famille, laissant derrière lui un pays en pleine effervescence. La Syrie s'éveille à une nouvelle ère
(SenePlus) - Dans un développement historique marquant la fin d'un demi-siècle de pouvoir familial en Syrie, le président Bachar el-Assad a fui vers Moscou ce dimanche, selon les agences de presse russes Tass et RIA, citant une source anonyme du Kremlin. Cette fuite survient après une avancée fulgurante des rebelles qui ont pris le contrôle de Damas, la capitale syrienne.
Comme relevé par Associated Press, les événements se sont précipités dimanche matin, lorsque les médias d'État syriens ont diffusé un communiqué rebelle annonçant le renversement d'Assad et la libération de tous les prisonniers. "La Syrie est pour tous, sans exception. La Syrie est pour les Druzes, les Sunnites, les Alaouites et toutes les confessions", a déclaré le commandant rebelle Anas Salkhadi sur la télévision d'État, cherchant à rassurer les minorités du pays.
La prise de pouvoir a déclenché des scènes de liesse dans les rues de Damas. Selon AP, "des foules joyeuses se sont rassemblées sur les places, agitant le drapeau révolutionnaire syrien dans des scènes rappelant les premiers jours du soulèvement du Printemps arabe". Le palais présidentiel a été investi par la population, certains emportant des objets domestiques tandis que d'autres parcouraient simplement les lieux.
Abu Mohammed al-Golani, ancien commandant d'Al-Qaïda qui a rompu avec le groupe il y a plusieurs années, dirige désormais la principale faction rebelle. Lors de sa première apparition publique à la mosquée des Omeyyades, utilisant son nom de naissance Ahmad al-Sharaa, il a qualifié la chute d'Assad de "victoire pour la nation islamique" et accusé l'ancien président d'avoir fait de la Syrie "une ferme pour l'avidité de l'Iran".
L'un des moments les plus symboliques a été la libération de la tristement célèbre prison de Saidnaya, où selon les groupes de défense des droits humains, des milliers de personnes ont été torturées et tuées. Un parent de détenu, Bassam Masr, a exprimé son émotion : "Ce bonheur ne sera pas complet tant que je ne pourrai pas voir mon fils sortir de prison et savoir où il se trouve. Je le cherche depuis deux heures. Il est détenu depuis 13 ans."
La communauté internationale s'organise face à cette transition soudaine. Le Qatar a accueilli une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères de huit pays, dont l'Iran, l'Arabie saoudite, la Russie et la Turquie. Selon Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères rapporté par AP, les participants ont convenu de "la nécessité d'impliquer toutes les parties sur le terrain" pour assurer une "stabilité et une transition sûre".
Les défis restent immenses pour le nouveau pouvoir. Comme le souligne Dareen Khalifa, conseillère principale au sein de l'International Crisis Group : "Golani a fait l'histoire et suscité l'espoir chez des millions de Syriens. Mais lui et les rebelles font maintenant face à un défi redoutable."
L'envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir Pedersen, a appelé à des pourparlers urgents à Genève pour garantir une "transition politique ordonnée" dans ce pays déchiré par près de 14 années de guerre civile.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
LES BONS RESSENTIMENTS D’ELGAS OU LES VAGUES ÉMANCIPATRICES DE LA DÉCOLONISATION
EXCLUSIF SENEPLUS - L'auteur produit ici un ouvrage très intéressant sur la charge éreintante de la déconstruction mentale post-coloniale qui occupe encore la vie intellectuelle africaine. Un penseur et un écrivain talentueux, humaniste et universel
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Dans l’arrière-pays mental d’Elgas, on peut reconnaître toutes les traces d’un penseur et d’un écrivain talentueux, humaniste et universel.
L’essai littéraire est un terrain fertile pour explorer des idées complexes et qui nécessitent souvent plusieurs tentatives. L’essai, à l’appui d'arguments précis, repose sur la réflexion et l’analyse de faits convoqués pour la circonstance. C’est le genre par excellence qui remet en cause la pensée et oblige le lecteur à reconsidérer son arsenal subjectif. L’essai est un court traité d’idées qui se focalise sur un sujet éclairé à travers un prisme choisi. Cet espace très important de l’expression critique est un élément fondamental de la pensée et de ses contradictions.
Dans son ouvrage, Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial, El Hadj Souleymane Gassama, alias Elgas, passe en revue, à travers la littérature, la pensée intellectuelle et les sciences humaines de ces dernières décennies, les causes de l’inconfort africain, pour celui qui, par ses connaissances, son talent, son sens artistique, tente de déjouer tous les pièges de l'œuvre post-coloniale. L’auteur, par des chapitres progressifs, passe au crible tous les méfaits intellectuels et humains qu’a engendrés la colonisation.
Ainsi, il évoque plusieurs thématiques qui s’inscrivent dans cette démarche réflexionnelle. Sans tabou, il décrit les ravages de l’aliénation définie par Cheikh Anta Diop ou Franz Fanon entre autres, et comment une nouvelle ère s’est ouverte pour combattre toute allégeance au centrisme européen. Il dresse le portrait de ceux qu’on a accusés d’être des traîtres à l’identité africaine, des accusations parfois maladroites, car elles peuvent être perçues comme stériles.
De même, Elgas convoque le principe des nouveaux rebelles, défendant le panafricanisme et la renaissance, comme armure contre l’aliénation. Mais cette posture contient des nuances qu’il convient toujours de questionner. Car selon lui, il y aurait d’un côté les Africains du continent et les Africains de la diaspora, déjà façonnés par la culture de l’ailleurs ou plutôt de l’exil et qui n’auraient pas les mêmes perceptions de la tension permanente qui existe entre être africain et se penser en tant que tel et être africain déraciné au contact d’un espace qui fait tout pour enfermer. Car il faut le dire, l’accueil social réservé aux nouveaux immigrés est toujours stigmatisant. Il en va de même pour la jeunesse née en Europe, issue d’Afrique, qui est encore et toujours reléguée au second plan de l’organisation occidentale. Pour résister à l’aliénation identitaire, la littérature a souvent proposé deux visions : l’afro-pessimisme versus l’afro-optimisme. Mais cela ne semble pas suffire, nous dit Elgas. Car il y a notamment la question des langues nationales qui ne sont pas devenues les langues d’écriture. Dans la production scientifique ou littéraire, celles-ci combinent parfois à la langue française une forme de « tropicalisme » qui peut encore s’apparenter à une forme de soumission culturelle.
Ainsi, Elgas fait ici un portrait objectif de la situation de l’ère post-coloniale en Afrique et à travers sa diaspora qui n’en a pas encore terminé avec la justification identitaire. Alors quelle proposition fait Elgas pour remédier à ce trouble encore à l'œuvre ? Une bonne nouvelle, c’est de poursuivre la résistance en tout temps et en tout lieu car il existe toujours une faille dans laquelle toute entreprise de colonisation ne prend pas forme. Le simple refus à toute compromission est absout de toute aliénation et de toute corruption de l’esprit. Accepter le terme de “décolonisation” induit la réussite de l’empire colonial, défend Elgas. Force est d’admettre que nous avons conservé une grande partie de notre civilisation et de notre profondeur culturelle. L’avenir et la modernité sont également des affaires africaines, sans être assujetties à un ordre décolonisé. Il ne s’agit plus pour le continent africain d’entrer ou de sortir de l’espace colonial mais bien d’exister par lui-même et pour lui-même. Le risque étant de perdre trop de temps à discourir sur le désordre post-colonial alors que les Africains sont en mesure de créer un espace qui leur ressemble. Et l’urgence demeure de refuser la pensée unique pour conquérir une forme de liberté qui ne connaîtra aucune contestation.
Elgas produit ici un ouvrage très intéressant sur la charge éreintante de la déconstruction mentale post-coloniale qui occupe encore la vie intellectuelle africaine. Les contradictions permanentes, les rancœurs, la maltraitance de soi-même, les haines diverses sont les seuls profits à chercher les causes d’un immobilisme lié à l’histoire coloniale. La frise historique du continent africain est très grande, profondément multiple et plurielle. Le continent africain n’a pas pour seul horizon l’occupation européenne et ses méfaits. Elle a existé et a modifié la trajectoire africaine mais sans la déshabiller de ses fondements originels qui sont toujours actifs dans le monde contemporain. La démarche de la renaissance africaine est nécessaire pour recouvrer une pleine confiance mais le continent n’a pas besoin de sortir de la nuit, comme certains le prétendent, il n’a pas à ressusciter, les lumières sont suffisamment nombreuses. Il s’agit plus certainement d’éduquer à la justice cognitive, de porter les flambeaux d’une civilisation qui doit se saisir d’elle-même, de ses atouts pour contribuer, comme toute culture influente, à la modernisation et à l’avenir de l’Humanité.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial, Elgas, éditions Riveneuve, Paris, 2023
Avant de confier leur vie à l'océan Atlantique, de nombreux jeunes Sénégalais confient d'abord leur destin aux marabouts. Ces guérisseurs traditionnels, qui mélangent islam et animisme, promettent une protection divine pour la traversée
(SenePlus) - Le quotidien La Croix révèle dans une récente enquête le rôle méconnu des marabouts dans l'émigration clandestine au Sénégal, où ils proposent des protections mystiques aux candidats au départ vers l'Europe, malgré les risques judiciaires encourus.
Dans le vieux quartier de Mbour, à une centaine de kilomètres de Dakar, un marabout reçoit régulièrement des jeunes rêvant de rejoindre l'Europe. Ce port de pêche est devenu l'un des principaux points de départ des pirogues clandestines vers les îles Canaries, situées à 1 500 kilomètres des côtes sénégalaises.
La pratique, bien qu'interdite par la loi sénégalaise de 2005 contre le trafic de migrants, reste très répandue. Selon La Croix, ces marabouts encourent de cinq à dix ans d'emprisonnement pour leur participation à ces traversées périlleuses. Pourtant, dans un pays où l'islam côtoie les croyances animistes, leur influence demeure considérable.
Le journal décrit les rituels complexes proposés par ces guérisseurs traditionnels. L'un d'eux, qui souhaite rester anonyme, explique : "On ne dort plus dès que le bateau prend la mer, il faut l'accompagner spirituellement avec des prières et des incantations tout du long, c'est très fatigant." Il prépare des "ngaw" (ceintures protectrices) et des bains purificateurs mélangeant traditions ancestrales et versets coraniques.
Ces services ont un prix. Si certains marabouts se contentent d'offrandes symboliques, d'autres monnaient leur "protection" jusqu'à 1 500 euros, dans un pays où la traversée elle-même coûte entre 400 et 600 euros. Cette situation a engendré un marché parallèle d'escrocs, comme en témoigne Gora Diop, un commerçant de 45 ans : "Beaucoup se font avoir, je connais un passeur qui s'était associé à six marabouts et avait fait payer 400 000 francs CFA par passager. C'était une arnaque, ils n'avaient même pas de bateau !"
Le sociologue Doudou Gueye, spécialiste des migrations à l'université de Ziguinchor, replace ce phénomène dans son contexte culturel : "Le parcours maraboutique rassure certains candidats qui baignent dans un univers de croyances. Si en Occident on consulte des voyants, au Sénégal ces pratiques accompagnent les grandes étapes et les épreuves de la vie."
Les conséquences tragiques de ces départs se manifestent régulièrement. L'imam Ibrahima Diouf de la mosquée de Thiocé témoigne de son impuissance : "On ne cesse d'en parler, de dénoncer mais ça ne dissuade pas les jeunes. Le problème ne vient pas seulement de ces 'marabouts' mais aussi de la société qui leur fait croire que la seule façon de réussir leur vie, c'est d'aller en Europe."
Le 8 septembre dernier, un drame est venu illustrer les limites de ces protections mystiques : plusieurs jeunes du quartier ont péri dans le naufrage d'une pirogue au large de Mbour. La Croix rapporte que des gris-gris ont été retrouvés sur les corps échoués sur la plage, témoignage silencieux de croyances qui, face à la mer, ne suffisent pas toujours à protéger ceux qui tentent la traversée.
LE NOUVEAU COMBAT D'AÏSSATA TALL SALL
À la tête du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal, la dame de Podor incarne désormais la résistance institutionnelle face au pouvoir de Diomaye. Avec seulement 16 députés sur 165, son groupe doit faire preuve d'habileté pour exister
(SenePlus) - Aïssata Tall Sall s'est imposée comme la nouvelle figure de proue de l'opposition, présidant désormais le groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal qui compte 16 députés sur les 165 sièges de l'Assemblée nationale.
Pour sa première apparition dans ce rôle, elle a immédiatement marqué les esprits. Comme le rapporte Le Monde, le 2 décembre, lors de la session inaugurale de la nouvelle Assemblée, cette juriste de 66 ans a transformé une séance routinière en bras de fer avec la majorité, refusant de se plier aux exigences du président de l'Assemblée concernant la nomination d'une femme au poste de huitième vice-président. "Une opposition ferme mais constructive", promet-elle, citée par le quotidien français.
Son parcours illustre une ascension politique remarquable. Ancienne protégée de l'ex-président Abdou Diouf, elle est décrite par Abdoulaye Wilane, cadre socialiste, comme "une femme politique douée, ambitieuse, coriace". Première femme ministre des Affaires étrangères du Sénégal, elle a également occupé le poste de garde des Sceaux, tout en maintenant une carrière d'avocate respectée.
Mais ses détracteurs soulignent ses changements d'alliance opportuns, notamment son ralliement à Macky Sall en 2019, qui lui a valu deux postes ministériels prestigieux.
La polémique a atteint son paroxysme début 2024 lorsque, garde des Sceaux, elle a défendu la controversée loi d'amnistie. Cette position lui a valu de vives critiques, beaucoup l'accusant de trahir ses valeurs d'avocate et de militante. "J'assume", répond-elle aux critiques, arguant que "une loi d'amnistie, c'est toujours clivant. Il s'agissait de ramener la paix sociale dans le pays."
"C'est aussi à travers l'exercice de la profession d'avocate qu'elle s'est fait connaître", souligne El Hadj Amadou Sall, ténor du barreau et ancien camarade de faculté, cité par Le Monde. Son engagement pour la défense de responsables politiques sous le régime d'Abdoulaye Wade a contribué à asseoir son prestige.
Originaire du Fouta, elle met en avant son parcours de femme ayant dû se battre contre le conservatisme de son milieu familial pour mener ses études de droit. Maire de Podor de 2009 à 2022, elle conserve une forte popularité, particulièrement auprès des femmes. "Elle a été une source d'inspiration pour de nombreuses jeunes Sénégalaises", affirme Abdoulaye Wilane dans les colonnes du Monde.
Son choix comme cheffe de l'opposition résulte d'un calcul stratégique, comme l'explique un cadre de l'Alliance pour la République : "La mettre en avant ne permet pas d'initier de renouvellement générationnel. Mais au vu de notre situation compliquée, c'était le choix évident pour que l'opposition soit audible."
Quant à ses ambitions présidentielles pour 2029, elle reste évasive mais ne ferme aucune porte. "J'ai appris à mener un combat après l'autre", confie-t-elle au quotidien français, laissant entrevoir la possibilité d'une nouvelle étape dans une carrière politique déjà riche en rebondissements.