La Fondation Kéba Mbaye a fait face à la presse hier, dans un hôtel de Dakar, pour annoncer le nom du lauréat du Prix pour l'éthique. Une récompense décernée une fois tous les deux ans à une personnalité ou une institution. L'ancien international de football français Lilian Thuram est le lauréat de l'édition 2014.
L'ancien international français Lilian Thuram est le lauréat 2014 du Prix Kéba Mbaye pour l'éthique. La Fondation portant le nom du défunt magistrat sénégalais a annoncé son sacre hier, lors d'une conférence de presse tenue dans un hôtel de Dakar. "Le choix du jury s'est porté sur Lilian Thuram pour son engagement pour l'éthique et sa détermination pour la lutte contre le racisme", a déclaré le président de la Fondation Kéba Mbaye, El Hadj Ibrahima Ndao.
C'est le président Macky Sall qui remettra à l'heureux gagnant son prix, lors d'une soirée prévue à Dakar, le 18 avril prochain. Champion du monde de football en 1998 et vice-champion en 2006, avec 142 sélections à son actif, Lilian Thuram a remporté de nombreux titres, dont celui de champion d'Italie à plusieurs reprises. Le Prix Kéba Mbaye pour l'éthique vient donc étoffer un palmarès déjà riche.
Cependant, ce n'est pas pour ces nombreuses distinctions que le choix du jury composé de ressortissants de plusieurs pays a porté son choix sur lui. Après sa retraite internationale, Thuram a créé une fondation qui lutte contre le racisme. "Il est l'un des rares sportifs qui, après le sport, n'est pas resté carrément dans le sport", a signalé l'un des membres du conseil d'administration de la Fondation Kéba Mbaye, Mamadou Wakhab Talla.
En plus de la création de sa fondation, l'ancien défenseur de l'équipe de France s'est illustré par de nombreuses publi- cations, dont "Mes étoiles noires" et "Le Manifeste pour l'égalité". Ce qui lui a valu une renommée d"'intellectuel de haut niveau".
Le natif de la Guadeloupe pourrait voir son combat contre la xénophobie se renforcer avec cette distinction. Car, comme l'a souligné l'ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, fils de feu Kéba Mbaye, "ce prix est comme un soutien à Thuram dans la lutte contre le racisme, mais aussi un soutien à l'ensemble des institutions comme la Fifa et le CIO, dans la lutte contre le racisme". "La renommée de Thuram aura une répercussion sur ce prix", a assuré M. Talla.
La Fondation Kéba Mbaye a reçu 37 dossiers de candidature pour l'édition 2014 de ce prix. Cinq personnes ont été choisies pour le dernier tournant. D'après les organisateurs, qui n'ont pas voulu dévoilé la liste des finalistes, il y avait des Africains dans le lot, des Sénégalais en particulier.
"QUAND L'HUMAIN RESSEMBLE À UN ANIMAL..."
SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, COPRÉSIDENT DU 8EME COLLOQUE SUR LA TIJANIYA
Les 21 et 22 mars prochains aura lieu le 8ème colloque international sur la tijaniya. Il y aura au programme une plongée dans les origines du soufisme. Les participants se verront rappeler que la contemplation à fait son époque et qu'il reste le temps de l'action.
La 8ème édition du colloque international sur la tijaniya est prévue les 21 et 22 mars prochain au Terrou-bi. A cet effet, le comité de préparation a organisé hier une conférence de presse en vue de donner quelques éléments importants sur cet évènement. Le thème retenu cette année est : "La tijaniya et les défis du XXIe siècle". Un thème qui, selon le coprésident du comité scientifique, le Pr Souleymane Bachir Diagne, montre que l'objectif n'est pas uniquement de revisiter le passé. "Certes, il y a aura une célébration du patrimoine, mais un patrimoine vivant, c'est-à-dire qui trouve des réponses aux questions de l'heure".
Autrement dit, même l'aspect sociopolitique est pris en compte. Car, la tijania reste encrée solidement dans le soufisme. Or, "le soufisme est le cœur de l'islam. Il n'est pas une voie de contemplation, mais plutôt de l'action", affirme le philosophe. Et si le terme divise, parce que soi-disant il n'a pas existé du temps du prophète, le Pr des universités invite à le remplacer par le vocable "ihsaane" (degré suprême de la foi). Puisque, en définitive, ce qui importe, c'est moins le mot que la réalité. Le constat est pourtant regrettable : de nos jours, on voit ce qu'il y a de pire dans l'être anobli, particulièrement sur les écrans de télévision. "Quand l'humain ressemble à un animal, il est temps de lui rappeler qui il est, que Dieu l'a créé pour qu'il soit son khalife".
Le soufiste d'aujourd'hui ne peut donc pas se contenter d'une retraite spirituelle. Il est et doit être au cœur de la société, selon le Professeur. "Dieu a dit dans le Coran : agissez, explorez le monde à la mesure de la puissance que Dieu vous a confiée". L'évènement aura donc une orientation prospective. Ce sera par conséquent un moment de fête spirituelle et intellectuelle, un moment de rencontre, d'échanges et d'ouverture entre tidjanes d'une part, et d'autre part, un trait d'union entre la communauté et la société toute entière. Ce qui explique le mélange des intervenants entre le monde académique et le monde religieux, explique le président du colloque, Chérif Sidy Brahim Tidjane. Il y aura même une touche artistique, étant entendu que la musique handalou aura sa place.
A propos du choix du pays, c'est parce qu'"au Sénégal, la tijaniya est chez elle", argumentent les organisateurs. "Pour un Marocain, un Sénégalais est un tidjane", souligne Sidy Brahim. C'est ce qui fait d'ailleurs que les deux prochaines éditions prévues en 2017 et 2019 auront également lieu ici au Sénégal.
DES RESTAURANTS SÉNÉGALAIS DANS LA ''FÊTE DE LA GASTRONOMIE FRANÇAISE"
Dakar, 19 mars (APS) - La gastronomie française sera célébrée ce jeudi dans plus de 1300 restaurants de 150 pays dont trois établissements sénégalais choisis pour rendre hommage à ''une cuisine vivante, ouverte et innovante, respectueuse du bien-manger et de la planète''.
Les restaurants sénégalais "Le Cozy", "Le Terrou Bi'' (Dakar) et Nianing (Mbour) sont les trois établissements sénégalais choisis pour ''relever le défi de cet événement mondial Goût de/Good France, placé sous le signe du partage et de la convivialité'', rapporte un communiqué parvenu à l'APS.
''Tout en restant libres de mettre en valeur leur propre culture culinaire, les chefs proposeront dans leurs établissements un menu +à la française+ réalisé à partir de produits frais de saison et issus du terroir local'', explique le communiqué.
"Goût de / Good France" est une initiative conjointe du chef cuisinier monégasque Alain Ducasse et du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international.
"Le patrimoine de la France, c'est la cuisine, ce sont les vins (…) '', a déclaré le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius, cité par le communiqué.
Selon lui, "le repas à la française est inscrit depuis 2010 au Patrimoine mondial de l'UNESCO, mais c'est un patrimoine qu'il ne faut pas seulement contempler ou glorifier ou savourer, c'est un patrimoine qu'il faut faire fructifier et mettre en valeur+.
La cuisine française est '’interprète d'une cuisine qui a évolué vers la légèreté dans l'harmonie avec son environnement (…)", a de son côté relevé le chef Le chef cuisinier Alain Ducasse, lors de la présentation de ce projet.
M. Ducasse a parlé de cet évènement comme "d'une parenthèse enchantée, l'occasion de fêter la cuisine française partout dans le monde'', dans "la générosité, le partage, l'amour du beau et du bon".
Le Réseau des parlementaires pour la bonne gouvernance des ressources minérales (RGM) vient s'ajouter à l'ossature institutionnelle s'occupant des mines au Sénégal. Une opportunité pour consolider sa vocation de contrôle de l'action gouvernementale
Code minier en phase d'élaboration, Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) et RGM. Le Sénégal ne veut pas être pris de court par le futur développement des ressources minérales. Les députés veulent anticiper les problèmes relatifs aux futures implications du secteur.
En procédant au lancement des travaux du RGM avant-hier, la soixante d'élus membres de cette instance veulent être les interlocuteurs des populations impactées par l'exploitation minière.
"Le décret qui fixe l'indemnisation des populations affectées par les activités minières pose problème, la fiscalité minière aussi, car certains ont estimé que les exonérations étaient trop importantes. Pour d'autres, le Sénégal n'est pas très attractif pour attirer les compagnies minières. Tout cela fait que nous avons senti la nécessité de s'en occuper", explique le président du RGM, Mamadou Lamine Diallo.
Les populations des zones concernées, Kédougou Thiès, Mboro et Matam vont bientôt recevoir la visite des membres de cette instance créée en octobre dernier. Dépassement de concept pour la perspective de croissance du secteur des industries extractives, les parlementaires parlent de ressources "minérales" et pas seulement "minières".
Ce qui s'explique par la récente découverte du pétrole, mais aussi l'eau, le gaz et éventuellement la pêche. Les députés veulent ainsi s'assurer une compréhension des enjeux dans ce pays, dont le sous-sol concentre des métaux précieux (or), des métaux de base (fer, cuivre, chrome et nickel), des minéraux industriels (phosphates, sels, barytine...) et des minéraux lourds (zircon et titane).
Transparence
L'adhésion du Sénégal à l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) depuis octobre 2013, dont la publication du premier rapport est prévue pour bientôt, marque la volonté des autorités de jouer la carte de la bonne gouvernance. Pour Ismaila Madior Fall, le Sénégal n'a pas encore atteint le stade d'un pays minier, mais a un potentiel important.
"Il faut anticiper et prévoir un dispositif de gestion pour optimiser les rendements. Il faut faire en sorte que les industries extractives soient le moteur de la croissance", déclare-t-il. Les conditions strictes fixées aux pays candidats à l'ITIE permettront une information exacte de l'opinion dans ce secteur.
Une publication annuelle de toute la chaîne de valeurs (attributions des licences et des permis, exonérations, redevances, valeur ajoutée sur l'économie, etc.) rendra effectif le contrôle de l'action gouvernementale et des sociétés minières. "Pour une fois, on va avoir l'exacte mesure de ce qui est produit", se réjouit Ismaila Madior Fall.
Pour Bastian Kluft, représentant de l'ONG Oxfam, les parlementaires ont saisi l'importance des enjeux en cours. A ce titre, le RGM constitue un autre levier d'action pour la gouvernance participative, qui peut renforcer l'envergure de la lutte pour la transparence. "Les députés doivent influencer le débat public national dans le sens de l'intérêt des populations", estime-t-il.
Le président de la République Macky Sall est déterminé à obtenir un second mandat en 2017. Dans ce dessein, il est en train de mettre le paquet sur les infrastructures.
Le chef de l’Etat mise surtout sur les infrastructures pour gagner l’élection présidentielle de 2017. Il n’y a plus de doute là-dessus, au rythme où il lance et réceptionne des infrastructures de toutes sortes.
Hier, les techniciens du ministère du Renouveau urbain, de l'Habitat et du Cadre de vie étaient à Saint-Louis, pour le lancement des travaux d'extension de l'université Gaston Berger.
Selon Mme Socé Diop Dione, directrice de l’Agence de construction des bâtiments et édifices publics (Acbep) - que nous avons jointe par téléphone - c’est un projet financé par la Banque mondiale (Fida) pour un montant de presque 7 milliards de F Cfa.
«C’est l’entreprise Cde qui a été choisie et le maître d’ouvrage est le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Les travaux vont durer 24 mois. Beaucoup d'infrastructures sont prévues : des bâtiments pédagogiques, un amphithéâtre, un auditorium, une piscine et un parcours sportif. Ce projet phare du Président entre dans le cadre du Pse», poursuit-elle.
Le recteur de ladite université, Pr Baydallaye Kane, a insisté sur le respect des délais.
A ce sujet, la directrice de l’Acbep se veut très rassurante : «Le ministre Diène Farba Sarr nous a instruits de terminer les travaux dans les délais, et dans les règles de l'art. Ce à quoi nous nous attèlerons».
«Sur le plan infrastructurel, le Président Macky Sall a fait plus que ce qui était prévu. Nous serons dans les délais. Nous avons pris les dispositions idoines pour cela. Et je puis vous assurer que le meilleur est à venir»,
La mission a aussi visité des joyaux : un auditorium, un amphithéâtre, 4 salles de cours, 2 pavillons d'hébergement flamboyant neuf, l’extension de la bibliothèque.
Diène Farba Sarr remettra, bientôt, les clés à son homologue Mary Teuw Niane, Récemment, le Premier ministre a lancé dans la cité du Rail les travaux de l’Institut supérieur de formation professionnelle (Isep) de Thiès.
Avant cela, il y a eu le démarrage de la deuxième université de Dakar à Diamniadio.
Mais également le lancement de l’autoroute «Ilaa Touba».
Il s'y ajoute les travaux d’extension de la Vdn, le redimensionnement de l’échangeur du stade Léopold Sedar Senghor, la récente réception à Ziguinchor des deux navires Aguène et Diambone, et la pose de la première pierre de la Cité de l’émergence avec ses 17 tours, entre autres infrastructures.
LA LIBÉRATION DES ACTIVISTES DE Y'EN A MARRE ET D'AUTRES SUJETS EN EXERGUE
Dakar, 19 mars (APS) - La libération de trois activistes sénégalais du mouvement Y'en a marre, arrêtés depuis dimanche République démocratique du Congo, est un des sujets en exergue parmi divers autres traitant principalement de l'actualité politique nationale.
Plusieurs journaux parvenus jeudi à l'APS se font l'écho de la libération de trois militants de ce mouvement citoyen sénégalais, détenus depuis ce week-end RD Congo.
Venus sensibiliser les jeunes congolais sur la gouvernance et la démocratie, à l'invitation de la société civile congolaise, ils avaient été arrêtés ce week-end par la police congolaise qui les soupçonnait de vouloir déstabiliser ce pays.
"Les Y'en a marristes (sénégalais, NDLR) et le responsable du mouvement burkinabè Balai citoyen vont enfin retrouver les leurs. Les autorités congolaises ont décidé de leur expulsions cinq jours après leur arrestation", annonce le journal Le Quotidien.
Le quotidien national Le Soleil précise que les activistes sénégalais (Fadel Barro, Aliou Sané et Malal Talla) "sont attendus aujourd'hui, à Dakar". Rewmi parle de cette issue heureuse comme d'un "bon coup diplomatique" réussi par le chef de l'Etat sénégalais, Macky Sall.
"C'est l'épilogue d'une affaire qui aurait pu mal se tourner. Finalement, les trois jeunes animateurs de Y'en a marre incarcérés, depuis dimanche dernier, en République démocratique du Congo, vont rentrer sur Dakar, cet après-midi. Le président Macky Sall a obtenu leur libération", écrit Enquête.
D'autres quotidiens reviennent que le quotidien La Tribune qualifie de "traque" contre les partisans de Karim Wade, soupçonnés de vouloir mener des actes de sabotage le 23 mars prochain, jour du procès pour enrichissement illicite présumé visant l'ancien ministre d'Etat. "Quel sale temps pour les karimistes…", souligne le journal.
Karim Wade est poursuivi pour enrichissement illicite portant sur un patrimoine évalué par cette juridiction spéciale à 117 milliards de francs CFA, parmi d'autres délits présumés. Il doit être fixé sur son sort le 23 mars prochain, date à laquelle la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) compte rendre son verdict dans cette affaire.
L'As, par exemple, rapporte que la mère de Me El Hadj Amadou Sall, "refuse de s'alimenter" après l’arrestation de l'avocat, un des conseils de Karim Wade et responsable du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition). Me Amadou Sall est poursuivi pour atteinte à la Sûreté de l'Etat et a été placé sous mandat de dépôt, rappelle le journal.
"Il lui est reproché d'avoir dit lors d'un meeting à Guédiawaye que si Karim Wade est condamné, Macky Sall ne passera pas la nuit au palais" de la République, écrit L'As. Il ajoute que l'avocat "a appelé à la résistance contre les arrestations tous azimuts des libéraux à la veille du délibéré du procès Karim Wade (..)".
Toujours est-il que dans des propos rapportés par Sud Quotidien, le Bâtonnier de l'Ordre des avocats sénégalais, Me Amath Bâ, prévient que le procès Karim Wade "risque de jeter un discrédit sur notre justice".
FADEL BARRO ET CIE ATTENDUS A DAKAR CET APRES-MIDI
Les trois membres de «Y en a marre» qui avaient été arrêtés en République démocratique du Congo (Rdc) ont été libérés, hier, en attendant leur expulsion. Ils sont attendus à Dakar, aujourd’hui, dans l’après-midi.
En détention depuis le 15 mars 2015, suite à leur arrestation au Centre Eloko ya Makasi, un centre culturel de la commune de Masina, à Kinshasa, où ils assistaient à une conférence de presse, après un atelier sur l'engagement civique des jeunes dans les processus politiques, certains militants de «Y en a marre» et du «Balai citoyen» ont été déclarés persona non grata en République démocratique du Congo. Ce, après qu'ils ont été libérés par les autorités congolaises.
D’ailleurs, c’est aujourd’hui, dans l’après-midi qu’ils sont attendus à Dakar, annonce un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Sénégal.
Auparavant, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de la Rdc, Lambert Mende, a, lors d'une déclaration qu'il a faite, souligné : «Nous avons décidé de les expulser de notre territoire. Ils n’ont pas le droit de venir faire de la politique ici. Peu importe s’il y a des preuves de ci ou de ça. Ils ont prétendu être venus, ici, pour agir dans le sens d’un changement du régime d’un pays qui n’est pas le leur, cela ne se fait pas. Conformément à la loi, nous les expulsons, donc, de notre territoire. Nous n’avons pas à nous expliquer sur cela».
Mais, M. Mende a précisé que les jeunes congolais de la Lutte pour le changement (Lucha) seront maintenus en détention.
Et d'argumenter : «Il y a beaucoup de problèmes à cet égard, il y a beaucoup d’argent qui a circulé, il y a des comptes qui ont été ouverts sous de fausses identités. Il y a même une fausse société qui a été créée pour pouvoir inviter les trois Sénégalais et le Burkinabé. Nous avons trouvé une littérature assez inquiétante sur le retour des 'jihadistes. Nous avons retrouvé des tenues militaires. Tout cela nécessite que ceux qui sont à la base de cette initiative puissent passer devant le procureur».
Amnesty international dénonce une «arrestation arbitraire»
Il faut relever qu'Amnesty international a fermement condamné ces arrestations. Dans un communiqué rendu public, hier, l’organisation indique que ces arrestations montrent que «l'État continue de réprimer la liberté de réunion pacifique à l'approche de l'élection présidentielle de l'an prochain».
«Les autorités de la Rdc doivent libérer immédiatement les militants détenus pour s'être réunis pacifiquement et exprimés librement», a déclaré Christian Rumu, chargé de campagne à Amnesty international pour la région des Grands lacs.
De l’avis de Christian Rumu, «l'arrestation arbitraire» d'un si grand nombre de militants «en violation des dispositions fondamentales du droit international et leur détention, au mépris total des procédures en vigueur», «sont un signal inquiétant, qui montre que l'espace de débat autour des élections se réduit rapidement».
«Les Sénégalais et les Burkinabés participant à la réunion ont été brutalisés et les Congolais roués de coups. Certaines personnes ont été frappées au moyen de bâtons et on leur a cogné la tête violemment contre des voitures», a déploré M. Rumu pour qui, les personnes dont la responsabilité pénale serait engagée dans «ces arrestations arbitraires» doivent répondre de leurs actes «devant la justice, dans le cadre d'un procès équitable».
Non sans exiger «la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées» et une enquête sur «les violations commises pendant les interpellations».
PAR MANDIAYE GAYE
MACKY SALL RECONNAÎT ''LA RECRUDESCENCE DE L’INSÉCURITÉ ET DE LA DÉLINQUANCE''. JUSTE DIAGNOSTIC, MAIS FAUSSE SOLUTION !
«Je ne cherche pas à connaître les réponses, je cherche à comprendre les questions».
Confucius
Le diagnostic, Monsieur le Président, est parfaitement juste, mais c’est la solution préconisée jusqu’à présent pour régler le problème de la sécurité nationale, qui est absolument inappropriée, donc erronée. Il est de notoriété publique que la sécurité nationale étant une question tellement sérieuse et d’une importance si capitale, qu’elle ne devrait, en aucune façon, être confiée à des amateurs et non-initiés tels que les Asp. Compte tenu de cela, elle doit toujours être entre les mains des forces de police, de gendarmerie, armées, voire celles spéciales de sécurité telles que les Gign, etc.
Car, ces forces-là sont justement et spécifiquement formées à cet effet. De telles forces, d’un professionnalisme avéré et incontestable, sont habilitées, aptes et aguerries pour assumer et assurer des missions de sécurité et tâches périlleuses.
Elles ont, par ailleurs, du métier et de l’expérience à revendre, s’agissant de la maîtrise du maintien de l’ordre, du maniement des armes et du respect que leur vouent les citoyens, et qui sont des atouts majeurs pour venir à bout de l’insécurité ambiante et la délinquance galopante.
N’importe qu’elle autre solution que celle-là, monsieur le Président, ne sera malheureusement qu’un échec de plus, qui impactera négativement le développement économique, social et culturel du pays.
Il faut être vraiment très naïf ou alors, ne rien comprendre à la nature complexe, et de ce que signifie réellement la sécurité des biens et des personnes dans un pays, pour oser penser, un seul instant, que cette fameuse Asp est en mesure de prendre en charge convenablement une question aussi épineuse et d’une telle ampleur.
L’Asp a déjà montré ses limites objectives en moins de deux ans. Le bilan peu élogieux qu’il présente, révèle de nombreux scandales de délits divers, de vols, d’escroquerie, de faux et usage de faux, de viols, de vente ou d’usage de drogue, etc. Ce qui est déjà suffisant, et atteste la preuve formelle, que cette agence est inapte et peu recommandable pour assurer notre sécurité. Par conséquent, elle doit disparaître au plus vite, comme celles qui l’ont précédée, avant que ses dégâts ne soient plus catastrophiques.
Son patron, qui n’est pas à une contradiction près, vient d’ailleurs de virer 150 agents pour conduite inconvenante par rapport à la morale requise pour une fonction relative à la sécurité. Comment dans ces conditions, le Dg peut-il, moralement, oser encore suggérer en plus, d’armer de tels agents ?
Effectivement, sans aucun doute, le constat fait sur la recrudescence de l’insécurité et de la délinquance reflète largement et parfaitement la situation qui prévaut dans tout le pays. Et, face à pareille situation, les fameux Asp, pour dire vrai, sont totalement impuissants et ne peuvent rien.
Certes, ce n’est peut-être pas leur faute, mais objectivement, ils sont incapables d’y faire face à tous les points de vue. Et, le Dg de l’Asp, qui se bat comme un beau diable à travers les médias pour le maintien de son agence, par conséquence de son poste, sait pertinemment que ses éléments, qui n’ont subi aucune formation qualifiante relative à la sécurité, ne seront jamais capables de relever le défi très sérieux de l’insécurité et de la délinquance dans le pays, si leur nombre était multiplié par 1000.
Voilà pourquoi, inconsciemment, l’Etat est en train de jeter de l’argent par la fenêtre avec l’Asp qui, qu’on l’accepte ou non, ne joue et ne peut jouer dans les circonstances actuelles, que le rôle d’une milice. Mais, étant donné que, l’un des soucis majeurs du gouvernement en ce moment, c’est de résorber le chômage chronique des jeunes, il faudrait peut-être alors, que les Asp soient déployés ailleurs pour ne pas augmenter davantage le chômage en général.
Alors, Monsieur le président de la République, après avoir reconnu publiquement les faits qui crèvent les yeux, il faut se convaincre finalement et se rendre à l’évidence. Enfin, pour éviter de perdre encore du temps et de l’argent inutilement sans atteindre l’objectif visé, il faut rendre à César ce qui est à César.
Autrement dit : «chacun son métier, les vaches seront bien gardées», car l’Asp est effectivement inapte et constitue une fausse solution pour assurer la sécurité de proximité des populations des villes et des campagnes de la République.
Par conséquent, si toutefois la question fondamentale qui préoccupe l’Etat et l’agite au plus haut point, c’est bien de trouver une solution radicale, juste, efficace, rationnelle et durable au problème de la sécurité nationale ? Il lui faut écarter totalement et dès à présent l’Asp de cette question, et la confier aux Forces de l’ordre et de sécurité nationale dont le métier c’est bien de veiller sur les personnes et les biens. Il n’y a rien de plus simple et pratique que cela !
Au demeurant, la suggestion du Dg de l’Asp d’armer ses agents est une farce de mauvais goût, voire une idée dangereuse pour notre sécurité au regard des nombreuses bévues à leur compte.
Le président de la République doit alors, mettre fin à cette agence incompétente pour son objet et truffée de délinquants. A l’origine, les Asp ont été recrutés sur des bases qui défient vraiment toutes les règles de bon sens et d’éthique, parce que sans aucune enquête de moralité, pour des emplois relatifs à la sécurité publique.
Il va sans dire que tout retard apporté à la dissolution de l’Asp ne fera qu’aggraver davantage la situation sécuritaire et permettra encore aux Asp de commettre d’autres délits plus graves, surtout lorsqu’ ils seront de surcroit armés. Une telle décision, monsieur le président de la République, si toutefois elle est prise, serait extrêmement grave de conséquences incalculables, dont vous et le Dg porterez l’entière responsabilité. Osons espérer que le président de la République entendra la voix de la sagesse et prendra les mesures idoines qui s’imposent dans de pareilles circonstances.
Nous souhaitons que soit médité l’adage qui dit: «un homme averti en vaut deux», au lieu de s’entêter inutilement, ou d’écouter un directeur général qui ne cherche en fait, qu’à sauver son fauteuil et garder son fromage. Il faudra ainsi, comme cela se fait dans les Républiques et Etats de droit qui se respectent, confier la sécurité publique, qui est un domaine sensible et très sérieux, à des professionnels et des gens responsables et assermentés, à savoir aux forces de police, de gendarmerie, armées et forces spéciales qualifiées pour défendre les populations et leurs biens. C’est là, la bonne voie salutaire et nulle part ailleurs.
Le chef de l’Etat, en s’inquiétant luimême de la sécurité des personnes et des biens, prend de fait conscience qu’il existe un sérieux problème de sécurité dans le pays. Dès lors, faire l’état des lieux s’impose à lui tout d’abord.
Et aussitôt après, en fonction du diagnostic clair et édifiant, il doit prendre impérativement les mesures idoines appropriées pour régler durablement et efficacement la sécurité nationale, afin de préserver la tranquillité des citoyens, quel que soit leur lieu de résidence.
La sécurité nationale ce n’est pas un simple discours, elle exige des ressources humaines, matérielles et financières consistantes. Voilà pourquoi, il faut renforcer les effectifs de toutes les forces affectées à la sécurité, et comme vous le demandez si justement au gouvernement, monsieur le Président : «déployer tous les moyens requis pour faire face à ces fléaux, notamment dans les zones urbaines et périurbaines», de faire un «renforcement du maillage sécuritaire du pays en unités de police et de gendarmerie» et «le relèvement des effectifs, la mobilisation de tous les instruments juridiques et techniques, ainsi que l’amélioration de la formation et de l’équipement des personnels concernés».
Il faut joindre alors l’acte à la parole monsieur le Président, si vous tenez tant à la sécurité du pays, car au total, tout cela relève principalement de vos compétences, de votre responsabilité et volonté.
Pour rappel : «La stratégie de sécurité nationale a pour objectif de parer aux risques ou menaces susceptibles de porter atteinte à la vie de la Nation. Sa première finalité est de défendre la population et le territoire, car il s’agit du devoir et de la responsabilité de premier rang de l’Etat.»
LES CRAINTES DU BÂTONNIER
EXCLUSIF SUD QUOTIDIEN - Me Amath Bâ estime que le procès de Karim Wade risque de porter un coup à l'image de la justice et de la démocratie sénégalaises
Baye Oumar Gueye et Abdoulaye THIAM |
Publication 19/03/2015
Me Amath Bâ brise le silence. Le bâtonnier de l’ordre des avocats, qui est l’invité du quatrième numéro de Grand Format du groupe Sud Communication, tire la sonnette d’alarme sur les risques que le procès de Karim Wade pourrait avoir sur l’image de la justice sénégalaise mais aussi sur sa démocratie. Dans cette interview exclusive réalisée le 27 février dernier, l’avocat suggère également la révision de tout le dispositif de lutte contre la corruption. Parce que, selon lui, «la volonté politique n’est pas suffisamment forte pour aller le plus loin possible dans la lutte contre la corruption». Mieux, ajoute-t-il, «les poursuites ne doivent être politisées, sélectives et attentatoires aux libertés fondamentales, aux droits des gens».
Avec le recul, quelle analyse faites-vous du procès de Karim Wade dont le verdict est attendu le 23 mars prochain ?
C’est un énorme plaisir de me retrouver dans les locaux de Sud FM. J’ai eu, au cours de mon cursus, à rencontrer des amis qui étaient de cette maison. Je pense notamment à Moussa Paye, à Ibrahima Fall, journalistes émérites, tous deux aujourd’hui disparus. Je m’incline et prie pour le repos de leur âme. J’ai aussi cheminé avec des amis comme Abdou Latif Coulibaly, avec qui j’étais sur les bancs de la faculté pour les études de droit et d’autres encore. Je voudrais à tous leur adresser un salut amical et fraternel.
L’affaire Karim Wade est un procès important qui a marqué les esprits et qui est surmédiatisé. Mais je voudrais qu’on se focalise davantage sur les leçons à tirer de cette première expérience, de ce premier procès pour tirer les enseignements par rapport à cette question de la traque des biens mal acquis, les enseignements par rapport à la lutte contre la corruption. C’est une question qui préoccupe les Etats, les avocats, les gens de justice, notamment la société civile, l’opinion. Je rentre d’une réunion à Niamey où il y avait tous les barreaux de l’Uemoa, et d’autres barreaux étrangers.
Tous les bâtonniers de l’espace Uemoa se sont arrêtés pour réfléchir sur la corruption dans le milieu judiciaire. Un confrère a utilisé cette belle expression pour dire que c’est devenu un «fléau communautaire». Dans l’affaire Karim, je m’intéresse plus aux perspectives qu’au procès.
Le bâtonnier, c’est celui qui est chargé de rappeler et de connaître les règles. Par conséquent, il doit être le premier à les respecter. Donc, il n’est pas de nos usages professionnels d’évoquer des affaires qui sont pendantes, en cours, surtout quand on n’est pas dans l’affaire, on n’est pas avocat de la cause.
Alors en ce qui concerne les connaissances, vous savez très bien que ce qui est demandé à l’avocat, c’est une compétence avérée. Malheureusement, de plus en plus dans des domaines très larges, on demande à l’avocat d’être compétent dans toutes les disciplines du droit. Ce qui est pratiquement impossible. Mais nous encourageons les avocats à aller vers des spécialisations. J’espère que nous y reviendrons parce que c’est un point important de mon mandat.
J’ai mis l’accent sur la formation continue et la formation initiale. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, la justice ce n’est pas simplement le prétoire. Le prétoire, ce sont des litiges, mais aussi des affaires qui sont dénouées devant les tribunaux. L’avocat doit dénouer d’autres litiges qui ne viennent jamais au tribunal. Et le fait de se focaliser simplement sur un contentieux, dans un contexte qui est marqué par les dysfonctionnements, parfois la corruption, cela peut expliquer pourquoi - et je vais vous surprendre en faisant tomber un mythe car - les gens pensent que les avocats sont des gens riches. Il y a une grande précarité dans le milieu judiciaire, particulièrement dans le secteur des avocats. Alors pourquoi ? On aurait certainement le temps d’y revenir.
Vous avez été appelé à intervenir dans ce procès plusieurs fois. Quelle est votre première observation dans son déroulement ?
Alors la première observation, c’est que très tôt j’ai demandé l’autorisation au président de la CREI d’intervenir dès le premier jour du procès. Et j’étais venu avec un discours écrit de 2 à 3 pages. Mais c’était essentiellement un appel à la sérénité. C’était aussi une façon de lancer un appel à tous ces avocats, parce que les avocats de la défense de Karim Wade étaient nombreux et tous ne sont pas des Sénégalais.
Il y a également des anciens bâtonniers. Notamment un ancien bâtonnier qui est venu de Paris Me Fartois. Il y a des anciens bâtonniers Sénégalais, Me Félix Sow, Me Yérim Thiam, et deux bâtonniers en exercice. Le bâtonnier Sir Djikoué du Bénin et le bâtonnier Pierre Olivier Sur du barreau de Paris.
Il y avait là suffisamment d’avocats responsables connaissant les bonnes pratiques d’audience, les règles professionnelles pour permettre que les débats se déroulent dans la sérénité, dans la courtoisie. Et j’ai eu à donner ce message en disant que j’ai beaucoup de choses à faire et j’espère que je viendrais le moins souvent possible pour intervenir. Et chaque fois qu’il y aura un incident, je donne pouvoir aux bâtonniers qui sont dans la salle pour traiter et résoudre les incidents.
Malheureusement vous avez été contraint à intervenir plusieurs fois ?
Je ne suis revenu pas plusieurs fois mais peut-être trois ou quatre fois. Vous allez me dire que c’est déjà beaucoup, surtout la dernière fois il y a eu une rupture. Les avocats de la défense sont partis pour ne jamais revenir jusqu’à ce que l’affaire soit plaidée et mise en délibéré.
Qu’est ce qui s’est réellement passé?
Sans rentrer dans trop de détails, il y a eu un avocat qui a été expulsé de la salle, en l’occurrence Me Amadou Sall. Le fait, il faut le souligner n’était pas sans précédent, mais il était d’une particulière gravité.
En quoi?
Parce que le président a la police de l’audience. Mais vous imaginez un président qui dit : «sortez cet avocat !». Et qui demande aux gendarmes de venir sortir l’avocat. Et les autres avocats qui font une sorte de haie pour dire : «si vous devez le sortir nous sortirons tous avec lui».
Heureusement, il n’y a plus de grenades (rires). Les avocats ont fini par quitter la salle. J’ai considéré et le barreau avec moi que l’incident était trop grave. Quand je suis allé voir le président, j’ai eu à dire sans rentrer dans les détails que je ne souhaitais pas qu’il y ait encore un avocat expulsé de la salle. D’abord, parce que je m’interrogeais sur la base légale et j’en avais pas trouvé. Et je ne pense pas qu’un président d’une quelconque audience puisse expulser un avocat d’une salle d’audience. Et ça c’est la position d’aujourd’hui du conseil de l’ordre qui a considéré à l’unanimité que le bâtonnier à eu raison de dire qu’il y avait pas de base légale. Maintenant, il faut considérer que cet incident a été réglé pour permettre aux avocats de revenir dans la salle d’audience.
Grâce à vous?
C’est trop dire. On a fait la médiation et la cour était dans les bonnes dispositions pour oublier l’incident et permettre à l’avocat Me Sall de reprendre sa place. Ça aussi c’est la vérité historique des faits.
Au début du procès une exception avait été soulevée concernant des avocats ayant servis l’Etat en tant que ministre ou autre. Peut-on s’attendre à d’éventuelles sanctions contre les avocats qui ont enfreint cette disposition de l’ordre.
Ce débat s’est posé effectivement en particulier au début. J’ai été interpelé parce que certains avocats considéraient que c’était au bâtonnier et aux conseillers de l’ordre de dire que ces avocats, compte tenu des fonctions ministérielles occupées dans une période antérieure à trois ans, par le passé, ne pouvaient plaider ni pour ni contre l’Etat du Sénégal d’ailleurs. J’ai considéré que c’est une disposition d’une loi, même si c’est une loi sur l’exercice de la profession d’avocat. Ça reste une loi et lorsque l’interprétation de la loi est posée sous forme d’incident ou d’exception liminaire dans le cadre d’une audience, il appartient à la juridiction qui est saisie de trancher la question.
Bien entendu, ça, c’est une position personnelle mais largement partagée. Et ce n’était pas la première fois d’ailleurs que cela s’est posé. Il y a eu des juridictions qui ont eu à se prononcer sur cet incident. Lorsque cela a été notifié à la CREI, l’incident a été vidé d’une certaine façon. La cour a considéré qu’elle n’avait pas suffisamment d’informations pour dire que ces avocats ne devaient pas plaider. Et les avocats sont revenus ensuite pour dire que la CREI a presque dégagé en touche, en disant qu’il appartenait aux avocats de régler cette question là. Mais j’avoue qu’entre temps, elle a été rattrapée et dépassée par l’actualité.
Comment expliquer la sur-médiatisation du procès notamment par les avocats?
Il y’a un aspect ou des volets de la sur-médiatisation qui ne dépendent pas des avocats. Il faut être juste. Maintenant, c’est vrai que les avocats, eux-mêmes, contribuent d’une certaine façon à cette sur-médiatisation, pour plusieurs raisons. Parfois, ils considèrent qu’ils n’ont pas la possibilité de s’exprimer librement à tort ou à raison. Et, ils considèrent qu’il faut un relais. Et, le relais, c’est la presse.
Parfois, ils considèrent qu’il y’a des dérapages, peut-être des excès qui sont constatés ici et là qu’il faut dénoncer. J’avoue que, pour l’essentiel, chaque fois qu’il y’a eu des points de presse, des conférences de presse, j’ai reçu neuf fois sur dix au moins des demandes et j’ai autorisé ou refusé d’autoriser selon le cas.
Pour combien de fois avez-vous refusé ce genre de demande ?
Très rarement, parce que, si vous voulez, il y’a un souci d’équilibre. Par exemple, lorsqu’on a été confronté au problème d’expulsion de El hadj Amadou Sall. Pendant qu’on est en train de faire des médiations pour régler, non pas seulement le problème de El hadj Amadou Sall, parce qu’après l’expulsion, on avait fait presque le rappel des doléances, et on essayait d’éviter cette rupture, cette cassure qu’il y a eu, et qui a fait que les avocats ont quitté la salle d’audience.
Alors, pendant ce temps, ils (avocats de la défense) voulaient faire un point de presse et moi, j’ai dit non. Je leur ai demandé d’attendre au moins qu’on aille au bout de ces démarches pour voir ce qu’elles donnent avant d’autoriser ou non la conférence de presse. Mais, en règle générale, j’autorise les avocats à parler même si je constate et je déplore, souvent des dérapages de la part des avocats dans la communication par rapport à l’affaire.
Effectivement, il y a eu beaucoup de dérapages notamment des invectives, des insultes… Comment appréciez-vous l’attitude de vos collègues ?
Parfois, il y’a des dérapages qui nous poussent à mettre en œuvre des procédures. Lorsqu’il y’a des manquements aux règles de déontologie professionnelle à certaines règles, le Bâtonnier peut s’autosaisir et décider, dans telles affaires, de désigner un rapporteur. Parfois, il peut interpeler l’avocat et lui demande de s’expliquer et parfois, il peut aller au-delà. Par exemple, dans ce dossier Karim Wade où il y’a eu parfois des dérapages, j’ai demandé aux avocats d’intervenir, aux bâtonniers d’intervenir lorsqu’il y’avait des incidents. Récemment, ils m’ont dit : «Bâtonnier, on interviendra plus. On interviendra plus parce que, parfois, en plein audience nous nous sommes faits insulter». J’ai eu même parfois à faire parfois un communiqué de presse pour rappeler les uns et les autres à l’ordre. On est même allé plus loin. On a sanctionné un avocat en conseil de discipline parce qu’il y’a eu des propos discourtois à l’égard d’un ancien bâtonnier. Mais, on ne fait pas trop de communication sur ces questions.
Quelle était la nature de la sanction ?
Il a été suspendu trois mois avec sursis. Il a fait appel pour revenir sur la décision. C’est son droit de faire appel.
En fin de compte, pensez-vous que ce procès a pu relever le défi de la lutte contre des biens supposés mal acquis ?
Ce serait assigner à ce procès une trop grande mission. Il est peut-être un début dans cet exercice de traque des biens supposés mal acquis. Mais je pense qu’il va falloir peut-être, je ne sais pas quand, s’arrêter et évaluer. Évaluer le déroulement du procès parce que, c’est quand même regrettable dans une affaire comme celle-ci, pour l’image de la justice, la crédibilité de la justice, qu’on arrive à un procès où les avocats ne plaident pas.
C’est très grave. C’est dommage qu’on arrive à un procès où, on est obligé d’expulser un avocat d’une salle d’audience. C’est très grave ! Mais, allons plus loin. Le dispositif d’ensemble lui-même, dans lequel se déroule ce procès : c’est-à-dire la Cour de répression, la loi sur l’enrichissement illicite, il y’a un gros problème par rapport à la notion de procès équitable.
Cette décision qui va tomber n’est pas susceptible d’appel. Or, la notion de procès équitable mais la voie de recours est un aspect central de la notion de procès équitable.
La CREI a fait l’objet de beaucoup de contestation, notamment avec l’inversement de la charge de la preuve, l’impossibilité de faire appel etc. Mais, elle reste quand même dans l’ordonnancement juridique du Sénégal. Faudra-t-il supprimer cette juridiction ou plutôt procéder à la modification de certains de ses articles ?
Je vais donner une réponse plus large. C’est tout le dispositif de lutte contre la corruption qu’il faudra revoir. On a parlé de la Crei, du procès équitable. La plupart des pays considèrent qu’il faut avoir une telle incrimination : l’enrichissement illicite.
Il faut poursuivre pour enrichissement illicite. Il faut lutter contre la corruption. Et le Sénégal ne le fait pas comme ça de manière isolée. Il y’a des conventions internationales : Mérida au plan de l’Union européenne, l’Union africaine et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest. Il y’a des conventions internationales qui obligent les États à avoir un dispositif de lutte contre la corruption.
Le gros problème c’est que, certains États font le service minimum sous prétexte d’être en adéquation avec les conventions internationales, on a eu ici une structure de lutte contre la corruption pendant des années qui n’a rien fait.
Aujourd’hui, quel est le dispositif global ? Vous avez la Crei, vous avez la loi sur l’enrichissement illicite, vous avez les infractions de détournement de deniers publics, vous avez l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac), l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp). Tout ça, c’est un dispositif. Nous sommes en train de réfléchir en tant qu’avocat pour faire une conférence internationale sur ces questions de la corruption.
Pour quand ?
C’est prévu pour 2015, et on a des partenaires qui sont déjà en train de travailler avec nous. Il faudrait qu’on évalue tout le dispositif. Mais, il y a une exigence majeure, c’est que la justice doit être crédible. Ceux qui sont poursuivis doivent être à l’aise avec la décision du procès, le déroulement du procès, leurs droits, l’exercice des droits et par la défense. Il faut que l’on garantisse cela.
Est-ce à dire que le procès de Karim Wade pourrait jeter un discrédit sur la justice sénégalaise ?
Si ce qu’on a dénoncé doit se reproduire encore, il y’a un gros problème. Le problème de la justice c’est la confiance des citoyens. Si les citoyens n’ont pas confiance, les acteurs essentiels, les avocats n’ont pas confiance, il y a un gros problème. Sous prétexte de lutter contre la corruption en réalité vous discréditez davantage la démocratie et la justice.
Autrement les résultats attendus ne seront pas rendez-vous ?
Je n’irais pas jusque là. Il y’a une envie qui est bonne. Il y’a une direction qui est bonne. Il faut évaluer. Et il faut prendre du recul. Les poursuites ne doivent pas être politisées. Les poursuites ne doivent pas être sélectives. Les poursuites ne doivent être attentatoires aux libertés fondamentales aux droits des gens. La notion de liberté est capitale. La détention est l’exception et non la règle. Ça aussi est valeur cardinale pour les gens épris de justice.
On dit que quand la politique entre par la porte, la justice en sort par la fenêtre. Nous sommes maintenant à l’heure du verdict. Qu’en dites-vous ?
Il y’a matière à s’arrêter, évaluer, réfléchir et redresser. Encore une fois, personne n’est contre la lutte contre la corruption. Maintenant, c’est vrai que certains ne la veulent pas. Il y’a dans le pays des gens qui ne sont pas d’accord avec la lutte contre la corruption et cela ne date pas d’aujourd’hui. Je vous ai rappelé, la commission de lutte contre la non transparence n’a rien fait et dans l’exposé des motifs de la loi sur l’Ofnac, on vous dit que c’est un échec. On dit que les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous.
Est-ce un problème d’homosenegalenesis, d’arsenal juridique ou de volonté politique ?
C’est un ensemble de choses. La volonté politique n’est pas suffisamment forte pour aller le plus loin possible dans la lutte contre la corruption. Ce n’est pas hier, encore moins aujourd’hui. C’est depuis tout le temps au Sénégal. C’est vrai que si vous comparez l’Ofnac à la commission antérieure de lutte contre la non transparence et la corruption qui était là, l’Ofnac est un pas. J’ai assisté à la cérémonie de prestation de serment et je l’ai signalé. L’Ofnac a des pouvoirs plus importants. Le destinataire des enquêtes de rapport de l’Ofnac est le procureur de la République alors que dans l’autre structure on envoyait les rapports au Président de la République. Il n’y pas que cela, l’Ofnac a des moyens d’agir, normalement, son budget est disponible dès le début de l’année alors que les autres disaient qu’ils n’avaient pas de moyens.
Mais il a fallu la sortie au vitriol de la directrice de l’Ofnac pour qu’on se rende compte qu’il y avait là aussi beaucoup de manquement, notamment sur la mise en place du budget, le refus des certaines autorités qui gèrent les affaires publiques de se soumettre à cette loi. Quel commentaire ?
Très certainement, il y’a des insuffisances. Mais le progrès est net. A part l’OFNAC, il y’a la Cour des Comptes, l’IGE, l’ARMP. Il y’a énormément de structures. Maintenant, il faut voir si c’est un problème de dispositif de structures, d’institutions, règles, d’hommes ?
Est-ce que c’est ce problème que nous avons ou c’est beaucoup plus complexe. Je considère que la volonté politique doit s’affirmer de manière plus claire. Il faut dire les choses comme qu’elles sont.
Sur les poursuites il y’a matière à dire, sur le pouvoir du parquet, sur le statut du parquet, il y’a une réflexion à faire.
S’il y’a la volonté d’aller le plus loin possible de fixer des règles claires qui s’appliquent à tout le monde, on a les compétences nécessaires pour arriver à trouver de bonnes formules.
J’ai même l’impression qu’on a un arsenal très peu important, qu’on aurait pu simplifier les règles institutionnelles, les mécanismes et faire en sorte que cela marche.
Et ceux qui sont chargés d’appliquer les règles, de dire le droit, poursuivre, juger, doivent être irréprochables (rires).
LE GRAND ABSENT
Son dossier confié à un magistrat instructeur, El Hadji Amadou Sall devrait attendre des mois en prison avant d'être jugé et, ainsi, rater le verdict du procès de Karim Wade lundi prochain
Me El hadji Amadou Sall, ancien garde des Sceaux sous le régime de Wade, ne sera pas jugé avant 6 mois, le temps que doit durer au maximum l’instruction de son dossier judiciaire qui a été transmis à un magistrat instructeur.
Dans sa livraison d’hier, le journal Le Quotidien indiquait que Me El hadj Amadou Sall risque de ne pas assister au délibéré du procès de son client, l’ancien ministre d’Etat Karim Wade, jugé par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Cette hypothèse se confirme davantage.
Selon une source bien au fait de cette affaire judiciaire, le dossier de l’avocat et membre du comité directeur du Parti démocratique sénégalais (Pds) est envoyé en instruction. Ce qui laisse entendre que Me El hadj Amadou Sall ne sera pas jugé avant 6 mois, le temps que doit durer au maximum l’instruction.
L’ancien garde des Sceaux et ministre de la Justice sous le règne du Président Abdoulaye Wade gardera sans nul doute la prison pendant de longs mois avant d’être édifié sur son sort.
Pour rappel, Me El hadj Amadou Sall, membre du comité directeur du Pds, qui est tombé sous le coup de l’article 80, a été placé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt de Rebeuss, ce mardi, pour offense au chef de l’Etat et atteinte à la Sureté de l’Etat.
Ses ennuis avec la justice sont consécutifs aux propos qu’il a tenus dimanche dernier à Guédiawaye, dans la banlieue dakaroise, lors d’un meeting organisé par les membres des mouvements soutenant l’ancien ministre d’Etat, Karim Wade, actuellement en prison et dans l’attente du verdict de son procès prévu le 23 mars prochain.
«Si jamais Macky Sall fait emprisonner Karim Wade, il ne passera pas une seule nuit au Palais», avait déclaré en guise de mise en garde à l’endroit du chef de l’Etat, Me El Hadj Amadou Sall devant une foule en liesse.