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8 avril 2025
Société
PLAIDOYER POUR L'ÉMANCIPATION DES FEMMES
À travers une tribune engagée, Fatoumata Bernadette Sonko met en lumière les avancées obtenues grâce aux luttes féminines et alerte sur les résistances patriarcales qui continuent d’entraver l’égalité.
Dakar, 18 mars (APS) – L’universitaire sénégalaise Fatoumata Bernadette Sonko souligne, dans une tribune, la nécessité de travailler collectivement à ‘’l’épanouissement et à l’émancipation de toutes les femmes’’, ‘’héroïnes ordinaires’’ du quotidien, dans un contexte marqué par une fragilisation de leurs droits acquis.
‘’Les héritages des héroïnes ordinaires que sont les femmes, avec ou sans théorie féministe, sont à défendre et à préserver à l’image de l’intégrité territoriale’’, écrit Mme Sonko, enseignante au Centre d’études des sciences et techniques de l’information de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
‘’Grâce à elles, l’éducation des filles a progressé, la santé des femmes s’est améliorée, leur sécurité prise en compte avec la criminalisation du viol, les inégalités dans le couple en matière de prise en charge médicale, de fiscalité et de transmission de la nationalité abolies, sans oublier la parité devenue une réalité en politique’’, note-t-elle.
S’il peut être compréhensible que ‘’certaines [femmes] défendent plus leurs devoirs que leurs droits et que d’autres ne soient pas forcément féministes’’, relève Fatoumata Bernadette Sonko, ‘’cela ne doit nullement servir de pantalonnade à une ‘haine de l’égalité’, pour paraphraser Jacques Rancière’’.
Mme Sonko juge ‘’désespérant de constater à quel point des fossoyeurs œuvrent pour fragiliser davantage des droits acquis’’. ‘’Leur propension à les remettre en cause demeure trop forte en cette période d’incertitude marquée pour les femmes’’, dénonce-t-elle en faisant le constat que le régime patriarcal ‘’sait ‘réarmer’ ses ‘enrôlées’, partisanes d’une émancipation sous tutelle.’’
Un ‘’conservatisme sociétal caillouteux’’
Mais rien de tout cela ne doit faire ‘’sombrer dans le découragement, le mot de ralliement est ‘résistance’. Parce que les encagoulées seront débusquées pour rendre caduque la gangrène antiféministe et éradiquer le continuum de la violence sous toutes ses formes envers les Sénégalaises par l’érection d’un mur des fossoyeurs !’’, écrit l’universitaire.
Elle considère que le rejet d’une ‘’perspective féministe dans les questions liées au genre (féminin et masculin) exclut les femmes, menace leurs acquis sous prétexte d’incompatibilité avec les valeurs sociétales et les empêche de faire valoir leurs droits’’.
De même, ajoute-t-elle, la construction d’une ‘’peur viscérale du féminisme dans l’espace public n’est qu’un rapport de force qui s’appuie […] sur l’appropriation au masculin des sources du savoir par la fabrique d’‘ennemies existentielles’, celle de femmes remettant en cause le roman national inculqué à chaque génération, c’est-à-dire le récit dominant de leur incapacité, voire de leur infériorité’’.
Les Sénégalaises étant ‘’habituellement soumises à un cycle d’attention ponctuel (élections, drames) et de désintérêt général, le reste du temps’’, Fatoumata Bernadette Sonko insiste sur la nécessité de ‘’travailler conjointement à l’épanouissement et à l’émancipation de toutes les femmes’’.
‘’Celles qui ont défriché un étroit sentier parsemé de conservatisme sociétal caillouteux et rendu possible le rêve de tant filles comme moi’’, comme celles qui ‘’se battent pour une égalité de fait en droit et en responsabilité entre femmes et hommes dans notre société’’, ainsi que celles et ceux qui ‘’restent mobilisé.e.s contre les violences de genre’’, poursuit Mme Sonko.
Des ‘’représentations médiatiques biaisées et sclérosées’’
Elle évoque aussi celles qui ‘’s’érigent en bouclier contre le masculinisme politique et la déferlante haineuse sur les réseaux sociaux’’, celles qui ‘’déconstruisent le discours performatif enfermant les femmes dans l’infantilisation, la vulnérabilité et la fragilité permanentes’’, et enfin celles qui ‘’décryptent les représentations médiatiques biaisées et sclérosées, qui crayonnent les femmes en éternelles victimes ou les rendent invisibles’’.
‘’Être une fille ne va pas de soi et devenir une femme n’est pas si simple non plus, dans une société basée sur la ‘valence différentielle des sexes’, selon les termes de Françoise Héritier, autrement dit la valorisation du masculin sur le féminin’’, soutient l’universitaire sénégalaise.
‘’Éduquées à s’épanouir dans le silence, les filles sont assignées à un destin, au moment où les garçons sont préparés à s’approprier l’espace public, à parler pour exister, voire à brasser de l’air pour se donner de l’importance’’, observe-t-elle.
Fatoumata Bernadette Sonko ajoute, pour conclure son argumentaire, que ‘’les filles, et plus tard les femmes, biberonnées à la résignation tranquille et à la tétanie, savent que les serrures de leurs portes sont d’une fragilité extrême en raison des maltraitances institutionnelle, sociale, économique et médiatique’’.
LE PROGRAMME UN TALIBÉ, UN MÉTIER POUR L’INSERTION DES PENSIONNAIRES DES DAARAS LANCÉ
La commune de Tivaouane annonce le lancement officiel, le 25 mars prochain, de son programme “Un talibé, un métier”, une initiative visant à préparer les élèves des écoles coraniques à intégrer le monde professionnel après leur apprentissage religieux.
La commune de Tivaouane annonce le lancement officiel, le 25 mars prochain, de son programme “Un talibé, un métier”, une initiative visant à préparer les élèves des écoles coraniques à intégrer le monde professionnel après leur apprentissage religieux.
L’annonce a été faite lors d’un point de presse, en présence de responsables municipaux, d’imams, de chefs de quartier, de maîtres coraniques et d’acteurs de la société civile. Cheikh Tidiane Diouf, premier adjoint au maire, a souligné que cette initiative s’inscrit dans une volonté municipale de donner aux talibés des opportunités concrètes d’insertion socio-économique.
Après la délibération du conseil municipal le 2 février dernier, le maire de Tivaouane a engagé un partenariat avec le Fonds pour le financement de la formation professionnelle et technique (3FPT) afin d’accompagner cette initiative.
Selon Serigne Mor Sy, membre du comité d’organisation, ce projet s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de Seydi Hadj Malick Sy, qui avait fondé un Zawiya, une maison de socialisation et un daara.
Pour Abdou Aziz Diop, acteur de la société civile, cette initiative peut être un point de départ pour une refonte des valeurs et repères au Sénégal, en mettant en avant la formation et l’éducation des jeunes talibés.
À titre de premier soutien, la mairie de Tivaouane a débloqué 50 millions de francs CFA, dont 20 millions destinés à l’achat d’exemplaires du Coran, de nattes et de seaux d’eau pour les talibés.
L’initiative “Un talibé, un métier” ambitionne d’être un modèle inspirant pour d’autres localités, afin de promouvoir l’insertion professionnelle des talibés et renforcer leur rôle dans la société sénégalaise.
GROSSES TURBULENCES DANS LE CIEL
Le secteur aérien entre en zone de turbulence. L’Intersyndicale des travailleurs de l’Asecna du Sénégal va observer un mouvement de grève de 24 heures renouvelables à compter du 12 avril 2025 à partir de 8 heures.
Le secteur aérien entre en zone de turbulence. L’Intersyndicale des travailleurs de l’Asecna du Sénégal va observer un mouvement de grève de 24 heures renouvelables à compter du 12 avril 2025 à partir de 8 heures.
L’Intersyndicale des travailleurs de l’Asecna du Sénégal va observer un mouvement de grève de 24 heures renouvelables à compter du 12 avril 2025 à partir de 8 heures. Les travailleurs réclament le paiement intégral des arriérés de l’Indemnité de sécurité aérienne (Isa), «une solution garantissant le paiement mensuel de ladite indemnité, la réintégration dans le paiement de l’Isa de l’augmentation liée à cette prime, la résorption du sous-effectif dans la plupart des corps de métier à la représentation de l’Asecna au Sénégal».
Dans un communiqué, l’intersyndicale fait savoir qu’au «moment où toutes les autres structures du secteur des transports aériens perçoivent régulièrement et mensuellement leurs Isa, les travailleurs de l’Asecna courent après six (6) mois d’arriérés». Cette situation, renseigne-t-elle, «perdure malgré les interpellations diverses et répétées des syndicats auprès des autorités compétentes, notamment le ministre en charge du Transport aérien et le Directeur général de l’Aibd Sa».
Dans leur document, les travailleurs informent que «malgré les frustrations légitimes nées de ce traitement injuste et discriminatoire» à leur égard, ils ont «toujours privilégié l’option du dialogue avec l’autorité de tutelle, persuadés que le sens de la justice et de l’équité allait prévaloir». Cependant, regrettent-ils, «force est de constater que cette patience des travailleurs n’a pas été entretenue par des signaux positifs perceptibles». L’intersyndicale, qui dit avoir constaté «un empirement de la situation», s’interroge «légitimement sur la volonté des autorités à apaiser le climat social dans un secteur aussi sensible et à corriger une injustice».
C’est donc «face à ce mépris et cette incertitude» que «les travailleurs, réunis en Assemblée générale extraordinaire autour de l’ensemble des syndicats de l’agence le 4 septembre 2024 à l’aéroport de Diass, ont demandé unanimement d’entamer une lutte syndicale active et notamment de déposer un préavis de grève». L’intersyndicale fait ainsi savoir que «toutes les voies de conciliations préalables étant épuisées, les secrétaires généraux des syndicats, réunis autour de l’Intersyndicale de l’Asecna, ont déposé, le 12 mars 2025, un préavis de grève auprès des autorités concernées». «Tout en espérant une satisfaction avant le terme du préavis», l’intersyndicale a réaffirmé «sa disponibilité à poursuivre les négociations».
LA GCO VOUEE AUX GEMONIES
Qui protège Eramet Gco ? C’est la question que se pose un collectif d’habitants des Niayes qui a initié une pétition. Ils reprochent à la société d’exploitation minière de fouler au pied les lois et les principes de la bonne gouvernance
Les habitants des Niayes sont très remontés contre la société d’exploitation minière, Grande Côte opérations (GCo). ils accusent la société de ravager l’écologie du désert de Lompoul et d’abus contre eux. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République et son Premier ministre, ils crient leur désarroi en invitant les autorités à appliquer le «Jub Jubal Jubanti» dans toute sa rigueur.
Qui protège Eramet Gco ? C’est la question que se pose un collectif d’habitants des Niayes qui a initié une pétition. Ils reprochent à la société d’exploitation minière de fouler au pied les lois et les principes de la bonne gouvernance. «Dans le désert de Lompoul, un scandale d’une ampleur dramatique se déroule sous nos yeux : d’un côté, une exploitation minière incontrôlée et destructrice menée par Grande Côte Opérations (GCO), filiale du groupe français Eramet, qui ravage notre environnement et met en péril l’avenir de milliers de Sénégalais ; de l’autre, des intimidations de toutes sortes contre l’Ecologie du désert de Lompoul et Cheikh Yves Jacquemain ; ou encore, des tentatives d’intimidations judiciaires inacceptables contre Julien Potron, lanceur d’alerte et entrepreneur solaire à impact et Gora Gaye, maire de commune Diokoul Diawrigne, dont les seuls torts sont d’avoir dénoncé ces abus», dénoncent les signataires de la lettre adressée au chef de l’Etat. Ils soulignent que GCO s’enrichit outrageusement, les habitants des Niayes, eux, subissent encore la misère. «Comment expliquer qu’en une décennie, d’après le quotidien Libération du 17 janvier 2025, GCO ait généré plus de 1 106 milliards de FCFA de Chiffre d’Affaires tout en ne reversant que 51 milliards de redevances minières à l’État sénégalais, soit à peine 4,64% des richesses extraites de notre sol ? Comment accepter que cette même entreprise n'ait jamais reversé la quote-part de 10% de dividendes qui revient de droit à l’Etat, contrairement à toutes les entreprises sénégalaises soumises à cette obligation ?» regrettent les signataires de la lettre.
A les en croire, cette entreprise qui affirme ne pas frauder au niveau du versement de ses impôts et de ses redevances minières a déjà subi des redressements fiscaux et douaniers d’un total de 18,4 milliards de FCFA depuis le début de ses activités (source rapport ITIE). «Comment accepter, d’après toujours les rapports de l’ITIE, que cette entreprise n’ait déposé que 274 millions de garantie de réhabilitation à la CDC, alors que des milliers d’hectares sont concernés par cette exploitation qui avale sur 15m terres, flore, faune, écosystèmes et nappe phréatique de surface ?», s’interrogent-ils.
DEGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT
En plus, les signataires soulignent que l'eau n’est pas propre à la consommation. « Les terres détruites, les cimetières profanés, les dunes effacées, les familles déplacées. Des hommes et des femmes meurent, comme Diary Keita, 36 ans, décédée après avoir bu une eau impropre dans un village de recasement. Les cimetières sont rasés, les mosquées et les écoles détruites, les récoltes anéanties. Pendant que des vies sont brisées, GCO engrange des milliards, en toute impunité», fulminent-ils. Face à cette situation, ils invitent les autorités à agir rapidement avant qu’il ne soit trop tard et à appliquer le «Jub Jubal Jubanti» dans toute sa rigueur, sans exception, et sans protection invisible pour GCO. «Nous demandons un moratoire immédiat pour effectuer un audit environnemental et économique indépendant et public sur l’exploitation de Lompoul, des compensations dignes et immédiates pour les populations locales déplacées et affectées et surtout une transparence totale sur les contrats miniers, les profits générés et les impôts réellement payés parGCO», ajoutent-ils en exigeant l’arrêt immédiat des pressions judiciaires contre Julien Potron et la fin de toute tentative d’intimidation des lanceurs d’alerte. «L’heure n’est plus aux discours. La peur doit changer de camp ! L’intimidation doit être bannie et punie ! Si nous voulons bâtir un Sénégal bu Jub, alors il faut que justice soit rendue. Si nous voulons avancer vers du Jubal, il faut que la lumière soit faite. Et si nous aspirons à du Jubanti, alors ceux qui exploitent nos ressources au détriment de notre peuple doivent être tenus responsables», laissent-ils entendre.
Par Mohamed GUEYE
ON NE PEUT S’INDUSTRIALISER SANS L’AGRICULTURE
Pour une économie qui réfléchit fortement aux moyens d’éviter de contracter la «fièvre hollandaise», n’est-il pas déjà trop tôt pour tenter de mettre l’accent sur le développement des secteurs comme la pétrochimie ou les mines ?
Comme ses prédécesseurs, le gouvernement actuel reprend à son compte le mantra de l’industrialisation du pays. Si Abdoulaye Wade et Macky Sall évoquaient la possibilité de développer l’industrie dans le pays, Bassirou Diomaye Faye semble décidé à en faire une véritable politique et se donner les moyens de la réaliser. Quasiment dès son discours de prise de fonction, le chef de l’Etat voyait dans la relance de l’industrie, le moyen de développer une politique d’import-substitution, qui permettrait au Sénégal de rééquilibrer sa balance commerciale en diminuant les importations, notamment des produits de première nécessité, qui pèsent lourd sur le budget de l’Etat.
La considération et la vision que Macky Sall avait pour l’industrie et la politique d’industrialisation, pouvaient se résumer au choix porté sur son dernier ministre dans ce secteur : un quasi analphabète qui ne s’est jamais intéressé à rencontrer les chefs d’entreprise de son secteur ou à tenir des réunions avec eux. Même aux temps forts de la crise du Covid, ce ministre, qui n’a jamais pu tenir un seul discours en français aux journalistes ou aux députés, encore moins à des potentiels industriels étrangers, a été content de s’exhiber devant les caméras dans une entreprise qui fabriquait des masques de protection. Quant à la Lettre de politique de développement de son secteur, on peut se demander s’il l’a jamais lue. Bassirou Diomaye Faye, sur ce point, semble à ce jour montrer plus de détermination. Le dernier communiqué du Conseil des ministres disait d’ailleurs à ce sujet : «La Vision Sénégal 2050 accorde une importance primordiale à l’accélération de l’industrialisation du pays à travers la restructuration et le développement de plusieurs filières prioritaires telles que la pétrochimie, les phosphates, l’horticulture et le tourisme. Il s’agit de bâtir une économie attractive et robuste orientée vers la valorisation endogène de nos potentialités et ressources naturelles, et fortement créatrice d’emplois décents.» Dans cette optique, le communiqué poursuit : «Le chef de l’Etat a demandé aux ministres en charge de l’Economie et de l’Industrie, en liaison avec l’Apix, d’évaluer les zones économiques spéciales et les agropoles créés en termes d’entreprises installées, d’investissements et d’innovations technologiques réalisés, de facilités (administratives, fiscales, foncières…) accordées par l’Etat, d’emplois créés et de contribution à la promotion des exportations et au dynamisme des pôles territoires.»
Est-ce une coïncidence ? On a, en tout cas, pu remarquer l’activisme que les ministres de l’Agriculture et du Commerce du gouvernement Sonko ont développé ces derniers temps. On aurait été tenté de croire que ces personnalités se sont investies avec détermination dans la réalisation de la politique industrielle dont le Président a brossé les lignes lors de la rencontre du mercredi au Palais. Mais seulement si l’on oublie de contextualiser.
Il faut savoir que le citoyen lambda vit une période difficile de Ramadan et de Carême, faite de privations du fait de la hausse sensible des prix de première nécessité. Les baisses de prix annoncées à l’arrivée au pouvoir de la nouvelle équipe dirigeante n’ont eu à ce jour que des effets… d’annonce. Si même les produits locaux ne connaissent pas de baisse, il est naturel, dirait-on, que les responsables politiques des secteurs concernés se rendent auprès des producteurs pour comprendre ce qui peut justifier la situation. D’autant que la fin du Ramadan approche, qui est une période où les consommateurs sénégalais se ruent sur les marchés. Les commerçants en profitent souvent pour faire de la rétention de produits et spéculer sur une hausse inévitable.
Dans des circonstances où le gouvernement se vantait, en début de campagne agricole, d’avoir injecté plus d’argent qu’aucun autre régime n’a jamais eu à la faire dans ce pays, ses ministres semblent avoir besoin de tâter sur le terrain, les limites de leurs politiques. La tournée dans les zones de production horticole, de nos deux ministres Mabouba Diagne et Serigne Guèye Diop, a donné l’occasion aux producteurs d’oignon de lancer leur cri d’alarme sur les risques de mévente de leur produit, dans la perspective proche de l’ouverture des frontières aux produits venant d’Europe, particulièrement de la Hollande. Si cela ne dépendait que d’eux, l’embargo sur les importations serait encore prolongé.
Cela donne à nos politiciens l’ampleur des défis auxquels ils doivent faire face. Théoriquement, le producteur sénégalais ne devrait même pas se plaindre de la concurrence de l’oignon importé, parce que, toujours en théorie, le pays est autosuffisant en oignon. Le pays produit environ 400 mille tonnes d’oignon, pour une consommation estimée en 2023 à 300 mille. Le manque de système de conservation, d’aire de stockage, ainsi aussi, il faut le dire, que l’esprit de lucre, font que les pertes post-récoltes se chiffrent en milliers de tonnes, et le pays est contraint de se tourner vers l’étranger.
Les mêmes problèmes se posent en ce qui concerne la pomme de terre, ainsi que d’autres produits. Quasiment toutes les filières agricoles du pays, où le paysan sénégalais a fait montre de dynamisme et de résilience, pour produire souvent dans des conditions pénibles, souffrent de mauvaises politiques de l’Etat. Quand ce ne sont pas les engrais et les semences qui ne sont pas appropriés pour la spéculation concernée, ce sont les difficultés rencontrées pour stocker les récoltes dans des conditions idoines. Ainsi, alors que l’agriculture sénégalaise est en mesure de produire tout ce dont a besoin le consommateur local, le pays est obligé aujourd’hui d’importer l’essentiel de sa nourriture. On a vu les conséquences de cette situation lors des crises nées du Covid-19 et de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Coupé de ses zones habituelles d’approvisionnement, le consommateur sénégalais a dû payer le prix fort pour pouvoir assurer son alimentation. Ce qui a renchéri sur son mode de vie
Cette question n’étant pas encore réglée, les dirigeants politiques, sans doute enivrés par les effluves de gaz et de pétrole sortant de nos côtes, commencent à rêver à une industrie pétrochimique ou de transformation industrielle. Bizarrement, au moment où nos parents et voisins guinéens commencent à faire des rêves en technicolor avec les perspectives de l’exploitation des minerais de fer de Simandou, qui devrait commencer bientôt, les autorités sénégalaises ne parlent pas encore de la reprise éventuelle du fer de la Falémé, avec l’implantation, qui avait été planifiée par Macky Sall, d’une aire de transformation à Sendou, sur le site du port minéralier. Chat échaudé par Arcelor Mittal sans doute ?
Quoi qu’il puisse en être, le pouvoir actuel devrait lancer un signal plus clair de son engagement sur le développement agro-industriel. On peut ne pas aimer l’implication des investisseurs étrangers dans notre agriculture, et vouloir développer des coopératives de producteurs. Mais, il ne faudrait pas oublier qu’à côté de ces producteurs, on devrait trouver des transformateurs et des commerçants. L’avantage de mettre en place ces nombreuses petites structures serait, outre de donner du travail aux petits producteurs, de lutter contre l’exode rural et de fournir des revenus décents aux producteurs. Mais si l’on veut développer une agriculture compétitive, qui soit en mesure de nourrir les nationaux et d’exporter ses surplus, on ne pourra pas faire longtemps l’impasse sur l’agro-industrie. Celle-ci ne signifie pas nécessairement investissements étrangers. Le Sénégal a montré qu’il possède suffisamment de capitaines d’industrie en mesure de faire face à la concurrence étrangère dans ce domaine. En plus, pour une économie qui réfléchit fortement aux moyens d’éviter de contracter la «fièvre hollandaise», n’est-il pas déjà trop tôt pour tenter de mettre l’accent sur le développement des secteurs comme la pétrochimie ou les mines ?
L’ONG OTRA AFRICA DENONCE UNE PROCEDURE SELECTIVE
L’ONG Otra Africa a exprimé son inquiétude par rapport à la situation que vivent les ressortissants ouest-africains en Mauritanie.
L’ONG Otra Africa a exprimé son inquiétude par rapport à la situation que vivent les ressortissants ouest-africains en Mauritanie. Face à la presse, Souleymane Diallo et ses camarades dénoncent une procédure sélective que les autorités mauritaniennes orientent vers des étrangers particulièrement des ouest-africains.
«On a été interpellé par les compatriotes sénégalaise vivant en Mauritanie sur des rafles sélectives orientées vers des étrangers particulièrement des Ouest africains, notamment des Sénégalais, des Maliens et Guinéens... », a déclaré face à la presse, Souleymane Diallo, président de l’ONG Otra Africa. Bien qu'il concède le fait que cela rentre dans les procédures normales de chaque pays, il se dit inquiet en ce sens que pour le cas de la Mauritanie. « C’est sélectif et c’est orienté à une communauté proche, ouest-africaine et on n’a pas compris les raisons pour lesquelles ça se passe comme ça. »
Souleymane Diallo et ses camarades ont également déploré d'avoir appris après enquêtes qu'au cours de ces rafles, les détentions se déroulent dans des conditions inhumaines. Il a, à cet égard, rappelé en convoquant la convention de Genève, que « Dès lors que la personne a une nationalité et qu’il doit faire l’objet d’une expulsion après une arrestation et une détention, les autorités consulaires de son pays doivent être informées de son arrestation pour devoir l’assister juridiquement et avant son expulsion et procéder à l’ouverture d’une procédure d’expulsion… ». Chose où « La Mauritanie a failli », a-t-il encore déploré, vu les bonnes relations, dit-il, que le Sénégal entretient actuellement avec la Mauritanie. Cette même inquiétude souligne le président de l’ONG Otra Africa, s’est également transférée au niveau du Mali. Devant cette situation Otra Africa appelle les autorités Mauritaniennes à se ressaisir. « Nous demanderons au gouvernement Mauritanien frère, d’être lucide, très diplomate de se ressaisir. Ces évènements ternissent l’image de la Mauritanie. Nous appelons le gouvernement Mauritanien à une très bonne diplomatie, à des relations de bons voisinages avec le Mali, avec le Sénégal ».
APRÈS L’AIBD, CAP SUR THIÈS ET MBOUR POUR LE TER
Le gouvernement poursuit son ambition d’expansion du Train Express Régional (TER). Alors que la mise en service du tronçon Dakar-Aéroport International Blaise Diagne est prévue avant juin, l’exécutif planifie déjà l’extension du réseau...
Le gouvernement sénégalais poursuit son ambition d’expansion du Train Express Régional (TER). Alors que la mise en service du tronçon Dakar-Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) est prévue avant juin, l’exécutif planifie déjà l’extension du réseau vers Thiès et Mbour.
Invité de l’émission Point de Vue sur la RTS, le ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens, Yankhoba Diémé, a confirmé cette volonté tout en insistant sur la nécessité d’abord de finaliser la première phase. « Sur les sept rames commandées, six sont déjà livrées. Nous avons aussi commandé cinq rames supplémentaires en prévision des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) 2026 », a-t-il déclaré.
Un projet plus coûteux que prévu et un contrat défavorable
Au cours de son intervention, le ministre a également dévoilé le véritable coût du TER, bien supérieur aux estimations initiales. Alors que l’ancien régime parlait de 500 milliards FCFA, Yankhoba Diémé a révélé que le projet a finalement coûté 1 200 milliards FCFA, hors taxes. Une somme qui confirme les critiques formulées par Ousmane Sonko lorsqu’il était dans l’opposition.
Autre point préoccupant : la nature du contrat liant le Sénégal à la SETER, l’exploitant du TER. Selon le ministre, l’accord garantit un seuil de rentabilité en dessous duquel l’État doit compenser les pertes, plaçant l’ensemble du risque financier sur le Sénégal. « Nous renégocions actuellement les termes de l’accord pour obtenir un meilleur deal », a-t-il affirmé, évoquant même une possible entrée de l’État dans le capital de la SETER pour lever certains blocages.
Avec ces révélations, la gestion du TER revient au centre des débats, alors que l’extension du réseau s’annonce comme un nouveau défi pour le gouvernement.
LE SORT DES RESSORTISSANTS OUEST-AFRICAINS EN MAURITANIE INQUIETE
L’ONG Otra Africa a exprimé ses préoccupations concernant le traitement des ressortissants ouest-africains en Mauritanie. Lors d’une conférence de presse tenue dimanche, le président de l’ONG, Souleymane Diallo, a dénoncé des rafles ciblées
L’ONG Otra Africa a exprimé ses préoccupations concernant le traitement des ressortissants ouest-africains en Mauritanie. Lors d’une conférence de presse tenue dimanche, le président de l’ONG, Souleymane Diallo, a dénoncé des rafles ciblées, principalement dirigées contre des étrangers, en particulier les Sénégalais, Maliens et Guinéens. Il a qualifié ces arrestations de « sélectives et orientées » vers les communautés ouest-africaines et a souligné l’absence d’explications claires pour ces pratiques.
« Nous avons été interpellés par des compatriotes sénégalais vivant en Mauritanie concernant ces rafles sélectives. Elles visent principalement des ressortissants ouest-africains, et nous ne comprenons pas pourquoi cette situation perdure », a déclaré Souleymane Diallo. L’ONG a également exprimé son inquiétude après avoir appris, au terme de ses enquêtes, que ces détentions se déroulent dans des conditions inhumaines.
Souleymane Diallo a rappelé les principes de la Convention de Genève, qui stipule que lorsqu’une personne est arrêtée et risque d’être expulsée, les autorités consulaires de son pays doivent être informées pour qu’elles puissent offrir une assistance juridique avant son expulsion. Il a ajouté que la Mauritanie n’avait pas respecté ces normes internationales, affirmant que le pays « a failli ».
L’ONG ne se limite pas à la situation en Mauritanie. Souleymane Diallo a également exprimé ses inquiétudes concernant la montée des tensions au Mali, notamment aux frontières, où des actes de violence ont eu lieu. Il a souligné que si les ressortissants ouest-africains prennent la décision de faire justice eux-mêmes, en bloquant des zones ou en s’attaquant à des Mauritaniens, cela pourrait entraîner une escalade inquiétante des conflits.
L’ONG Otra Africa a donc appelé les autorités mauritaniennes à mettre un terme à ces rafles ciblées, à respecter les droits des étrangers et à garantir des conditions humaines de détention. « Ce sont les forces de sécurité qui sont responsables de ces actes. Nous interpellons le gouvernement mauritanien pour qu’il mette fin à cette situation », a conclu Souleymane Diallo.
PAR Pape Touty Makhtar Sow
BA BOCAR MOUSSA, UN PANAFRICANISTE BÂTISSEUR DE PONTS DE FRATERNITÉ
Bocar n’était pas seulement un dirigeant politique clairvoyant, armé de la théorie marxiste, il était surtout un militant ingénieux, en liaison avec les masses, impliqué dans les tâches pratiques à la base
Une illustre figure du combat patriotique africain a rejoint son adresse destinale. En effet, Ba Bocar Moussa, militant infatigable de la démocratie et de la justice au service des peuples, était une passerelle entre le mouvement national démocratique (MND) mauritanien et le MND sénégalais. Les camarades sénégalais se souviennent encore de sa prise de parole au 1er congrès légal de And-MRDN tenu en 1983. Ses propos prononcés avec une rare éloquence avaient fortement retenti dans la salle du cinéma El Mansour pour exprimer la solidarité du Parti des Kadihines de la Mauritanie (PKM) à son parti frère du Sénégal.
De Nouakchott à Saint-Louis (lycée Charles de Gaulle) à l'Université de Dakar, puis à Paris, Bocar, par son engagement et son enthousiasme, a constitué un liant stimulant entre militants sénégalais et mauritaniens. Bâtisseur de ponts, il a su relier les mouvements progressistes du Nord et du Sud du Sahara. Ainsi, Il a été l'artisan discret de l’odyssée de solidarité aux militants et combattants du Front Polisario sous les bombardements de l’armée marocaine que Landing Savane et moi-même avons menée à la fin des années 70 à Tindouf, puis Al Ayoun et Dahla au nom de And Jef pour exprimer le soutien du peuple sénégalais contre l’injustice imposée aux populations Saharoui. Il a également coordonné avec bonheur la délicate opération de sauvetage et d'évacuation du principal responsable du parti le Mouvement pour la Justice en Afrique (MOJA- Gambie), Koro Sallah, blessé et poursuivi au moment des événements sanglants du putsch perpétré par Kukoi Samba en Gambie en 1981. Avec les progressistes et démocrates du Mali, de la Guinée et particulièrement du Burkina Faso sous la présidence de Thomas Sankara, Bocar avait tissé des liens étroits de solidarité et d’amitié.
Au sein de la communauté mauritanienne, il était aussi un trait d'union. Il a prôné, sans jamais se lasser, l'unité de la nation mauritanienne dans le respect des diversités ethniques et culturelles ; ni chauvinisme ni nationalisme étroit ! Lui-même était un modèle accompli d’intégration : il parlait couramment le hassania, l’arabe, le poular, le français et l'anglais voire même le soninké si je ne m’abuse. Chercheur, il se passionnait autant pour les structures et dynamiques sociales des populations de la région du Gorgol que pour les tribus du Trarza, de l’Adrar ou du Zemour.
Bocar n’était pas seulement un dirigeant politique clairvoyant, armé de la théorie marxiste, il était surtout un militant ingénieux, en liaison avec les masses, impliqué dans les tâches pratiques à la base. Pendant la période de la clandestinité, nous avons arpenté les ruelles des banlieues dakaroises de jour et de nuit pour conduire des missions, en évitant de tomber sous les fourches d’un Etat policier, répressif. Nous avions ainsi établi une base au marché de la Rue 6 de la Médina où nous nous mouvions comme des poissons dans l’eau. Cet espace jalonné d’étals maures nous servait de cadre de rencontres, d'échanges d'expériences, de support de distribution de journaux clandestins. Un jour, au cours d’une séance d’instruction sur les mesures préventives en vue d’échapper à une descente policière éventuelle, il suggéra à un camarade de prévoir d’utiliser les carcasses de mouton comme cache de documents sensibles.
Bocar, toujours en alerte, disposait d’une intelligence stratégique exceptionnelle qui lui donnait une capacité d’analyse et d’adaptation. Qualités que Abdoulaye Bathily a détectées très tôt alors que Bocar siégeait au Comité Directeur (CD) de l’Union des Etudiants de Dakar (UED) en notant dès cette époque : « la pertinence de ses réflexions, adossée à son courage dans l’action, lui donna très vite la stature morale du dirigeant qui va continuer de s’affirmer à l’épreuve des luttes… ». Pour ma part, j’ai été impressionné par la lucidité des enseignements qu’il a tirés de son expérience de participation à un gouvernement pour le compte de son parti l’Union des forces du progrès (UFP). Il me confia, autour d’un thé à la menthe et avec un grand humour, que le pouvoir politique est une épreuve terrible pour un militant qui veut rester conforme à ses principes. On ne peut être totalement indifférent, avoua-t-il avec franchise, des délices du pouvoir qui modifient forcément la perception des choses. A son avis, il faut une vigilance à toute épreuve et une pratique constante de la critique et l’autocritique avec rigueur et sincérité pour espérer rester fidèle à ses idéaux.
Sorti indemne de ce qu’il nomme l’aventure du pouvoir, il remit le métier sur l’ouvrage et reprit une vie normale de citoyen toujours proche des simples gens. Au-delà du combattant, Bocar était un homme plein de sollicitude, généreux dans le partage du savoir, doté d’une vaste culture générale, scientifique et politique, attentif aux autres avec un sens élevé de l’écoute ; il mettait d’abord l’accent sur les forces de chacun en vue de le stimuler avant de relever les faiblesses à corriger. Il avait une foi inébranlable en la force du collectif face à l’adversité et en la capacité des peuples à s’unir et à se libérer.
Cher Bocar, les ponts que tu as jetés n’ont pas cédé. Ce matin, c’est du Sénégal, ta patrie de choix que tu as été conduit à ta patrie d'origine en Mauritanie. Ainsi tu as bénéficié d'une double levée de corps à Dakar et à Nouakchott, avec des hommages poignants livrés par des camarades, auxquels tu es resté fidèle depuis plus de 60 ans, des amis et des parents. Ton fils Moctar a su rappeler avec adresse et délicatesse ton principe de retenue dans les rapports avec les pouvoirs politiques.
A sa compagne Fanna Hann Ba, à sa famille et à ses camarades de l’Union des forces du progrès (UFP) de la Mauritanie, aux peuples d’Afrique, j’exprime ma compassion et mes condoléances. Je porte témoignage que Ba Bocar Moussa a accompli sa part de mission dans la marche pour la liberté, l’émancipation et l’avènement de la justice sociale en Afrique
Que les portes de la miséricorde divine lui soient largement ouvertes !
par Mamadou Lamine Sow
LA RESTRUCTURATION DE AIBD SA, UN ENGAGEMENT NATIONAL POUR L’EXCELLENCE
Une refonte complète du modèle économique et de gouvernance s'impose, avec des actions concrètes sur la fiscalité excessive, les monopoles d'établissement et les synergies insuffisantes entre AIBD SA et Air Sénégal SA
Notre pays le Sénégal, en tant que territoire en développement en Afrique de l’Ouest, a formulé dans le passé, plusieurs visions et stratégies économiques et politiques pour stimuler son développement et améliorer les conditions de vie de ses citoyens.
Aujourd’hui, une stratégie globale est poursuivie dans le cadre de la vision Sénégal 2050 pour transformer son économie, renforcer sa gouvernance et réformer ses secteurs clés pour maintenir encore une hypothétique position de leader dans le secteur aérien en Afrique de l’Ouest.
Contexte
L’État du Sénégal a affiché son ambition de positionner stratégiquement le Sénégal comme un hub aérien régional majeur et Dakar comme une escale technique préférentielle en Afrique de l’ouest.
Cette vision implique cependant, plusieurs initiatives et des étapes clés pour arriver à se positionner comme un hub aérien significatif en Afrique de l’Ouest :
améliorer et développer les infrastructures existantes pour répondre aux standards internationaux ;
augmenter le nombre de destinations accessibles en développant des partenariats avec des compagnies internationales pour de nouvelles lignes, de nouvelles connectivités et attirer plus de passagers en transit ;
soutenir le développement de compagnies nationales robustes et compétitives, capables de desservir des liaisons locales, régionales et internationales ;
À ces points clés,
veiller en collaboration avec l’Anacim, sur les aspects réglementaires de sécurité et de sureté aux normes internationales ;
en plus d’investir dans des programmes de formation pour développer une main d’œuvre hautement qualifiée dans le secteur,
encourager les partenariats entre le secteur public et secteur privé pour financer les projets d’infrastructures et d’innovation,
tirer parti du hub aérien pour stimuler le secteur du Tourisme et attirer des investissements.
Cette vision doit également mobiliser le soutien gouvernemental avec une volonté politique pour la mise en œuvre de stratégies coordonnées visant à établir le Sénégal comme un point nodal du trafic aérien régional.
En tout état de cause, c’est sur la base d’une telle vision que d’importants investissements ont été consentis et des réformes engagées pour sa réalisation.
L’Aéroport International Blaise Diagne, AIBD SA représente dix (10) ans de travaux et plus de 600 millions d’euros, Air Sénégal SA, un Capital social initial de 40 Milliards XOF et autant en acquisition d’actifs et compensation de pertes d’exploitation.
Après huit (8) ans d’exploitation, malgré les réformes ayant sous tendu ces investissements colossaux, le saut qualitatif attendu n’est pas au rendez-vous et les résultats économiques et financiers affichés sont bien en deçà de ce que le Sénégal est en droit d’attendre.
AIBD SA et Air Sénégal SA, deux acteurs interdépendants, maillons centraux de la chaine de valeur où AIBD SA fournit l’infrastructure nécessaire à Air Sénégal SA pour son développement et Air Sénégal SA apporte le trafic nécessaire à AIBD pour sa croissance, sont ainsi devenus les maillons faibles du système aérien sénégalais.
Leur défaillance pourrait affecter durablement l’économie du secteur aérien et indirectement la viabilité de secteurs clés de l’économie nationale, comme le tourisme consubstantiel au transport aérien, mais aussi, l’accessibilité internationale, l’attractivité économique et la compétitivité territoriale du Sénégal.
Contexte spécifique
Certains indicateurs de performance notamment, ceux de novembre 2024 affichent un véritable effondrement du volume du trafic du fret aérien de 17,4%, de la quantité de mouvements d’aéronefs de 7,3% et du nombre de passagers de 4,6%, illustrant un secteur en perte de vitesse et en quête de relance.
Entre absence de performances économiques, difficultés financières, faible rentabilité, la restructuration devient nécessité pour assurer la viabilité à long terme. Restructurer pour encourager l’investissement et le développement durable du secteur, attirer plus de compagnies aériennes pour augmenter le trafic et compenser un marché aérien sénégalais non compétitif par rapport à ses voisins.
Malgré les efforts déployés, une grande partie du trafic aérien transite par quelques aéroports, en particulier ceux du Caire, de Johannesburg, de Casablanca et d’Addis-Abeba, de nombreuses autres routes ne sont pas ou peu desservies.
Le gouvernement, dans le cadre des politiques de rupture et d’assainissement des secteurs de croissance, a retenu la nécessité d’entreprendre la restructuration de ces opérateurs.
L’État dispose pour cela, de tous les leviers d’actions, en tant qu’actionnaire, concédant mais aussi, fournisseur de services de la navigation aérienne à travers l’ASECNA, superviseur et régulateur du système aérien à travers l’ANACIM, dépositaire des prérogatives d’autoriser les opérateurs, d’organiser le secteur et d’attribuer le ciel, les droits de trafic.
Problématique
Le transfert des opérations de l’aéroport Léopold Sédar Senghor vers l’aéroport International Blaise Diagne en 2017, n'a pas été l'occasion pour l’État du Sénégal de combler certaines défaillances structurelles pour bénéficier de plus de connectivité, de plus d’emplois et de croissance que permet le secteur en le réorganisant et l’alignant sur les objectifs nationaux de moyen et long terme, un impératif pour garantir sa résilience et sa croissance.
On s’est plutôt contenté de dupliquer les mêmes travers jadis observés à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor.
Il en résulte une série d’adaptations opérées au fil des ans, en lieu et place de véritables restructurations, ce qui a engendré des insuffisances croisées rendant quasi-impossible leur compréhension et l’atteinte des objectifs assignés.
Alors que nos aéroports souffrent des mêmes handicaps et font tous face aux mêmes épreuves : insuffisance d’infrastructures, défauts de gestion et de gouvernance, utilisation sous-optimale des ressources, mauvaise planification induisant une faible rentabilité, le tout avec une connectivité limitée qui décourage les investissements directs étrangers et le tourisme à cause des couts d’exploitation élevés, des frais imposés aux compagnies qui réduisent la compétitivité et exacerbent une concurrence régionale, avec des hubs régionaux émergents qui détournent le trafic vers des aéroports mieux équipés ou mieux situés stratégiquement.
Facteurs de progrès
Il est donc crucial de promouvoir des partenariats PPP, améliorer la gestion et la gouvernance, encourager les politiques qui soutiennent le développement durable des infrastructures avec plus de coopération régionale pour améliorer la connectivité, et la compétitivité globale.
En termes d’infrastructures
La programmation de la mise à niveau de l’infrastructure (AIBD) s’impose par l’extension de l’aérogare Terminal passager, Terminal fret, Création d’une Zone de transit (hub), Création de hangar Cargo-fret, hangar abri avion, hangar de maintenance et une Zone technique.
En termes de mode de gestion
La privatisation de la gestion n’est pas la solution magique, pas plus que la concession ou la nationalisation, mais plutôt le choix d’une gouvernance d’entreprise qui fait la distinction entre l’actionnariat (l’État) et le management et dans laquelle le gouvernement définit la stratégie sur les sujets majeurs et au jour le jour, la direction composée de gens de métiers de l’aviation exécute les tâches de gestion. Procéder au rééquilibrage entre la société de patrimoine et celle de gestion et pourquoi pas consolider les deux missions.
En termes de fiscalité
Un réel handicap pour le transport aérien africain et pas seulement sénégalais et où le Sénégal s’illustre dans le top 10 des pays de l’Afrique de l’ouest et du centre aux redevances les plus élevés. Le régime des taxes et redevances plombe le coût des billets, influence la croissance du secteur et rend les vols hors de portée.
En termes de partenariats public-privé
Veiller à concilier davantage, les intérêts pas toujours convergents de l’État, du Partenaire technique et du Privé.
En termes de coûts d’exploitation
Veiller à l’effectivité des politiques de réduction de couts dans la gestion quotidienne ; les couts élevés associés au faible trafic de passagers entraînent des hausses de tarifs.
En termes de monopole d’établissement
Les situations de monopoles au niveau des plateformes aéroportuaires rendent les services inefficaces et contribuent fortement à obérer les coûts de production, alors que les retours sur investissement s’établissent à environ (-2,6%) pour la plupart de nos aéroports Ouest-africains et qu’en-dessous de 1 million de passagers, un aéroport n’atteint pas encore son seuil de rentabilité.
En termes de synergies AIBD SA-Air Sénégal sa
AIBD SA doit se concentrer sur sa capacité à construire un véritable hub capable de rivaliser avec ceux de l’Afrique de l’Est pas seulement d’Abidjan et de Lomé pendant qu’Air Sénégal SA travaille sur des stratégies d’alliances et à résoudre les problèmes de surcapacité.
AIBD SA doit travailler sur le tissu régional et le développement des aéroports secondaires pendant qu’Air Sénégal SA se transforme en un véritable levier de développement du tourisme au Sénégal et de la connectivité.
AIBD SA doit tendre vers « les aéroports de demain » avec des modèles économiques en réponse aux attentes des consommateurs et le besoin de nouvelles sources de revenu, en allant vers plus d’intégration avec ses partenaires aériens et non-aériens, en utilisant des technologies centrées sur le passager pour réduire les couts, améliorer l’expérience de voyage et accroitre la fidélité, en renforçant l’acceptation environnementale et sociétale.
AIBD SA doit intégrer des leviers d’actions clés, étendre ses services en renforçant et en digitalisant les commerces ; utiliser des systèmes d’incitation des compagnies, développer des partenariats sur mesure et des services réinventés.
Changer de méthode de développement des projets, du fait des budgets souvent déficitaires qui font peser leurs charges sur les compagnies aériennes qui les répercutent sur les prix des billets rendant les voyages plus onéreux, avec conséquences de baisser à terme, le trafic.
Enfin, AIBD SA doit tenter de répondre aux problématiques clés suivantes :
Où en sont les aéroports du Sénégal par rapport aux plans stratégiques passés et à l’environnement du marché ? Quelle est la feuille de route stratégique de AIBD ? Quels axes stratégiques peuvent en être dérivés et comment les mettre en œuvre ?
Dans quelles activités : commerces, aéronautiques, parking, immobilier, assistance, catering etc., les aéroports du Sénégal doivent- ils investir ? Comment les revenus des activités non-régulées doivent-ils être réinvestis ou réalloués ? Quelle stratégie d’investissement ?
La structure de redevance actuelle est-elle compétitive par rapport aux autres aéroports de la région et hors région ? Quel est le positionnement des aéroports sénégalais en termes de taxes d’aéroport ? et l’ impact négatif potentiel sur le trafic. Quelle stratégie doit-être définie pour renégocier la structure des redevances ?
Quelle est l’intensité de la relation entre AIBD et ses principales compagnies ? Quels sont les divers drivers du trafic des aéroports du Sénégal ? Les infrastructures des aéroports du Sénégal sont-elles adaptées aux perspectives d’évolution et les impacts en termes de revenus et d’investissements requis ?
Comment aligner les intérêts de la compagnie nationale et ceux des aéroports du Sénégal (Air Sénégal SA et AIBD SA), quelle génération et quel partage de valeur ? en réponse à quelle stratégie et quelles ambitions de l’État ? Les directions de AIBD SA et celle de Air Sénégal SA, partagent-elles la même vision des enjeux et priorités ? quelle valeur ajoutée peut-être ciblée ? Sur quel support politique, Ministère ou Régulateur (ANACIM), les deux entreprises peuvent-elles compter pour collaborer ? Comment une structure commune de coopération peut-elle être mise en place et comment les actions communes peuvent-elles être améliorées à court termes ?
Comment maintenir un positionnement attractif ? accroitre la fidélité des compagnies et des passagers ? Comment accroitre la consommation des passagers au sein de AIBD ? Comment équilibrer les baisses de revenus liés au trafic et les revenus complémentaires ? Comment améliorer l’efficacité et la performance aéroport en termes de gouvernance de chaque aéroport et gouvernance commune de tous les aéroports grâce à une organisation rationalisée ?
Comment s’assurer que l’organisation de AIBD SA délivrera le plus haut niveau de service ? Comment améliorer la performance opérationnelle et les fonctions support pour plus de productivité et de gain de temps ? Comment réduire les couts tout en étant plus efficace ?
Mamadou Lamine Sow est spécialiste en transport aérien.