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15 novembre 2024
L'OPPOSITION DANS LE VISEUR DE DIOMAYE
Le président a dénoncé une série d'obstructions, allant du refus d'examiner le budget à l'usurpation de prérogatives présidentielles. Il pointe notamment du doigt la fixation unilatérale de la date de la déclaration de politique générale par l'opposition
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a dissous l'Assemblée nationale ce jeudi 12 septembre 2024, accusant l'opposition d'entraver délibérément son action. Dans un discours incisif, Faye a dressé un réquisitoire implacable contre la majorité parlementaire.
Premier grief : le refus d'organiser le débat d'orientation budgétaire le 29 juin. "Une violation d'une obligation légale", selon Faye, qui aurait "gravement nui à l'image du Sénégal" sur la scène internationale.
Deuxième accusation : le rejet, le 29 août, d'un projet de loi constitutionnel visant à supprimer le Haut Conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental. Pour le président, ce refus va à l'encontre des "urgences de rationalisation des dépenses publiques".
Enfin, le président dénonce une "usurpation des prérogatives constitutionnelles" du chef de l'État, l'opposition ayant unilatéralement fixé la date de la déclaration de politique générale.
Face à ce qu'il qualifie de "culte du blocage", Faye convoque de nouvelles élections pour le 17 novembre 2024.
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FIN DE LA COHABITATION
Diomaye annonce la dissolution de l'Assemblée et fixe la date des nouvelles législatives au 17 novembre. Il dresse un réquisitoire contre la majorité parlementaire, l'accusant de saboter son action à travers une série d'obstructions
Le président Bassirou Diomaye Faye a frappé fort ce jeudi 12 septembre 2024, en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale. Dans un discours à la nation, le jeune chef d'État a justifié sa décision par une "obstruction systématique" de la majorité parlementaire, accusée de "ramer à contre-courant de la volonté populaire".
Il a évoqué une série de blocages : refus d'organiser le débat budgétaire, rejet d'une réforme constitutionnelle promise, et même "usurpation des prérogatives présidentielles". Pour lui, la cohabitation est devenue impossible avec une Assemblée qu'il qualifie de "dernier avatar bloquant du régime déchu".
Cette décision, prise en vertu de l'article 87 de la Constitution, marque un tournant dans la jeune présidence de Faye, élu en mars dernier sur un programme de rupture. De nouvelles élections législatives sont prévues le 17 novembre 2024
SON ÉMISSION À LA RTS ANNULÉE, PAPE DJIBRIL FALL PARLE DE CENSURE
“La RTS vient d’annuler avec fracas l’émission prévue aujourd’hui après le journal de 20h, pourtant à son initiative. L’heure est grave ; le pays anxiogène et le désespoir qui étreint nos concitoyens exige de la RTS une vraie pluralité", a-t-il écrit.
Le député Pape Djibril Fall qui devait être l’invité du journaliste Migui Mariame Ndiaye, dans l’émission “Champ contre Champ”, programmée pour ce jeudi après le journal de 20 heures, n’a pas apprécié l’annulation de l’entretien.
Sur ses Réseaux sociaux, il a dénoncé ce qu’il conçoit comme une censure. “Mes chers compatriotes, Sine die, la RTS vient d’annuler avec fracas l’émission prévue aujourd’hui après le journal de 20h, pourtant à son initiative. L’heure est grave ; le pays anxiogène et le désespoir qui étreint nos concitoyens exige (Sic) de la RTS une vraie pluralité et non de façade dans le traitement de l’information pour le bien de la population sénégalaise. Halte à la censure”, a-t-il écrit.
A souligner que l’annulation de l’émission fait suite à l’annonce de l’adresse à la Nation du président de la République ce jeudi à 20 heures. D’habitude après un tel exercice, des débats télévisés sont organisés sur toutes les chaines pour décrypter le message du chef de l’Etat. Cela pourrait expliquer l’annulation de la tenue de l’émission “Champ contre Champ” de ce jour.
LE SÉNÉGAL DÉCROCHE SON BILLET POUR LES DEMI-FINALES DE L'AFROBASKET U18
En demi-finales, le Sénégal affrontera le vainqueur du dernier quart de finale, qui oppose en ce moment le Mali au Nigeria.
iGFM (Dakar) Le Sénégal a décroché son billet pour les demi-finales de l'Afrobasket U18, après sa victoire devant l'Égypte, ce jeudi soir en Afrique du Sud.
Les Lionceaux ont battu les Égyptiens tenants du titre sur le score de 68 à 61. Ce succès, le Sénégal le doit à Cheikh Bitèye meilleur marqueur du match avec 23 points.
En demi-finales, le Sénégal affrontera le vainqueur du dernier quart de finale, qui oppose en ce moment le Mali au Nigeria.
L’équipe nationale du Sénégal de basket s’est qualifiée pour les quarts de finale de l’Afrobasket masculin des moins de 18 ans, après avoir battu, mardi à Pretoria, celle du Cameroun, sur le score de 72 à 56;
DIOMAYE PROMET DE DÉSIGNER UNE PERSONNALITÉ CONSENSUELLE POUR COORDONNER LA PRATIQUE RELIGIEUSE AU SÉNÉGAL
”Nous avons la volonté inébranlable, dans un futur proche, de nommer une personnalité qui va parcourir tous les foyers religieux, afin de susciter une démarche commune, qui conduit une vision qui rassemble en rassurant”, a indiqué le chef de l’Etat.
Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a promis, jeudi, de choisir, ”d’ici quelque temps”, une personnalité qui fait l’unanimité, pour coordonner la pratique religieuse au Sénégal.
”D’ici quelque temps, je mettrai la dernière touche sur le choix de la personnalité qui fera, j’en suis sûr, l’unanimité pour coordonner la pratique religieuse au Sénégal”, a déclaré le président de la République, Bassirou Diomaye Faye.
Le président Faye était en visite au domicile du Khalife général des Tidianes, en prélude au Gamou de Tivaouane, qui sera célébré dimanche.
”Nous avons la volonté inébranlable, dans un futur proche, de nommer une personnalité qui va parcourir tous les foyers religieux, afin de susciter une démarche commune, qui conduit une vision qui rassemble en rassurant”, a indiqué le chef de l’Etat.
Bassirou Diomaye Faye a fait part de son souhait de réaliser ce qu’il avait prévu, pour tous les foyers religieux.
”C’est la première fois que je vous vois mais j’ai une bonne impression de vous”, a dit Serigne Maodo Sy Dabakh, au nom du Khalife général des Tidianes.
Le Khalife promet de tout faire, pour aider le président Bassirou Diomaye Faye à réussir tous les projets, au grand bénéfice de tous les Sénégalais, a-t-il indiqué.
”Par mes prières, je vais vous soutenir, car c’est Dieu qui demande aux musulmans de formuler des prières”, a dit le marabout, qui a présenté ses condoléances au chef de l’Etat, suite au naufrage à Mbour d’une pirogue transportant des candidats à l’émigration irrégulière et l’accident de circulation de Ndiama Fall ayant causé la mort de 16 personnes.
Le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour a annoncé qu’il saisira le président de la République, ”dans les prochains jours”, de son intention de recommander 48 heures de prières aux populations. Le Sénégal ”est un pays de prières”, a noté le chef de l’Etat.
Auparavant, Bassirou Diomaye Faye avait évoqué l’urgence pour les hommes religieux de prier davantage et de conscientiser les jeunes qui tentent de rejoindre les côtes espagnoles. Il avait demandé au Khalife général des Tidianes de multiplier les prières en direction des jeunes candidats à l’émigration irrégulière.
”Nous comptons sur la crédibilité de vos messages pour arrêter ce qui s’apparente au suicide en mer. Dans vos messages, les jeunes doivent savoir que nous allons bâtir ce pays avec eux. Je vous prie de parler avec les jeunes”, a insisté le chef de l’Etat.
Il a fait part au Khalife des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, de sa volonté de rassembler des familles religieuses par un message qui rassure.
Serigne Habib Sy Borom Daradji a, au nom du Khalife et du comité d’organisation du Maouloud, exprimé sa satisfaction au président quant au respect des directives pour la bonne organisation du Maouloud 2024.
Le président de la République s’est ensuite recueilli au mausolée de Seydi Hadji Malick Sy, avant d’entrer à la mosquée Serigne Babacar Sy au moment de l’appel à la prière du muezzin.
par Boubacar Boris Diop
ÉCHANGER POUR CHANGER LE MONDE
Il vaut mieux être alphabétisé dans sa langue que dans une langue d'emprunt. C'est ce que commandent le simple bon sens et un souci d'efficacité. Nos pays sont presque toujours beaucoup moins anglophones ou francophones qu'on le croit
L'alphabétisation, un droit fondamental et un pilier du progrès social. C'est le message fort que délivre l'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop lors de la Journée internationale de l'alphabétisation célébrée le 9 septembre 2023 à Yaoundé. Dans son discours publié ci-dessous, il explore les enjeux complexes de l'éducation en Afrique et dans le monde. Diop invite à repenser notre approche de l'apprentissage, en mettant l'accent sur l'importance des langues maternelles.
Il y a une certaine beauté, morale et philosophique, dans la tradition des ''Journées internationales'' et l'on ne peut que se féliciter de l'opportunité de dialogue que nous offre celle de ce 9 septembre 2024 à Yaoundé.
Qu'il me soit donc permis de vous dire à cette occasion ma fierté d'être partie prenante d'un exercice qui, au-delà de l'invite au vivre-ensemble, appelle à une méditation individuelle et collective sur le bon usage du savoir, sujet vital s'il en est. Cette pause réflexive des femmes et des hommes de bonne volonté, sans cesse renouvelée depuis bientôt soixante ans, nous permettra d'explorer les voies menant à une éducation universelle pouvant favoriser le dialogue entre les peuples et, ce faisant, la paix parmi toutes les nations de la terre.
Je ne peux résister à la tentation de partager avec vous, d'entrée de jeu, un souvenir de jeunesse qui m'est souvent revenu à l'esprit au cours des dernières semaines. J'appartiens à une génération d'intellectuels africains qui ne fut pas toujours très raisonnable, qui fut même souvent prompte dans les années 70 à prendre au mot les plus audacieuses utopies. Parmi celles-ci figurait en bonne place le rêve d'une société sans école. Nous faisions circuler entre nous pour en discuter avec passion le célèbre ouvrage d'Ivan Illich ainsi intitulé du reste. Il ne faut cependant pas se fier à son titre provocateur et d'une brutalité étudiée car pour Illich il s'agissait moins de se débarrasser de l'école que de la débarrasser de tout ce qui pourrait l'empêcher d'être accessible à tous. C'était une sorte de profession de foi démocratique au sens le plus fort du terme et l'essayiste autrichien nous glissait en quelque sorte à l'oreille l’idée qu'en révolutionnant les méthodes d'acquisition de la connaissance on en vient à révolutionner la nature même de cette connaissance ainsi que son impact social.
Mais aujourd'hui, avec des décennies de recul et pas mal de cheveux blancs, on a plutôt envie de relativiser le potentiel subversif de cette thèse qui se voulait, pour reprendre le mot du poète, un coup de feu en plein concert. C'est en effet une chose de se désoler à juste titre que les lieux d'apprentissage soient partout si désespérément fermés et une autre de donner l'impression de vouloir les dynamiter.
C'est précisément l'alphabétisation, par définition ouverte au grand nombre, qui aidera le mieux à forcer les portes de la citadelle réservée à une toute-puissante caste de lettrés. Voilà sans doute pourquoi, de John Kennedy à Nelson Mandela en passant par Koffi Annan, Amarty Sen et la jeune prix Nobel pakistanaise Malala Yousafzai, ils sont nombreux à avoir souligné que l'alphabétisation est un droit humain fondamental. Mais c'est peut-être Frederick Douglass qui en exprime le mieux l'importance lorsqu'il dit y voir "le fondement de la civilisation et le pilier de tout progrès social et économique." Douglass parlait assurément en connaissance de cause. À en croire son biographe David William Blight, le petit esclave de Baltimore, formellement interdit de lecture par ses maîtres, leur avait désobéi en cachette pendant des années et était devenu au final une des plus éminentes figures politiques de son époque et un immense orateur. Douglass a du reste sobrement résumé en 1845 son propre destin en une seule phrase : ''Education and slavery were incompatible with each other''. Ce constat du "prophète de la liberté" - dixit Blight - ne devrait-il pas s'appliquer à toutes les communautés humaines ? Je crois bien que pour nous tous la réponse va de soi.
Il est de fait difficile d'imaginer une société humaine véritablement éclairée sans une large circulation, à l'horizontale, des intelligences et du savoir. C'est elle qui permettra à chaque membre du groupe de développer une pensée critique, de participer pleinement à la vie civique et de mieux comprendre le monde qui l'entoure. Le temps est venu d'en finir avec l'approche réductrice dépeignant la personne alphabétisée comme un rescapé d'extrême justesse des ténèbres de l'ignorance quasi au soir de sa vie et qui, sachant au moins lire et écrire, devrait être bien content de ne pas mourir idiot.
En vérité il ne s'agit pas pour l'adulte en apprentissage d'ânonner des sons et de déchiffrer laborieusement des signes. Il s'agit de bien plus que cela.
En accédant à l'éducation les humains acquièrent non seulement des connaissances pratiques mais aussi la capacité de se remettre en question et de faire avec leurs semblables cette chose merveilleuse qui s'appelle échanger pour changer le monde. Voilà qui bâtit des ponts entre les peuples et les cultures et ouvre la voie vers un univers aux possibilités de progrès quasi infinies.
Que l'éducation soit un des principaux indicateurs du développement humain ne doit donc étonner personne. Les statistiques montrent que les taux d'alphabétisation élevés sont corrélés à une réduction de la pauvreté, à une amélioration de la santé publique et à une plus grande stabilité économique.
Mais comme bien souvent les statistiques, même parfaitement fiables, peuvent aisément fausser la lecture des situations. Dans le cas d'espèce, le risque de malentendu est dû au fait que le mot alphabétisation renvoie à des réalités différentes d'une aire de civilisation à une autre ou même plus globalement d'un continent à un autre. Si en Afrique les chiffres, tout en étant en constante amélioration, restent plus bas qu'ailleurs, c'est en raison des conflits, de la pauvreté, de la crise du système éducatif et des disparités aussi bien de genre qu'entre les villes et un monde rural trop facilement abandonné à son sort. En outre, les données et la dynamique en matière d'alphabétisation ne sont pas du tout les mêmes selon qu'on parle de l'Afrique du Nord ou de l'Afrique subsaharienne.
C'est parce qu'il mérite une attention particulière que je n'ai pas mentionné le problème linguistique parmi les obstacles à une éducation de masse réussie. Voici à ce propos la question essentielle et elle est toute simple : dans quelle langue l'Africain, enfant ou adulte, doit-il apprendre à lire et à écrire ? Beaucoup y répondent, avec l'agacement de ceux qui n'ont pas de temps à perdre, par une autre question : pourquoi pas en portugais, en anglais ou en français, langues certes non-africaines mais tout de même utilisées depuis toujours à l'école ?
À mon humble avis, ce n'est certainement pas aussi... simpliste.
L'exemple de Cheikh Anta Diop est une parfaite illustration de la complexité du sujet. Le linguiste sénégalais, d'habitude iconoclaste, reste assez consensuel lorsqu'il s'en tient à une analyse pour ainsi dire en surplomb : « Sans une éducation sérieuse, observe-t-il, aucune nation ne peut espérer atteindre le développement. L'alphabétisation est le fondement même de tout progrès. » Mais dès qu'il se focalise sur l'Afrique, le ton se fait plus militant pour ne pas dire plus martial et il écrit : « L'alphabétisation est un outil de libération, non seulement de l'individu, mais aussi de toute une communauté. C'est par l'éducation que nous pouvons comprendre notre histoire, notre culture et notre place dans le monde. »
Et voilà que, comme bien souvent, la réflexion sur un problème particulier concernant l'Afrique nous fait dériver lentement vers la lancinante question des langues nationales. C'est un point crucial qui ne cesse d'interpeller l'écrivain que je suis tout comme mes aînés et inspirateurs, Cheikh Anta Diop, que je viens de nommer, mais aussi Ngugi wa Thiong'o et Cheik Aliou Ndao.
Le temps qui m'est imparti ne me permet malheureusement pas de creuser davantage ce sujet pourtant crucial. J'aimerais juste formuler ici ce qui me paraît une évidence : il vaut mieux être alphabétisé dans sa langue que dans une langue d'emprunt. C'est ce que commandent le simple bon sens et un souci d'efficacité. Il ne s'agit pas là d'une position abstraite puisque toute mon existence a été faite d'allers-retours entre le wolof, ma langue maternelle et celle qui a été imposée à mon peuple par la conquête coloniale. J'ai été des années durant professeur de lettres françaises dans différents lycées du Sénégal puis de Wolof à l'université Gaston Berger de Saint-Louis ; après une production littéraire exclusivement en français voilà 20 ans que j'écris en wolof, cette dernière production incluant trois romans et la traduction de la pièce d'Aimé Césaire Une saison au Congo. Je crois donc pouvoir dire que l'être humain apprend et comprend infiniment mieux à partir de sa langue de vie, celle qu'il parle en société et dans le cercle familial. Et nos pays sont presque toujours beaucoup moins anglophones ou francophones qu'on le croit. Je ne connais pas les chiffres pour le Cameroun où nous nous trouvons aujourd'hui mais au Sénégal les chiffres de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) publiés en mai dernier sont sans équivoque : après des siècles d'utilisation obligatoire du français à l'école, seuls 0,6% de mes compatriotes s'en servent à l'heure actuelle au quotidien. Les classes-pilotes de l'Unesco où les cours sont dispensés dans les langues nationales, montrent bien du reste que votre institution a une claire conscience de tels enjeux. Ceux-ci sont éminemment culturels car le savoir ne saurait être acquis au prix d'une scission de son âme, au prix d'un écartèlement trop douloureux comme c'est si souvent le cas en pays dominé. De quel dialogue entre les peuples parle-t-on quand un des interlocuteurs n'a le choix qu'entre silence et bégaiement ? Cela revient à nier l'identité de l'Autre puisque comme le rappelle Ngugi wa Thiong'o "La langue, n'importe quelle langue, a une double nature : c'est à la fois un moyen de communication et un vecteur de culture.." Et l'auteur de Decolonizing the Mind de donner l'exemple de l'anglais, parlé en Grande-Bretagne, en Suède et au Danemark, notant toutefois que "pour les Danois et les Suédois, c'est seulement un moyen de communication avec les non-Scandinaves."
Dans l'idéal, l'échange que postule une alphabétisation universelle se doit d'aller bien plus profond que le seul commerce des mots, il doit nous rendre capables de découvrir les autres à partir de leur langue, de lire leurs histoires pour nous enrichir de leur perspective unique sur les êtres et les choses. On n'accède à la meilleure part de soi-même qu'en acceptant de voir le monde à travers les yeux de nos semblables de l'autre côté du miroir. Ainsi peut-on espérer vaincre la peur qui naît de l'ignorance et qui est le ferment des haines les plus irrationnelles.
En dépit des nombreux défis que nous connaissons tous, promouvoir l'alphabétisation à travers un système éducatif ambitieux, c'est investir dans la compréhension mutuelle et la paix. C'est poser un acte de foi en l'humanité et en notre capacité à susciter un monde plus harmonieux.
PAR Astou Dione
ÉMIGRATION CLANDESTINE : DES VIES EN JEU, UN DÉBAT À DÉPOLITISER
Il est essentiel de cesser de traiter ce phénomène comme une affaire de régime. Il s’agit d’un drame social qui engage la responsabilité de tous et qui mérite d’être analysé sous différents angles
Il est impératif d’instaurer un débat dépassionné et collectif, plutôt que de transformer ce drame en une tribune politique où pouvoir et opposition cherchent à s’écraser mutuellement, tandis que les morts continuent de s’accumuler. La politisation de l’émigration clandestine détourne trop souvent l’attention des causes profondes et contribue à aggraver le problème. Il est essentiel de cesser de traiter ce phénomène comme une affaire de régime. Il s’agit d’un drame social qui engage la responsabilité de tous et qui mérite d’être analysé sous différents angles : familial, sociétal, culturel et spirituel.
Ce sont principalement de jeunes sénégalais qui, en quête de réussite, prennent des risques extrêmes. Une pression considérable pèse sur des jeunes par des familles qui voient dans l’émigration une solution, voire un sacrifice indispensable pour échapper à la pauvreté.
Culturellement, l’idée que la réussite ne peut être obtenue que par l’émigration, même illégale, reste profondément enracinée dans l’imaginaire collectif. Cette perception mérite une analyse plus poussée, notamment en ce qui concerne l’influence des médias, des réseaux sociaux. Sans oublier l’influence des parcours de certains émigrés, l’exubérance de leur “lifestyle” lors de leur retour au bercail. Le message doit passer chez ceux-là qui sont aussi responsables que les passeurs par la vie de fausses prétentions qu’ils projettent chez les jeunes en manque de repères.
Il est également nécessaire de porter une attention particulière à la dimension spirituelle. Dans certains cas, des jeunes se tournent vers l’émigration par désespoir ou par perte de foi en l’avenir dans leur propre pays. Cela soulève des questions sur le rôle que peuvent jouer les guides religieux et les leaders communautaires dans l’accompagnement et la réorientation des aspirations de la jeunesse.
Il est donc important d’adopter une approche collective, dépolitisée, pour apporter des solutions durables. Cela inclut la révision des partenariats internationaux afin de mettre en place des mécanismes plus humains et plus sécurisés pour réguler les flux migratoires.
Astou Dione est journaliste.
par Ousseynou Nar Gueye
LA FRANCE TOUSSE, LE SÉNÉGAL S'ENRHUME
Macron aura-t-il donné des idées à Diomaye, en matière de dissolution de l'Assemblée nationale ? Va-t-on alors vers la tenue d'élections législatives seulement dans six mois ? Quid du vote du Budget 2025 ?
Le président Diomaye a désormais le droit, depuis les 12 coups de minuit, de cette nuit du mercredi 11 au jeudi 12 septembre, de "dissoudre les députés".
Le sabre diomayesque va-t-il s'abattre dès aujourd'hui sur la tête des résidents habituels, dits "Honorables", de la Place Soweto ?
Les paris sont pris, en tous les cas !
Personnellement, je parie jusqu'à ma dernière chemise, que l'Assemblée nationale sénégalaise, en sa 14e législature élue en juin 2022 et installée en septembre de la même année, sera dissoute aujourd'hui jeudi 12 septembre 2024.
Le drame de la migration "piroguatoire" de Mbour, avec encore hier, 36 dépouilles mortelles installées sur la plage là-bas et plus de 100 disparus non encore retrouvés depuis le naufrage migratoire du 8 septembre ? Le déplacement subséquent hier du président Diomaye à Mbour avec présentation de ses condoléances officielles aux familles éplorées et à la Nation ? La déclaration présidentielle selon laquelle le "Sénégal est en deuil" ? (bien qu'un décret instituant officiellement ce deuil national n'a pas été pris). La question est donc : tout cela pourrait-il retenir le bras à sabre du président Diomaye dans l'intention évidente qui le démange depuis son élection le 24 mars, de couper la tête des députés - et en premier -, (même si cest "en même temps" pour tous les députés) de ceux d'entre eux qui appartiennent à la majorité parlementaire Benno Bokk Yaakar apérisée ?
Je penche pour le "non": à mes yeux, tout cela pourrait constituer des justifications supplémentaires (comme s'il en fallait encore...) pour une dissolution-blitzkrieg dès que possible de droit, soit aujourd'hui.
Ce matin, dans la presse, plusieurs leaders politiques de l'opposition ont appelé à ce que "le pouvoir exécutif Pastef ne politise pas les morts du naufrage au large de Mbour.
Avec le drame cruel encore frais de Mbour, le président sénégalais a encore plus de raisons de dissoudre au plus vite (avec des éléments de langage distillés depuis des mois pour convaincre les populations de cette urgence impérieuse de disposer de "ses" députés), pour que le peuple lui donne (si possible) une majorité de députés à l'hémicycle : c'est le seul levier, détenir une nouvelle majorité parlementaire, qui lui permettra de faire voter sans encombres les lois de ses projets de réformes, dont les projets économiques et de développement justement, pouvant retenir au Sénégal les milliers de candidats à l'émigration irrégulière sur les flots de l'Atlantique, candidats migrants qui ne semblent jamais tarir : c'est ce qui a été la promesse du président Diomaye hier à Mbour, à la jeunesse "dont la valeur de la vie est inestimable", - pour reprendre les mots du président -, et aux moins jeunes, hommes et femmes. Leur "donner les moyens de se réaliser ici au Sénégal", ce qui est possible, mais "prendra toutefois du temps", dit Diomaye Faye.
Tous les précédents dépôts de projets de loi par le GOS (Gouvernement Ousmane Sonko), ces dernières semaines (dont notamment les projets de loi portant dissolution du HCCT et du CESE) ne l'ont été que pour démontrer que cette Assemblée nationale empêche le régime Diomaye de gouverner et lui met des bâtons dans les roues, alors que le président et son GOS veulent donner corps, au plus vite, aux réponses étatiques à apporter face aux urgences sociales et économiques du moment et de l'avenir.
Bref : comme on accusait le président français Macron de toujours faire du "en même temps", le président Diomaye a beaucoup fait du "en même temps" dernièrement : notamment, faire ficeler des projets de loi et les envoyer à une Assemblée nationale dont il sait pertinemment qu'elle ne les votera pas. Un "en même temps" diomayesque qui culmine avec cette annonce d'une Déclaration de Politique (ou de Polémique?) Générale par le Premier ministre Sonko devant les ďeputés demain vendredi 13 septembre ; alors que cette 14e législature aura cessé d'exister la veille.
Macron aura-t-il donné des idées à Diomaye, en matière de dissolution de l'Assemblée nationale ? Ce n'est pas exclu, vu le calendrier politique dernièrement observé dans les deux pays : c'est kif-kif, dans l'ex-pays colonisateur du Sénégal, et chez ce dernier.
Le remaniement gouvernemental post-dissolution et post-élections est en cours chez nos cousins gaulois, après près de 50 jours sans autre chose qu'un gouvernement interimaire. 50 jours qu'aura pris Macron pour trouver un Premier ministre en la personne de Michel Barnier (droite modérée), supposé peu censurable par l'actuelle législature française issue des urnes depuis le....7 juillet dernier.
"Dans les coulisses, les tractations battent leur plein. Trois à quatre ministres démissionnaires pourraient être reconduits, tandis que les autres seraient écartés. Parmi les portefeuilles les plus convoités figure celui de l'Intérieur, actuellement tenu par Gérald Darmanin. La bataille pour Beauvau est particulièrement acharnée, notamment chez Les Républicains, où deux noms reviennent sans cesse : Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau", indique le JDD français, Journal du Dimanche, aujourd'hui jeudi 12 septembre.
À Dakar, nous attendons donc impatienmment la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Diomaye, pour aujourd'hui, sans coup férir, tel que pronostiqué publiquement sans grand risque de se tromper, par le patron du GOS (Gouvernement Ousmane Sonko).
Quid du vote du Budget 2025 de l'État sénégalais avant la fin de l'année 2024, dans un processus de session parlementaire qui aurait dû commencer en début octobre ? On verra après !
Quelle date après la dissolution de l'Assemblée nationale sénégalaise, pour la tenue de nouvelles élections législatives ? La radio RFI et d'autres observateurs/commentateurs/gens de médias, nous disent en novembre ou en décembre, soit donc, dans le délai de 60 jours minimum et 90 jours maximum (tel que le dispose la Constitution sénégalaise).
Mais alors, que fait-on de la disposition du Code électoral qui donne 150 jours (soit cinq mois) aux listes de candidats à la députation pour récolter des parrainages ? Lesquels parrainages devront être contrôles par le Conseil Constitutionnel.
Va-t-on alors vers la tenue d'élections législatives seulement dans six mois ? Si c'est le cas, ce sera une très longue campagne électorale pour les acteurs économiques de ce pays et pour nos investisseurs, nationaux comme étranger.
Et à la différence de la France de Macron, nous n'avons pas de Jeux Olympiques, pour faire marcher l'économie nationale durant la (longue ?) période électorale et post-électorale qui s'annonce. Nous n'aurons des ersatz de Jeux Olympiques que dans deux ans (les JOJ 2026)...
Ma conclusion un peu leste ? La France tousse, le Sénégal s'enrhume.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste, fondateur-éditeur du site d'info Tract.sn, communicant (Axes & Cibles Com).
CORRUPTION POLICIÈRE, UNE ENQUÊTE OUVERTE APRÈS DES RÉVÉLATIONS DE GUY MARIUS SAGNA
Le ministère de l’Intérieur dit avoir ouvert une enquête sur un agent de police de la circulation qui serait impliqué dans un acte de corruption. il en a profité pour lancer un appel sur le phénomène devenu banalisé aujourd'hui.
Le ministère de l’Intérieur dit avoir ouvert une enquête sur un agent de police de la circulation qui serait impliqué dans un acte de corruption. Il en a profité pour lancer un appel sur le phénomène devenu banalisé aujourd'hui.
Dans une de ses tribunes, Guy Marius Sagna a révélé qu’un policier garé au niveau du pont de l'émergence, se serait adonné à un acte de corruption. L’agent, selon le député, a arrêté un taxi et lui aurait demandé des pièces.
«Il s'en va, puis le chauffeur prend de l'argent et le suit. Il revient et rallume sa voiture (…) Le chauffeur dit lui avoir remis de l'argent. Je n'ai aucune raison d'en douter. Nous sommes des millions à en être témoins tous les jours devant notre indifférence», a déclaré M. Sagna.
Le ministère de l’Intérieur vient de réagir. Il déclare qu’une enquête est en cours pour identifier les personnes en cause et appliquer les sanctions nécessaires le cas échéant.
«Nous restons fermement engagés contre la corruption et invitons les citoyens à signaler de tels actes sur notre ligne dédiée», déclare le département dirigé par le Général Jean Baptiste Tine.
De l’avis du député, tant que cette corruption de certains agents des forces de défense et de sécurité, du service des visites techniques, du passage du permis de conduire continueront, «nous continuerons à compter nos morts dans les accidents.»
INCIDENT AU POSTE DE HANN, UNE PERTE DU RÉSEAU INTERCONNECTÉ DE L’OMVS
La Senelec a annoncé que ses équipes sont pleinement mobilisées pour assurer une remise en service progressive des clients affectés et pour stabiliser l’ensemble du réseau.
Un incident majeur est survenu ce jeudi au poste électrique de Hann, provoquant la perte temporaire du réseau interconnecté de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Cet événement a entraîné des perturbations importantes dans la fourniture d’électricité, affectant les clients desservis par ce réseau.
La Senelec, en coordination avec ses partenaires de l’OMVS, a immédiatement pris des mesures pour contenir la panne. Grâce à la réactivité des équipes techniques, le plan de reprise de service a été aussitôt déclenché pour rétablir l’alimentation électrique dans les zones touchées.
La Senelec a annoncé que ses équipes sont pleinement mobilisées pour assurer une remise en service progressive des clients affectés et pour stabiliser l’ensemble du réseau.
Dans son communiqué, la Senelec a exprimé ses regrets pour les désagréments causés par cet incident et a réaffirmé son engagement à garantir une fourniture d’électricité fiable à l’échelle nationale.