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11 février 2025
LOI D’AMNISTIE : Y’EN A MARRE CONTRE LE PROJET
Une «décision inattendue, non concertée et inopportune prise à la surprise générale». C’est ainsi que le mouvement citoyen «Y’en a marre» a accueilli l’annonce de l’adoption en Conseil des ministres du projet de loi d’amnistie
Une «décision inattendue, non concertée et inopportune prise à la surprise générale». C’est ainsi que le mouvement citoyen «Y’en a marre» a accueilli l’annonce de l’adoption en Conseil des ministres du projet de loi d’amnistie. En conférence de presse hier, le mouvement a annoncé qu’il va se battre contre ladite initiative du pouvoir exécutif et interpelle les représentants du Peuple.
«L’amnistie viole les articles 7 et 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations unies du 16 décembre 1966 et l’article 7 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples de 1981, dans la mesure où l’Etat du Sénégal refuse aux victimes le droit d’être entendues et jugées conformément aux engagements internationaux et aux lois internes du Sénégal», a déclaré Aliou Sané, le coordonnateur du mouvement citoyen «Y’en a marre». «Ma libération ne sera pas le prix de l’effacement des crimes», a fait savoir Aliou Sané, qui compte combattre le projet de loi en question. Car l’amnistie «est systématiquement rejetée par les familles des victimes, les personnes détenues arbitrairement et tous les citoyens soucieux de justice. Dans son principe, l’amnistie est débattue en doctrine, car certains considèrent qu’elle est démagogique, dangereuse et susceptible même de violer le droit à l’égalité des citoyens, ainsi que le droit à une Justice équitable», a affirmé Aliou Sané.
Le coordonnateur du mouvement citoyen «Y’en a marre» «met en garde les députés, qui se rendraient complices d’une forfaiture consistant à étouffer la poursuite de crimes et comportements graves, contre le vote d’une quelconque loi d’amnistie», tout en précisant qu’«aucune loi d’amnistie ne peut absoudre les crimes internationaux, notamment la torture, les traitements cruels et dégradants, qui sont aussi imprescriptibles».
A cet effet, le mouvement «Y’en a marre» prévient que «si les autorités persistent à faire voter cette loi, nous nous engageons à travailler avec les organes des Traités des Nations unies et de l’Union africaine pour amener le Sénégal à l’abroger dans les meilleurs délais». Forts de ce constat, Aliou Sané et ses camarades du mouvement «Y’en a marre» ont dénoncé cette façon de faire de la politique consistant à «bâillonner, à jeter en prison d’honnêtes citoyens dans des conditions inhumaines et à refuser d’ouvrir des enquêtes pour clarifier les décès de dizaines de citoyens, et finir par jouer aux sapeurs-pompiers».
RALENTISSEMENT DE L’ACTIVITE TOURISTIQUE : PETITE COTE, GRANDE INQUIETUDE
La pêche et le tourisme sont des piliers de l’économie nationale. Mais l’activité touristique, surtout à Saly, est en net recul ces derniers jours à cause de la crise politique en cours suite au report de la Présidentielle qui devait se tenir le 25 févrie
La pêche et le tourisme sont des piliers de l’économie nationale. Mais l’activité touristique, surtout à Saly, est en net recul ces derniers jours à cause de la crise politique en cours suite au report de la Présidentielle qui devait se tenir le 25 février 2024. Plusieurs touristes au Sénégal ont déprogrammé leur séjour alors que la ville de Saly est un endroit qui n’a jamais été touchée par des manifestations politiques. Un arrêt qui peut replonger le secteur dans de grosses difficultés quelques mois après la relance du secteur après la pandémie du Covid-19.
Le Sénégal est une destination phare dans le domaine du tourisme. D’ailleurs, les 6 pôles touristiques que compte le pays sont très fréquentés par les touristes grâce à leur endroit paradisiaque, mais aussi la stabilité du pays. Depuis quelques jours, l’attractivité de la destination semble être écornée par la diminution du taux de touristes qui fréquentent le Sénégal. Elle connaît un ralentissement. La station balnéaire de Saly, qui est très prisée par les touristes, est aujourd’hui très affectée par les tensions politiques.
A Saly, à quelques deux mois de la fin de la haute saison qui dure de novembre à avril, les touristes, qui d’habitude envahissent les hôtels, se comptent. Ils ont peur de venir à cause des récits sur les tensions électorales véhiculés par les médias, surtout étrangers. Saly présente un visage qui n’est pas habituellement le sien. Le village artisanal, passage obligé pour les visiteurs à la recherche d’objets d’art, de souvenirs de leur séjour sénégalais, est presque désert. Bocar, vendeur d’objets d’art dans ce centre depuis des années, assure : «C’est le mois de février le plus catastrophique que j’ai vécu dans ce centre, hormis la période de la pandémie. Le mois de février est très attendu par les vendeurs, car c’est un mois qui voit arriver beaucoup de touristes, surtout les Européens. Mais là, vous voyez ce qui se passe sous vos yeux, juste une dizaine de touristes en train de faire les boutiques pour acheter des souvenirs. C’est très dur pour nous, il n’y a pas beaucoup de monde.» Il poursuit en faisant ses comptes : «L’année dernière, je gagnais parfois 25 000 F ou plus par jour. Mais cette année, c’est soit 7000 francs Cfa, soit même je peux rester une journée sans rien vendre.» A l’image des vendeurs d’objets d’art, les riverains sont aussi impactés par cette situation car beaucoup d’activités connexes liées au tourisme marchent au ralenti.
La morosité du secteur n’épargne pas également certains hôtels et résidences qui ont vu quelques réservations annulées. Selon Pape Béranger Ngom, président de l’Association des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration du Sénégal, plus de 20% des réservations ont été annulés dans l’ensemble du pays depuis le début de la crise politique. «25 à 30% d’annulations, c’est énorme dans un secteur d’activité comme le tourisme. Parce que quand même, il faut savoir qu’il y a beaucoup de zones au Sénégal où les gens ne vivent que du tourisme. On parle de Saly, Pointe Sarène, Mbodiène, Toubab Dialaw…, toutes ces zones-là ne vivent que du tourisme», estime Pape Béranger Ngom.
Des propos confirmés par un autre gérant d’hôtel. Or, la ville de Saly est plongée dans le calme, signe de sécurité. Elle n’a jamais été secouée par des manifestations politiques. «Actuellement, nous avons tous constaté une baisse des réservations. Certains touristes ont peur de venir au Sénégal. Pourtant, à Saly, c’est le calme plat, le tourisme rime avec la sécurité, et ici il y a de la sécurité. Mais là, nous nous contentons de la clientèle locale, surtout avec les séminaires, pour compenser un peu nos pertes, mais cela ne peut pas totalement effacer le manque à gagner», déclare M. Samb, qui refuse de donner des chiffres.
La destination Sénégal est très appréciée par les touristes grâce au balnéaire, aux belles plages, mais aussi au soleil. Au niveau de beaucoup de plages à Saly, à cette période, il y avait beaucoup de touristes, mais actuellement la clientèle a beaucoup diminué. «Nous sommes à l’approche du week-end, mais il n’y a pas beaucoup de clients. Ici, les touristes connaissent mon restaurant. Je faisais de bonnes recettes journalières, mais là je peine à avoir 10 clients par jour. C’est pourquoi nous devons tout faire pour nous entendre et dépasser cette étape. Sinon, beaucoup d’acteurs qui vivent de ce secteur vont mettre la clé sous le paillasson», avertit Edou, gérant de restaurant au niveau de la plage de Saly Niakh-Niakhal.
La haute saison du tourisme était pourtant considérée comme une traite pour les acteurs qui voient leur rêve se transformer en cauchemar. Des transporteurs de touristes aux hôteliers, vendeurs d’objets d’art, restaurateurs, en passant par plusieurs corps de métier du secteur, tous ont peur de souffrir si le suspense sur la date de la tenue de l’élection continue.
TEL UN PHENIX !
Portrait d’une journaliste ambitieuse et courageuse, qui s’est imposée avec notamment son émission phare «L’invité de MNF».
La Directrice générale de 7 TV a été violemment agressée, dans la nuit du jeudi, à coups de couteau. Maïmouna Ndour Faye, 48 ans, connue pour sa liberté et ses idées assumées. Portrait d’une journaliste ambitieuse et courageuse, qui s’est imposée avec notamment son émission phare «L’invité de MNF».
Les soirs à la télé sont devenus «ses soirs». Diction lente mais suave, comme sa démarche qui suggère la sérénité, Maïmouna Ndour Faye a conquis son monde par ses compétences, sa pertinence, son impertinence parfois, faisant d’elle une sorte de Bourdin, moins cru, ou de Ruth Elkrief. Mais d’autres pensent que «L’Invité de MNF» peut aussi être comparée à «The Oprah Winfrey Show !» Elle est entre le bâton de la fermeté et de l’assurance dans ses questions et la carotte du sourire et de la provoc’ pour tirer à son hôte les vers du nez. C’est comme cela que «L’invité de MNF» est devenue un passage presque obligé pour les hommes politiques et des leaders d’opinion en général. Et ça, c’est une forte personnalité et un travail de pro qui l’a imposé. Mais ce fruit mûr a été le fait d’un jardin bien arrosé de courage et d’abnégation. Dans un portrait qu’il lui a consacré dans son édition datée du 8 mars 2018, le journal EnQuête, sous la plume de Bigué Bop, décrit en ces termes la journaliste sauvagement agressée dans la nuit du jeudi. «Je ne regarde pas les gens en insistant sur le sexe. Pour moi, nous sommes tous des êtres humains. Je perçois le milieu comme un espace où il faut se faire une place à force de travail, de persévérance, d’abnégation, de détermination», disait-elle. Et dire que c’est ce 1er mars que ces bandits ont choisi pour perpétrer cet acte ignoble contre cette Clara Zetkin au moment où elle s’apprêtait à rejoindre ses pénates après le labeur.
L’enfant de Mboul, une âme généreuse
A la tête d’une entreprise qui emploie plus de 70 personnes, la Pdg de 3M Universel est décrite comme «une brillante élève», qui a fait ses humanités à l’école primaire des HLM Patte d’Oie avant de terminer son cursus à l’école El hadji Mamadou Ndiaye de Ouakam ensuite le CEM de Ouakam et le lycée Galandou Diouf. C’est dans «son» Ouakam où elle est née en 1976, particulièrement au quartier Mboul, qu’elle a été violentée à coups de couteau. Maïmouna Ndour est connue de tous et de toutes. Ayant eu une enfance et une adolescence calme, elle passait inaperçue, partagée entre les cours et ses recherches. Quasiment élevée par sa belle-mère, durant toute son adolescence, elle a toujours été une jeune fille sans problème et aimée de tout le voisinage. D’ailleurs, depuis l’annonce de son agression, le domicile de son père ne désemplit pas. Tous les voisins sont venus compatir. Redevable à son quartier Mboul qui l’a vue naitre, elle œuvre dans le social, si l’on en croit certains témoignages. Jugée «très généreuse», elle a construit une belle maison pour son père et sa belle-mère qu’elle gave de cadeaux et qui ne cessent de prier pour elle. «C’est une dame au grand cœur qui sait aider ses proches et ses voisins», témoigne le voisinage. Il n’est pas rare de la voir distribuer de l’argent ou des vivres à ses voisins qui sont dans le besoin. La mosquée de son quartier, bénéficie également de ses largesses, surtout lors de la conférence religieuse annuelle organisée par les jeunes où elle casque fort. Des actes de bienfaisance qu’elle multiplie durant le mois de Ramadan. Et comme l’a si bien dit une de ses voisines, «tenter de tuer Maïmouna, c’est tuer une famille entière, ces employés, mais aussi tuer tous les espoirs qui reposent sur elle».
Inspirée par Diatou Cissé et Jacqueline Fatima Bocoum
Après l’obtention du baccalauréat littéraire, elle est orientée à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, précisément au département d’anglais où elle décroche une Maîtrise. Férue de journalisme, elle intègre la rédaction de Walf Quotidien. Dans un portrait qui lui a été consacré dans l’émission «Un jour, une femme» sur iTv en 2018, elle confie : «J’ai démarré dans le journalisme en 2006 en tant que stagiaire à Walf. J’ai pu mettre à profit les vacances de Noël pour intégrer grâce à Diatou Cissé. J’ai été guidée par la passion. J’ai également été inspirée par de grandes journalistes de la Rts comme Jacqueline Fatima Bocoum, Diatou Cissé Coulibaly à qui je voulais ressembler». Toute cette envie débordante de servir et d’informer, surtout dans un milieu où les femmes peinent à prendre le pouvoir, la motive. «Je faisais tout depuis toute petite, et je me suis toujours dit qu’en tant que femme, il n’y a pas un métier qu’un homme peut exercer que je ne puisse pas faire». C’est dit. Et surtout, c’est fait !
De Walf à 7TV
Après quelques mois à Walf Fm, MNF, ambitieuse, curieuse et soif de savoir et d’expérience, embrasse la télévision. «Je dois beaucoup à Canal Infos qui m’a faite et m’a permis de devenir ce que je suis. J’ai pu faire un master en journalisme et communication. Quand je suis allée à Canal Infos, j’ai jugé nécessaire de faire une formation pour compléter un peu le cursus universitaire. J’y ai fait un master en journalisme et communication. C’était comme une validation des acquis professionnels », avait-elle déclaré. Dans un entretien avec Seneweb, Maïmouna Ndour Faye expliquait : «J’ai mis en place l’agence de production audiovisuelle 3M Universel qui, dans un premier temps, se consacrait uniquement à la production de contenus. A partir de 2013, j’ai noué un partenariat avec la 2stv en tant que productrice. J’y animais une émission politique, et je présentais le journal de 20 h. J’étais fortement impliquée dans l’animation de la rédaction. J’ai quitté en 2015, la 2stv pour lancer le site AZactu. C’est là que j’ai décidé de lancer mon projet télé, qui me tenait à cœur. C’était difficile quand même, mais je me suis dite, il faut que je le fasse et finalement la télévision 7tv a été lancée en mars 2018».
MNF : «Chaque fois que je tombe, je me relève»
Maïmouna Ndour Faye a été choisie comme représentante du Sénégal sur invitation personnelle du président Barack Obama pour participer au Forum des jeunes leaders africains consacré à l’autonomisation de la jeunesse, la bonne gouvernance et les possibilités économiques. Mariée, mère de famille, elles est restée très ancrée dans son milieu d’origine. Aînée de sa famille, MNF est «très attachée» à ses valeurs traditionnelles. «D’ailleurs, on ne communique qu’en sérère», confiait-elle. Avec sa grande mère, qu’elle ne cesse de convoquer «sama mame (ma grand-mère)». Cette dernière, Marie Louise Adam Sarr disait : «Je l’ai éduquée comme je l’ai fait pour mes propres enfants. Elle prend soin de moi. C’est d’ailleurs elle-même qui a construit ma maison». Les images sont affligeantes, une dame affalée, baignant dans son sang, appelant au secours. Mais c’est mal connaître MNF, ce phénix : «J’ai également fait preuve de patience et de persévérance, car chaque fois que je tombe, je me relève». Elle est tombée hier. Et elle se relèvera !
LA DOULEUR D’UNE MERE EST UNE DOULEUR INCOMMENSURABLE
Au terme du vernissage, il s’est confié à Bés bi.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 02/03/2024
Originaire de Tambacounda, Ousmane Dia est un artiste plasticien qui vit et travaille à Genève où il enseigne les arts visuels. Il est à Dakar présentement pour son exposition d’une trentaine d’œuvres intitulée «Black Requiem», un plaidoyer pour la dignité humaine. Au terme du vernissage, il s’est confié à Bés bi.
Pourquoi avez-vous proposé une méditation artistique puissante sur le thème du respect de la dignité humaine ?
L’exposition de ce thème «Black Requiem» est un travail que je suis en train de mener depuis 3 ans et qui m’a été inspiré par le meurtre de Georges Floyd, lâchement assassiné aux Etats-Unis. Cette exposition se veut ainsi un plaidoyer poignant pour la restauration de la dignité humaine, une méditation sur les tragédies injustes qui jalonnent l’histoire. Aujourd’hui, le racisme anti-noir devient de plus en plus récurrent. Et évidemment, il y a des évènements qui arrivent au fur et à mesure, et des évènements qui peuvent aussi rejoindre ce thème, notamment la situation politique au Sénégal, ce qui se passe au Moyen Orient et en Russie. En un mot, tout ce travail est un plaidoyer pour la restauration de la dignité humaine.
Pourquoi le choix des personnages féminins comme élément central de l’exposition ?
Ce n’est pas anodin. C’était vraiment un choix parce que, tout simplement, c’est la femme qui met l’homme au monde. La douleur d’une mère est incommensurable. Et quand il y a, par exemple, des enfants tués de manière lâche, on voit des mamans qui n’arriveront jamais de la vie à faire leur deuil. Donc, c’est une manière aussi de leur donner la parole dont les chaises sont symboles de pouvoir.
Justement, on voit cette chaise qui revient partout pratiquement dans toutes les œuvres. Qu’est-ce que vous voulez montrer ?
Dans ce travail, la chaise a vraiment représenté le pouvoir politique. Donc, c’est vraiment un dialogue parce que d’habitude, je travaille beaucoup sur le thème de l’hospitalité, mais sur cette série-là, c’est un dialogue entre l’humain et le pouvoir politique. Je fais toujours travailler des artisans, histoire d’apporter aussi un peu d’économie, c’est-à-dire que je fais les prototypes et ils ne font que reproduire
OUSMANE DIA PROMEUT LA RESTAURATION DE LA DIGNITE HUMAINE
«Black Requiem», c’est le thème de l’exposition à la Galerie nationale d’art. En hommage à toutes les luttes engagées par les peuples noirs, Ousmane Dia se souvient de Georges Floyd pour faire un plaidoyer pour la restauration de la dignité humaine
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 02/03/2024
«Black Requiem», c’est le thème de l’exposition à la Galerie nationale d’art. En hommage à toutes les luttes engagées par les peuples noirs, l’artiste-peintre, Ousmane Dia s’est souvenu de Georges Floyd pour faire un plaidoyer pour la restauration de la dignité humaine.
C’est le défilé des artistes, mais également des amoureux du 3e Art à la Galerie nationale de Dakar. Et c’est pour satisfaire une curiosité de la belle exposition de Ousmane Dia dont le vernissage s’est tenu le 23 février dernier devant un parterre d’invités du monde de la culture. Cette exposition du peintre et sculpteur, intitulée «Black Requiem» qui sera clôturée le 30 mars est un vibrant plaidoyer pour la restauration de la dignité humaine. Le symbole de l’exposition : une chaise que l’on retrouve sur toutes les œuvres, avec des personnages féminins géants, concède le pouvoir comme sur les tableaux de «Rosa la résistante», «Pouvoir au féminin» ou encore «Inconstitutionnalité». Il y a également des sculptures en acier et des installations d’individus, l’image la plus frappante et le genou à terre, «Genou de la haine», reproduisant le geste du policier ayant tué l’Américain noir Georges Floyd en mai 2020. Pour l’artiste, c’est une chanson pour les morts partis «parce qu’ils ont exprimé leur opinion, ou parce que la couleur de leur peau est noire ou encore ils ont été au mauvais moment»
Le natif de Tambacounda, dans une touche artistique avec une paillette diversifiée, mêlant des sculptures aux peintures en passant par des représentations graphiques, offre une réflexion visuelle et sonore sur les thèmes de la justice, de la résistance, de l’immigration clandestine et de la mémoire collective. A en croire M. Dia, les sculptures métalliques évoquent la brutalité du genou oppressant d’un policier sur le cou de Georges Floyd, une victime sans défense.
Le critique d’art Aliou Ndiaye, commissaire de l’exposition, estime pour sa part que cette proposition «immersive» raconte l’héroïsme à travers la résistance contre les discriminations et violences raciales. Dans ses explications, il souligne que l’artiste Ousmane Dia fait pivoter des chaises convoitées qu’il dessine et tisse autour d’une diversité de personnages féminins. Prenant la parole, André-William Blandenier, scénographe, qualifie l’exposition de celle de la «maturité» de par la pertinence des thèmes abordés et l’importance de la représentation historique dans l’art contemporain.
Par Hamath KANE
TOUT UN PAYS QUI SAIGNE
Quelqu’un s’est interrogé sur le comportement des politiciens ces derniers temps. «Dans quel pays somme nous ?» Mais dans un «non pays». Dans un «non droit», «non liberté». Une négation. Comme ce ou ces barbares agresseurs d’une journaliste
Quelqu’un s’est interrogé sur le comportement des politiciens ces derniers temps. «Dans quel pays somme nous ?» Mais dans un «non pays». Dans un «non droit», «non liberté». Une négation. Comme ce ou ces barbares agresseurs d’une journaliste.
Au-delà de Maïmouna Ndour Faye, c’est le droit du Sénégalais d’être informé, formé, sensibilisé et outillé sur les enjeux politiques économiques, sociaux et culturels qui est poignardé. Mais cet invité indésirable de MNF, a choisi le couteau pour empêcher à MNF de mettre «le couteau (ou la plume) dans la plaie», pour reprendre Albert Londres. Un autre Albert (Camus) a bien conseillé au journaliste, dans son «Combat», d’«élever ce pays en élevant son langage».
MNF contribue à élever ce pays avec des hommes et des femmes qui lui vouent une confiance et un respect à la hauteur de sa personnalité. De son émission. Qui, de l’opposition ou du pouvoir ne répond pas à ses invitations ? Elle sert la parole de l’équilibre et participe, ainsi, à l’équilibre de la nation. C’est la mission de tout journaliste d’ailleurs.
A travers la journaliste, c’est chaque Sénégalais qui saigne. Difficile d’avoir encore son sang-froid dans cette chaude atmosphère. MNF ne mourra pas. Elle se relèvera. Par elle-même. Ou par d’autres. Femme forte, femme puissante. Ce mars est pour toi.
LE DUEL TEUNGUETH FC –US OUAKAM, EN VEDETTE
La Ligue 1 aborde ce samedi 2 mars, la 15e journée avec deux rencontres. Avec en tête d’affiche le duel qui opposera au stade Ngalandou Diouf le leader Teungueth FC (1er ;25 points) à l’Us Ouakam (9e ).
Nouveau leader du championnat après le bon virage réussi à la fin de la première phase, Teungueth FC va chercher à consolider sa première place lors de cette 15e de journée qui s’ouvre ce week-end. Les Rufisquois accueilleront ce samedi dans un duel qui promet face à l’Us Ouakam souhaitant se relever de sa lourde défaite subie à domicile lors de la précédente journée face l’As Pikine (4-1). L’autre duel au sommet opposera le Jaraaf, actuel dauphin à Dakar Sacré cœur.
La Ligue 1 aborde ce samedi 2 mars, la 15e journée avec deux rencontres. Avec en tête d’affiche le duel qui opposera au stade Ngalandou Diouf le leader Teungueth FC (1er ;25 points) à l’Us Ouakam (9e ). Après une précieuse victoire décrochée lors de la journée précédente face à Jamono Fatick et qui les propulsait, les Rufisquois cherchent à conforter un peu plus le fauteuil de leader. La tâche sera loin d’être simple face à des Ouakamois (9e ; 16 points) touchés dans leur orgueil suite à la lourde défaite concédée devant leur public face à l’AS Pikine (4-1). Mais des promus surtout soucieux de se replacer dans le peloton de tête.
Ayant perdu la première place lors de la précédente journée, le Jaraaf actuel dauphin (2e, 24 points) tentera de reprendre la main dans leur stade Iba Mar Diop et de poursuivre en même temps leur invincibilité. Les «Vert et Blanc» feront face à Dakar Sacré-Cœur (5e ; 20 pts) qui a tout aussi besoin de relancer après avoir marqué le pas lors des trois dernières journées.
Auteur d’un carton lors de la précédente journée, l’AS Pikine (3e) accueille au stade Alassane Djigo, la Linguère (7e ; 18 points). Au même moment, le Casa Sport (10e ; 14 points) reçoit stade régional de Kolda, Guédiawaye FC (6èe, 19 pts).
A la peine depuis l’entame de la saison, Génération foot, champion en titre (11e 14 points) effectue le déplacement au stade Iba Mar Diop où elle affrontera l’US Gorée invaincue depuis 7 matchs (4e , 22 points).
Confiné dans le ventre mou du classement, le Diambars FC, premier non relégable (12e, 13 pts) sera pour sa part à la recherche d’un premier succès qui devrait lui permettre de s’éloigner de la zone de relégation.
Dans le bas du classement, le stade Caroline Faye, abritera le duel des mal classés entre Jamono Fatick, dernier du classement(10pts), et Stade de Mbour avant-dernier du classement (13e ,12pts).
PROGRAMME DE LA 15E JOURNÉE
SAMEDI 2 MARS 2024
Stade Ngalandou Diouf
16h30 : Teungueth FC / US Ouakam
Stade régional de Kolda
16h30 : Casa Sport / Guédiawaye FC
POKER MENTEUR AUTOUR DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Alors que la crise institutionnelle perdure, des membres de la majorité menacent le Conseil constitutionnel. Le constitutionnaliste Ndiogou Sarr réfute cette éventualité. Il détaille la procédure à suivre et écarte l'annulation des décisions déjà prises
Alors que certains responsables du régime en place évoquent de plus en plus l’hypothèse d’une suppression de l’actuel Conseil constitutionnel au cas où ses membres refuseraient d’entériner les propositions du dialogue national que le président de la République a initié le 26 et 27 février dernier, le professeur Ndiogou Sarr spécialiste du Droit constitutionnel apporte son éclairage. Interpellé par Sud quotidien, l’enseignant-chercheur en Droit public à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, bien que soulignant que la Constitution confère au chef de l’Etat le pouvoir constituant, a toutefois précisé que ce dernier « ne peut ni révoquer le mandat des membres du Conseil encore moins supprimer cette institution ». Selon lui, la seule possibilité prévue par la loi, c’est le remplacement du Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle qui ne va pas anéantir les décisions prises par l’actuel Conseil constitutionnel.
Le président de la République va-t-il poursuivre son bras de fer avec le Conseil constitutionnel autour de la poursuite du processus électoral en cours jusqu’à procéder à la dissolution de cette haute juridiction au cas où ce dernier refuserait d’entériner les propositions du dialogue national qu’il a initié le 26 et 27 février dernier ? La question mérite bien d’être posée si on s’en tient aux déclarations de certains responsables de la coalition au pouvoir. En effet, alors que le Sénégal s’enfonce dans une crise institutionnelle à cause du refus de leur mentor, Macky Sall d’appliquer la décision prise par cette juridiction le15 février dernier, lui demandant de fixer par décret la nouvelle date de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier avant la fin de son mandat le 2 avril prochain, certains de ses partisans évoquent de plus en plus l’hypothèse d’une dissolution du Conseil constitutionnel.
Interpellé sur les conditions prévues pour supprimer cette institution, l’Enseignant chercheur en Droit constitutionnel à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, bien que soulignant que la Constitution confère au chef de l’Etat le pouvoir constituant qui lui permet de proposer des révisions constitutionnelles, a précisé toutefois que ce dernier « ne peut ni révoquer le mandat des membres du Conseil encore moins procéder à la suppression de cette institution».
Poursuivant son propos, le professeur Ndiogou Sarr soutient que la seule voie par laquelle le chef de l’Etat peut passer pour mettre fin à la mission de l’actuel Conseil constitutionnel, c’est de le remplacer par une Cour constitutionnelle. « Le président de la République a des pouvoirs que la Constitution lui confère et parmi ceux-ci, il y a le pouvoir constituant. Autrement dit, le pouvoir de proposer une réforme constitutionnelle à chaque fois qu’il estime que c’est nécessaire par voie parlementaire ou référendaire », a-t-il d’emblée souligné.
Dans la foulée, il a fait remarquer que « La seule possibilité est de dire, on prend un projet de loi de réforme de la Constitution qui met en place une Cour constitutionnelle qui va avoir la même mission de l’actuel Conseil constitutionnel. Et si ce texte est voté par sa majorité parlementaire, naturellement, la conséquence est que l’actuel Conseil constitutionnel va disparaitre en emportant tous ses membres pour laisser la place à une Cour constitutionnelle. Mais sans cette procédure, il ne peut ni révoquer le mandat des membres actuels du Conseil encore moins procéder à sa suppression».
Loin de s’en tenir-là, l’enseignant-chercheur en Droit public à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a également tenu à préciser que la mise en place de cette Cour constitutionnelle ne va pas impacter les décisions déjà prises par le Conseil constitutionnel. « La mise en place de cette Cour constitutionnelle ne va pas anéantir les décisions prises par l’actuel Conseil constitutionnel, notamment celle relative à la poursuite du processus électoral. La décision du 15 février dernier est une décision de justice et elle est exécutoire et s’impose à tout le monde. En cas de remplacement du Conseil constitutionnel, ses décisions qui sont déjà prises restent valables et la Cour constitutionnelle qui va venir ne pourrait pas ignorer ces décisions parce que les candidats retenus ont un droit acquis fort d’une décision de justice qui est irrévocable ».
LA LIBERTE DE PRESSE EN DANGER
La journaliste et directrice de la télévision privée 7 tv, Maimouna Ndour Faye, a été victime d’une agression, jeudi soir, devant son domicile. Maimouna Ndour Faye a été poignardée par un individu alors qu’elle rentrait de travail.
La journaliste et directrice de la télévision privée 7 tv, Maimouna Ndour Faye, a été victime d’une agression, jeudi soir, devant son domicile. Maimouna Ndour Faye a été poignardée par un individu alors qu’elle rentrait de travail.
Maimouna Ndour Faye, directrice de la télévision privée 7 Tv, a été admise aux urgences de l’hôpital militaire de Ouakam. Selon son collègue Mamadou Awa Ndiaye, interrogé par la TFM, les médecins ont assuré que sa vie est hors de danger, mais qu’elle souffre « atrocement ». Et de poursuivre : « Après son émission, elle est rentrée chez elle. Dès qu’elle est descendue de son véhicule, un individu l’a assommée, traînée et poignardée à trois reprises. Puisqu’elle parlait au téléphone, la personne avec qui elle communiquait, a eu l’intelligence d’appeler ses proches qui sont vite venus à son secours », a expliqué le journaliste sur les circonstances de l’agression.
CONDAMNATIONS EN CHAINE
Le président de la République Macky Sall, a condamné, vendredi, l’agression de la journaliste et directrice de la télévision privée 7 TV, Maimouna Ndour Faye, rappelant que « la liberté de la presse est un droit fondamental qui doit être protégé et respecté en toutes circonstances ». « Je condamne fermement cet acte de violence lâche et inexcusable contre la journaliste Maimouna Ndour Faye. La liberté de la presse est un droit fondamental qui doit être protégé et respecté en toutes circonstances », a-til réagi sur le réseau social X. Le chef de l’Etat a indiqué qu’aucune forme de violence ne saurait être tolérée, ajoutant que « les responsables de cette agression devront répondre de leurs actes devant la justice ».Je tiens à lui exprimer tout mon soutien et réitère mon engagement à garantir un environnement sûr et serein pour tous les professionnels des médias dans notre pays », a-til déclaré.
De son côté, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) a vivement condamné « l’agression criminelle » Dans un communiqué, le CDEPS, à travers son président Mamadou Ibra Kane, dit avoir appris « avec consternation, l’agression criminelle » contre Maïmouna Ndour Faye, dénonçant une « volonté manifeste de tuer » et « une nouvelle escalade contre la liberté de presse, particulièrement depuis les évènements de mars 2021 jusqu’à ce jour ». M. Kane a relevé que, « dans le Sénégal d’aujourd’hui, les journalistes et les techniciens des médias sont systématiquement réprimés, y compris par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ou des nervis à la solde de lobbys politiques ». Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal estime par ailleurs que « les hommes de médias, qui expriment des positions contraires à celles des partis politiques, pouvoir comme opposition, sont en danger ». L’instance patronale souligne de même que les journalistes et techniciens des médias ne sont pas des hommes ou femmes politiques mais plutôt des personnes qui donnent la bonne information de « manière libre et indépendante »
Elle rappelle que « c’est grâce à des médias libres et indépendants que le Sénégal a pu réaliser deux alternances politiques, en 2000 et 2012 ». Face à la gravité de la situation, le CDEPS appelle enfin toutes les forces vives de la nation à faire front commun pour lutter contre « la répression de la liberté de la presse et de la liberté d’expression ».
POUR UNE «ENQUETE ET UN PROCES EQUITABLE CONTRE L'AUTEUR»
Les organisations de défense des droits humains ARTICLE 19 Sénégal et Afrique de l’Ouest, Amnesty International Sénégal, la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme (LSDH), la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), AfrikaJom Center et AfricTivistes" condamnent elles aussi fermement l’agression physique contre la journaliste et Directrice de la chaîne de télévision 7TV, Maimouna Ndour Faye », ontils fait savoir dans un communiqué publié hier, vendredi 1 mars 2024.
Ces organisations exigent qu'une « enquête soit diligentée afin que les auteurs soient identifiés et tenus responsables devant la justice dans le cadre d’un procès équitable ». Il est important de noter, selon elles, que cette agression « s'inscrit dans une série d'attaques contre des journalistes et des médias ces dernières années et qui sont restées dans la plupart des cas impunies ». Pour les organisations en question, toutes « les formes de violence physique dirigées contre des journalistes sont des crimes contre la société, car elles portent atteinte à la liberté d'expression et, par voie de conséquence, aux autres droits et libertés énoncés dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme ». C'est pourquoi, poursuivent les six organisations de défense des droits humains, « nous appelons l'État du Sénégal à diligenter une enquête afin que le ou les auteurs soient identifiés et que le ou les coupables soient sévèrement sanctionnés, à renforcer les mesures de sécurité pour les journalistes, y compris la mise en place de dispositifs de protection et de sécurité lorsqu'ils couvrent des événements sensibles ou risqués tout en considérant les besoins spécifiques des femmes des médias en matière de protection et sécurité liées à leur travail ». En ces moments tendus en prélude à l’élection présidentielle, disent les membres de la société civile, « nous lançons un appel aux citoyens et aux acteurs sociaux à bannir toute forme de violence pour favoriser un débat sain dans l’espace public ».
LA CLASSE POLITIQUE LEVE LES BOUCLIERS
Suite à l'agression contre Maïmouna Ndour Faye, les indignations et les condamnations affluent de partout. C'est dans ce sens que s'inscrit la réaction des deux candidats à l'élection présidentielle 2024, Dérhié Fall et Diomaye Faye qui condamnent fermement l'attaque brutale et odieuse contre Maïmouna Ndour Faye. Qui plus est, elles se sont dit solidaires « avec tout le personnel de la chaîne 7TV et tous les journalistes » non sans manquer de demande aux autorités « de prendre toutes les dispositions pour que la lumière soit faite sur cette agression ». Les candidats Déthié Fall, Khalifa Sall, Mamadou L Diallo, Thierno Alassane Sall comme les divers partis du sérail politique n’ont pas été en reste. Ils ont vigoureusement l’acte lâche perpétré contre la journaliste, exigé que lumière soit faite et que la liberté de presse comme la protection des hommes et femmes de médias soient une priorité de l’Etat.
Par Pr Macoumba Gaye
AUX NOSTALGIQUES DE LA « GRACE AMNISTIANTE » DE SENGHOR
Le Président Senghor la convoque en 1964 suite aux tragiques événements politiques qui ont conduit à la mort de quarante sénégalais.
En 1879 et 1880, deux lois inaugurent, en France, la longue tradition de la « grâce amnistiante » qui prévoit que toute personne graciée par le président, dans un délai déterminé et habituellement court, bénéficie d'une amnistie. A l’origine, cette disposition avait l'ambition de vider les maquis de leurs occupants et profitait prioritairement aux personnalités les plus symboliques Le Président Senghor la convoque en 1964 suite aux tragiques événements politiques qui ont conduit à la mort de quarante sénégalais. Au nom de la Sûreté de l’État, la puissance publique avait usé de la violence, dont il a le monopole, pour réprimer la révolte. Il faut rappeler que, nous étions à l’ère du parti unique, pour ne pas dire « Parti-Etat ». Le parrainage de dix députés sur les quatre-vingt était nécessaire et suffisant pour être candidat à l’élection présidentielle. Naturellement, en 1963, les « élus nommés par le parti » n’avaient autorisé que le candidat poète pour un plébiscite électoral programmé.
Depuis lors, nous avons fait des progrès dans la protection et l’encadrement des libertés qui sont essentiels à la démocratie. Du reste, cet intermède historique nous éveille sur nos acquis: la liberté de s’exprimer, marcher, manifester, choisir librement nos dirigeants et revendiquer une justice équitable. Et ces droits consacrés vont avec des obligations ; surtout celles consignées dans la loi fondamentale qui les supporte. Il en est ainsi du respect des institutions, du bien public et de la vie autant que la dignité des hommes.
Dans le déroulé de la vie républicaine , les textes juridiques ne peuvent avoir une qualité exhaustive et éternelle, à moins que l’on ne soit dans le corpus canonique. Il sont surtout un gardefou à l’intime conviction des juges. La société en confie la garde à un homme choisi à intervalle régulier, dans l’espoir et la bonne foi, pour sa vision et sa vertu : Il est le gardien de la constitution.
Sa personne se confond dès lors avec l’institution présidentielle dont le respect est forcé même quand la personne qui les incarne ne force plus le respect. Ainsi nous n’avons le droit de nous tromper dans le choix de l’homme qu’à des intervalles prédéfinis par le calendrier républicain. Et qu’advient-il quand il ne respecte plus les institutions ou le terme de son mandat, abuse de la violence d’état, bride les libertés, réprime mortellement la révolte que cela engendre et prêche pour l’impunité quand la reddition approche ?
Alors, la conscience des nations consacre des régulateurs qu’elle se fait le devoir d’écouter quand la morale s’enivre : guides religieux restés vertueux, intellectuels courageux, notables et personnalités rendues remarquables par les péripéties de l’histoire et dont la parole vaut encore. Leur silence les couvrirait de la réprobation publique comme celle qui s'attache à une action condamnable. Qui sait où leur mutisme peut mener: à la dissolution d’institutions qui refusent d’être inféodées, à des lois iniques sur le parrainage de candidats à l’élection, à une assemblée muselée d’élus, ou au pouvoir conféré d’une « grâce aministiante»?
Prenons alors garde ; le cri étouffé de la révolte réveille parfois les conscrits et rarement pour le progrès des sociétés humaines.