Dakar, 13 sept (APS) – Le Fonds monétaire international (FMI), en raison de perspectives macroéconomiques ‘’difficiles’’ pour le Sénégal, prévoit maintenant une croissance du PIB réel de 6,0 % pour le pays à la fin de l’année, contre une estimation de 7,1 % faite en juin.
‘’Les perspectives macroéconomiques pour le reste de l’année 2024 restent difficiles. La croissance du PIB réel est désormais projetée à 6,0 %, une révision à la baisse par rapport à la prévision de 7,1 % de juin 2024’’, déclare l’institution financière dans un communiqué publié à la fin du séjour à Dakar de quelques-uns de ses fonctionnaires.
‘’La croissance du secteur non-hydrocarbures devrait ralentir à 3,3 %, contre une projection antérieure de 4,8 %’’, ajoute le FMI, concernant les raisons pour lesquelles il dit s’attendre maintenant à une croissance moins élevée que celle prévue en juin pour la fin de l’année.
Ses fonctionnaires affirment que l’inflation globale devrait atteindre en moyenne 1,5 % en glissement annuel.
Le déficit du compte courant devrait se réduire à 12,7 % du PIB, en raison du démarrage de la production d’hydrocarbures dans un contexte de performance modérée des exportations non-hydrocarbures, signale la mission du Fonds monétaire international.
Elle a relevé une ‘’absence de mesures budgétaires supplémentaires’’, à cause de laquelle ‘’le déficit devrait dépasser 7,5 % du PIB, bien au-delà des 3,9 % prévus dans le budget initial’’.
Au Sénégal, le FMI constate une baisse des recettes et une augmentation des dépenses en subventions énergétiques et en paiements d’intérêts. ‘’Par conséquent, la dette de l’administration centrale devrait rester supérieure au critère de convergence de l’UEMOA fixé à 70 %.’’
‘’En l’absence de mesures supplémentaires, atteindre l’objectif de déficit de l’UEMOA à 3 % du PIB en 2025 prendrait plus de temps que prévu initialement’’, préviennent les fonctionnaires du Fonds monétaire international.
‘’Dans ce contexte, ajoutent-ils, les autorités [sénégalaises] sont encouragées à mettre en œuvre des mesures fortes, notamment la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non ciblées et coûteuses.’’
Cette mesure devrait faciliter ‘’un retour rapide à l’objectif de déficit budgétaire et placer la dette publique sur une trajectoire résolument décroissante’’.
‘’En outre, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour traiter l’accumulation d’impayés envers les entreprises privées, en particulier dans les secteurs de la construction et de l’énergie. Un inventaire de ces passifs devrait être réalisé et un plan d’apurement, avec un calendrier crédible et transparent, devrait être mis en place pour garantir une résolution dans des délais raisonnables’’, conseille l’institution financière aux pouvoirs publics sénégalais.
Elle estime que ‘’des efforts supplémentaires sont également nécessaires pour faire avancer le programme de réformes structurelles, notamment la révision de la formule de tarification des produits pétroliers, l’avancement du diagnostic des coûts de production de l’électricité, et l’amélioration de la viabilité financière de la société nationale d’électricité’’.
‘’S’agissant du secteur financier, le personnel du FMI se félicite des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’ensemble des mesures recommandées […] pour faciliter la sortie du pays de la ‘liste grise’’’, lit-on dans le communiqué.
Il affirme que ‘’les autorités [sénégalaises] ont réaffirmé leur engagement en faveur des réformes qui sous-tendent le programme appuyé par le FMI’’.
Le gouvernement sénégalais a ‘’également renouvelé [son] engagement pour la transparence, la bonne gouvernance et la responsabilité publique’’, en plus d’avoir assuré aux fonctionnaires du FMI qu’un ‘’audit général des finances publiques est en cours de finalisation’’.
Les membres de la mission du Fonds monétaire international disent avoir eu des ‘’discussions franches et constructives’’ avec les autorités du pays qu’ils ont rencontrées, dont le Premier ministre, Ousmane Sonko, le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, et leur collègue Cheikh Diba, chargé des Finances et du Budget.
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LE CRI DES TRÉSORS VOLÉS
Avec « Dahomey », Mati Diop signe un documentaire aussi innovant que nécessaire sur la restitution des œuvres d'art africaines. En donnant la parole aux objets eux-mêmes, elle offre une perspective inédite sur ce chapitre douloureux de l'histoire
La cinéaste franco-sénégalaise Mati Diop frappe fort avec son nouveau documentaire "Dahomey". Dans une interview exclusive, elle lève le voile sur ce film audacieux qui donne littéralement la parole aux 26 trésors royaux du Bénin, récemment restitués par la France.
"J'ai voulu que ces œuvres racontent elles-mêmes l'histoire de leur pillage", explique Diop. Le film capture le voyage de retour de ces artefacts, offrant une perspective inédite sur la restitution du patrimoine africain.
La réalisatrice met en lumière la jeunesse africaine, dont la voix résonne à travers le film. "Ils sont lucides sur les enjeux diplomatiques", souligne-t-elle, évoquant leur compréhension aiguë des implications de cette restitution.
Diop refuse le didactisme, préférant une approche poétique et fantastique. "C'est politique de s'autoriser à être libre dans la forme", affirme-t-elle, revendiquant le droit à un imaginaire affranchi des contraintes du militantisme traditionnel.
"Dahomey" s'annonce comme une œuvre percutante, mêlant histoire, politique et art pour aborder les stigmates persistants du colonialisme. Un film qui promet de secouer les consciences et de ravir le débat sur la restitution du patrimoine africain.
par Mohamed Gueye
BESOIN URGENT DU NERF DE LA GUERRE
Avec des élections prévues le 17 novembre, le Sénégal s'engage dans une période d'incertitude budgétaire qui pourrait nuire à ses relations avec ses partenaires internationaux
Le président Bassirou Diomaye Faye, contre tout engagement présidentiel et malgré tous les risques, a décidé d’exécuter la commande de son Premier ministre. C’est, en effet, le chef du gouvernement qui, en réplique aux exigences des députés qui l’avaient contraint à une date pour faire sa Déclaration de politique générale (Dpg), avait annoncé que cela n’allait pas se faire. Ousmane Sonko avait même affirmé que «le 12 septembre, ces gens auront bien d’autres préoccupations que d’attendre une Dpg».
Les députés qui auraient eu des doutes sur la question, ont pu se rendre compte hier que le duo au sommet de l’Etat fonctionnait encore en parfaite harmonie. Pour le moment, la volonté du Premier ministre prime sur toute autre volonté, ou même sur les logiques économiques. Or, cela semble mener le pays vers une terrible impasse financière et économique. Le Président, en dissolvant l’Assemblée, a décidé de convoquer le corps électoral le 17 novembre pour l’élection d’une nouvelle chambre.
Il ne nous dit pas d’où il va tirer les moyens pour organiser les prochaines élections. La dernière chronique de Madiambal Diagne mettait déjà en garde : «Le Sénégal a raté ses échéances du mois de juillet dernier avec le Fmi, induisant un non-décaissement de la somme de 230 milliards de francs Cfa. Un autre décaissement en faveur du Sénégal, de 169 milliards, est prévu pour le mois de décembre 2024. Ces sommes sont indispensables pour le budget de l’Etat…» Or, cet argent du Fmi ne pourrait être débloqué, on l’a dit plusieurs fois ici, que sous certaines conditions. Madiambal Diagne l’a expliqué : «Le gouvernement n’a même pas encore adopté en Conseil des ministres, un projet de Loi de finances rectificative. C’est dire que si l’Assemblée nationale se trouve dissoute avant d’avoir fini de voter une Lfr, cette question, pomme de discorde majeure avec nos partenaires, ne sera pas réglée d’ici la fin de l’exercice budgétaire au 31 décembre 2024. En conséquence, la gestion budgétaire souffrira de lacunes, d’anachronismes et de carences qui vont rattraper l’exercice 2025.»
L’ancien directeur de la Solde, M. Charles-Emile Ciss, en a rajouté dans un texte publié en début de semaine, pour rappeler «l’urgence d’élaborer une Loi de finances rectificative permettant au gouvernement, conformément aux dispositions de la nouvelle Loi organique relative aux lois de Finances, de disposer d’une autorisation budgétaire couvrant les actes de dépenses initiés par ses membres (ministres, directeurs généraux, etc.).
Le second risque, non moins majeur en cas de dissolution, c’est que toutes ces opérations budgétaires présentes ou à venir (Budget 2024, Budget 2025) ne seraient pas légalement couvertes et le Sénégal plongerait dans une obscurité budgétaire inédite puisque l’Exécutif, en vertu du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, ne peut s’autoriser à percevoir des impôts et à dépenser.
En effet, la Constitution réserve cette compétence exclusivement au Parlement…»
Le Peuple sénégalais doit donc s’attendre à connaître une longue crise qui, si on n’y prend garde, va se prolonger durant l’année à venir. Et il faudra s’attendre à ce que ce hiatus dans la gestion du budget de l’Etat, et surtout la légèreté avec laquelle cette situation politique aura été conduite, ébranle les relations du Sénégal avec nos partenaires internationaux.
LE COSKAS, CHEVILLE OUVRIÈRE DU GAMOU ET IDENTITÉ REMARQUABLE À TIVAOUANE
Le Comité d’organisation au service de Khalifa Ababacar Sy joue un rôle central dans l’organisation du maouloud. Reconnaissables à leurs tenues vertes, ces bénévoles veillent à la sécurité et à la gestion logistique de cet important événement religieux.
Tivaouane,13 sept (APS) – A Tivaouane, fief de la confrérie tidiane, le Comité d’organisation au service de Khalifa Ababacar Sy (Coskas), cheville ouvrière du Gamou, l’événement religieux commémorant la naissance du prophète de l’Islam, Mohamed (PSL), fait figure d’une véritable identité remarquable.
Reconnaissables à leurs tenues de couleur verte souvent assorties de chaussettes, les membres du COSKAS sont déployés dans toute la cité religieuse onze jours avant le Gamou. Et leur tenue ne passe pas inaperçu.
La ville de Tivaouane, à l’instar des autres foyers religieux soufis du pays, célèbre depuis plus d’un siècle (122e édition) le Maouloud, communément appelé Gamou au Sénégal. Cet événement religieux draine des milliers de fidèles qui viennent du Sénégal et de l’étranger.
Au-delà des services de l’Etat qui se mobilisent pour gérer la forte concentration humaine, les autorités religieuses, en collaboration avec les services étatiques, mettent en place des dispositifs pour la prise en charge les questions de sécurité, d’hygiène, d’orientation, de santé, d’eau et d’électricité.
A Tivaouane, des membres du Coskas assurent l’organisation interne des mosquées et des mausolées. Ils travaillent aussi en bonne entente avec les forces de l’ordre pour rendre fluide la circulation des disciples à l’entrée et aux alentours d’autres lieux d’affluence, comme les domiciles des marabouts.
Mis en place en 1968, ce comité compte divers profils dans ses rangs : des agents des sapeurs-pompiers, des médecins, des enseignants, des commerçants, des opérateurs économiques, des chefs de service, entre autres. Tous se portent volontaires pour œuvrer à la réussite de l’événement religieux phare de Tivaouane.
La grève des étudiants de 1968 comme point de départ
En 1938, un cercle restreint d’hommes engagés auprès du khalife d’alors, Serigne Babacar Sy, fils d’El Hadj Malick Sy, l’initiateur du Gamou de Tivaouane, s’étaient chargés d’organiser la célébration de la naissance du prophète Mohamed (PSL).
Sous le khalifat de Serigne Abdou Aziz Sy ‘’Dabakh’’, ce comité devint plus actif en 1968, l’année de la grève fameuse déclenchée par les étudiants sénégalais.
A l’occasion de cette édition, seuls 25 policiers avaient été mobilisés pour sécuriser le Gamou. La raison était liée à un manque d’effectif, la police étant plus occupée à venir à bout du mouvement estudiantin.
C’est alors que Serigne Cheikh Tidiane Sy demanda à Serigne Mansour de recourir à de jeunes pensionnaires de “daara’’ (écoles coraniques), pour épauler les 25 agents de police déployés à Tivaouane, raconte Serigne Babou, secrétaire à l’organisation d’Ahlou Soufa, une section du Coskas.
Au début, seules 71 personnes furent sélectionnées. Elles étaient toutes originaires de Thiès, à l’exception de l’une d’entre elles qui était d’un âge avancé et qui venait de la ville de Rufisque. Au fil des ans, le comité atteignit plus de 5.000 membres.
Le gonflement de ses rangs lui impose alors une plus grande organisation interne, à travers la mise en place de plusieurs commissions. Elles sont dédiées à la manutention, aux tentes, aux bâches, à la plomberie, aux équipements, sans compter les commissions chargées des différents compartiments des mosquées, dont les mausolées des défunts khalifes et de leurs proches.
‘’La foi, la discipline et la discrétion’’ comme devise
S’ils savent à quelle heure ils commencent leurs activités, les membres du Coskas ne se fixent en revanche aucune limite de temps pour leur achèvement. Tant qu’il y a des tâches à accomplir, ils restent sur le terrain, et sont visibles dans les mosquées, les mausolées, les rues menant au cœur de la ville, les édifices accueillant du monde. Ils orientent les fidèles, organisent les files dans les mosquées, distribuent les mets aux fidèles et escortent les autorités religieuses de la ville.
Ici, la discipline et discrétion sont les deux maîtres mots. La foi en bandoulière, les membres du Coskas accomplissent, sans grande difficulté, leurs tâches.
Elimane Niang, un résident de Thiès membre du Coskas, indique que pour intégrer le comité, il faut de prime abord ‘’être tidiane, être membre d’un dahira et se conformer à la devise qu’est la foi, la discipline et la discrétion’’.
Aucune distinction de sexe ni d’âge n’est faite au sein du comité, où enfants, jeunes et vieux sont traités de façon identique.
Pour eux, la retraite n’existe pas en religion. ‘’Il y a des personnes âgées à qui on demande de rester à la maison, mais elles refusent en disant que tant qu’elles seront en vie, elles accompliront la volonté de Serigne Babacar Sy’’, dit-il, pour justifier la présence de personnes âgées parmi les membres du Coskas.
Pour ce disciple, le comité, comme son nom l’indique, est une marque identitaire de la famille d’El Hadj Malick Sy. ‘’On ne le retrouve qu’à Tivaouane. Il s’agit d’un legs de nos grands-pères, de nos pères et aujourd’hui, nous sommes fiers d’œuvrer pour le khalife actuel’’.
Il y a une quarantaine de commissions : ordre, réserve, réception, entre autres. Rien que la commission ordre compte 600 membres.
Une source de financement du Maouloud
En plus de s’investir pour le bon déroulement du Gamou, les membres du Coskas, par leurs cotisations, financent des activités menées durant cet événement religieux.
‘’Avant, les membres déboursaient 1.000 francs CFA, en guise de cotisation annuelle. Nous nous sommes rendu compte que les temps ont changé. Sous l’égide de Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine, il a été décidé que tout membre actif versera désormais 10 000 francs par an’’, confie Alassane Niang, vice-président de Ahlou Soufa.
La symbolique et l’historique de la couleur
Cette contribution pécuniaire concerne les membres en tenue, sur le terrain. Ce qui n’a rien à voir avec les membres de soutien au Coskas. Cet argent, en plus des contributions des sections régionales, constitue le budget du COSKAS.
Toute une symbolique entoure le choix des couleurs des tenues du Coskas. Le marron était choisi par les membres fondateurs du Coskas, pour les uniformes. Elle a dû céder la place au fil des ans, au bleu.
‘’Après la mise en place du Coskas, les responsables morales avaient porté leur choix sur le marron. Le choix de la couleur bleue a été en vogue, s’en est suivi le vert clair qui a fini par marquer les esprits. Si on dit vert, on évoque le vert du Coskas’’, explique le vice-président de la commission ordre dudit comité.
Beaucoup de gens ont fini par penser que c’était la ‘’marque déposée du Coskas, renvoyant à la couleur de l’Islam’’, ajoute-t-il.
Cette année, avec l’accord de leur responsable moral Moustapha Sy Al Amine, petit-fils de Serigne Babacar Sy, il a été commandé des tenues de couleur marron, assortie de d’images de parapluies de couleur verte.
L’exigence qui accompagne ce choix est qu’il est formellement interdit de garnir les tenues et que les parapluies miniaturisés ne doivent pas être couchés. Tout membre qui enfreint cette consigne se verra privé de badge, prévient le responsable de l’ordre. Une sanction lourde pour ces sentinelles de la Tjaniyya qui, sans relâche, œuvrent avec passion et fierté, n’espérant que la reconnaissance du khalife.
LE FMI PRÉCONISE DES MESURES FORTES POUR STABILISER LES FINANCES PUBLIQUES
Le Fonds monétaire international, après avoir constaté un ralentissement de l’activité économique, recommande aux autorités du pays de recourir à une suppression progressive des subventions énergétiques non-ciblées.
Le Fonds monétaire international (FMI), après avoir constaté un ralentissement de l’activité économique au Sénégal, dit s’attendre à des ‘’perspectives difficiles’’ pour le reste de l’année et recommande aux autorités du pays de recourir à ‘’des mesures fortes’’, dont une ‘’suppression progressive des subventions énergétiques non-ciblées et coûteuses’’.
‘’L’activité économique a ralenti au cours du premier semestre 2024, et les perspectives demeurent difficiles pour le reste de l’année’’, affirme l’institution financière sur son site Internet.
Ce constat a été fait par des fonctionnaires du FMI, qui ont séjourné au Sénégal pendant une semaine.
‘’La position budgétaire devrait se détériorer en raison d’une baisse des recettes et de l’augmentation des dépenses en subventions énergétiques et en paiements d’intérêts’’, prédisent les membres de la mission du Fonds monétaire international à la fin de leur séjour.
Ils recommandent au gouvernement sénégalais de prendre des ‘’mesures fortes, notamment la rationalisation des exonérations fiscales et la suppression progressive des subventions énergétiques non-ciblées et coûteuses’’.
De telles mesures ‘’sont nécessaires pour assurer un retour rapide à la cible de déficit de l’UEMOA et placer la dette publique sur une trajectoire résolument décroissante’’.
Les membres de la mission ont rencontré des autorités sénégalaises, dont le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba.
Les personnalités avec lesquelles ils ont discuté ‘’ont réaffirmé leur engagement en faveur des réformes qui sous-tendent le programme appuyé par le FMI et se tiennent prêtes à prendre des mesures vigoureuses pour remettre les finances publiques sur une nouvelle trajectoire de réduction du déficit et de l’endettement public’’.
La mission de l’institution financière et les autorités locales ont poursuivi les discussions entamées en juin, concernant le programme économique sénégalais soutenu par des accords conclus par les deux parties dans le cadre du Mécanisme élargi de crédit du FMI, pour un montant d’environ 1,5 milliard de dollars américains, à peu près 887,4 milliards de francs CFA.
Le FMI rappelle qu’il entretient avec le Sénégal un programme de soutien à ‘’la résilience’’ et à ‘’la durabilité’’ de l’économie du pays, autour d’un budget d’environ 320 millions de dollars américains, quelque 189,3 milliards de francs CFA.
‘’L’économie sénégalaise a enregistré une croissance plus lente que prévue au cours du premier semestre de 2024. La croissance du produit intérieur brut réel s’est établie à 2,3 % au premier trimestre, et les indicateurs de conjoncture suggèrent un ralentissement similaire au deuxième trimestre’’, a relevé Edward Gemayel, le chef de la mission ayant séjourné au Sénégal.
M. Gemayel signale que ‘’ce ralentissement reflète une activité plus faible dans les secteurs minier, agro-industriel, de la construction et, dans une moindre mesure, du secteur primaire’’.
‘’L’inflation globale a ralenti pour atteindre une moyenne de 2,2 % en glissement annuel au premier semestre de l’année, sous l’effet de la baisse des prix internationaux des matières premières et d’une demande intérieure modérée’’, a indiqué le fonctionnaire du FMI.
Il constate que l’exécution budgétaire du Sénégal a révélé, à la fin du mois d’août, ‘’un manque à gagner significatif en termes de recettes, tandis que les dépenses sont restées globalement conformes aux prévisions’’.
‘’En conséquence, le déficit budgétaire s’est creusé et, en raison de la faiblesse des marges de liquidité, les autorités ont eu recours à des emprunts commerciaux externes coûteux à court terme’’, observe le Fonds monétaire international.
L'ENGAGEMENT PRÉSIDENTIEL EN QUESTION
Sonko n’a jamais eu l’intention de le faire sa DPG. Et Diomaye l’a soutenu à coups de décrets. L'ombre de promesses non tenues planait déjà sur le jeune quinquennat, rappelant étrangement les débuts de celui de Macky Sall
Si certains avaient espéré que la dissolution de l’Assemblée allait être prise après la DPG, la divine surprise ne s’est pas produite : le président a acté la dissolution de l’institution et validé le refus du Premier ministre de se soumettre à cet exercice constitutionnel. Si BDF se défend d’avoir « dupé » le peuple sénégalais, cet engagement non respecté va le poursuivre durant son quinquennat, comme Macky qui n’avait pas réduit son mandat après avoir pris un tel engagement. On lui a toujours rappelé qu’une parole présidentielle est sacrée.
C’est la fin de la tragi-comédie : les députés ne verront pas Sonko, comme il l’avait annoncé lui-même de manière triviale. Il n’est pas devin, mais il est dans les secrets des dieux. Il y a quelques jours, le Premier ministre avait dévoilé les grandes lignes du discours du chef de l’Etat tenu hier : les limogeages de Mme Aminata Mbengue Ndiaye et de M. Abdoulaye Daouda Diallo à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese), après le rejet du projet de loi qui devait supprimer ces deux institutions. Lors de son adresse à la Nation, le président Faye a confirmé le reste des propos de son Premier ministre : la dissolution l’Assemblée et les futures poursuites judiciaires contre les dignitaires de l’ancien régime. Il a « légalisé » ces annonces en signant les différents décrets qui les officialisent.
Jusqu’au bout, certains espéraient pourtant que le Premier ministre allait faire sa Déclaration de politique générale (DPG). Mais, il y a eu des doutes sur la dissolution de l’Assemblée nationale hier, après que le président a convoqué les députés en session extraordinaire pour la ratification de certains traités et aussi la Dpg. Bien sûr, il s’était engagé à travers un décret que son Premier ministre allait se soumettre à cet exercice constitutionnalisé en fixant la date du 13 septembre. Or Sonko n’a jamais eu l’intention de le faire. Et BDF l’y a soutenu à coups de décrets, comme la signature hier de l’acte de décès de la 14ème législature.
Dans ses explications, le président Faye nie une quelconque manœuvre politique. Alors qu’il s’est engagé personnellement dans ce bras de fer institutionnel, il a soutenu qu’il «ne s’est pas agi de duper le peuple sénégalais, mais simplement d’asseoir fermement l’autorité de la loi», tout en rappelant par les actes que «l’ordre politique, sous mon magistère, ne supplantera jamais l’ordre légal». «Il y allait donc de mon devoir juridique, éthique et moral de ne céder la moindre parcelle de tolérance aux contempteurs de la loi. J’en ai donc conclu que le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire, dans le seul intérêt du peuple sénégalais, était une illusion. Celle-ci ayant décidé de se détourner du peuple pour promouvoir le culte du blocage, et ainsi entraver la mise en œuvre du Projet sur la base duquel j’ai été élu.» C’est le point final d’un bras de fer entre l’Exécutif et le Législatif dont le personnage central du conflit est le Premier ministre. Sonko est le grand gagnant. Quid de Diomaye ?
À DAKAR, LES LAVANDIÈRES CONFRONTÉES À LA CONCURRENCE DES LAVERIES AUTOMATIQUES
Malgré des tarifs compétitifs et des techniques de lavage traditionnelles, ces femmes peinent à rivaliser avec la rapidité et l'efficacité des machines. Souvent venues des zones rurales, elles continuent de résister en s'appuyant sur une clientèle fidèle
Dakar, 13 sept (APS) – Dans plusieurs quartiers de Dakar, il est fréquent de voir un groupe de femmes, jeunes et moins jeunes, laver le linge, à la devanture de maisons ou dans un espace ouvert, entourées de plusieurs bassines remplies de vêtements.
Appelées lavandières ou lingères, ces femmes sont pour la plupart originaires du monde rural qu’elles quittent pour la capitale, Dakar, à la recherche d’une vie meilleure. Elles effectuent un travail pénible, espérant, avec l’argent gagné, avoir de quoi payer le loyer d’une chambrette à Dakar et également envoyer un peu d’argent à la famille restée au village.
Mais aujourd’hui, ces lingères font face à la concurrence de laveries automatiques ou pressings de plus en présentes dans la capitale.
Au quartier Médina, par exemple, Souleymane Faye, assisté d’un jeune garçon, tient un pressing, un magasin devenu exigu car faisant également office de multi-services. Des vêtements propres sont ensachés et posés de part et d’autre du local, pendant que le linge sale est mis dans une machine à laver et que d’autres habits sont étalés sur le sèche-linge.
Les tarifs appliqués par Souleymane s’élèvent entre 600 et 4 000 francs CFA, selon le type d’habit (teeshirts, chemises, pantalons ou boubou) ou s’agissant d’un drap de lit ou d’une couette.
‘’Dans certains pressings, le tarif est fixé en fonction du poids du linge, mais chez nous, nos prix sont arrimés au volume de la bassine. On paye 800 francs CFA pour un pantalon, 600 francs CFA pour un tee-shirt et 700 francs CFA pour une chemise’’, explique-t-il.
Dans son pressing, Souleymane offre également un service de repassage moyennant le paiement de la somme de 4 000 francs CFA.
Selon lui, ‘’le travail se passe bien’’. D’ailleurs, espère-t-il trouver un magasin plus spacieux afin de mieux organiser son travail et faire croître son chiffre d’affaires.
Si Souleymane se frotte lais mains, il n’est pas sûr que les lavandières peuvent en dire autant. Au quartier Médina, où il est fréquent de les voir en groupe, s’affairant sur les trottoirs, devant des bassines remplies d’eau et de linge sale, les lingères disent ressentir la concurrence des laveries automatiques, sans pour autant se plaindre outre mesure.
Les lingères font de la résistance
‘’Même si la concurrence des pressings est réelle, les clients continuent à nous solliciter, car les machines à laver ne peuvent pas enlever toutes les impuretés qu’on peut retrouver sur des habits’’, renseigne Fatou Sène, originaire de Ngoundiane, dans la région de Thiès.
Assise devant un tas de linge sale, elle indique que ses tarifs sont de loin inférieurs à ceux appliqués par les tenanciers des blanchisseries.
‘’Un pantalon est lavé et repassé moyennant 200 francs CFA, une chemise à 200 francs CFA, un tee-shirt à 200 francs CFA et un drap de lit à 500 francs CFA. Les boubous et autres habits traditionnels sont lavés à 1 500 francs CFA’’, détaille-t-elle.
Il arrive, ajoute cette dame, que les clients se fassent rares, ‘’durant la saison des pluies, notamment, car nous travaillons à l’air libre, à même les trottoirs’’.
Pour sécher le linge, elle est ses congénères usent du système D, accrochant le linge à des clôtures, des cordes tendues entre deux arbres.
Pis, il leur arrive, elle est ses collègues lingères, de recevoir des menaces de déguerpissement venant des autorités du quartier ou de la mairie.
Et en l’absence de clients, ‘’nous faisons du porte-à-porte pour proposer nos services’’, ajoute Fatou Sène, qui dit toutefois compter sur certains qu’elle a réussi à fidéliser.
Accompagnées de leurs enfants qu’elles portent, pour certaines, sur le dos ou qu’elles laissent jouer sur les trottoirs, tout en frottant frénétiquement les vêtements à laver, les lavandières trouvées à la Médina sont tiraillées entre leur travail et la surveillance de leur progéniture.
Technologie et nouvelles habitudes de consommation
A quelques pâtés de maisons du lieu de travail de fortune de Fatou Sène, Aïssatou Ndione, une autre lingère, est à la tâche. Elle soutient que le développement des blanchisseries automatiques dans le quartier, a affecté son travail.
‘’Aujourd’hui, beaucoup de mes anciens clients préfèrent les machines à laver et le fer à repasser électrique. La concurrence des laveries modernes rend désormais notre travail de moins en moins rentable’’, constate amère cette dame aux 20 ans d’expérience dans le lavage manuel.
Face à cette concurrence ‘’asymétrique’’, Aïssatou Ndione mise sur les tarifs bas qu’elle pratique, comparé aux laveries automatiques.
Quoique flexibles, les tarifs de ses services lui permettent, tant bien que mal, de vivre à la force de ses biceps mais, précise-t-elle : ‘’Il est plus fructueux pour moi d’avoir un client avec plusieurs vêtements à laver. Dans pareil cas, le prix est fixé par cuvette, alors qu’un article unique ne me rapporte quasiment rien’’.
Si pour une serviette, par exemple, elle demande 300 francs CFA tout au plus, ‘’je lave une cuvette remplie de linge à 3 000 francs CFA’’, dit Aïssatou Ndione.
De nos jours, la technologie a bouleversé la pratique de beaucoup de métiers et créé de nouvelles habitudes chez les gens. Le travail de lingère ne fait, hélas, pas exception.
Selon plusieurs d’entre-elles interrogées par l’APS, ‘’l’apparition des blanchisseries automatiques et autres machines à laver, installées un peu partout à Dakar, a fait baisser (leur) chiffre d’affaires’’.
Manar Sall
ABUS D'AUTORITÉ, LES OTAGES DE SONKO
A ma grande surprise, je me suis rendu compte que je suis sur la liste des otages de Sonko, puisque je me suis vu interdit de sortir du territoire ce mercredi 10 septembre sans avoir reçu une quelconque notification d'une enquête en cours.
Je suis un sénégalais qui a servi son pays pendant un peu plus de 5 ans comme conseiller technique du ministre du Pétrole et des Énergies d'abord puis comme Directeur général-fondateur de PETROSEN Trading & Services.
J'ai créé cette société de toutes pièces avec un capital de 100 millions de francs CFA.
J'ai trouvé un siège, récupéré des meubles faute de moyens, recruté des dizaines de sénégalais, et ensemble nous avons:
1. mis mon carnet d'adresses au service du pays afin de pouvoir démarrer les activités de Trading,
2. évité au pays une pénurie avec un Approvisionnement régulier malgré le conflit russo-ukrainien,
3. mis en place un réseau de stations-services avec la création de plus de 150 emplois,
4. fait une entrée dans la distribution de gaz butane afin de viser l'équité territoriale,
5. développé une application pour servir les clients dans plusieurs stations,
6. développé un projet de valorisation de nos ressources naturelles en mettant en place un projet d'une usine d'urée,
7. fait passer le chiffres d'affaires de la société de 0 à 500 milliards sur 3 ans.
J'ai ainsi gagné sur la même année le Cauri d'or du meilleur manager homme et la calebasse de l'excellence.
Toutes les actions prises ont été soutenues et approuvées par le conseil d'administration de la société et le Directeur de cabinet du Président de la République est bien placé pour en parler. Pour votre information, PETROSEN Trading et Services n'a pas de ligne dans le budget de l'Etat donc ne bénéficie pas des deniers du pays. Avec mes collaborateurs, nous avons créé de la valeur et même fait des résultats positifs. La cour des comptes qui nous a audité en 2023, à demandé à l'autorité de nous soutenir plus.
Suite à ma passation de service (le 26 juin), j'ai créé une société et demandé une licence auprès du Ministère de l'Energie, du Pétrole et des Mines puisque j'avais oublié de le mentionner, je ne connais que le pétrole et j'ai été dans 2 grands groupes pétroliers (ExxonMobil alors numéro 1 mondial et OLA). J'ai été expatrié pendant 20 ans et basé en France, Belgique, États-Unis, DR Congo, Cote d'Ivoire, Monaco, Maroc, Dubai.
A ma grande surprise, je me suis rendu compte que je suis sur la liste des Otages de Sonko, puisque je me suis vu interdit de sortir du territoire ce mercredi 10 septembre sans avoir reçu une quelconque notification d'une enquête en cours ou d'un quelconque audit concernant ma gestion de la société nationale.
Dois-je comprendre que le fait d'avoir accepté de servir mon pays sous l'ancien régime est un crime ou que la présomption d'innocence n'existe plus au Sénégal.
Je pense que c'est une erreur que de croire que tous les sénégalais sont des peureux, pour être moins vulgaires que certains, et quelqu'un qui a quelque chose à se reprocher ne va pas créer une société.
Je pus assurer le TPOS que je suis prêt à répondre à toutes ses questions et à aller en prison si j'ai commis des indélicatesses. Tous les sénégalais ne sont pas des criminels et bien avant lui, il y a eu des patriotes.
Je demande à être convoqué et entendu dans les meilleurs délais afin de reprendre une vie normale et aller à la rencontre de mes partenaires.
Pour votre information, je n'ai pas 1 m² ni sur le littoral, ni sur Mbour 4, ni sur la bande des filaos.
Je demande le soutien de tous les patriotes sénégalais épris de justice d'exiger la publication de la liste des Otages de Sonko.
Mon nom est Manar Sall et j'ai servi mon pays sans frigo bar, ni machine à café et en arrivant tous les jours le premier à mon bureau.
Non à l'autoritarisme.
Que Dieu protège le Sénégal !
LE PARI RISQUÉ DE DIOMAYE
L'espoir d'une accalmie politique post-présidentielle s'envole. Le président, en dissolvant l'Assemblée, relance les tensions plutôt que de les apaiser. Cette décision, visant à protéger son Premier ministre, attise les braises politiques
La dissolution de l'Assemblée nationale était devenue un secret de Polichinelle. Et le président Bassirou Diomaye a acté cette décision hier lors de son adresse à la nation. Mais dans un contexte politico-social peu reluisant, surtout avec la recrudescence de l'émigration irrégulière, le président Bassirou Diomaye Faye ne prend-il pas un risque avec ces prochaines élections législatives prévues le 17 novembre prochain ?
Les querelles politiques sont loin visiblement de connaître leur épilogue au Sénégal. Et ceux qui, lassés par les années de plomb à cause des soubresauts politiques, pensaient tourner la page des polémiques électoralistes avec la dernière élection présidentielle, peuvent déchanter. Il leur reste une autre paire de manches si l'on se fie aux propos du président Bassirou Diomaye Faye qui a annoncé hier la dissolution de l'Assemblée ́nationale tout en fixant la date des élections législatives pour le 17 novembre prochain. Mais en voulant sauver son puissant Premier ministre Ousmane Sonko d'une DPG en queue de poisson voire d'un lynchage parlementaire de la part des députés de BBY, Bassirou Diomaye Faye prend certainement le risque d'organiser des élections législatives qui seront tout sauf une sinécure pour les nouveaux tenants du pouvoir. Loin s'en faut.
Parce que même si la coalition au pouvoir pense surfer sur l'euphorie de la victoire historique et éclatante de la dernière présidentielle, force est de dire que depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Et à l'épreuve des rigueurs du pouvoir, le Pastef et son ''Projet'' essaient de trouver leur marque de manière plus ou moins poussive. Entre certaines sorties ratées, la dernière en date est celle du ministre de la Santé Ibrahima Sy, et l'affaire Cheikh Omar Diagne qui défraie la chronique, les premiers pas du régime n'ont pas été de tout repos. De même, si la jeunesse a participé fortement à l'élection de Bassirou Diomaye Faye, il faut dire que l'avènement de ce nouveau régime n'a pas calmé leur ardeur concernant l'émigration irrégulière qui connaît une recrudescence dans le pays. Et dans ce dédale, l'opposition ne rate aucune occasion pour tirer avec véhémence sur Diomaye, Sonko et compagnie.
La popularité d'Ousmane Sonko, le seul gage de réussite
Par ailleurs, le Pastef et ses alliés ne doivent leur ascension fulgurante et leurs dernières victoires électorales retentissantes qu'à la seule popularité de leur leader Ousmane Sonko. Un constat d'ailleurs largement partagé par le président Bassirou Diomaye Faye. Lors de son dernier face-à-face avec la presse, le chef de l'Etat a fait savoir à qui voulait l'entendre qu'il devait son élection à son actuel Premier ministre. Tous les analystes sont d'accord que c'est Ousmane Sonko qui a ''élu'' les maires et les députés.
Mais cette popularité suffira-t-elle à persuader les Sénégalais de leur donner la majorité parlementaire en novembre ? L'emblématique homme politique pourra-t-il encore embarquer les jeunes avec la même ferveur ? Les jours et les semaines qui viennent nous édifieront sur la question.
''Déminage'' impossible des bastions de BBY avec les législatives
Mais ce qui est sûr, c'est que les prochaines élections seront âprement disputées. D'autant qu'avec les contraintes des urgences, les nouveaux tenants du pouvoir n'ont pas le temps pour la politique et ne sont pas encore arrivés à ''déminer'' les bastions de l'ancien régime, même si le PM était en déplacement le week-end passé au cœur du ''titre foncier'' de Macky Sall, à Matam. L'ancien chef du gouvernement Amadou Ba, arrivé deuxième lors de la dernière élection présidentielle avec plus de 30%, n'a pas dit son dernier mot. Il compte lancer prochainement sa formation politique. D'autres figures politiques moins représentatives politiquement mais avec une assise médiatique comme Bougane Guèye Dany et Thierno Allassane Sall déclarent déjà la guerre au tandem Diomaye-Sonko. En attendant, la politique dicte toujours sa loi au Sénégal.
LEVÉE DE BOUCLIERS CONTRE UN PROJET DÉJA VOUÉ À L’ÉCHEC
Si certains voient à travers les Lycées Nation-Armée pour la Qualité et l'Équité, une opportunité de redynamiser l'école sénégalaise, d'autres craignent la création d'une élite déconnectée et une concurrence déloyale pour les établissements existants
Et si le Prytanée militaire de Saint-Louis avait déjà la vocation d’un enseignement basé sur l’excellence, la qualité, le civisme et l’équité ? s’interrogeait « Le Témoin » dans une récente édition suite à la publication d’un communiqué conjoint des ministères de l’Education nationale et des Forces armées portant création des Lycées Nation-Armée pour la Qualité et l’Équité (Lynaqe). Cette initiative est bonne puisqu’elle prouve tout l’intérêt que le président Bassirou Diomaye Faye porte à l’avenir d’une École sénégalaise inclusive où les élèves s’identifient dans la qualité et l’équité connues jusque-là chez les soldats. Malheureusement les Lynaqe sont déjà voués à l’échec par certains inspecteurs et autres acteurs de l’éducation « Tous les pourfendeurs de ce projet sont contre la promotion et la décentralisation de l’excellence » réplique un membre du jury du Concours général.
Dès la prochaine rentrée des classes 2024-2025, des Lycées Nation-Armée pour la Qualité et l’Équité (Lynaqe) ouvriront leurs portes et fenêtres au profit de 600 élèves, de la 6ᵉ à la Terminale, sélectionnés par concours. Ces établissements visent à promouvoir l’excellence tout en inculquant des notions de respect, d’équité, de discipline et d’honnêteté aux jeunes lycéens. Le ministre de l’Education, Moustapha Guirassy et celui des Forces armées, général Birame Diop chargés de piloter le projet ont un grand défi à relever ! Non seulement ils doivent combiner leurs efforts pour porter rapidement les deux lycées sur les fonts baptismaux, mais encore ils devront faire en sorte qu’ils produisent les résultats escomptés. Un challenge redoutable au regard de nombreuses voix qui s’élèvent contre ce projet auquel certains prédisent déjà l’échec !
Selon un ancien doyen de Faculté (Ucad) préférant garder l’anonymat, la solution du problème de notre Ecole dépasse de loin la création de ces nouveaux lycées qui ressemblent à de la redondance par rapport au Prytanée militaire de Saint-Louis. « D’abord, permettez-moi de magnifier la vision éclairée du président de la République Bassirou Diomaye Faye dans sa volonté de révolutionner l’école sénégalaise afin qu’elle soit capable de produire les citoyens de demain. C’est-à-dire de meilleurs élèves puis de brillants étudiants et ensuite de hauts cadres capables de contribuer positivement au développement de la Nation. Ces citoyens-là doivent acquérir des compétences professionnelles essentielles dans un corps-esprit plein de valeurs humaines telles que la pensée critique, la collaboration, l’équité, la loyauté, la créativité, le civisme, l’abnégation, la communication, l’honnêteté, le travail etc. L’apprentissage de ces valeurs humaines et capacités professionnelles se fait dès l’école maternelle. Ou alors à la maison dès l’âge de 4 ans. Vous conviendrez avec moi que des millions de Lynaqe créés ne sauraient constituer une solution aux maux de la société sénégalaise. Le débat doit être centré sur la problématique de l’école sénégalaise et sa société. L’école, telle qu’elle fonctionne, est d’inspiration française et donc totalement déphasée de nos réalités socio-culturelles. Les programmes qui y sont enseignés manquent totalement de pertinence par rapport à nos besoins les plus prégnants ! » estime cet éminent universitaire à la retraite. Il déplore que l’école sénégalaise soit incapable de former le type de citoyen capable de promouvoir le développement endogène à base socioculturelle. « Cela me semble d’autant plus vrai que les exemples de réussite qui dominent le monde sont nombreux : Japon, Corée, Chine, Inde, Singapour et Malaisie » indique-t-il. Or, dans tous ces pays, le système éducatif est basé sur les réalités socio-culturelles et a pour but de promouvoir un développement endogène.
La preuve par les écoles japonaises, chinoises, marocaines…
Dans tous ces pays, la scolarité obligatoire commence à l’âge de 5 ou 6 ans. Mais auparavant, il y a l’éducation préscolaire des enfants de 3 à 4 ans qui s’effectue dans le cadre d’un système socio-professionnel. Mieux, l’éducation se fait dans leurs propres langues maternelles. C’est comme si nos enfants de 3 à 4 ans étaient scolarisés en Ouolof, Halpulaar, Sérère etc. Ce comme le petit Français avec son français maternel, l’Américain avec son anglais maternel, le Marocain avec son arabe maternel etc. Et ici au Sénégal, on met 13 ans (du Cours d’initiation (Ci) à la Terminale) pour maitriser la langue française. Malgré tout, les étudiants arrivent à l’Université sans une bonne maitrise de la langue française, il y a problème ! » s’étrangle cet ancien professeur d’Université à propos de la création des Lycées Nation-Armée pour la Qualité et l’Équité (Lynaqe) par le gouvernement. « C’est une mauvaise solution à un vrai problème qui réclame une solution globale. Il faut une réforme ou une profonde remise en cause de l’école sénégalaise, de l’Elémentaire au Supérieur. Il me semble opportun et responsable de faire un constat d’échec et de se mettre dans des perspectives de remédiation. En tout cas, j’ai peur que ces nouveaux Lycées Nation-Armée créent encore une discrimination dans l’accès universel au savoir. Le Prytanée militaire est certes une école d’excellence mais les lycées populaires comme Blaise Diagne, Lamine Guèye, Limamou Laye, Mariama Ba, Charles de Gaulle et autres étaient tellement bien gérés qu’ils le concurrençaient dans les concours de prestige comme ceux pour l’entrée à l’École militaire de santé, l’Ecole polytechnique de Thies, les grandes écoles d’officier etc. sans compter le Concours général » explique cet ancien doyen de Faculté
L’ancien enfant de troupe M. Diagne devenu ingénieur en génie civil tient d’abord à préciser que nous sommes des citoyens sénégalais. « Que l’on soit sortis des écoles d’excellence comme Mariama Ba de Gorée, le Prytanée militaire de Saint-Louis ou le lycée d’excellence de Diourbel, nous devons garder à l’esprit que, si toutes ces écoles maintiennent leur excellence, c’est évidemment pour le bénéfice du Sénégal. Le Prytanée qui sert, à quelques différences près, de modèle, tire son originalité de son cursus à la fois militaire et pédagogique possible grâce à une alchimie entre un encadrement militaire et un encadrement civil (pour le volet pédagogique). Sans oublier les diplômes militaires qu’on y passe. Tandis que l’école Mariama Ba garde sa spécificité qui est d’être un internat qui n’accueille que des jeunes filles. Sous régime d’internat et de bourses pour les étudiants, le lycée d’excellence de Diourbel, à vocation scientifique, tire sa spécificité du recrutement à partir de la seconde des meilleurs élèves en sciences avec des critères de moyennes élevées en mathématiques, sciences de la vie, sciences physiques etc. Mieux, les membres de l’encadrement et les enseignants sont sélectionnés suite à un appel à candidatures. Juste pour vous dire que chacune de ces écoles obéit à une spécificité et à certaines vocations. Une raison suffisante de ne pas fragiliser ce qui existe déjà comme établissements d’excellence dans ce pays. Car trop d’excellence nuit à l’excellence et trop de quantité tue la qualité ! A mon avis, l’Excellence peut être cassée à force de multiplier les écoles d’excellence » pense cet ancien élève du Prytanée militaire Charles Ntchoréré de Saint-Louis. D’un autre côté, ajoute-t-il, des lycées d’Intégration nationale de l’Equité et de la Qualité (Libeq) lancés par le président Macky Sall ont été transformés en « Lycées Nation Armée pour la Qualité et l’Equité (Lynaqe). « Leur création part donc d’une logique qui ne va pas sans causer de soucis. Les lycées seront en effet dirigés par des colonels de l’armée qui seront les commandants d’écoles et assistés par des directeurs des études issus du corps enseignant. Quant aux élèves sélectionnés, ils vont bénéficier d’un encadrement rigoureux et d’une bourse, le tout dans un système d’internat. La logique donc de faire diriger une école civile par un encadrement militaire peut à priori poser l’équation de l’autorité. L’on n’est pas assurés qu’un élève civil reconnaîtra plus l’autorité d’un encadreur militaire que celle d’un civil. Ce qui veut dire qu’un dirigeant civil pourra aussi bien faire l’affaire qu’un militaire. La question que l’on peut d’ailleurs poser est celle de savoir si la vocation des militaires est de diriger des écoles civiles » s’interroge M. Diagne.
Les Lynaqe, un concept attractif !
A-t-il une solution à proposer ? « La solution, selon moi, c’est d’augmenter les effectifs et les infrastructures du Prytanée pour former davantage d’élèves issus de ce creuset militaire d’excellence » conseille-t-il. Un conseil qui ne semble pas convaincre Kh. Guèye, un ancien membre de jury du Concours général. « Le lycée d’excellence Nation-Armée crée par le président de la République Bassirou Diomaye Faye est un concept attractif, un pas résolu vers la qualité et l’équité en milieu scolaire. Nul ne naît excellent ! Ce que le président de la République a bien compris en créant les Lynaqe pour favoriser les conditions d’excellence scolaire basées sur l’environnement adéquat (internat), l’encadrement militaire et le suivi pédagogique. Avec la multiplication des Lynaqe dans chaque région, il y aura de la place pour tout le monde contrairement aux écoles d’excellence classiques comme le Prytanée militaire, l’Ecole Mariama Ba de Gorée etc. aux places très, très limitées. Vous savez, la plupart des anciens issus de prestigieuses écoles n’osent plus se proclamer conservateurs après avoir longtemps mené la guerre des écoles. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes individus qui invoquent une éventuelle saturation de l’excellence avec la création des Lynaqe. Ils ne sont autres que des pourfendeurs de la promotion et la décentralisation de l’excellence sur l’étendue du territoire national. Parce que l’implantation de ces lycées à Sédhiou et Fatick va inciter les élèves des écoles locales à redoubler d’efforts pour pouvoir intégrer ces établissements d’excellence de proximité. Mieux cette émulation va booster le système éducatif en général, rehausser le niveau général des études et créer de nouveaux génies.
Concurrence déloyale !
A en croire Lamine Diop, un ancien inspecteur de l’Education, le package civisme-qualité-équité que l’on cherche à inculquer dans ces Lynaqe n’est pas l’apanage de l’Armée. « C’est en effet une notion qui a été de tout temps cultivée dans l’enseignement public. Comment vouloir faire de l’excellence et de la qualité en choisissant 600 et quelques élèves d’un seul coup ? » s’interroge-t-il tout en indiquant que l’autre problème que l’on peut relever, c’est le fait de recruter des proviseurs, professeurs et autres surveillants généraux par appel à candidatures. « Cela signifie que, par la même occasion, l’on va priver certains lycées populaires des meilleurs personnels enseignants. L’on se rappelle que dans une époque pas lointaine, aux plus forts moments de l’émulation créé par le Concours général, des lycées, à coups de motivations financières, ont débauché des profs du Prytanée militaire de Saint-Louis. Cette année-là, l’Armée a dû faire recours à des vacataires et des profs sans expérience pour combler le vide dans certaines matières. L’on a aussi paradoxalement noté que, dans ces écoles d’excellence régulièrement primées au Concours général, il y avait un énorme fossé qui s’est creusé entre les élèves en termes de niveau. Donc il ne faut pas, à mon avis, créer une école sénégalaise à deux vitesses avec la multiplication des écoles d’excellence qui vont recruter les meilleurs professeurs et des écoles à qui sont arrachés leurs meilleurs profs » estime M. Diop, ancien censeur de lycée, qui pense d’ailleurs que l’enseignement du civisme, de l’équité et de la qualité ne doit pas être réservé à certaines écoles. « Il doit être inculqué de manière égale car tous les jeunes Sénégalais doivent être imbus de ces valeurs » indique notre interlocuteur à propos de la création des Lycées Nation-Armée pour la Qualité et l’Équité (Lynaqe).
Mais qu’est-ce qui cache derrière ces boucliers au point que certains acteurs de l’éducation décrètent la mort-né de ces Lynaqe ? Le débat reste encore ouvert…