Le rappeur Simon a tenu son pari pour la deuxième année de suite en remplissant la salle du Grand Théâtre pour un spectacle de haute facture, malgré quelques couacs dans l’organisation.
La 2e édition de «Simon show» a été une grande réussite pour l’artiste qui a joué à guichets fermés au Grand Théâtre, samedi dernier. Les inconditionnels du mouvement hip-hop, en majorité de jeunes, venu de Dakar et sa banlieue, mais aussi de l’intérieur du pays, ont très tôt rallié le lieu du spectacle. Mais alors que les portes ont été ouvertes depuis 20 heures, la soirée a tardé à démarrer.
Le public, las d’attendre dans une chaleur suffocante d’une grande salle du Grand Théâtre archi comble, s’est engagé dans un tonnerre d’applaudissements et de cris pour dire aux organisateurs qu’il est temps de démarrer le show. Et la demande n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, puisque le Mc White D annonce la couleur : «Cette année remplir le grand Théâtre n’est pas un chalenge, mais une confirmation». Puis, il demande une minute de silence pour les disparus : Bourba Djolof, Dj Matar…
Aussitôt après, le Mc annonce l’entrée de Simon. Mais le public a dû prendre encore son mal en patience. En effet, alors qu’il était 22 heures passées de 25 minutes, la soirée débute par la projection d’une vidéo montrant la crème du hip-hop sénégalais mais aussi la relève avec des jeunes artistes rappeurs des 14 régions du Sénégal, de Fatick à Tamba, en passant par Saint-Louis, Thiès, Diourbel, Kédougou, Kaolack, Dakar et sa banlieue, entre autres. Ils ont montré leur savoir en free style, slam, hard-cord…
Une coupure d’électricité plonge la salle dans le noir
Cette ambiance ne sera que de courte durée, avec une rupture brutale de la vidéo sur l’emploi des jeunes avec Anpej, sur des images du président Macky Sall parlant de son Pse, de l’agriculture, de l’employabilité des jeunes… Le public de réagir par des huées.
Ce n’est finalement qu’aux environs de 23 heures 30 que le leader de «Bisbi Clan» a fait son entrée spectaculaire, mais qu’il a raté. Car, accroché à une corde pour faire une descente comme par parachutage, il est resté coincé à l’air pendant près de 5 minutes, avant de pouvoir rejoindre la scène. Le mécanisme devant le faire descendre s’étant bloqué. Il a fallu s’activer en coulisses pour rétablir la situation.
En tenue militaire, avec une représentation de base militaire sur la scène, un peu frustré certes, mais encouragé par son public, une fois sur scène, Simon a alors entonné un titre ego trip : «Simon». Et c’était parti pour un rap pur et dur : «rap laniou wax», «Punch Mine». L’ambiance était ainsi au paroxysme pour cette première partie. La salle debout chante en chœur avec l’artiste.
Au moment de chanter «Fii nioko mom», brusquement, il y a eu une coupure d’électricité. Très remonté, le public crie alors au sabotage pour ce second grand couac de la soirée. «Ce sont les aléas du direct», rassure le rappeur membre de «Y en a marre», qui, au retour de l’électricité au bout de 5 bonnes minutes, a entamé la seconde partie de son show.
Il est, en effet, revenu sur scène en robe d’avocat, pour plaider la cause des femmes battues. «La femme n’est pas un ballon, un gentleman ne torture pas une femme», lance Simon, avant un appel pour la paix en Casamance, pour les victimes des mines anti personnelles, une manière selon lui de joindre l’utile à l’agréable, avec ce caractère social qu’il a voulu donner à l’événement. Avec une calebasse à la main, il a demandé au public de participer. L’argent récolté devant servir à acheter des prothèses, des béquilles, des fauteuils roulants… pour des gens qui sont dans le besoin. «C’est ça le ‘baatré’ hip-hop pour le social», dit-il, ajoutant que ses dons seront remis à l’Association sénégalaise des victimes des mines.
Toujours dans sa plaidoirie, il a aussi fait le procès des hommes qui portent le «Pinw», avant de revenir en 3e partie de la soirée enfermé dans une cellule. Un message pour les prisonniers. Ainsi, avec des paroles en slam, à travers son triple album «Ndiogou», il a séduit. Et enfin, Simon a terminé son show en beauté avec le groupe «Walyan band», entonnant le titre «Gaïndé, Stand-up Africa».
LES DÉPUTÉS VONT VOTER DIFFÉRENTS TEXTES, À PARTIR DE MARDI
Dakar, 20 avr (APS) – L’Assemblée nationale va examiner mardi et jeudi différents textes de lois sur l’aviation civile, le développement durable, la réforme hospitalière, entre autres, a appris l’APS.
Mardi, à 9h, les députés vont examiner le projet de loi portant Code de l’Aviation civile. Ce texte sera défendu par le ministre du Tourisme et des Transports aériens.
Le même jour, à 15h, ils se pencheront sur le projet de loi relatif à ‘’l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution, de l’utilisation de sachets plastiques de faible micronnage et à la gestion rationnelle des déchets plastiques’’.
Ce projet sera défendu par le ministre de l’Environnement et du Développement durable.
La journée du jeudi sera consacrée, à partir 16h, aux questions d’actualité au gouvernement.
L’examen des textes de loi reprendra vendredi à 9h avec le vote du projet de loi modifiant la loi n° 98-08 du 02 mars 1998 portant réforme hospitalière. Le ministre de la Santé et de l’Action sociale fera face aux députés.
Cette séance sera suivie, à 16h, de l’examen du projet de loi relatif au WAQF, texte qui sera défendu par le ministre de l’Economie des Finances et du Plan.
LE SENEGAL PROGRESSE, GAGNE 10 RANGS ET SE RETROUVE 10E EN AFRIQUE
Un gain de 10 rangs qui lui permet de se retrouver au 10e rang en Afrique à l’Indice du classement du progrès social. C’est là la progression réalisée par le Sénégal dans ce tableau publié par l’Ong américain «The Social Progress Imperative».
SALY, Mbour - En matière d’attractivité, le Sénégal se porte très bien. Car le dernier classement du Doing business, publié par l’Ong américain «The Social Progress Imperative», montre que le Sénégal a gagné 10 places au niveau de l’indice du progrès social. Il fait partie des 10 pays africains les mieux classés dans ce rapport. Cela, grâce notamment à l’expertise des ressources humaines dont dispose le Sénégal.
«Nous comptons ainsi faire de notre mieux pour gagner davantage de places. Car l’objectif du président de la République est de faire de telle sorte que le Sénégal puisse faire partie des 10 meilleurs réformateurs pour le prochain classement», a renseigné le directeur de cabinet du ministre de la Promotion des investissements, Moussa Sarr, samedi dernier, à Saly, en marge d’un atelier sur les investissement initiés par l’Agence de promotion des investissements et des grands travaux (Apix), en partenariat avec le Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes).
L’Apix et le Cojes, à travers une convention de partenariat, entendent en effet tisser une relation permettant de vulgariser de bonnes informations dans le cadre du développement économique du Sénégal. Ainsi, Oumar Sarr, Secrétaire général de l’Apix, a indique que «l’Apix étant une structure qui assure la promotion de l’investissement, elle a le devoir de faire une bonne communication aussi bien au plan national qu’international. Et le Cojes relie l’information à l’économie, donc, quelque part, on se retrouve sur les mêmes activités. C’est à dire donner la bonne information à qui le droit. Donc, je pense que si nous conjuguons nos efforts, nous arriverons à faire une bonne communication sur le développement économique du pays, concernant les infrastructures que nous offrons aux nationaux et aux étrangers qui sont tentés d’investir dans notre pays».
LA PERSPECTIVE DE L’ENVOI DE MILITAIRES EN ARABIE-SAOUDITE EN VEDETTE
Dakar, 20 avr (APS) – La perspective de l’envoi de troupes sénégalaises en Arabie-Saoudite est un des sujets abordés par les quotidiens reçus lundi à l’APS.
Au sujet de l’envoi de ‘’Jambars’’ en Arabie-Saoudite, Enquête titre : ‘’Le chef d’état-major général des armées (CEMGA) balise la voie’’. ‘’Le Général de corps d’armée Mamadou Sow a quitté Dakar samedi dernier pour se rendre en Arabie-Saoudite. Le CEMGA est à la tête d’une délégation composée d’officiers de haut rang’’, écrit Enquête qui cite de ‘’sources sûres’’.
‘’Cette mission du Général Sow dans le royaume saoudien entre sans nul doute dans ce cadre (….) Mission de reconnaissance ou prise de contacts avec le commandement saoudien, cette visite du CEMGA à Riyad augure en tout cas l’envoi imminent de Troupes sur un terrain que l’armée sénégalaise a déjà fréquenté en 1991 lors de la première guerre du Golf (….)’’, ajoute le journal.
Le Sénégal étudie ‘’la possibilité de participer’’ à une opération de sécurisation à l’intérieur des frontières du Royaume d’Arabie-Saoudite, a indiqué jeudi soir le chef de l’Etat, précisant qu’aucune décision n’a encore prise au sujet de l’envoi de troupes sénégalaises.
‘’Le Sénégal est ami de ce pays. Nous avons une diplomatie basée sur une constante : une politique de bon voisinage. C’est aussi des alliés constants depuis notre indépendance. Cette ligne n’a pas changé malgré le changement de régime. Nous étudions la possibilité de participer à la sécurisation des frontières et l’intérieur de l’Arabie Saoudite. Mais pour que cette décision soit prise, il faut des préalables’’, avait dit le président Sall lors d’un entretien télévisé depuis Kaffrine.
‘’On ne peut se lever et envoyer comme ça des troupes sans pour autant étudier le terrain, la voie juridique mais aussi les types d’accord qui peuvent nous lier à ce pays, et sans en donner une explication aux Sénégalais (….)’’, ajoutait le chef de l’Etat.
Concernant, l’envoi de 2100 soldats sénégalais en Arabie-Saoudite, Libération relève que l’armée ‘’explore la piste de réservistes’’. Le journal écrit : ‘’Pour satisfaire l’engagement présidentiel de déployer 2100 éléments en Arabie-Saoudite, l’armée mise sur plusieurs schémas''.
''Et, selon de sources de Libération, l’hypothèse la plus exploitée porte sur le recours aux réservistes qui vont constituer 1/3 de cette force. Les 2/3 restants réservés aux militaires en activités. Toutefois, ce scénario risque profondément d’impacter sur la relève en Casamance et au niveau des Opérations extérieures (OPEX)'', ajoute la publication.
En économie, Le Quotidien braque ses projecteurs sur l’exploitation de l’or à Kédougou et titre : ‘’Le Sénégal fait grise mine’’. ‘’La région de Kédougou est exploitée par les entreprises minières. Le chef du service régional des mines et de la géologie, Oumar Wane, a enregistré 42 sociétés détentrices de permis d’exploitation d’or. Parmi elles, seul Sabodala Gold opérations (SGO) est en phase d’exploitation (….)’’, écrit le journal.
La transhumance politique est aussi au cœur de l’actualité. L’As titre ainsi : ‘’Apologie de la transhumance, tous contre Macky Sall’’. Selon le journal, ‘’Ousmane Tanor Dieng (Parti socialiste), et ses camarades taclent le président Sall’’ tandis que pour l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade : ‘’La transhumance est un acte indigne et sans éthique’’.
Sur cette question, écrit La Tribune : ‘’Le PS et Wade font la leçon à Macky’’. Mais, selon L’Observateur, le chef de l’Etat a mis en garde les transhumants. Pour ceux qui voudraient adhérer à l’Alliance pour la République (APR) pour ‘’échapper à la justice’’, Macky Sall soutient : ‘’L’APR n’est ni une échappatoire ni une aile protectrice. Je ne suis pas du genre à passer un deal (….)’’.
LES COMMERÇANTS SE LIVRENT A UNE COURSE CONTRE LA MONTRE
Parallèlement aux rituels religieux qui sont à l’origine même de la tenue du «Daaka», une intense activité commerciale se déroule sur le site de la retraite spirituelle. Des produits divers et variés sont exposés dans les rues et ruelles de la retraite qui se termine ce lundi. Et à quelques heures de la cérémonie de clôture, les commerçants se hâtent pour écouler leurs produits. Et la réduction des prix demeure la meilleure des alternatives pour écouler le maximum d’articles possibles.
MEDINA GOUNASS, Vélingara - C’est véritablement une course contre la montre à laquelle se livrent les nombreux commerçants qui ont étalé leurs marchandises à travers les rues et ruelles du «Daaka» de Médina Gounass qui vit ses dernières heures. Au niveau du site, en effet, les activités commerciales ont toujours occupé une place centrale. Mais pour une bonne cohabitation entre la religion et le commerce, le site du «Daaka» est bien aménagé. Le côté Est du «Daaka», plus calme, est exclusivement destiné à la religion. Tandis que la zone Ouest accueille les activités commerciales plus animées par les marchandages, surtout à ce moment où on s’achemine vers fin de la retraite.
Chaque commerçant tente d’écouler tous ses produits, afin de rentrer avec le moins d’invendus possibles. Venus des 14 régions du Sénégal et des pays limitrophes, ces commerçants multiplient les stratégies de vente pour écouler au plus vite le maximum d’articles possibles avant que les rideaux de la retraite spirituelle ne tombent. Parmi les méthodes de vente utilisées figure en bonne place la baisse des prix.
Venu de Kaolack avec une marchandise d’une valeur de 300 000 francs Cfa, Mbaye Paye espère fructifier son investissement de départ. «Présentement, c’est la quantité d’articles vendus qui m’intéresse. Je préfère vendre 50 articles avec 250 francs Cfa de bénéfice l’unité, plutôt que de vendre 5 ou 10 articles à 500 francs Cfa de bénéfice l’unité», a avoué Mbaye Paye, qui vend des vêtements et pour qui, le commerce fait partie de la religion. Ne regrettant pas l’investissement qu’il a fait dans ce domaine du site de la retraite spirituelle, il reconnaît que le commerce lui a beaucoup apporté. «Le ‘Daaka’ est un lieu béni», dit-il.
Le département de Vélingara qui abrite le «Daaka» de Médina Gounass est dans une région à vocation agro-sylvopastorale. Ce qui est bien visible au niveau des activités commerciales qui se déroulent depuis le début du «Daaka». Cela donne au «Daaka» l’image d’une foire sous-régionale où s’échangent, à chaque édition, pratiquement tous les produits venant des pays limitrophes qui concernent pratiquement tous les secteurs de l’économie de la sous-région.
Cette édition 2015 n’a d’ailleurs pas échappé à cette règle. Puisque des centaines de vendeurs de matériel agricole n’ont pas raté ce rendez-vous annuel de la retraite spirituelle. Tous les types de matériel nécessaire pour les activités agricoles, surtout pour l’attraction animale mais aussi des hilaires, des haches, des coupe-coupe, des pioches, des pelles… Toute sorte d’outils est exposée au niveau de la zone Ouest uniquement réservée aux activités commerciales.
Mais pour ces vendeurs de matériel agricole, la baisse des prix s’impose. Une réalité confirmée par Abdou Diop qui a fait le déplacement de Touba jusqu’au «Daaka» avec des machines pour l’agriculture de grande valeur. D’après lui, les machines destinées à la traction animale qu’il vendait au début à un prix de 175 000 et 15 000 francs Cfa, selon la qualité, se vendent au dernier moment, respectivement, à 15 000 et 1 300 francs Cfa.
Les vendeurs de matériel agricole ne sont pas les seuls à baisser les prix pour écouler le maximum de leur matériel. Les vendeurs des produits agricoles, tels que les semences, les herbicides en provenance des différentes régions du Sénégal et des pays voisins, ont aussi obéi à cette réalité du marché qui va se vider dès les premières heures de la journée du lundi.
Le «Daaka» des bonnes affaires
Originaires de Kaolack, Ousmane Mbaye et Sidy Faye ont dépensé une fortune pour transporter des semences, des pesticides et des herbicides, dont ils ont fini de casser les prix. Ces commerçants du marché Zinc de Kaolack ont commencé à vendre durant les derniers jours du «Daaka» les sachets qui coûtaient, respectivement, 15 000 et 25 000 francs sont vendus 12 000 et 20 000 francs Cfa. Et déjà, ils affichent un large sourire et se frottent les mains. Puisque, d’après Ousmane Mbaye, l’espoir de pouvoir se tirer d’affaire est permis pour cette 74e édition du «Daaka».
«Au départ, le matériel se vendait lentement. Mais depuis vendredi, nous écoulons chaque jour un important nombre d’articles. Le problème est que les prix ont connu une baisse. Mais dans l’ensemble, le ‘Daaka’ est un très bon lieu pour la vente des produits et du matériel agricole», a–t–il confié, sourire aux lèvres.
Si la plupart des personnes qui font le commerce au niveau du «Daaka» le font pour des raisons économiques, tel n’est pas le cas pour Samba Wane. Ce pèlerin d’origine mauritanienne, qui ne se préoccupe pas de bénéfices, renseigne que sa présence sur le site de la retraite spirituelle se justifie surtout par la faiblesse de la monnaie mauritanienne. D’après lui, le «Ougouya» ne pèse absolument rien devant de le Cfa, la monnaie d’échange au niveau de Médina Gounasse.
«Si tu t’aventures à convertir le ‘Ougouya’ en Cfa, tu te retrouves avec rien. C’est la raison pour laquelle nous avons préféré amener des paires de chaussures de chez nous pour les vendre ici afin de pouvoir vivre tout le long de la durée du ‘Daaka’ sans aucun souci», a expliqué Samba Wane qui a embarqué dans ses bagages pour cette 74e édition du «Daaka» pas moins 500 paires de chaussures mauritaniennes. Avec ce qu’il gagne comme argent sur la vente de ses chaussures, il dit pouvoir faire aisément face à ses dépenses quotidiennes durant les 10 jours que dure son séjour au «Daaka».
"MA DERNIÈRE INTERVIEW"
ABBE JACQUES SECK, "PRÊTRE MUSULMAN ET IMAM CHRÉTIEN"
Idrissa Benjamin SANE & Jacques Ngor SARR |
Publication 20/04/2015
Dépeint comme la star de l’Eglise sénégalaise, Abbé Jacques Seck - qui se définit comme un prêtre musulman, imam chrétien - se confie, pour la dernière fois, dans les médias. Et c’est votre canard préféré qu’il a choisi pour le faire. «C’est ma dernière interview, maintenant, je vais dialoguer en priant», lance-t-il. Avec sa verve naturelle, le célèbre prêtre et chantre du dialogue social et politique dit ses vérités sur les questions brûlantes de l’heure.
Abbé, vous dites que vous êtes prêtre musulman, imam chrétien. Cela veut dire quoi ?
Ce n’est pas de la blague ! Je suis un Sérère comme disait le Président Senghor, de la Petite-côte, dans le village de Samsam. Le fondateur du village de Samsam, Abdoulaye Ndour, mon oncle, le premier musulman de tout Palmarin, a donné à son quartier le nom de Samsam, qui est le puits de la Mecque. Il s’y ajoute que son fils cadet, Ababacar, a épousé ma sœur, Tening Seck, qui va devenir Aminata Tening Seck. Ceci donc me plonge dans l’islam. J’étais catholique, et quand il m’a vu même prendre la direction pour être prêtre, il était content, parce qu’il sait que dans le village de Palmarin, ce qui nous intéresse avant tout, c’est l’être humain.
Si bien qu’à la veille de mon ordination sacerdotale en 1969, c’est l’imam du village qui a convoqué tout le village, il a demandé aux hommes 1500 F et aux femmes 500 F pour fêter son cousin Jacques qui allait devenir prêtre. Je rappelle aussi que la grande mosquée qui est dans mon village, c’est moi qui ai obtenu de Ben Bass Diagne plus de 30 millions pour sa construction. On l’a inauguré l’année dernière, et les gens savent que c’est grâce à l’abbé Jacques Seck. J’ai été même à l’inauguration.
En tant que prêtre, votre maîtrise du Coran, et la façon de réciter les versets, étonnent beaucoup de gens. Comment expliquez-vous tout cela ? Et comment le vivez-vous ?
Je plaisantais tout à l’heure en disant : Prêtre musulman, imam chrétien. Lorsque le Cardinal Thiandoum a eu la bonté de m’envoyer à Rome pour aller faire de hautes études dans les années 72, quand je suis arrivé là-bas, tout en faisant la théologie ordinaire catholique à l’université de la Grégorienne, la plus grande de l’Italie côté chrétien, j’avais beaucoup de temps libre. Vous savez, les trois quart de ma famille sont musulmans, et on ne peut pas aimer quelqu’un, si on ne le connaît pas.
C’est ainsi que tous mes moments libres, je les ai consacrés à l’étude de la langue arabe et du Saint-Coran. Il se trouve qu’il y avait des pères blancs à Rome qui n’enseignent que la langue arabe et l’histoire du Coran. Disons des prêtres catholiques, pères-blancs. Donc, j’ai profité de mon séjour à Rome pour apprendre de manière étonnante le Saint-Coran dans le texte et la langue arabe…. (Il récite un verset du Coran). Donc, c’est à Rome à l’Institut des Pères-Blancs que j’ai commencé à étudier sérieusement la langue arabe et le Saint- Coran. Ensuite, pendant les quatre années que j’ai passées à Rome, j’allais passer mes vacances en Tunisie, comme ça je suis plongé dans l’islam. Il n’y a pas de Chrétiens là-bas, en Tunisie, sauf les étrangers. J’ai sillonné la Tunisie dans tous les sens pour sentir l’islam de l’intérieur, respecter les musulmans, apprendre ce qu’ils sont, vivre ce qu’ils vivent. Donc, quand je suis rentré, ça m’a fait beaucoup de bien, parce qu’effectivement, j’ai respecté beaucoup les musulmans. Parce que, je me répète, la moitié de ma famille est musulmane.
Donc, c’est tout ce parcours qui a fait de vous un des acteurs principaux du dialogue islamo-chrétien...
Oui. Parce que, honnêtement, par tempérament, je suis un homme de dialogue, en dehors de la religion. Maintenant, il se trouve que mon tempérament, c’est la communion. Quand il n’y a pas la communion, je ne dors pas, et ça, c’est depuis le village. Et les gens de mon village le savaient bien à l’époque. Mieux, je suis né avec la popularité. Quand les gens de ma classe d’âge quittaient le village de Samsam pour aller lutter à Nguèdj, à Ngounoumane ou à Diaxanore, après les victoires, mon nom était sur toutes les lèvres.
Vous êtes, donc, un ancien lutteur?
L’ancien champion de Palmarin Pierre Tennick, en 1949, on s’est rencontré, d’abord à la mission de Palmarin. On a lutté, il n’a jamais réussi à me terrasser. Deux jours après ça, on est allé au bord de la mer, on a passé toute une après-midi à lutter, et il n’arrivait pas à me terrasser. On a continué, j’ai eu cinq victoires, il en a eu que deux. Par la suite, j’ai quitté Palmarin pour aller à Joal en 1950. Il vient pêcher le poisson là-bas, et me dit : «Tu vas m’échapper». Je lui ai dit oui, en lui disant que : «Je suis maintenant dans les études et pas dans la lutte». Il n’est pas encore mort. Demandez-lui s’il avait terrassé Ngondeb Ndiaye. Donc, j’adore la lutte. Mais, il y a une chose que je déteste, c’est la frappe. Ce n’est pas de la lutte, ça, c’est la bataille. La mystique, ce n’est pas grave. C’est la sauce, ça en fait partie. Mais, les coups, non ! Tes enfants sont là, on te bat comme…non ! Un homme ne doit pas battre un homme. Ce n’est pas joli, et nous sommes les seuls au monde à le faire, ce n’est pas civilisé ! Même la boxe est plus civilisée, parce que la boxe, vous avez des gants pour atténuer les catastrophes. Donc, je veux bien que la lutte continue, mais pas avec frappe. Si j’étais le chef de l’Etat, pendant mon mandat, il n’y aurait pas de lutte avec frappe. Dommage que je ne suis pas chef d’Etat.
Vous disiez tout à l’heure que vous êtes un des acteurs du dialogue islamo-chrétien? Comment voyez-vous l’évolution de ce dialogue au Sénégal ?
En fait, parler de dialogue au Sénégal, c’est raté, parce que nous ne faisons pas l’effort pour vivre ensemble. Ici, à l’école de la Cathédrale, vous n’avez pas 20% de catholiques, vous avez 90% et plus de musulmans dans cette école. Vous allez à Saint-Michel, à Jeanne-d’Arc, à Notre Dame, à Joal-Fadiouth, nous ne sommes pas 10%. Pourtant, les gens pouvaient dire qu’ils ne vont pas envoyer leurs enfants chez les catholiques, et en même temps payer. Mais, ils savent que l’enseignement qui est dispensé va faire d’eux un Sénégalais, un homme tout court, valable. Donc, ils acceptent de payer, ils acceptent aussi que les prêtres éduquent leurs enfants, parce qu’ils savent que le vrai prêtre est un homme de Dieu pour tout le monde.
On a aussi constaté que la jeunesse est en perte de repères. Les valeurs sont bafouées plus ou moins. Comment expliquez-vous cet état de fait ?
Dans l’ancienne société, nous avions l’éducation qui se faisait dans les bois sacrés, où on apprenait le sang de l’honneur, la retenue. Pour un rien, je me répète, le Sérère se suicide à cause de l’honneur. Cette valeur est en train de diminuer, parce que dans ce village, tu fais certaines choses, on te regarde, tu te suicides ou tu émigres. Il fallait sauvegarder ça. Il y a des choses qu’on ne peut pas faire pour réussir. L’argent que je gère dans ce village, parce qu’ils ont confiance en moi, je ne dois pas faire n’importe quoi.
Cette école que je dirige, je ne dois pas faire la grève à la légère, mais si je le fais, l’Etat doit savoir que j’ai raison. Donc, je dis qu’on doit tout faire pour que l’honneur qui était là, soit l’honneur, à part l’hymne national, revienne et soit sauvegardée. Même si tout le monde a tout ce qu’il faut pour vivre, ce n’est pas ça. L’être humain a besoin de valeur morale aux trois quart, et au quart qui reste aux biens matériels. Si je ne suis plus un homme, ce n’est pas la peine. Donc, je fais tout pour ne pas décevoir ceux qui me font confiance dans ce village, dans ce quartier, dans cette ville, dans ce parti politique.
Le front social est en ébullition. L’école a des problèmes, Les enseignants sont en grève…Comment appréciez-vous cette situation-là ?
Il faut qu’ils dialoguent. Dans toute crise, si on ne dialogue pas, on l’aggrave. Il est clair que l’Etat sénégalais ne peut payer les enseignants comme on les paye à Paris ou à Washington. Parce que le pouvoir d’achat de la France et des Etats-Unis, nous n’en sommes pas encore là. Donc, ceci veut dire que l’ancien instituteur que je suis, va comprendre que l’Etat ne refuse pas, mais ne peut pas tout faire comme on le ferait à Washington. Ceci ne veut pas dire, évidemment, que l’Etat va croiser les bras et ne rien faire. Mais, l’Etat se doit de faire le maximum pour que les enseignants soient à l’aise. Les enseignants aussi doivent savoir qu’ils ne peuvent pas exiger à l’Etat ce qu’on exige à Washington, parce que ce pays n’a pas ce pouvoir d’achat. Des deux côtés, donc, c’est une histoire de bon sens. Donc, l’Etat doit faire un effort pour améliorer la condition des enseignants, parce que, à part les imams, c’est ce qu'il y a de plus important au monde. Celui qui t’éduque, tu lui dois tout. L’éducation est importante, ça fait de toi un homme, un homme d’honneur, de dignité. Donc, l’école est sacrée ; l’enseignement est sacré. On doit tout faire pour que les professeurs, les enseignants, les instituteurs, soient payés correctement pour ne pas bouger. Pour l’amour du pays, que les enseignants ne demandent pas à l’Etat ce qu’il ne peut pas donner. Mais, Macky Sall aussi, et son gouvernement, doivent savoir qu’ils ne peuvent pas continuer à payer les gens comme on les payait en 1965. Le monde moderne exige qu’on fasse un peu plaisir à nos enseignants.
Ne pensez-vous pas que ce même dialogue que vous prônez au niveau social, devrait être transféré au niveau politique, au regard du climat tendu entre pouvoir et opposition ?
Les hommes politiques ne sont pas des ennemis. Et je peux me permettre de dire ce que j’ai vu dans ma famille. Il y a des gens qui suivent Abdoulaye Wade depuis longtemps, alors que d’autres, dans ma famille, suivaient Senghor et Abdou Diouf. Ils mangent dans la même calebasse. Seulement, chacun pense que c’est son parti qui va permettre au pays d’émerger. Il est normal qu’il y ait des hommes politiques qui sont dans des partis différents, mais il revient aux uns et aux autres de savoir que le pays ne peut pas supporter une tension éternelle. Que celui qui nous gouverne à toutes les bonnes volontés, mais il ne peut pas faire des miracles. Il ne va pas faire que les pommes de terre de Bretagne soient celles du Sénégal, parce que ce n’est pas le même climat. Je me répète : Macky Sall est animé des meilleures intentions. Je vais à l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, un ami à moi, est animé des meilleures intentions pour ce pays. Et je suis heureux, d’ailleurs, que des gens des autres pays viennent appeler Moustapha Niasse pour qu’il aille leur apprendre ce que signifient la démocratie et l’Assemblée nationale. C’est bon de savoir qu’au Sénégal, les parlementaires sont à la hauteur.
On n'aimerait aussi que d’autres pays, viennent prendre le modèle de démocratie auprès de Macky Sall. Pour le religieux que je suis, mon souhait est de voir qu’en Afrique, mon pays soit le meilleur, non seulement en démocratie, mais en économie.
Mais, tout cela nécessite une bonne gestion des deniers publics…
Je crois honnêtement, par rapport à 1960 et aujourd’hui, il y a un changement. Les tentations étaient plus graves depuis l’indépendance que maintenant. Les 2/3 des gens qui nous gouvernent, sur le plan politique, ne mangeront jamais l’argent de l’Etat, honnêtement, j’ai beaucoup d’amis parmi eux. Qu’il y ait l’un et l’autre qui soient tordus, c’est une évidence, mais je suis un peu tranquille. Il y a peut-être quelques brebis galeuses, mais je peux dire qu’il y a de ces gens qui nous gouvernent qui ne voleront pas l’argent de l’Etat.
Vous êtes pour la reddition des comptes ?
Si tu prends ce qui n’est pas à toi, tu rembourses. Je ne suis pas pour la longévité en prison, mais que ces gens crachent d’abord ce qui ne leur appartient pas. Faisons-leur vomir ce qu’ils ont mangé. S’il a tout vomi, maintenant, un mois ou deux mois, ça suffit largement ! Vous le mettez en prison, s’il pourrit là-bas, vous perdez tout. Vous lui dites de rembourser, si c’est possible. S’il ne peut pas, tant pis pour lui.
Donc, il faudrait que ceux qui ont détourné l’argent public, remboursent...
Ça sera trop facile de les laisser. C’est un vol, et un voleur doit rembourser ce qu’il a volé ou c’est la prison. J’ai l’habitude de dire à des cousins : «Si tu vas en prison, parce que tu as boxé quelqu’un, je viendrai te voir. Mais, si tu pars en prison, parce que tu as volé, je ne viendrai pas». J’ai dit ça à des amis de ma famille, quand j’étais jeune prêtre, en ces termes : «Vous de ma famille, qui faites la politique, si vous allez en prison parce que vous défendez vos opinions, je viens. Mais, si vous avez mangé l’argent de l’Etat, vous ne me verrez jamais en visite en prison». On ne s’amuse pas avec l’argent public. Si tu n’a plus l’honneur, tu es voleur.
Beaucoup de scandales ont secoué l’église catholique au Vatican. Pensez-vous que cela peut faire tache d’huile en Afrique, particulièrement au Sénégal ?
Ça va être difficile, parce que le jeune Européen n’a plus les sanctuaires. Ils n’ont plus de communauté. Ils ont des familles nucléaires. Ce qui n’est pas notre cas, et tant mieux pour nous. Pour moi, le village a encore un sens. Si maintenant, un prêtre à Rome, ou ailleurs, a fait des glissades, c’est dommage ! Parce que tous les chrétiens du monde entier sont choqués aussi. Pour le moment, dans ce domaine, je crois que je dois rendre grâce à Dieu. Et en tout cas, j’ai dit à des jeunes prêtres : si vous voulez vous faire de l’argent, n’entrez pas au séminaire. Parce que ce que reçoit l’Eglise, c’est la bonté des gens. Si vous aimez l’argent, ne soyez pas prêtre, déconnectez-vous carrément et allez faire de l’argent. C’est que, nous, nous sommes les porte-parole du bon Dieu sur la morale. Si en même temps, moi prêtre consacré, je détourne 100 F de l’argent du Seigneur, la malédiction est sur moi. Et je l’ai dit à de jeunes prêtres.
Ces derniers temps, on a constaté une recrudescence de la violence en Casamance. Vous qui prêchez le dialogue, quel appel lancez-vous pour un retour définitif de la paix dans le sud du pays?
J’avais eu la chance de rencontrer Diamacoune en prison. Je j’aimais beaucoup, parce que c’était un homme très cultivé et très convivial. Après avoir célébré la messe à la prison, je suis allé m’asseoir à ses côtés, exceptionnellement. Je lui dis : tu vois Diamacoune, c’est parce que tu es prêtre que je suis venu causer avec toi, parce je ne cause jamais avec les prisonniers, après la messe. On a discuté, et je lui ai dit : toi qui es un prêtre sacré, tu te trompes, tu as encore la foi, tu veux rester prêtre. Donc, ça ne va pas. Je te vois prédicateur, parce que tu prêches très bien. Mais, faire les deux choses, non. Tu ne peux pas être chef de parti politique et prêtre. Je souhaite que tu laisses la politique à Robert Sagna, Maxime et autres… Mais, pour revenir à votre question, je pense qu’il est obligatoire que les parties dialoguent.
Il fut un temps, beaucoup de gens pensaient que vous alliez être nommé évêque...
(Il marque une pause et sourit). Si je ne suis pas évêque, c’est parce que Dieu l’a voulu, et qu’il soit béni. S’il a fait de moi le prêtre que je suis, qu’il soit béni, parce que c’est déjà énorme. J’avais dit à l’abbé Lucien Basse : «Je t’aurais vu évêque de Casamance». Parce que c’est un homme très fort en organisation. Il me dit : «Jacques, tu sais, on ne se fait pas prêtre pour devenir évêque». Si Dieu le fait, j’accepte, parce que ce n’est pas la personne qui veut, ce n’est pas un problème de qualité, c’est un problème de Dieu qui choisit quelqu’un. Je lui dis : «Très bien cher confrère». Donc, si Dieu l’avait voulu, j’aurais été évêque depuis longtemps. Mais, ce n’est pas parce que je ne suis pas évêque que je ne vais pas travailler. Un prêtre peut être plus saint qu’un évêque. Combien de religieux qui ne sont pas prêtres, mais des religieux chrétiens, sont plus saints que moi ? L’essentiel est de remplir la mission pour laquelle on est au monde. Je suis prêtre, et c’est une grâce. Ma famille, à l’origine, n’étant pas chrétienne, que Dieu m’ait choisi à Palmarin, que je sois le premier prêtre, c’est une grâce.
Quels sont vos rapports avec le Cardinal Théodore Adrien Sarr ?
Théodore, quand il est arrivé, j’étais déjà à la fin de mon ministère. On a fait un an de séminaire ensemble au grand séminaire en 1964. L’année où il sortait du grand séminaire, j’y entrais. Et quand il a été ordonné, je suis allé danser la danse Sérère à son ordination à Fadiouth. Quant à Thiandoum, il m’avait donné l’autorisation d’aller au séminaire pour pouvoir devenir prêtre. Et ensuite, quand j’ai fini mes études à Rome, il m’a nommé curé de la cathédrale pendant 12 ans. Curé, vicaire épiscopal, puis vicaire général.
Abbé, vous avez 80 ans, y a-t-il des jeunes prêtres capables de remplir le rôle que vous avez joué jusqu’ici ?
Sur le plan purement catholique, il n’y a pas de problème. Ce que je souhaiterai, je l’ai dit, et je le répète : si j’étais responsable d’un Diocèse dans ce Sénégal, je dégagerais cinq prêtres pour les envoyer à apprendre la langue arabe à Rome ou en Algérie ou ailleurs. La connaissance de l’islam me paraît fondamentale dans un pays comme le nôtre. Le dialogue est impératif, et pour dialoguer, il faut connaître l’autre, et pour le connaître, il faut penser à sa religion. Ma santé est encore là, mais je me dis qu’il est temps que je range mon «ngemb». C’est ma dernière interview avec vous. J’ai fini. Je ne suis plus en paroisse, tant mieux. Maintenant, je vais dialoguer en priant.
LE PS SE DEMARQUE ET RAPPELLE A MACKY QUE «LES SENEGALAIS REPUGNENT LA TRANSHUMANCE»
Le Parti socialiste (Ps), qui a échappé au démantèlement initié en 2000 par le Pds et Me Wade, à travers une vaste stratégie basée sur la transhumance politique, se démarque du Président Macky Sall qui s’est fait, jeudi dernier, le chantre de ce phénomène. Pour le Ps, «les Sénégalais répugnent la transhumance, et le Président Sall ne peut la bénir.
Le Parti socialiste (Ps) se démarque catégoriquement des propos du chef de l’Etat, Macky Sall, qui a béni la transhumance, jeudi dernier, à Kaffrine, allant même jusqu’à la qualifier de «feeling» politique.
En réunion de Bureau politique, samedi dernier, à la Maison Léopold Sédar Senghor, sous la présidence de son Secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, le Ps - qui a failli être démantelé en 2000 par Me Abdoulaye Wade et le Pds par l’entremise de débauchages sur fond de transhumance - s’est désolé de cette «sortie regrettable» du président de la République,.
«Je pense que c’est une déclaration regrettable. Parce que nous n’avons pas du tout la même définition de la transhumance. D’ailleurs, ce sont des propos que l’on déplore. Nous pensons, effectivement, qu’en politique, il y a un minimum d’éthique, un minimum de rigueur qu’il faut avoir. Nous ne sommes pas du tout d’accord avec cette vision du président de la République, en estimant qu’une personne peut transhumer à tout va et sans aucune conviction. Non ! Et d’ailleurs, les Sénégalais ont dépassé ce stade», a fustigé Me Moussa Bocar Thiam, porte-parole adjoint du Ps et maire de la commune de Ourossogui.
«Le Ps pas du tout d’accord avec cette vision du Président»
Selon Ousmane Tanor Dieng et ses camarades, «les Sénégalais, aujourd’hui, répugnent la transhumance. Par exemple, en France, si un parti perd le pouvoir, il n’est pas dit que tout le monde va transhumer dans le parti au pouvoir. Absolument pas du tout. Les gens vont faire leur métier. Ils vont faire autre chose. Ils vont dans l’opposition, avec des convictions politiques fortes».
«Et d’ailleurs, on ne peut pas comparer la transhumance avec de la mobilité professionnelle, comme a semblé le faire le président de la République, je suis désolé», regrette le porte-parole adjoint du Ps.
Pour les socialistes, les transhumants ne doivent pas penser qu’ils peuvent avoir une «aura meilleure» que celle qu’ils avaient. «Absolument pas. Je le répète, les Sénégalais répugnent la transhumance, les Sénégalais n’aiment pas la transhumance», a-t-il dit, au nom du Bureau politique du Ps.
Pour rappel, cette réunion du Bureau politique du Ps était convoquée pour débattre des stratégies de communication au sein du parti. Cela entre en droite ligne de la nouvelle démarche du parti qui a retenu de discuter d’un thème chaque mois pour réajuster la politique de la formation.
‘’LE GOUVERNEMENT A DONNÉ DES RÉPONSES CONCRÈTES ET DES ÉCHÉANCIERS TRÈS PRÉCIS AUX ENSEIGNANTS’’
NOUHOU DEMBA DIALLO, DIRECTEUR GENERAL DE LA FONCTION PUBLIQUE
Depuis deux mois, l’école sénégalaise est plongée dans une grève qui risque de compromettre l’année scolaire. Des négociations sont ouvertes entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants, mais un accord tarde à être signé. Dans cet entretien, le directeur général de la Fonction publique, par ailleurs président du Comité de suivi des négociations avec les syndicats d’enseignants, revient sur cette crise. Pour Nouhou Demba Diallo, les réponses apportées par l’Etat aux revendications des enseignants devraient conduire ces derniers à revoir leur position.
M. Diallo, jeudi dernier, huit heures de négociations avec le Grand cadre des syndicats d’enseignants n’ont pas permis de parvenir à un accord. Où se trouvent les points d’achoppement ?
Effectivement, nous avons rencontré les syndicats d’enseignants plusieurs fois. Lors de notre dernière rencontre, ils ont promis de rendre compte à leur base avant de prendre la décision qui s’impose. Pour nous, cette décision ne peut aller que dans un seul sens : la reprise des cours.
Cela étant, nous ne voyons pas de points d’achoppement, et c’est la raison pour laquelle nous ne comprenons pas pourquoi cette grève dure. C’est vrai que quand on regarde le protocole d’accord du 17 février auquel les syndicalistes font allusion, des points ont été réglés et d’autres en suspens. Mais aujourd’hui, le gouvernement a donné des réponses concrètes sur l’ensemble des 34 points dudit protocole.
Et le président du Comité de suivi des négociations que nous sommes est bien placé pour faire une telle déclaration. L’Etat a satisfait l’ensemble de leurs points de revendication, sauf peut-être la question indemnitaire. Sur cette dernière, le gouvernement a demandé, pas seulement aux enseignants, mais à tous les syndicats, d’attendre la fin de l’étude sur le système de rémunération et d’indemnisation des fonctionnaires en cours pour régler ce problème.
Il n’empêche, au moment même où vous leur demandez d’attendre les résultats de cette étude, vous augmentez l’indemnité de logement de certains fonctionnaires. N’ont-ils pas raison d’exiger, eux aussi, la revue à la hausse de leurs indemnités ?
équitable peut être durable. Certes, il y a un petit retard, mais des explications ont été données aux syndicats d’enseignants. Vous savez, le marché de prestation intellectuelle est très difficile à lancer. Nous avions promis que l’étude allait être faite et bouclée en fin décembre 2014, mais le marché n’avait pas pu aboutir à cause des recours multiples.
Finalement, il a été repris et un consultant l’a gagné. Le lancement a été fait en présence des syndicats et, depuis deux mois, le cabinet est en train de travailler. D’après les délais contractuels, les résultats doivent être livrés d’ici la fin de ce mois d’avril.
Cela dit, il faut préciser que cette question d’attribution d’indemnités de logement à d’autres fonctionnaires est juste une coïncidence. La décision avait été prise bien avant et elle est liée au fait que l’Etat a retiré les logements conventionnés à certains fonctionnaires, aussi bien à ceux qui en ont droit qu’à ceux qui n’en ont pas droit. Cela entrait dans le cadre de la lutte contre les niches de gaspillage.
Pour ceux qui n’avaient pas droit à ces logements, des économies ont été faites et pour ceux qui en avaient droit, d’après les textes, le gouvernement était obligé de leur donner une indemnité compensatrice. Et les taux sont bien indiqués dans les textes.
Ces indemnités allouées sont liées à la fonction et non au corps. Quand quelqu’un quitte une fonction, il perd automatiquement le bénéfice de cette indemnité. Par exemple, un enseignant devenu secrétaire général du ministère de l’Education nationale, dès qu’il quitte ce poste, il n’a plus l’indemnité liée à cette charge.
En 2014, quand vous signiez le protocole d’accord avec les syndicats, la question des indemnités avaient été mise de côté de commun accord. Comment comprenez-vous que les syndicats d’enseignants agitent à nouveau cette question et en fassent même une question nouvelle dans les négociations en cours ? Est-ce que l’Etat est en mesure de supporter le coût financier ?
Bien entendu, l’Etat a des ressources limitées. Mais, à notre avis, les questions qui ont surtout agité le monde syndical sont liées à la validation des années de volontariat, de contractualisation et de vacation ; à l’habitat ; à la formation diplômante et aux lenteurs administratives. Maintenant, il y a cette impression de glissement. Ces questions qui viennent d’être citées, ont été agitées par les syndicats pendant toutes ces années.
Et lorsque l’Etat a commencé à les satisfaire, ils ont soulevé celle des indemnités. Lesquelles, bien entendu, seront coûteuses. Le gouvernement ne peut pas les attribuer comme cela sans avoir fait, au préalable, le plat. Il faut attendre l’issue de l’étude, faire le constat, le diagnostic, avant de pouvoir apprécier, ensuite, une demande par rapport à une indemnité. Mais si nous revenons sur le protocole d’accord, sur l’ensemble des points, le gouvernement a donné des réponses satisfaisantes.
Le protocole lui-même comporte 34 points synthétisés en plateforme générale et minimale. La plateforme générale comporte 22 points. Pratiquement, tous ont été satisfaits. Le premier point, c’était la formation diplômante des anciens instituteurs adjoints dont le corps est éteint. Cette doléance a été satisfaite.
Par la suite, d’autres instituteurs adjoints sont venus s’ajouter dans la liste. Ils sont au nombre 21.678. Le ministère de l’Education nationale a accepté de les former. Il est en train de faire les évaluations pour faire ce plan de formation de ces personnes qui va démarrer en janvier 2016.
La question de l’extinction du corps des inspecteurs adjoints de l’Eps a été résolue. La gestion des volontaires, vacataires et contractuels par l’Ipres et la Caisse de sécurité sociale est également réglée. Idem pour la baisse de la fiscalité sur les salaires.
La question du relèvement du niveau de recrutement dans les Ecoles de formation des instituteurs (Efi) a été satisfaite. L’augmentation des allocations familiales, le reversement du capital décès aux ayants cause de la femme travailleuse décédée aussi. Bref, il serait fastidieux de faire la revue de tous les points.
Maintenant, l’attention des syndicats s’est cristallisée sur la plateforme minimale en 11 points, et c’est celle-là qui comporte la formation diplômante, la validation des années de volontariat, les lenteurs dans la délivrance des actes, l’habitat. Ce sont ces questions majeures qui sont à l’origine de la présente grève.
Concrètement, sur ces questions majeures, qu’avez-vous fait pour dénouer la situation ?
Il est vrai qu’il y a des lenteurs, mais cela ne signifie pas que la Fonction publique ne travaille pas. Le département est confronté à la loi du nombre. Sur les 127.130 fonctionnaires de l’Etat, l’éducation représente les 64 %, soit plus de 81.000 agents. C’est assez difficile de gérer tout ce monde manuellement. Malgré tous les efforts fournis par les agents de la Fonction publique, l’on constate des lenteurs.
Toutefois, lorsque ce problème s’est posé, un plan d’actions a été mis en place pour résorber le stock des dossiers en instance. C’est ainsi que, durant ce mois de mars, 3.515 projets pour 27.549 enseignants ont été traités. Aujourd’hui, avec ce coup de poing, l’ensemble des actes des enseignants est traité. Depuis la fin du mois de mars, ces dossiers sont sur la table du ministre de la Fonction publique qui doit les signer.
L’enregistrement se fera ensuite au niveau du secrétariat général du gouvernement. Le ministre a signé une bonne partie de ces actes mis en ligne sur notre site Internet. C’est une facilité offerte aux enseignants qui n’ont plus besoin de se déplacer pour savoir si leurs actes sont sortis ou pas.
Maintenant, ce qui reste à être traité, ce sont les nouveaux dossiers que les syndicats d’enseignants ont apporté durant l’opération coup de poing. Seulement, nous sommes obligés de les mettre un peu en stand-by pour éviter les doublons, parce que ce sont des dossiers qui ont été introduits et nous avons reçu les copies des bordereaux.
Cette loi du nombre justifie, à elle seule, les lenteurs administratives dans la délivrance de ces actes. Ne faudrait-il pas revoir tout le système ?
Le nombre de dossiers à traiter fait que tous les efforts fournis ne sont pas très visibles. Le système n’est pas encore informatisé, numérisé. Mais nous nous y acheminons. Nous envisageons de basculer dans la numérisation, et ce sera vers le mois de juin-juillet. Il faut dire qu’actuellement, tous les enseignants sont gérés par la Division des enseignants qui comporte un chef de division et huit agents pour trois bureaux.
A notre arrivée à la tête de la direction de la Fonction publique, nous avons constaté que malgré les efforts fournis, les agents travaillent même le week-end, le flot de dossiers était difficile à traiter. Nous avons donc pensé à étoffer le personnel et éclater la Division. Nous n’avons pas de problème de ressources humaines, mais de bureaux. Nos bureaux sont bondés de papiers ; ils sont limités.
En plus, nous partageons nos locaux avec d’autres institutions. C’est ce qui fait que nous n’avons pas de possibilité d’augmenter le personnel, parce que nous n’aurons pas où les mettre. Mais, le gouvernement, conscient de cela, a décidé de délocaliser la Direction générale de la Fonction publique.
Nous allons avoir de nouveaux locaux, et nous avons déjà exprimé nos besoins dans ce sens et qui correspondent aux effectifs à déployer pour prendre en charge les dossiers des enseignants correctement. Même si les enseignants étaient au nombre d’un million, c’est de la responsabilité de l’Etat de traiter leurs dossiers, car cela joue sur leur carrière.
Les enseignants tiennent le gouvernement pour seul responsable de la crise actuelle. Qu’est-ce qui explique le retard noté dans l’application de ces accords ?
Ce retard s’explique facilement. Les points dont il est facile de mettre en œuvre l’ont tous été depuis longtemps. Quelques-uns ont été cités. Cependant, il y a des accords qui sont un peu plus lents à mettre en œuvre. C’est l’exemple de la validation. Les enseignants qui avaient eu à faire le volontariat et le vacatariat se sont battus pour obtenir l’intégration universelle. C’est-à-dire, dès que vous obtenez votre diplôme professionnel, vous devenez automatique agent de l’Etat, soit fonctionnaire ou non fonctionnaire.
La validation signifie simplement que quand vous intégrez la Fonction publique, vous pouvez emporter une partie, les 2/3, de votre ancienneté en tant que volontaire ou vacataire. Il s’est trouvé que pour les gens reclassés fonctionnaires, c’est-à-dire qui avaient moins de 35 ans, il y avait l’écueil juridique de la loi 6133 qui ne le permettait pas.
Du coup, ceux qui ont été reclassés comme agents non fonctionnaires de l’Etat et étaient plus âgés, ont pu valider et monter en grade très rapidement par rapport à leurs camarades qui étaient bloqués dans leur carrière. Donc, pour mettre en œuvre la validation pour les fonctionnaires, il fallait modifier la loi 61-33. C’est ce qui explique le retard dans l’application de ce point d’accord.
Depuis le mois de juin 2014, avec les syndicats des enseignants, nous avons travaillé sur le projet de loi concernant cette validation et nous avons même anticipé en faisant ensemble le projet de décret. Et cette loi a été votée à l’Assemblée nationale en procédure d’urgence le 3 avril.
Et 10 jours plus tard, elle a été promulguée par le chef de l’Etat. Le décret d’application déjà adopté par le Conseil supérieur de la Fonction publique sera incessamment signé par le président de la République. Les enseignants pourront alors déposer leurs dossiers de validation à la Fonction publique. Et c’était la revendication principale des enseignants.
La question de la validation, dites-vous, était le principal point de revendication et elle est presque réglée. Pensez-vous que cela est suffisant pour que les enseignants, à défaut de lever le mot d’ordre de grève, le suspendent ?
Mais il n’y a pas que cette question de la validation. Concernant les lenteurs dans la délivrance des actes, le stock a été épuisé. Quant à la question de l’habitat dans la Zac de Kounoune, les actes d’attribution avaient traînés, parce que le terrain n’avait pas été immatriculé au nom de l’Etat pour que les baux individuels puissent être délivrés. Aujourd’hui, le terrain est immatriculé sous le numéro Tf 10-333 R.
A ce jour, toutes les attestations sont disponibles au bureau des Domaines de Rufisque, tous les attributaires de la Zac de Kounoune peuvent se présenter là-bas et signer leur bail. Le ministère de l’Urbanisme a fait un communiqué dans ce sens. S’agissant des terrains qu’on leur a attribués dans les régions, le ministère de l’Urbanisme a fait une tournée à Kaolack, Richard-Toll, Saint-Louis, Thiès, Tivaoune, Louga, Ourossogui, Kolda, et les attestations sont disponibles.
D’ailleurs, le gouvernement va mettre, dans la loi de finances rectificative du mois de juin prochain, 800 millions de FCfa pour l’aménagement de ces différents terrains. A propos de la formation diplômante, le ministère du Budget a débloqué 200 millions de FCfa. Pour la mise en solde et le paiement des rappels d’intégration, le ministre délégué chargé du Budget a déjà payé 5,4 milliards de FCfa.
Le reliquat, soit 1,6 milliard, sera payé intégralement entre le 30 mai et le 31 juillet 2015. En somme, sur cette plateforme minimale, le gouvernement a apporté des réponses concrètes et des échéanciers très précis pour apporter des solutions à leurs problèmes.
C’est pourquoi, à l’issue de nos rencontres avec les syndicats d’enseignants et après avoir consulté leur base, nous ne voyons qu’un seul mot d’ordre : la reprise des cours. Nous fondons cet espoir aussi dans les réponses concrètes apportées par le gouvernement que sur l’action des médiateurs.
Justement, comment appréciez-vous cette action des médiateurs ?
Depuis que nous sommes dans la Fonction publique, nous n’avons jamais vu l’Assemblée nationale s’impliquer, de manière aussi conséquente, dans la gestion de la crise de l’école. Sans compter le Conseil économique, social et environnemental. Le chef de l’Etat a lancé un vibrant appel depuis Kaffrine. Des chefs coutumiers et religieux, comme abbé Jacques Seck, ont tous lancé un appel à la reprise des cours.
Ces appels auraient pu suffire. Mais l’optimiste vient surtout du fait que le gouvernement a répondu effectivement aux attentes des syndicats. Donc, la grève ne devrait pas persister. En âme et conscience, si les syndicats d’enseignants se penchent sur le protocole d’accord, ils verront que l’Etat a fait de réels efforts en satisfaisant leurs doléances. Pour celles qui ne l’ont pas encore été, un échéancier assez précis a été établi et les médiateurs se sont porté garants de leur application.
Mais, dans ce contexte de négociations, pensez-vous que c’était une bonne idée que de ponctionner les salaires du mois de mars des enseignants ?
Il ne s’agit pas de ponction. La loi 61-33 qui s’applique aux fonctionnaires dit que les jours non travaillés ne sont pas payés. Le salaire est dû après service fait. Ce n’est donc pas une ponction, et cela, les enseignants le savent. Ils savent que dans toute l’histoire du mouvement syndical, quand on va en grève, on doit s’organiser pour prendre en charge les salaires des membres du syndicat.
C’est la raison d’être des cotisations appelées check-off. Cet argent sert au fonctionnement du syndicat, mais aussi c’est en prévision de ce genre de situations. Donc, quand on est en grève, qu’elle soit légale ou non, on n’a pas droit à la rémunération pendant les jours non travaillés. Et personne parmi eux n’a contesté cette décision.
Ils disent que c’est illégal...
Peut-être qu’ils parlent de la procédure, mais cette décision n’est pas du tout illégale. C’est formel, et les syndicats le savent très bien. Il se trouvait seulement que l’Etat n’appliquait pas cette disposition, mais libre à lui de le faire.
La Santé risque aussi de connaître des perturbations les jours à venir puisque le Sutsas menace d’aller en grève. Qu’en est-il de leurs revendications ?
Le Sutsas a posé deux revendications sur la table. Tout d’abord, il y a la question du statut des établissements publics de santé. Sur cette question, nous nous sommes réunis plusieurs fois en commission technique et nous avons examiné la question. Elle a échoppé sur le fait que, pour donner un statut aux établissements publics de santé, il faut intégrer des normes de gestion.
Car une fois que ce statut leur est octroyé, les établissements publics de santé sont appelés à avoir une autonomie financière. Il est donc utile de prendre certaines garanties en termes de bonne gestion pour éviter certains dérapages, tels que la reconstitution de la dette hospitalière. Il fallait encadrer tout cela. Ce texte a été longtemps dans le circuit. Il y a eu beaucoup d’avis, mais à un certain moment, le ministère des Finances a voulu avoir ces garanties en termes de normes de bonne gestion.
Ce texte est revenu, les syndicats de la santé et l’administration sont en train de travailler sur ce point. Il se peut que, vers la fin de ce mois, les établissements publics de santé auront ce statut. L’autre point de revendication concerne les heures supplémentaires. Là aussi, le ministre du Budget s’est bien impliqué pour qu’il soit satisfait.
Aujourd’hui, au regard des mutations dans le monde du travail avec l’avènement de nouveaux métiers, n’y a-t-il pas lieu de revoir le statut général des fonctionnaires ?
Vous savez, nous avons aujourd’hui une Fonction publique de carrière. Dans d’autres pays, il y a ce qu’on appelle la Fonction publique d’emploi. La nôtre est une vieille Fonction publique basée sur la carrière. Autrement dit, quand on y entre, il n’y a pas tellement d’instruments de mesure de la performance. On entre dans la Fonction publique et une carrière nous est garantie jusqu’à l’âge de 60 ans.
Maintenant l’idée d’introduire dans la Fonction publique des éléments liés à la performance est soumise, mais aussi celle d’aller vers des Fonctions publiques d’emploi. Parce qu’il y a beaucoup d’emplois nouveaux qui se créent, comme le webmaster. Aussi, de vieux emplois sont encore dans nos textes et n’existent plus, à savoir les sténodactylographes. Il faut adapter tout cela pour que le fonctionnaire, toujours en bénéficiant de la sécurité juridique que lui confère son statut de fonctionnaire de carrière, aille vers la qualité, l’accomplissement de normes de gestion, la performance.
Seulement, pour ce faire, il faut construire des instruments de mesure, des contrats de performance, pour que les agents soient évalués et qu’ils puissent avancer en fonction de ce qu’ils apportent au système. Mais cela demande des modifications substantielles. C’est à l’état de réflexion.
En 2013, il y a eu près de 5.500 recrutements dans la Fonction publique. Aujourd’hui encore, la demande est forte. Combien de demandeurs d’emplois avez-vous dans votre base de données ?
Il y en a énormément. D’après les dernières consultations faites, nous avons à peu près 32.000 demandeurs d’emplois inscrits dans notre base. La vocation de l’administration, ce n’est pas de faire des recrutements, de donner des emplois. Nous administration, nous faisons des remplacements. La loi 61-33 même interdit de mettre des gens à des fonctions si celles-ci ne sont pas vacantes. Nous partons, chaque année, des situations que nous donnent les administrations en fonction des gens qui vont à la retraite, qui démissionnent, qui ne sont plus à leur poste, des décès, etc.
Et ce sont toutes ces demandes de postes que nous additionnons avec des profils assez précis. Une fois que nous avons ces postes à pourvoir, nous entrons dans la base de données pour voir s’il y a des profils correspondants. S’il y en a, nous prenons ces personnes et nous les mettons en service.
Mais, notre vocation, ce n’est pas de regarder cette base de données et de donner des emplois, parce qu’il faut les donner. Nous partons toujours des besoins exprimés par l’administration.
Depuis le dernier grand recrutement de 2013, combien d’agents la Fonction publique a-t-elle enrôlé ?
Cette année, il y a eu le recrutement de 1.000 agents de la santé sur la demande du chef de l’Etat. Parmi ces agents, il y a 500 sages-femmes. Précisons que tous ces 1.000 agents seront affectés dans les régions, personne ne restera à Dakar. Les actes sont disponibles au ministère de la Santé.
Avec les syndicats, les affectations sont en train d’être faites. Il y a eu également des autorisations de recrutement pour l’Ena qui se fait chaque année. Pour l’Armée et le service de sécurité de manière générale, 3.000 postes sont ouverts pour le recrutement de profils militaires
PAR MAHMOUD NDIAYE
EXCELLENCE, VOTRE PAROLE !
Autant le peuple sénégalais peut être "tolérant, permissif, libéral voire complaisant", autant il est exigeant vis-vis de ses "ndjits ou leaders" dont il attend un comportement irréprochable
Vous avez en 2012 en sollicitant les voix des sénégalais promis de réduire votre mandat à 5 ans. Cette promesse vous l’avez faite en son temps et le peuple vous a au finish accordé sa confiance. Je ne suis pas là pour faire la comptabilité de vos actions bonnes ou mauvaises au cours de ce mandat, mais juste apporter ma petite contribution, la première et la dernière sur ce sujet comme vous avez courageusement demandé à vos soutiens d’arrêter ce « faux débat ».
Excellence, votre prédécesseur a perdu le pouvoir pour s’être entre autres dédit, j’ai l’habitude de comparer le peuple sénégalais dans sa conception du leadership au peuple américain. L’historique « MA WAXON WAXEET » de Me Wade a pesé lourdement sur la balance électorale.
En effet, autant le peuple sénégalais peut être "tolérant, permissif, libéral voire complaisant", autant il est exigeant vis-vis de ses "ndjits ou leaders" dont il attend un comportement irréprochable. Ils se doivent pour lui d’être des références, des modèles qu’il idéalise et juge en tenant compte de leurs paroles et attitudes.
Excellence, vous avez juré de défendre la constitution et sous celle-ci vous avez été élu pour un mandat de 7 ans, vous avez promis aussi au peuple sénégalais de ne faire que 5 ans au lieu de 7 !!!! Toute la problématique est de résoudre cette équation qui a 2 inconnues : juridique et morale, juridiquement vous devez faire 7 ans et moralement 5ans, en d’autres termes le droit et pas n’importe lequel (la constitution) contre votre parole !!!
Dans ce contexte je vous suggère Excellence de faire 5 ans et de respecter la parole donnée, vous me demanderez pourquoi ? En essayant de contourner le droit vous avez à ma connaissances 2 solutions : Par voie parlementaire, et là votre majorité votera pour 7 ans en pensant d’abord à elle (2 ans supplémentaires assurés avec tous les avantages) et on vous accusera (objectivement) d’avoir trouvé là une astuce pour prolonger votre «parole».
Elle votera 5 ans et la réduction apparaitra comme à vous imposée et sa valeur « politique » en sera dépréciée voire nulle!!! Par référendum et ce sera le saut vers l’inconnu, en obtenant un OUI pour 7 ans vous ferez du « MA WAKHON WAKHET » sans le vouloir et en obtenant un NON, ce sera mauvais signe pour les prochaines échéances. En effet ce serait comme un vote sanction et vous donnerez à vos adversaires un argument de poids pour vous confondre, ce pourrait être un désaveu, un DAFA DOY !!!!
Non seulement ce serait politiquement un suicide mais ce serait coûteux et paralyserait le pays tout entier et tout cela pour en fait une promesse que vous avez faite.
Excellence à mon humble avis la troisième voie, la plus difficile, celle que refusent de toutes leurs forces vos ardents soutiens est celle du courage. Quels que soient les arguments avancés vous ne devez retenir que l’essentiel à savoir votre parole donnée « BEUTIUGOU NDAR KAME » !!.
Cette décision qui requiert du courage, de la sagesse, à la limite de la foi consiste tout simplement à l’orée de vos 5 ans de magistrature à DEMISSIONNER.
En démissionnant la vacance de pouvoir sera constatée et le mécanisme prévu par la constitution sera mis en marche pour organiser de nouvelles élections dans les délais prévus par la loi, élections auxquelles vous aurez droit à vous présenter bien évidemment !
Quel est le risque dans ce cas Excellence ? Vous serez soit réélu ou le peuple exprimera sa confiance à un autre candidat et après ? En échouant vous entrerez dans les annales politiques du Sénégal comme l’homme politique le plus courageux et le plus probe que le Sénégal n’ait jamais eu, vous serez une référence à jamais sur la scène politique nationale, africaine et mondiale.
L’échec politique pèserait-il plus lourd que ce message d’homme intègre que vous léguerez à la postérité ? Que nenni !!!! Vous aurez moralisé la scène politique et inspirerez respect à vos pires ennemis politiques. Vous deviendrez un « saint politique» intouchable et au-dessus de toute la mêlée et aurez ainsi votre pass d’immunité gratuitement. Qui oserait toucher à un seul de vos cheveux ou à votre famille ? PERSONNE !!!
La défaite se transformera en succès personnel ici et ailleurs et partout le tapis rouge vous sera déroulé Maintenant en gagnant un deuxième mandat après votre dé- mission, il serait clair que vous êtes le véritable choix confirmé du peuple sénégalais et vous aurez le loisir de mener le pays vers la véritable émergence que vous avez lancée.
Vous aurez 5 années sans penser aux prochaines joutes et vous consacrerez corps et âme à atteindre cet objectif et le respect de la parole donnée, le deuxième mandat feront de vous le président « le plus démocratiquement» élu du Sénégal et vous entrerez aussi ne vous inquiétez pas Excellence dans les annales politiques du Sénégal comme le président le plus audacieux, le plus intègre et le qualificatif qui vous aurez le plus manqué dans le premier scénario c’est-à dire LE PLUS CHANCEUX. Respectueusement
M. NDIAYE Directeur De banque
« LES SÉNÉGALAIS SONT BONS SUR LE PAPIER, MAIS NULS DANS LA PRATIQUE»
CONSTAT DES EXPERTS DE L’ENSEIGNEMENT ET FORMATION
Le Centre d’études avancées et de recherches en management des projets, programme et portefeuille (Cars 3 Pm), a procédé ce week-end, à la remise de certificat leadership diamond. Cette initiative, réunissant diverses sommités intellectuelles, a permis d’échanger sur le thème : « L’enseignement, recherche et formation : un levier pour le développement économique. Quelle stratégie pour le Sénégal et l’Afrique à l’heure de la mondialisation ?».
L’enseignement et la formation, une troisième industrie pour le développement micro et macro-économique des nations africaines, disent-ils, constituent un facteur clé à la stabilité sociale et, à l’inclusion de toutes les catégories sociales. Ainsi, ces experts ont démontré, comment l’économie de la connaissance, à travers ses filières techniques et scientifiques peut contribuer à la résolution de la question de l’emploi.
Mais aussi, aider à créer de la richesse. « Le leadership met l’accent sur l’action. Et, sans l’action qui assure le résultat à brandir, on n’est pas un bon leader. Le centre s’inscrit dans une dynamique de promouvoir l’action de donner et de recevoir le savoir. Le fait de donner renvoie à la transformation du milieu.
Le savoir exige des valeurs et d’un engagement au travail », a expliqué le professeur de géopolitique au Centre d’études avancées et de recherches en management des projets, programmes et portefeuille, Mamadou Sy Tounkara. Les leaders qui font bouger les choses du monde, se basent le plus souvent sur le travail. Et, le géopoliticien constate que les sénégalais sont bons sur le papier, mais nuls dans la pratique.
«Le diplôme, ce n’est rien du tout. Mais, c’est l’intériorisation du savoir qui est importante. Aicha, la femme du prophète le décrivait comme l’équivalent du Coran. Elle disait, le prophète, c’est le Coran », recadre Tounkara, qui cherchait à travers ce discours, a davantage motivé les 65 bénéficiaires du certificat leadership diamond.
Les panélistes encouragent la quête du savoir pour forger le caractère et affiner l’esprit. La formation, reconnaissent-ils, permet de marquer l’histoire et, être au service des autres. « Aujourd’hui, tout le monde parle du potentiel africain.
Tout un chacun doit maintenant se demander, quelle doit être sa part de contribution pour aider à la création de la valeur ajoutée à ce continent.
Il n’y a pas de petites actions, le savoir et la connaissance doivent être accessibles », souligne le Directeur de l’European center for leadership & entrepreneurship, Dr Mahamoudou Salouhou. Il évoque la réussite de la Chine et de l’Inde qui se sont appuyés sur la détermination des peuples pour se faire une place dans le monde. « Le savoir-faire permet de produire de l’émergence. L’africain taxé de paresseux, ne se pose pas souvent la question à savoir, pourquoi, il vit.
Ailleurs, ils honorent le savoir. Mais, ici les gens honorent la fantômagie. Le développement de l’homme, ressemble au processus de l’évolution de l’arbre. Il exige un investissement humain », remarque le Directeur de général de l’Institut africain de développement local, Alioune Niang Mbaye.
Sous ce registre, les panélistes exigent un encadrement pratique pour sortir le continent africain de la dormance intellectuelle qui empêche de relever les défis de l’action. Le savoir, d’après eux, s’acquiert dans la souffrance, alors que la jeunesse africaine actuelle n’aime pas trop souffrir pour l’acquisition de la connaissance.