L'hypertension artérielle, surnommée le tueur silencieux par les spécialistes, prend des proportions alarmantes. On estime à 1 milliard les personnes touchées à travers le monde. Ce taux inspire aussi inquiétudes au Sénégal, puisqu'il tourne autour de 25%. Cette maladie déroule son tapis de complications en affectant les organes nobles que sont le cœur, le cerveau et les reins, si elle n'est pas prise en charge très tôt. Docteur Mbaye Paye Cardiologue explique les raisons de l'augmentation de la prévalence et ses dangers et donne des conseils pour sa prise en charge.
Céphalées, maux de tête le matin, à la nuque, bourdonnement d'oreilles, flou visuel, sensation de mouches volant devant les yeux : attention à l'Hypertension Artérielle (HTA) !
Cette maladie qui se manifeste chez d'autres personnes par des dyspnées, c'est-à-dire un essoufflement quand vous marchez, des palpitations ou saignement du nez, peut être asymptomatique. Au Sénégal, on ne connaît pas la prévalence réelle à cause d'une absence d'enquête épidémiologique d'envergure. Mais la prévalence tourne autour de 20 à 25%.
Très connue par la population sénégalaise, l'HTA communément appelée "tension" est en nette progression. Beaucoup de personnes sont hypertendues sans le savoir. Ce à cause de son caractère asymptomatique. Cette maladie traduit l'augmentation de la pression du sang dans les artères.
Sa meilleure connaissance nécessite de comprendre le mode de fonctionnement du cœur et des artères qui sont des tuyaux connectés au cœur, explique le Docteur Mbaye Paye cardiologue au centre de santé de Hann Bel Air.
"La tension artérielle est déclinée en deux chiffres. Celui du haut renvoie à la pression systolique (contraction du cœur) ou maxima, tandis que le chiffre situé en bas est la pression diastolique (repos du cœur) ou minima. Et on est hypertendu lorsque la systole et la diastole dépassent la norme : c'est quand la systole atteint 140 millimètres de mercure ou 14.9 comme on le dit habituellement et que la diastole est à 90 millimètres de mercure chez le sujet âgés de 18 à 60 ans. Chez les diabétiques et ceux qui ont des maladies rénales, c'est 13.8", a expliqué Dr Paye.
Mais, poursuit-il, récemment, des Américains ont encore changé la classification en soutenant que chez les sujets de plus de 60 ans, qui n'ont pas de diabète ni aucune maladie, ce n'est plus 14.9 mais c'est 15.9. L'HTA va accélérer la détérioration des artères. Il peut y avoir une rupture des artères, ou elles se bouchent.
"On peut avoir, de façon progressive, une altération de l'artère qui s'épaissit et s'accule du cholestérol, des dépôts de calcaire et l'artère se bouche ; c'est ce qu'on appelle l'athérosclérose. Cette dernière a comme facteur de risque un certain nombre d'éléments comme l'Hypertension artérielle, le diabète", a-t-il soutenu.
Selon le docteur Mbaye Paye, l'hypertension est grave par ses complications. Il est prouvé que si vous ne prenez pas vos médicaments, vous êtes exposé aux complications cérébrales. D'abord, un AVC hémorragique. Il y a plus de 90% de mortalité, si vous avez un AVC hémorragique au scanner ou URM ; c'est la mort assurée ; c'est un vaisseau qui saigne. Il y a aussi l'AVC ischémique.
L'ischémie, c'est un vaisseau qui ne saigne pas mais qui est bouché par le cholestérol ou un thrombus et constitue 80 % des AVC ; les hémorragiques, c'est 20%. Les malades ont en général des AVC ischémiques qui se manifestent le plus souvent par l'aphasie (ils ne peuvent plus parler et la bouche est déviée d'un côté, ou ils ne peuvent plus lever le bras ou le pied). Et le traitement est coûteux.
"Les médicaments coûtent entre deux mille et 20 mille Fcfa ; et si le malade a un AVC ischémique, il faut mettre un anti cholestérol et ça coûte plus cher. Je parle d'AVC ischémique et hémorragique, donc le cerveau. Après le cerveau, c'est le cœur (l'insuffisance cardiaque). Parce que le cœur lutte contre l'obstacle artériel, et à la longue, il s'essouffle, devient insuffisant, le malade a des œdèmes. Il s'essouffle ; il y a de l'eau parfois dans les poumons. Et l'insuffisance cardiaque le plus grave, c'est quand l'HTA attaque les coronaires, il les bouche. Après cela, il y a l'insuffisance rénale (dialyse qui est à vie). C'est pourquoi on dit aux malades de prendre leurs médicaments, c'est pour leur éviter les complications", explique le Dr Paye.
Un tueur silencieux
L'hypertension est grave par ses complications et le traitement est à vie. Certains l'assimilent même à un tueur silencieux. D'où la nécessité, selon les spécialistes de la maladie, de respecter un certain nombre de mesures hygiéno-diététiques.
L'hypertension artérielle est une maladie en constante évolution. Les projections de l'OMS pour les années à venir sont alarmantes en ce qui concerne d'une manière générale les maladies chroniques, c'est-à-dire le diabète et autres. L'OMS dit que dans le monde, il y a 1 milliard d'hypertendus et chaque année, ça augmente. Il prévoit en 2030, si rien n'est fait, 1 milliard 200 millions d'hypertendus.
Au Sénégal, on ne connaît pas la prévalence réelle. On n'a pas d'enquête épidémiologique d'envergure. Mais selon le Docteur Mbaye Paye, la prévalence tourne autour de 20 à 25%. "Le professeur Abdoul Kane avait fait une étude à Saint-Louis. Il a trouvé 46% d'hypertendus dans la région alors que les chiffres disent 20 à 25%, donc c'est en nette progression", a-t-il précisé.
C'est une maladie silencieuse, parce qu'elle est longtemps négligée et ne se manifeste que par des complications cérébrales, cardiaques, rénales.
"C'est un tueur silencieux et maintenant, si on ne fait pas de la prévention dans les années à venir, surtout dans les pays en développement, ça risque de dégénérer. Parce que nous avons des problèmes pour prendre en charge les complications de l'hypertension artérielle. Ce qu'il nous faut, c'est un programme national, régional, départemental et même communautaire des maladies chroniques. Parce que souvent, les hypertendus ont le diabète et d'autres maladies. Donc on ne peut pas prendre en charge l'hypertension artérielle seule. C'est un syndrome poli métabolique ; on les prend ensemble", estiment les spécialistes de la maladie.
Des milliers de Sénégalais sont hypertendus, mais ne le savent pas. C'est pourquoi, d'une minute à l'autre, ils peuvent plonger dans le coma, surtout que les signes avant-coureurs comme les maux de tête, les bourdonnements d'oreilles, ne sont pas spécifiques à l'HTA.
"Plusieurs Sénégalais sont des porteurs ignorants de cette affection. Il est important de faire comprendre aux gens qu'il n'y a pas forcément de liens entre l'hypertension sévère et des manifestations quelles qu'elles soient. C'est une maladie extrêmement sournoise. On l'appelle d'habitude le tueur silencieux. Dans la plupart des cas, elle ne se manifeste pas du tout", indique le cardiologue.
On peut donc avoir une hypertension artérielle qui peut même, dans la seconde ou la minute qui suit, entraîner un AVC très grave, une paralysie sans que l'on ne ressente rien auparavant. C'est pourquoi le Dr Paye conseille à toute personne âgée de 40 ans de vérifier régulièrement sa tension. "Parce qu'une personne qui n'a jamais rien ressenti peut se réveiller avec une insuffisance rénale et on lui fait une dialyse. C'est un traumatisme", soutient-il.
Prise en charge
Pour Docteur Mbaye Paye, la prise en charge, c'est d'abord la prévention, ensuite les mesures hygiéno-diététiques. Il faut aussi stratifier le niveau de risque cardiovasculaire, c'est très important. "Un patient qui est seulement hypertendu ne peut pas être traité de la même façon qu'un hypertendu diabétique, obèse ou autre. Donc il faut stratifier le niveau de risque", explique le Dr Mbaye Paye, selon qui l'hypertension est grave par ses complications et le traitement est à vie.
L'hérédité, la mauvaise alimentation, l'obésité, facteurs de risques
L'hypertension artérielle primaire n'a pas de cause. Mais il y a des facteurs de risques que sont le diabète, le cholestérol, la sédentarité, l'obésité, le stress, le fait de manger beaucoup de sel, la mauvaise alimentation.
"L'industrie alimentaire n'était pas si développée au début parce que nos parents mangeaient beaucoup de fruits et légumes. Maintenant, ce n'est pas le cas. Et pourtant, ce n'est pas cher. Les fruits et légumes sont des médicaments parce qu'ils contiennent des vitamines, des micro-nutriments, de l'eau des caroténoïdes et les fla zoïdes qui luttent contre les adicolibres. Si vous éliminez les adicolibres, vous luttez contre les maladies cardiovasculaires, cancéreuses et le vieillissement. L'hypertension est en évolution à cause de notre alimentation qui a changé car elle est devenue grasse et salée", souligne le docteur.
Autres facteurs de risque, c'est le manque d'activité physique. Selon Mbaye Paye, le sport lutte contre tout cela. Il régule la tension artérielle diminue le cholestérol, les graisses, le poids et améliore la circulation sanguine et le volume d'oxygène dont on a besoin. Il y a le stress aussi.
L'âge est le premier facteur de risque de l'HTA, (supérieur à 50 ans chez l'homme, 60 ans chez la femme). Plus on vieillit, plus nos vaisseaux se durcissent, plus on tend vers l'hypertension. Il y a aussi l'hérédité. "Si vous êtes dans une famille hypertendue de maladies cardiaques, il y a le risque. Le diabète mal traité peut causer aussi une HTA, l'alimentation riche en cholestérol, surtout le LDL qui est le mauvais cholestérol, l'obésité et le poids", renseigne-t-il.
Au-delà de ces facteurs, il y a le tabac et l'alcool. "Les gens pensent qu'il faut arrêter le tabac et prendre la cigarette électronique. C'est banni. C'est un facteur de risque cardiovasculaire pour l'hypertension artérielle. Il faut également réduire la consommation de bière, mais le vin est toléré. On préconise deux verres de vin chez l'homme et trois chez la femme parce qu'il a des effets protecteurs. Mais il faut diminuer la consommation de bière et de whisky. Il faut dormir suffisamment, boire beaucoup d'eau", préconise Docteur Mbaye Paye.
LE NOUVEL AVOCAT DE KARIM...
ALPHA BLONDY DEMANDE LA LIBÉRATION DE L'ANCIEN MINISTRE D'ÉTAT
Le musicien ivoirien, Alpha Blondy, se dit préoccupé par l'emprisonnement de Karim Wade et la tension qui en a découlé. C'est pourquoi il demande à "son frère" Macky Sall de le faire libérer. L'ambassadeur de la Cedeao pour la paix répondait aux questions de nos confrères de la "Rfm".
Le feuilleton politico-judiciaire, qui tient en haleine les Sénégalais depuis plus de deux ans, ne laisse pas indifférent Seydou Koné alias Alpha Blondy. Sur les ondes de la "Rfm", l'artiste-compositeur ivoirien se dit très affecté par le "malaise" sénégalais qui trouverait sa source dans l'emprisonnement de Karim Wade.
"En tant qu'un amoureux du Sénégal, je n'aime pas voir le malaise comme ça", a déclaré Blondy qui considère que la solution se trouve dans la libération du fils de l'ancien président de la République condamné à 6 ans de prison ferme par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei). "Pour la cohésion, la paix sociale au Sénégal, il serait bien que cela se règle en famille", explique-t-il.
Pour se montrer convaincant, le chanteur convoque le premier Président ivoirien. "Houphouët Boigny a dit : je préfère l'injustice au désordre", rappelle-t-il. C'est pourquoi il sollicite la mansuétude du chef de l'État. "Je souhaiterais que mon frère Macky Sall fasse libérer Karim Wade", a lancé le reggaeman ivoirien. Selon lui, le Président Macky Sall devrait le faire, non pas pour Karim Wade, mais pour son père. Car, souligne-t-il, "j'étais un peu triste quand j'ai vu le vieux Wade vouloir devenir candidat".
Indiquant qu'il s'exprimait en tant qu'ambassadeur de la Cedeao pour la paix, il est convaincu que l'ancien ministre de la Coopération international "a compris" la leçon. À en croire l'auteur de "Apartheid is Nazism", le message que voulait envoyer le Président Macky Sall est passé. "Le fait qu'il ait fait arrêter Karim Wade est déjà un acte très fort. C'est pour dire que vous voyez, nul n'est au-dessus de la loi, c'est vrai (…)", précise t-il.
Pour Alpha Blondy, l'arrestation et le procès du fils d'Abdoulaye Wade sont assez significatifs pour raffermir l'image de modèle et de grande démocratie du Sénégal. Cette dernière sortie n'est pas la première d'Alpha Blondy qui n'hésite pas à exprimer ses points de vue quand il s'agit de questions politico-judiciaires. Chanteur engagé qui a plusieurs fois prêté sa voix à de nombreuses causes, Alpha Blondy affiche des positions qui ne lui valent pas toujours des applaudissements.
En effet, au paroxysme de la crise ivoirienne, il avait publiquement demandé au Président Gbagbo "d'accepter le verdict des urnes et de se retirer". Plus tard, avec l'arrivée d'Alassane Ouattara au pouvoir et l'arrestation de son prédécesseur, Alpha Blondy va défendre celui à qui il demandait de céder le fauteuil présidentiel.
"Il n'y a qu'une seule personne qui peut influer sur la libération de Laurent Gbagbo, il n'y pas dix personnes ; c'est Alassane Ouattara. Il faut qu'on libère Laurent Gbagbo, que Simone Gbagbo soit libérée, que Blé Goudé mon petit-frère soit libéré (…). On parle de Mandela, nous devons aujourd'hui emboîter le pas à Mandela. Houphouët- Boigny a dit : je préfère l'injustice au désordre. Donc moi, je souhaiterais que M. Gbagbo Laurent soit libéré", avait soutenu la star ivoirienne sur le plateau de la chaîne panafricaine Télésud.
Agé aujourd'hui de 62 ans, le chanteur qui renseigne que "le pardon en Afrique est une matière première", prend très à coeur sa mission d'ambassadeur de la Cedeao pour la paix.
LES SÉNÉGALAIS DANS LA TOURMENTE
SÉJOUR EN MAURITANIE
Ibou Badiane (Correspondant En Mauritanie) |
Publication 04/06/2015
La Mauritanie a institué depuis mars 2012 la carte de séjour pour tous les étrangers vivant sur son sol. Les Sénégalais, qui constituent la communauté la plus importante, ressentent plus les effets néfastes de ce sésame. La plupart d'entre eux travaillent dans l'informel et se disent incapables de réunir le montant de 50 000 Fcfa exigé pour avoir cette carte de séjour. Faute de quoi, ils sont interpellés et reconduits par bus à la frontière, Rosso.
L'inquiétude gagne les rangs des Sénégalais établis en Mauritanie. Depuis plus d'un mois, tous les jours, la police mauritanienne procède à des rafles d'étrangers en situation irrégulière. Les Sénégalais dont la plupart évoluent dans le bâtiment, la mécanique auto, le transport, les travaux domestiques, l'enseignement et les services s'offusquent du mauvais traitement qui leur est réservé, lorsqu'ils sont interpellés.
Les pêcheurs guet-ndariens sont très souvent victimes de cette situation. "Chaque jour, nos parents pêcheurs sont interpellés par dizaines et parqués dans un enclos où ils subissent des brimades", déclare Modou Fall, responsable pêcheur au quai des pêches.
"La police procède chaque après-midi à des opérations de rafles musclées. Ils encerclent le marché du quai des pêches, ferment les issues et arrêtent tout le monde, même ceux qui sortent de l'eau avec leurs pirogues", poursuit-il avant de souligner que l'ambassadeur du Sénégal était sur les lieux le lundi de Pentecôte, pour constater les faits.
Sit-in à l'ambassade du Sénégal
Las de cette situation, les Sénégalais, toutes catégories confondues, se sont rassemblés ce mardi 2 juin pour exprimer leur désarroi, leur courroux devant leur ambassade. Le taximan Serigne Amar Mbacké, qui vit depuis 21 ans en Mauritanie, déplore le fait que la carte de séjour ne donne pas le droit d'accéder au marché du travail.
"Depuis que la Mauritanie a instauré le permis vert, aucun étranger exerçant ce métier ne travaille. Pire, cette carte de séjour ne te donne même pas le droit d'avoir du travail", regrette-t-il. Pas de travail, donc pas de possibilité d'obtenir la carte de séjour qui coûte 50 000 F. A en croire notre interlocuteur, "beaucoup de maçons sénégalais subissent le même sort. Ils sont interpellés dans leurs chantiers, sur le chemin de retour de leur travail, sont embarqués dans des bus et entassés au commissariat du quartier de Bagdad (périphérie de Nouakchott).
De là, ils sont ensuite refoulés à la frontière". Le taximan de poursuivre : "Dans le commissariat, c'est le calvaire. Les gens sont entassés comme des moutons, sans manger, ni boire. C'est horrible!" s'insurge-t-il.
Ousmane Diop, maçon de son état, embouche la même trompette. "On n'arrive plus à travailler. A la fin de notre journée de travail, nous sommes obligés de faire des détours pour éviter la police. Le travail de chantier ne marche plus comme avant et il nous est impossible de trouver ces 50 000 F pour prendre la carte de séjour".
Toutefois, il reconnaît qu'obtenir ce sésame lui permettrait de vivre tranquillement en Mauritanie et de vaquer à ses occupations. Pour sa part, Mme Daba Gaye, femme domestique mariée à un Sénégalais taximan, souligne que le salaire d'un domestique est insignifiant. "Je gagne 35 000 F et avec ce gain, j'entretiens mes enfants, car mon mari ne peut plus travailler parce qu'il est chauffeur de taxi. Je demande aux autorités mauritaniennes de diminuer le montant et d'augmenter la durée de la carte (1 an renouvelable actuellement ndlr).
Le retour au bercail, la seule solution
Gora Coundoul, originaire de Tivaouane, présent à l'ambassade avec son enfant, est plus que déterminé à retourner au bercail. "Ma femme a été refoulée alors qu'elle était partie au marché. Je suis seul avec mon enfant. En plus, elle est en état de grossesse. Je ne peux plus rester. Je vais la rejoindre à la frontière et continuer chez moi à Tivaouane", déclare-t-il, son enfant collé à sa poitrine.
"Nous voulons une seule chose, que notre président Macky Sall nous aide à rejoindre la mère patrie et c'est tout", poursuit-il. Cette solution est la raison d'être des quelques Sénégalais qui ont effectué le déplacement à l'ambassade pour solliciter de leur représentant diplomatique l'assistance nécessaire pour rentrer au Sénégal.
L'autre problème soulevé par les Sénégalais, c'est le traitement subi dans les commissariats. Selon le témoignage de Mamadou Ndiaye qui a vécu cette situation, il n'y a pas de sanitaire. "Si tu veux uriner, on te tend une bouteille et après avoir uriné, tu la déposes à côté pour que quelqu'un d'autre puisse s'en servir. Pire, nous sommes tout le temps enfermés comme des moutons, même pour prier, c'est difficile. On n'ouvre jamais la porte, on respire mal et on peut facilement contracter une maladie à l'intérieur", déplore-t-il.
Corruption quand tu nous tiens
Dame Guèye, un jeune maçon, lui, n'est pas dans la même situation que les autres. Il doit faire le rang, tous les jours de 5h du matin à 16h, sans pouvoir accéder au bureau d'enregistrement. "Les policiers font exprès pour nous inciter à leur payer une commission. Si tu n'as que tes 50 000F, tu ne peux pas t'adonner à cette corruption. C'est déplorable ce qui se passe dans les deux commissariats d'enrôlement".
Ismaëla Diop, menuisier coffreur, demande aussi plus d'égards de la part des autorités. "Je ne dirais pas que la carte est chère, mais nous voulons des conditions normales pour l'obtenir. Parce que mieux vaut rentrer chez soi, si on ne peut pas avoir ce montant (50 000F), dans l'année. Seulement, il faut que nos autorités interviennent pour que cessent ces traitements dégradants dans les commissariats et l'humiliation au moment d'interpeller les gens."
L'ambassadeur du Sénégal : "Nous allons faire un rapport"
Interpellé au sujet des rafles intensives et autres traitements dégradants des Sénégalais dans les commissariats, l'ambassadeur du Sénégal, Mamadou Kane, a apporté des précisions.
"Depuis 2012, une loi sur la carte de séjour a été instituée. Nous avions sollicité des autorités mauritaniennes la réduction du coût de la carte, ou tout au moins allonger la validité de cette carte d'un peu plus d'un an. Nous ne désespérons pas. Nous continuons, compte tenu de nos bons rapports, en espérant qu'un jour, nous parviendrons à les convaincre. Mais, en attendant, nous avons pris l'initiative de convoquer toutes les associations de Sénégalais pour leur dire que la carte de séjour est une décision souveraine d'un Etat souverain. Nous devrons nous y plier en attendant. Cependant, nous avons constaté des rafles massives ces derniers temps, suivies de reconduites à la frontière. Mais, ce qu'il faut dire et j'insiste là-dessus, les Sénégalais ne sont pas les seuls. La carte est instituée pour tous les étrangers sans exception, quelle que soit l'origine continentale. Les Américains, les Européens, les Asiatiques et les Africains sont tout aussi concernés. Les Sénégalais ne peuvent pas faire une exception. J'en appelle à leur bon sens, mais aussi au sens de responsabilité. Il faut s'acquitter de ce devoir, sachant que l'ambassade, le gouvernement du Sénégal et même au niveau de la Présidence, tout le monde travaille en sorte qu'un jour, on puisse diminuer le prix de cette carte ou que sa durée de validité soit augmentée afin que nos compatriotes puissent vivre ici et continuer leurs activités. Par ailleurs, nous avons appris qu'ils font l'objet de traitements dégradants. Nous nous sommes rendus sur place et nous allons faire un rapport. Sinon, il n'y a pas péril en la demeure."
LE JOUR OÙ IL A VU LE DIABLE
Les péripéties de l'enquête qui a fait tomber Thione Seck
Du fond de sa cellule, Thione Ballago Seck doit maudire Alaye Djité alias Derrick. Le Malien est tombé dans la nasse de la Gendarmerie emportant avec lui le musicien. En trouvant dans le véhicule de Derrick un sac contenant 257 900 Dollars US, les enquêteurs ont également décelé un vaste réseau dans lequel Ballago semblait tout à son aise.
On en sait un peu plus sur la chute retentissante du chanteur à la voix de Rossignol. D'après des échos de son audition par les redoutables pandores de la Section recherches de la gendarmerie, les choses se sont emballées contre le chanteur et ses acolytes suite à leur rencontre à la station Elton de Ouest-Foire où Thione Seck, Chérif Sakho et Ablaye Djité s'étaient donné rendez-vous.
D'après nos informations, Chérif Sakho alias Dou avait présenté Thione Seck au Malien qui serait en mesure de "laver" des faux billets. Les investigateurs, qui ont été mis au parfum du projet des trois personnes, ont voulu en savoir un peu plus sur leurs accointances et ont décidé de les filer.
Après avoir pris position aux environs du domicile du chanteur à Ouest-foire, les gendarmes étaient à l'affût s'attendant, manifestement, à une autre rencontre entre les trois suspects. Ce qui allait se réaliser. Car, d'après nos sources, quelques heures de guets ont suffit aux investigateurs pour se faire une religion des liens entre les trois suspects.
En effet, les pandores ont aperçu un véhicule blanc, celui que conduisait Derrick lors de la précédente rencontre, se garer devant la porte de la maison de Thione Seck. Celui-ci apparut et sans hésiter, alla à la rencontre de Derrick et de Chérif Sakho qui étaient à bord du véhicule. Après un bref échange, ceux-ci s'engouffrèrent à nouveau dans la voiture. Ils sont aussitôt pris en filature en moto. Juste après le rond-point Vdn-Ouest Foire, ils s'engagent sur les deux voies menant à Liberté VI.
Arrivés à la boutique "Uno", Cherif Sakho descend du véhicule et s'engage dans une ruelle sablonneuse débouchant au quartier Scat Urbam. Le véhicule poursuit sa course qui le mènera à la Zone de Captage. A ce lieu, le conducteur stationne et fait descendre diverses bouteilles avant de revenir sur ses pas et de se remettre au volant. Arrivé à nouveau à hauteur du Cices, le véhicule est pris dans un embouteillage monstre. Les gendarmes qui le filaient profitent de l'occasion pour donner l'assaut et procéder à l'arrestation de Alaye Djiteye alias "Technicien".
La fouille de son véhicule permet la découverte d'un sac rempli de faux billets en dollars en sus de flacons contenant plusieurs liquides. Ayant suffisamment d'éléments prouvant l'existence de liens entre les concernés, les enquêteurs décident de poursuivre leurs opérations au domicile du leader du "Ram Daan". Suite à la perquisition de la villa de Thione Seck, les enquêteurs découvrent un sac noir contenant de faux billets sur lequel s'était assis Thione Seck.
D'après nos sources, il a fallu plusieurs minutes de pourparlers pour que Ballago accepte que le sac soit fouillé. Il contenait quarante trois paquets renfermant chacun un million d'Euros en faux bilets. Ce n'était pas tout. Nos informateurs indiquent qu'à l'arrivée des gendarmes à son domicile, Thione Seck a tenté de se débarrasser de deux coupures vertes qu'il gardait dans sa poche et qu'il a voulu jeter par la fenêtre. En plus du sac noir et des coupons verts, les investigateurs ont également mis la main sur de grosses sommes d'argent trouvées dans des pièces de la maison. Au total, 32 901 250 F CFA, en bonnes devises. Suffisant pour embarquer Ballago, direction Colobane, à la caserne Samba Diéry Diallo.
Au même moment, l'autre groupe d'enquêteurs poursuit ses investigations au domicile de "Technicien" à la cité Mixta, à quelques mètres du stade Léopold Sédar Senghor. Ainsi, les enquêteurs décident de se rendre à la Zone de Captage où les avait conduits leur première filature et où Derrick avait été aperçu en train de décharger des bouteilles.
Pris de panique, Derrick tenta de soudoyer les gendarmes en leur proposant de l'argent pour qu'ils ne perquisitionnent pas l'appartement. Ses tentatives s'étant révélées vaines, il se résolut à suivre les instructions. À l'intérieur de l'appartement, les enquêteurs vont se rendre compte qu'il s'agit en réalité d'un laboratoire de fabrication de fausses devises.
Une véritable caverne d'Ali Baba : Cinq imprimantes, des rames de papiers blancs et un récipient à moitié rempli d'un liquide ressemblant à du mercure. Une fouille plus approfondie du laboratoire permit aux enquêteurs de mettre la main sur 230 000 Euros en faux billets. Ils trouvèrent également 8 480 000 francs Cfa ainsi que 2050 Euros en bonnes devises. Pris la main dans le sac, Derrick est passé aux aveux.
Devant les enquêteurs, il va même démontrer le modus operandi de la confection des faux-billets. Forts de toutes ces informations, les gendarmes lui ont notifié les chefs d'accusation pour lesquels il allait être poursuivi avant de l'embarquer direction la Section de recherches de la gendarmerie où il allait retrouver Thione Ballago.
LE SENEGAL DEPASSE LA MOYENNE SUBSAHARIENNE AVEC 5,7%
L’accès à l’éducation demeure une réelle difficulté en Afrique subsaharienne, frappée par la pauvreté. Mais le Sénégal enregistre tout de même un taux assez satisfaisant par rapport aux autres pays avec un pourcentage de 5,7%.
«Le Sénégal a fait d’énormes progrès avec des programmes comme le Paquet qui a permis de réaliser des résultats importants. Le nombre d’enfants scolarisés est passé en effet de 717 000 en 1990 à 439 000 en 2012. Soit, respectivement, un pourcentage de 3,2% à 5,7% dépassant la moyenne subsaharienne qui est de 4,9%», renseigne Nihan Koseleci, la chargée de recherche de l’Unesco qui poursuivant ajoute que «14% des enfants sont inscrits dans l’enseignement primaire, 79% font le cycle secondaire et seuls 61% de ces étudiants n’atteignent pas la dernière année».
Justifiant les progrès enregistrés, M. Koseleci de dire que «le Sénégal a bénéficié de l’aide à l’éducation de base, qui a également touché d’autres pays africains. Et pour l’objectif 1, le Sénégal a fortement diminué la mortalité infantile. En ce qui concerne l’éducation, elle a atteint 14% ce qui reste très faible. Maintenant, il en est de même pour l’éducation primaire qui est de 84% pour le taux net de scolarisation, mais les taux de redoublement ont diminué ».
S’inscrivant sur cette même lancée, Baba Ousseynou Ly, Secrétaire général du ministère de la Santé, qui présidait la rencontre, a estimé que «le Sénégal, comme beaucoup de pays, n’a pas atteint les objectifs d’éducation en termes de qualité des apprentissages, des taux de révision estimé à 50% environ. C’est en termes de qualité où nous avons piétiné dans la période 2000-2015. Mais en termes d’accès et de parité, nous avons enregistré des avancées. C’est un constat qui est amer, mais qui traduit la réalité du terrain».
Il ajoute, par ailleurs, que «l’éducation est une réalité au Sénégal. Maintenant, il faut améliorer l’existence et nous pensons qu’avec un processus plus marqué de la décentralisation, avec la conservation du taux de 40% à l’éducation, en impliquant davantage les communautés à la base, les partenaires techniques, nous pourrons mobiliser des ressources faire de la qualité une réalité».
D’après M. Ly, il faut faire en sorte que «nous ayons des enfants qui ont des performances en lecture, en mathématiques, qu’ils soient à un niveau acceptable, si on les compare aux standards internationaux. C’est l’une des raisons du relèvement du niveau du recrutement des enseignants. Avant, on avait des enseignants qui entraient avec le niveau Bfem, maintenant, il faut avoir un Bac au minimum pour entrer».
Sur les solutions envisagées, il indique : «Nous sommes en train aussi de consolider, de financer le curriculum de l’éducation de base par l’approche des compétences qui est une réalité, qui est un intrant dans le domaine de la qualité. Il y a aussi une avancée significative, à savoir la dotation des enfants de manuels scolaires. Parce qu’on est restés des années sans que les enfants aient des manuels. Et d’ici 2 ans, tous les enfants auront des manuels C1 et C2, des enseignants bien formés, des curriculums bien implantés, avec des formations initiales qui sont bien menées. C’est comme cela que nous pourrons atteindre la qualité».
"HABRÉ A ÉTÉ PRIS COMME UN BÉBÉ", SELON SON AVOCAT
L'ouverture du procès de l'ancien homme fort de N'Djamena, en juillet prochain, promet d'être "à sens unique". Hissein Habré qui faisait face au juge burkinabé Gberdao Gustave Kam, hier, pour son interrogatoire d'identification au siège des Chambres africaines extraordinaires (Cae), n'a pas coopéré. Par conséquent, l'usage de la force a été nécessaire pour cette entrevue, selon son avocat.
Motus et bouche cousue. L'ancien président tchadien Hissein Habré ne déroge toujours pas à la règle qu'il s'est fixée : l'omerta totale dans la poursuite judiciaire dont il fait l'objet. "On lui a simplement posé les questions qui étaient nécessaires sur son identité, ou s'il avait un avocat… A toutes les cinq questions qui lui ont été adressées, il n'en a répondu à aucune", souligne son conseil Me Ibrahima Diawara.
Une attitude qui transparaît jusque dans son habillement. Drapé d'un grand boubou blanc, la tête enturbannée ; l'ancien dirigeant ne laissait entrevoir de son visage que ses yeux surmontés de lunettes, et ses mains levées en signe de victoire à ses quelques rares sympathisants venus assister à l'audience d'identification hier.
Il est 10 heures 35 quand l'ex-dirigeant tchadien sort de la salle d'attente du siège des Chambres africaines extraordinaires, à la Cité Keur Gorgui. Le prévenu s'est engouffré dans une Peugeot 307 sous bonne escorte des éléments pénitentiaires, pour regagner la prison du Cap manuel, derrière le pick-up blanc de l'administration pénitentiaire.
Son face-à-face avec le président des Cae des assises, Gberdao Gustave Kam, a été expéditif. Vingt minutes et 5 questions qui n'ont pas trouvé réponse. Le prévenu, fidèle à sa ligne de défense, a obligé la puissance publique à user de la force pour le faire comparaître. "Je ne dirais pas convocation, parce qu'il a été cueilli aujourd'hui au Cap manuel (prison) par la force, il a été porté par la force par les éléments pénitentiaires pour le faire comparaître devant le président des Chambres africaines des assises", dénonce son avocat.
Ce dernier estime qu'en l'absence des journalistes, son client aurait été traîné de force au premier étage du bâtiment pour se faire entendre. "Ils l'ont porté de la prison à la voiture et quand la voiture est arrivée ici ils l'ont porté pour le mettre dans la salle (d'attente). Quelqu'un vous dit qu'il ne comparaît pas, vous voulez l'amener par la force, ils l'ont pris comme un bébé. Mais comme la presse est là, ils n'ont pas osé réitérer leur acte en le portant devant les caméras pour l'amener au premier étage. Ils ne l'ont pas brutalisé toutefois", poursuit Me Diawara.
Gberdao Gustave Kam est finalement descendu de son bureau pour entendre le prévenu. "Comme à son habitude, le président Habré est resté silencieux à toutes les questions et interpellations des Cae des assises", souligne son avocat.
"Ce silence n'est pas de l'évitement"
Contrairement au procureur général Mbacké Fall qui voulait faire comparaître Hissein Habré à visage découvert, le juge burkinabé n'a pas fait état de son turban lors de l'interrogatoire, confie son avocat. Cet interrogatoire d'identification devait se tenir cinq jours avant l'ouverture du procès, le 20 juillet.
Mais le juge burkinabé a expliqué qu'il appliquait les standards du procès international en décidant de le faire un mois avant pour qu'on puisse être dans les conditions de déroulement normal d'un procès. En ce qui concerne le silence observé par son client, l'avocat assure qu'il ne s'agit pas d'une stratégie d'évitement.
"Cela résulte de ce qui s'est passé dans le fonctionnement des Cae. Durant l'instruction, on s'est rendu compte que cette affaire ne relevait pas des règles d'un procès équitable. On avait dit qu'on allait instruire pour les auteurs et les responsables des crimes qui se seraient passés au Tchad. Mais on a constaté que l'Instruction a été faite conformément aux instructions du ministre de la Justice (sénégalais)", déplore-t-il.
Revenant sur la longue liste de personnes ayant refusé de comparaître, le conseil de soupçonner les démarches partiales qui motivent le désir de son client de ne pas se prêter au jeu.
"Idriss Déby a été convoqué, le ministre (Me Sidiki Kaba) s'y est opposé. A chaque fois que les juges voulaient entendre certains inculpés au Tchad, soit le ministre, soit les bailleurs de fonds du procès, se sont opposés. Il est même arrivé que Bandum Banjum, poursuivi ici par les Chambres, réfugié politique en France (bailleresse du procès) ait refusé de comparaître. Ce sont ces résultats qui nous font comprendre qu'il n'y a pas lieu à participer à ce qui n'est pas un procès", lâche-t-il.
Hissein Habré, 73 ans, placé en garde-à-vue en juin 2013 est poursuivi par les Chambres africaines extraordinaires des assises. Il est accusé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis entre 1982 et 1990.
«IL Y A DE PLUS EN PLUS, DANS CERTAINES DISCIPLINES, UN AFFAIBLISSEMENT DU NIVEAU DES ETUDIANTS»
MARY TEUW NIANE, MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Corriger les imperfections dans l’enseignement supérieur qui induisent, au niveau universitaire, un chevauchement des années académiques. Telle est la volonté du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Mary Teuw Niane s’appesantit sur ce problème et sur la réforme universitaire, entre autres.
Qu’est-ce qui explique le fait qu’on ne peut plus s’aligner sur une année académique normale au Sénégal ?
Je pense qu’on a un passif et je pense échanger avec chaque recteur d’université pour aller au fond de ces spécifiés pour chacune de ces structures. Mais de manière générale, on peut dire qu'on a un passif qui est lié aux grèves répétitives aussi bien des étudiants que des enseignants. Puisque ce sont globalement ces grèves qui ont un impact sur le calendrier universitaire. Mais il y a aussi un certain nombre de faits liés aux Masters, particulièrement au niveau de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Car cela se passe dans un cadre qui n’est pas le cadre pédagogique normal. Parce qu’ils doivent être des Masters de département, au niveau de la faculté ou même au niveau de l’université qui aurait dû, avec la mise en place de la réforme Lmd (Licence-Master-Doctorat), se développer. Il y a bon nombre de Masters qui sont plus attachés à des enseignants ou à des institutions.
Et les grèves dans tout ça…
C’est justement la deuxième chose. C’est que c’est les grèves successives des étudiants et des enseignants qui font que globalement qu’on a des années qui commencent quasiment au mois d’avril, mars. Ce qui n’est pas normal. Je sais que l’année dernière, l’Ucad avec l’assemblée de l’université avaient exploré une solution puisqu’elles se sont aperçues qu’une partie de ce retard est due à la durée des corrections et de remise des notes, alors ils ont proposé aux facultés la mise en place d’un collège de correcteurs pour accélérer la remise des notes au niveau des examens. Je sais aussi qu’il y a des départements qui ont utilisé ce procédé et d’autres qui ne l’ont pas fait. Et cette année, avec la compréhension des uns et des autres, nous allons arriver à la mise en place de ces collèges de correcteurs qui vont permettre, j’espère, que les examens se passent dans un délai très court. Je pense aussi qu’il faut une mobilisation de toute la communauté universitaire. Et pour ça, j’en appelle aux syndicats d’enseignants, notamment au Saes, au Sudes, au Sypros/Sup, tout autant qu’aux départements et aux facultés pour que, ensemble, avec le recteur, ils puissent trouver un consensus pour résorber ce gap. Parce qu’il a un mauvais impact, d’abord au niveau des bénéficiaires que sont les étudiants. Car, aujourd’hui, un étudiant qui fait sa Licence à Dakar et qui veut aller faire son Master à l’étranger perd une année. Mais il est possible de résorber ce gap, parce qu’au sein même de l’Ucad, il y a des structures qui n’ont pas de gap et on en parle pas assez. Ce sont les écoles de formation qui n’ont pas de gap et la Faculté de médecine, pharmacie et odontologie. Il y a certes quelques problèmes, mais qui sont mineurs par rapport au reste.
Quelles sont les risques d’une telle situation en termes de validité des diplômes par rapport au Cames par exemple ?
Nous sommes dans une situation où nous avons un travail très sérieux. Et la solution ne peut être ce qu'il était traditionnellement. Nous sommes dans le système Lmd et la validation de l’année dépend de la validation des deux semestres qui ne sont pas liés à la période où on les faits. De ce point de vue-là, ceci nous donne une plus large ouverture et il n’y aura pas de difficultés avec le Cames. Mais l’existence même du gap a un impact sur le taux de réussite qui implique l’efficacité interne qui est un des indicateurs des contrats de performances que les universités ont signés avec le ministère de l’Enseignement supérieur et pour lesquels elles reçoivent de l’argent supplémentaire.
Avec ces grèves répétitives, quelle valeur peut-on donner à la formation dispensée dans nos universités ?
Jusqu’à présent, nous avons une formation universitaire de qualité. Elle nous est reconnue par toutes les institutions qui évaluent nos diplômes, qu’elles soient publiques ou privées. Et de par le comportement de nos étudiants à l’extérieur, lorsqu’ils intègrent d’autres systèmes, où ils réussissent très bien. Mais ceci ne peut pas continuer, puisque nous le sentons, il y a de plus en plus, dans certaines disciplines, un affaiblissement du niveau des étudiants de ces filières-là. C’est l’une des raisons d’ailleurs pour lesquelles nous allons beaucoup travailler avec les ministères de l’Education nationale sur les épreuves et la correction du Baccalauréat. Puisque, aujourd’hui, il est d’une notoriété publique que le niveau en français de nos élèves a baissé.
Et particulièrement, le niveau de nos bacheliers en français a baissé et cela sans doute pour d'autres matières aussi. Alors, il nous faut analyser cela et corriger, puisque l’un des atouts du Sénégal, au-delà de tous les domaines, c’est les ressources humaines. C’est pourquoi il nous faut être extrêmement vigilants. Et la correction qui va être portée et qui l’est déjà par l’Autorité nationale d’assurance qualité (Anaq), qui fonctionne depuis des années. Je viens d’avoir le rapport - qui va être publié très prochainement - et l’Anaq va jouer complètement son rôle de conseil, d’accompagnement pour que la culture de qualité, d’évaluation, d’accréditation puisse prendre racine et se renforcer. Et c’est aussi une autorité qui, quand ce sera nécessaire, jouera au gendarme pour dire que telle filière ne remplit pas les conditions. Donc, la réforme a mis en place tout un mécanisme pour permettre à nos formations d’aller vers la qualité.
Les lois et décrets sont en train d’être pris pour nous permettre de progresser. D’ailleurs, un nouveau décret vient d’être pris, car le Président a signé le décret 2015-582 relatif à la reconnaissance de l’enseignement supérieur. Ce décret stipule que pour qu’un diplôme puisse être classé, il faut d’une part que l’établissement qui le délivre soit agréé par le ministère. Deuxièmement, il faut que le diplôme soit accrédité par l’Anaq ou reconnu par le Cames. Et j’ai écrit aux universités pour qu’elles déposent au mois d’octobre les dossiers d’accréditation des diplômes qui sont en cours au ministère de la Fonction publique. Ce, afin de procéder à leur classement. Donc, on va dans le sens d’assainir, mais aussi d’accompagner pour qu’il y ait d’abord la transparence pour que l’entrepreneur et la société qui doivent recruter ces élèves puissent dire que c’est ça qu’ils ont fait. Et pour ce faire, le portail de «Campusen» va changer et on pourra y voir toutes les offres de formation reconnues ou accréditées par l’Anaq.
Où en êtes-vous avec les accords signés avec le Saes ?
Nous avons déjà introduit dans le circuit gouvernemental un projet de loi portant sur la réforme des titres. La commission qui travaille sur la modification sur la loi relative aux universités fait le travail et je pense que, sous peu, elle pourra être introduite dans le circuit gouvernemental. Il y a un certain nombre d’ateliers qui sont prévus. Aussi, de l’information avec l’assemblée générale sur la réforme des titres et sur l’orientation des bacheliers et l’atelier sur les textes concernant la mobilité des enseignants qui sera tenu d’ici mi-juillet. Il y a aussi la prime académique spéciale, l’étude que doit faire le ministère de l’Economie et des Finances qui a maintenant reçu tous les documents. Donc, d’ici peu, il pourra convoquer une réunion avec les différentes parties pour échanger sur cette question.
«Papa Thione» est incarcéré à la prison de Rebeuss depuis avant-hier pour des délits présumés de blanchiment de capitaux, d’association de malfaiteurs, etc. Sa famille, dit-on, est très affectée par cette histoire de faux billets, mais elle soutient le patriarche. Son fils Waly, le plus en vue de toute la famille Seck, pourra-t-il facilement vivre cette épreuve ? Cela plombera-t-il ses activités, sa carrière notamment ? Saura-t-il tirer les leçons de cette situation, lui qui ne rate pas l’occasion de nourrir la presse à sensation ? Waly sur une scène de questions.
Après la chute de son père à Rebeuss, pour les chefs d’inculpation, entre autres, d’association de malfaiteurs et de blanchiment de capitaux, Waly Seck peut-il rester sur scène ? Avant-hier, quelques heures après que Thione est arrivé à la cave du Palais de justice, accompagné de son épouse, il était au chevet de son «pater».
Sorti de la cave, le chouchou des jeunes filles, selon la presse, n’a pas pipé mot. Mais visiblement très affecté, les larmes aux yeux, il a tenté de dissimuler son émotion derrière des lunettes de soleil.
Tête baissée, il a été raccompagné par ses gardes du corps jusqu’à son véhicule. L’image n’est pas habituelle. On le sait fougueux et très enclin à haranguer les foules. C’est ce qui fait que certains jeunes, ses fans présents n’ont pas eu de respect pour sa douleur et se sont bousculés pour poser coûte que coûte avec la star.
Lui par contre, avait la tête à autre chose. Le moment, constate-t-on, était inapproprié pour que ses fans et groupies fassent des selfies avec leur idole. Toutefois, au regard de cette situation et pour ironiser cette épisode, on pourrait signer : Waly Seck, star jusque dans la douleur.
Prédictions
En réalité, la notoriété de Waly Seck est un secret de polichinelle. Il est aujourd’hui l’un des artistes les plus en vogue. Alors que l’animateur Dj Koloss lui prédisait «un succès très éphémère», Guissé Pène, secrétaire général de l’Association des musiciens du Sénégal (Ams) analysait dans Le Quotidien, son succès comme «une évidence programmée».
«J’ai bon espoir qu’avec un père qui s’appelle Thione Seck qui est connu pour son professionnalisme et sa rigueur, il a une bonne carrière devant lui», disait-il. Le Sg de l’Ams s’empressait d’ajouter à l’époque : «Je pense que Waly aura beaucoup d’avenir dans la musique s’il n’est pas victime des vicissitudes et des pièges qui rôdent autour du succès ou de la célébrité».
Cette boutade semble bien avoir son pesant dans l’histoire du jeune homme.
«Préoccupé au même titre que son groupe»
Aujourd’hui, la situation de son père pousse les mélomanes à s’interroger sur sa capacité à transcender cet évènement. Ballago, son père, est aussi son inspirateur. Son pygmalion. Pour répondre à cette préoccupation, les amis et proches du jeune, interrogés, semblent se passer le mot d’ordre. Motus et bouche cousue.
De sa secrétaire Binta Seck à l’un de ses meilleurs amis Mamadou Konté, personne ne veut réagir dans la presse. Seul un proche de la famille consent à confier of the record.
«Pour le moment, Waly est très affecté par le sort de son père. Il est préoccupé au même titre que les autres membres de son groupe. Je ne pense pas qu’il pourra jouer à cœur joie sur une scène au Sénégal ou ailleurs avant que son père ne sorte de prison».
Pourtant, l’on annonce plusieurs dates qu’il se doit d’honorer. Pour ce proche de la famille Seck, «Waly est jeune et vit pleinement sa vie à l’image de la jeunesse du pays. Mais après cette histoire, il fera plus attention. Car, il ne supporte pas que son père soit là où il est...».
Notre interlocuteur qui prend la peine de vérifier d’abord si on n’enregistre pas ses propos, ajoute que le soir de l’incarcération de son père à Rebeuss, le jeune artiste n’avait même pas voulu dîner. «Il était si abattu que je me dis que si réellement il en est pour quelque chose dans cette affaire, il ne se le pardonnera pas. Et qu’il va complètement changer».
«Waly, c’est Waly et Thione c’est Thione»
De son côté, Guissé Pène de l’Ams croit toujours à la bonne étoile de Waly Seck. «Je ne pense pas que cette histoire puisse porter un coup à sa carrière. Je ne l’ai pas vu jouer en Gambie la semaine dernière. Mais il est évident que tout ceci peut l’affaiblir moralement au point où, il honore son contrat, mais sans plus. Mais de là, à ce que ceci freine son élan d’artiste, je ne pense pas» dit-il.
Le Sg de l’Ams, ne manque pas d’ajouter que «Waly, c’est Waly et Thione c’est Thione». Pour justifier le fait que cette situation ne va pas éclabousser sa carrière, M. Pène mentionne qu’«à l’instar d’autres artistes qui perdent un parent ou subissent un choc, mais montent pourtant sur scène pour jouer, Waly a su prendre de la hauteur face à cette affaire pour respecter son contrat en Gambie. Ça c’est du professionnalisme».
Qu’adviendra-t-il alors du Raam Daan, vu que le Pater Seck est en prison pour au moins six mois ? Guissé Pène indique que cela n’aura aucun impact sur le groupe. «Le Raam Daan est un patrimoine de Thione Seck. Mais ce n’est plus Thione le directeur du Raam Daan, mais c’est Waly Seck.
Donc le groupe continuera à fonctionner normalement». «Le Raam Daan comme le Penc mi ont pour Président directeur général Thione Seck. Mais celui qui gère en réalité la direction, c’est Waly Seck. Donc il n’y aura aucune difficulté», insiste Guissé Pène, pour qui «Thione a sa carrière derrière lui et Waly a sa carrière devant».
Se ranger et éviter le bling-bling à tout prix
Soit ! Mais dans la rue, toutes sortes de commentaires s’entendent et l’on se demande si tout ce vacarme ne risque pas de plomber Thione fils ? En effet, en écoutant les gens, on indexe plus le fils que le père. Et à ce rythme, l’amour des foules pour Waly peut se transformer en désamour.
Sa carrière aujourd’hui en pleine ascension, connaîtra dans ce cas une chute. En clair, dans cette affaire Thione Seck, celui qui risque de tomber au bas de la scène, c’est bien Waly Seck. Et donc l’auteur de «Bo dioudo» gagnerait selon les nombreux messages envoyés par ses fans sur le net, à se ranger et éviter le bling-bling à tout prix.
«C’EST AUX STRUCTURES PEDAGOGIQUES D'ELABORER DES PLANS DE RETOUR A L'ORDRE CONFORME»
ABDOU SALAM SALL SUR L’IMPACT DU CHEVAUCHEMENT DES ANNEES ACADEMIQUES
Pour le Pr Abdou Salam Sall, «l'enseignement supérieur est le trésor caché du monde moderne fondé dans une large mesure par l'économie de la connaissance». Dès lors, l’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) juge nécessaire de mettre en œuvre des solutions urgentes pour régler la problématique de l’impact des chevauchements des années académiques qui plombe le système.
Le chevauchement des années académiques qui tend à affaiblir le système d’enseignement universitaire demeure un fait préoccupant. Ce phénomène qui menace la qualité des enseignements et même jusqu’à la validité des diplômes sénégalais s’explique par plusieurs facteurs. Cependant, cette situation ne laisse pas du tout perplexes les acteurs du système avec qui nous avons eu à échanger sur le sujet.
Ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le Pr Abdou Salam Sall, est ainsi revenu largement sur les fondements du phénomène et son impact, avant de recommander des solutions. Cela, afin de corriger ces écarts qui plombent l’enseignement supérieur au Sénégal. Ainsi, en analysant la situation, il liste les raisons qui expliquent le chevauchement des années académiques.
Du constat de l’ancien recteur, les causes des perturbations sont au nombre de trois. Il y a, d’après lui, des grèves des divers démembrements de la communauté universitaire, de la massification notamment à l'Université Cheikh Anta Diop et dans les autres universités consécutive au ratio infrastructures–apprenants. Il y a aussi le déficit en enseignants, les équipes pédagogiques faiblement structurées et l'insuffisance de locaux qui font partie des causes des grèves cycliques qui minent le secteur.
«Si les diplômés n'ont pas les compétences requises, aucune des fonctions n'est remplie»
Concernant justement l’impact des grèves sur la validé des diplômes, le chimiste explique que «les diplômes sont adossés à un temps de travail, à un programme, à un niveau d'encadrement, à des infrastructures et à des équipements scientifiques. Au-delà du Cames (Ndlr : Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur), il s'agit de l'efficience tant interne qu'externe des établissements qui sont en jeu».
Poursuivant, le Pr Sall ajoute que «la réduction du temps de travail impacte négativement les performances internes des établissements. Le flux de transit interne est un élément de qualité. Si la formation n'est pas consistante, les performances des diplômés dans le monde du travail ne sont pas appréciables positivement». L’universitaire de souligner ainsi que «l'enseignement supérieur, outre le placement de ses diplômés, a en charge l'ouverture du marché du travail. Si les diplômés n'ont pas les compétences requises, aucune des fonctions n'est remplie».
Dès lors, le Pr Sall avertit que «la reconnaissance du Cames autorise une reconnaissance dans les universités membres du Cames, voire au-delà si nous intégrons la convention d'Arusha. Avec la réforme Licence-Masters-Doctorat (Lmd), il y a le complément au diplôme qui décrit les enseignements. Si la communauté internationale n'est pas convaincue, la mobilité internationale de nos diplômés se trouvera inhibée. En somme, au-delà du Cames, nous perdons progressivement notre raison d'être et les attentes que la communauté est en droit d'attendre de l'enseignement supérieur».
«Accorder collectivement et individuellement une haute priorité à l'enseignement supérieur»
Pour solutionner le mal, l’universitaire d’indiquer qu’il faut «une volonté de l'ensemble des parties prenantes : le ministère, les universités, les enseignants, les étudiants et le personnel administratif et technique. Nous devons collectivement et individuellement accorder une haute priorité à l'enseignement supérieur, afin de mieux construire les réponses de notre développement».
Car, relève l’ancien recteur de l’Ucad, «seul le dialogue entre les parties prenantes est à même d'autoriser des solutions durables. La responsabilisation des enseignants avec une obligation de résultat est certainement une piste à étudier. Les situations étant différenciées entre les établissements au sein desquels une fois le cadre de dialogue établit, il appartiendra aux structures pédagogiques d'élaborer des plans de retour à l'ordre conforme aux normes établies».
Explorant toujours les pistes de solutionner, il estime qu’«il faudra certainement aider les équipes pédagogiques à se renforcer par le recrutement, l'apport des doctorants et autres vacataires, mais aussi avoir une attention particulière sur les infrastructures et les ressources financières». Parce que, de son avis, «la fonction de l'enseignement supérieur ce n’est pas seulement l'enseignement, nous devons aussi accorder une attention particulière à la recherche et aux services à la société. Nous devons accorder plus d'attention et d'énergie à l'insertion des diplômés et à la création d'entreprises par les diplômés de l'enseignement supérieur. Il s'agira de déconstruire le modèle existant pour mettre en place un modèle beaucoup plus conforme à nos moyens et à l'enseignement supérieur de nos jours, dans un monde de plus en plus globalisé. Plusieurs autres paramètres sont à adresser pour créer un environnement de stabilité dynamique et durable».
«La réduction du temps de travail impacte négativement l'efficience du système»
Toutefois, en dépit de toutes ces imperfections, Abdou Salam Sall soutient que, comme «il est dit plus haut que la réduction du temps de travail impacte négativement l'efficience du système, il faut reconnaître que les établissements qui pratiquent une sélection à l'entrée sont dans une année académique normale avec un bon flux de réussite. Leur taux de placement qu'il faut mesurer avec plus de précision semble acceptable». Selon lui, «il reste les autres Facultés et Ufr (Unités de formation et de recherche). Et si nous considérons nos diplômés qui poursuivent leurs études dans nos écoles doctorales ou dans les universités du Nord, nous aurons à relativiser nos inquiétudes». Cependant, précise-t-il, il s'agit de talents qui, quelles que soient les conditions, rayonnent. Or, nous n’avons pas besoin des seuls talents, mais d'une masse critique de ressources humaines, diversifiées et compétentes pour prendre en charge les divers problèmes du développement.
«L'enseignement supérieur est le trésor caché du monde moderne fondé dans une large mesure par l'économie de la connaissance. La presse peut beaucoup aider à sa meilleure compréhension», conclut le recteur Abdou Salam Sall.
UNE PROBLEMATIQUE MAJEURE QUI PLOMBE LA QUALITE DES ENSEIGNEMENTS ET HYPOTHEQUE L’AVENIR
La qualité de l’enseignement supérieur au Sénégal pose de plus en plus problème. Et pour cause, les années académiques se suivent et se chevauchent à tel point qu’on ne sait plus où elles commencent et quand elles se terminent. Le risque étant aujourd’hui que l’université sénégalaise s’expose à un possible retrait du label Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (Cames) pour les diplômes délivrés par une université comme Cheikh Anta Diop. Cela, compte-tenu du non-respect de plus en plus criard des normes académiques.
Les universités publiques sont secouées par des mutations profondes qui impactent négativement les enseignements dispensées dans ces lieux d’apprentissage. Ce qui menace, par la même occasion, l’avenir des apprenants qui sont les plus touchés par les imperfections du système d’enseignement. Et au centre de la problématique, il y a le chevauchement des années académiques qui, depuis près d’une décennie, impacte la qualité des enseignements. Une situation qui découle de plusieurs facteurs dont les grèves successives des étudiants qui, souvent, sont dues au retard des allocations d’études communément appelées bourses, ou encore des professeurs.
Par ailleurs, parmi les facteurs qui sous tendent les grèves récurrentes, il y a la forte présence de la politique, du religieux et des amicales à l’université. Ce qui tend à plomber les conditions nécessaires qui doivent favoriser un espace stable sans perturbations et permettre le respect de calendrier fixe. Au niveau de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) par exemple, le phénomène est tellement présent qu’il n’épargne aucune faculté, excepté la Faculté de médecine et d’odontologie qui échappe à ce dérèglement. Autre segment qui échappe à ce désordre, c’est celui des écoles et institutions de formation affiliées aux universités publiques.
Cependant, la majorité des enseignés sont inscrits à la Faculté de lettre et sciences humaines (Fslh) qui reçoit environ 30 000 inscriptions sur 80 000, en deuxième position vient la Faculté de droit et sciences politiques avec à peu près 11 000 étudiants et le reste est orienté dans les Facultés des sciences économiques et de gestion ou la Faculté des sciences et techniques. Ce nombre pléthorique occasionne une répartition disproportionnelle. Et la résultante de cette situation est que lorsque certaines facultés démarrent leur cours, d’autres sont en vacances et d’autres en attente d’examen, car ayant démarré un peu tard après avoir fait des grèves d’une durée assez longue. Et ce chevauchement des années académiques impacte négativement les diplômes délivrés par nos universités sénégalaises.
Menace de retrait du label Cames des diplômes
Analysant cet impact, le professeur de philosophie Mame Moussé Diagne nous a confié, il y a quelques semaines, qu’«il y a eu une détérioration significative des étudiants sur le plan de la qualité. Il y a les effets pervers de la massification de nos universités en faculté des lettres et singulièrement au département de philosophie. Nous faisons chevaucher les années les unes sur les autres. On ne sait plus à quel moment commence l’année et quel moment l’année se termine. Au mois de mai, nous devions terminer l’année universitaire pour pouvoir faire passer les examens de la première session. Aujourd’hui, la session commence en octobre, c’est-à-dire là où devait commencer l’année suivante. Et donc, on enchaînait les années les unes sur les autres, parce qu’on devait nécessairement déborder, et en débordant, nécessairement, on commençait très tard l’autre année, c’est-à-dire en janvier l’année civile, et cela n’a rien à voir avec ce que nous avons connu au départ».
Face à ce chevauchement du calendrier académique, l’agrégé de philosophie d’appeler à une extrême vigilance. «Il faut un débat de fond dans lequel personne ne triche pour que nous puissions avoir véritablement des bases d’accord entre le gouvernement, les syndicats, les étudiants, tout le monde, de manière à ce que nous fassions chacun son mea-culpa et qu’on parte sur des principes qui soient des principes pérennes. Ce que je crains, c’est que simplement qu’une année on en vienne à décréter l’année blanche. Même pas parce que le gouvernement ou les dirigeants de ce pays l’auront décidé. Mais parce que les instances internationales qui représentent le Cames (Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur) décident de dire que le Sénégal n’a pas des diplômes valides pour cette année-ci. Et en ce moment-là, nous serons bien attrapés, parce que ce sera l’effacement d’efforts et de budgets qui auraient pu aller à autre chose», s’est-il inquiété.