Baadoolo - Khaf, yaangui roubé dé !
Khalifa Sall a subitement ouvert un front contre un «dialogue», un «deal» entre l’opposant en prison et Macky Sall. Dans tous ses discours, Khaf ne fait plus les choses à moitié : soupçons, interrogations, insinuations… tout y passe. Le candidat de Taxawu était moins agressif. Mais sans doute, son Directeur de campagne, Barth’, a choisi d’imposer un duel avec Diomaye ou Sonko. Parce que «Diomaye c’est Sonko» ! Lii mooy vrai roubé nak. Lol.
Drame à Orkodiéré -Un marabout s’est immolé par le feu
Un marabout s’est immolé dans la journée du jeudi 15 février à Orkodiéré, a appris le correspondant de EMedia à Matam. La victime est originaire de Walel, une localité située dans la partie du diéri de la commune où il passait la plupart de son temps. D’après ses parents, Mamadou Lamine Ndiaye, la cinquantaine, marié à deux épouses et père d’une dizaine d’enfants, jouissait de toutes ses facultés mentales. Sur les lieux du drame, au quartier Arafat de Orkodiéré, un briquet et une bouteille d’essence ont été trouvés. Une fille de 12 ans l’a aperçu avant de prévenir la population. La gendarmerie de Waoundé a fait une descente sur les lieux du drame.
Démantèlement d’un réseau international de migrants -12 Sénégalais arrêtés en Espagne
12 Sénégalais ont été arrêtés, hier, par des agents de la police espagnole suite au démantèlement d’un réseau international qui introduit des migrants d’origine sénégalaise via l’aéroport Barajas de Madrid. D’après la police, ces migrants se faisaient passer pour des mineurs pour demander l’asile à leur arrivée sur le territoire espagnol sur des vols en provenance de Casablanca, au Maroc. «Près de 200 Sénégalais aurait réussi à entrer en Europe via ce réseau. Ces personnes se sont dirigées vers la France, l’Allemagne et la Belgique», détaille le communiqué. Pour freiner ces arrivées massives à Barajas, l’Espagne a rendu obligatoire un visa de transit aéroportuaire. À partir du 19 février 2024, les ressortissants sénégalais en transit dans les aéroports espagnols devront présenter un visa à leur arrivée. Dans son rapport, publié le 8 février, la Commission espagnole d’aide aux réfugiés (Cear) a d’ailleurs attiré l’attention du gouvernement espagnol sur le refus systématique des candidatures de personnes venant du Sénégal, «pays frappé par une forte crise sociopolitique. 83% de leurs demandes ont été refusées».
Manifestation aux Parcelles assainies -La marche du F24 dispersée
Prévue aux Parcelles assainies, la marche des Forces vives de la nation (F24) a fini, hier, en queue de poisson. Partis de la mairie, Guy Marius Sagna, Moustapha Guirassy et quelques dizaines personnes n’ont pas pu achever leur plan d’action une fois au terrain Acapes. La procession a été dispersée par des grenades lacrymogènes. Les manifestants scandaient «Election, avant le 2 avril !» «Les meilleurs délais, c’est de tout organiser avant le 2 avril. Malgré le communiqué de la Présidence, nous restons mobilisés. Il faut clarifier la date des élections», a exigé Moustapha Guirassy.
Annulation du report de la Présidentielle Les Etats-Unis magnifient la décision du Conseil constitutionnel
L’Ambassade des EtatsUnis à Dakar salue la décision des sept «sages» d’annuler le report de la Présidentielle. «Nous nous réjouissons de la décision du Conseil Constitutionnel de remettre le Sénégal sur la voie d’une élection présidentielle dans les délais. Nous espérons que les citoyens sénégalais auront l’occasion de se rendre aux urnes très bientôt», indique un communiqué. L’Ambassade américaine a fait part d’un échange entre l’ambassadeur Raynor et Babacar Guéye et Moundiaye Cissé. Selon la même note, publiée ce vendredi, il était question «de la situation politique du Sénégal et de la voie vers des élections libres et équitables dans les meilleurs délais».
Crise politique -Les universitaires républicains appellent à la concorde nationale
Face à la situation politique tendue dans le pays, les universitaires républicains appellent «toutes les composantes de la société sénégalaise à préserver la paix au Sénégal». Moussa Baldé et ses camarades de cette instance de l’Apr saluent la déclaration conjointe de Abdou Diouf et Abdoulaye Wade invitant la classe politique et les populations à œuvrer pour la stabilité du pays. Ils appellent à «relayer des messages de paix, de concorde et de stabilité dans les écoles et universités sénégalaises». Les universitaires du parti présidentiel ont également appelé «toutes les composantes de la Nation à être de solides remparts contre les chaînes de la division que veulent nous imposer des forces extérieures et occultes». Ils ont par ailleurs remercié le président de la République, pour son appel au dialogue lancé lors de son adresse à la Nation du 3 février 2024.
Annulation du report de l’élection présidentielle- L’Ue appelle toutes les parties à accepter cette décision
L’Union européenne (Ue) a pris acte de la décision du Conseil constitutionnel annulant le décret présidentiel et la loi visant à reporter l’élection présidentielle. Lors d’un briefing de presse, hier, Bruxelles a appelé «toutes les parties à accepter cette décision et à mettre tout en œuvre pour organiser les élections présidentielles, selon la décision du Conseil», c’est-à-dire, dans les meilleurs délais. L’Ue regrette, par ailleurs, le décès d’«au moins 3 personnes» lors des récentes manifestations ainsi que le grand nombre de blessés et d’arrestations. Elle appelle à ce que toute la lumière soit faite sur les conditions de leur décès et les autorités à garantir les libertés fondamentales pour la liberté de manifester pacifiquement. Elle réclame également des enquêtes et dénonce un recours «inutile et disproportionné» à la force contre les manifestations et des restrictions de l’espace civique.
LA CONSTITUTION DOIT PRÉVALOIR
Sursaut citoyen et Demain Sénégal appellent à la mobilisation pour contraindre l'Exécutif à respecter la décision du Conseil constitutionnel, notamment en poursuivant le processus électoral et en organisant le scrutin avant le 2 avril
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué conjoint des organisations citoyennes Sursaut citoyen et Demain Sénégal daté du 16 février 2024, à propos de l'invalidation du report de la présidentielle par la Cour constitutionnelle.
"Le Conseil Constitutionnel (CC), par Décision n° 1/C/2024, a déclaré inconstitutionnelle la loi n° 4/2024 portant dérogation aux dispositions de la Constitution. Il a, du même coup, annulé le décret n° 2024-106 du 3 février 2024 du président de la République qui avait interrompu le processus électoral. Ces deux textes devaient avoir pour conséquence de reporter les élections du 25 février au 15 décembre 2024 et de prolonger le mandat présidentiel au-delà de sa limite légale.
Sursaut citoyen et Demain Sénégal se félicitent de cette décision, produit de la lutte de l’ensemble du peuple sénégalais.
Sursaut citoyen et Demain Sénégal prennent acte du communiqué de la présidence de la République daté de ce jour tout en indiquant que nous considérons qu’il revient à l’Exécutif d’appliquer effectivement la décision du CC sans tenter la moindre manœuvre politicienne même si nous reconnaissons la nécessité d’une concertation administrative et technique pour la reprise immédiate du processus électoral.
Afin de garantir le respect par l’Exécutif de la décision du CC, Sursaut citoyen et Demain Sénégal invitent l’ensemble des forces vives de la Nation (organisations citoyennes et de la société civile, syndicats et patronats, autorités religieuses, partis politiques, etc.) à fédérer leurs forces pour se préparer à cette nouvelle étape de la lutte du peuple pour la sauvegarde de la Constitution, de la démocratie et de l’État de droit, seul gage d’une paix durable.
D’ici au 2 avril 2024, Sursaut citoyen et Demain Sénégal appellent à focaliser les mots d’ordre de mobilisation et de combat sur l’objectif de cette étape : faire appliquer fidèlement par l’Exécutif la décision du CC. Cette exigence signifie que nous devons créer le rapport de forces obligeant l’Exécutif à :
Poursuivre le processus électoral illégalement interrompu ;
Organiser l’élection présidentielle avant le 2 avril 2024.
La lutte continue."
PRÉPARATION DES JOJ DAKAR 2026, LE COMITÉ D’ORGANISATION À LA SOURCE ASIATIQUE
Sous la conduite du président Mamadou Diagna Ndiaye, le COJOJ a conduit une mission de travail à l’invitation du Japon et de la Corée du Sud au cours du mois de janvier 2024
Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse (COJOJ) Dakar 2026, sous la conduite du Président Mamadou Diagna Ndiaye, a conduit une mission de travail à l’invitation du Japon et de la Corée du Sud au cours du mois de janvier 2024, accompagné du Coordonnateur Général du COJOJ Ibrahima Wade.
Des partenariats multiformes en terre nippone
Au Japon, la visite s’est inscrite dans la suite du partenariat conclu en 2018 entre le Comité National Olympique Japonais et le Comité National Olympique et Sportif Sénégalais.
Le Président Diagna Ndiaye a eu des rencontres de travail avec des acteurs institutionnels comme non étatiques, occasions qu’il a saisie pour leur exposer les enjeux des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) Dakar 2026, premier événement olympique sur le continent africain et la nécessité de nouer des partenariats dans la ligne des bonnes relations entre le Japon et le Sénégal.
Ainsi, il a été convenu avec le CNO japonais et la JICA, l’envoi auprès du Comité d’Organisation des JOJ, dans les prochaines semaines, de deux experts japonais pour appuyer le travail de préparation.
Au cours de son séjour, le Président Ndiaye a eu un entretien avec Madame Jimi HANAKO, Ministre en charge de l’Expo Universelle Osaka 2025. Ensemble, ils ont convenu de mettre sur pied une passerelle de collaboration entre l’Expo Universelle Osaka 2025 et les JOJ Dakar 2026, deux événements dont la vocation est de promouvoir le dialogue et la paix entre les peuples, et faire de Osaka 2025 une tribune de promotion des JOJ Dakar 2026.
D’autres rencontres d’importance ont eu lieu avec les représentants du secteur privé japonais dans la perspective de partenariats sponsoring avec Dakar 2026, à travers d’une part, la société TOYOTA TSUSHO présente au Sénégal dans la grande distribution et l’agroalimentaire, et d’autre part l’équipementier sportif ASICS.
Le Président Diagna Ndiaye a également eu une rencontre avec le Président de la Nippon Foundation Monsieur Yohei SASAKAWA, fortement impliqué dans les questions d’environnement et développement durable, avec qui il a notamment évoqué les pistes de partenariat dans le domaine culturel, ensuite avec Monsieur Tadaaki HAYANO, Président Directeur Général de Tokyo Marathon Foundation qui a fait part de son entière disponibilité à collaborer avec le COJOJ à travers l’envoi d’experts spécialisés dans l’organisation du marathon ou encore l’accueil de volontaires sénégalais lors de l’édition 2024 du Marathon de Tokyo pour apprendre de leur expérience en matière d’organisation d’événements de dimension mondiale.
Enfin, la délégation a visité le Tokyo 2020 Legacy Exhibition, un espace de partage de l’expérience japonaise de l’événementiel olympique érigé par le Gouvernement Métropolitain de Tokyo, dont le COJOJ pourrait s’inspirer en vue de perpétuer l’héritage des JOJ.
Gangwon 2024 comme laboratoire.
Après l’étape du Japon, le Président Diagna Ndiaye a séjourné en Corée du Sud pour prendre part à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de la Jeunesse d’hiver Gangwon 2024 et a saisi l’opportunité pour rencontrer des Autorités politiques et de hauts dirigeants du secteur privé et industriel de la République de Corée.
Durant son séjour, il a eu plusieurs rencontres de travail, notamment avec :
- Monsieur Thomas Bach, Président du CIO avec qui il s’est entretenu de l’état des préparatifs des JOJ Dakar 2026 et de sujets liés à l’actualité olympique
- Madame Jang Mi-Ran, Vice-Ministre coréenne chargée des Sports, avec qui il a décliné des perspectives de partenariat sportif à travers des projets d’appui de la République de Corée à la préparation des JOJ Dakar 2026, en particulier par l’héritage de Gangwon 2024 en direction de Dakar 2026 ;
- Monsieur Gao Zhidan, Ministre des Sports de la République Populaire de Chine et Président du Comité Olympique Chinois avec qui il a évoqué la dynamique soutenue de coopération qui lie nos deux pays et qui se traduit déjà par des projets concrets d’appui au Sénégal dans la préparation de la cérémonie d’ouverture des JOJ et dans la préparation et la recherche de performances pour les jeunes athlètes sénégalais en direction de 2026.
Le Président Diagna Ndiaye a également mis à profit sa présence en terre coréenne pour présenter les JOJ Dakar 2026 et les opportunités de partenariat qu’ils pourraient offrir notamment lors des rencontres qu’il a eues avec Monsieur Park Sag-Jin, Vice-Président Exécutif de Dongwon Industries, spécialisée dans l’agro-alimentaire ayant une filiale au Sénégal, et ensuite avec Monsieur Jusung Park, Représentant de Samsung C & T, compagnie coréenne évoluant dans le domaine industriel et des infrastructures, présente au Sénégal.
Le Coordonnateur Général du COJOJ Dakar 2026, accompagné du Directeur des Opérations du COJOJ, a mis à profit sa présence en Corée pour tenir plusieurs réunions de travail techniques avec le COJOJ Gangwon 2024 et le CIO, et pour s’inspirer de l’expérience coréenne.
Ces différentes rencontres et les pistes de collaboration ainsi ouvertes viennent conforter la dynamique de préparation de ce premier événement olympique en terre africaine, déjà bien engagée par le COJOJ.
COUPE DU MONDE DE BEACH SOCCER : L'AFRIQUE RATE SON ENTRÉE EN MATIÈRE
Demi-finalistes de la précédente édition et quadruples champions d'Afrique en titre de la discipline, les Lions du Sénégal ont chuté pour leur entrée en lice à la Coupe du monde de Beach Soccer en s'inclinant 6-4 face à la Biélorussie, ce vendredi à Dubaï
iGFM (Dakar) Demi-finalistes de la précédente édition et quadruples champions d'Afrique en titre de la discipline, les Lions du Sénégal ont chuté pour leur entrée en lice à la Coupe du monde de Beach Soccer en s'inclinant 6-4 face à la Biélorussie, ce vendredi à Dubaï.
Menés d'entrée après un but de Yury Patrouski en première période, les poulains de Mamadou Diallo ont égalisé en début de deuxième période grâce à Amar Samb. Sauf que Ihar Bryshtsel a redonné l'avantage aussitôt aux Européens et les Sénégalais n'ont jamais été en mesure de recoller ensuite malgré des buts de l'inévitable Raoul Mendy sur penalty et de Mandione Diagne, auteur d'un doublé. En face, Bryshtsel y est aussi allé de son doublé, tandis que Aleh Hapon a signé un triplé.
Sénégal et Égypte dos au mur
Ce revers place les Sénégalais dos au mur avant leur prochaine sortie dimanche contre la Colombie, battue d'une courte tête par le Japon (2-3), favori du groupe, un peu plus tôt pour son entrée en lice. Un nouveau revers mettrait définitivement fin aux espoirs des “Lions de la plage” dans ce groupe C. A noter que la veille, l'Egypte, l'autre représentant africain du tournoi, avait aussi mordu la poussière contre l'hôte émirati (1-2) dans la poule A.
L'UE SE PRONONCE APRÈS LA DÉCISION DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La porte-parole du chef de la diplomatie européenne a déclaré se réjouir de la tournure des évènements ces dernières heures marquée par l’annulation du décret signé par le chef de l’Etat et annulant la convocation du corps électoral.
La porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, Nabila Massrali a déclaré se réjouir de la tournure des évènements ces dernières heures marquée par l’annulation du décret signé par le chef de l’Etat et annulant la convocation du corps électoral ainsi que le retrait de la loi sur le report de la présidentielle. Pour la porte-parole, le Conseil constitutionnel qui a su prendre la bonne décision va permettre d’avoir une stabilité et une paix sociale dans le pays.
Pour ce faire, «l’UE invite toutes les parties à respecter cette décision et à tout mettre en œuvre pour organiser les élections conformément à la décision du Conseil, c’est-à-dire dans les meilleurs délais ».
Par ailleurs, après la mort de trois jeunes lors des dernières manifestations, à cause d’ «un recours inutile et disproportionné à la force contre les manifestations ainsi que des restrictions de l’espace civique », l’UE réitère son appel. Elle appelle «à la transparence sur les circonstances des décès de ces personnes et exhorte les autorités à garantir les libertés fondamentales, notamment la liberté de manifester pacifiquement».
A noter que l’opposition maintient sa manifestation de ce vendredi en dépit de la décision du Conseil constitutionnel.
par l'éditorialiste de seneplus, almamy wane
LE DERNIER FRANÇAFRICAIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette descente aux enfers est le parcours obligé d’un pays qui a vu ses « élites » trahir encore et toujours avec de fausses ambitions, de faux desseins politique et de vraies compromissions
La longue et chaotique présidence de Macky Sall s’achève par une violation flagrante de la Constitution ou lorsque celle-ci devient un instrument de lutte pour le pouvoir, ouvrant ainsi la voie à toutes sortes de dérives.
La violence politique, c’est la couardise assumée au sommet de l’Etat qui se réfugie derrière l’ordre républicain, par conséquent, les forces de l’ordre sur lesquelles repose une paix sociale artificielle au service d’une patrimonialisation de l’Etat sans précédent.
L’allocution du 3 février 2024 est l’aboutissement d’une caporalisation soutenue du pouvoir judiciaire à des fins politiciennes.
Cette défection prévisible au sommet de l’État a mis en danger des populations jusqu’ici malmenées par des politiques économiques en décalage avec les besoins réels du pays. Nous avons aussi assisté au cours de ces dernières années à une criminalisation systématique de l’espace politique, prélude à un détricotage savamment orchestré du tissu républicain.
Le but ultime de ces manœuvres, c'est la confiscation du pouvoir et le résultat est pour le moins catastrophique. L’utilisation de la chambre des députés par les tenants du pouvoir a permis de semer le doute sur la fiabilité du Conseil constitutionnel. Un « doute » utile servant de caution à la pirouette qui a permis l’arrêt du processus électoral à quelques heures de l’ouverture de la campagne, semant la confusion.
Une situation inédite dans l’histoire politique du Sénégal. Une longue tradition démocratique a été ainsi stoppée pour permettre une mise à jour du partage du « gâteau national », garantie d’un statu-quo permettant au système politique sénégalais, allié naturel du néocolonialisme, de résister à l’offensive populaire du désormais ticket Sonko mooy Diomaye.
Disons-le haut et fort, la démocratie est une affaire de culture, d’intuitions vives et de stature. C’est surtout une histoire d’amour, car il faut aimer son peuple. Il faut aussi aimer la démocratie. Le système politique sénégalais incarné par Macky Sall et ses affidés est caractérisé par une présidence hypertrophiée, qui ignore les règles du jeu démocratique et qui arbore un certain mépris du droit. Un droit élastique et malléable à souhait.
Les libertés fondamentales sont bafouées et les lois soigneusement contournées avec une suffisante désinvolture notamment pour éliminer l’opposant Ousmane Sonko et ses partisans. Les Sénégalais depuis plus de trois ans sont pris en étau entre un pouvoir extrêmement brutal et des conditions de vie désastreuses sous le regard passif de la communauté internationale. Des journalistes sont emprisonnés ainsi que des leaders d’opinion, des imams etc. Plus de quatre vingt morts, des centaines de blessés et des milliers de prisonniers politiques dont la plus part sont des jeunes.
Que dire de cette jeunesse traquée, martyrisée et embastillée, cette si précieuse ressource naturelle, dans un monde évanescent. Le souvenir du jeune rappeur Baba Kana, torturé à mort sous nos yeux par des forces de l’ordre, est encore frais. Souvenons nous du martyr de Papito Kara emprisonné pour des publications sur les réseaux sociaux puis déclaré mort sur le chemin de l’exil, près des côtes espagnoles. L’horreur au pays de la « téranga ». Pas d’enquêtes judiciaires ou parlementaires donc pas de responsabilités établies. C’est dire que toutes les conditions pour mener à cette impasse étaient réunies. Depuis 2012, nous glissions sur une pente raide qui nous a mené à l’allocution présidentielle du 3 février 2024, un tournant historique qui marquera la fin d’un modèle démocratique sophistiqué, tant vanté. Une parade politique qui a survécu malgré les changements à la tête de l’État sans jamais montrer le chemin de la prospérité.
Les Sénégalais manifestent aujourd’hui pour le respect strict du calendrier électoral malgré l’exclusion de la course du principal opposant Ousmane Sonko. Les manifestations sur toute l’étendue du territoire national ont fait 3 morts et plusieurs blessés. Macky Sall « seul et contre tous » a décidé d’imposer son propre calendrier dont il est exclu malgré lui. Le monde grouille et gronde pour que l’élection se tienne dans les meilleurs délais.
Le chef désarmé
Au Sénégal, nous entrons dans la phase ultime de destruction de l’Etat pour assouvir les appétits d’un clan qui n’a qu’une seule religion : l’argent. À cela s’ajoute des « fantasmes » géostratégiques persistants qui troublent la paix sur l’étendue du continent africain. La sous-traitance du savoir qui permettait un mimétisme reléguant le patriotisme, la nation ou l’histoire au second plan n’est plus suffisante pour contenir la puissance des réseaux sociaux qui permettent aux populations, malgré certaines dérives, de s’informer en temps réel.
L’offensive économique, politique et culturelle contre l’Afrique mobilisent des moyens aussi importants que ceux qui sont utilisés pour lutter contre la pauvreté et les grandes pandémies. C’est une évidence. Cette ingénierie de la domination par procuration, une sorte d’esclavage des temps modernes est rejetée par les populations de plus en plus conscientes de leurs droits. C’est cela la mutation ultime d’un État post-colonial bridé, une vitrine de la démocratie. Cette descente aux enfers est le parcours obligé d’un pays qui a vu ses « élites », malgré les changements successifs à la tête de l’Etat, trahir encore et toujours avec de fausses ambitions, de faux desseins politique et de vraies compromissions. On ne vient pas en politique pour transformer la vie de ses concitoyens mais pour faire fortune ou pour parader en rasant les murs. L’alternance en 2000 est passée par là.
Le Sénégal ne peut échapper à son destin, il ne peut survivre artificiellement en feignant d’ignorer les mutations fulgurantes en cours dans son environnement immédiat. C’est un pays doté d’une riche histoire et d’une grande tradition démocratique et qui a été ravalé au rang de démocrature au cours de ces dernières années. D’illustres hommes ont traversé la vie politique de ce pays sans jamais quitter le sentier républicain au prix de mille sacrifices. Deux hommes qui ont marqué l’histoire politique du Sénégal et de l’Afrique me viennent à l’esprit, il s’agit de Mamadou Dia et de Cheikh Anta Diop. Tous deux avaient très tôt perçu les contours d’une Afrique unie et solidaire dans un monde où les rapports de force sont motivés par des logiques économiques impitoyables. L’historien américain Frédéric Cooper décrit la genèse de ce type de relation :
« Les difficultés économiques de l’Afrique s’explique moins par les caractéristiques intrinsèques du continent que par les relations asymétriques que ce dernier entretient avec l’Europe depuis le 15e siècle. »
La françafrique, émanation du néocolonialisme, a toujours préféré avoir à faire à une « élite » servile et zélée qui a toujours montré sa capacité à organiser le pays en fonction de ses intérêts particuliers. Une sorte de Sénégal sans les sénégalais.
Ceci dans le mépris total de notre histoire commune et parfois dans une sorte de réécriture de notre récit national. Ce qui est déroutant, c’est cette reproduction soigneusement codifiée au sommet de l’État autour d’une politique antinationale quelque soit le résident du palais et qui, méticuleusement « rationalise » la pauvreté tout en redistribuant des prébendes. La rupture avec le peuple ne peut plus être contenue dans des conciliabules diurnes et nocturnes car les Sénégalais sont désireux de voir une autre façon de faire de la politique. C’était déjà le cas en 2019, au lieu de cela, nous avons eu droit à la privatisation intégrale de l’espace public par un pouvoir arrogant et vindicatif qui semblait mener une guerre contre son propre peuple.
Le théoricien militaire prussien auteur du livre « De la guerre », Carl Von Clausewitz dit ceci :
« Ce que les hommes ont de fâcheux, c’est une agitation intérieure les poussant à une activité impressionnante qui dépasse la capacité de leur intelligence. Ils entendent y entraîner d’autres et s’ils ne réussissent pas, voire s’ils finissent par échouer du fait des défauts de leur intelligence; ils deviennent méchants; ils n’ont plus de coeur et (...), sans s’en rendre compte ils manquent à la vérité, à la loyauté et à la bonne foi. »
Nous le voyons bien dans un contexte mondial très volatile où les nationalismes, partout prennent le dessus, il est évident que le Sénégal n’est pas sur sa trajectoire naturelle pour affronter les enjeux économiques sous-régionaux proprement africains. Après douze années d’une gestion monarchique du pouvoir, acceptée et vécue dignement par le peuple sénégalais, le pays n’avait pas besoin de cet acte séditieux contre la règle la plus élevée de l’ordre juridique de notre pays.
Ce que les Sénégalais souhaitent aujourd’hui, c’est une réelle indépendance. Autrement dit, une souveraineté effective qui profite aux Sénégalais. Ce que les Sénégalais veulent, c’est enfin profiter de la terre de leurs ancêtres, en y vivant décemment. Ce que les Sénégalais veulent, c’est une justice impartiale prompte à contrecarrer toute dérive solitaire du pouvoir. Ce que les Sénégalais veulent, c’est vivre dans la communion des esprits et dans la paix. Ce que les Sénégalais veulent, c’est un pays capable de mettre en oeuvre ses propres stratégies politiques, économiques et sociales voire militaires. Nous avons un choix à faire entre la servilité et le courage !
Le pouvoir en Afrique a toujours été une sinécure, une sorte de labyrinthe baroque où la fête est permanente avec ses courtisans, ses griots et ses journalistes corrompus, etc. Il vaut mieux avoir de véritables alliés pour espérer retrouver la porte de sortie...
par Oumar El Foutiyou Ba
SAVOIR RAISON GARDER
Tirer à bout portant sur les institutions ne sert qu’à fragiliser le pouvoir qui a le monopole de la violence légitime alors que la stratégie doit consister, au moins, à essayer de l’amener dans une posture d’écoute
Le débat instauré à propos du report de la présidentielle, la position exprimée par certaines sommités du droit et la sortie du Président évoquant des forces organisées qui pourraient se saisir du pouvoir me donne l’occasion d’énoncer quelques éléments de réflexion que je me suis interdit à chaud.
Au-delà du fait qu’il faut dire que le citoyen que je suis estime que le chef de l’Etat ne devait pas reporter unilatéralement les élections, je voudrais cependant souligner que cette crise que vit le Sénégal a des origines plus profondes à rechercher dans nos manières d’être et de penser.
Pour brièvement rappeler les faits, le parlement, activé par le candidat du PDS qui s’estime spolié par le Conseil constitutionnel, a décidé d’enquêter sur des allégations de corruption portées sur quelques membres de l’arbitre des élections avec une proposition de loi débouchant sur un report du calendrier électoral.
En réalité, ce qui se passe est très emblématique de ce que l'on vit depuis 2000 et bien souvent les propos des acteurs du champ politique se sont révélés interchangeables selon que l’on considère les positions ou avantages du moment.
Il faut reconnaitre à nos politiques l’art de noyer le poisson puisqu’ils sont prompts à appeler à la violence lorsqu’il s’agit des intérêts de caste. Pourtant, la majorité d’entre eux ne s’investit jamais à fond pour l’intérêt général.
Au titre des vrais problèmes du pays, on peut citer, par exemple, les jugements à géométrie variable, le fait partisan, les systèmes de prébendes (avantages indus et légalisés) dont profitent ou veulent profiter les politiciens alors qu'ils disent combattre l'injustice, la transhumance et les reniements qui sont consubstantielles à leurs pratiques.
Cela les conduit à ne proposer aucune ligne directrice ferme car tout est circonstanciel chez eux (nuance disent-ils) puisque certaines généralités leur permettent de naviguer dans les eaux troubles en exigeant pourtant la transparence ou la justice même lorsque certains faits les démentent.
Tout ceci explique, en rapport avec les élections présidentielles, le terrible engrenage dans lequel on se trouve avec une confusion d’abord suscitée par les candidats recalés, fâchés contre le Conseil constitutionnel, qui n’ont pas hésité à franchir la séparation des pouvoirs pour s’adresser au Chef de l’Etat qui leur refusa son intervention.
Ensuite s’ensuivit un étonnant meli melo entretenu par le PDS soutenu par le parti au pouvoir dans le cadre d’une initiative parlementaire jetant l’opprobre sur le Conseil. Une innovation à travers laquelle le pays vit avec surprise ses pourfendeurs d'hier, déçus par le Président, se muer en défenseurs de l'institution et contre le report des élections.
Et dans ce charivari de tous les diables où l’on appelle chaque citoyen à la responsabilité individuelle et à des manifestations collectives, que de positions partisanes faisant fi de la recherche de la vérité et susceptibles de nous mener vers le chaos !
Ce qui est constant à travers les éclairages des sommités qui ont réagi sur la lamentable situation dans laquelle le pays est plongé, par la seule faute de ses acteurs politiques, c’est que la proposition de loi de l’assemblée nationale devrait, en dernier ressort, passer devant le Conseil constitutionnel qui est l’apha et l’omega du processus décisionnel en la matière.
Cela veut dire que cette institution a la prérogative de casser les travaux des députés qu’elle pourrait assimiler à un coup de force parlementaire, une position d’autant plus acceptable pour le peuple si l’on sait que ses représentants n’ont pas commencé les enquêtes et n’ont, dans le passé, nullement usé de ce procédé pour ramener le 1er mandat du Chef de l’Etat à 5 ans.
Nous l’avons souvent dit dans nos ouvrages et articles, pour se sortir des impasses récurrentes et fortifier notre démocratie, il nous faut impérativement repenser nos manières de faire en plaçant la gouvernance et l’exemplarité au centre de nos actions.
Au Sénégal, nous avons l’habitude de nous voiler la face et de flatter nos égos. C’est sans doute pourquoi la classe politique est généralement dans les manipulations, les trahisons et les reniements. Dans ce genre de situation, toute erreur d’aiguillage expose son auteur, comme nous le constatons aujourd’hui encore avec la décision du Chef de l’Etat.
C’est pourquoi pour sortir du fait accompli, la première mesure à prendre c’est de ramener le report au plus à trois mois à défaut de respecter la date du 02 avril, un idéal toujours possible si les délais de campagne sont raccourcis.
Cela étant dit, reconstruire ce pays, veut aussi dire dépasser nos contradictions car Macky, Sonko, Karim ou tout autre acteur politique ne constitue qu’un des problèmes de ce pays et les solutions à trouver se trouvent ailleurs que sur se focaliser sur eux. En effet, l’action politique et l’espace public, en général, mis au service de l’intérêt général doivent se structurer autour de la cohérence et de l’éthique sous la férule de la loi et au service des citoyens.
Pour ce faire, il nous faudra bannir certaines de nos habitudes comme la compromission, l'esprit partisan, l'action de court terme et valoriser des invariants comme la stratégie, l'exemplarité, la bonne gouvernance, la neutralité, l'équité, en somme la vérité, et rechercher ces principes partout où ils se trouveraient. C'est ce qu'il faut exiger de tous pour ne pas retomber dans les travers qui ont favorisé cette détestable situation.
En effet, rien ne vaut la bonne gouvernance du pouvoir et l’élégance dans les formes d’opposition. La violence radicalise les esprits faibles alors que les esprits bien disposés s’appuient sur les bonnes valeurs.
Un peuple payera toujours le prix des raidissements et inconséquences de ses élites politiques. Les gouvernants n’ont pas à réprimer et doivent œuvrer sur les conditions cadre en donnant des gages d’exemplarité à ceux qui leur font face dont ils sont de simples délégataires.
L’opposition doit aussi toujours se placer sur le champ de la responsabilité, dans un esprit républicain respectueux du pouvoir hiérarchique et des relations fonctionnels entre acteurs, et agir dans les consciences. Ce n’est qu’à ce prix qu’elle arrivera à mobiliser le peuple et pourra, à terme, entretenir les meilleurs rapports avec les forces de l’ordre dans une forme de lutte pacifique où chaque coup reçu sans protestation impose le respect du peuple voire du pouvoir.
Tirer à bout portant sur les institutions ne sert qu’à fragiliser le pouvoir qui a le monopole de la violence légitime alors que la stratégie doit consister, au moins, à essayer de l’amener dans une posture d’écoute sous l’arbitrage d’un peuple éduqué et, au plus, à s’ajuster et à respecter ses vis-à-vis qui seront les futurs dirigeants du pays.
Il n’y a que de cette manière que l’opinion publique se fortifiera et que les fraudes de toutes natures cesseront. C’est de cette manière aussi que la fraternité mutuellement construite devrait se traduire en politiques sociales favorisant l’épanouissement de chaque citoyen qui deviendrait un vrai patriote puisque les richesses seraient mieux réparties entre tous les acteurs.
Il nous faut avoir le courage d’essayer d’autres solutions que celles qu’on a toujours investies et d’éviter de nous engluer dans un éternel recommencement avec des investissements lourds perdus et des fissures dans notre tissu social qui pourraient favoriser l’intrusion de forces connues pour essayer de s’approprier les richesses pétrolière et gazières.
Voilà le seul gage de stabilité dont nous avons besoin dans ce pays où nous appelons le pouvoir et l’opposition à savoir raison garder et à ne jamais se considérer comme des ennemis.
par Jean Pierre Corréa
WALAYE, DIEU NE PARLE QUE LE WOLOF
Serait-ce la conjonction du Kazu Rajab, de l'Appel des Layènes, et du début du Carême qui a empêché l'explosion que des apprentis sauciers...ont fait craindre pour notre Sénégal ?
Depuis le temps qu’on nous dit que ça va péter, et que ça ne pète pas plus fort qu’un pet sur une toile cirée, nous sommes enclins à nous faire à l’idée que le Sénégal est un coin béni des Dieux, surtout DE DIEU, ce qui nous pousse à développer cette certitude qu’en fait nous sommes… à côté de la planète Terre… Ce n’est pas toujours faux…d’ailleurs.
Il n’y a qu’à Ndoumbélane qu’un gus peut quitter le Cap manuel en mobylette la nuit, sans phare et arriver à Keur Massar sans encombre…. Dans n’importe quel autre pays, il est écrabouillé au bout de 800 mètres… C’est ce pays singulier où des cars rapides de 80 ans d’âge, qui utilisent du savon de Marseille pilé en guise de liquide-freins, ne font…que 100 morts par an…Miracle ? Non !!! Nous sommes juste accompagnés des prières de tous ces Saints Hommes, de Bamba, d’El Hadj Malick, de Baye Niasse, mais surtout de la mansuétude effarée du Créateur devant les frasques de ce peuple joyeusement inconscient et turbulent.
Depuis l’incompréhensible annonce du report de l’élection présidentielle, l’image du Sénégal sur les médias du monde entier était celle d’un pays en feu…attisé par juste quelques pneus complaisamment filmés par des caméras pressées d’ébrécher l’exception Sénégalaise d’un pays en concorde ethnique et religieuse. C’est certes gazeux, mais bon, quelle sortie délicate d’une crise, qui aurait pu avoir de fâcheux contours…
Serait-ce la conjonction du Kazu Rajab, de l'Appel des Layènes, et du début du Carême qui a empêché l'explosion que des apprentis sauciers...ont fait craindre pour notre Sénégal ? Prions encore… pour ne pas défier le pire… Les chapelets de tous nos saints, pourraient ne pas toujours suffire à dissoudre les errements de nos politiciens dans ce « Ndoumbélane-way-of life », qui nous crétinise et nous rend insouciants et parfois…inconscients et indifférents à la colère déguisée en « je-m’en-foutisme » destructeur.
Tout ira bien…Si Le Chat est là…
par Cheikh Omar Diallo
20 CANDIDATS ENTRE FORCES ET POINTS D’AMÉLIORATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Entre candidats menacés de vote-sanction, anciens alliés du président désormais opposants et outsiders, tous espèrent rassembler une base électorale suffisante. Étude technique des profils en lice
Incontestablement, le dernier communiqué de la présidence de la République en date du 16 février 2024 vient confirmer l’intention du président Macky Sall d’organiser le scrutin dans les plus brefs délais [DLPBD]. Très probablement autour de la mi-mars, environ sept millions d’électeurs seront convoqués aux urnes. Conformément à l’article 33 de la Constitution, le scrutin devra tomber sur « un dimanche ». C’est dans ce contexte que Dr Cheikh Omar Diallo, Docteur en Sciences Juridiques et Politiques a publié une étude technique des 20 candidats en lice. Cela vaut le détour.
1. Amadou Ba : L’homme que son propre camp veut abattre
Amadou Ba est un animal blessé. Il faut donc s’en méfier malgré la défiance et la méfiance en son endroit. Porté par une grande mais faible coalition politique, le dernier chef de gouvernement de Macky Sall se trouve dans une position complexe et délicate. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un Premier ministre n’a été aussi affaibli par son propre camp ; défié par ses ministres ; humilié par les députés de la majorité et sous-estimé par son mentor. L’aventure ambigüe de Macky Sall et des caciques du parti présidentiel (APR) le hissera très difficilement au sommet. Mieux, le risque de vote-sanction est fort élevé dans ses propres rangs.
Pour se révéler définitivement aux Sénégalais, Amadou Ba doit s’émanciper de la tutelle de Macky Sall.
Malgré le bilan matériel avantageux par endroits et les progrès économiques, le Sénégal est toujours en proie à des inégalités tenaces, une pauvreté criarde et des problèmes sociaux brûlants tels que la cherté de la vie, le chômage galopant et l’émigration clandestine. Se positionnant comme le principal acteur du changement dans la continuité, il doit convaincre les couches populaires défavorisées qu’il est à même d’apporter de profondes corrections et d’importants ajustements. Tout un programme !
Équation électorale
L’adoubement timide de Macky Sall et les accusations de corruption de deux membres du conseil constitutionnel constituent un chemin de croix pour lui. Alors comment faire la balance entre l’élargissement de l’électorat et la menace de vote-sanction ? Telle est la problématique de Ba.
Stratégie politique
Elle consiste à s’affranchir de la tutelle Macky Sall pour mieux affirmer sa propre identité politique. Ce qui passe par des propositions concrètes sur des préoccupations nationales telles que la cherté de la vie, le chômage endémique, l’emploi des jeunes et l’émigration clandestine.
Angle de communication
En se libérant des discours classiques et en dé-standardisant son écriture politico-médiatique, Amadou Ba peut espérer conquérir de nouveaux bastions et atténuer le risque de vote-sanction. Son défi communicationnel tient en une phrase : savoir ce que les électeurs veulent entendre et comment ils aimeraient qu’on le dise.
2. Bassirou président, Sonko Premier ministre
À défaut d’être candidat, le champion de l’opposition Ousmane Sonko a servi une masterclass en faisant valider trois candidatures : Bassirou Diomaye Faye le favori, Habib Sy et Cheikh Tidiane Dieye. Un avantage et plusieurs inconvénients. C’est vrai, ils sont perçus comme des hommes intègres et des patriotes. Mieux, leur ligne politique ne souffre d’aucune ambigüité ; elle est axée sur le souverainisme, l'indépendance et la préférence nationale.
Au surplus, le soutien sans équivoque d’Ousmane Sonko à son lieutenant Bassirou Diomaye Faye entrainera la mobilisation des centaines de milliers d’électeurs, constituant ainsi un bassin électoral. Mais, il serait judicieux que les autres candidats fassent profil bas pour éviter l’émiettement des voix. Dans cette élection, une seule voix peut faire la différence.
Équation électorale
Elle repose sur la nécessité pour le prisonnier politique Sonko de rassembler les voix des électeurs partageant les mêmes préoccupations autour de son candidat en détention Bassirou Diomaye Faye. Alors comment faire pour éviter l'émiettement des voix ? Telle est l’équation majeure du masterchef de l’opposition.
Stratégie politique
Les candidats pro-Sonko devraient surligner leur maîtrise des préoccupations de la jeunesse en proposant des solutions innovantes afin de mobiliser une masse critique d'électeurs.
La décision tactique de certains candidats de faire profil bas au profit du candidat officiel sera déterminante. Encore faudrait-il dès le premier tour une union sacrée.
Angle de communication :
L’axe principal sera la libération de Sonko grâce à un bulletin de vote. Ensuite, il faudra gagner la bataille des thèmes cruciaux que sont l'emploi des jeunes, la lutte contre la corruption et le combat pour l’égalité des chances.
Si Bassirou Diomaye Faye est vainqueur, Ousmane Sonko sera le premier ministre le plus puissant d’Afrique et donc le véritable chef de l’Exécutif pendant 5 ans.
3. Idrissa Seck : Dos au mur, face à son destin
Idrissa Seck se distingue par une expérience inégalée des arcanes des campagnes électorales, faisant de lui le seul candidat à détenir un tel record. Malgré les récents défis pour surmonter les obstacles du parrainage, sa détermination et son engagement sont intacts.
Leader charismatique et orateur hors pair, il conserve une éloquence torrentielle. En dépit des controverses sur ses choix politiques déroutants, l'ancien Premier ministre reste un acteur incontournable de la scène politique et porte malheur à ceux qui le négligent. En cas de non-élection, il pourrait être un faiseur de roi au second tour.
Équation électorale
Elle repose sur l'équilibre entre son expérience politique, ses choix controversés et la nécessité de délivrer un discours qui transcende les ambigüités de son passé. Ses tergiversations et ses alliances surprenantes ont pu limiter sa capacité à mobiliser les électeurs lors des précédentes campagnes.
Stratégie politique
Il doit trouver la bonne connexion avec l’électorat jeune. La clé de succès réside dans sa capacité à conjuguer son parcours politique complexe avec une communication inspirante et accessible.
Angle de communication
La construction d'un discours politique accessible qui touche les cœurs et frappe les esprits. En un mot, il devra parler peuple au… peuple.
4. Khalifa Sall : Un faiseur de roi
Dans une campagne électorale aussi incertaine qu'inédite, Khalifa Ababacar Sall se distingue par une riche expérience politique, ayant occupé divers postes au sein de l'exécutif local et national. Ancien maire de Dakar, il a acquis une expertise significative dans la gestion municipale bénéficiant ainsi d'une popularité urbaine. En outre, il a démontré une attention particulière sur des questions sociales et celles du bien-être des citoyens.
Équation électorale
Malgré son crédit indéniable en matière d'expérience locale, il n'a pas encore prouvé son envergure nationale, suscitant des interrogations sur sa véritable capacité électorale.
Sa participation au dialogue politique a pu laisser croire qu’il est en intelligence avec « le système », car ce raout a clairement facilité sa candidature. Ce compromis a fini de l'éloigner de la frange la plus radicale de l'opposition.
Stratégie politique
La stratégie de l’ancien maire de Dakar coordonnée par son directeur de campagne, l’actuel maire de Dakar Barthélémy Dias sera exclusivement axée sur le marketing politique et territorial à travers une plateforme inclusive. Un immense défi… A défaut, il sera le grand faiseur de roi.
Angle de communication
Communiquer de manière transparente sur les bénéfices concrets de sa participation au dialogue politique pour la population. Cela pourrait dans une moindre mesure contribuer à dissiper les suspicions et à établir sa légitimité en tant que candidat capable de transcender les divisions politiques pour le bien du pays.
5. Mahammed Boun Abdallah Dionne : Tout pour être président mais…
Il y a quelques heures, il comptait appeler les 19 autres candidats à boycotter la présidentielle de mars. Il est peu probable qu’il soit entendu. Cela voudrait dire qu’il n’est pas prêt. Or, sa remarquable expérience en tant que chef de gouvernement combinée à sa compréhension approfondie des arcanes de l’Etat, se révèle être un atout crucial pour la gestion du pays. En tant que candidat tourné vers le redressement il doit exposer une vision distincte du Plan Sénégal émergence pour mieux se démarquer de ses concurrents.
Cependant, l'absence d’une base politique clairement définie représente un défi majeur pour Mahammed Dionne en matière de mobilisation électorale. Son revirement par rapport au choix du candidat de Macky Sall, en l'occurrence Amadou Ba, suscite encore des interrogations.
Équation électorale
Les chances de Dionne et de ses principaux soutiens reposent sur l'équilibre entre sa capacité à construire un électorat massif et les défis liés à l'absence de fiefs politiques. Il a tout pour être président mais se trouve sans lieutenants forts capables d’apporter des voix.
Stratégie électorale
Il doit capitaliser son expérience politique sans être catalogué comme un candidat révolté par le choix du chef. Son challenge sera de rendre le second tour irréversible.
Angle de communication L'enjeu réside dans sa capacité à communiquer une vision latérale de l’émergence version Macky-Ba pour capter l'attention des électeurs insatisfaits. Pour cela, il doit projeter une image de leader engagé et déterminé pour un changement profond et profitable à tous.
Vent debout contre Amadou Ba, les autres dissidents [qui se veulent légitimistes] sont l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel maire de Linguère Aly Ngouille Ndiaye, bon connaisseur de la géographie électorale du pays. Il faudra également compter avec le maire de Kolda l’inspecteur des Impôts et Domaines El Hadji Mamadou Diao. Ces deux-là se trouvent textuellement dans la même configuration politique que Mahammed Boun Abdallah Dionne. Au premier tour, ils cultiveront dans le même champ électoral qu’Amadou Ba. Et, logiquement, la grande partie de leur électorat pourrait retourner à la rivière « APR-BBY », en cas de second tour.
6. Boubacar Camara : Le technico-politique
Réformateur respecté, Boubacar Camara bénéficie d'un avantage indéniable, illustrant des compétences professionnelles et techniques pointues et une compréhension approfondie des enjeux économiques et administratifs. En outre, sa capacité à compter facilement les parrainages nécessaires pour valider sa candidature fait de lui un candidat digne d’intérêt.
Équation électorale
Fort de son profil d’homme d’idées, le techno-politique Boubacar Camara devra se servir de cet atout pour gagner la confiance des électeurs. La mobilisation autour de lui indique un soutien initial, mais une équation demeure : comment transformer cette base affective en un électorat massif et diversifié ?
Stratégie de campagne
Sa feuille de route complète englobant des domaines cruciaux tels que l'éducation, la santé, l’économie et la gestion des ressources naturelles, constitue une porte d’entrée pour une campagne axée sur des problématiques-clés. La stratégie devrait se concentrer sur une communication audacieuse de son projet de société, démontrant ainsi sa crédibilité en tant que machine à solutions.
Angle de communication
À coup sûr, il mettra en exergue sa force de propositions. En outre, sa communication devra adresser de manière proactive la question des ressources financières limitées du candidat qu’il est…
7. Déthie Fall : L'outsider
Déthié Fall se présente comme le médiateur incontournable (middle-man) au sein de l'opposition, tirant sa force de sa capacité à construire des alliances. Sa présence prépondérante au sein de YAW et son rôle central dans l'alliance avec la coalition Wallu Sénégal mettent clairement en lumière son expertise dans la création d'alliances stratégiques. Par conséquent, il est perçu comme un stratège ancré dans l'opposition. Sa proximité avec Ousmane Sonko, son intelligence politique et la bonne image auprès de la jeunesse ajoutent à son capital-sympathie. Il pourrait être la révélation de cette campagne électorale.
Équation électorale
En tant que middle-man de l'opposition, il capitalisera sa capacité à construire des alliances. Mais, la multitude de candidatures au sein de l'opposition crée une forte concurrence qui nécessite des stratégies pour se démarquer et capter le plus grand nombre d’électeurs. L’équation n'est pas simple : comment puiser dans l'électorat du chef de file de l'opposition alors que Sonko a déjà lancé ses propres lieutenants dans la course ?
Stratégie de campagne
La lutte contre la cherté de la vie, le chômage endémique, l'émigration clandestine, la mal-gouvernance et l'équitable répartition des richesses pétrolières et gazières seront les axes prioritaires. En fond de scène, sa stratégie sera basée sur la libération d'Ousmane Sonko.
Angle de communication
Il insistera sur ses qualités de leader moderne, crédible et compétent, prêt à unir l'opposition pour relever les nombreux défis du Sénégal. En outre, il exploitera sa proximité intellectuelle, politique et affective avec Ousmane Sonko.
8. Les non-alignés
Les non-alignés que sont Mamadou Lamine Diallo (il a obtenu 0,4% en 2007), Aliou Mamadou Dia (son parti est constamment crédité de 3 à 4%) ; le député Pape Djibril Fall, auteur d’un sans-faute électoral ; l’industrielle Anta Babacar Ngom, le serial-entrepreneur Serigne Mboup, ainsi que le professeur de médecine Daouda Ndiaye et la très grosse épine de Rose Wardini ne figurent pas parmi les poids lourds de ce scrutin. Mais sous-estimer leur apport serait une erreur stratégique. Leur rôle ne sera pas négligeable en cas de deuxième tour ; les gouttes de pluie, à la longue, remplissent le réservoir.
Équation électorale
Les non-alignés tenteront de mener une bonne campagne tout en conservant une neutralité apparente. Ils se positionneront à équidistance entre les multiples candidats du système et ceux de l'anti-système. L’équation consiste à trouver un juste milieu sans s’aliéner dès le départ.
Stratégie de campagne
Conscients que le second tour sera décisif pour leur survie politique, ils entendent négocier des alliances stratégiques pour obtenir des avantages en échange de leur soutien. C’est pourquoi, ils éviteront de prendre des positions tranchées qui limiteront leur capacité à négocier. Et, tout au long de la campagne, ils identifieront des points de convergence avec les deux candidats susceptibles de se qualifier.
Angle de communication
Dans la première moitié de la campagne, ils insisteront sur leur volonté de travailler pour l'intérêt général et le refus de s'engager dans des luttes partisanes. Dans la seconde, ils prépareront le deuxième tour en soulignant que leur priorité est le Sénégal d’abord.