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24 février 2025
LA FRANCE FREINE LES RESTITUTIONS D'ŒUVRES AFRICAINES, DÉPLORE LE MONDE
Seules 26 pièces ont été rendues au Bénin. Et le projet de loi-cadre qui devait faciliter ces transferts est sans cesse repoussé, bloqué par l'argument de l'inaliénabilité des collections publiques. La condescendance et le paternalisme reviennent au galop
(SenePlus) - Après avoir été longtemps en pointe sur les restitutions du patrimoine africain pillé à l'époque coloniale, la France semble aujourd'hui marquer le pas, constate le journaliste Michel Guerrin dans sa chronique au Monde ce vendredi 12 avril 2024. Pourtant, dès 2017, Emmanuel Macron avait promis de faciliter ces restitutions lors d'un discours à Ouagadougou qui avait fait bouger les lignes en Europe.
En 2018, le rapport Savoy/Sarr préconisait des "restitutions massives" d'œuvres aux pays africains. La première restitution significative intervenait en 2021, avec 26 pièces du trésor d'Abomey rendues au Bénin. Mais depuis, le processus patine en France.
La raison ? La règle d'inaliénabilité des collections publiques, qui verrouille toute restitution. Deux lois votées en 2023 sur les spoliations aux Juifs et les restes humains ont permis de contourner ce verrou au nom d'un "intérêt supérieur". Mais pas la loi sur les restitutions à l'Afrique, jugée trop légère par le Conseil d'Etat et repoussée sine die.
"Il était pourtant facile de trouver ce principe d'intérêt supérieur : la colonisation", tance Michel Guerrin. Car les deux tiers des 90 000 objets africains en France ont été acquis à cette époque, souvent par la contrainte. Reconnaître cette "histoire douloureuse" permettrait de faciliter leur restitution.
Mais le projet de loi l'occulte, préférant se concentrer sur des critères restrictifs de propriété, à l'image du rapport très prudent de l'ex-président du Louvre Jean-Luc Martinez. Une approche au cas par cas qui fait crisser les dents des défenseurs des restitutions massives comme Bénédicte Savoy.
Pendant ce blocage français, d'autres pays européens avancent : l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni mais aussi désormais la Belgique qui a remis un inventaire d'œuvres à la RDC.
Pour Michel Guerrin, "le plus pathétique est que la France freine ce mouvement inéluctable qu'elle a lancé". Une révolution patrimoniale synonyme de "justice culturelle" selon Bénédicte Savoy, qui permettrait de restituer son histoire à la "jeunesse africaine".
La chroniqueur conclut avec les mots de Marie-Cécile Zinsou, qui appelle à penser "l'avenir" plutôt que la "repentance". Un message qui devrait inspirer la loi française sur les restitutions, jugée indispensable.
JUAN BRANCO À MADRID POUR ÊTRE ENTENDU SUR SON "ENLÈVEMENT" AU SÉNÉGAL
«Je serai lundi à Madrid pour être entendu par un juge d’instruction en charge de l’enquête sur mon enlèvement à Nouakchott par les services de renseignements Mauritaniens», révèle-t-il.
En juillet 2023, l’avocat franco-espagnol d'Ousmane Sonko débarque illégalement sur le territoire sénégalais alors qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Il participe à une conférence de presse du collectif de l’avocat du nouveau Premier ministre alors en prison.
Il sera finalement intercepté en Mauritanie en partance pour la France après plusieurs jours de cavale avant d’être envoyé à Rebeuss.
Des mois se sont écoulés et une enquête a été ouverte par Madrid afin de déterminer les conditions d’arrestation de Juan Branco.
Dans un tweet, il annonce sa présence dans la capitale espagnole pour être entendu par les autorités judiciaires.
«Je serai lundi à Madrid pour être entendu par un juge d’instruction en charge de l’enquête sur mon enlèvement à Nouakchott par les services de renseignements Mauritaniens», révèle-t-il.
Cette enquête va permettre ainsi de déterminer les tenants et les aboutissants de cette arrestation par les autorités sénégalaises et mauritaniennes qui ont travaillé de concert.
par Mamadou Diallo
CI-GÎT LA RÉPUBLIQUE DES ÉVOLUÉS DU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour la première fois depuis les indépendances, un mouvement susceptible de prendre le pouvoir a assumé la poursuite des efforts de la décolonisation. On minimise un peu trop le rôle joué par la proposition politique du Pastef
La victoire de Bassirou Diomaye Faye à la dernière élection présidentielle marque le retour de la politique au sommet de l’État sénégalais et donne le coup de grâce à la République des évolués du Sénégal. Ce retour de la politique est à double tranchant. Il est une excellente chose d’un point de vue démocratique, car jamais président sénégalais ne fut mieux élu et ne disposa d’un mandat aussi clairement défini. On peut espérer que les questions à l’étude du Conseil des ministres seront celles posées par le sort des Sénégalais les plus nécessiteux, et leurs réponses trouvées ailleurs que dans le dernier concept à la mode dans les cercles de global governance. Mais c’est aussi, il ne faudrait pas se le cacher, le début probable d’ennuis nouveaux : vivre en sujets politiques, revendiquer leur autonomie c’est, pour les élites dirigeantes locales, renoncer au confort, si médiocre soit-il, de la tutelle notamment française et s’exposer à des épreuves de force, au-dedans comme au-dehors. C’est en partie ce qui a perdu la Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo qui, malheureusement affaiblie de l’intérieur par l’instrumentalisation politicienne de l’ethnie, fut d’autant plus aisément punie que son gouvernement central s’était aliéné une part considérable de ses concitoyens. Heureusement pour le projet de rupture porté par le Pastef, la société sénégalaise a résisté à l’ethnicisation de la politique tentée par certains cadres de l’APR.
On peut, en forçant un peu le trait, distinguer la lecture qui est faite du dénouement de l’élection sénégalaise à l’étranger de celle qui domine aujourd’hui au Sénégal, où les soucis légitimes sont le retour au calme et la réconciliation nationale. À l’étranger, en particulier chez nos partenaires occidentaux, si plein comme on le sait de sollicitude à notre égard, les commentateurs ne s’y trompent pas. Ils butent, en même temps qu’ils s’inclinent devant l’incontestable légitimité démocratique du tournant pris par le Sénégal, sur des tournures dans les discours et des aspects dans les profils de ceux qui l’ont impulsé. Ces gens-là, disent-ils un peu surpris et anxieux, ne sont pas tout à fait comme nous et n’aspirent pas non plus à l’être. Ils sont musulmans, mais pas de ceux « modérés,» nimbés de nos lumières, que nous aimons tant et que le Sénégal a longtemps produits. Au Sénégal, une lecture courante est celle du référendum anti-Macky Sall et de la réaffirmation renouvelée par les électeurs sénégalais de leur attachement à la démocratie.
En insistant soit sur des acquis constitutionnels produits d’une histoire que d’aucuns font remonter aux quatre communes, soit sur la dimension négative du dernier vote des Sénégalais, l’on minimise un peu trop le rôle joué par la proposition politique du Pastef. C’est une tendance qui était déjà à l’œuvre au lendemain des évènements de mars 2021, où l’on mettait en avant la Covid et le renchérissement du coût de la vie afin de ne pas admettre la popularité d’Ousmane Sonko. Il y a aussi, qui vient brouiller les pistes, cette tendance à l’attribution de la résistance décisive face aux méthodes dictatoriales du régime finissant au peuple – cette abstraction ou ce récit –, aux organisations de la société civile qui tiennent des réunions, ou encore à une jeunesse qui mêlerait les jeunes du Point E à ceux de Grand-Yoff. On amalgame à une masse dépourvue de déterminations sociales ceux qui ont lutté de manière effective et en ont payé le prix, de même qu’on substitue les raisons pour lesquelles elles et ils l’ont fait par des passions libérales qui leur sont au mieux secondaires. Finalement, on rend indistinct ce qu’il y a de fondamentalement nouveau dans la situation présente, de même qu’on range sous le tapis du Senegaal benn bopp la kenn du ko xar ñaar les contradictions, qui ne sont pas seulement générationnelles, dont la société sénégalaise, comme toutes les sociétés, n’est heureusement pas exempte. J’aimerais quant à moi dire pourquoi ce qui me semble avoir été déterminant, c’est précisément la proposition politique du Pastef. Proposition notable parce qu’elle a mis un terme à l’idée jusque-là dominante dans le paysage politique sénégalais selon laquelle n’est envisageable qu’une seule orientation pour la bonne gouvernance des affaires publiques.
Gouvernance néolibérale et démocratie neutralisée
L’ironie du multipartisme en Afrique francophone c’est que son heure coïncide avec celle de la neutralisation néolibérale de la démocratie.[1] Au sortir des difficiles années 90, les “années de braise” selon l’expression du Premier ministre Habib Thiam, le discours politique consistait exclusivement en des énoncés consensuels et vagues : sur le développement que l’on poursuit ; la bonne gouvernance que l’on promet et éventuellement le fameux “nos valeurs” que l’on défend. Momar Coumba Diop notait en 2006, au sujet de “la classe dirigeante issue de l’alternance”, qu’elle s’était “éloignée des confrontations idéologiques qui avaient marqué l’ère de Senghor et, dans une moindre mesure, le régime de Diouf”. Il n’y a pas que la classe politique sénégalaise qui s’était convertie à cette idée de la politique comme mise en œuvre du consensus libéral. Le monde entier, avec le recul de l’hypothèse communiste, s’était converti à cette économie politique qui nie l’idée même d’alternatives. Dans cette conception nouvelle du politique comme lieu vide d’alternative, les gauches de gouvernement renoncèrent à agir sur les dynamiques de marché et ne jurèrent plus, en guise de fourniture de services et d’équipements en infrastructures publics, que par les fameux PPP. Alors que le marché s’élargissait, que le Capital se mettait à son aise, l’État – la puissance collective instituée pour servir la volonté générale– revoyait à la baisse ses ambitions de transformation économique et sociale. La démocratie ne fut plus le processus où se dégageaient les fins tout autant que les moyens d’actualisation de la volonté générale. Il ne s’est plus agi que de savoir lequel des hommes en costume cravate fût le plus à même de mettre en œuvre l’universel programme que voici : abattre pour les marchandises des pays du Nord et le grand capital les frontières ; assurer, sans trop demander de contribution aux profits, les tâches régaliennes désormais amputées de la politique monétaire ; enfin rendre son territoire national attractif à des capitaux financiers toujours plus importants, issus de l’épargne d’une population vieillissante des pays du nord rétive au risque. Pour apporter un supplément d’âme à ce programme qui n’enthousiasme que le 1% et ceux qui le servent, on y assortit des orientations sociétales en faveur des minorités. La poursuite du programme néolibéral par nos États, qui ne s’étaient pas mis en situation de s’y opposer, s’est donc avérée désastreuse pour les services publics et vaine en ce qui concerne le développement. L’économiste Ndongo Samba Sylla a souvent eu l’occasion d’illustrer la stagnation des économies de la zone CFA par le rappel du fait que depuis les indépendances, leurs PIB réels par habitant n’ont pas progressé.[2] En 2015, on ne saurait produire de statistique plus accablante, le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat du Sénégal était équivalent à son niveau de 1960.[3]
Les détenteurs de capitaux qu’il s’agit dans cette économie politique nouvelle de séduire – intéressés au profit plutôt qu’à l’investissement productif dont les rendements ne sont en général ni faramineux ni immédiats – se tournent en priorité vers le système financier central et font assez largement la sourde oreille aux appels qui leur sont lancés à partir des zones à risque du système capitaliste mondial.[4] C’est ainsi que si l’on a pu voir les IDE augmenter de manière constante au Sénégal ces dernières années, avec une accélération notable entre 2019 et 2021, ils se sont principalement dirigés vers des secteurs d’activité rentiers et à faible mobilisation de facteur travail, dont celui des hydrocarbures.[5] Ils n’apportent par conséquent pas de solution au problème de la transformation structurelle de notre économie ainsi qu’à celui vital du chômage. Vital au sens littéral du terme, car il est parmi les causes de ce que des milliers de Sénégalais n’ont de sépulture que les tréfonds de la Méditerranée.
À l’absence d’investissements productifs, au démantèlement des industries et au bradage du patrimoine public auquel on a pu assister ces dernières décennies s’ajoute le problème d’une fiscalisation insuffisante et injuste de l’économie. Il est intéressant, pour se figurer la faiblesse de notre État dans la mobilisation des ressources internes – aspect par ailleurs central du discours porté par les cadres du Pastef – de procéder à une comparaison. Entre 1984 et 2004, la moyenne du ratio entre l’impôt et la production nationale ne s’élevait au Sénégal, dont le gouvernement s’est longtemps réclamé du socialisme, qu’à 15,83%[6]. En Grande-Bretagne et sous Margaret Thatcher, dirigeante fort intéressée à la réduction de l’État à sa portion la plus congrue, ce ratio n’a jamais baissé sous le seuil de 30%.[7] L’économiste Thomas Piketty, dans sa somme sur le Capital au XXe siècle, montre bien que de si faibles ratios sont caractéristiques des économies aux revenus par habitant les plus faibles, principalement concentrés en Afrique subsaharienne.[8] Alors que la question de l’élargissement de l’assiette fiscale constitue l’un des principaux défis auxquels doivent faire face nos États, la question de l’impôt n’occupe traditionnellement dans le débat politique national qu’une place négligeable. Je tiens pour l’un des signes de l’inconscience de cet enjeu la popularité, dans les milieux corporate, sous l’appellation attrape nigaud de responsabilité sociale d’entreprise, d’une manière pseudo-éthique d’évasion fiscale. Espérons que la nouvelle équipe dirigeante, issue de l’administration fiscale, s’en tiendra à cette ancienne et très raisonnable définition de la responsabilité sociale des entreprises, qui est qu’elles doivent s’acquitter de l’impôt défini par la loi.
Le mouvement altermondialiste constitua l’une des premières réactions à ce moment où la politique s’effaça pour ne plus laisser place qu’à la gestion, la fameuse bonne gouvernance. Il n’eut sous nos latitudes, malgré un sommet en 2011 à Dakar, qu’une visibilité et une représentativité populaire réduites, pour ne pas dire nulle, malgré la présence parmi nous d’économistes comme Samir Amin et Demba Moussa Dembélé. Pour l’essentiel, dans le Sénégal des années 2000 et à l’exception des Assises nationales, les discours routiniers et consensuels du développement et de la bonne gouvernance ne furent interrompu que çà et là, à intervalles malheureusement réguliers, par des disputes sur la Constitution. On constatait alors qu’avec de la mauvaise foi et le ralliement d’universitaires qui transigent, on peut conclure des énoncés les plus fondamentaux le contraire de ce qu’ils disent. J’ai personnellement, dans mes jeunes années, prêté attention au débat sur la constitutionnalité de la troisième candidature d’Abdoulaye Wade et j’ai bien peur d’y avoir abimé quelques neurones.
Seuls cette conception rabougrie de l’activité politique, et le faible crédit accordé au niveau de consciences des électeurs, expliquent que Karim Wade ait pu être sérieusement envisagé comme candidat à l’élection présidentielle.
Des autorités qui ne font plus autorité
Alors que les élites dirigeantes se familiarisaient et se convertissaient, dans les cercles de la gouvernance globale et autres internationales socialistes et libérales, à cette nouvelle conception de l’État neutralisé, les structures profondes de la société sénégalaise elles se transformaient. La structure sociale sur laquelle avait été assis l’État se dérobait progressivement et toujours plus vite sous leurs pieds.
L’historien et journaliste Moriba Magassouba, à la suite de plusieurs auteurs, faisait remarquer que l’État sénégalais n’a pu garantir “ses capacités d’intervention dans la société civile” qu’“en passant par les intermédiaires obligés que sont les chefs de confrérie[...] qu’il utilise comme courroies de transmission, pour pénétrer le pays “réel.”[9] La première alternance marqua le dépérissement de cette configuration de l’État qui reposait aussi sur des pratiques clientélistes que l’ajustement structurel et la dévaluation du CFA avait fini par mettre hors de sa portée. Cette première alternance fut aussi le signe que l’électorat s’émancipait des consignes de vote en faveur du pouvoir, qui d’ailleurs se raréfiaient[10], émises par les notabilités religieuses.
La population s’est urbanisée et par conséquent s’est graduellement abstraite des structures d’autorités et de solidarités rurales. Dakar s’est transformé et ses habitants de longue date ont dû, sans gaieté de cœur, s’habituer à “l’économie de bazar,” aux usages de ruraux fraichement urbanisés et aux nouvelles manières d’habiter l’espace public qu’ils apportaient. La marchandisation de l’éducation est allée croissante. Ceux qui en avaient les moyens prémunirent leurs enfants des effets d’une massification mal négociée de l’éducation publique mise en œuvre par le régime de Wade. Il me semble qu’à l’exception de certaines facultés prestigieuses et sélectives, l’Université de Dakar, de même que les écoles publiques autrefois fréquentées par les enfants de notables mais aussi ceux des milieux populaires qui étaient les plus doués, furent assez largement désertés par les premiers. Ceux qui en ont les moyens tendent, le baccalauréat obtenu, à s’en aller à l’étranger[11]. L’absence croissante de mixité sociale dans l’éducation nationale qui en résulte n’est peut-être pas sans rapport avec l’émergence d’une élite administrative localement formée et très peu soucieuse de perpétuer les exemples d’assimilations donnés par leurs prédécesseurs passés par William Ponty et Van Vollenhoven. Parmi les critères de cette assimilation compte la monogamie, dont l’absence chez les nouveaux locataires du Palais de la République et de la Primature n’en finit pas d’être commentée.
Au-delà de la mince et admirable élite scolaire issue de l’enseignement public, un contingent de plus en plus large de jeunes gens ayant fréquenté l’école s’est constitué qui ne trouva pas à s’insérer professionnellement. Alphabétisée, capable de s’informer sur l’internet, cette population ne pouvait manquer d’être sensible au discours du PasteF. Le rôle joué par la transformation du paysage de la presse et de l’audiovisuel dans la chute du PS a souvent été relevé et il me semble que l’alternance de 2024 ne se conçoit pas non plus sans le contexte informationnel produit par les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’expliquer la prise de conscience politique de la jeunesse populaire par l’action “sournoise de trolls russes.“ On a parfois l’impression que certains observateurs français ne conçoivent pas qu’on puisse désirer se passer de leur tutelle, qu’ils en sont encore à penser, comme leur illustre ancêtre Chateaubriand, qu’«il y a dans la nature du Français quelque chose de supérieur et de délicat que les autres peuples reconnaissent[12]. » Me tenant quant à moi loin de cette attitude qui ne conçoit pas que l’on soit, quoiqu’Africain francophone, absolument rétif à la domination, j’aimerai simplement noter que les réseaux sociaux ont largement diffusé des prises de paroles qui ne pouvaient s’attendre des élites intellectuelles autorisées. Ces dernières en effet sont formées à la nuance, parfois à couper les cheveux en quatre, parlent dans un langage et un ton qui n’affectent qu’une mince couche de la population. La tribune qui leur est la plus naturelle est l’Institut Français. Il y a aussi, il faut bien le dire, qu’elles sont instruites du genre d’opinions politiques qui ne favorisent pas les belles carrières internationales, celles qui remettent en cause le consensus néolibéral notamment. Toutes sortes d’entraves dont ne s’encombrent pas des figures désormais fort audibles telles que Cheikh Bara Ndiaye.
Comment un certain panafricanisme a dé-neutralisé la démocratie sénégalaise
Ceux de ma génération, lycéens dans le privé à Dakar dans les années 2000, s’engageaient soit dans le kaana kaanalu, assez répandu, soit dans des mouvements religieux. La même dépolitisation, semble-t-il, avait gagné l’Université, où l’on ne se promenait plus beaucoup, comme c’était encore le cas dans les années 90, avec des textes subversifs sous les bras. La critique du Sénégal tel qu’il allait, ce qui n’est pas la même chose que la dénonciation du Président qui elle était toujours partout, ne se rencontrait plus que dans certains morceaux de rap produits par des jeunes de la banlieue et que les boys town n’écoutaient pas. Rien ne nous avait été transmis, pas la moindre mémoire d’un tâche collective entamée de longue date et portée à un seuil qu’il s’agissait pour certains de notre génération, éventuellement, d’avancer. Étions-nous d’ailleurs disposés à entendre, sidérés comme nous l’étions par les écrans saturés de scintillantes images américaines ? Ceux d’entre nous qui finirent par se découvrir de quelque part et d’une histoire n’allaient le faire qu’en situation d’exil. Je me souviens d’un déjeuner en ville, en 2012 ou 2013, durant lequel j’avais évoqué, devant deux jeunes gens bien introduits dans les cercles locaux de pouvoir, la présence tout de même considérable au Sénégal du capital, et donc de la décision économique française. Mes interlocuteurs, membres de l’intelligentsia francophile et se comprenant comme de gauche m’avaient alors regardé comme si je venais de confier avoir vu passer une soucoupe volante au-dessus de la Mosquée de la Divinité. Quiconque a travaillé à Dakar, du moins était-ce le cas dans les années 2010, sait que plus haut l’on monte dans les échelons des grandes entreprises du secteur formel, plus on rencontre des cadres et dirigeants français. La France au Sénégal, comme le faisait très justement remarquer Boubacar Boris Diop, ça ne saurait être la même chose que la Suède. Penser ainsi ça n’est pas, comme le disent les pseudos modernes et véritables héritiers politiques de Senghor, être enfermé dans des “complexes” et le “ressentiment”, mais avoir de la mémoire.
Dans ces années-là, lorsque le désormais honorable député Guy Marius Sagna organisait des contres sommets à la francophonie et s’opposait aux APE, il faisait encore figure d’anomalie dans un paysage public où ne s’évoquait aucune question qui fâche. Il y avait cependant les diatribes de Kemi Seba qui, relayées en prime time par la 2STV, eurent un écho considérable auprès de la jeunesse de nos universités. Dans la mesure où l’activiste est de nationalité française, il ne fut pas bien difficile pour le régime de l’éloigner de nos frontières dès lors qu’il se mit à agiter la rue autour de la question monétaire. En s’opposant ainsi à l’expression politique de Kemi Seba, le régime a finalement – ruse de l’histoire – rendu service aux jeunes gens qui le suivaient en leur permettant de se tourner vers un leadership qui allait s’avérer beaucoup plus porteur. Ces jeunes allaient, dans les années suivantes, jouer un rôle important, sur les réseaux sociaux notamment, dans la lutte contre le régime de Macky Sall et pour la défense du « projet.» Beaucoup d’entre eux ont fait partie des prisonniers politiques du régime sortant. L’émergence sur la scène publique il y a à peu près dix ans du Pastef – qui vite se verra flanqué à sa gauche de personnalités telles qu’Alla Kane, le Dr Dialo Diop, Guy Marius Sagna et à sa “droite”, de mouvements réformistes islamiques – a offert à cette jeunesse soucieuse de s’engager dans une cause révolutionnaire une plateforme de conquête du pouvoir à la fois crédible et radicale. Cet attelage, le FRAPP surtout dont la simple évocation donne des haut-le-cœur à nos compatriotes francophiles, est venu mettre un terme au règne de la langue de bois et à la rhétorique de l’antipolitique qu’est le consensus néolibéral. Ont été réactivés dans la discussion publique et comme horizon d’action politique, malgré les soupirs embarrassés qui çà et là se faisaient entendre, des sujets qui auparavant, hors quelques cénacles universitaires et réunions groupusculaires, étaient franchement tabous. Pour la première fois depuis les indépendances, une force politique susceptible de prendre le pouvoir a assumé le thème de la poursuite des efforts de la décolonisation. Thème qui, si l’on en croit le discours à la nation du 4 avril prononcé par le président Bassirou Diomaye Faye, continue d’être assumé.
La fin de la République des évolués du Sénégal
Le Pastef a réussi là où le PAI, le RND, le PIT, Ànd Jëf et d’autres formations politiques porteuses de ruptures radicales avaient échoué. Il a probablement bénéficié d’un contexte favorable. Ceux d’en haut, selon une formule classique, ne pouvant plus et ceux d’en bas ne voulant plus vivre comme avant, la proposition politique la plus audible s’est vue confier le pouvoir. Mais pourquoi la proposition du Pastef fut elle la plus audible et surtout comment se fait-il qu’elle suscitât un tel enthousiasme ? Il y a son contenu, évoqué plus haut, mais aussi son incarnation par Ousmane Sonko.
Ce qu’il y a de frappant chez Ousmane Sonko, et c’est peut-être cette dimension de sa personnalité qui est la plus disruptive dans le contexte théologico-politique sénégalais, c’est qu’il est non seulement perçu comme compétent sur le plan politique, mais aussi, auprès de ceux très nombreux parmi nos concitoyens que cela intéresse, sur le plan religieux. L’image d’Ousmane Sonko – et ce malgré l’épisode Adji Sarr qui par ailleurs devra être tiré au clair – demeure celle d’un homme qui prend l’Islam au sérieux et se trouve avoir quelques lumières en la matière. Il est frappant que dans ses prises de parole publiques, lorsqu’il s’agit pour lui d’éclairer la situation politique du présent, c’est plutôt dans les récits de la vie du messager, sur lesquels il peut s’étendre longuement, que dans ceux de la politique moderne qu’il va puiser. Ce n’est pas la première fois qu’un politicien sénégalais mobilise l’Islam ou fait publiquement parade de son aptitude à dire des versets du Coran et autres Hadiths dans le texte. La Convention des démocrates et des patriotes-Garab Gi qui avait pour candidat le Professeur Iba Der Thiam avait sans succès mobilisé les thèmes de l’Islam et de la tradition lors des élections de 2000. Idrissa Seck disait des versets dès que l’occasion se présentait, mais il faut croire que les Sénégalais savent distinguer la dévotion de la tartufferie. Cette tendance à mobiliser la culture islamique distingue assez radicalement Ousmane Sonko de la vieille gauche qui, faut-il le rappeler, n’est jamais parvenu au pouvoir qu’en s’alliant au socialisme assez spécieux du PS et au libéralisme après 2000. Le sobre et scrupuleux monothéisme qui semble être celui de certains cadres du Pastef diffère de l’Islam confrérique avec lequel l’État colonial, de même d’ailleurs que la République des Évolués du Sénégal, avait fini par s’accommoder, lui trouvant des vertus de tolérance et d’enracinement culturel.
Cette absence de référence à l’univers de la culture bourgeoise humaniste dans le discours d’Ousmane Sonko, conjugué à ses références à l’Islam qui ne passent pas par la médiation des confréries en font assurément une figure inquiétante pour la République des évolués du Sénégal. C’est pourquoi les rumeurs selon lesquelles nous avions à faire avec le Pastef à un dangereux mouvement salafiste commencèrent de circuler dans Dakar dès les débuts de la vie du parti. C’est aussi pourquoi Le Quotidien, arc-bouté sur la défense de la République des évolués du Sénégal, a régulièrement publié des tribunes sur le fascisme et le manque présumés de culture d’Ousmane Sonko. “Il n’a rien lu!” y dénonçait leur auteur, qui semblait ignorer qu’Ousmane Sonko n’était pas candidat à l’agrégation de Philosophie, et surtout qu’en démocratie et pour un homme politique la lecture qui importe aux citoyens est celle de leurs situations. Qu’en outre la culture bourgeoise humaniste qui dans le Dakar d’antan fit le prestige des évolués, qui s’étale à longueur de tribunes dans le Quotidien, n’impressionne, et surtout n’intéresse plus grand monde au Sénégal.
Le fait est que la République des évolués est morte, peut-être de ne s’être pas donné les moyens de ses ambitions de transformation sociale et culturelle ; il s’agit d’en faire, de manière apaisée, le deuil. Elle a fait son temps et l’on peut même lui faire crédit d’avoir joué son rôle historique, en construisant une démocratie et en intégrant tous les peuples du Sénégal à son nationalisme civique. Les indigènes, par la voie démocratique, ont fini par investir le pouvoir de leur sensibilité. La mission civilisatrice, relayée sans grand effort par la République des évolués du Sénégal est à bout de souffle. Sa source parisienne perd, chaque jour qui passe dans le massacre des Gazaouis qu’elle a cautionné, le peu de légitimité qu’elle avait à professer l’humanité. Ceux d’entre nous, membres de la société civile, conscrits de la modernité occidentale qui pensons qu’elle avait tout de même deux ou trois choses d’universelle valeur à nous apprendre, devront désormais en convaincre nos concitoyens, par la délibération et l’exemplarité, dans le cadre de la démocratie. Le lobbying dans les couloirs du pouvoir, si le nouveau régime tient ses promesses, n’y suffira plus.
Mamadou Diallo est doctorant à Columbia University, New York.
[1] Wolfgang Streeck et Frédéric Joly, Entre globalisme et démocratie: l’économie politique à l’âge du néolibéralisme finissant, NRF essais (Paris: Gallimard, 2023).
[2] Fanny Pigeaud and Ndongo Samba Sylla, L’arme invisible de la Françafrique: une histoire du franc CFA, Cahiers libres (Paris: la Découverte, 2018).p.162.
[3] OECD, Examen Multidimensionnel Du Sénégal: Volume 1. Évaluation Initiale (Paris: Organisation for Economic Co-operation and Development, 2017)
[4] Carl Christian von Weizsäcker and Hagen M. Krämer, Saving and Investment in the Twenty-First Century: The Great Divergence
[5] UNCTAD, ed., International Tax Reforms and Sustainable Investment, World Investment Report 2022 (Geneva New York: United Nations, 2022).
[6] Mkandawire, Thandika. “On Tax Efforts and Colonial Heritage in Africa.” Journal of Development Studies 46, no. 10 (November 2010): 1647–69.
[7] Albertson, Kevin, and Paul Stepney. “1979 and All That: A 40-Year Reassessment of Margaret Thatcher’s Legacy on Her Own Terms.” Cambridge Journal of Economics 44, no. 2 (March 19, 2020): 319–42.
[8] Thomas Piketty, Capital in the Twenty-First Century, trans. Arthur Goldhammer (Cambridge, Massachusetts London: The Belknap Press of Harvard University Press, 2017).
[9] Moriba Magassouba, L’islam Au Sénégal: Demain Les Mollahs?: La “Question” Musulmane et Les Partis Politiques Au Sénégal de 1946 à Nos Jours, Collection Les Afriques (Paris: Editions Karthala, 1985).
[10] Momar Coumba Diop, Mamadou Diouf, and Aminata Diaw, “Le baobab a été déraciné. L’alternance au Sénégal,” Politique africaine N° 78, no. 2 (2000): 157–79.
[11] Boubacar Niane, Elites par procuration: Handicaps et ruses des dirigeants politico-administratifs sénégalais (Paris: Editions L’Harmattan, 2012).
LA FERME QVS DELESTEE DE 90 HA PAR UNE SOCIETE IMMOBILIERE, 1 000 EMPLOIS MENACES
Au moment où l’état du Sénégal fait de la relance de l’agriculture une de ses priorités, pour booster la croissance économique, l’existence d’une ferme agricole située dans la commune de Keur Moussa, département de Thiès, est menacée par une société immob
Au moment où l’état du Sénégal fait de la relance de l’agriculture une de ses priorités, pour booster la croissance économique, l’existence d’une ferme agricole située dans la commune de Keur Moussa, département de Thiès, est menacée par une société immobilière. il s’agit de la Société Qualité végétale (QVS) qui risque, si l’on n’y prend garde, d’être délestée de 90 ha par la Société Nouvelle ville (SNV), avec à la clé un millier d’emplois menacés.
La Société Qualité Végétale (QVS) exploite, depuis près de 5 ans, 110 ha de terres agricoles, dans la commune de Keur Moussa et précisément dans le village de Thiambokh. QVS s’est donc installée dans ce qui est aujourd’hui une ferme agricole qui emploie plus de 1 000 personnes, et qui contribue à l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, après avoir obéi à toutes les normes administratives. C’est sur la base d’un protocole d’accord en date du 7 juin 2019, entre le Direction des Eaux, Forêts, Chasses et de la Conservation des Sols (DEFCCS), pour la mise en valeur agro-forestière d’une partie de la forêt classée de Thiès et valable pour une durée de 5 ans renouvelable. «Ce délai nous a permis d’aller chercher des partenaires, pour pouvoir mener à bien l’exploitation de ces terres, en terme d’agriculture. C’est ainsi qu’un investissement de plus de 4,8 milliards de Fcfa a été consenti, pour la construction de forages, de bassins de rétention pour permettre l’irrigation», a indiqué Mbaye Seck, Directeur Technique du Directeur. Mais un conflit foncier entre QVS et la Société Nouvelle Ville (SNV) risque de tout remettre en cause.
Et pour cause, la SNV réclame, sur la base d’un décret d’attribution qui date de 2022, la paternité de 90 ha sur les 110 exploités par QVS, pour y ériger des logements sociaux, alors que la zone est classée non aedificandi par une étude technique. Il signale que ledit décret ne contient aucune coordonnée quant à l’appartenance administrative du site en question et c’est sur cette base qu’elle a paradoxalement obtenu une autorisation de lotir. Il s’y ajoute que, selon le décret, le site est logé dans le département de Mbour, alors qu’il se situe en réalité dans la commune de Keur Moussa, département de Thiès et précisément dans la zone du village de Thiambokh.
Il renseigne que c’est d’ailleurs l’Agence Nationale de l’Aménagement du Territoire (ANAT) qui a établi la carte de localisation du site et a ainsi confirmé qu’il se trouve effectivement dans la commune de Keur Moussa ; ce qui a été attesté par le schéma cadastral, avec le Numéro d’Identification Cadastral 0722030312300001. Il renseigne que la SNV a déjà usé d’un forcing, avec l’assistance des forces de l’ordre, pour s’accaparer de 45 des 90 ha en question, alors que les semis avaient commencé et une pépinière a même été détruite lors de cette opération.
Et la superficie déjà prise s’est traduite par une répercussion négative sur le rendement de cette année et une diminution drastique du personnel, ce qui veut dire en clair qu’il y a eu d’énormes pertes d’emplois. Et si la Société Nouvelle Ville met à exécution sa menace de prendre 45 autres hectares, se désole-t-il, cela se traduira par la perte d’environ un millier d’emplois. «Il appartient maintenant à l’Etat d’arbitrer, pour qu’une solution pérenne soit trouvée, d’autant plus que c’est l’Etat lui-même qui a, en toute transparence, mis ces terres à la disposition de QVS, pour une durée de 25 ans. Et s’il donne les mêmes terres à un autre, cela veut dire que c’est lui qui doit arbitrer. Nous avions lancé un appel à l’endroit du président de la République sortant, pour qu’il contribue à la clarification de cette situation. En ce qui nous concerne, nous sommes disposés à la négociation, à se retrouver autour d’une table, pour trouver une solution définitive», a-t-il ajouté.
Selon lui, ce dossier semble dégager un parfum de corruption, mais fort heureusement, le tout nouveau président de la République fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités. Il reste en tout cas convaincu qu’avec la nouvelle équipe gouvernementale, la loi du plus fort n’aura plus cours dans ce pays.
«MOBILISATION DES POPULATIONS RIVERAINES POUR DIRE NON À LA DISPARITION DE LA FERME»
«Nous lançons un appel solennel à l’endroit du président de la République Bassirou Diomaye Faye, sur qui nous comptons beaucoup. Nous avons de l’espoir en tant que jeunes, conscients du fait que seul le retour vers l’agriculture permettra d’atteindre au moins l’autosuffisance alimentaire», a-t-il poursuivi. En tout cas, les populations riveraines se sont mobilisées pour dire non à la disparition de la ferme qui constitue leur gagne-pain au quotidien.
Pour Malick Ciss, Chef de village de Thiambokh, conseiller municipal à Keur Moussa, président de la commission agriculture et élevage, cette situation est en parfaite contradiction, avec l’ambition affichée par l’Etat de donner des emplois aux jeunes, à travers le programme « Xëyu Ndaw yi». «Si vraiment cette ambition est sincère, il ne faut pas laisser toutes ces terres entre les mains d’un promoteur qui travaille pour ses propres intérêts. Personne ne peut comprendre la mise en œuvre, au vu et au su de l’Etat, d’une initiative qui va mettre en péril des milliers d’emplois», a-t-il ajouté. Ce qui est aussi, à ses yeux, de nature à encourager les jeunes, pourtant disposés et déterminés à gagner leur vie dans leur terroir, à emprunter les chemins chaotiques de l’émigration clandestine. «Nous n’avons que l’agriculture pour vivre et c’est d’ailleurs pourquoi nous voulons que ce périmètre soit pérennisé. Nous n’accepterons jamais qu’un individu vienne s’approprier tout ce patrimoine commun. Nous refuserons jusqu’à la dernière énergie», ont déclaré en chœur les populations.
Par Bernard Casimir Demba CISSE
DE LA NECESSITE DE PRESERVER LA COHESION SOCIALE
«Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font». C’est là la première des sept paroles que le Christ Jésus a prononcées alors qu’il était cloué sur l’infâme bois de la croix.
Bés Bi le Jour |
Bernard Casimir Demba CISSE |
Publication 12/04/2024
«Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font». C’est là la première des sept paroles que le Christ Jésus a prononcées alors qu’il était cloué sur l’infâme bois de la croix.
Alors qu’il était en train de mourir de façon atroce, de la plus vile et dégradante des morts pour un humain en Israël, Jésus Christ invoqua de son Père le pardon pour ses bourreaux qui, en plus de le martyriser, se moquaient de lui et tiraient, dans la foulée, au sort sa tunique. Ce scandale de l’Evangile d’un Messie crucifié est folie pour les hommes. Il devient tragédie lorsque la victime prie pour l’amnistie (le mot est à la mode) en faveur de ses meurtriers. Mais là est la nature du Dieu des Catholiques. Il est TOUTE MISERICORDE, ce Dieu des Catholiques, qui sait créer, à partir du néant et du mauvais, quelque chose de beau, de bon, de meilleur. Son Cœur aimant s’ouvre à la Misère de l’Homme pécheur qui se repend. C’est fort de cette belle image de mon Dieu que, moi, Catholique, je pardonne à Monsieur Bachir FOFANA son écart de langage lorsque, dans l’émission IFTAAR de iTv, de la semaine passée, il avançait ces propos : «… le Général TINE, à l’Intérieur… Jean Baptiste TINE, Ministre de l’Intérieur ; et c’est le Ministère de l’Intérieur qui s’occupe du culte religieux dans ce pays. Nous sommes un pays à 95% de Musulmans et on a un chrétien de confession. Imagine, Gamou diott, Général TINE demm, wala imagine Magal Touba diott, Général TINE demm…. Oui. Oui. Mais Bon… Je n’ai pas dit que c’est un problème. Je dis simplement que… bon c’est à souligner…».
La maladresse, dans ces propos, est d’abord reconnue par Monsieur Bachir FOFANA luimême qui, dans un réflexe plein d’humilité et certainement de remords, a publié au moins deux vidéos, dont une en pleine nuit, pour regretter ses propos et la portée qu’il ne soupçonnait certainement pas qu’ils auraient eue. A sa décharge, le soin qu’il a pris de repréciser sa pensée à la fin de l’émission, lorsqu’il a pris conscience du caractère polémique de ses propos, n’a pas été relayé. Le mal était déjà fait… Le Groupe E-media, Employeur des animateurs de l’émission a, dans la foulée, vite fait de mesurer l’ampleur de la bévue, qui s’est fendu d’un communiqué pour relever la «glissade» sur un terrain sensible. Le groupe E-Media, pour avoir relevé la «gravité extrême» des propos tenus, s’en est vite démarqué. Le Conseil pour l’Observation des Règles d’Ethique et de Déontologie dans les Media (CORED) a également «regretté les propos tenus le 5 avril par DES professionnels des médias», comme pour rappeler que Monsieur Bachir FOFANA n’est pas le seul à indexer… En cela, du reste, le CORED émet sur la même longueur d’onde que le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA). Ce dernier pointe du doigt «Des média audiovisuels» qui ont «failli gravement à leur responsabilité» et « violé la règlementation, notamment la Constitution et leur Cahier des charges», «en laissant leurs collaborateurs (Journalistes et/ou chroniqueurs) tenir des propos extrêmement dangereux, consistant à remettre en cause ou à questionner la nomination du nouveau Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique sur des considérations exclusivement religieuses».
Toutes ces condamnations en chœur et la discussion que nous avons eu le plaisir de tenir avec Monsieur FOFANA (une personne d’une exquise courtoisie) auraient suffi à apaiser un cœur meurtri et enduire de baume toute foi blessée par les propos tenus. De plus, de savoir que le Ministre de l’Intérieur nouvellement nommé, le Général JeanBaptiste TINE, s’est entretenu avec notre frère Bachir et qu’il l’a personnellement convié à sa cérémonie de prise de service, aurait dû freiner la publication de cette réflexion ; tant tous les deux ont fait montre d’une grandeur d’âme et de dépassement. En outre, compte tenu du fait que cette offense à la communauté catholique se soit produite dans l’Octave pascale, avec les cœurs brûlant encore de la Joie du Ressuscité, eu égard au sublime message de l’Eglise catholique qui célèbre la MISERICORDE le dimanche suivant immédiatement celui de Pâques, mais aussi en ces jours de Korité où le Pardon est le maître mot, nous avons, en ce qui nous concerne, pardonné et invoqué la grâce du discernement, de la sagesse et de la circonspection sur ceux-là qui se sont trompés ou qui ne savaient certainement pas.
Notre propos transcende, dès lors, la personne de notre frère Bachir FOFANA et celles des animateurs et autres journalistes de IFTAAR. Il se veut alerte face aux velléités de ceux qui seraient tentés d’aller plus loin dans cette voie glissante du sectarisme, du communautarisme et de la discrimination au nom de la loi du nombre. En effet, la récurrence de ces dérives dans un Sénégal dont le substrat culturel, les valeurs de la République, tout comme les valeurs traditionnelles fondées sur la coexistence pacifique des communautés et ethnies, le cousinage à plaisanterie, les vertus ancestrales de kersa, de jomm, et de mugn, sont de plus en plus sapés par des individus incultes, aux esprits chagrins et à la rancœur gratuite n’ayant d’égal que l’abyssale vacuité du jugement, emmène à alerter et à mettre en garde.
Nous convoquons, à cet égard les enseignements que nous tenons de nos anciens :
«Euleuk dou agn, dou rére, wayé lou mata soralé la» (mieux vaut prévenir que guérir) ;
«Liy raam ca niagg ba la dieum» (le mal annoncé et non contenu ne peut que causer des dégâts»
«Lu waay rindi ci sa loxo lay naac» (nos faits et gestes nous rattrapent toujours».
Il importe, sous ce prisme, de mettre en garde ceux qui, quelles que soient leurs convictions ou secrètes aspirations, quel que soit leur nombre et à quelque position où ils se trouvent, nourrissent de plus en plus le dangereux dessein de remettre en cause le caractère laïc, démocratique et social de notre République. La fréquence avec laquelle les dérives langagières se multiplient, notamment à l’encontre de la «minorité catholique», inclinent à considérer que certains propos de plus en plus audibles dans l’espace public ne sont, à la vérité, que l’écho de l’insidieux bruit qui sourd du tréfonds de certains cœurs noircis par l’ignorance et la bêtise. Or, ainsi que l’écrivait Honoré de BALZAC «La bêtise a deux manières d’être : elle se tait ou elle parle. La bêtise muette est supportable».
Alors, en ces moments où la parole publique se libère de façon incontrôlée, à la faveur du libre accès aux réseaux sociaux, de la quête du buzz, de la promotion du radotage et des commérages, il est un impérieux besoin de sécurité et de salubrité publiques que de ne point laisser la bêtise parler. Des esprits fragiles, parasités par l’oisiveté, la rancœur, l’obscurantisme et l’orgueil mal placé de l’ignorant qui ne sait pas qu’il ne sait pas et qui se croit d’une intelligence supérieure, pourraient «gober» et prendre pour «paroles d’Evangile» des inepties bien dites et maquillées sous le douillet manteau de la manipulation et le fallacieux prétexte de la «liberté d’expression».
BEAUMARCHAIS, avait bien compris cela lorsque, dans son fameux «Eloge à la Calomnie» dans «Le barbier de Séville, II-8», son personnage BAZILE conseillait à BARTHOLO de ne point se compromettre par un brutal assassinat, mais de susciter une méchante affaire et de calomnier à dire d’experts. Face à l’étonnement de BARTHOLO devant ce singulier procédé pour se défaire d’un homme, la réponse de BAZILE, inspirée du beau langage des nuances en musique, est une belle leçon à méditer par tous, aujourd’hui, dans le contexte sénégalais ou le fake, l’infox et la parole blessante et assassine se répandent et se croient plus vite, cependant que la vérité est toujours suspecte et d’abord chahutée.
A nous tous, BAZILE s’adresse en ces termes : «Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse ! ... D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, on ne sait comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?». Ces bruits, basés sur la délation, la méchanceté, l’exclusion de l’autre au nom d’un communautarisme néfaste… ces bruits-là détruisent, tuent à petit feu ou font tuer…
Il est, dès lors, heureux qu’à l’unisson, les sénégalais de valeur, épris de justice, de paix et soucieux de la cohésion nationale, aient élevé la voix et que certaines personnes indexées aient fait amende honorable.
Les mêmes voix s’étaient, de la même façon, élevées pour fustiger :
- la malheureuse sortie de la plus haute autorité de ce pays sur les églises dans lesquelles on prierait «quelqu’un qui n’est pas Dieu»,
- la suspecte insistance d’un groupe de pression relativement à l’histoire du «voile» dans les écoles catholiques,
- la sortie malheureuse de l’Imam Lamine SALL contre la communauté chrétienne avant qu’il ne se confonde en excuses
- le débat malsain instauré par une minorité d’illuminés après le rappel à Dieu et la naissance au Ciel de l’acteur catholique Jean Paul D’ALMEIDA ;
- la profanation d’églises et de cimetières catholiques…
La discipline, la retenue, l’amour fraternel, le souci de la cohésion nationale et la croyance ferme en la bonté de l’Homme sénégalais transcendant les individualités qui s’expriment sur ces aspects sensibles, ont toujours mu les autorités ecclésiales dont la tempérance n’a jamais été faiblesse coupable.
Les voix des Pasteurs de l’Eglise (Hier, les Cardinaux THIANDOUM et SARR et aujourd’hui, l’Archevêque Benjamin NDIAYE et l’ensemble des Evêques) n’ont de cesse de résonner pour appeler à la raison et au respect de l’Autre. Le Conseil national du Laïcat se fait l’Echo de ces appels dans la Vérité et la Liberté des Enfants de Dieu. Alors, il importe que plus d’efforts soient consentis et plus de fermeté affichée pour enrayer les velléités de sectarisme et de discrimination à l’égard des catholiques et, audelà, de toute minorité dans ce pays. Notre Constitution nous y astreint lorsque, après avoir rappelé l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion ainsi que le respect de toutes les croyances, elle prévient en ces termes : «Toute discrimination raciale, ethnique ou religieuse, de même que toute propagande régionaliste pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ou à l’intégrité du territoire de la République sont punies par la loi». Notre «commun vouloir de vivre en commun» nous contraint à nous dresser, comme un seul homme, «épaule contre épaule», pour combattre les fossoyeurs des valeurs de la République et de la cohésion sociale. Sous ce rapport et, afin que nul n’en ignore, il est un devoir de rappeler à ceux qui ne savent pas, à ceux qui ont peut-être oublié, à ceux qui feignent d’ignorer ou qui veulent occulter des faits historiques figés dans le marbre de notre trajectoire commune, que c’est bien dans ce beau pays qu’est le Sénégal, riche de sa belle, respectable et respectueuse Majorité musulmane que :
- feu Léopold Sédar SENGHOR, un fervent catholique, a été le Premier Président de la République ;
- feu le Cardinal THIANDOUM, dans le différend opposant alors le Président Léopold Sédar SENGHOR au Président du Conseil, Mamadou DIA, en 1962, avait pris le parti de Monsieur DIA ;
- les Khalifes généraux d’alors soutenaient le Président catholique SENGHOR ;
- le Père, Dominicain, Louis Joseph LEBRET, en sa qualité d’économiste, fut invité par le gouvernement sénégalais à inventer le plan de développement du pays avec les jeunes acteurs de l’Indépendance ;
- feu Jean COLIN a été Ministre de l’Intérieur pendant au moins 10 ans, remplacé par Monsieur André SONKO, tous deux fervents et convaincus catholiques ;
- feu Jean COLIN, en sa qualité de Ministre de l’Intérieur, a été le Premier Commissaire du Pèlerinage aux lieux saint de l’Islam ;
- le Bien-aimé feu Imam Seydou DEME, Premier Imam de Gorée, est inhumé au cimetière Catholique de Bel-Air ;
- les Gouverneurs, Préfets et Sous-Préfets, dont nombre ont été formés dans les écoles catholiques et dont plusieurs sont catholiques pratiquants, conduisent au quotidien des délégations gouvernementales pour traduire les messages des autorités étatiques et solliciter des prières pour le pays dans des cérémonies religieuses (Ziarras, Gamous, Magals,…) ;
- le Dakka de Médina Gounass a, pendant plusieurs années, été organisé par un catholique, en la personne de l’ancien Gouverneur Léopold WADE, dont la belle et solide amitié avec Feu Abdoul Aziz BA, frère du Khalife d’alors, était magnifiée, jusqu’au rappel à Dieu de celui-ci ;
- le Pèlerinage marial de Poponguine est, depuis des décennies, organisé, de mains de maîtres, par des autorités administratives musulmanes, qui y conduisent des délégations officielles toujours installées aux cotés des autorités religieuses et coutumières également musulmanes ;
- nos familles, dont celle de Monsieur Bachir FOFANA, du reste, sont parfois composées de membres de confessions religieuses différentes et sont des havres de paix où catholiques, musulmans et autres adeptes de la religion traditionnelle, unis par les liens de sang, se vouent, par-dessus tout, respect et considération.
C’est dire, au final, que notre pays se construit et se nourrit de sa diversité. Chaque citoyen a sa pierre à apporter pour l’édification de la NATION SENEGAL.
Cette Nation que nous formons est constituée de Sénégalaises et de Sénégalais (tout court) ; dans un Etat laïc, personne ne devant être considéré comme «minoritaire». La communauté catholique, en tout cas, entend résolument jouer sa partition dans la belle symphonie qu’est l’exaltante œuvre de construction nationale. «Sel et Lumière dans ce Sénégal», la communauté catholique se refuse donc d’être considérée comme une «minorité». Elle ne l’est point, tant les valeurs chrétiennes catholiques illuminent en irradient ce pays et tant la qualité des membres de cette communauté, formés à bonne école, suffisent amplement comme repères et références.
Alors, les langues ont encore fourché. Le Pardon est encore accordé. Il le sera soixante-dix fois sept fois !!! Mais, la Vérité nous rend Libres. «La Vérité germera de la Terre et du Ciel se penchera la Justice» !!! En tout état de cause, n’oublions jamais que la sagesse populaire africaine nous enseigne que «la langue qui fourche fait plus mal que le pied qui trébuche. »
A bon entendeur… !!!
Bernard Casimir Demba CISSE
Maître de Chœur à la Paroisse Universitaire Saint Dominique de Dakar
Par Imam Makhtar KANTE
VERS UNE SOLUTION DURABLE
Pour faire court, il s’agit maintenant et urgemment d’aller vers une solution durable pour ne pas se laisser tromper par la belle coïncidence de la Korité commune que nous avons eu le mercredi 10 Avril 2024.
Bés Bi le Jour |
Imam Makhtar KANTE |
Publication 12/04/2024
Pour faire court, il s’agit maintenant et urgemment d’aller vers une solution durable pour ne pas se laisser tromper par la belle coïncidence de la Korité commune que nous avons eu le mercredi 10 Avril 2024.
A cette fin, je réitère mes principales propositions :
1) refonder la Conacoc qui est en crise comme la commission des musulmans du Sénégal. En faire un organe unitaire qui comprend des représentants des associations d’imams, des représentants des Califes et des associations islamiques.
2) ce nouvel organe sera chargé de collecter et valider l’information sur les 12 mois lunaires. Et il sera le seul interlocuteur du ministère de l’intérieur qui assure jusqu’à présent la tutelle du culte. Ce dernier pourra valider les dates reçues de ce nouvel organe par un décret ou autre texte de loi.
3) encadrer l’observation par les données astronomiques notamment les instants de conjonction (c’est le début d’un nouveau cycle lunaire), de coucher de soleil et de lune (le nouveau croissant ne peut être visible avant le coucher du soleil à la suite de la conjonction). Ces données pourraient être données par l’Aspa.
4) observer et valider à l’échelle du pays comme le font tous les autres pays musulmans. Ce nouvel organe définira des modalités de collaboration avec d’autres organes officiels des pays musulmans à ce sujet.
5) rendre ce nouvel organe plus fiable et efficace en mettant en place une plateforme numérique aux fins de la collecte et du traitement des témoignages visuels.
Plaise à Allah de nous assister dans le règlement de ce problème sur la base de la charia, de la science astronomique et d’un consensus national.
Imam Makhtar KANTE
Par Pr Abou KANE
VOUS AVEZ DIT BOMBE SALARIALE ?
A mon humble avis, la masse salariale est loin d’être une bombe si l’on en juge par l’ampleur des hausses, la nature des augmentations et l’évolution parallèle de la dette qui devrait plus nous inquiéter que les salaires.
Récemment l’ingénieur logiciel Arona Oumar Kane a produit un texte intéressant intitulé : La bombe salariale. En résumé, il estime que les augmentations de salaires des agents de la fonction publique sont moralement inacceptables et économiquement infondées et que le nouveau régime aura du mal à gérer ces hausses de salaires. A mon humble avis, la masse salariale est loin d’être une bombe si l’on en juge par l’ampleur des hausses, la nature des augmentations et l’évolution parallèle de la dette qui devrait plus nous inquiéter que les salaires.
De l’ampleur des hausses de salaires
Tout d’abord il faut préciser que toutes les dépenses de personnel ne sont pas encaissées par les salariés chaque mois. Dans cette rubrique on trouve, en dehors des salaires, primes et indemnités, des cotisations sociales, des prises en charge médicales, des rémunérations versées à du personnel non sénégalais dans des missions diplomatiques par exemple et d’autres charges de personnel. Il est vrai qu’entre 2022 et 2023 les dépenses de personnel ont augmenté de 23% alors que les recettes internes n’ont évolué que de 13% mais le ratio «dépenses de personnel/recettes internes» est resté relativement stable entre 2021 et 2024, passant de 33% en 2021 à 30% en 2022 avant de monter à 35% en 2023 pour revenir à 33% en 2024. Il est tout aussi bon de rappeler qu’entre 2021 et 2022, les recettes internes ont augmenté de 15% pendant qu’on enregistrait 5% pour les dépenses de personnel. Même tendance en 2024, où on s’attend à une hausse des recettes internes de 20% alors que les dépenses de personnel ne vont croître que de 13%. Encore une fois, toutes ces dépenses de personnel ne vont pas dans les poches des agents de l’Etat. Plusieurs études ont montré, ces dernières années, que le salaire moyen était compris entre 100.000 et 150.000 FCFA par mois au Sénégal ; ce qui anormalement faible pour un pays où le coût de la vie est l’un des plus élevés de la sous-région.
De la nature des augmentations de salaires
Aussi, certaines hausses de dépenses de personnel sont liées à la régularisation de sommes dues depuis plusieurs années (avancement des enseignants ou protocoles d’accord avec les syndicats de tous les secteurs). Il y a certes eu beaucoup de recrutements et de revalorisations salariales mais c’est dans des proportions acceptables pour un pays où des milliers de jeunes diplômés sortent chaque année des écoles et universités avec un secteur privé qui peine à les absorber. L’Etat étant le premier investisseur dans un pays en développement comme le Sénégal, il peut aussi être le premier employeur en attendant que le secteur privé soit assez fort pour absorber une bonne partie de cette main d’œuvre. Malgré toutes ces augmentations qualifiées d’extraordinaires, pour l’année 2024, un agent de l’administration perçoit, en moyenne, 670.000 F CFA par mois, en brut (1442 milliards pour 179.000 agents). Comme précisé ci-haut, tout ce montant n’est pas encaissé par le salarié car les impôts sont coupés à la source et cette moyenne inclut d’autres prises en charge et contrats d’agents non permanents que l’Etat rémunère pour des tâches spécifiques. Si on parvenait à défalquer tous ces éléments du montant global, on se retrouverait avec un salaire plus faible qui reflète la réalité des rémunérations dans le secteur public au Sénégal. Même si on ignorait ces aspects pour prendre le montant calculé, il n’est pas si élevé que cela si l’on sait que la taille moyenne d’un ménage sénégalais est de 9 personnes. S’y ajoute une concentration de salaires faibles dans l’administration qui contraste avec certains salaires très élevés qui sont concernent une élite minoritaire en termes de proportion dans l’effectif total des agents de la fonction publique.
La dette, le vrai produit inflammable
Précisons que ce n’est pas avec la dette que les salaires sont payés. Ces deux variables prennent des directions aussi divergentes que celles de Pastef et de l’APR. On le sait, la dette est incontournable pour des investissements. Mais on peut s’inquiéter de la hausse de 36% des intérêts de la dette entre 2023 et 2024. Le service de la dette (principal+intérêts) va augmenter de 44% sur les deux ans à venir pour atteindre 2600 milliards en 2026. En l’état actuel des choses, je ne pense pas que la masse salariale puisse constituer un fardeau pour le nouveau régime. Je pense même qu’il faut l’augmenter en recrutant plus de jeunes qualifiés dans la fonction publique et en motivant davantage les agents déjà en poste avec comme contrepartie, des performances relatives à la modernisation de l’administration, son efficacité et sa productivité. Le vrai challenge, c’est la rationalisation des autres dépenses de fonctionnement, la gestion prudente de l’endettement, l’élargissement de l’assiète fiscale et une gestion plus rigoureuse des exonérations fiscales. Le ratio dette/PIB, tourne déjà autour de 80% mais un simple changement d’année de base du PIB (rebasing) pourrait le faire baisser; ce qui réduit d’autant la pertinence de ce ratio de solvabilité. Par contre, il est urgent d’améliorer les ratios de liquidité, dans le court terme, en travaillant à la redynamisation des exportations et à une plus forte mobilisation de recettes budgétaires. Compte tenu de la forte concentration d’inspecteurs des impôts ou du trésor entre la présidence, la primature, le ministère des finances et le ministère de l’énergie, du pétrole et des mines, cela ne devrait pas poser problème.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD
UN COLLIER AUTOUR DU COU DE LA REPUBLIQUE
Ngano dans l’histoire - C’est au 13ème siècle (entre 1276 et 1279) que Samba Wargoum a fondé le village de Ngano. L’homme s’est installé au milieu d’une forêt et cohabitait avec des lions, des boas et d’autres animaux sauvages.
Bés Bi le Jour |
Demba NIANG (Envoyé spécial à Ngano) |
Publication 12/04/2024
Le village de Ngano donne l’air d’une cité avec la structure de son habitat (maisons à étage, terrasses…) malgré son accès difficile qui sera un mauvais souvenir d’ici quelques mois avec la fin des travaux de construction de la route du Dandé Maayo. Situé sur la rive gauche du fleuve Sénégal dans la commune rurale de Ndendory (département de Kanel), Ngano est un village dont l’histoire est liée plus d’une fois à la République du Sénégal. Pour lui avoir donné le collier porté par le président de la République lors de son investiture par le Conseil constitutionnel, mais aussi les deux lionceaux représentés en sculpture au palais de la République.
C’est au 13ème siècle (entre 1276 et 1279) que Samba Wargoum a fondé le village de Ngano. L’homme s’est installé au milieu d’une forêt et cohabitait avec des lions, des boas et d’autres animaux sauvages. Un aventurier surpris de trouver une case au milieu d’une forêt s’écria «o ko gando, ko gando hoddi do» (c’est un savant, c’est un savant qui ose habiter au milieu des animaux sauvages en Pulaar). Gando signifiant savant en Pulaar deviendra au fil des ans, Ngano. Une localité d’agriculteurs, d’éleveurs et de pêcheurs mais aussi d’émigrés qui ont transformé le village en une cité avec un habitat qui n’a rien à envier à celui des grandes villes. Et un de ses émigrés en France a donné naissance à un homme qui fait la fierté de tout Ngano, Kalidou Koulibaly, le capitaine des Lions. A la différence de nombreuses localités du Fouta, la chefferie du village est passée entre les mains de familles différentes avant d’être confiée définitivement à la famille Dia. L’actuel chef de village de Ngano, Kalidou Dia, ajoute : «C’est le même cas pour l’imamat car la mosquée a été dirigée par un Sy, puis un Wane, un Dia et depuis quelques années par un Ly».
L’hostilité de la périphérie de Ngano avec une forte présence d’animaux sauvages a demeuré jusqu’à une période récente. «A la tombée de la nuit, mon père m’a raconté que personne ne sortait de sa maison et jusqu’à une période récente et étant jeune on l’a vécu, tous ceux s’attardaient dans la zone font tout pour regagner Ngano pour y passer la nuit pour repartir le lendemain», raconte Idy Sow. Les populations sont perçues dans le département de Kanel comme des gens courageux pour avoir cohabité avec des animaux sauvages des siècles durant. Connu pour être une zone de lions, le chef de canton de Kanel, Abdou Salam Kane instruit les populations de Ngano de lui offrir comme cadeau, un lion.
Deux lionceaux en cadeau pour la République
La légende raconte que, informées que leur village doit donner en cadeau un lion à Abdou Salam Kane, chef de cercle de Kanel (1879-1955), les populations se réunissent pour désigner les braves hommes qui doivent aller à la recherche d’un lion. Les commis de Ngano finissent par tomber sur une lionne et ses deux lionceaux et avec leurs flèches, ils tuent la lionne et récupèrent les lionceaux pour les offrir au chef de cercle. Mamadou Moussa Diagne ajoute : «Nos grands-parents et nos parents racontaient fièrement cet exploit de Ngano et nos voisins (les populations des villages environnants) nous admirent pour ça». L’homme de 66 ans, habillé tout en blanc, poursuit : «Les deux lionceaux ont été gardés quelques mois à Kanel avant d’être transportés à Dakar. C’était avant notre indépendance et nos parents nous ont expliqué que l’un des lionceaux a été emmené en France». Plusieurs interlocuteurs affirment que le lionceau qui est resté à Dakar a été gardé au parc de Hann où ils ont eu à visiter sa cage sur laquelle il était inscrit Ngano. Les populations de Ngano ne s’arrêtent pas là car, pour eux, les deux lions en marbre au palais de la République représentent les deux lionceaux attrapés à Ngano durant la colonisation et donnés en cadeau au chef de cercle de Kanel.
Le collier présidentiel
Ainsi, le village de Ngano, toujours enclavé, a participé à l’édification de la nation sénégalaise, et l’élection du 5ème président de la République de surcroît un Sérère, a révélé un coin de son histoire. La date du 28 mars 2024 et celle du 2 avril ont une signification pour les populations de Ngano. En recevant le tout nouveau président de la République au palais présidentiel, Macky Sall s’est arrêté avec son successeur sur une sculpture de deux lionceaux. Et selon les populations de Ngano, ce sont ceux-là, qu’ils avaient offerts au commis de l’Etat durant la colonisation qui sont représentés. Et le collier que le Président Bassirou Diomaye Faye a porté après sa prestation de serment devant le Conseil constitutionnel a été aussi confectionné à Ngano.
LES TERMES DE L’AUDIENCE ENTRE SERIGNE MBOUP ET OUSMANE SONKO
Le Premier ministre a reçu hier le président de l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal (Unccias). Serigne Mboup a soutenu avoir partagé la vision de patriotique prônée par le régime
Le président de la République avait donné le ton pour le rôle du secteur privé dans sa gouvernance. Et son Premier ministre a commencé à donner suite à cette feuille de route. Ousmane Sonko a reçu hier le Président de l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal (Unccias). Serigne Mboup a soutenu avoir partagé la vision de patriotique prônée par le régime.
Au nom de sa casquette de Président de l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal (Unccias), Serigne Mboup a été reçu hier par le Premier ministre Ousmane Sonko. Exposant les termes de cette audience, l’homme d’affaires a rappelé que le secteur privé est un acteur clé dans le développement économique et social du Sénégal.
«J’ai eu l’honneur d’être reçu par le Premier ministre Ousmane Sonko qui a magnifié nos relations de longue date, basées uniquement sur le patriotisme et l’ambition commune de participer au développement économique et social du Sénégal et à l’éducation à travers les daaras», a indiqué le maire de Kaolack dans un communiqué.
Les deux hommes ont discuté de «l’urgence et de la priorité» que le nouveau régime «accorde à la création d’emplois et au rôle important du secteur privé pour satisfaire cette demande sociale» qui mine le pays. Le candidat malheureux à la Présidentielle du 24 mars a fait référence à l’étude du secteur privé par l’Ansd montrant que «97% des près de 500 000 Pme recensées sont de caractère informel et donc relèvent des chambres consulaires, et que, selon cette même étude, les chambres de commerce sont les services les plus connus par les Pme et que 80% de ces derniers sont satisfaits des services reçus».
Il faut noter que c’est la première audience accordée par le nouveau Premier ministre depuis son installation à la Primature. Lors de son message à la Nation du 3 avril, le chef de l’Etat avait consacré une partie importante au secteur privé. «Je ferai une priorité élevée des politiques publiques, en concertation avec le secteur privé. Nous devons, à cet effet, revisiter les mécanismes existants, les améliorer et les rationaliser afin qu’ils répondent mieux aux besoins d’emploi et autres activités génératrices de revenus pour les jeunes», avait-il déclaré. Bassirou Diomaye avait ajouté : «Je compte m’appuyer sur un secteur privé fort parce que soutenu par l’Etat. Sur la base de nos besoins prioritaires, nous travaillerons ensemble pour endogénéiser notre économie.»
Ndiéyène Sirakh et les factures d’eau impayées
Les factures d’eau impayées par les populations de la commune de Ndiéyène Sirakh, notamment du village de Ndoff, et qui constituent une menace pour le fonctionnement du forage, ont été au cœur du comité local de développement sur la préparation du Magal de Ndouf, prévu le 11 mai prochain. Il s’agit d’un montant de 5 millions de Fcfa et c’est pourquoi d’ailleurs le village avait été déconnecté du forage, poussant les populations à recourir au puits, par le biais d’une pompe. Mais la décision a été prise lors de cette rencontre de reconnecter le village au réseau de distribution du forage et Serigne Fallou Fall, maire de Ndiéyène Sirakh, a craché ses quatre vérités. Selon lui,tout ménage qui consomme l’eau du forage doit forcément s’acquitter du paiement de sa facture. Audelà de ce problème d’eau, le sous-préfet de l’arrondissement de Thiénaba a annoncé d’importantes mesures liées à la sécurité, la santé, l’hygiène, la mobilité, pour une bonne organisation du Magal de Ndouf.
Birame Soulèye Diop prévient acteurs de lutte et sportifs
Devant les journalistes, tout juste après avoir effectué la prière de Korité, Birame Soulèye Diop a fait une déclaration qui semble même être celle du Président Bassirou Diomaye Faye à la Grande Mosquée de Dakar, ce mercredi. Parlant de la rupture dans la gestion des affaires de l’Etat, le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines a déclaré que les membres du gouvernement n’accepteront plus d’être les parrains de combats de lutte, de matchs de football, etc. Pourtant, une affiche qui circule sur les réseaux sociaux montre clairement que Birame Soulèye Diop, maire de Thiès Nord, est le parrain du tournoi «Keur Mame ElHadji» qui oppose l’équipe Takhikao à celle de Keur Mame Cheikh, le dimanche 14 avril prochain. Birame Soulèye Diop verse-t-il dans la démagogie? En attendant le 14 avril, le rappeur Nit doff, proche de Ousmane Sonko, a fait une sortie pour réagir : «Si vous ne voulez pas parrainer la lutte ou autres, trouvez donc des moyens de mettre les promoteurs dans des conditions d’organiser et bien s’en sortir sans avoir à se faire corrompre. Ils font partie du pays et leur secteur génère beaucoup d’intérêts et de passion», a-t-il dit.
Les autorités maliennes censurent les activités politiques
Le pouvoir est au bout du fusil. Les militaires maliennes au pouvoir ont décidé tout simplement de censurer les activités dans le pays. Dans un communiqué rendu public hier, la Haute Autorité de la Communication (HAC) invite tous les médias (radios, télés, journaux écrits et en ligne) à arrêter toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations. Ce communiqué fait suite au décret pris en conseil des ministres par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, suspendant jusqu'à nouvel ordre «pour raisons d'ordre public» les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l'étendue du territoire national. Le gouvernement malien a justifié la suspension des partis en invoquant un « dialogue » national lancé le 31 décembre par le colonel Goïta. Le lancement de ce « dialogue » ainsi que le non-respect de l'échéance du 26 mars ont donné lieu à des « discussions stériles » et des « hypothèses qui n'ont pas lieu d'être », selon le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement.
Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Amine quitte la tête du CUDIS
Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Amine n’est plus le président du Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal (CUDIS). Selon un communiqué de l’association, c’est ce dernier qui a fait une demande de mise en disponibilité et il sera remplacé par Abdoul Aziz Mbacké Majalis à qui le bureau exécutif a décidé de confier l’intérim jusqu’à l’Assemblée générale qui se tiendra prochainement. Le CUDIS tient ainsi à féliciter et à remercier chaleureusement le Président Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Amine, qui avait accepté cette lourde charge en 2016 à la demande générale des membres et qui a, depuis lors, assuré un leadership exemplaire et irréprochable à la tête de l’organisation. D’après le bureau exécutif du CUDIS, le charisme, la compétence et le don de soi de Cheikh Ahmed Tidiane SY Al Amine ont permis au Cadre Unitaire de l’Islam au Sénégal (CUDIS) de renforcer sa présence dans l’espace public et de jouer un rôle essentiel dans la pacification du pays, sa cohésion sociale et la sauvegarde des bases de son vivre-ensemble. Pour le CUDIS, prenant ses responsabilités devant les risques de basculement de notre pays (en mars 2021 et bien après), s’adossant solidement à son héritage familial de régulateur, Serigne Cheikh a mené de main de maître une médiation salutaire sous l’autorité des khalifes généraux et a ainsi contribué à pacifier l’espace public. Depuis lors, le CUDIS, selon le communiqué, sous sa direction, est devenu une organisation crédible, écoutée et attendue sur la scène nationale et internationale.
Le malfrat tue un tailleur et prend la fuite
Une bagarre entre le tailleur Dioufa Guèye Sow et le malfrat P. M. Cissé connu des services de sécurité a viré au drame. Selon nos sources, le drame s’est produit au quartier Baye Laye Wakhinane-Nimzaat, précisément devant un bar. Le présumé meurtrier a tenté d’agresser Dioufa Guèye Sow. Et face à la résistance de ce dernier, il s’en est alors suivi une vive altercation. C’est ainsi que P. M. Cissé a poignardé le tailleur, le blessant grièvement avant de prendre la fuite. Les limiers de Wakhinane-Nimzaat se sont déplacés sur les lieux pour faire le constat. Ils seront suivis par les sapeurs-pompiers qui vont évacuer la victime dans une structure sanitaire. Mais le tailleur a succombé à ses blessures. Nos sources renseignent que la police de Wakhinane-Nimzaat qui a ouvert une enquête est en train de traquer le présumé meurtrier. Cette agression mortelle a fait sortir les délégués de quartiers de la commune qui déplorent la prolifération des bars qui favorisent l’insécurité. « Ce sont les bars installés presque un peu partout dans la commune qui favorisent l’insécurité. Ce sont des lieux de rencontres des vendeurs de drogue et d’agresseurs qui sèment la terreur dans la zone », s’offusque Hamidou Diallo. Il invite les autorités étatiques à prendre des mesures pour mettre fin à la terreur des agresseurs dans la zone.
Des imams réclament du «Sukaru Koor» à Diomaye
Le nouveau chef de l’Etat a rompu la tradition de son prédécesseur Macky Sall. Des imams sevrés du fameux Sukaru Koor (Sucre pour le Ramadan) n’ont pas hésité à interpeller le Président Bassirou Diomaye Faye qui n’a pas respecté cette pratique. Selon ces religieux, l’ancien Président Macky Sall leur donnait à chaque ramadan 50 000 F. En fait, la rupture prônée par le Président Diomaye n’a pas épargné les religieux. La Ligue des Imams dénonce ces quémandeurs Restons avec ces imams pour dire que leur demande a mis en colère la Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal. La ligue, à travers un communiqué, exprime sa profonde préoccupation face aux demandes émises par certains individus se réclamant de la fonction d’Imam, exigeant du Chef de l'État « le respect d'une tradition nébuleuse appelée Sukaru koor ». Selon son président, Imam Ahmed Dame Ndiaye, en tant qu'organisation dévouée à la promotion d’une pratique noble de l’Islam, à la gouvernance vertueuse et à la préservation de la dignité des Imams et chefs religieux, la Ligue ne peut en aucun cas tolérer de tels comportements. Dans un contexte où les aspirations de la population incluent une rupture nette avec les anciennes pratiques gabegiques de l'État et l'avènement d'une nouvelle République en phase avec nos valeurs et notre identité, regrette-t-il, la Ligue appelle les autorités à engager une réflexion approfondie sur le statut du religieux dans notre République et sur la formalisation des relations entre l'État et la religion. Ces mesures devront prendre en compte les besoins légitimes de la communauté musulmane sénégalaise, en toute dignité, souligne Imam Ahmed Dame Ndiaye. Toute demande allant à l'encontre de ces principes ne saurait être acceptée, fustige Imam Ndiaye. Par ailleurs, la Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal se réjouit de voir la fête célébrée dans l'unité, et prie pour que cette pratique d'unité lors de nos fêtes religieuses devienne désormais la norme.
Passations de service des nouveaux ministres
Plusieurs nouveaux ministres ont pris la commande de leurs départements ministériels hier dans la plus grande sobriété. Lors de sa passation de service avec Moussa Baldé, Moustapha Mamba Guirassy, qui dirige l’Éducation nationale, a souligné, jeudi, la nécessité d’une transformation en profondeur du système éducatif, pour faire naître l’école du futur. Selon lui, la transformation du secteur de l’éducation permettra d’avoir des Sénégalais adossés à leurs valeurs, des patriotes avec en majorité un ancrage scientifique, socialement très engagés et très connectés aux enjeux du monde. Le successeur de Moussa Bocar Thiam a, quant à lui, plusieurs mesures pour son département ministériel, dont une réforme du secteur de l’audiovisuel et une plus grande vulgarisation du numérique. L’actuel ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, s’est engagé à faciliter davantage l’accès des Sénégalais aux services numériques, de poursuivre la dématérialisation des procédures administratives et d’interconnecter tous les ministères. Lors de la passation de témoin avec Abdou Karim Fofana, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, a promis de développer la politique industrielle et commerciale de l’État en faisant appel à la rigueur de ses collaborateurs, aux règles de transparence et au culte du travail. Il s’est également engagé à s’attaquer immédiatement à la cherté des denrées de consommation courante. Nouveau ministre des Forces armées, le général Birame Diop a pris officiellement fonction lors d’une cérémonie au cours de laquelle il a promis une bonne synergie entre les composantes de l’armée et des autres forces de défense et de sécurité, afin de garantir une bonne performance et une bonne efficience des forces armées.
Mame Mbaye Niang et l’affaire PRODAC
L’affaire des 29 milliards du PRODAC s’est invitée lors de la passation de service entre Mame Mbaye Niang et son successeur à la tête du ministère du Tourisme. Interrogé par les journalistes, Mame Mbaye Niang reconnaît l’existence d’un pré rapport mais persiste et signe qu’il n’a jamais été épinglé par un quelconque rapport. Poursuivant son explication, il a indiqué détenir en sa possession deux rapports sur cette affaire et qu’il ne peut pas entrer dans les détails.
Exploitation de l’or au Sénégal
Grâce au rachat des actifs du canadien Iamgold en avril 2023, Managem a, en effet, acquis la société AEGM Sénégal qui collabore depuis 2018 avec Oriole. Cette nouvelle filiale de Managem a dépensé environ 5,8 millions de dollars dans l’exploration sur le projet, ce qui lui donne droit à environ 59% d’intérêts dans le projet. AEGM a en outre la possibilité d’augmenter sa participation dans le projet à 70% en portant son investissement total à 8 millions de dollars. Avant de poursuivre l’exploration à Senala au cours des prochains mois, Oriole et la filiale de Managem doivent former une coentreprise reflétant leurs différents intérêts dans le projet. Un nouveau plan de travail avec un budget correspondant est également prévu, rapporte Ecofin. Pour rappel, le projet Senala est composé de plusieurs prospects prometteurs, dont l’un (Faré) a déjà donné lieu à une première estimation de ressources minérales, avec 155 000 onces d’or de ressources inférées. Pour Managem, la poursuite des travaux peut déboucher sur la découverte d’un gisement plus important, justifiant le développement d’une mine d’or. Avec la future mine d’or Boto également entrée dans son portefeuille avec le rachat de Iamgold, le groupe marocain peut devenir dans quelques années l’un des principaux producteurs d’or du Sénégal.