« LE LAMBEAU » DE PHILIPPE LANÇON EST UNE ŒUVRE MAJEURE
Il incarne une conscience universelle dans un monde sous tension, marqué par le terrorisme et les menaces fascistes. De sa "gueule cassée" à sa renaissance, son récit est un monument de dignité et de résilience
Le 7 janvier 2025, la France a commémoré le dixième anniversaire des attentats contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Cette date, gravée dans la mémoire collective de la République, ravive des souvenirs douloureux et des cicatrices toujours béantes dans le corps social. Des vies ont été fauchées au nom d’une idéologie meurtrière. Cette barbarie inqualifiable, perpétrée par les frères Kouachi, deux ennemis des joies simples et du bonheur fugace, a coûté la vie à douze personnes et en a blessé plusieurs autres.
Parmi les survivants de ce drame figure Philippe Lançon. J’ai beaucoup pensé à lui le jour de la cérémonie d’hommage aux victimes. Depuis que j’ai lu son livre Le Lambeau, d’une traite, un après-midi d’été 2018 sur les berges du Rhône, son récit me hante et me bouleverse.
Né en 1963 à Vanves, Philippe Lançon est à la fois journaliste et romancier. Il exerce son métier au quotidien Libération et en tant que chroniqueur à Charlie Hebdo. Il a été grièvement blessé lors de cet attentat, tout comme Coco et Riss. C’est cette histoire tragique que Philippe Lançon raconte dans son roman autobiographique Le Lambeau. Un ouvrage dans lequel chaque mot célèbre la liberté, l’intimité, l’universalité, la fraternité, mais aussi la fragilité de la vie. Cette vie qui ne tient parfois qu’à un fil, le tout bercé par la musique de Bach et les textes de Proust.
Philippe Lançon retrace, à cœur ouvert et avec une grande dignité, les quelques minutes qui ont bouleversé sa vie et celle de ses collègues, ainsi que les deux années de convalescence médicale qui ont suivi l’attentat, marquées par des opérations chirurgicales de six à huit heures. Pourtant, la veille de l’attentat, il s’était rendu au théâtre avec Nina. Le lendemain, Philippe Lançon se réveille de mauvaise humeur, fait des exercices tout en écoutant l’interview de Michel Houellebecq sur France 2. Partagé entre Libération et Charlie Hebdo, il décide de se rendre à la réunion de rédaction de Charlie. Était-ce un signe du destin ?
Philippe Lançon dresse un panorama dont il est le centre, à la fois acteur et metteur en scène de son propre drame. Avec son visage défiguré et sous l’emprise des hallucinations provoquées par la morphine, Lançon mène un combat acharné. Il va réapprendre à affronter sa « gueule cassée » dans le miroir, de sa nouvelle maison, à la Salpêtrière. Il écrit : « Mon corps entier devenait ma mâchoire, cette inconnue qui m’écartelait et semblait parcourue par des courts-circuits. »
Cet événement lui fera cependant comprendre l’importance de la famille. Pendant ces moments extrêmement douloureux, c’est son frère qui resta à son chevet, l’aidant et répondant à ses moindres besoins. En une phrase : Le Lambeau est une ode à la famille et à l'amitié sans faux-semblants.
Ce texte de 512 pages dégage une profonde humanité. C’est un ouvrage dont la plume a été trempée dans l’encre de l’humanisme et de la vulnérabilité. Malgré tout ce qu’il a vécu, Philippe Lançon n’a exprimé ni haine, ni désir de vengeance. Il distille de l’amour et de l’empathie dans toute sa complexité humaine et avec ses failles assumées. Le Lambeau nous interroge, nous bouleverse et, par moments, nous réduit au silence. Tous les mots de ce récit de vie sont d’une justesse incroyable.
J’ai été terriblement frappé par le bel hommage qu’il a adressé au personnel soignant qui était à son chevet, pendant cette longue et douloureuse période de réparation. Passer trois mois, alité à hôpital est une épreuve considérable. Je n’ai jamais lu une page de Charlie, mais jamais je ne cautionnerai la mort d’un journaliste ou d’un dessinateur pour ses écrits ou ses dessins. Écrivain de talent, Philippe Lançon incarne une grande conscience universelle dans un monde sous tension, marqué par le terrorisme et les menaces fascistes. Il fait partie de ces grands écrivains qui occupent une place spéciale dans mon panthéon personnel, celui de la littérature et de l’humanisme. Le livre de Philippe Lançon nous montre encore magnifiquement cette vérité implacable : Quand tout sera perdu, ou presque, il ne restera que la littérature, la musique, l'art, le cinéma et les liens tissés avec ceux que nous aimons d'un amour pur et désintéressé.
Post-scriptum : voici les mots que j’avais écrits sur ma page Facebook le jour où il a reçu le prix Femina, le 5 novembre 2018 : « Le prix est amplement mérité. Félicitations à Philippe Lançon pour ce récit bouleversant et poignant, écrit avec une grande dignité et un courage admirable. Je suis vraiment heureux pour lui. »
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LA DERNIÈRE CONFÉRENCE DE PRESSE DE BLINKEN VIRE AU CHAOS
Le Secrétaire d'État américain a été pris à partie par des journalistes qui l'ont accusé d'être un "criminel" pour sa gestion du conflit à Gaza, avant d'être évacués de la salle par les services de sécurité
(SenePlus) - Selon Reuters, la dernière conférence de presse d'Antony Blinken, Secrétaire d'État américain sortant, a été marquée par des incidents au Département d'État.
L'agence de presse rapporte que plusieurs journalistes critiques de la position américaine sur le conflit à Gaza ont violemment interpellé le chef de la diplomatie américaine. "Criminel ! Pourquoi n'êtes-vous pas à La Haye ?", a notamment lancé Sam Husseini, journaliste indépendant connu pour ses critiques de la politique étrangère de Washington, selon Reuters. L'incident a atteint son paroxysme lorsque les services de sécurité ont dû physiquement évacuer le journaliste qui continuait ses invectives.
La confrontation s'est poursuivie avec Max Blumenthal, rédacteur en chef du Grayzone, qui a interpellé Blinken sur la continuité des livraisons d'armes : "Pourquoi avez-vous maintenu le flux d'armements alors que nous avions un accord en mai ?", avant d'être lui aussi escorté hors de la salle, précise l'agence.
Reuters souligne que ces tensions interviennent dans un contexte particulièrement lourd : depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a fait 1 200 morts et environ 250 otages selon les chiffres israéliens, la riposte israélienne a causé la mort de plus de 46 000 Palestiniens, selon le ministère local de la Santé. L'offensive a également provoqué le déplacement de presque toute la population de Gaza, soit 2,3 millions de personnes.
Face à ces interruptions, Blinken, qui quittera ses fonctions lundi pour l'administration Trump, est resté calme, sollicitant le silence pour poursuivre son intervention, rapporte l'agence. Interrogé sur d'éventuels regrets concernant sa gestion du dossier israélien, le Secrétaire d'État a défendu sa position en expliquant que le gouvernement israélien avait mené des politiques "fondamentalement soutenues par une écrasante majorité d'Israéliens après le traumatisme du 7 octobre".
Reuters note que l'administration Biden n'a pas pu établir de conclusions définitives sur des incidents particuliers qui pourraient constituer des violations du droit international, Blinken invoquant l'imbrication du Hamas dans la population civile. "Je soulignerais également qu'en Israël même, des centaines de cas font l'objet d'enquêtes", a-t-il ajouté, "Ils ont un processus, des procédures, un État de droit... C'est la marque de toute démocratie."
Selon l'agence, cette dernière conférence mouvementée s'inscrit dans un contexte plus large de contestation, avec des manifestants campant depuis des mois devant le domicile de Blinken en Virginie, allant jusqu'à jeter de la peinture rouge - symbolisant le sang - sur les véhicules transportant le Secrétaire d'État et sa famille.
La guerre à Gaza risque de définir l'héritage de politique étrangère de l'administration Biden sortante, conclut Reuters, malgré l'accord conclu mercredi avec le Hamas sur un cessez-le-feu en échange de la libération d'otages.
BAKARY SAMBE ÉVOQUE DES INCOMPRÉHENSIONS PERSISTANTES
Le directeur régional de Timbuktu Institute souligne que le rejet de la politique française en Afrique découle davantage de divergences avec un modèle de coopération jugé obsolète que d’un véritable sentiment antifrançais.
Dakar, 16 jan (APS) – Le rejet de la politique française en Afrique est davantage lié à des ‘’incompréhensions persistantes’’ entre la jeunesse africaine et un mode de partenariat et de coopération jugé éculé qu’à un ‘’sentiment antifrançais’’, estime le directeur régional de Timbuktu Institute, Bakary Sambe.
Le rejet suscité par la politique française en Afrique, contrairement à ce qu’en disent certains analystes, ne résulte pas d’un ‘’sentiment antifrançais’’, a laissé entendre l’universitaire sénégalais.
Il faut plutôt parler d’‘’incompréhensions persistantes entre cette jeunesse africaine de plus en plus éduquée et informée et un mode de partenariat et de coopération qui ne correspond plus aux exigences de l’époque actuelle’’, a-t-il déclaré.
‘’C’est pourquoi cette jeunesse appelle à revoir les partenariats et les formes de coopération afin d’instaurer un partenariat gagnant-gagnant, comme le prônent certaines autorités, mais aussi pour obtenir une meilleure prise en considération des relations entre le Nord et le Sud’’, a souligné M. Sambe.
Il intervenait à la présentation d’une étude intitulée ‘’Sahel-Afrique de l’Ouest : les coopérations sécuritaires et de développement à l’épreuve des perceptions locales’’.
Ce rapport élaboré par 48 enquêteurs couvre le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Le directeur régional de Timbuktu Institute a insisté, par ailleurs, sur la nécessité pour les pays africains de réinventer leurs stratégies sécuritaires en renforçant la coopération régionale.
Pour garantir une stabilité sécuritaire sur le continent, les pays africains se doivent d’adopter ‘’une stratégie adaptée, tout en consolidant la coopération régionale’’, affirme-t-il.
‘’Des controverses’’
Concernant la volonté du Burkina Faso, du Mali et du Niger de sortir de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, Bakary Sambe préconise la mise en place d’accords bilatéraux.
Le Sénégal, propose-t-il, ‘’peut jouer un rôle très important en devenant un hub en matière de coopération sécuritaire, grâce à ses écoles de formation, ses programmes de renforcement de capacités et les milliers d’officiers africains formés dans le pays’’.
Il a signalé, s’agissant de la perception des présences militaires étrangères, que les tendances les plus négatives sont relevées au Niger et au Togo.
En revanche, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, les jugements sont plus modérés, selon Bakary Sambe.
‘’Au Sénégal, la question des présences militaires étrangères n’est pas un sujet de débat public majeur, contrairement à des pays comme le Niger, où le sujet suscite des controverses’’, a ajouté M. Sambe, fondateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique et enseignant-chercheur au Centre d’études des religions de l’université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord).
Ses recherches portent sur les réseaux transnationaux, l’islam dans les relations arabo-africaines, ainsi que la radicalisation et le militantisme islamique au Sahel.
Expert des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Union africaine, Bakary Sambe a participé à la création de la Cellule régionale de la lutte contre l’extrémisme du G5 au Sahel.
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LES ALLIÉS DE FARBA NGOM DÉNONCENT UNE "DÉRIVE AUTORITAIRE" DU RÉGIME
Dans un communiqué publié ce jeudi, les responsables et sympathisants de l'Alliance pour la République ont critiqué le pouvoir en place, l'accusant de mauvaise gestion, d'injustice, et de harcèlement envers l'opposition.
Dans un communiqué publié ce jeudi, les responsables et sympathisants de l'Alliance pour la République (APR) ainsi que les proches du député Farba Ngom ont fermement critiqué le régime en place, l'accusant de mauvaise gestion, d'injustice, et de harcèlement envers l'opposition. Ce document, qualifié de "résolution", a également réaffirmé le soutien indéfectible de cette coalition au député Farba Ngom qui est sur le point de perdre son imunité parlementaire.
Le communiqué pointe une année de gouvernance marquée, selon ses signataires, par des "pratiques autoritaires, des manigances politiques et une incompétence notoire". Ils dénoncent l'absence de mesures concrètes pour faire face aux défis économiques et sociaux du pays. Parmi les griefs, ils citent des scandales de corruption, des emprunts excessifs, la hausse du coût de la vie, et la suppression de programmes sociaux tels que les bourses familiales dans certaines régions.
"Où va notre pays ?" interroge le texte, qui critique également la suspension de grands chantiers d'infrastructures lancés sous le régime précédent. Il accuse le pouvoir en place de se concentrer sur des questions électorales au détriment du bien-être des citoyens.
Un acharnement ciblé contre Farba Ngom ?
Farba Ngom, député et figure influente du Fouta, serait, selon le communiqué, victime d’un "acharnement politique". Ses partisans dénoncent une procédure de levée de son immunité parlementaire qu'ils attribuent à une volonté de museler l'opposition dans cette région stratégique.
"Nous n’accepterons jamais qu’un régime indifférent aux besoins du Fouta élimine un de ses rares fils utiles à tous", peut-on lire dans le communiqué. Ils rappellent que Farba Ngom, malgré son influence, n’a jamais bénéficié de marchés publics ni de nominations, le présentant comme un homme au service exclusif de sa région et du Sénégal.
Face à cette situation, les signataires appellent les Sénégalais à combattre "l'injustice, le mensonge et la manipulation" et à exiger la justice pour tous. Ils réitèrent leur engagement à soutenir Farba Ngom et à défendre la démocratie et les droits des citoyens.
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LE CRI DU CŒUR D'AISSATA TALL SALL POUR FARBA NGOM
Alors que plane la menace d'une levée d'immunité parlementaire sur son collègue député, la patronne du groupe parlementaire d'opposition monte au créneau : « Ils marcheront sur nos cadavres », lance-t-elle à l'endroit de Pastef
La députée d'opposition Aissata Tall Sall a livré un plaidoyer vibrant ce jeudi 16 janvier 2025, en marge de la conférence de presse de protestation contre la procédure de levée d'immunité parlementaire visant son collègue Farba Ngom, mis en cause dans une affaire de plusieurs milliards de francs CFA.
Rapportant une conversation avec l'intéressé, la parlementaire a déclaré : « Farba Ngom m'a dit : 'Ma sœur, je sais que les jeux sont déjà faits parce que leur majorité écrasante est là pour écraser' ». Elle a ensuite martelé que l'opposition resterait « debout pour mener la résistance contre l'injustice, contre le mensonge, contre la loi du plus fort ».
Dans une intervention passionnée, l'ancienne ministre a rappelé que « le Sénégal n'a pas été bâti seulement le 24 mars » et que les nouveaux dirigeants ont « trouvé une nation unie et solidaire du FA jusqu'à la Casamance, de Dakar jusqu'au fin fond de Tambacounda ».
Son discours a atteint son paroxysme lorsqu'elle a lancé : « Le jour où ils voudront s'attaquer à la nation, à la République, défaire l'État, ils marcheront sur nos cadavres, mais on ne l'acceptera pas ». Elle a promis un combat sans merci, assurant que l'opposition serait « plus courageuse, plus déterminée et plus intelligente » que ses adversaires.
La parlementaire a conclu en affirmant que son groupe politique poursuivrait la lutte « tant à l'Assemblée nationale que sur le terrain politique », s'engageant à défendre « la vérité contre le mensonge » et « le Sénégalais contre une faction ».
ALPHA DIALLO, SAUVEUR DES EXCLUS DU SYSTÈME ÉDUCATIF
Figure emblématique du tourisme dans la région de Kédougou, il incarne l’espoir pour de nombreux jeunes. Son parcours est jalonné de projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales.
Figure emblématique du tourisme dans la région de Kédougou, Alpha Diallo incarne l’espoir pour de nombreux jeunes. Son parcours est jalonné de projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales notamment les jeunes filles et garçons exclus du système éducatif.
De prime abord, rien ne le distingue des autres membres du campement « Tako Mayo » dont il est le fondateur. Alpha Diallo est d’une simplicité déconcertante. A notre descente du véhicule, il serre, chaleureusement, la main à chacun de nous tout en présentant ses excuses. « La batterie de mon téléphone s’est déchargée et j’imagine que vous avez tenté de me joindre en vain. Je suis vraiment désolé », lance-t-il. L’accueil de ses collaborateurs est tout aussi chaleureux. Ils portent tous des tee-shirts rouges floqués de trois cases avec l’inscription « Guide Tako Mayo ».
Guide professionnel avec une trentaine d’années d’expérience, Alpha Diallo essaie de tracer son sillon dans le tourisme. Avec une certaine réussite même si, précise-t-il, les difficultés ne manquent pas.
Le premier guide de Dindéfélo se distingue par ses actions en faveur de sa communauté avec l’aide de son partenaire, la famille de Susana. Son parcours est jalonné de projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales. En partenariat avec l’association « Bassari », il a créé un centre de formation en couture pour venir en aide aux jeunes filles exclues de l’école publique. Les résultats parlent d’eux-mêmes. 128 filles sont déjà formées dans les métiers de la couture, de la broderie et du maraichage. Dix-sept sont en formation, 28 en attente. Beaucoup frappent à la porte de l’atelier, son centre de formation érigé au campement « Tako Mayo ». « La réussite des premières apprenantes a inspiré d’autres filles et leurs parents. Toutes les filles qui ont abandonné les études veulent suivre une formation au centre », renseigne Idrissa Camara, formateur à l’atelier.
Malgré la modicité de ses moyens, Alpha Diallo veut faire plus. L’homme a une philosophie particulière de la vie : pour lui, la richesse est dans le partage. « La fortune ne se mesure pas aux chiffres de mon compte bancaire mais aux réalisations faites au profit de ma communauté », affirme-t-il. Alpha Diallo a toujours le coeur sur la main, en mettant ses compétences et son énergie au service de ses concitoyens. Une manière pour lui de remercier toutes les personnes qui l’ont aidé à devenir ce qu’il est. « J’ai perdu mon père à l’âge de 15 ans et beaucoup de gens m’ont aidé, soutenu. Je dois rendre l’ascenseur à mes jeunes frères et soeurs », rappelle Alpha Diallo.
Conscient que tous les enfants de sa communauté n’auront pas la même chance que lui, il essaie de donner le coup de pouce salvateur. Avec son association, il construit des écoles, creuse des puits pour alléger les travaux des femmes et des jeunes filles notamment la corvée d’eau. « Si les femmes ont du temps, elles peuvent se livrer à des activités génératrices de revenus comme le maraîchage ou le petit commerce », confie Alpha Diallo.
Si les filles ne réussissent pas à l’école, il les récupère pour les former en couture et broderie, en posant deux conditions : pas de mariage avant 19 ans et obligation de terminer la formation qui dure 12 mois. Une fois inscrite, les apprenantes sont logées et nourries gratuitement pendant toute la durée de la formation. « L’internat permet de lutter contre les abandons. Les pensionnaires ou leurs parents ne pourront pas avancer des difficultés pour arrêter la formation », explique-t-il. Une bonne stratégie. Jusqu’ici, aucun abandon.
Un parcours d’altruiste
Installé à Afia 1 ou Thiabacaré depuis 2014, le chef de village ne s’attendait pas à autant de retombées à la création du campement. « L’implantation du campement à Afia 1 est une bénédiction pour tout le village. Grâce à Alpha Diallo, nos conditions de vie se sont considérablement améliorées. Nous n’allons plus à Dindéfélo ou à Kédougou pour se soigner », témoigne Amadou Oury Bâ. « J’ai vécu 25 ans hors du village dont une dizaine d’années à Dakar en exerçant de nombreux boulots (vendeurs de journaux, livreur, laveur de véhicule. Mais c’est la première fois que je vois un homme comme Alpha Diallo. Il investit sans compter et aide beaucoup les populations », renchérit Hawka Touré, la quarantaine habitant à Thiabacaré.
Marié à une épouse et père de trois enfants, Alpha Diallo est une âme généreuse. De son activité, il fait tout pour que les bénéfices rejaillissent sur toute sa communauté. Il a étendu la formation aux garçons en décrochage scolaire ou qui veulent bénéficier d’une formation professionnelle. Quarante-cinq garçons sont déjà formés en plomberie, soudure métallique, électricité et en conduite automobile. « Si les jeunes ont une qualification professionnelle, ils ne seront pas tentés par l’émigration irrégulière », explique Alpha Diallo. Pour donner plus d’ampleur à la formation professionnelle, dans ces métiers, il est en train de construire une école de formation à Dindéfélo, le chef-lieu de commune.
En créant le Campement « Tako Mayo », l’homme a concrétisé son rêve de développer une activité économique qui profite aux populations locales. Son campement est bien plus qu’un simple lieu de séjour. L’endroit est authentique et chaleureux, il permet au visiteur de se ressourcer en pleine nature tout en contribuant au développement du terroir. « Je pouvais faire comme mes collègues guides qui ont épousé des femmes blanches et qui vivent actuellement en Europe. Mais après des séjours en France et en Espagne, j’ai compris que ce ne n’était pas ma voie », avance-t-il.
Avec le recul, Alpha Diallo peut être fier de son parcours. Il emploie neuf personnes et parle autant de langues dont le français, l’espagnol, l’anglais. « Alpha Diallo est ce qu’il faut appeler un self made man. Avec une seule année dans l’école formelle, il s’est fait tout seul. Avec une passion démesurée pour le tourisme depuis sa tendre enfance, Alpha incarne ce qu’on appelle réussir au Sénégal », témoigne Carim Camara. Il est dithyrambique quand il parle de son ami. « On ne peut pas lister sans se tromper ses nombreux bienfaits pour les communautés locales. Il forme des centaines de filles sorties prématurément de l’école, construit des cases de santé, organise des journées de consultations gratuites. Il a redonné la vue à des dizaines de personnes souffrant de la cataracte, formé une cinquantaine de jeunes aux métiers du futur… Mieux, sa voiture transporte des malades au besoin. Alpha emploie plusieurs jeunes des villages. »
Le maire de Dindéfélo ne tarit pas non plus d’éloges sur le fondateur du campement « Tako Mayo ». « Alpha Diallo est un exemple inspirant de ce que peut être l’engagement d’un individu pour améliorer le quotidien de sa communauté », confie Kikala Diallo. Une belle reconnaissance.
LE SÉNÉGAL EN VOIE D’ÉLIMINER LE TRACHOME
Un dossier d’approbation sera prochainement soumis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a annoncé le Dr Mactar Badiane, coordonnateur du Programme national de promotion de la santé oculaire.
Le Sénégal a atteint le stade d’élimination du trachome grâce aux progrès qu’il a réalisés dans le cadre de la lutte contre cette pathologie, a révélé, jeudi, le coordonnateur du Programme national de promotion de la santé oculaire (PNPSO), Dr Mactar Badiane.
»Un dossier d’approbation de l’élimination de la maladie en tant que problème de santé publique sera déposé au niveau de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) », a-t-il annoncé.
Le docteur Badiane prenait part à la 32e réunion annuelle du comité d’experts du trachome (CET). Cette rencontre a été clôturée jeudi à Dakar après deux jours de travaux.
Le Dr Badiane explique que »les progrès qui ont été enregistrés ont permis au Sénégal d’être aujourd’hui au stade d’élimination avec la soumission au niveau de l’OMS’’ de son dossier, ‘’élaboré et finalisé pour validation’’.
D’après le spécialiste, ces résultats sont le fruit des efforts consentis par l’Etat, à travers la mise en place d’un programme de santé oculaire pour lutter durablement contre cette maladie.
Depuis plus de deux décennies, a-t-il rappelé, des actions ont été menées contre la maladie, avec notamment des enquêtes de prévalence et une cartographie. Autant d’actions qui ont permis de cibler des régions mais aussi des districts sanitaires.
Il s’est agi d’ »essayer de mettre en œuvre des interventions et des actions afin d’avoir une lutte durable contre la maladie », a précisé le Dr Badiane.
La stratégie a aussi consisté à contrôler la maladie grâce à la mise en place d’une solution dénommée ‘’Chance’’, a expliqué le Dr Mactar Badiane.
Il a rappelé que beaucoup d’actions ont ‘’été menées, notamment la chirurgie mais aussi les distributions de médicaments de masse ».
Des actions de changement d’environnement, mais aussi de changement de comportement ont été menées sur les sites les plus touchés, facilitant en même temps pour les populations les plus touchées par la maladie, l’accès à l’eau et à l’assainissement avec l’appui de l’Etat, selon le médecin.
Les premières enquêtes menées en 2000 avaient permis d’estimer à presque plus de 25 000 le nombre de personnes atteintes de cécité à cause de la maladie. Le Dr Badiane rappelle en effet que la maladie est la deuxième cause de cécité au Sénégal.
C’est pourquoi l’OMS a demandé au pays de réaliser des enquêtes plus poussées au niveau district et au niveau communautaire, a-t -il indiqué.
Des enquêtes ont ainsi été menées au niveau communautaire en 2004, 2014 et 2022.
Les dernières enquêtes ont été effectuées dans les districts de Kédougou, Saraya et Salimata, pour avoir une cartographie complète de la maladie au Sénégal, afin d’avoir une stratégie de lutte beaucoup plus structurée.
LE TOGO N'EXCLUT PAS DE REJOINDRE L'ALLIANCE DES ÉTATS DU SAHEL
L'annonce a été faite par le ministre des Affaires étrangères Robert Dussey. Cette adhésion potentielle offrirait un accès stratégique à la mer aux pays de l’AES (Mali, Niger, Burkina Faso).
Le Togo n'exclut pas de rejoindre l'Alliance des Etats du Sahel (AES), a fait savoir le ministre des Affaires étrangères togolais à l'occasion d'un entretien jeudi avec la chaîne de télévision Voxafrica.
"C'est la décision du président de la République", a répondu le ministre Robert Dussey lorsque la question de rejoindre l'AES lui a été posée, jugeant pour sa part que "ce n'est pas impossible". "Demandez aux populations togolaises si le Togo veut entrer dans l'AES, vous allez voir leur réponse, je vous dirais qu'elles vous diront oui", a-t-il ajouté dans son entretien dont des extraits ont été rendus publics jeudi et dont l'intégralité sera diffusée jeudi soir.
Les trois pays qui forment l'AES (Mali, Niger et Burkina Faso), gouvernés par des régimes militaires hostiles à la France, ont annoncé en janvier 2024 leur volonté de quitter la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), une organisation rassemblant aujourd'hui 15 pays et qu'ils jugent instrumentalisée par l'ancienne puissance coloniale. Ce départ sera effectif le 29 janvier.
En développant leurs liens avec le Togo, les pays de l'AES, enclavés, pourraient s'assurer un accès à la mer via la côte togolaise et le port de Lomé afin d'importer et d'exporter des marchandises. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui ont chassé l'armée française de leur sol, coopèrent pour contenir les attaques récurrentes des groupes jihadistes, en même temps qu'ils se rapprochent militairement et politiquement d'autres puissances comme la Russie.
Le président togolais Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père, s'est imposé peu à peu comme médiateur dans les différentes crises politiques qui agitent l'Afrique de l’Ouest depuis quelques années. Comme au Niger, où les militaires au pouvoir depuis juillet dernier lui ont demandé d'intercéder auprès de la Cedeao. Ce qui n’a pas empêché le régime putschiste d’annoncer son retrait de l’institution régionale ouest-africaine. Il s'était auparavant investi dans la crise malienne et les tensions entre Abidjan et Bamako.
"Pour nous aujourd'hui, le président Assimi Goïta est une chance pour le Mali", a déclaré Robert Dussey lors de son entretien télévisé. "L'Afrique est utilisée seulement pour servir les grandes puissances et ce n'est pas normal", a-t-il aussi déclaré.
M. Dussey prend régulièrement la tribune pour défendre les relations panafricaines. Ce qui n'empêche pas le Togo d'entretenir de bonnes relations avec l'Occident.
M. Gnassingbé multiplie également les efforts pour se rapprocher de l'Occident anglophone: le Togo a intégré le Commonwealth en 2022 et fait de l'œil à Washington pour bénéficier de programmes d'aide au développement.