Baadoolo - Le dialogue et les «naa bokk rek»
Pour le moment, il y a deux candidats au dialogue qui sont passés. Aly Ngouille Ndiaye et Boun Dionne. Disons deux ex-candidats à la candidature de Benno, recalés par Macky. Ce «naam» très précoce à l’appel du Président peut donner raison à ceux qui les qualifie de «rebelles» parrainés par le chef ! Parce que dans ce trio contre Amadou Ba, il ne reste que Mame Boye Diao. Après, il n’y a pas de doute que les Libéraux, bien chouchoutés et gâtés, seront à la table. Dialogue bi daal retrouvailles libérales lay xeegne. Mais on ne sait jamais aussi. Il y’en aura qui diront : «naa bokk rek !»
En partance pour Touba pour le Kazu Rajab - Un pick-up fait 6 morts en tentant d’éviter un âne
6 morts et 6 blessés dont 2 en réanimation. Tel est le bilan de l’accident survenu, hier, entre les villages de Touré Ndoulo et de Ndoulo. Un véhicule pick-up qui voulait dépasser un autre n’a pu éviter un âne et a terminé sa course dans le décor, après avoir fait plusieurs tonneaux. Les victimes ont été déposées à la morgue du centre hospitalier régional Heinrich Lübke de Diourbel. Dr Ndèye Touta Dieng, cheffe du service des urgences de l’hôpital en a profité pour lancer une nouvelle fois un cri du cœur en demandant l’affectation d’un neurochirurgien. «le coût de l’évacuation des victimes à Touba est cher pour les parents», at-elle dit.
Feux de brousse - Le département de Tivaouane perd 42,5 hectares en un mois
Selon le capitaine Younouss Diédhiou, chef du service départemental des eaux et forêts, le département de Tivaoune a enregistré depuis le début de l’année 2024, 9 feux de brousse ravageant près de 42,5 hectares dans le département. Ces incendies de forêt constituent une grande inquiétude pour le service départemental des eaux et forêts, d’autant plus que leur nombre et la superficie dévastée dépassent en un mois seulement leur ampleur pour toute l’année 2023, d’après le Capitaine Diédhiou. Cinq feux de brousse ayant détruit 33,5 hectares avaient été recensés dans cette localité pour le compte de l’année écoulée. Cependant, ces incendies n’ont entraîné aucune perte en vie humaine, si l’on en croit le chef du service départemental des eaux et forêts qui s’est réjoui du concours des sapeurs-pompiers dans la prévention et le contrôle des feux de brousse.
Accident mortel à Thiès - Un policier fauché par un camion
Un camion a violement fauché un agent de police en service au poste de police de Médina Fall. Le drame s’est produit, hier, vers 5 heures du matin, à hauteur du Rond-point Diassap, à la sortie de la commune Thiès-Ouest, sur la route de Tivaouane. Selon, les témoins, le chauffeur du camion incriminé aurait pris la fuite après le drame.
Comité national de l’Itie - Oulimita Sarr remplace Awa Marie Coll Seck
48 heures après sa démission de la tête du Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (CnItie), Awa Marie Coll Seck est remplacée par l’ancienne ministre de l’Economie, du plan et de la coopération, Oulimata Sarr. Cette décision a été prise, hier, en Conseil des ministres.
Carburant diesel et de gasoil russes - Le Sénégal a importé 86 mille tonnes en janvier
Du 22 au 28 janvier, le Brésil, la Turquie, le Sénégal et la Tunisie sont les pays qui ont importé les plus gros volumes de gasoil et de diesel russes. D’après enkorr.ua, ils représentent 75% des approvisionnements. Le Sénégal a reçu des ports russes 86 595 tonnes de carburant diesel et de gasoil, suivi de la Tunisie avec 78 mille tonnes. Au cours de la première quinzaine de juillet 2023, les expéditions maritimes russes de diesel et de gasoil avait bondi de 11%. Le Sénégal avait importé 75 000 tonnes et figure sur la liste des plus grands acheteurs de diesel et de gasoil russes.
Grande mosquée de Tivaoune -Le chantier est «très avancé»
Selon Abdou Aziz Guèye, ingénieur, responsable des travaux de l’édifice religieux, le chantier de la grande mosquée de Tivaouane est très avancé. Il l’a indiqué lors de la visite de Serigne Babacar Sy Abdou, dimanche dernier, dans les locaux pour voir l’état d’avancement des chantiers lancés en mai 2021. Serigne Habib Sy Mansour a également plaidé pour la relance de la collecte de fonds et des contributions volontaires, tant au niveau du Sénégal que de la diaspora. La grande mosquée de Tivaouane a été bâtie par feu Elhadji Malick Sy en 1904. Le bâtiment a connu sa première grande extension en 1979, sous le magistère de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh.
KEEMTAAN GI - ALLELUIA,LE CHEF A RECOUVRE LA LUCIDITE !
Ce n’est pas trop tôt. A la lecture du communiqué du Conseil des ministres d’hier, on pourrait penser que le Chef, qui s’est toujours cru superpuissant et que ses flagorneurs présentent comme un génie politique, commence à retrouver ses esprits et comprendre qu’il y a une autre vie après le pouvoir. Une vie qui pourrait être un long fleuve tranquille ou très agité, c’est selon. Sont-ce les contrecoups de la désapprobation générale par la communauté internationale de son funeste projet de se maintenir au pouvoir au-delà de la date limite de son mandat ? En tout cas, quelques heures après les remontrances du département d’Etat américain, l’internet mobile a été rétabli et les gens arrêtés mardi dernier tous libérés dans un pays où les libertés étaient suspendues au bon vouloir du Chef. Lequel a surarmé sa police et sa gendarmerie, non pas pour protéger ses concitoyens des bandits de grand chemin, mais plutôt pour mater ceux qui s’opposaient à son pouvoir. Divine surprise, le Chef a aussi instruit son ministre de la Justice de libérer les plus de 1000 prisonniers politiques arrêtés le plus souvent pour avoir manifesté dans la rue, fait un post dans les réseaux sociaux, parodié les unes de journaux ou critiqué le Chef en vertu d’un droit que leur confère la Constitution. On peut déplorer qu’il se rende compte maintenant seulement — à quelques semaines de son départ ! — que ce charmant pays était si divisé qu’il a besoin aujourd’hui d’un « processus pragmatique d’apaisement et de réconciliation pour préserver la paix et consolider la stabilité de la nation ». La faute à qui ? A lui au premier chef et aussi aux comploteurs qui ont joué et lamentablement perdu dans leur funeste projet d’éliminer du jeu politique le plus populaire des opposants de ce pays. Un scénario mal ficelé et exécuté par de piètres acteurs, créant la division et semant la haine dans les cœurs. Des acteurs qui, malgré les alertes, se sont toujours crus très puissants avec leurs forces de défense et de sécurité appuyées par des nervis pour tuer et mutiler. De centaines de jeunes portent aujourd’hui les stigmates de cette violence gratuite des gendarmes et des policiers. N’en pouvant plus, certains ont quitté le pays par des voies irrégulières. Maintenant que le Chef admet que son pays est divisé et qu’il faut une réconciliation, il lui reste à ordonner la libération du leader de l’Opposition et à organiser la présidentielle à bonne date afin de pouvoir faire la passation du pouvoir avec son successeur, le 2 avril prochain. Ah, à propos de la crise qu’il convoquait pour motiver le report de la présidentielle, on apprend qu’elle est cousue de fil blanc. L’aveu est de celui qui portait l’amendement et du très intelligent président du groupe parlementaire de l’armée mexicaine qui, dans toute sa candeur, a déclaré au micro de la chaine française F24 que nos institutions fonctionnent normalement ! Kaccoor Bi - Le Temoin
AMADOU BA REITERE SA LOYAUTE A MACKY SALL
Lors du Conseil des ministres de ce mercredi, après avoir reçu de nouveau la confiance renouvelée du président de la République, Amadou Ba a rendu la pièce de la monnaie à « son bienfaiteur ». Lors de sa communication, le Premier ministre a tout d’abord réitéré sa loyauté au Président de la République et marqué son soutien à sa décision du 03 février 2024 suite à son message à la nation. Il a également remercié le Chef de l’Etat pour la confiance renouvelée à son endroit ainsi qu’au Gouvernement en demandant aux ministres de prendre les dispositions nécessaires pour une bonne organisation du dialogue national et la parfaite conduite du processus électoral.
RELANCE DU CONSEIL PRESIDENTIEL DE L’INVESTISSEMENT
Restons toujours au Conseil des ministres pour dire que le chef de l’Etat a demandé au Premier ministre à travailler avec les ministres en charge des Finances, de l’Economie, du Commerce et des PME, du Développement industriel et l’APIX, à la relance du Conseil Présidentiel de l’Investissement avec une nouvelle formule pragmatique, autour des thématiques relatives à l’Entreprenariat et au financement de l’Economie nationale.
MME OULIMATA SARR REMPLACE EVA MARIE COLL SECK
Macky Sall a vite trouvé une remplaçante à l’ancien ministre d’Etat Eva Marie Coll Seck démissionnaire. Il a bombardé au poste de Président du Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) Mme Oulimata Sarr expert financier, ancien ministre de l’Economie et des Finances. Gageons que cette dernière va performer jusqu’à dépasser son prédécesseur qui a beaucoup fait progresser l’ITIE.
AMADOU BA DESAMORCE LA GREVE DE L’ADMINISTRATION
Le collectif interministériel des agents de l’administration a été reçu, hier, par le Premier ministre, Amadou Ba. Cette rencontre fait suite aux instructions données par le Président de la République pour qu’il reçoive et discute avec les membres du collectif interministériel de l’Administration autour de leurs différents points de revendications qui sont au nombre de sept (7) dont le plus important est la généralisation de l’indemnité de logement. Selon le coordonnateur du collectif, Omar Dramé, le Premier ministre s’est réjoui de cette rencontre et promet d’apporter des réponses nécessaires à leurs préoccupations. Il précise que le Premier ministre a saisi les différents ministères concernés pour la satisfaction complète des points de revendication. C’est dans ce sens qu’il a saisi le ministre des Finances et du Budget car, les points saillants ayant une incidence financière, il convient d’en savoir l’impact budgétaire. C’est à partir de là que le gouvernement dira s’il va accéder oui ou non à leurs requêtes. Le PM a promis de revenir aux agents de l’administration vendredi pour une réponse. Le collectif les regroupant félicite le PM pour cette audience et estime que leurs préoccupations seront résolues totalement car légitimes et justifiées. Compte tenu de la disponibilité d’Amadou Ba à leur endroit, la grève générale de l’administration, projetée pour le 12 février, est mise en suspens en attendant d’avoir la réponse du PM. Le collectif indique toutefois qu’il prendra aussi toutes les mesures pour poursuivre le combat en cas de rupture de discussion.
DAKAR-GOREE LA NOUVELLE CHALOUPE EST ARRIVEE A DAKAR
Les populations de Gorée peuvent dire un grand ouf de soulagement puisque le président Macky Sall a respecté son engagement à leur endroit. La nouvelle chaloupe baptisée Boubacar Joseph Ndiaye du nom de l’ancien conservateur de la Maison des Esclaves de Gorée est arrivée dans la nuit du mardi au mercredi tardivement au Port autonome de Dakar. Très tard cette nuit-là dans la nuit, le directeur général du Port de Dakar Mountaga Sy entouré de ses équipes est allé jusqu’à haute mer pour accompagner l’entrée dans les eaux du port de la nouvelle chaloupe. Ce mercredi en début de matinée, la chaloupe transportée par un grand navire a été finalement débarquée au niveau du Mole 3 sous la présidence du Dg du Port entouré de son staff et de l’adjointe au maire de Gorée. Le dg du Port Mountaga Sy s’était fait un point d’honneur pour faire respecter cet engagement du président Macky Sall. Depuis plusieurs semaines, il s’est véritablement déployé entre Dakar et Istanbul pour l’arrivée de la chaloupe dans des conditions optimales. Cette dernière avait quitté son port de fabrication à Istanbul en Turquie depuis le 15 janvier dernier pour Dakar. Elle a une capacité de 396 passagers et développe une puissance de 14 nœuds et comporte des commodités comme un restaurant, un bar, des suites VIP. Elle va remplacer les deux bateaux « Coumba Castel » et « Moussa Ndoye » devenus vétustes et connaissant des pannes récurrentes qui plombaient les déplacements des insulaires.
REPORT DE LA PRESIDENTIELLE LE CLUB DES INVESTISSEURS SENEGALAIS PARLE « DES MOMENTS GRAVES ET DELICATS ».
On n’en finit pas d’évoquer le report de la présidentielle. Cette fois-ci, c’est le Club des Investisseurs sénégalais qui affiche son inquiétude. Cette organisation patronale dirigée par l’architecte Pierre Goudiaby Atépa, se disant fidèle à sa mission de favoriser les investissements et d’œuvrer au développement économique, exprime sa vive préoccupation et sa très grande inquiétude face aux décisions contraires aux dispositions de la Constitution et porteuses de risques multiples. Dans un communiqué de presse, le Club des Investisseurs Sénégalais (CIS) réprime son attachement aux principes, règles et valeurs de l’État de droit, à la paix et à la stabilité de notre pays, indispensables aux activités sociales et économiques. Le Club des Investisseurs Sénégalais (CIS), fidèle à ses objectifs et à ses idéaux, exhorte les institutions et pouvoirs publics à respecter et faire respecter toutes les dispositions de notre loi fondamentale pour éviter à notre pays de sombrer dans des lendemains incertains.
REPORT DE LA PRESIDENTIELLE LES DEPUTES PDS RECTIFIENT LE DEPARTEMENT D’ETAT
La posture affichée par le Département d’Etat (voir Témoin du mercredi 07 février) sur le report de la Présidentielle ne plait pas aux députés PDS membres du Groupe parlementaire Démocratie-Liberté et changement. A travers un communiqué de presse, ils indiquent que « le communiqué du porte-parole du Département d’Etat américain repose sur plusieurs erreurs. Suivant la Constitution du Sénégal, toutes les lois sont votées par l’Assemblée nationale, souveraine en sa qualité de dépositaire de la souveraineté nationale. La souveraineté nationale, selon la Constitution ‘art 3) appartient au peuple sénégalais qui l’exerce par la voix de ses représentants ». Mamadou Lamine Tihama et Cie ajoutent que le communiqué du département d’Etat américain déforme la réalité des faits au sujet de l’intervention de la gendarmerie nationale qui a fait sortir certains députés lors du vote de la loi. « En effet, les chaines de télévision ont retransmis en direct l’attitude de quelques députés opposés à la proposition de loi, qui ont tenté de bloquer la procédure de vote par une opposition physique en montant sur le perchoir de l’Assemblée. L’art 53 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale autorise le Président de cette institution à recourir à la force publique pour mettre fin à tout dysfonctionnement et permettre la poursuite des travaux » soulignent les députés PDS. Qui concluent que « la loi constitutionnelle qui reporte l’élection présidentielle ne souffre d’aucune illégalité. Elle est parfaitement légitime contrairement à ce que prétend la déclaration du porte-parole du Département d’Etat américain qui, sans doute, au moment de la rédaction et de la publication de son communiqué ne disposait pas de toutes les informations ».
WALF ET REPORT, LE KHALIFE DE LÉONA MARTÈLE SES VÉRITES À MACKY
Le Khalife de Léona Niassène est monté au créneau ce mercredi pour s’offusquer de la coupure du signal de Walfadjri. Il en a profité pour aussi s’exprimer sur le débat lié au report de la présidentielle.
iGFM - (Dakar) Le Khalife de Léona Niassène est monté au créneau ce mercredi pour s’offusquer de la coupure du signal de Walfadjri. Il en a profité pour aussi s’exprimer sur le débat lié au report de la présidentielle.
«Ça suffit. Combien de fois Walfadjri a été victime de ce genre de coupure ? et pourtant, elle n’est pas la seule télévision au Sénégal. et aucune d’elles n’a jamais été fermée», a martelé Serigne Cheikh Tidiane Khalifa Niass ce mercredi. Le Khalife de Léona Niassène demande aux autorités de rétablir immédiatement le signal de la télévision de Sidy Lamine Niass.
S’adressant au chef de l’Etat, il en a profité pour s’exprimer sur le report de la présidentielle. «Macky Sall doit savoir que c’est fini pour lui. Que celui lui plaise ou pas. qu’il gâche pas son avenir. Je lui conseille, cependant, de sortir par la grande porte. Car il peut partir et revenir briguer le suffrage des sénégalais. Mais aujourd’hui.
CAN 2023, SÉBASTIAN HALLER ENVOIE LA CÔTE D'IVOIRE EN FINALE
La Côte d'Ivoire a obtenu, mercredi soir, son ticket pour la finale de la 34e édition de la Coupe d'Afrique des Nations 2023, se jouant chez elle depuis le 13 janvier.
iGFM (Abidjan) La Côte d'Ivoire a obtenu, mercredi soir, son ticket pour la finale de la 34e édition de la Coupe d'Afrique des Nations 2023, se jouant chez elle depuis le 13 janvier.
Sebastian Haller a marqué l'unique but des Ivoiriens en seconde période, face à la RD Congo, dans un stade Alassane-Ouattara d'Ébimpé qui a accueilli 51020 spectateurs, ce 07 février 2024. Le pays hôte défiera le Nigeria en finale, dimanche prochain au stade d'Ébimpé.
OULYMATA SARR REMPLACE EVA MARIE COLL SECK À L'ITIE
Après la démission de Mme Eva Marie Coll Seck hier mardi, le président Macky Sall a procédé à la nomination de Mme oulymata Sarr au poste de Président de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives
Après la démission de Mme Eva Marie Coll Seck hier mardi, le président Macky Sall a procédé à la nomination de Mme oulymata Sarr au poste de Président de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) ce mercredi.
Eva Marie Coll Seck n’est plus présidente de l’Itie. Elle a démissionné de son poste hier mardi. Une décision qui serait liée au contexte actuel d’un report de la présidentielle amorcée par le président Macky Sall et entériné à l’Assemblée nationale par le les députés appartenant à la majorité présidentielle et au Parti démocratique sénégalais.
Ce mercredi, Macky Sall a trouvé la remplaçante à Eva Marie Coll Seck. Il s’agit de Mme Oulymata Sarr qui fut ministre de l’Économie il y a peu, dans son gouvernement.
AMADOU BA, REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE... : CE QUE MACKY A DIT EN CONSEIL DES MINISTRES
Le Chef de l’Etat a renouvelé sa confiance au Premier ministre et demandé au gouvernement de prendre toutes les dispositions requises, pour l’organisation dans les meilleures conditions du scrutin présidentiel à la nouvelle date fixée.
Le Conseil des ministres s’est tenu ce mercredi 07 février 2024 au Palais de la République, sous la
présidence du Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Macky SALL.
A l’entame de sa communication, le Président de la République est revenu sur le vote par l’Assemblée nationale, de la proposition de loi fixant la nouvelle date du scrutin présidentiel au 15 décembre 2024 en réaffirmant sa décision de ne pas prendre part à l’élection.
Le Chef de l’Etat a notamment renouvelé sa confiance au Premier Ministre Amadou Ba et à l’ensemble des ministres, et demandé au Gouvernement de prendre toutes les dispositions requises, pour l’organisation dans les meilleures conditions du scrutin présidentiel à la nouvelle date fixée.
Le Président de la République a particulièrement réitéré sa détermination à poursuivre le dialogue avec tous les acteurs politiques et les forces vives de la Nation, en vue de renforcer, d’une part, notre démocratie à travers un processus électoral transparent, libre et inclusif et, d’autre part, la crédibilité de nos institutions.
Dans ce contexte, le Chef de l’Etat, a décidé d’engager les voies et moyens de mettre en œuvre un processus pragmatique d’apaisement et de réconciliation pour préserver la paix et consolider la stabilité de la nation.
Dans cette dynamique, le Président de la République, garant de l’unité nationale et du fonctionnement régulier des institutions, a demandé au Gouvernement, notamment au Garde des Sceaux, Ministre de la Justice de prendre les dispositions nécessaires pour matérialiser sa volonté de pacifier l’espace public dans la perspective du dialogue national et de l’organisation de la prochaine élection présidentielle.
Le Chef de l’Etat, a par ailleurs, insisté, sur l’impérieuse nécessité de consolider la solidarité gouvernementale, de veiller au bon fonctionnement des administrations, de poursuivre la mise en œuvre optimale des politiques publiques, et d’améliorer les postures républicaines à toute épreuve.
Abordant le développement de l’entreprenariat et des petites et moyennes entreprises, le Chef de l’Etat est revenu sur le bilan des activités de la Délégation générale à l’Entreprenariat rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ), pour soutenir l’insertion et l’emploi des jeunes, renforcer l’inclusion financière et l’autonomisation économique des femmes à travers les trois (3) volets :
formation, formalisation et financement.
Le Président de la République a salué la contribution la DER/FJ à la bonne mise en œuvre du Programme «XEYU NDAW NI » et félicite la Déléguée générale et l’ensemble de ses équipes pour les performances remarquables sur la période 2018-2023 qui sont relevées par les statistiques disponibles ainsi qu’il suit :
● 115 milliards de FCFA injectés dans l’accompagnement des initiatives entrepreneuriales des
femmes et des jeunes ;
● 252 657 initiatives entrepreneuriales de femmes et de jeunes financées dont 6 286 TPE et
PME accompagnées ;
● 15 437 bénéficiaires formés sur des compétences entrepreneuriales ;
● 1 862 entreprises assistées techniquement, 500 startups accompagnées et financées avec
un impact global de 265 230 emplois créés et consolidés.
Suite à ces remarquables résultats notés, le Chef de l’Etat a demandé au Premier Ministre d’accentuer les efforts du Gouvernement sur la formation professionnelle et le financement des jeunes afin de promouvoir « Un Sénégal d’entrepreneurs », soutenu par des instruments publics d’encadrement et de financement consolidés et optimisés dans leurs interventions auprès des cibles.
Le Président de la République a, en outre, souligné la nécessité d’asseoir la promotion des PME/PMI en développant davantage les mécanismes de garantie par la capitalisation des actions du Fonds de Garantie des Investissements prioritaires (FONGIP), après dix (10) années d’interventions.
Le Chef de l’Etat a, à cet égard, demandé au Premier Ministre à travailler, avec les Ministres en charge des Finances, de l’Economie, du Commerce et des PME, du Développement industriel et l’APIX, à la relance du Conseil Présidentiel de l’Investissement avec une nouvelle formule pragmatique, autour des thématiques relatives à l’Entreprenariat et au financement de l’Economie nationale.
Revenant sur l’évaluation de la mise en œuvre des reformes de la fonction publique locale, le Président de la République a demandé au Premier Ministre, et aux Ministres en charge des Finances et des Collectivités territoriales, de prendre toutes les dispositions pour une évaluation de la mise en œuvre des différentes composantes de la fonction publique locale avec l’application de la loi n° 2011- 08 du 30 mars 2011 relative au Statut général des fonctionnaires des Collectivités territoriales.
Le Chef de l’Etat a rappelé son attachement à la professionnalisation du capital humain en service dans les collectivités territoriales et a demandé au Ministre des Collectivités territoriales de renforcer le cadre de supervision des activités du Centre national de la Fonction publique locale et de la Formation, structure fondamentale, dont le fonctionnement optimal reste un gage d’une gouvernance performante des Collectivités territoriales.
Sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, le Chef de l’Etat est revenu sur les
sujets suivants :
● l’organisation du pèlerinage aux Lieux saints de l’Islam : en demandant au Premier Ministre et au Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur de prendre toutes les dispositions nécessaires avec les acteurs publics et les opérateurs privés, en vue
d’assurer l’organisation dans les meilleures conditions, de l’édition 2024 du Pèlerinage aux Lieux Saints de L’islam ;
● des préparatifs de l’appel de Seydina Limamou Laye : en demandant au Gouvernement, de prendre toutes les mesures requises, en liaison avec les organisateurs, pour assurer le bon déroulement des célébrations de la 144ème édition de l’Appel de Seydina Limamou Laye.
Dans sa communication, le Premier Ministre a tout d’abord réitéré sa loyauté au Président de la République et marqué son soutien à sa décision du 03 février 2024 suite à son message à la nation.
Le Premier Ministre a également remercié le Chef de l’Etat pour la confiance renouvelée à son endroit ainsi qu’au Gouvernement en demandant aux ministres de prendre les dispositions nécessaires pour une bonne organisation du dialogue national et la parfaite conduite du processus électoral.
Le Premier Ministre est enfin revenu sur le suivi de la coordination de l’activité gouvernementale en
évoquant :
● la rencontre des banques centrales sur les changements climatiques ;
● l’audience avec les acteurs syndicaux .
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES
● le Ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire a fait une
communication sur le suivi campagne commercialisation de l’arachide 2023/2024, la
campagne de contre saison froide 2023/2024, les prévisions de mise en valeur en 2024 dans
la Vallée du Fleuve Sénégal et les exportations de produits horticoles ;
● le Ministre de la Pêche et de l’Economie maritime a fait une communication sur la nouvelle
Stratégie nationale de Développement durable de l’Aquaculture 2023-2032 (SNDAq 2023-
2032).
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris la décision suivante :
● Madame Oulimata SARR, Expert financier, ancienne ministre, est nommée Président du
Comité national de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE).
Fait à Dakar, le 07 février 2024
Le Ministre du Commerce, de la Consommation
et des Petites et moyennes Entreprises,
Porte-parole du Gouvernement
Abdou Karim FOFANA
par Dialo Diop
LE LEGS POLITIQUE DE CHEIKH ANTA DIOP ET LES DÉFIS CONTEMPORAINS
Éclairage sur les principes qui inspirèrent la conduite politique de Cheikh Anta durant ses années partisanes, et comment il fut un aiguillon du pouvoir senghorien, se positionnant contre le gouvernement tout en faisant recours aux institutions
Dans ce témoignage précis, Dialo Diop, compagnon de route du Rassemblement national démocratique (RND), apporte un éclairage sur les principes qui inspirèrent la conduite politique de Cheikh Anta Diop durant ses années partisanes, et comment il fut un aiguillon du pouvoir senghorien, se positionnant contre le gouvernement tout en faisant recours régulièrement aux institutions. En second lieu, il montre les traces actuelles de cet héritage, tant parmi les intellectuels que les militants.
Rencontre avec Cheikh Anta Diop et parcours intellectuel et militant
Hasard ou nécessité, mon père, Ibrahima Blondin Diop, fut un ami personnel de Cheikh Anta Diop. « Médecin africain » de formation, il a choisi, à la veille des « Indépendances africaines », de poursuivre un cycle complet d'études médicales à Paris (doctorat et spécialité en endocrinologie). De ce fait, mes frères et moi-même avons eu l'occasion de rencontrer Cheikh Anta Diop dès 1958, nos domiciles étant proches dans la banlieue parisienne, lui à Villemomble et nous à Gournay. Rentré au pays immédiatement après avoir soutenu sa thèse de doctorat d'Etat ès lettres en 1960, nous ne l'y retrouverons qu'en 1965. Il rendait régulièrement visite au papa, quand il se trouvait à Dakar, jusqu'à sa mort subite, le 7 février 1986, où son certificat de décès fut établi par son fidèle et vieil ami !
Cependant, ma relation personnelle avec lui s'est nouée après ma sortie de prison en mars 1974, lors de la libération de tous les prisonniers politiques du Sénégal (une vingtaine), prélude à une « ouverture démocratique » limitée. C'est en effet dans les rangs de la jeunesse du Rassemblement national démocratique (RND) que Cheikh Anta Diop dirigeait, que j'ai eu l'opportunité de réviser ma formation marxiste-léniniste initiale pour m'orienter vers le nationalisme africain ou panafricanisme. Je fus ainsi le plus jeune membre du Bureau politique du RND durant la période de lutte pour sa reconnaissance légale (1976-1981).
Du point de vue du cursus académique, outre la majeure partie de mon cycle primaire et secondaire à Paris (lycées Montaigne et Louis-le-Grand), j'ai passé un baccalauréat série A à Dakar (1968) et obtenu une licence de philosophie à Paris 8 Vincennes (1970). Après ma sortie de prison, j'ai repris mes études de médecine à la Faculté de Dakar, d'où j'ai été exclu en fin de troisième année. C'est ainsi que j'ai dû regagner Paris, afin d'y achever mon cycle d'études médicales de 1978 à 1982 (Paris 6 Pitié-Salpêtrière).
Rentré au pays, j'y ai exercé dans la fonction publique loin de la capitale, en Casamance notamment, et me suis en fin de compte de compte réorienté vers la biologie moléculaire sur les conseils avisés du prof. Cheikh Anta Diop, qui me l'a désignée comme une « science d'avenir ». C'est ainsi qu'après un recyclage en maîtrise de biochimie, puis un DEA de biologie moléculaire (1986-1988), j'ai soutenu une thèse de doctorat ès sciences biologiques en 2006 (Paris 6 Jussieu).
Enfin, en ce qui concerne mon parcours politique, disons simplement que depuis que j'ai viré ma cuti de la maladie infantile du gauchisme, j'ai adhéré au RND, dont je suis membre fondateur, siégeant au Bureau politique depuis 1976, élu secrétaire général adjoint au Second Congrès (1992), puis SG titulaire aux Troisième et Quatrième Congrès (2008-2016). Notre parti ayant fusionné, en compagnie d'autres alliés politiques, avec celui des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), j'assume à présent les fonctions de vice-président dudit parti, chargé du panafricanisme et des questions mémorielles.
Le parcours politique de Cheikh Anta Diop témoigne de la continuité de son engagement
Il convient de relever que le premier parti politique auquel il a adhéré à la fin des années 1940, durant ses études universitaires à Paris, fut le Rassemblement démocratique africain (RDA), dont il a dirigé la section estudiantine en France de 1950 à 1953. De même, le troisième et dernier parti politique qu'il crée après son retour définitif au pays en 1960 et dirige jusqu'à son dernier souffle est le Rassemblement national démocratique (RND) en 1976. Entre-temps, il a initié deux autres partis politiques, le Bloc des masses sénégalaises (BMS, 1961) et le Front national sénégalais (FNS, 1963-1964) qui furent respectivement dissous et interdits par le président Léopold Senghor. Quant au RND, il dut lutter pied à pied et faire face, quasiment seul, au despotisme senghorien cinq ans durant, avant d'obtenir de son successeur désigné, la reconnaissance légale du parti, en 1981.
L'on voit ainsi apparaître, dès le début de son engagement, une constante caractéristique de la conduite politique de Cheikh Anta Diop : la volonté de rassembler les forces patriotiques et démocratiques, de faire bloc ou front face à l'adversaire, doublée du souci de considérer l'Afrique comme un seul et unique champ de bataille, une totalité organique, définissant la patrie à défendre et la nation à reconstruire. Il s'agit là, d'un invariant politique, d'ordre à la fois stratégique et tactique, que l'on retrouva tout au long de son parcours.
En témoignent notamment sa visite à Londres en 1951, à la tête d'une délégation de l'Association des étudiants du RDA venue rencontrer ses homologues de la West African Students' Union (WASU) qui, à leur tour, vont participer au Premier Congrès panafricain des étudiants africains tenu à Paris en juillet de la même année, ou encore sa solidarité active avec le Front de libération nationale (FLN) d'Algérie dès le déclenchement de la guerre d'indépendance le 1* novembre 1954, et l'année suivante, avec celle de l'Union des populations du Cameroun (UPC), section camerounaise du RDA dirigée par Ruben Um Nyobe (1913-1958). Plus tard, il dénonce le soutien occidental (anglo-américain et franco-allemand) au programme d'armement atomique du régime d'apartheid en Afrique du Sud, et apporte le ferme soutien du RND à la résistance armée du Polisario contre le projet d'annexion monarchique marocain, pour le respect du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.
Encore étudiant et prêchant par l'exemple au début des années 1950, il multiplie les conférences publiques à l'intention tantôt d'un auditoire africain lettré à Paris, tantôt d'un public dakarois ou saint-louisien réputé analphabète, auquel il s'adressait alors en wolof, durant ses vacances, pour attirer l'attention de l'opinion sur la « nécessité et la possibilité d'un enseignement dans la langue maternelle en Afrique' » ou bien sur les risques de sécheresse et de désertification au Sahel...
Et l'on retrouve aussi dans le programme de son parti jamais reconnu, le FNS (1963-1964), ses thèmes de prédilection récurrents et transversaux tels que « réaliser l'unité fédérale de l'Afrique noire » au plan po-litique, « restaurer la conscience de notre continuité historique » au plan culturel, « rechercher la sécurité économique du citoyen » au plan social et enfin « créer des secteurs d'État dans l'industrie et l'agriculture » au plan économique?.
C'est dire à quel point, tout au long d'une vie d'épreuves et de luttes théoriques et pratiques, il a su faire preuve de constance et de lucidité dans ses orientations politique et doctrinale, autant que de cohérence et de rigueur dans ses méthodes de lutte et de travail.
Malgré son engagement, Cheikh Anta Diop n'accède jamais au pouvoir, quitte à rester en retrait
L'une de ses formules favorites, répétée au soir de sa vie, indiquait que ni lui-même, ni ses partis politiques successifs « n'étaient intéressés par le pouvoir pour le pouvoir », réaffirmant ainsi son indifférence aux « délices et poisons » de la toute-puissance étatique !
C'est dans le cadre de son combat politique partisan qu'il va donner la mesure de l'ampleur et de l'originalité de son engagement personnel. En 1958, l'effondrement de la Quatrième République française, sous les coups de massue de la défaite de Dien Bien Phu, de la résistance algérienne et de la montée en puissance du RDA et des autres mouvements anticolonialistes (PAI, PRA, etc.), est sanctionné par le retour au pouvoir du général Charles de Gaulle. Cette évolution inattendue va nécessiter une révision déchirante de la politique coloniale de la France en Afrique. Un comité ad hoc fut donc créé pour la rédaction de l'avant-projet de Constitution de la future Cinquième République, à soumettre au référendum. Quelques élus africains de l'ancien empire devenu « Union française » furent conviés à y prendre part. Pressenti, Cheikh Anta Diop opposa un refus catégorique, arguant qu'on ne saurait lui demander d'aider à « une réflexion sur la meilleure manière de ligoter et asservir son propre peuple » !
Et ceci, contrairement aux députés Félix Houphouët Boigny et Léopold Sédar Senghor, qui vont non seulement y siéger, mais finiront de surcroît par se retrouver, au lendemain du référendum du 28 septembre, ministre ou secrétaire d'Etat dans le premier gouvernement de Gaulle. Et cela jusqu'à leur installation en 1960 comme présidents des pseudo-républiques de Côte d'Ivoire et du Sénégal respectivement !
Après sa mémorable soutenance de thèse, le 9 janvier 1960, et son retour immédiat au pays, avec l'intention déclarée de contribuer à la formation des cadres et à la recherche scientifique, ce pédagogue né s'est vu privé d'enseignement pendant deux décennies et même arbitrairement (mais brièvement) mis en prison en 1962, suite à une provocation partisane dans un contexte électoral.
Il a en outre su résister aux oftres insistantes du président Senghor de rallier son régime, moyennant un double quota substantiel de ministres et de députés, à condition qu'il renonce au programme de son propre parti et consente à le dissoudre dans le sien, l'Union progressiste sénégalaise (UPS).
Paradoxalement, la faible participation du RND à la vie politique assure sa longévité
Le paradoxe n'est qu'apparent, car c'est précisément l'originalité de sa ligne politique, centrée sur les besoins des masses laborieuses, ainsi que le caractère atypique de ses méthodes de lutte non violente, qui désorientaient le régime néocolonial senghorien… Tout en renforçant dans le même temps l’influence et le crédit du nouveau parti dans l’opinion. Telle semble être la logique explicative de la durabilité, voire de l’accroissement
continu de l’influence de sa pensée et de son action politique dans le pays d’abord, puis sur l’ensemble la jeunesse africaine.
Il fait preuve de la même fermeté sur ses principes lorsqu'à la suite d'une fausse accusation de « tentative de coup d'État » visant à éliminer l'aile patriotique du régime, alors incarnée par l'ancien président du Conseil Mamadou Dia', il contracte une alliance politique avec les partisans de ce dernier. Face au refus obstiné du président Senghor de reconnaître ce nouveau « Front » en 1963, Cheikh Anta Diop va tenir parole en patientant plus d'une décennie, jusqu'à la libération de tous les prisonniers politiques du Sénégal en mars 1974, avant de créer le 3 tévrier 1976 son dernier parti, le RND, qui compte Mamadou Dia parmi ses cofondateurs... C'est alors dans le cadre d'un regroupement hétérogène de courants politiques divers que le secrétaire général (SG) fondateur assisté de deux adjoints, M° Babacar Niang et D' Moustapha Diallo, déploie ses talents de stratège et d'organisateur. Il s'agissait aussi bien d'adeptes du nationalisme africain, fidèles compagnons de Cheikh Anta Diop secrétaire général (SG) ou de l'ex-président Mamadou Dia, associés à divers partis et groupuscules d'obédience marxiste-léniniste, dont l'ancien Parti africain de l'indépendance (PAI), que de personnalités indépendantes, patriotes et démocrates sincères. La cohésion d'un tel ensemble reposait, outre les statuts adaptés à un parti de masse plutôt qu'à un parti d'avant-garde, sur les trois textes fondateurs du RND :
• un manifeste, dont le premier objectif est l'avènement d'un État de type nouveau, indépendant et souverain, démocratique et populaire ;
• treize principes d'organisation avec un article 1e stipulant que « dans toutes les réunions du Parti, les langues de travail sont les langues nationales et, éventuellement, le français » ;
• un programme en 29 mesures parmi lesquelles, primo : « décoloniser complètement l'appareil d'État » ; deuxio : « réviser tous les accords inégaux qui portent atteinte à notre souveraineté nationale ou lèsent nos intérêts nationaux » ; tertio : « réviser la Constitution pour substituer au pouvoir personnel incontrôlable et incontrôlé, un pouvoir démocratique, contrôlable et contrôlé ».
La naissance du parti entraîna une modification unilatérale et autoritaire de la Constitution sénégalaise avec la fameuse loi restrictive des partis politiques dite « des trois courants de pensée » (socialisme démocra-tique, libéralisme et communisme). Préférant la contre-attaque à l'autodéfense, le parti a riposté au double plan politique et judiciaire. D'abord par une lettre ouverte au chef de l'Etat, lui rappelant, dates à l'appui, que prétendre appliquer rétroactivement à la demande de reconnaissance du RND des dispositions qui sont postérieures à sa création équivaudrait à suspendre la Constitution de facto : « En décider autrement c'est refuser d'appliquer la loi ; c'est suspendre la Constitution. Ce que personne n'a le droit de faire, fût-il le Président de la République. » Ensuite, par l'introduction d'un recours en excès de pouvoir auprès de la Cour suprême, dont la section administrative était présidée par Bruno Cheramy, maître de requêtes au Conseil d'Etat français et, par ailleurs, conseiller juridique du Président de la République... En dépit de ce conflit d'intérêt manifeste, ce magistrat a reconnu sur le fond le bien-fondé dudit recours, tout en déboutant le parti pour « tardiveté de la requête », le 8 janvier 1978 !
Ainsi, dès après le prononcé du délibéré par le juge suprême, c'est dans la salle des pas perdus du palais de justice de Dakar que le secrétaire général (SG) Cheikh Anta Diop demanda à l'énorme foule présente, de poursuivre au grand jour le travail d'organisation et d'implantation du RND à travers le pays, insistant sur la légitimité de notre combat et le refus de passer dans la clandestinité : « La détermination du peuple est plus forte qu'un simple récépissé. Le défaut de bulletin de naissance ne saurait empêcher un enfant de vivre et de grandir. Un jour viendra où nous obtiendrons ce récépissé qu'on nous refuse aujourd'hui ; alors nous le banaliserons en le jetant à la poubelle.
Après avoir été débouté par la Cour suprême, le Secrétariat politique (SEPO) prit l'initiative d'une pétition nationale exigeant la légalisation du RND et de tous les partis politiques qui en font la demande. Elle a aussitôt recueilli des milliers de signatures, parmi lesquelles plusieurs centaines de personnalités et d'intellectuels de renom. Mais c'est la diffusion par le quotidien parisien Le Monde, sous forme d'encart pu-blicitaire, d'un échantillon de cette liste de pétitionnaires, qui va provoquer la colère du président Senghor et une polémique ouverte dans les colonnes d’un journal étranger.
Un recours régulier aux outils de lutte officiels
L'on retrouve ici l'illustration d'une autre règle méthodologique du SG du RND, qui consiste à veiller dans toute lutte, individuelle ou a fortiori collective, à être et demeurer dans son bon droit : avoir la vérité, et donc la justice, de son côté aux yeux de tout observateur impartial. En cas de conflit majeur et de contentieux juridique, il faut épuiser les procédures légales dans la mesure du possible, avant d'engager une épreuve de force imposée par l'obstination de l'adversaire.
Toutefois, après la légalisation du parti par le président Abdou Diouf, le 18 juin 1981, l'acte politique emblématique de la démarche pédagogique de Cheikh Anta Diop et de son éthique personnelle reste, à notre avis, son attitude face aux premières élections générales auxquelles le RND a pu participer, le 27 février 1983. Un double scrutin, présidentiel et législatif, se tenait le même jour, tous deux à tour unique. Le Bureau politique (BP) du Parti choisit d'appeler à l'abstention pour l'élection présidentielle et de demander au peuple la majorité parlementaire pour le RND. Une option tactique qui sera assimilée par certains à une entente cait que le pouis tir un eond sectes lord ma posie le buteleide de anger de cion dectorale politique locale à partir du Parlement : la légitimité d'une majorité collégiale prévalant naturellement sur celle d'un seul individu, fût-il président de la République et chef de l'État !
Au terme d’une campagne électorale menée tambour battant à travers tout le pays et exclusivement en langue nationale, c’est le président de la Cour suprême lui-même, « juge des élections », qui, l’avant-veille du scrutin, émet une simple « circulaire » autorisant le vote avec la seule carte d’électeur, sans présentation concomitante d’une pièce d’identité, ouvrant ainsi la voie à un bourrage d’urnes sans limite !
Le samedi après-midi, le SEPO donna une conférence de presse alertant l'opinion nationale et internationale sur cette manœuvre qui enlevait toute signification au scrutin du lendemain, équivalant de ce tait à « une non-élection ». En conséquence, dès le 2 mars, le Bureau Politique du Parti, élargi aux candidats, rendit publique une résolution affirmant qu'il était hors de question pour le RND de siéger dans une Assemblée nationale issue d'un tel scrutin. Elle précisait en outre que le Parti ne participerait plus à aucune élection sans identification de l'électeur ni secret du scrutin, c'est-à-dire sans passage obligatoire à l'isoloir. Naturellement, Cheikh Anta Diop, tête de liste et unique élu du Parti, s'abstint d'occuper « le siège du refus», en ces termes :
J'ai le regret de vous faire savoir que je m'en tiens à l'engagement que j'avais pris le 13 mars 1983, devant l'Assemblée générale du RND, de ne pas siéger à l'Assemblée nationale. Notre parti, qui a longtemps lutté pour le triomphe de la démocratie au Sénégal, voudrait, par voie de conséquence, que soit garantie l'irréversibilité du processus de démocratisation de nos institutions. Puisse notre manière de protester contribuer dans l'avenir à sauver nos mœurs électorales de la dégradation. C'est aussi par respect pour tous nos militants dont les votes ont été bafoués que notre parti a choisi cette forme appropriée de protestation. Chaque parti politique a sa philosophie. La nôtre n'est pas élastique.
Cette lettre de démission sans précédent, lue intégralement en séance plénière par le président du Parlement et retransmise en direct par la radiotélévision nationale, est restée gravée dans la mémoire de ses concitoyens ! D'autant plus qu'une campagne de désinformation gouvernementale l'amènera à persister et signer à l'occasion d'une interview accordée à Elimane Babacar Faye sous le titre : « Je ne siégerai pas à l'Assemblée nationale ; le RND ne fera partie d'aucun gouvernement. » Ultime illustration de son éthique en politique, il ajoutait : « Qu'est-ce qui explique que soudainement un certain nombre de journalistes font chorus pour essayer de falsifier et de caricaturer notre personnalité et nos idées? Peine perdue, car s'ils contrôlent leur plume, ils ne contrôlent pas mes actes. Or, c'est par des actes que je répondrai toujours aux allégations issues de l'imagination des gens. »
Cette position de principe, fondée sur un style politique qui lui était propre, il s'efforçait de l'inculquer à la jeunesse du parti et le caractérisait ainsi : « le culte de la vérité et la sérénité de l'expression ». L'on peut croire que sa leçon a été retenue, car malgré des secousses répétées consécutives à sa disparition précoce et soudaine, le RND a su maintenir le cap du boycott électoral pendant une décennie (1983-1993), jusqu'à obtenir, dans le cadre de la Commission nationale de réforme du Code électoral (1992), le respect de deux principes démocratiques, à la fois élémentaires et fondamentaux, universellement exigibles : une seule voix par personne et le secret du scrutin.
Les légataires qui s'inscrivent aujourd'hui dans la pensée de Cheikh Anta Diop
La force démonstrative et persuasive des travaux scientifiques de Cheikh Anta Diop, autant que de son combat politique, explique sans doute qu'il ait connu des adhésions et suscité des vocations en plus grand nombre ailleurs en Afrique et surtout dans la diaspora extracontinentale. Ce n'est assurément pas un hasard si son premier et principal disciple et compagnon de route scientifique aura été Théophile Obenga du Congo, tandis qu'un des plus fins connaisseurs de sa pensée holistique, le regretté Jean-Marc Ela du Cameroun, ne l'a jamais rencontré, s'étant contenté de fréquenter son œuvre...
Et c'est un autre grand écrivain africain, Ayi Kwei Armah du Ghana qui, dans le cadre d'une coopérative multifonction dénommée Per Ankh et située à Popenguine, a initié une entreprise collective de traduction multilingue (neuf langues africaines, de l'Akan au Zulu, trois européennes et dernièrement une sémitique, l'arabe) de textes classiques de la littérature égypto-nubienne antique à partir du texte hiéroglyphique, après translittération (Shemsw Bak®).
De même, ce sont nos compatriotes africains-américains des États-Unis qui auront été les premiers et, à notre connaissance, les seuls, à lui avoir rendu sincèrement et de son vivant l'hommage solennel qu'il méritait en 1985. C'est en effet le maire Andrew Young de la ville d'Atlanta (Georgie), qui l'a invité officiellement à célébrer en personne le lancement d'une Journée Cheikh Anta Diop au niveau municipal (tous les 4 avril).
Pour sa part, Morehouse College lui a décerné un doctorat honoris causa, dans la chapelle Martin Luther King de l'établissement. Rappelons qu'il n'avait pas été convié à prendre part au premier Festival mondial des arts nègres de Dakar (1966), malgré sa participation fort remarquée aux deux Congrès des écrivains et artistes noirs de Paris (1956) et Rome (1959) à l'issue desquels il fut décidé de tenir ce futur festival en terre afri-caine, une fois les indépendances acquises. Ainsi, ni lui-même, ni le défunt érudit africain-américain quasi centenaire W.E.B. Dubois n'ont-ils pu recevoir en personne le prix décerné conjointement par le Colloque scientifique du festival aux « deux intellectuels africains ayant exercé l'influence la plus profonde sur la pensée noire au XX° siècle » !
Il n'en demeure pas moins que le plus bel hommage posthume, le plus durable aussi et sans doute celui auquel il eût été le plus sensible, reste la marée montante et irrésistible de l'intérêt porté par la jeunesse africaine du continent comme de la diaspora à son double héritage scientifique et politique. La quantité et la qualité, en croissance exponentielle, des travaux issus de son nouveau paradigme révolutionnaire africain, d'ordre à la fois conceptuel, méthodologique et programmatique, produits en wolof aussi bien qu'en français et anglais, en attendant le kiswahili et le hausa, l'arabe ou le mandarin, entre autres, en sont des preuves éloquentes.
Un bel exemple local en est fourni par l'équipe regroupée autour du romancier Boubacar Boris Diop, qui met en œuvre concrètement le même paradigme, en publiant des traductions bilingues (wolof et français) de classiques de la littérature tant nationale qu'internationale, en version papier, e-book et audio-book, ainsi qu'un périodique en ligne d'informations en wolof, Lu defu waxu. Et ceci, en dépit de l'exclusion persistante de l'œuvre de Cheikh Anta Diop des curriculae de l'enseignement officiel dans son pays de naissance... qui, il est vrai, demeure la plus vieille colonie française d'Afrique (près de quatre siècles de domination, alors que la Guinée n'a connu que soixante ans d'occupation coloniale : de la capture de Samory en 1898 au « Non » de Sékou Touré en 1958).
Cela dit, il est difficile de répondre dès à présent et de façon exhaustive à cette question pour deux raisons au moins : le caractère transdisciplinaire, voire encyclopédique, de l'œuvre du savant longtemps os-tracisée, sinon dénigrée, d'une part; la dimension de rupture paradigmatique de sa contribution politique théorique et pratique, qui fait l'objet d'une sorte d'occultation par le silence en lieu et place de la diabolisation antérieure, d'autre part ! C'est dire que nul « légataire », ni institutionnel ni individuel, ne saurait accaparer l'immense patrimoine intellectuel légué par Cheikh Anta Diop, en priorité à la jeunesse africaine du continent et de la diaspora d'ascendance africaine directe, mais aussi et plus largement à la jeunesse du monde entier. Car toutes deux portent solidairement la lourde responsabilité de sauver notre planète et tous ses habitants des multiples menaces d'autodestruction qui la guettent de nos jours.
Certaines idées politiques de Cheikh Anta Diop apparaissent aujourd'hui comme visionnaires
Elles sont nombreuses, mais nous ne retiendrons que les principales idées phares, à commencer par sa fameuse prédiction de 1960, au tournant des « indépendances africaines », sur le danger d'une éventuelle « sud-américanisation » de l'Afrique si ses dirigeants échouaient, à l'image de Simon Bolivar, à réunifier le continent divisé par le partage impérial de Berlin (1885). Une anticipation qui s'est vérifiée jusqu'à la caricature avec, notamment, la multiplication des guerres civiles et/ou étrangères, des coups d'État militaires ou constitutionnels, des compétitions électorales devenues la principale source d'instabilité et de violence, sans compter le phénomène de cocaïnisation massive du continent qui, de zone de transit vers l'Europe, s'est transformé en centre de consommation.
Cette clairvoyance ne relève d'aucun don particulier ; elle s'explique par sa méthode d'analyse consistant à « étudier l'histoire non pour s'y complaire, mais pour y puiser des leçons'». Il pense certes d'abord à l'histoire multimillénaire des peuples africains, mais aussi à l'expérience accumulée par les autres peuples du monde, en particulier ceux d'Asie, des Amériques et d'Océanie.
Il en est de même pour l'idée quasi obsessionnelle qu'un « État africain continental est une condition préalable à la survie des sociétés noires, où qu'elles se trouvent. Les communautés noires doivent trouver les moyens d'articuler leur unité historique. [...] Les liens entre les Africains noirs et les Noirs d'Asie, d'Océanie, des Caraïbes, d'Amérique du Sud et des États-Unis doivent être renforcés sur une base rationnelle'° ».
Une autre idée essentielle de sa doctrine politique souligne le rôle déterminant de la culture nationale, et donc des langues africaines, comme « le rempart le plus puissant contre les agressions étrangères"». D'où l'urgente nécessité de doter nos langues nationales du statut de langues de travail, c'est-à-dire d'administration et d'enseignement ! Ainsi que l'ardente obligation de s'entendre sur le choix d'une seule et même langue africaine d'unification pour le travail d'administration et d'éducation dans le futur État fédéral.
De même, Cheikh Anta Diop a dit et répété que « la sécurité précède le développement ». Une tormule galvaudée depuis lors par de nombreux chefs d'État africains, le plus souvent incapables de garantir aussi bien la paix civile sur leur territoire (la sécurité des personnes et des biens), que l'intégrité de leurs frontières extérieures. Il avait même précisé : « Au xx' siècle, un continent qui ne peut pas assurer sa propre sécurité militaire, qui ne contrôle pas en particulier son espace atmosphérique et cosmique, n'est pas indépendant et ne peut pas se développer'?.• » L'observation vaut a fortiori pour ce début de xxI siècle de tous les dangers.
Au vu de l'insécurité généralisée vécue de nos jours par tous les peuples et Etats africains sans exception (sans compter nos compatriotes de la diaspora d'ascendance africaine directe d'Occident et d'Orient), une première évidence saute aux yeux : aucun peuple lucide ne saurait déléguer ni sa sécurité, ni sa souveraineté à autrui, et surtout pas à un État étranger, c'est-à-dire non africain ! Autrement dit, une défense efficace du territoire repose d'abord sur une autodéfense populaire, structurée et disciplinée, tout comme la protection réelle des civils commence par une autoprotection collective, citoyenne et organisée.
Autre formule-choc chère à Cheikh Anta Diop : « l'intégration politique précède l'intégration économique!3 ». Or, les organismes africains dits d'intégration régionale ou sous-régionale (UEMOA/ CEMAC, UMA, CEDEAO, SADC, etc.) considérés par Cheikh Anta Diop comme autant de « faux ensembles », ne sont tout simplement pas viables, dans la mesure où « l'organisation rationnelle des économies africaines ne saurait précéder l'organisation politique de l'Afrique'». Pire, ils ont fini de se discréditer dernièrement aux yeux de l'opinion, non pas du fait de leur impuissance, mais surtout en s'affichant en véritables clubs de désintégration de l'Afrique, avec la manipulation de certains dirigeants africains contre d'autres, à l'instigation de puissances extracontinentales !
Enfin, venons-en au défi énergétique. « Au commencement est l'énergie. Tout le reste en découle », écrivait Cheikh Anta Diop dans son manifeste politique, publié au lendemain de sa soutenance de thèse, à la veille de la cascade des fausses indépendances africaines des années 1960. Mais il n'est pas sans intérêt de signaler, d'une part, que c'est à l'occasion de la première conférence de presse du RND, légalisé le 12 août 1981 à la Chambre de commerce de Dakar, qu'il a pour la première fois et longuement exposé sa proposition d'une « doctrine énergétique africaine » basée sur le vecteur hydrogène; et, d'autre part, que son avant-dernière communication publique, donnée au Symposium international de Kinshasa (avril 1985) sur le thème « La science, la technique et le développement de l'Afrique : l'Afrique et son avenir », avait pour titre : « Le problème énergétique africain ». C'est dire l'importance qu'il a toujours accordée à cette question centrale afin de mettre en évidence l'unicité et la cohérence de sa démarche en politique comme en science.
Sa communication débutait en ces termes : « Faisons une projection dans le proche avenir et demandons-nous quelle sera la physionomie énergétique du monde dans les 30 à 40 ans, aux confins des années 2010-2020. » Résumons sommairement son analyse telle qu'elle a été publiée dans les colonnes du journal du RND'5. Après avoir réitéré son postulat de base, à savoir que « nos principaux problèmes de sécurité et de développement ne peuvent trouver de solution qu'à l'échelle continentale et mieux dans un cadre fédéral », il attire l'attention sur « la vitesse à laquelle notre continent est vidé de ses richesses non renouvelables pendant notre somnolence », en prenant pour exemple « un Koweit africain comme le Gabon [qui] sera dans moins de 60 ans une caisse vide ». Se situant donc d'emblée dans la perspective d'un État fédéral continental ou subcontinental, il propose :
Un schéma de développement énergétique qui tienne compte à la fois des sources d'énergie renouvelables et non renouvelables, de l'écologie et des progrès techniques des prochaines décennies. [...] L'Afrique Noire devra trouver une formule de pluralisme énergétique associant harmonieusement les sources d'énergie suivantes : hydroélectrique (barrages), solaire, géothermique, nucléaire, hydrocarbures (pétrole) et thermonucléaire. Les cinq premières sources d'énergie sont déja exploitables à des degrés différents en Atrique et dans le reste du monde, alors que la dernière ne l'est même pas en laboratoire, mais il ne fait pas de doute, malgré un certain pessimisme de méthode, que son exploitation sera opérationnelle d'ici 40 ans, c'est-à-dire bien avant deux générations, et ce, au moment précis où le règne du pétrole s'achève avec l'épuisement des dernières nappes terrestres. Cependant, si cette source d'énergie devenait exploitable avec un contrôle efficace de la réaction thermonucléaire, les besoins énergétiques de la planète seraient couverts pour une période d'un milliard d'années. Les futurs appareils qui produiront cette énergie, que l'on appelle réacteurs thermonucléaires ou tokamaks (à cause de l'origine soviétique des premiers appareils d'essais qui portent ce nom) seront alimentés au stade vraiment opérationnel et définitif avec de l'hydrogène dit lourd qui sera obtenu essentiellement par l'électrolyse de l'eau de mer.
Il poursuit : « En ce qui concerne l'énergie solaire, le développement des recherches en vue d'abaisser le prix de revient des photopiles permettra peut-être de disposer au seuil de l'an 2000 de centrales solaires opérationnelles (dites héliovoltaïques terrestres ou solaires). »
On a coutume de dire qu'il n'est de science que prédictive. Pour mieux illustrer à la fois l'envergure paradigmatique et le caractère visionnaire de la réflexion du penseur africain contemporain capital, nous prendrons deux exemples significatifs : il a dit et répété que la politique ne l'intéressait guère et qu'il s'y est engagé par simple devoir patriotique, ajoutant que son tempérament le poussait plutôt vers la recherche scientifique, avec la physique théorique comme domaine de prédilection.
Dans l’ultime article qu’il a donné à la Revue sénégalaise de philosophie, en conclusion du colloque « Philosophie, Science et Religion16 » qu’il avait présidé, Cheikh Anta Diop revient sur un sujet déjà évoqué dans sa somme finale, Civilisation ou Barbarie17, et discute dans le détail les résultats de l’expérience d’un certain Alain Aspect, chercheur au laboratoire physique théorique de l’université de Paris Orsay. Il prédit que ses résultats expérimentaux auront pour conséquence un bouleversement radical de notre conception de la réalité et de la rationalité, à la lumière des dernières découvertes dans l’univers des particules élémentaires. Quarante ans plus tard, Alain Aspect s’est vu attribué le prix Nobel de physique !
Le second exemple est plutôt révélateur de la démarche méthodique de Cheikh Anta Diop en sciences humaines. Il s’agit de sa préface à l’ouvrage du professeur de sciences économiques Makhtar Diouf : la longue citation vaut le détour...
Il s’agit d’un véritable programme de refonte des structures économiques actuelles à partir de l’analyse de leurs défauts. Ce livre contribuera à éclairer la décision des cadres appelés à forger le destin économique de l’Afrique. C’est un puissant outil de conscientisation que tous les agents impliqués dans le développement de l’Afrique devraient lire. Ce qui manque le plus, et ceci ne dépend pas de l’auteur, c’est la volonté politique pour la mise en œuvre de toutes les idées fécondes contenues dans ce travail d’avant-garde. Une volonté politique, non pas seulement régionale, mais continentale, suffisamment forte pour accepter la création d’un exécutif continental fédéral africain permettant l’organisation rationnelle de l’économie du continent et l’édification de nouveaux États adaptés à l’ère cosmique qui est la nôtre.
Même l’égoïsme lucide militerait pour l’émergence d’une telle volonté politique. Si elle tardait à apparaître dans les cercles des spécialistes qui gouvernent aujourd’hui le destin de l’Afrique, l’instinct vital des masses, et la volonté de survie des peuples africains ne tarderaient pas à l’engendrer au sein des couches sociales les plus déshéritées, comme une lame de fond venant briser tous les obstacles secondaires qui bouchent l’avenir du continent et risquent de compromettre son destin18.
L’autonomie énergétique africaine et le développement de l’industrialisation passaient en effet pour lui par une fédération africaine, au cœur de son projet politique
Le message politique fondamental légué par Cheikh Anta Diop est tiré de l’expérience historique singulière accumulée sur la longue durée par les peuples africains du continent et d’ascendance africaine directe ailleurs dans le monde (schématiquement pour la souche mère : un cycle de grandeur multimillénaire, puis de régression pluriséculaire et enfin de renaissance en cours), un message qui tient en une formule lapidaire : « hors la fédération panafricaine, point de salut ! Ni pour les Africains du continent, ni pour ceux de ses diasporas d’Orient comme d’Occident, dans la mesure où le sort individuel et collectif de nos compatriotes à l’étranger dépend directement de la position et du statut de l’Afrique dans le rapport de force mondial ».
Mais le stratège africain a pris soin de préciser qu'à la différence des deux grandes fédérations du xx* siècle, les États-Unis et l'URSS qui, comme tout projet impérial, ont été bâties par le fer, le feu et le sang, le projet fédéral africain devra se réaliser, non par la contrainte, mais plutôt par la persuasion, une adhésion consciente et volontaire étant la condition sine qua non de sa pérennité et de son épanouissement.
D’autant que sa conception de la renaissance africaine, telle qu’esquissée dans sa vision de l’État fédéral, est incompatible avec toute forme de discrimination ethnoraciale, de genre (vu que la tradition endogène à l’Afrique est le matriarcat), de caste ou de classe, ou encore d’ordre confessionnel ou idéologique ! Comme lui-même a pu le dire à propos de son travail multidimensionnel et du programme qui en résulte : « Malgré les insuffisances inévitables, les grandes lignes sont solides et les perspectives justes19. »
Aimé Césaire a pu dire que « le plus court chemin vers l'avenir passe, comme toujours, par l'approfondissement du passé ». En vue de la reconstruction d'une Afrique souveraine, réunifiée et véritablement démo-cratique, nous aurons vraisemblablement autant, sinon plus, à apprendre de l'expérience de l'Égypto-Nubie antique prédynastique durant ses millénaires d'édification communautaire et égalitaire, que de l'histoire des trois empires successifs (Ancien, Moyen et Nouvel) de l'ère pharaonique, prototype de l'État territorial centralisé, monarchique, théocratique et par conséquent inégalitaire.
LE NIGERIA EN FINALE AU BOUT DU SUSPENS
Alors qu'ils menaient logiquement sur un penalty de Troost-Ekong, les Nigérians ont cédé sur une égalisation sud-africaine dans le money-time. La prolongation n'ayant rien donné, tout s'est joué aux tirs au but
Le Nigeria a dû s'employer contre l'Afrique du Sud pour décrocher son billet pour la finale de la Coupe d'Afrique des Nations 2023. Opposés aux Bafana Bafana en demi-finale à Bouaké, les Super Eagles ont souffert mais peuvent remercier leur gardien Francis Uzoho, décisif lors de la séance de tirs au but, et leur buteur Kelechi Iheanacho.
Pourtant, les hommes de José Peseiro avaient bien démarré la rencontre en ouvrant le score sur penalty. A la 67e minute, c'est le défenseur central William Troost-Ekong qui se chargait de transformer le coup de pied de réparation obtenu par sa sélection, donnant l'avantage à son équipe.
Mais les Sud-Africains ne lâchaient rien et trouvaient les ressources pour égaliser en fin de match sur leur seule occasion. A la 89e, Teboho Mokoena réussissait à son tour son penalty après une faute dans la surface.
Il a donc fallu en découdre durant la prolongation, puis durant une séance de tirs au but à suspense. C'est finalement l'attaquant de Leicester City en deuxième division anglais, Kelechi Iheanacho, qui a scellé la qualification du Nigeria en transformant le tir victorieux.
Grâce à ce succès arraché de haute lutte, les Super Eagles disputeront donc la finale de la CAN face au vainqueur de l'autre demi-finale entre la Côte d'Ivoire et la RD Congo, programmée ce soir à 20h00 au stade Alassane Ouattara de Bouaké.