Les jeux de paris sportifs ne cessent d’électriser la jeunesse. La prolifération des salles de jeux et la montée fulgurante des plateformes en ligne ont occasionné l’adhésion en masse d’une bonne partie des jeunes. La ferveur provoquée par ces jeux de hasard devenus plus accessibles avec la digitalisation, vicie l’école. De plus en plus, les élèves adhèrent à ce fléau qui impacte négativement leurs études. Les acteurs de l’éducation et de la société civile qui cherchent aujourd’hui les voies et moyens de stopper le fléau, pointent du doigt la responsabilité de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) et de l’Etat qu’ils invitent à règlementer le secteur.
Les jeux de hasard sont autorisés au Sénégal depuis 1966 par la loi n°66-58 du 30 juin 1966 portant organisation et règlement des établissements de jeu. Aujourd’hui, ce n’est plus la roue qui tourne pour laisser tomber lentement les boules. On constate plutôt une montée en puissance de ces jeux de hasard surtout les paris sportifs devenus plus accessibles. L’arrivée de plateformes en ligne s’ajoute aux kiosques de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) qui poussent comme des champignons à travers les rues de Dakar.
Ndèye Sène, une caissière de 36 ans, est aux avant-postes pour observer combien les paris sportifs gagnent du terrain au Sénégal. Sa salle de jeux, sise à Dalifort, est le lieu de rendez-vous des parieurs du coin, tous âges confondus. Adultes comme mineurs s’y adonnent à ces jeux de hasard. «Chaque jour j’ai l’impression que les parieurs deviennent de plus en plus nombreux», souligne-t-elle. En moyenne, elle reçoit une centaine de parieurs par jour. Le résultat de cette facilité d’accès a fini par exposer bon nombre de jeunes à l’addiction. Les mineurs qui défilent dans sa boutique constituent une bonne partiede la clientèle, environ une vingtaine. Vingt sur cent, cela fait un quart de jeunes qui sont en plein dans l’infraction.
«J’aimerais pouvoir arrêter (de jouer), mais… »
Aujourd’hui, même si des statistiques officielles sur le nombre de jeunes joueurs manquent, beaucoup d’élèves consacrent la majeure partie de leur temps à cette activité à laquelle ils deviennent dépendants. Le jour où on est passé dans sa salle de jeu, 6 joueurs accrochés aux manettes affirmaient ne pas avoir atteint l’âge de parier. Des élèves parieurs qui voient souvent leurs performances scolaires chuter, certains finissant même par abandonner les études au profit de la quête de l’argent facile. Pourtant selon les textes de la Lonase, il est interdit aux «moins 18 ans» de participer aux jeux de hasard, notamment à travers le décret n°2018-489 du 26 février 2018 disposant que «seules les personnes majeures sont admises à participer aux jeux de hasard, de loteries, de pronostics et assimilés exploités par la Lonase». Mais cela semble n’être que de la théorie. Dans la pratique, en matière de paris, les plus jeunes dament le pion aux adultes. Cette massification effrénée des parieurs a permis à la société publique d’enregistrer, au terme de l’exercice 2022, un chiffre d’affaires record de 266 milliards 84 millions 511 823 F sur un objectif de 250 milliards. Soit un dépassement de plus de 16 milliards. Contre 50 milliards de francs Cfa misés dont 40 milliards reversés aux gagnants en 2021, soit 10 milliards de bénéfices.
Vendredi 10 novembre 2023, au quartier Cité-Avion de Ouakam. Talla et ses amis sont en pleine discussion sous l’ombre d’un bâtiment. Scotché à l’écran de son téléphone, le jeune homme consulte le programme des matchs du jour. Elève en classe de Première L, il s’adonne au pari-foot depuis un an. Même s’il est conscient que c’est une pratique qui peut négativement affecter ses résultats scolaires du fait qu’elle le prive du temps de révision nécessaire et le «déconcentre parfois» durant les cours, il n’envisage pas d’arrêter de sitôt. «J’aimerais pouvoir arrêter (de jouer), mais pour dire vrai, ça fait partie maintenant de mon quotidien. Non seulement je prends plaisir à le faire, mais cela me permet de gagner de l’argent. Et ces petites sommes que je gagne parfois peuvent servirà acheter des chaussures, des habits ou encore un bon téléphone».
«Mes parents me soutiennent (financièrement)»
Talla n’est pas le seul élève parieur dans son groupe. Tous, quasiment, se consacrent à la pratique qui ne cesse de monter en puissance. Le Bet (parier en anglais) n’a été introduit au Sénégal qu’en 2018, selon un article du journal Le Monde. Aujourd’hui, le nombre exact de parieurs n’est pas connu. Cependant, 1Xbet qui ne faisait même pas partie en 2020 du top 20 des sites les plus visités au Sénégal se situe aujourd’hui à la 8e place en 2021, selon le classement d’Alexa. Le classement Alexa est un système de classement mondial (et une filiale d’Amazon.com) qui utilise les données de trafic web pour lister les sites les plus populaires. Il classe littéralement des millions de sites par ordre de popularité. Plus votre classement Alexa est bas, plus votre site est populaire. Ce qui montre combien les paris en ligne mobilisent une grande partie de la jeunesse. Moussa, 18 ans, camarade de classe de Talla, a commencé à jouer depuis le collège. Mais à l’en croire, ce n’est pas pour gagner de l’argent. «Mes parents me soutiennent (financièrement). Je joue juste par passion. Je suis un grand fan de foot», lance-t-il, sourire aux lèvres.
A Dalifort, certains jeunes sont aussi pris par la fièvre des paris sportifs. Abdou Ndiaye en fait partie. Assis juste à l’entrée d’une salle de jeu, le jeune homme élancé et frêle est concentré sur son téléphone. Ses amis sont à l’intérieur de la salle. «J’aime le foot. En regardant les matchs, je voyais des publicités sur les paris sportifs, je me suis dit pourquoi ne pas essayer. Au début, je jouais dans les points de vente de la Lonase. C’est ainsi que j’ai pris goût au jeu. Maintenant j’utilise les applications de pari. C’est plus rapide et plus facile», déclare l’élève de Terminale.
Pour ces élèves qui n’ont pas l’expérience de la gestion pécuniaire, les problèmes financiers sont fréquents. En plus des pertes récurrentes, ils empruntent de l’argent pour miser. «Je demande souvent à mes amis ou à certaines connaissances de me prêter 500 F ou 1 000 F afin de pouvoir jouer. Dès que j’ai une petite monnaie, je pense au jeu. L’argent que mes parents me donnent pour l’école, je l’utilise pour parier. Je n’arrive pas à m’en passer. Ce qui m’intéresse c’est de miser afin de gagner. C’est la perte qui constitue le véritable problème. On ne veut pas rester sur un échec ; c’est ce qui nous pousse à jouer encore et encore», relate Abdou Ndiaye. Une spirale entretenue par le fait que lui et ses camarades jouent en ligne. Ils peuvent donc jouer à toute heure, ce qui n’est pas le cas avec les kiosques.
Il échoue à deux reprises au Bac à cause du jeu
Alioune Kane est tombé dans ce labyrinthe. Ce garçon de 22 ans au teint clair, rencontré à Dieuppeul Derklé, est un nouveau bachelier qui vit une expérience «compliquée» avec les paris sportifs. Avec ses amis du lycée, Alioune jouait aux paris sportifs pour le «fun». Mais, au fil des semaines, le jeu est devenu une obsession pour lui. Son temps était pris par les paris et sa concentration sur les études a baissé. Alioune jouait constamment afin de se refaire, mais les nombreuses pertes ont fini par saper sa motivation. «C’est ainsi que j’ai perdu le fil. Je ne dirais pas que c’est à cause des paris que je n’ai pas réussi mon Bac, mais ça fait partie des causes. Parce que même en classe je pensais trop aux paris. J’ai obtenu mon Bac cette année après deux tentatives. Je suis orienté à l’Université Cheikh Anta Diop. Je me demande comment je vais faire pour me concentrer sur mes études universitaires, qui sont exigeantes», confie Alioune Kane. Une inquiétude renforcée par le fait que ce dernier a pris conscience de son addiction. Mais, son attirance pour les paris reste intacte. «Je n’ai jamais fait de test ou consulté un spécialiste. Cependant, le fait que cela me prend souvent toute la journée, montre clairement que je suis devenu accro. Ça me pose vraiment un problème, c’est une question assez taboue et je ne pense pas que je vais en parler autour de moi», se désole-t-il.
L’addiction aux jeux de hasard en ligne est en train de faire des ravages au sein des parieurs. Dans un entretien accordé au quotidien national Le Soleil, l’addictologue Idrissa Ba a expliqué que «des études effectuées en 2018 puis reproduites en 2019 montrent que plus de 95 % des parieurs de la Lonase sont des joueurs problématiques ; 50 % d’entre eux sont des joueurs excessifs qui souffrent de problèmes de santé mentale».
Si les jeux sportifs qui gagnent de plus en plus de terrain au sein de la jeunesse sénégalaise hantent le sommeil des parents, c’est parce que surtout, ces derniers trouvent qu’ils «contribuent grandement» à l’échec de beaucoup d’élèves aujourd’hui. Tidiane Ly du quartier montagne de Ouakam fait partie de ces parents d’élèves qui alertent sur les conséquences dangereuses de la nouvelle «drogue» sur les résultats scolaires. Son fils qui reprend la classe de terminale cette année, est un adepte des Xbet que M. Ly estime être à l’origine de l’échec de son fils au bac l’année dernière. «De son école primaire à ses débuts au lycée, en passant par le collège, il a toujours été bon. Sa moyenne générale était toujours comprise entre 12 et 14. Mais depuis qu’il a découvert les jeux de pari, par l’influence de ses camarades, il ne fait plus de bons résultats. L’année dernière, non seulement il a échoué au bac, mais s’est retrouvé avec un moyenne générale (les deux semestres confondus) de 10», révèle M. Ly qui invite l’Etat à prendre des mesures pour endiguer le fléau «en procédant à l’interdiction des applications de paris sportifs sur les Smartphones au Sénégal».
L’Etat et la Lonase au banc des accusés
Pour Abdoulaye Fané, président de l’Union nationale des associations de parents d’élèves et d’étudiants (Unapees), il existe aujourd’hui plusieurs facteurs qui impactent négativement la scolarité des enfants. «Après l’alcool et la cigarette électronique, il y a le phénomène des paris sportifs qui se font notamment en ligne. Le problème avec ce fléau, c’est que la majorité des parents n’en sait pas grand-chose, et c’est très difficile à contrôler, d’autant plus qu’aujourd’hui ces jeux se font avec des applications mobiles», déclare Abdoulaye Fané. Le président de l’Unapees dénonce une «inaction de l’Etat du Sénégal» face à cette menace sur l’école. «Même si on interdisait les téléphones portables dans les établissements scolaires, les élèves continueraient à jouer une fois chez eux. La première responsabilité incombe à l’Etat qui a laissé faire. Ce que nous, Unapees, pouvons faire à notre niveau, c’est de porter l’alerte. Et nous sommes en train de le faire à travers les réseaux sociaux», souligne-t-il.
M. Fané regrette le fait que, malgré toutes les alertes que la structure qu’il dirige a lancées sur le danger des jeux de «Pari foot» et les produits qui infectent le milieu scolaire, la situation ne s’améliore guère. Le président de l’une des plus grandes représentations d’élèves et étudiants fustige également l’attitude de certains parents qui influencent leurs enfants. «Tout ce que le petit maure fait, il l’a appris sous la tente, dit l’adage. Il serait difficile, pour le parent qui s’adonne à ces jeux d’empêcher son fils de le faire. Donc, c’est aussi aux parents de faire preuve de responsabilité et d’exemplarité», conseille-t-il.
Serigne Faye est notable au quartier Darou Salam de Pikine. Ce père de famille est très impliqué dans les activités du quartier. Il prend le thé avec ses amis en ce début d’après-midi du samedi 25 novembre. Serigne, assis, le regard fixé sur la salle de jeu en face, constate avec désolation l’affluence des jeunes vers ce lieu de jeu. «Les paris sportifs ou les jeux de hasard globalement, ce n’est pas mon truc. Je n’y touche pas. Chaque jour que Dieu fait, j’essaie de tout faire pour que mes enfants ne s’en approchent pas. Vous avez vu, la salle de jeu est juste à côté de ma maison, pour moi donc c’est un véritable combat», balance Serigne Faye. Il s’efforce sans relâche à dissuader les jeunes de jouer, en les alertant sur les risques de la pratique. Un rôle de contrôle difficile à assurer. Pour lui, si un enfant vient pour jouer aux paris sportifs, c’est que quelque part ses parents n’ont pas joué leur part. «Pour certains gosses je peux me permettre de leur parler pour les convaincre à arrêter de jouer, parce que j’ai des liens avec eux. Mais pour d’autres je n’ai aucun pouvoir sur eux. J’essaie de parler avec le gérant de la salle mais lui il n’est préoccupé que par le bénéfice», soutient Serigne.
La société civile inquiète
L’ampleur des paris sportifs inquiète, également, les acteurs de la société civile. Pour bon nombre de ces derniers, l’école sénégalaise est en train de subir les conséquences. A en croire Silèye Gorbal Sy, président de la Coalition nationale «Education pour tous», les jeux de pari constitueraient un motif d’abandon scolaire. «Le goût de l’argent facile et les frustrations entrainées par les pertes poussent les élèves parieurs à ne plus se concentrer sur les études. Ils deviennent pensifs durant les cours et parfois trouvent des prétextes pour sécher les cours», explique-t-il. Avis partagé par son collègue de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep). Cheikh Mbow considère que le danger est d’autant plus grand que le numérique et la digitalisation sont en constante progression dans la société. «L’accès à ces plateformes devient plus facile et le contrôle parental quasi impossible», dit-il. Une absence de contrôle marquée par le fait que le Sénégal ne dispose pas d’un organisme chargé de la surveillance des jeux en ligne. S’inscrire sur les applications de pari est devenu facile. Les bookmakers ne sont pas regardants sur l’identité du joueur. Il suffit de renseigner votre numéro de téléphone, votre nom et le tour est joué. Ce manque de surveillance se note aussi dans les salles de jeu.
Manque de structures de contrôle des jeux
Vendredi 17 novembre, le marché de Dalifort est animé. Le bruit des haut-parleurs des marchands se mêle aux klaxons des voitures. A l’entrée de ce lieu de commerce se trouve une salle de jeu qui ne passe pas inaperçue. Un vigile est assis devant la porte. A l’intérieur les parieurs composent leurs tickets en se basant sur les fiches collées sur les murs de la salle. Le sol est jonché de petits papiers jetés par les parieurs. Jusqu’ici, rien d’anormal. Mais c’est la présence d’Assane Guèye qui interpelle. Ce jeune de 17 ans affirme être un habitué des lieux. Il fait ses combinaisons sous le regard indifférent des gérants et du gardien. Une situation qui résulte du manque de structures de contrôle des jeux de hasard. Dans certains pays, les décideurs publics ont pris des mesures pour encadrer la pratique. En France, par exemple, l’Autorité nationale des jeux (Anj), créée en 2020, se charge de l’agrément des opérateurs. Ce qui lui permet de s’assurer que ces derniers suivent les règles établies. Elle assure aussi la protection des mineurs. Dans ce sens, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, équivalent de notre Cnra) veille à ce que les sites de jeux d’argent, interdits aux mineurs, vérifient bien l’âge de leurs utilisateurs.
Selon M. Mbow, outre les conséquences qu’ils engendrent sur le plan psychologique et social, les jeux de hasard peuvent être sources de déperdition scolaire de par un apprentissage insuffisant ou un décrochage prématuré. C’est le cas de Yancouba Cissé. Agé de 25 ans, le résident de Grand-Dakar travaille dans un magasin de produits électroniques. En attendant l’arrivée des clients, Yancouba tue le temps en regardant des vidéos sur les réseaux sociaux. Le jeune homme a subi les conséquences de son attirance pour les paris sportifs. «J’ai abandonné les études. Je n’étais pas très brillant à l’école mais je faisais de mon mieux pour réussir. J’ai stoppé mes études en classe de terminale», affirme-t-il. En effet, en classe de seconde, Yancouba Cissé a commencé à jouer aux paris sportifs. Chaque jour, aux heures de pause ou à la descente, il faisait un tour dans les kiosques pour parier. C’est ainsi qu’il a commencé à perdre petit à petit la concentration sur les études. «Avec les pertes qui s’accumulaient, j’avais envie de jouer afin de me rattraper. De ce fait je suis entré dans une boucle. J’ai commencé à demander de l’argent aux gens. C’est en ce moment que j’ai eu mes premières dettes. Avec le portable, j’ai basculé vers les applications en ligne. C’est là que j’ai perdu beaucoup plus d’argent. J’étais triste et stressé tout le temps à cause des pertes mais j’avais toujours cette envie de jouer. Après mon deuxième échec au Bac en 2021, j’ai décidé d’arrêter les études», relate Yancouba, l’air triste. Il a pris connaissance de la question de l’addiction plus tard, mais ne compte pas consulter un spécialiste. Il continue toujours de jouer aux paris sportifs.
Conséquences sur l’éducation et la formation
Le responsable de la Cosydep pointe du doigt la responsabilité des pouvoirs publics dans l’expansion du phénomène. A son avis, l’Etat devrait évaluer les répercussions potentielles des offres de jeux de hasard, de manière générale sur les jeunes et les élèves avant de les adopter, afin de réduire au minimum les dommages causés par de telles initiatives. M. Mbow estime que les conséquences des jeux de pari sur l’éducation et la formation des enfants sont incalculables, et que l’Etat ne devrait pas prioriser le profit. En effet, pour certains de ces jeunes, les paris sportifs sont devenus une drogue. Beaucoup ignorent le phénomène. Les rares qui vont voir un spécialiste ont déjà accumulé de nombreuses années de pratique pathologique dont ils ne parviennent pas à se défaire. Et, trouver un addictologue est souvent un véritable parcours du combattant. L’accompagnement pose problème.
La Lonase, sur son site internet, affirme disposer de spécialistes pour accompagner les joueurs addicts. Mais, le système ne fonctionne pas. «C’est juste une couverture pour donner l’apparence de prendre en considération la question», selon Idrissa Ba, addictologue au Centre de prise en charge intégré des addictions à Dakar (Cepiad). Contactée à plusieurs reprises, la Loterie nationale sénégalaise n’a pas donné suite à nos sollicitations d’interview. Le directeur exécutif et administratif de la Cosydep soutient dès lors, qu’il est nécessaire de disposer d’une gouvernance rigoureuse du secteur des jeux d’argent et de hasard. Il invite l’Etat à œuvrer pour un cadre normatif qui prend en compte les intérêts des élèves et un dispositif de régulation quotidienne. Pour lui, ce dispositif doit s’appuyer sur des moyens appropriés, pour permettre de recevoir des alertes, de limiter la publicité et de sanctionner sévèrement les fautes conformément aux lois en vigueur.
Pour bon nombre de ceux qui s’offusquent de la situation des paris sportifs au Sénégal, l’anarchie qui règne dans le secteur est à l’origine de tous les maux. En 2016, les salles de jeux qui poussent comme des champignons à Dakar, notamment dans la banlieue, avaient poussé l’Ong Jamra à alerter le préfet de Pikine afin que des mesures soient prises. «Nous avions interpellé Pape Demba Diallo, le préfet de Pikine sur la situation, en lui donnant des localisations précises où des salles de jeux de hasard étaient implantées à proximité de certains établissements scolaires: Yeumbeul Nord, Yeumbeul Sud, Djidah Thiaroye Kaw, Wakhinane Nimzat», raconte Mame Makhtar Guèye de l’Ong Jamra. «Le préfet avait fait une descente musclée à 2h du matin dans les endroits indiqués. Il avait visité une vingtaine de salles de jeux et de bars clandestins», ajoute-t-il. Cet «exploit» du préfet de Pikine avait conforté Jamra dans sa posture. Cependant, selon le président de ladite structure, la Lonase, consciente que l’Ong lui «mène la guerre, s’est érigée en donneur de mauvais exemple en mettant en place le projet pernicieux» des plateformes de jeux en ligne qui lui ont permis de gonfler son chiffre d’affaires de 16 milliards en 2022, ce que déplore M. Guèye. «La Lonase se vante de l’augmentation de son chiffre d’affaires. Ce qui est immoral. Parce qu’en amassant ces milliards, elle tue des jeunes, détruit des familles et déstabilise des ménages», souligne-t-il.
Les lanceurs d’alerte montent au créneau
L’ampleur prise par le fléau des paris sportifs n’inquiète pas seulement les acteurs de l’école. Cette situation préoccupe aussi les activistes qui, à travers les réseaux sociaux, élèvent la voix. Il s’agit, d’une part, de sensibiliser les parieurs sur les dangers et, d’autre part, inviter les autorités à prendre leur responsabilité pour une meilleure sécurisation du secteur. Pour rendre leur voix plus audible, un mouvement dénommé «Non aux paris sportifs» a été lancé au mois de novembre 2023. Selon l’initiateur dudit mouvement, la mise en place de cette structure vise une sensibilisation plus efficace. «Cela fait très longtemps que j’alerte à travers X (ex-Twitter) sur les ravages que sont en train de faire les paris sportifs, notamment les paris foot. Mais pour être plus pragmatiques, nous avons jugé nécessaire de mettre en place ce mouvement. Parce que nous avons noté que, de plus en plus, des influenceurs font la publicité de ces jeux à travers Facebook, Twitter, Instagram ou Tik Tok, tout en faisant des méfaits», a déclaré Seydina.
Des publicités racoleuses
En effet, ces annonceurs mettent en avant l’idée que les paris sportifs mènent vers la réussite sociale. Avec ces publicités racoleuses, les sites rivalisent d’imagination pour attirer les plus jeunes.
Pour prendre le contrepied des influenceurs des paris sportifs, «Non aux paris sportifs» compte ne plus limiter son action sur les réseaux sociaux. Le mouvement envisage de confectionner des affiches qui seront placardées au niveau des devantures des écoles et des universités, mais aussi des flyers et des prospectus qui vont être distribués pour sensibiliser les élèves et les étudiants sur les risques des jeux de hasard.
Seydina n’est pas seul dans le combat contre les paris sportifs. Bilo, très actif sur X (anciennement twitter), tente aussi de sensibiliser autant qu’il peut sur le danger que représente le phénomène de ces jeux de hasard. «Je fais des posts pour dire ce que je pense de la situation, dénoncer les dérives de ce fléau et sensibiliser sur ses conséquences», a-t-il expliqué. Il estime que si la situation a atteint son niveau actuel, c’est parce que les concepteurs de jeux ne mettent pas une sécurité maximale pour empêcher les plus jeunes, souvent influencés par l’environnement social, de jouer. Mais aussi et surtout selon l’internaute, parce que l’Etat n’a pas mis en place un dispositif pour veiller efficacement au contrôle de l’âge des joueurs.
Deux stars de l’arène sénégalaise en appoint
Les internautes qui alertent sur le fléau des paris fustigent l’attitude de certaines personnalités ou des influenceurs qui font la promotion des jeux de paris, tout en étant conscients des conséquences que ces jeux peuvent avoir sur la jeunesse, scolaire notamment. «Ce qui est regrettable, c’est le fait que des personnalités publiques font la promotion de cette chose, sachant qu’elles sont bien suivies par les jeunes qui les prennent pour exemples», déplore Bilo. En décembre 2022, Jamra s’était déjà attaquée à l’artiste chanteur, Pape Diouf et aux lutteurs Bombardier et Siteu qui faisaient la publicité de 1Xbet en arborant un T-shirt floqué du nom de la société de pari. Le président de l’Ong, en l’occurrence Mame Makhtar Guèye avait, par le biais d’une vidéo, appelé publiquement le leader de «Génération consciente» ainsi que les deux stars de l’arène sénégalaise à s’inspirer de Khalil Guèye, du nom de ce journaliste-animateur de la Radio télévision sénégalaise (Rts), qui avait refusé, dans les années 90, une offre très alléchante d’argent et une voiture qui lui avait été faite par une société de fabrique de tabac pour ne pas influencer les jeunes. Contacté, l’ancien présentateur de «Boulevard en musique» confirme avoir effectivement décliné ladite offre.
Si l’Etat du Sénégal tarde à entendre l’appel de la société civile qui l’invite à règlementer le milieu des paris sportifs, certains pays comme la Côte-d’Ivoire, où l’anarchie dans l’environnement des paris a commencé à prendre des proportions inquiétantes, ont pris des mesures allant dans le sens de réglementer le secteur.
La Lonase en mode «silencieux»
Nous avons essayé de rencontrer la direction de la Lonase afin de recueillir son avis sur la question et répondre à certaines accusations, en vain. Nous avons contacté le Directeur général qui nous a promis de nous mettre en rapport avec la cellule juridique de l’institution. Ce qui n’a pas été fait, malgré notre insistance. Nous nous sommes ensuite rendus au siège de la Lonase le 1er décembre 2023 pour nous entretenir avec la cellule de communication. Malheureusement, celle-ci n’a pas souhaité nous rencontrer.
ABDOURAHMANE DIOUF VA DEVOIR RÉGULARISER 13.792 PARRAINS
Le candidat de "Awalé", Abdourahmane Diouf est toujours dans la course pour participer à la présidentielle de 2024.
Le candidat de Awalé, Abdourahmane Diouf est toujours dans la course pour participer à la présidentielle de 2024. Après contrôle de son dossier par le conseil Constitutionnel, il lui a été signifié de revenir régulariser 13 792 parrains.
«Chers compatriotes, Je remercie tous les Jàmbaar du parti Awalé, les alliés de la coalition Abdourahmane Diouf et tous les sénégalais d’ici et de la diaspora pour leur soutien et leur confiance. Ensemble pour régulariser 13.792 parrains», a publié le candidat sur sa page Facebook.
MAMOUDOU IBRA KANE SOUTIENT AMADOU BA ET DÉMISSIONNE DU F24
Le leader du mouvement « Demain, c’est maintenant », a décidé de soutenir la candidature de l’actuel Premier ministre, Amadou Ba, ce, après avoir renoncé à la sienne.
Le journaliste Mamoudou Ibra Kane, leader du mouvement « Demain, c’est maintenant », a décidé de soutenir la candidature de l’actuel Premier ministre, Amadou Ba, ce, après avoir renoncé à la sienne.
« Le Mouvement citoyen Demain C’est Maintenant dont je suis le Leader vient de prendre la décision de soutenir la candidature de Monsieur Amadou Ba dans le cadre d’une alliance en vue de l’élection présidentielle du 25 février 202 », a-t-il déclaré dans une lettre adressée à Mamadou Mbodj, coordonnateur du F24.
Il ajoute: « Je tiens à vous en parler au nom du mouvement DCM tout en vous remerciant pour tout. Je vous souhaite une bonne continuation au service de notre cher pays, de sa démocratie, de sa stabilité et de sa cohésion ». Non sans admettre que « notre adhésion au F24 nous a donné l’heureuse occasion d’échanger avec des hommes et des femmes pétris de qualités et très patriotes ».
SANGOMAR, BIEN AU-DELÀ DU PÉTROLE
Nombreux sont ceux qui connaissent Sangomar à travers le pétrole qui y est apparu. Mais, à vrai dire, l’or noir n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan d’histoire du site.
Nombreux sont ceux qui connaissent Sangomar à travers le pétrole qui y est apparu. Mais, à vrai dire, l’or noir n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan d’histoire du site. Sangomar est le nom du génie qui occupe l’île depuis des milliers d’années. D’où l’importance de revisiter une partie de la vie de cette force surnaturelle. De revoir son rapport avec les hommes. De retracer son voyage avec Ngodaan, une Sérère de la lignée maternelle Simala et fondatrice du village de Dionewar, situé à l’Est du site sacré. Mais aussi, de jeter un coup d’œil sur ses richesses méconnues à cause du bruit sur le pétrole. Sangomar, c’est la réunion de la culture, de la nature, du mysticisme… Une île forestière posée au milieu de l’océan.
Par El hadji Fodé SARR
Le pétrole de Sangomar ! C’est le discours sur presque toutes les lèvres à l’échelle mondiale. Pourtant, il y a bien à voir et à apprendre derrière cette ressource qui attire tant de convoitises. Le site de Sangomar est, selon les sages, le fief de l’un des plus puissants génies du monde. Sa position géographique relève de l’insolite pur et dur. C’est un royaume d’arbres, d’herbes et d’arbustes perdu au milieu de l’océan. À partir de la terre ferme, l’œil contemplatif du visiteur tombe à peine sur un beau paysage brouillé par la distance. Un groupe de baobabs apparaît dans sa ligne de mire.
Le site de Sangomar est complètement replié sur lui-même et décalé vers le Couchant. Son vent frais du soir caresse les narines de la partie continentale et fait danser les cocotiers de Dionewar, dans les îles du Saloum. L’histoire de Sangomar est intrinsèquement liée à celle de ce village. D’ailleurs, on part de là pour une visite du lieu sacré.
Pour s’y rendre, une pirogue à moteur de 15 chevaux (cv) suffit pour le trajet. Une trentaine de minutes plus tard, on accoste. Et ce n’est pas inutile de prendre ses précautions. On peut parfois être mouillé par l’eau rejetée par les courants d’air. Mais, ce n’est pas méchant. C’est juste des éclaboussures.
Le site sacré de Sangomar existe depuis des temps immémoriaux. Il y a longtemps, Ngodaan, une femme sérère venue d’horizons lointains débroussailla deux endroits différents. D’abord, Sangomar et puis Dionewar où elle finit par s’installer en tant que fondatrice du village. Ngodaan était de la lignée maternelle Simala. En pays sérère, la lignée maternelle est un lien de parenté qui rattache la progéniture à la mère. Autrement dit, l’enfant porte le nom de son père, mais appartient à la lignée maternelle de sa mère.
Le mystère d’une histoire
À l’Est du site sacré de Sangomar, se trouve le continent où vivent les insulaires des communes de Dionewar, de Bassoul et de Djirnda. Les habitants de ces localités ont toujours bénéficié de la protection d’un grand génie. Le propriétaire du lieu sacré, Sangomar, dont le site porte son nom. Aujourd’hui, il est vénéré par la lignée maternelle Simala car, selon la tradition, le génie lui-même est de cette lignée.
Ainsi, les anciens racontent qu’une certaine Ngodaan, un ancêtre Simala, débarquait à Sangomar en provenance de localités lointaines, il y a plusieurs siècles en arrière. En compagnie de son frère du nom de Taaka, son arrivée sur l’île est le fruit d’un rêve. En quelque sorte, Sangomar était la terre promise de Ngodaan. Un être lui aurait apparu pour lui indiquer une contrée où elle devrait passer sa vie. Cet être n’est autre que le génie Sangomar. Il se révélera finalement à l’ancêtre Simala pour, ensemble, effectuer le déplacement vers le destin. Cet épisode de l’histoire est encore vivant dans la tête d’Ibrahima Ndong, petit-fils de Ngodaan et aujourd’hui plus âgé du village de Dionewar. L’héritage de cette dernière est aujourd’hui entre ses mains. Sous le poids de l’âge, l’homme de quatre-vingt-deux ans (82 ans) a les yeux larmoyants. Une voix vieillissante et rauque qui tremble. N’empêche, il raconte, l’esprit éclairé, l’histoire mystérieuse. « Pour indiquer à Ngodaan le lieu choisi, le génie Sangomar lui a fait connaître les signes révélateurs. Autrement dit, l’endroit promis devait abriter sept fromagers. Là, le génie faisait allusion au village de Dionewar. Un des sept arbres est encore en vie.
Le vieil homme est conforté par Ibarhima Diop dit Bira Coly. Pour apporter son grain de sel dans la discussion, le quinquagénaire avance : « C’est le génie lui-même qui a guidé Ngodaan jusqu’à Dionewar. Cette dernière devait protéger sa famille des exactions et persécutions subies dans le temps. Sous les conseils du génie, elle devait trouver refuge dans un endroit où il y a de l’eau. C’est-à-dire à Sangomar ».
Quand les deux ont atterri sur le site de Sangomar, les témoignages disent que Ngodaan croyait arriver à destination. Mais, par la suite, le génie l’ordonne de continuer vers l’Est pour occuper la forêt d’en face (actuel Dionewar). C’est comme ça que Ngodaan est arrivée sur le lieu indiqué pour s’y installer définitivement. La lignée maternelle Simala a donc habité Dionewar en premier lieu. En même temps, elle vénère le génie Sangomar, compagnon de l’ancêtre de Ngodaan.
Y aurait-il un rapport entre le pétrole et le génie Sangomar ?
L’une des attractions du moment, c’est le pétrole de Sangomar. Cependant, une question taraude. Du moins ceux des gens qui attachent une attention particulière au monde de l’invisible. Qui croit au surnaturel. Chez les populations riveraines du site de Sangomar (les insulaires), certains jeunes s’amusent même à s’interroger sur la position du génie Sangomar par rapport à l’exploitation du pétrole. Ressource apparue sur sa large zone. Cette préoccupation des uns et des autres n’est pas anodine. Sangomar se manifeste souvent par des mouvements bizarres et assourdissants. Surtout dans un passé récent où le génie avait fortement fait impression.
Un pêcheur insulaire s’en souvient : « Il y a eu une année où on pouvait entendre, même à des kilomètres de Sangomar, un bruit très fort de déferlement de vagues. La mer était agitée et secouée par le génie roi qui était probablement peu nerveux. Du moment qu’il est un génie protecteur, je suis convaincu qu’il n’abandonnera pas le peuple riverain dans des choses préjudiciables. Donc, s’il voit que le pétrole est une bonne chose pour ses protégés, il n’y aurait pas de problème pour l’utilisation sereine de la matière. Mais, par contre, s’il sait que l’exploitation va être faite pour le malheur des riverains, il ne va jamais se laisser faire ».
Il est certain que de tels propos sont teintés d’étrangeté. Toutefois, ce serait important de les étudier en profondeur. Déjà, les avis émis par les sages de la même lignée maternelle ainsi que le génie confortent le pêcheur. Dans le village de Dionewar, non loin du site sacré, un descendant de Ngodaan a attiré l’attention de l’État et des exploitants. « C’est une bonne idée que l’État et les exploitants viennent ici à Dionewar. Ensemble, on pourra faire des parties de prière pour faciliter les choses vu que le pétrole est sous la domination de Sangomar. Je ne dis pas que rien ne peut se faire sans tout cela. J’aimerais juste mettre en garde contre une marginalisation du génie. Il y a parfois des réalités qui nous dépassent. Et en Africains et Sénégalais, nous le croyons fortement. Rien ne nous dit que le génie ne peut pas se mettre en porte-à-faux contre l’exploitation. C’est bien probable », a alerté le vieil homme.
Embouchant la même trompette, l’actuel chef de village de Dionewar pense que c’est un acte de reconnaissance que de se rapprocher du sage, gardien du site. « Je pense qu’on doit inclure l’actuel sage de la lignée maternelle Simala dans les activités. Il pourra gérer l’aspect mystique en essayant de jouer le rôle de facilitateur auprès de Sangomar. Il faut faire des sacrifices au préalable. Au moins, c’est plus respectueux que de se lancer à l’œuvre sans aviser le gardien du site. Si c’était au temps des anciens, personne n’oserait extraire une goutte de pétrole sans consulter auparavant les sages et parents du génie. Nous voulons juste que le travail leur soit facile parce que je sais que ce n’est pas trop évident », lance Mamadou Lamine Ndong, âgé aujourd’hui de soixante-six ans.
Ibrahima Ndong alias Bira Coly est allé même plus loin. Pour mieux établir un probable rapport entre le génie du site et l’or noir, le natif de Dionewar et arrière-petit-fils de Ngodaan se pose un certain nombre de questions : « J’ai entendu dire que le génie habite dans la mer. Il vient simplement passer des moments sur le site. Alors, si sa demeure se trouve dans l’eau, comme on le dit, n’est-elle pas là où le pétrole a été découvert ? Mieux encore, est-ce que la ressource n’est pas son trésor ? ». Donc, je pense que ce sont des probabilités importantes qu’il faudra étudier.
Le fief du génie, un écosystème riche et varié
Sangomar est une réalité particulière. Bordé de part et d’autre par l’océan, le site sacré, relativement grand, cache un écosystème riche et varié. Au-delà du pétrole, le site est une réserve de biosphère du delta du Saloum. Beaucoup d’espèces vivantes sont en interaction dans l’île vierge. Ainsi, on y trouve des points d’eau où vivent des poissons, de la mangrove, des oiseaux, etc.
C’est aussi un lieu de refuge d’animaux sauvages comme l’anaconda. Ibrahima Ndong a même fait savoir que des gens ont déclaré y avoir vu des traces d’hyènes. Le siège principal du génie serait le baobab qui s’écarte un peu des autres regroupés. C’est d’ailleurs le plus grand. Les gardiens ou gérants du site ont eu le flair d’y creuser un puits et d’y aménager un lieu de prière. Ce qui permet aux visiteurs de pouvoir pratiquer leurs besoins religieux une fois sur place. Le choix de l’emplacement n’est pas fortuit. À propos de ce lieu de culte à ciel ouvert, Ibrahima Ndong a apporté plus de détails. « C’est une petite construction avec cinq rangées de briques pour hauteur. Un lieu de recueillement qui permet aux croyants de s’y abriter pour effectuer des wirds (séance mystique où on utilise le chapelet pour prononcer des paroles de prières ou invocations de Dieu). Le petit bâtiment est construit sur un site où l’herbe ne pousse jamais. Saison sèche comme pluvieuse », renseigne le membre de la lignée maternelle Simala.
La dimension de l’île est plus ou moins grande. Elle est bâtie sur une longueur Nord-Sud qui peut être estimée à une dizaine de kilomètres. Pour la largeur Est-Ouest, la mesure n’est pas évidente. Le résultat dépend des positions où on est. À partir d’un point donné, la largeur peut s’étendre sur un peu moins d’un kilomètre. Cependant, le site est plus vaste à partir d’autres endroits. M. Ndong le précise ici : « Il y a des points à partir desquels la largeur du site peut mesurer jusqu’à trois kilomètres ».
À travers les témoignages reçus, il en est aussi sorti d’autres vertus de l’île. Elle est, pour ainsi dire, un salut pour les riverains. Ceux de Dionewar par exemple. Son beau sable reste une matière riche servant de construction de bâtiments aux habitants de ce village voisin. Au temps, ces derniers déplaçaient leurs troupeaux de bœufs dans le site, pendant l’hivernage. Réagissant à ce sujet, Ibrahima Ndong déclare : « L’espace est assez grand pour recevoir les troupeaux de bœufs. Il y a beaucoup d’herbes pendant la saison des pluies. Il fut même un temps où les villageois y pratiquaient l’agriculture ».
De nos jours, le site de Sangomar est complètement détaché du continent. Une brèche le sépare aussi bien de Dionewar que de Djifer, un autre village situé au nord du lieu sacré. D’ailleurs, entre les deux endroits, se trouve le redoutable « balo lé Djifer » (le trou de Djifer). Il s’agit d’une partie de l’espace maritime, proche de Djifer, où la mer est toujours agitée. Le trou de Djifer libère des tourbillons tout effrayants qui secouent violemment la pirogue qui est de passage.
L’espace maritime actuel qui sépare Sangomar de Djifer n’a toujours pas été le même dans le temps. Il faut attendre les années 1980 pour assister à ce dysfonctionnement géographique. Ibrahima Ndong en a donné des explications : « Le site de Sangomar était relié à la terre ferme. Les gens y allaient à pied à partir de Djifer. La séparation est survenue le 6 février 1987 coupant ainsi Sangomar de la terre ferme ».
À propos du génie roi, les témoignages disent que les visiteurs ou ceux qui veulent des prières reçoivent, pour la plupart, l’ordre de s’y rendre. Il leur apparaît souvent en rêve pour leur demander d’aller sur le site. Une chance qui n’est pas donnée à tout le monde. D’après Bacary Sarr, 61 ans, au-delà des voisins immédiats, beaucoup de nationalités se retrouvent dans le lieu sacré pour des prières et des bénédictions. « Ce ne sont pas seulement les riverains qui profitent des bénédictions de Sangomar. Les gens viennent d’autres pays aussi. D’ailleurs, les étrangers le connaissent mieux que les voisins », lance-t-il avant de déclarer avoir retrouvé, un jour, un Malien à Sangomar. Et selon toujours ses dires, le Malien en question lui a fait savoir que le génie lui est apparu et lui a ordonné d’aller faire de l’aumône à Dionewar, village d’en face.
Des milliers d’années après l’installation du génie roi Sangomar sur le site mythique (qui porte son nom), l’homme y découvre le pétrole. Alors, au-delà du mysticisme qui caractérise l’île, on y trouve ainsi des ressources naturelles diverses : l’or noir, au large de ses côtes, de même que le poisson. Sans compter la faune et la flore qui s’y épanouissent. Sangomar, c’est donc bien plus que le pétrole. C’est aussi une richesse naturelle et culturelle immense.
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DAKAR, CAPITALE ANARCHIQUE
Garages et commerces sauvages s'étendent à l'infini tandis que citoyens et piétons sont cantonnés aux marges de la ville. Quand la loi cède face au désordre dans la capitale
La capitale sénégalaise est le théâtre d'un désordre croissant. Le code de la route n'est qu'une vague recommandation pour des conducteurs qui slaloment entre les embouteillages monstres et les accidents fréquents. Sur les trottoirs, plus personne ne marche : ils sont devenus le domaine exclusif des vendeurs à la sauvette.
L'espace public se réduit comme peau de chagrin, accaparé par des garages sauvages et des commerces illégaux. Même un lieu symbolique comme le parking du stade de l'Amitié est devenu méconnaissable, envahi de toutes parts par une anarchie tentaculaire.
Face à ce chaos, des citoyens se mobilisent. Dans le quartier de la VDN, ils aménagent un parc pour rendre un espace viabilisé aux habitants. Mais leur action se heurte à l'inertie des autorités et au manque de moyens.
Car les lois ne manquent pas pour sanctionner ces occupations illégales et actes d'incivilité. Le Code pénal prévoit des peines contre l'encombrement des voies publiques. Mais faute d'application, l'anarchie prospère en toute impunité.
Il est temps de faire respecter les lois existantes avant que Dakar ne s'enlise dans le chaos. Des sanctions claires pourraient dissuader les contrevenants. Et rendre enfin la capitale aux piétons, ses vrais propriétaires légitimes.
LA DOUBLE PEINE DES CULTIVATEURS DANS LES NIAYES
Dans ce grenier agricole du Sénégal, les cultures ne peuvent se passer d'engrais tant les sols sont pauvres. Pourtant, leur coût ne cesse d'augmenter, fragilisant un secteur déjà dépendant des importations
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 04/01/2024
Comme le souligne l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, et à en croire un article du 2 janvier 2024 publié sur le site d'information Le Monde, les engrais représentent un enjeu majeur de sécurité alimentaire pour l'Afrique, illustrant la dépendance du continent aux importations de produits essentiels à l'agriculture mais vulnérables aux chocs planétaires. Cette dépendance se fait cruellement ressentir au Sénégal, où les sols peu fertiles des régions agricoles comme les Niayes nécessitent des apports réguliers en engrais pour rester productifs, selon Le Monde.
"Sans engrais, on ne peut pas du tout cultiver ici", témoigne Amar Sall, agriculteur de 66 ans installé à Diogo, dans la région des Niayes, comme le rapporte le journal Le Monde. En effet, comme il l'explique à ce média, "compte tenu de la nature très pauvre de ce sol, la plante ne couvre pas ses besoins, donc les apports en engrais sont décisifs".
Pourtant, le coût de ces engrais importés n'a cessé d'augmenter ces dernières années au Sénégal. "C'est allé jusqu'à 40 000, 45 000 francs CFA [environ 60 à 70 euros] le sac, c'était très difficile de s'approvisionner", rapporte Adama Beye, gérant d'une boutique d'engrais à Diogo, selon les informations publiées par Le Monde. Avant 2020, le prix tournait autour de 12 000 francs CFA pour les engrais les plus utilisés, comme l'urée et le NPK, d'après le même journal.
Les conséquences sont lourdes pour les agriculteurs sénégalais. "Quand on réduit les quantités d'engrais achetées, ça se ressent tout de suite dans les rendements", observe Amar Sall. Avec pour effet une baisse de la production agricole et donc des revenus, compliquant l'accès à l'alimentation. Face à ce défi, le Sénégal tente de développer la production locale d'engrais, comme au sein du groupe Industries Chimiques du Sénégal, ou de promouvoir les engrais organiques, plus adaptés aux sols. Mais la dépendance aux marchés mondiaux reste une réalité difficile à surmonter pour une agriculture fragilisée.
VERS LA MISE EN PLACE D’UN COMITE D’ALERTE CONTRE LE VOL DE BETAIL A DJIREDJI DANS LA REGION DE SEDHIOU
Ibrahima Diédhiou, le président de l’Association des chefs de village de la commune de Djirédji, a annoncé la mise en place prochaine d’un comité d’alerte pour faire face au phénomène du vol de bétail
Sédhiou, 4 jan (APS) – Ibrahima Diédhiou, le président de l’Association des chefs de village de la commune de Djirédji, a annoncé la mise en place prochaine d’un comité d’alerte pour faire face au phénomène du vol de bétail, lequel prend des proportions inquiétantes dans cette localité de la région de Sédhiou (sud).
« La commune de Djiredji, à l’image de beaucoup de localités de la région, est confrontée au fléau du vol de bétail. Le phénomène prend des proportions inquiétantes dans notre commune au grand dame des populations », a-t-il fait savoir.
Pour soutenir les efforts des forces de défense et de sécurité, « il est urgent que la communauté se mobilise à travers ce comité d’alerte pour une mobilisation communautaire. »
S’exprimant dans un entretien avec l’APS, M. Diédhiou a souligné que »la plupart des auteurs de ces vols vivent dans la zone sous le regard complice des proches qui refusent de les dénoncer ».
Selon lui, »l’élevage reste un facteur important dans l’économie de cette partie du Boudié ». « Après avoir vendu une partie de nos récoltes, dit-il, on achète des animaux pour fortifier notre économie. Cela nous permet de régler nos besoins et certaines urgences, mais, malheureusement, le vol de bétail hante le sommeil des populations. »
Il a invité les autorités administratives et territoriales à accompagner l’initiative des chefs de village qui ont pour objectif de sensibiliser et de mobiliser la communauté à s’impliquer dans la lutte contre le vol de bétail.
A l’en croire, les éleveurs ont l’impression d’être dans une insécurité totale et laissés à eux-mêmes. « La plupart du temps, quand on attrape un voleur, même s’il est présenté aux autorités compétentes, on n’a pas gain de cause », a-t-il déploré.
M. Diédhiou a invité les autorités locales à accompagner l’initiative des chefs de village dans cette initiative pour éradiquer le fléau du vol de bétail dans la commune de Djirédji.
UN CANDIDAT ARRÊTÉ AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Alors qu'il s'apprêtait à passer le contrôle de ses parrainages, Thierno Cissé a été interpellé par la Division des Investigations Criminelles sur place. Il est soupçonné d'avoir présenté une fausse liste de parrainages de députés
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 04/01/2024
L'information fait grand bruit aux alentours du Conseil Constitutionnel. Selon les sites d'informations Seneweb et PressAfrik, le candidat Thierno Cissé a été arrêté par la Division des Investigations Criminelles (DIC) dans les locaux de l'institution, lors de la séance de vérification des parrainages du jeudi 4 janvier 2024.
Le candidat de la coalition Major 2024 est soupçonné d'avoir commis une fraude au parrainage à travers une fausse liste de 13 députés qui auraient dû le parrainer. C'est ce qu'indiquent des sources proches du dossier.
Cette arrestation inattendue a suscité la stupéfaction sur les lieux, où les candidats et leurs mandataires patientaient dans l'attente d'être reçus par la commission chargée de valider les parrainages.
Selon nos informations, Thierno Cissé et son mandataire ont immédiatement été emmenés de force par les éléments de la DIC.
PAR Farid Bathily
AVEC LIFE2VEC, L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE PRÉDIT LA MORT
Des chercheurs danois et américains ont développé une nouvelle méthode d’analyse de parcours de la vie humaine, dont les résultats révèlent l'évolution des individus, y compris le moment de leur décès
Et si la fin de vie n’était plus un mystère ? Une équipe de chercheurs conjoints de l'Université de Copenhague au Danemark et de la Northeastern University aux États-Unis ont mis au point un système d’intelligence artificielle capable de dévoiler le moment de la survenance de la mort d’une personne.
Baptisé Life2vec, le programme dont le fonctionnement ressemble à ChatGPT, serait efficace dans plus de 78 % des cas, selon les auteurs dont les travaux sont disponibles depuis le 18 décembre 2023 dans la revue Nature Computational Science.
Les chercheurs ont à cet effet exploité des données de six millions de Danois entre 2008 et 2016. Ces informations couvraient l'éducation, les visites chez les médecins et les hôpitaux, les diagnostics qui en résultent, les revenus et la profession entre autres.
Quatre ans de marge
Un échantillon de 100 000 personnes âgées de 35 à 67 ans en 2016 a ensuite été sélectionné. Pour la moitié de ces individus, les chercheurs ont également collecté les données de santé jusqu'en 2020. L'objectif étant de voir si, à partir des informations disponibles jusqu'en 2016, l'algorithme pouvait déterminer le sort de ces personnes dans les quatre années suivantes.
"Nous avons utilisé le modèle pour aborder la question fondamentale suivante : Dans quelle mesure pouvons-nous prédire le futur sur la base des conditions et des événements passés ?", a indiqué Sune Lehmann, auteur principal de l’article paru dans Nature Computational Science, sur le site l’université technique du Danemark.
Grâce aux corrélations entre le profil des individus (âge, revenu, problèmes de santé passés...) dans les données jusqu'en 2016 et leurs états futurs (décès, maladies...), l'IA a pu prédire le décès de 78,8% des personnes du groupe test.
Sujet de préoccupations
À en croire Sune Lehmann, ce chiffre est 11% au-dessus de celui de n’importe quel modèle d’intelligence artificielle existant y compris les outils statistiques utilisés par les assureurs. De quoi ouvrir des perspectives quant à l’utilisation de cette IA pour la détection précoce des problèmes de santé par exemple.
Cependant, cet optimisme s’accompagne également de réelles préoccupations, inhérentes à tous les modèles d’intelligence artificielle. Autrement dit, comment s’assurer de l’exploitation éthique d’un outil aussi puissant que Life2vec ? Quelle garantie pour les données personnelles ?
Ces questions mobilisent les chercheurs de même que les pouvoirs publics à travers le monde, dans une large mesure. Parallèlement, les systèmes d’IA continuent de se développer à une vitesse vertigineuse, créant davantage de fossé entre "technoptimistes" (partisans d'une accélération de la recherche en IA) et "catastrophistes" (ceux qui prônent une plus grande prudence).
BASSIROU DIOMAYE DOIT RÉGULARISER UN PEU PLUS DE 4000 PARRAINS
Le dossier de candidature de Bassirou Diomaye Faye a été contrôlé ce jeudi. Selon son mandataire, il lui faudra revenir encore au Conseil constitutionnel pour compléter le nombre de parrains manquant.
igfm - (Dakar) Le dossier de candidature de Bassirou Diomaye Faye a été contrôlé ce jeudi au Conseil constitutionnel. Selon son mandataire, il leur faudra revenir encore au Conseil constitutionnel pour compléter leur nombre de parrains. Ci-dessous la réaction du mandataire Amadou Bâ.
«Il se trouve que Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye a validé 40.012 parrainages. Nous n’avons pas eu beaucoup de doublons internes et externes. Cependant nous avons été très surpris par un très grand nombre, autour de 12.000, d’électeurs non identifiés dans le fichier électoral. C’est récurrent.
Maintenant nous devons régulariser à peu près 4219. Bien entendu nous allons nous remettre au travail. Ce n’est pas la mer à boire, mais vous voyez bien les incertitudes qui sont liées à ce système de parrainage.»