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19 avril 2025
LE DEBAT SUR L’INDEMNISATION DES VICTIMES DES MANIFESTATIONS POLITIQUES A LA UNE DE LA PRESSE
Les parutions de ce lundi relatent Le débat suscité par la décision des autorités d’accorder des compensations financières à des citoyens considérés comme des victimes des violences politiques enregistrées au Sénégal entre 2021 et 2024
Le débat suscité par la décision des autorités d’accorder des compensations financières à des citoyens considérés comme des victimes des violences politiques enregistrées au Sénégal entre 2021 et 2024 fait partie des sujets les plus en vue dans la livraison de lundi de la presse quotidienne.
« De chèques et des questions », titre bien à propos le journal Le Quotidien, qui relaie l’opinion selon laquelle l’Etat devrait passer par la voie judiciaire « pour procéder à l’indemnisation des victimes des violences politiques de mars 2021 à février 2024 ».
L’ancien juge Ibrahima Hamidou Dème par exemple, dont les propos sont repris par Le Quotidien, fait partie des personnalités qui défendent cette position. Il observe que « le soutien à un homme politique ne doit pas faire bénéficier des privilèges de nature à rompre l’égalité des citoyens devant la loi ».
Le député Abdou Mbow de l’opposition, cité par le même journal, pose une question qui peut fâcher : « Pourquoi n’indemniser que ceux qui ont soutenu [Ousmane Sonko, l’actuel Premier ministre alors leader de l’opposition], avec l’argent de tous les Sénégalais ? ».
« Les casseurs indemnisés, les FDS zappées »
Le député Amadou Ba du parti Pastef au pouvoir répond, par le même canal, à toutes ces interrogations. « Les familles endeuillées [suite aux violences politiques de 2021-2024] vont recevoir une assistance, pas une indemnisation », tient-il à préciser.
Mais rien n’y fait, « tous râlent », constate Source A. « Le Sénégal pays des paradoxes », titre Tribune avec de l’ironie, avant de préciser sa pensée : « Les casseurs indemnisés, les FDS blessés lors [de ces violences politiques] zappées, les investisseurs oubliés », mentionne le journal.
Le quotidien L’info note que « aussi bien dans la forme que dans le fond, les mesures du gouvernement sont contestées [sur cette question], par des victimes, notamment des ex-détenus, ainsi que des acteurs politiques et de la société civile ».
« Les FDS, les parents pauvres », affiche le quotidien Enquête avec une petite pensée pour la situation des forces de défense et de sécurité. « Souvent présentées comme les mauvais et les méchants, les hommes de main de politiciens sans foi ni loi », policiers et gendarmes « prennent de plus en plus la parole et laissent apparaître leur galère et leur amertume », écrit le journal.
Dans ce contexte, Vox Populi pointe un « défi titanesque » que l’opposition est appelée à surmonter, à savoir « fédérer ses différentes sensibilités au sein d’un front pour faire face au régime Pastef », le parti au pouvoir. Source A évoque sur cette question la position du dernier Premier ministre de l’ancien président Macky Sall. « Le ‘oui, mais’ de Amadou Ba et Cie », lit-on à sa une.
« Le vol de bétail nourrit la criminalité »
Le Soleil et Walfquotidien reviennent sur la décision du chef de l’Etat d’observer une pause dans l’organisation de la Journée nationale de nettoiement « Setal Sunu Rew », qui se déroule le premier samedi de chaque mois.
Bassirou Diomaye Faye, présidant la 9e édition ce samedi à Guédiawaye, dans la grande banlieue dakaroise, « a annoncé qu’une réflexion est en cours pour avoir un nouveau format dans l’organisation de cette initiative », rapporte Le Soleil.
« Diomaye range son balai », titre Walfquotidien. « Pause des journées Setal Sunu Rew. Après neuf mois, les nouvelles autorités, flairant sans doute l’enthousiasme décroissant des populations, ont décidé de suspendre ces coups de balai présidentiels qui cherchaient à prêcher par l’exemplarité », peut-on lire dans les colonnes de cette publication.
Le quotidien Les Echos révèle, concernant le départ des troupes françaises présentes au Sénégal, que « trois emprises ont déjà été vidées », sachant que tous les militaires français doivent quitter le pays « en septembre au plus tard ».
Sud quotidien ouvre sur « le cercle vicieux » du vol de bétail, un phénomène « à l’origine de pertes annuelles estimées à 2 milliards de FCFA », qui « alimente la commercialisation incontrôlée de la viande destinée à la consommation ». Il « nourrit également la criminalité dans la sous-région minée par une insécurité grandissante », informe le journal.
HABIB BEYE SAVOURE MAIS PREVIENT
Pour sa première sur le banc de touche du Stade Rennais, Habib Beye s’est imposé face au RC Strasbourg en toute fin de match. De quoi partager sa satisfaction face aux caméras.
Pour sa première sur le banc de touche du Stade Rennais, Habib Beye s’est imposé face au RC Strasbourg en toute fin de match. De quoi partager sa satisfaction face aux caméras.
La première a été la bonne. Et Habib Beye aura donc remporté les trois points de la victoire pour son premier match en qualité d’entraîneur en Ligue 1. Avec le Stade Rennais et contre le RC Strasbourg, au travers d’un but somptueux inscrit en toute fin de rencontre par l’intermédiaire de Ludovic Blas. Plusieurs minutes après le coup de sifflet final, Habib Beye est venu s’exprimer face au micro de DAZN.
« NE PAS RENTRER DANS UNE CERTAINE EUPHORIE »
« Si je devais noter les joueurs, et sur 10, je mettrai 9. Les garçons ont fait énormément d’efforts. C’est leur victoire. Moi, je ne suis arrivé qu’il y a 48 heures et j’ai trouvé un staff ici à Rennes remarquable qui m’a beaucoup aidé. On a essayé que les joueurs soient dans les meilleures dispositions. Attention, on ne doit pas rentrer dans une certaine euphorie, surtout pas, mais bosser et ce sera le cas dès mardi matin. Tout n’a pas été parfait, mais les joueurs ont adhéré. C’est très important. On a eu le soutien de nos supporters, et c’était très important. Vraiment. On veut avoir une ambition collective, on a été capables de travailler tous ensemble. Même à 0-0, j’aurais félicité mes joueurs. On a souffert, mais ça a tourné en notre faveur contre une très belle équipe de Strasbourg. Tant mieux »
LE CERCLE VICIEUX DU VOL DE BÉTAIL
Les éleveurs vivent dans la peur, confrontés à des voleurs qui agissent en toute impunité. Ce fléau, qui alimente un commerce illégal de viande dangereuse pour la santé publique, déstabilise l'économie locale et pousse les jeunes à l'exode
Au Sénégal, le vol de bétail est à l’origine de pertes annuelles estimées à 2 milliards de francs Cfa. Pourtant, l’Assemblée nationale avait voté en 2017 une loi pour renforcer la répression par la criminalisation. Plusieurs années après, faute d’une application dudit texte, le phénomène continue au grand dam des éleveurs qui sont dépossédés de leurs biens. Le vol de bétail qui alimente la commercialisation incontrôlée de viande destinée à la consommation nourrit également la criminalité dans la sous-région minée par une insécurité grandissante.
A Dinguiraye, une localité en plein bassin arachidier, dans la région de Kaolack, le « louma » ou marché hebdomadaire se tient tous les dimanches.
Le 25 janvier 2025, peu après 13 heures, les éleveurs y sont malgré la chaleur qui commence à s’installer dans le Saloum (région centre du Sénégal). Ils se regroupent à l’ombre d’un arbre. La sécurité de leur cheptel est source d’inquiétudes. Le vol de bétail est leur préoccupation majeure.
En présence de la délégation du Fonds alimentaire mondial (Fao) et du président national du comité de lutte contre le vol de bétail, Aboubacar Bitéye, les éleveurs veulent tous se faire entendre. Chacun tient à raconter sa mésaventure. Des animaux perdus dont les auteurs du forfait pourtant connus, sont libres, c’est le quotidien de plus d’un.
Parmi eux, Aliou Bâ, un jeune éleveur qui, dans la nuit du 2 janvier 2025, a vu son troupeau pris par des voisins dont il est convaincu de leur culpabilité. « Un individu de mon village est venu aux alentours de 22 heures avec deux complices inconnus et a volé une trentaine de bœufs, d’une valeur estimée à 20 millions de francs CFA ». En plus du témoignage d’un proche du présumé coupable, et les réquisitions téléphoniques, le mis en cause était en liberté au moment de notre passage. Nous avons été informés qu’après avoir eu écho de sa mésaventure, les hautes autorités du pays, ont pris en charge le dossier et le présumé coupable, est actuellement aux mains de la justice.
Dans la cohue du marché de Dinguiraye, au milieu d’un brouhaha plus marqué par le beuglement des vaches, Arame Diop, une dame d’une soixantaine d’années, cherche, elle aussi à prendre la parole. On lui a dérobé une douzaine de chèvres, un investissement avec lequel elle comptait s’occuper sa progéniture orpheline de père. « Les voleurs se réfugient dans la forêt et prennent nos animaux. Nous les connaissons, mais ils ne sont jamais condamnés après être appréhendés. On m’a pris 12 chèvres. Elles sont jusqu’à présent introuvables. Avec mes économies, j’essaie de me mettre à l’élevage, mais on me prend tout. Je suis veuve et mon bétail me permet de survivre», se désole-t-elle
Dans le Saloum, le refrain est partout le même. A Missirah Wadène, dans la région de Kaffrine, l’élevage y est un moyen d’intégration au-delà de l’apport économique comme en atteste la présence des communautés maures et maliennes qui sont fortement présentes dans la ville.
Le marché hebdomadaire qui s’y tient tous les jeudis, est un lieu de rencontre sous-régionale
A Missirah Wadène, l’élevage fait « bouillir la marmite ». Le marché hebdomadaire est une occasion de faire des affaires, mais les vols ne manquent pas là aussi. Même la volaille n’y échappe pas. « En pleine couvage, on les sort les poules de leurs abris », déplore Alima Dicko, une mauritanienne.
Les malfrats adoptent maintenant la ruse de se faire passer pour des clients le jour du marché pour tromper la vigilance des éleveurs. Pour préserver l’activité économique de sa commune, le maire de la ville, Moustapha Ndong, a mis en place des comités de surveillance. « A mon arrivée à la municipalité, le marché était peu fréquenté. Les éleveurs craignaient le vol de bétail qui s’opérait en plein jour. Depuis qu’on a installé des comités de vigilance, l’intensité a diminué », se réjouit-il même s’il reconnaît par ailleurs, la persistance du problème. Une vingtaine de camions débarque chaque jeudi à Missirah Wadéne. Le président de l’association de la communauté mauritanienne, Abdoulaye Dicko, plaide pour plus de soutiens aux comités de surveillance qui « manquent de tout », à son avis. Pour soutenir ces jeunes qui assurent la sécurité du cheptel, dit Abdoulaye Dicko, « il a été décidé que chaque camion qui arrive à Missirah Wadéne, verse une somme de 15 000 francs aux comités, les éleveurs locaux quant à eux, déboursent 10.000 francs le mois ».
A Ndiédieng, le vol de bétail pousse les jeunes à l’exode rural
Le marché à bétail de Mbirkilane a été est construit sur les fonds de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). L’infrastructure est bâtie sur une superficie de quatre hectares. Des milliers de bovins et de petits ruminants y sont débarqués chaque dimanche selon les agents vétérinaires, le jour de marché. Ici, des hommes enturbannés, jeunes et vieux n’ont cure de la poussière ou du soleil au zénith qui impose sa loi. Le seul espoir que nourrissent ces éleveurs est de faire de bonnes affaires. Le président du foirail, Amadou Seydou Ba, déplore l’insuffisance des sanctions, une des causes de la récidive. « L’application de la loi criminalisant le vol de bétail est la seule solution au problème », soutient-il. Le président des éleveurs de Mbirkilane, Demba Bâ, appelle à une forte réaction de l’Etat.
Ndramé Escale pas éloigné de Keur Madiabel, est au bout d’une piste latéritique de plusieurs kilomètres. Les éleveurs n’y dorment que d’un seul œil. Le vol de bétail, et la proximité de la Gambie, créent une psychose chez les habitants. Le maire de la localité, Hamidou Diop, déplore les pertes d’investissements. « Des éleveurs qui ont contracté prêts bancaires pour investir dans l’élevage ont tout perdu. Ce qui est très regrettable. La proximité de la commune avec la Gambie facilite le recel ». Selon Hamidou Diop, « l’identification du bétail permettra de renforcer la lutte contre le vol ». Le président des éleveurs de Ndramé Escale, quant à lui, déplore le manque de vigilance des éleveurs. Non loin de Ndramé Escale, Ndiédieng aussi est en proie au vol de bétail. Le maire Abdoul Aziz Mbodj, déplore l’exode massif des jeunes de la commune qui s’explique par leur désœuvrement après la saison des pluies. « Ndiedieng est une zone agro-sylvo-pastorale. C’est une zone d’agriculture et d’élevage. Après l’hivernage, la plupart des gens réinvestissaient leurs ressources tirées de l’agriculture, dans l’élevage. Maintenant, du fait de l’ampleur du phénomène, certains hésitent à investir dans le bétail », se désole-t-il. C’est pourquoi, une fois l’activité agricole terminée, une grande partie de jeunes quitte notre commune, pour aller vers d’autres horizons », ajoute-t-il. Le vol de bétail a un impact négatif dans les finances de la municipalité.
Risques de zoonoses : les dangers de l’abattage clandestin du bétail volé
Un autre élément essentiel dans la lutte contre le vol de bétail est de combattre les abattages clandestins. « La finalité de tout bétail volé est d’intégrer, de manière générale, le circuit des abattages clandestins, échappant ainsi à tout contrôle vétérinaire officiel. Il est donc impératif de prendre des mesures à cet égard, car c’est une question de santé publique »,recommande docteur Ibrahima Thiam, spécialiste en production animale à la Fao
Les zoonoses, ces maladies transmissibles de l’animal à l’homme, sont favorisées parla vente de cette viande qui échappe au contrôle du personnel vétérinaire.
« La tuberculose bovine est une pathologie liée à la consommation de viande provenant d’animaux qui n’ont pas été abattus dans des conditions contrôlées. Elle est transmissible du bovin à l’homme. Elle peut être diagnostiquée à l’abattoir. Il est impossible de détecter cette maladie sur un animal apparemment en bonne santé, d’où l’importance de l’inspection vétérinaire à l’abattoir », prévient-t-il. Comme zoonose, il a aussi, « le charbon bactérien qui peut entraîner une mortalité rapide en 24 à 48 heures. Les personnes peuvent contracter cette maladie lors du dépeçage de l’animal. Le virus peut persister dans le sol pendant jusqu’à 25 ans ». Selon le chef du service départemental de l’élevage et des productions animales de Mbirkilane, Samba Thioye, « La lutte contre le vol de bétail est très importante pour la santé humaine. Quand un animal est volé, il peut transmettre des zoonoses car, l’animal n’est pas identifié, ni inspecté et pas contrôlé ». Il rappelle également le rôle des éleveurs dans la lutte contre le vol de bétail. « Il reste encore beaucoup de choses à faire. Parce que pour un animal volé, normalement, l’éleveur doit se rendre au service technique. Il doit faire la déclaration de perte en dressant les marques particulières de l’animal. Et une fois fait, ce dossier doit être déposé à la gendarmerie. Et chacun des acteurs recevra une copie, une fois l’animal retrouvé, il est vraiment très facile à identifier », affirme t-il.
Ces manquements qui plombent la lutte
Il est important de souligner que le problème du vol de bétail est avant tout un problème local. Les voleurs sont issus des communautés elles-mêmes », note le docteur Ibrahima Thiam, spécialiste en production animale de la Fao qui partage les dénonciations des victimes de vols qui soutiennent identifier les auteurs. Il trouve en outre, qu’il est essentiel de placer les communautés au cœur de la stratégie de lutte contre le vol de bétail créant dans chacune des 557 communes du Sénégal, des comités communaux et locaux de prévention et de lutte contre le vol de bétail. Cela permettrait dit-il, « non seulement de lancer des alertes rapides, mais aussi, grâce à un réseautage, notamment en utilisant les technologies de l’information et de la communication de retrouver tout bétail volé ». Conscient de l’importance de l’implication de la population, Aboubacar Bitéye a mis en place, l’association nationale de lutte contre le vol de bétail, une entité agrée par l’Etat du Sénégal. Son objectif est « un maillage du territoire ». Les comités sont constitués de 10 membres. Au-delà de la surveillance sur le terrain, l’association de Aboubacar Bitèye a mis en place un groupe WhatsApp pour l’échange d’informations. Dans cette plateforme, en moyenne dix (10) cas de vol sont dénombrés par jour. Samba Ndiaye, le secrétaire général de l’association dans la commune de Missirah Wadéne, déplore le manque de moyens mais aussi la non coopération de certains chefs de villages.
Le maire de Ndiédieng, Abdoul Aziz Mbodj trouve toutefois que les populations doivent aider ces comités dans la dénonciation des personnes suspectes mais ajoute-t-il, « On ne doit pas permettre aux comités de lutte de s’arroger des prérogatives qui ne sont pas les leurs ou bien que les populations ne les respectent pas. Il faudra former les acteurs pour qu’ils comprennent leurs droits et leurs prérogatives. Qu’ils ne se transforment pas en forces de défense et de sécurité en s’adonnant à des actes qui seraient de nature à atteindre à la dignité de la personne qu’elle soit voleur ou criminel ». Cela permettra d’éviter, « des chaînes de sanctions populaires ». Le sous-préfet de Ndiedieng, Abdoulaye Diop, abonde dans le même sens.
« Nous sommes confrontés à un problème de dénonciation. Les gens savent généralement ceux qui font ces choses-là, mais ne les dénoncent jamais. C’est ça qui rend en fait difficile la lutte. L’État a pris toutes les dispositions pour lutter contre le vol de bétail. Il nous a dotés de numéros de téléphone, où on peut nous appeler sans que les gens ne sachent qui en est l’auteur. Toutes les conditions sont réunies pour en tout cas favoriser cette dénonciationlà ». Pour lui, « des liens de parenté justifient cette absence de dénonciation, plutôt que la peur de représailles ».
Les acteurs souhaitent l’évaluation de la loi criminalisant le vol de bétail
Il est essentiel de plaider pour une évaluation des aspects législatifs et réglementaires relatifs à la criminalisation du vol de bétail », requiert Dr Ibrahima Thiam. Le maire de Ndiedieng, Abdoul Aziz Mbodj, fait la même plaidoirie.
Si l’État mobilise ses ressources, les ressources juridiques, pour combattre ce phénomène, alors qu’il persiste, ma première proposition, c’est qu’il faudra évoluer. On doit faire l’évaluation de la loi. Il y a une loi qui est là, qui a criminalisé le vol de bétail ». Abdoul Aziz Mbodj de poursuivre, « la loi pénale, en vérité, son objectif, c’est la persuasion. L’objectif principal de la loi pénale, c’est la persuasion. Si cette loi ne persuade pas, parce que le phénomène persiste, il faut s’arrêter et évoluer ». Dr Astou Fall, la coordonnatrice de la Cellule de Lutte contre le vol de bétail (Clcvb), au ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage reconnaît les difficultés dans l’application de ladite loi. « Le constat que nous avons fait comme tout le monde, c’est que l’application de cette loi pose problème. Ceci est peut-être dû à l’insuffisance des ressources judiciaires et sécuritaires pour enquêter sur le vol de bétail. En général, au Sénégal, les forces de l’ordre et les institutions judiciaires manquent souvent de moyens. Il y a des moyens financiers, logistiques et humains pour enquêter sur les cas de vol de bétail surtout dans les zones reculées ».
L’absence de dénonciation plombe aussi la répression dit-elle. « Il y a aussi le manque de dénonciation par les victimes parce que les éleveurs et les agriculteurs touchés parle vol de bétail, hésitent parfois à signaler les cas en raison de la méfiance envers le système judiciaire. Ils sont un peu dubitatifs envers le système judiciaire disant que si on envoie le dossier à la justice, le voleur va revenir tout le temps.
Les procédures judiciaires peuvent coûter excessivement cher. Ça peut être une autre raison. Il a aussi des mécanismes de justice traditionnelle privilégiés par les victimes ». La loi criminalisant le vol de bétail a été votée à l’Assemblée nationale le 22 mai 2017. Cette loi avait pour objectif de réduire, voire d’éradiquer définitivement le vol de bétail. Les peines encourues avec cette loi c’est 5 à 10 ans de prison ferme avec la non négociation de sursis, ni de remise de peine.
Conséquences du vol de bétail
2 milliards de pertes par an
Au Sénégal, annuellement, 3,2 millions de $, soit 2 milliards francs Cfa par an sont perdus par les éleveurs a cause du vol de bétail, soit en moyenne 22 000 a 30 000 têtes de bétail. Ce vol de bétail sévit aussi dans la sous-région. Au Mali, par exemple, entre 2019 et 2022, le nombre d’animaux volés a été estimé à 887 250 têtes de bovins et 446 000 petits ruminants. Au Burkina Faso, les estimations sont 8 millions de têtes volées entre 2017. Selon la Fao, en termes d’économie illicite, le vol de bétail (22%) constitue en Afrique de l’Ouest, le 3eme fléau après le trafic d’armes (56%) et l’enlèvement contre rançon (39%) et devant le commerce illicite (20%) et le commerce illicite de pétrole (20%).
Il est renforcé par l’insécurité qui sévit dans la région, les failles sécuritaires aux frontières permettant une traversée hors points officiels et en dehors de tout contrôle des forces de défense et de sécurité, des agents des postes vétérinaires frontaliers, le changement climatique qui paupérise certains éleveurs, la nature extensive des systèmes d’élevage dominant avec une faible surveillance du bétail (divagation). Comme causes, la Fao indexe également, la mobilité nationale et transfrontalière comme la transhumance et le nomadisme qui favorisent les vols et les razzias dans ces zones où la présence de l’Etat est quasi inexistante.
Le problème est accentué par l’inefficacité des méthodes actuelles d’identification du bétail avec l’absence de méthodes efficaces de traçabilité du bétail. Il a aussi la possibilité d’écouler le bétail volé à travers des réseaux criminels d’abattages clandestins hors abattoirs à Dakar, dans les régions et même les villages les plus reculés du Sénégal. La faiblesse du personnel vétérinaire et para-vétérinaire au Sénégal qui est en général 1 agent technique d’élevage pour un arrondissement, soit 2 à 3 communes. Parmi les problèmes, il a aussi les absences ou les faiblesses organisationnelles interétatiques qui auraient permis de mieux coordonner la lutte entre les pays.
L’absence de structures dédiées totalement à la lutte contre le vol de bétail dans les pays concernés de l’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal est le seul pays qui dispose d’une Cellule dédiée mais sans moyens et la faiblesse de l’application des cadres juridiques et institutionnelles sont d’autres causes.
DR ASTOU FALL, COORDONNATRICE DE LA CELLULE DE LUTTE CONTRE LE VOL DE BÉTAIL (CLCVB), MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE, DE LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ET DE L'ÉLEVAGE « L'État a mis en place plusieurs initiatives pour lutter contre le vol de bétail »
« L’État a mis en place plusieurs initiatives pour lutter contre le vol de bétail comme la création de brigades spécialisées qui sont des unités de gendarmerie rurales. L’État a déployé des brigades de gendarmerie dans les zones rurales touchées parle vol de bétail, comme le Ferlo, le Fouta, la région Tamba. Le ministère de l’Élevage est en train de mettre en place le système national d’identification du bétail, un programme national d’identification du bétail », dit-elle. Ces mesures restent encore à généraliser, « mais sont en phase de démarrage », ajoute-t-elle. Selon toujours Astou Fall, « la réponse sera aussi de créer des coopératives transfrontalières et des projets visant à l’identification et la traçabilité du bétail ». L’Etat développe également, « un projet de planification qui vise à réduire les pertes liées au vol de bétail, d’améliorer la gestion des troupes pour faciliter l’intégration des produits d’alimentation sur les marchés internationaux de la traçabilité ». La coordonnatrice de la cellule de lutte contre le vol de bétail annonce aussi, « un plan de gestion des ressources animales qui vise à renforcer le contrôle des mouvements des troupeaux, notamment dans les zones transfrontalières, en utilisant des outils de technologie avec un intérêt pour la géolocalisation »
LA FAO ET LE SENEGAL MUTUALISENT LEURS EFFORTS POUR DES REPONSES ADEQUATES
La Fao compte accompagner l’Etat du Sénégal parla mise en place d’une coalition sous-régionale de prévention et de lutte contre le vol de bétail en Afrique de l’Ouest pour prendre en charge la dimension transfrontalière et sous-régionale du fléau et le partage d’informations dans un court terme.
Il a aussi la mise en avant des communautés au cœur de la lutte contre le vol de bétail, par la mise en place/renforcement/appuis des comités locaux et nationaux de lutte contre le vol de bétail sur tous les maillons de chaînes de valeur, pour mettre en œuvre les actions de sensibilisation, de plaidoyer et de communication. La nécessité d’une solution adaptée pour l’Afrique de l’Ouest dans un contexte de systèmes d’élevage pluriels notamment par le recours aux innovations technologiques (puces, colliers, drones, bolus …) qui sont des opportunités pour réduire le vol de bétail. On note également, la nécessité d’œuvrer à l’harmonisation entre États des systèmes nationaux d’identification et de traçabilité du bétail pour faciliter le suivi au-delà des frontières à moyen et long terme. Comme solutions, il est aussi préconisé, l’élaboration et la mise en œuvre concertée d’un programme régional sur l’identification et la traçabilité du bétail en Afrique de l’Ouest. La réponse contre le vol de bétail est aussi le renforcement des cadres juridiques liés à la prévention et à la lutte contre le vol de bétail en Afrique de l’Ouest. La FAO prévoit aussi un plaidoyer envers les décideurs surla nécessité de la mise en place de financements dédiés à la problématique de lutte contre le vol de bétail, notamment la création d’un fonds sous-régional dédié à la prévention et lutte contre le vol de bétail.
.L’élevage joue un rôle central dans l’économie des pays de l’Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, l’élevage contribue à hauteur de 4% du PIB nationale et 22% du PIB du Secteur primaire avec des effectifs, en 2023, estimés a plus de 4,5 millions de bovins, plus de 9,8 millions d’ovins, environ 6 millions de caprins, 1,6 millions d’équidés et 946 543 porcins.
C’est une activité pratiquée par environ 800 000 ménages et plus de 1,3 million d’individus.
LE SAMES EN GREVE LES 18 ET 19 FEVRIER
D’après le Bureau Exécutif National (BEN) du SAMES, « un premier plan d'action est établi, et démarre par une grève générale de 48 heures avec respect strict des urgences sur tout le territoire national les 18 et 19 février 2025. »
Le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes (SAMES) a annoncé dans un communiqué qu’il va observer une grève générale les 18 et 19 février prochains. Cette décision découle selon le SAMES de l’inertie constatée du gouvernement depuis le dépôt en décembre 2023 de sa plateforme revendicative.
D’après le Bureau Exécutif National (BEN) du SAMES, « un premier plan d'action est établi, et démarre par une grève générale de 48 heures avec respect strict des urgences sur tout le territoire national les 18 et 19 février 2025. »
Cette décision d’aller en grève selon cette organisation syndicale dont le Bureau exécutif national s’est réuni, samedi, au siège de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) « Keur Madia » , s’explique par « l’inertie du gouvernement depuis le dépôt en décembre 2023 de leur plateforme revendicative », qui s’articule essentiellement autour du recrutement dans la fonction publique des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes en chômage, communautaires, contractuels des hôpitaux et des collectivités territoriales et de la gestion démocratique des ressources humaines.
Il s’y ajoute aussi la revalorisation de la pension de retraite des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes et la correction définitive des inégalités et injustices relatives aux régimes indemnitaires que subit le corps médical, lit-on dans le communiqué.
Dans ces revendications figurent aussi la construction d’hôpitaux de niveau II dans tous les départements pour rapprocher les soins aux populations et l’accélération de la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle.
Le SAMES appelle également au règlement définitif de « la lancinante question » du statut des médecins en spécialisation et des internes des hôpitaux.
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LES DERNIÈRES RECOMMANDATIONS D'ABDOULAYE DIÈYE
En hommage à l’éminent Professeur, la radio Sud FM a rediffusé hier, dimanche 2 février, l’émission Objection du 14 Juin 2020 au cours de laquelle il était largement revenu sur l’esprit de la loi de1964 sur le domaine national
En hommage à l’éminent Professeur assimilé de Droit public, Abdoulaye Dièye, décédé le jeudi 30 janvier dernier à Dakar, la radio Sud FM a rediffusé hier, dimanche 2 février, l’émission Objection du 14 Juin 2020 au cours de laquelle l’ancien Rapporteur général de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI), auteur d'une thèse de doctorat sur le système foncier sénégalais, était largement revenu sur l’esprit de la loi de1964 sur le domaine national, notamment sur les sources de confusion ou contentieux permanents alimentés par la coexistence de ce régime juridique avec le droit coutumier largement appliqué par les communautés locales et une législation foncière moderne. Il s’entretenait avec notre confrère Baye Omar Guèye.
À QUI APPARTIENT LA TERRE DU DOMAINE NATIONAL AU SÉNÉGAL
« Le système foncier sénégalais est constitué de trois sous-ensembles. Il y a le domaine national qui est l’espace le plus vaste et qui a été constitué en 1964. Il y a le domaine de l’État, deuxième sous-ensemble, et il y a, en troisième sous-ensemble, les titres fonciers qui appartiennent au particulier.
La terre du domaine national n’appartient à personne. Ça n’appartient ni à l’État ni aux collectivités territoriales, ça n’appartient pas non plus à l’usager. C’est comme ça que cela a été conçu en 1964. C’est la loi sur le domaine national, avec des principes bien clairs. C’est un espace qui est exclusif de toute idée de propriété. Ça n’appartient à personne. Et c’est ce qui fait, justement, la particularité du système foncier sénégalais. »
DOMAINE DE L’ÉTAT
« Quand je dis domaine de l’État, ça veut dire que ce sont des terres qui appartiennent à l’État. Le domaine de l’État est subdivisé en domaine public et en domaine privé.
Les titres fonciers, ce sont les terres qui appartiennent à ceux qui détiennent ces titres fonciers. Là, c’est un domaine de propriété. Quand j’ai un titre foncier, ça veut dire que la terre m’appartient avec tout ce que ça comporte en conséquence sur le plan juridique. Il y a l’usus, il y a le fructus, il y a l’abusus ».
RÉGIME JURIDIQUE DES TERRES DU DOMAINE NATIONAL
« C’est vrai qu’on dit que le domaine national, ça n’appartient à personne. Mais, il y a quand même un régime juridique par rapport à toutes les parties du domaine national. Parce que le domaine national, c’est quatre parties, en partant, évidemment de la loi de 1964. Il y a la zone des terroirs, il y a les zones urbaines, il y a les zones pionnières, il y a les zones classées. La plus grande partie de cet espace, c’est la zone des terroirs. C’est la partie qui se trouve dans le monde rural et qui est réservée à des activités comme l’agriculture, l’habitat rural, l’élevage, etc.
Donc, pour cette partie-là, de 1964 à aujourd’hui, c’est les collectivités territoriales qui sont chargées d’administrer cette partie-là. Aujourd’hui, c’est donc les communes puisque les communautés rurales ne sont plus là et les régions. Donc, c’est des communes qui administrent cette partie-là ».
LES CRITÈRES POUR OBTENIR UNE TERRE DU DOMAINE NATIONAL
« Que prévoit l’administration des terres dans la zone des terroirs ? Ce sont les collectives territoriales qui doivent donner les terres, mais les collectives territoriales ne doivent pas donner les terres à n’importe qui. Parce que c’est ça qui fait qu’aujourd’hui, on parle de critères dépassés. Mais jusqu’à aujourd’hui, c’est les critères prévus par la loi de 1964 qui sont en vigueur. Ça veut dire quoi ? Moi, pour avoir une terre, il faut appartenir à la collectivité.
Deuxième critère, il faut avoir la capacité de mise en valeur. Donc vous voyez bien que théoriquement, je dis, si on se fonde simplement sur ces critères-là, quand moi j’habite Dakar, je suis né à Dakar, etc., je ne peux pas avoir une terre à Sanyo, je ne peux pas avoir une terre à Sandiara. C’est ça la théorie. Maintenant, est-ce que ça continue avec la réalité ? C’est peut-être ce qui justifie le fait qu’on doit obligatoirement revenir sur le système foncier. Mais tant qu’encore une fois, il n’y a pas de réforme, c’est ce régime juridique-là qui s’applique au terrain ».
THÉORIQUEMENT, ON NE PEUT PAS S’APPROPRIER LE DOMAINE PUBLIC DE L’ETAT
« Pour le domaine de l’État, j’ai dit tout à l’heure qu’il y a le domaine privé et le domaine public. Le domaine privé, ça appartient à l’État. C’est un titre foncier qui appartient à l’État. Et sur ce titre foncier-là, l’État peut donner des titres, par exemple, autorisations, des beaux, que ce soit ordinaire ou bien amphithéotique, et même vendre sous certaines conditions.
Mais le domaine public, c’est un ensemble qu’il y a là, et il y a une notion fondamentale, c’est l’utilité publique. Cela veut dire quoi ? Que l’on ne peut pas théoriquement s’approprier le domaine public ».
COEXISTENCE D’UN DROIT COUTUMIER LARGEMENT APPLIQUÉ PAR LES COMMUNAUTÉS LOCALES ET D’UNE LÉGISLATION FONCIÈRE MODERNE.
« En vérité, on ne devrait même pas parler aujourd’hui de propriété coutumière, de droit coutumier. Parce que l’objectif de la loi de 1964, c’était quoi ? C’était d’éradiquer la propriété coutumière. C’était de faire en sorte qu’il n’y ait plus de coutume, de droit coutumier sur la terre. C’était ça l’objectif.
Donc si, aujourd’hui on parle de droit coutumier, c’est la source de tous les conflits. Parce qu’encore une fois, il y a un problème. Ce problème, c’est quoi ? On a cherché à enterrer le droit coutumier. On a cherché à éradiquer la propriété coutumière. Ça, c’était l’option en 1964, avec des explications bien déterminées. Parce qu’encore une fois, on est parti du fait qu’on ne peut pas se développer entre guillemets avec la propriété coutumière parce qu’il y a besoin d’investissement, etc. Voilà pourquoi j’ai dit, avec des explications qui étaient peut-être collées à cette époque-là. Il y a eu des contestations, les anciens propriétaires coutumiers n’étaient pas du tout d’accord avec cette option.
Voilà pourquoi il y a eu toutes ces résistances. Et puisque l’État n’a pas mis les moyens pour que la loi de 1964 soit appliquée véritablement, il y a eu cette co-existence-là. C’est bon de mettre en place une législation, mais si on ne crée pas les conditions d’application effectives de cette loi, on crée une confusion. Et c’est exactement ce qui est arrivé. Voilà pourquoi quand vous parlez de coexistence, j’ai dit que c’est vrai, mais il ne devrait même pas y avoir de coexistence si on avait appliqué la loi sur le domaine national. Mais l’État n’a pas mis les moyens ».
CE QUE DIT LA LOI DE 1964
« La loi de 1964 dit que le foncier national, à l’époque c’était 95% de la terre, donc presque toute la terre, que ces terres là sont exclusives de toute idée de propriété. Voilà pourquoi je disais tout à l’heure que ça n’appartient à personne. Ça disait également qu’il y a la gratuité de l’accès. Pour avoir accès à la terre du domaine national, on ne paie rien. Je dis bien, on ne paie rien. Quand on réunit les conditions-là, je suis membre de la collectivité, j’ai la capacité de mise en valeur, on fait une demande et on doit avoir accès à la terre. Mais ce qui a rendu la chose un peu plus compliquée, c’est qu’en mettant en place la loi de 1964, il y a eu un principe, le principe du maintien sur place de ceux qui occupaient effectivement la terre. Et c’est ça qui a fait qu’il y a déjà cette confusion-là entre quels sont ceux qui ont pu obtenir une affectation, ou bien ceux qui sont là, qui n’ont peut-être pas mis en valeur, mais qui sont encore là du fait qu’il y a eu ce principe du maintien sur place de ceux qui étaient effectivement usagers de la terre ».
Par Sidy DIOP
LE RING DES AFFAIRES
Il y a des rancunes qui s’évaporent avec le temps, et d’autres qui s’accrochent comme un vieux chewing-gum sous une table. Bertrand Touly, lui, fait partie de la deuxième catégorie.
Il y a des rancunes qui s’évaporent avec le temps, et d’autres qui s’accrochent comme un vieux chewing-gum sous une table. Bertrand Touly, lui, fait partie de la deuxième catégorie. L’ancien patron du Lamantin Beach n’a pas oublié l’histoire de la drogue cachée dans son bureau par Luc Nicolaï, et il compte bien récupérer son dû, franc CFA par franc CFA.
Alors, le 20 février, on va sortir le marteau du juge des criées à Mbour. Vente aux enchères. Un terrain nu, aux Domaines de Capparis.
Un joli bout de terre appartenant à Luc Nicolaï, qui risque de disparaître sous les coups de la justice et des mises des amateurs d’opportunités immobilières. Luc Nicolaï, jadis roi des arènes, promoteur de lutte à la réputation aussi musclée que ses combattants, voit aujourd’hui ses biens partir un à un. C’est qu’une condamnation à cinq ans de prison, même avec un an de sursis, ça laisse des traces. Et un Bertrand Touly qui ne lâche pas l’affaire, c’est comme un lutteur qui refuse de tomber : ça peut durer longtemps.
Mbour s’apprête donc à assister à un « cabaxal » décisif. Pas sur le sable de l’arène, mais devant un tribunal, où le dernier combat entre un hôtelier tenace et un promoteur de lutte en difficultés pourrait bien sceller définitivement le sort de l’affaire.
Par Elhadji Ibrahima THIAM
L’ANNONCE QUI FAIT PERDRE LE SOMMEIL A L’ONCAV
Depuis que le chef de l’État a demandé, mercredi dernier, en Conseil des ministres, de réformer le mouvement Navétanes, on en connaît qui ne dorment plus du sommeil des justes.
Depuis que le chef de l’État a demandé, mercredi dernier, en Conseil des ministres, de réformer le mouvement Navétanes, on en connaît qui ne dorment plus du sommeil des justes. En premier, celui qui préside aux destinées de ce championnat national populaire de quartiers depuis plus d’une vingtaine d’années. Et c’est tout à fait normal que lui et son engeance perdent le sommeil à la suite de cette instruction présidentielle.
D’abord, parce que jamais de mémoire, la question du Navétanes ne s’est invitée sur la table du Conseil des ministres. Ensuite, c’est tout un système de copains et de coquins qui risque de voler en éclats. Le surplace voulu et imposé par les actuels dirigeants du Navétanes a duré trop longtemps. Il fallait bien, à un moment où un autre, que quelqu’un siffle la fin de ce jeu de bonneteau entretenu par un groupuscule fort en esbroufe. C’est heureux que cela vienne de la plus haute autorité. On va enfin pouvoir secouer le cocotier pour redonner à ce mouvement son lustre d’antan et le réadapter aux enjeux de notre temps. Les énièmes scènes de violence de ces derniers jours soldées par mort d’homme à Guédiawaye sont certainement ce qui a décidé le chef de l’Etat à hausser le ton. Mais elles sont loin d’être le seul facteur qui, depuis des années, ont contribué à éloigner ce mouvement de ses missions originelles.
En réalité, le Navétanes a été dépouillé de sa substantifique moelle depuis belles lurettes, lorsque, de réformettes en réformettes, ses dirigeants se sont organisés pour rester à sa tête. Le subterfuge est du même artifice que celui de ces chefs d’Etat africains qui, à l’approche de la fin de leur mandat, s’arrangent pour retoucher les textes et demeurer encore au pouvoir. Dans leur démarche, les actuels dirigeants du Navétanes développent une forte appétence pour le football, car il apporte de l’argent. Les sous, le nerf de leur désir d’éternité. Evidemment, tout cela se fait au détriment des activités socioculturelles et socio-éducatives qui ont complètement disparu de la carte alors qu’on parle bien d’Associations sportives et culturelles.
Les compétitions de théâtre, les joutes à caractère cérébral comme les jeux de dame, de Scrabble, les dictées et mêmes les élections miss, bref toutes ces activités connexes qui permettaient d’occuper la jeunesse dans une saine émulation entre quartiers voisins ont été abandonnées. La faute à des dirigeants fossilisés qui refusent de se réinventer, de repenser le mouvement pour le mettre au diapason, à l’air du temps. Aucune contradiction n’est tolérée à l’interne. Toutes les voix dissidentes sont étouffées ou leur auteurs exclus des instances.
Les foucades du président de l’Oncav, plus préoccupé à enchaîner les mandats au sein de la Fédération sénégalaise de football sont de notoriété publique. Parce qu’effectivement, il y a à boire et à manger dans le Navétanes. Les recettes générées par les entrées au stade sont de plus en plus consistantes car il y a plus d’Asc à la faveur de la démographie galopante et de nouveaux quartiers, donc plus de matchs. Sauf que les infrastructures sportives ne suivent pas le même rythme. D’ailleurs, c’est l’une des raisons de l’impossibilité de circonscrire le Navétanes aux vacances scolaires. L’émiettement des Asc doit être posé sur la table. Peut-être faut-il encourager des fusions, ce qui aura l’avantage de réduire le nombre de matchs, de faire souffler nos infrastructures sportives et de raccourcir le temps des compétitions. On aurait ainsi des ensembles forts, utiles et impliqués dans la marche du pays. Le Premier ministre Ousmane Sonko vient de lancer l’idée de coopératives urbaines. Justement, les Asc, déjà existantes, sont une piste à explorer. Seulement, il ne faut pas commettre l’erreur d’y aller avec l’Oncav sans l’avoir réformée au préalable. Ses dirigeants ont déjà montré par le passé qu’en matière de situationnisme, ils sont assez rodés.
LES ASSURANCES DU MINISTERE DU COMMERCE À PROPOS DU MARCHÉ DU SUCRE
Face aux accusations relayées par certains médias concernant un supposé scandale dans la délivrance des DIPA (Déclarations d’Importation de Produits Alimentaires) sur le sucre, le Ministère de l’Industrie et du Commerce rétablit les faits
Face aux accusations relayées par certains médias concernant un supposé scandale dans la délivrance des DIPA (Déclarations d’Importation de Produits Alimentaires) sur le sucre, le Ministère de l’Industrie et du Commerce a tenu à rétablir les faits.
Dans un communiqué officiel, le ministère dénonce une tentative de désinformation visant à faire pression pour maintenir les importations de sucre.
Régulation des importations pour protéger l’industrie locale
Le ministère rappelle que l’importation du sucre est strictement encadrée afin d’assurer un approvisionnement correct du marché tout en protégeant la production nationale. « Le Ministère rappelle qu’il s’évertue à assurer un approvisionnement correct et régulier du marché, tout en veillant scrupuleusement à la parfaite commercialisation de la production locale, qui, du reste, demeure une priorité. »
Ainsi, tant que la production locale est suffisante, les importations restent gelées. Toutefois, une période de dégel a été fixée entre juillet et décembre 2024, avec un quota global de 100.000 tonnes, réparti entre les différents opérateurs en fonction de leurs parts de marché. Le ministère insiste sur le fait que « toutes les DIPA délivrées durant cette période sont en conformité avec les décisions sur la régulation des importations de sucre. »
Un nouveau système pour plus de transparence
Pour éviter les abus et renforcer la transparence, le ministère a mis en place un nouveau système exigeant le contreseing du ministre sur chaque DIPA. L’objectif est de limiter les spéculations et les dysfonctionnements observés, notamment en période de forte demande liée aux fêtes religieuses.
« Concrètement, il a été constaté de façon récurrente, des dysfonctionnements dans ce système de régulation, liés à la forte demande notamment lors des évènements religieux (Korité, Pâques, Tabaski, Magal, Gamou, etc.). Cette situation propice à la spéculation désorganise profondément le marché et obère le pouvoir d’achat des consommateurs. »
Aucune nouvelle autorisation d’importation en 2025
Le ministère réfute les allégations selon lesquelles de nouvelles autorisations d’importation auraient été accordées pour l’année 2025. Il précise cependant que certains opérateurs ont rencontré des retards dans leurs financements et leur logistique de livraison et ont ainsi obtenu des dérogations limitées.
« Concernant l’année 2025 et les décisions incriminées par une certaine presse, aucune nouvelle autorisation n’a été délivrée. Toutefois, certains opérateurs, confrontés à des retards dans la mise en place de leur financement et leur logistique de livraison, ont sollicité et obtenu des dérogations.» Le volume concerné est de 5.000 tonnes seulement, bien loin des 23.950 tonnes évoquées dans certaines publications.
Une offre suffisante pour répondre à la demande nationale
Le ministère rassure la population sur l’approvisionnement en sucre, affirmant que les stocks disponibles couvrent largement les besoins nationaux. « Présentement, la CSS dispose d’un stock global de 61 160 tonnes pour un besoin national de 30.000 tonnes en période normale et de 45.000 tonnes en période de fortes demandes comme ce sera le cas les prochaines semaines avec le Carême et le Ramadan. » Si des tensions dans la distribution sont constatées, un dispositif palliatif sera activé pour garantir un approvisionnement immédiat.
Un comité de suivi pour stabiliser le marché
Pour assurer un meilleur suivi des produits sous régulation (sucre, riz, oignons, pommes de terre), un comité de suivi a été mis en place conformément aux recommandations de la Cour des Comptes. Ce comité proposera des mesures correctives pour éviter toute nouvelle perturbation du marché. Enfin, le ministère réaffirme son engagement à protéger les populations vulnérables et à garantir un prix accessible du sucre, tout en favorisant une industrie locale durable et compétitive. « Le Ministère de l’Industrie et du Commerce se veut à l’écoute des acteurs concernés par le secteur du sucre et mettra en place des mécanismes de concertation pour garantir une distribution harmonieuse et bénéfique à tous les citoyens. »
SALOUM COLY, UN CUISTOT 2.0
Une bonne dose d’audace, une pincée de motivation, un soupçon de courage et le tout saupoudré d’un bon coup de pouce du destin, ce sont là les ingrédients du succès virtuel de Saloum Coly.
Une bonne dose d’audace, une pincée de motivation, un soupçon de courage et le tout saupoudré d’un bon coup de pouce du destin, ce sont là les ingrédients du succès virtuel de Saloum Coly. Au fil du temps, il est passé d’un passionné de cuisine à futur chef grâce à la magie du net.
Le menu du jour est du Domoda. L’apprenti cuisinier tient d’abord à prévenir ses pairs : «je cuisine le plat que certains hommes n’aiment pas». Ce dernier commence par les boulettes. De la farce à la cuisson du riz blanc, le jeune de 21 ans fait tout lui-même avec une dextérité remarquable. Après dressage, il présente son plat à ses 146.000 abonnés sur Tiktok. A la maison, Saloum Coly alias Papito est le chef. Il n’hésite pas à se mettre aux fourneaux pour le bonheur de la famille. Pas besoin de toque ni de tablier. Le jeunot a juste eu besoin d’une bonne dose de curiosité et d’un coup de main du destin.
L’entrée en cuisine de ce cuistot s’est faite par le plus grand des hasards en 2020. C’est suite à l’hospitalisation de son unique sœur qu’il a pris la cuisine en main. En effet, cette dernière tombe malade et est hospitalisée trois mois plus tard pour une durée de dix jours. Sa mère est aux petits soins et passe toute la journée à son chevet. Saloum Coly ne perd pas de temps et décide de nourrir la famille. «Ma mère m’a donné quelques consignes que j’ai respectées et cela a bien marché. Pour les autres plats, j’ai fait mes propres recherches sur YouTube», explique-t-il guilleret.
Le longiligne se découvre rapidement une passion pour la cuisine Il commence à poster ses recettes sur Instagram et Whatsapp. Ce dernier prend plaisir à essayer de nouveaux plats sur le réseau social Tiktok. Un créateur de contenus turc va lui donner le zest de motivation dont il a besoin pour se lancer davantage dans les vidéos. «Les gens me motivaient également et m’encourageaient à continuer sur cette lancée. C’est de là que j’ai décidé d’utiliser mon ancien compte de football pour commencer à poster mes réalisations. Ce fut un succès», avoue-t-il fièrement.
«C’est une des amis de ma mère qui m’a aidé à monétiser le compte en le créant depuis la France», fait savoir Papito. Au fil des recettes, le passionné de cuisine se fait rapidement un nom. «Une de mes vidéos a même franchi la barre des un million de vues». Une fierté pour le passionné.
Le goût de la reconnaissance
Saloum Coly partage ses recettes depuis plus de trois ans sur les plateformes numériques. «Je reçois beaucoup de bienveillance. Mes abonnés m’encouragent et me motivent dans ce domaine», affirme-t-il tout sourire. Avec la bénédiction de sa mère, Papito n’hésite pas à se mettre aux fourneaux pour concocter des plats. Le cuisinier en herbe révèle prendre du plaisir à partager sa passion aussi bien avec sa famille que ses abonnés. «Un de mes abonnés m’a appelé récemment pour me remercier car c’est grâce à mes recettes qu’il a pu s’en sortir en cuisine», confie-t-il. Une source de satisfaction pour le jeune longiligne.
Les réseaux sociaux ont boosté la passion du créateur de contenus. Ce dernier fait des pubs et collabore également avec des entreprises de la place. Il pense même à changer de vocation. L’étudiant en informatique ne parle que le langage de la cuisine. «Je veux faire une formation en hôtellerie et tourisme», dit-il convaincu. Le futur chef cuisinier veut continuer à faire découvrir au monde les recettes sénégalaises et devenir l’un des plus grands cuisiniers du monde. «C’est désormais la voie que j’ai choisi pour réussir ma vie et venir en aide à ma famille», affirme-t-il avec beaucoup d’ambitions.
LE CORED ANNONCE SON RETRAIT DE LA PRESIDENCE DE LA CAP
Le 1er février 2025, le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les Médias (CORED) a annoncé son retrait de la présidence de la Coordination des Associations de Presse (CAP).
Le 1er février 2025, le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les Médias (CORED) a annoncé son retrait de la présidence de la Coordination des Associations de Presse (CAP). Le CORED invite désormais les autorités et institutions à adresser directement leurs correspondances aux responsables de chaque association membre de la CAP. Ce retrait fait suite à son rôle dans l’organisation des Assises nationales des médias en 2023, où il avait assuré le secrétariat aux côtés du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), ce qui l’avait conduit à coordonner les activités de la CAP pendant cette période.