SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
15 novembre 2024
BAYE MBAYE, LA NOUVELLE VOIX D'OR DES CHANTS RELIGIEUX
Héritier d'une tradition séculaire, ce prodige de 16 ans transforme chaque mélodie en une expérience transcendante. Formé dès le berceau à l'art du panégyrique, il porte en lui l'héritage d'une lignée de maîtres
Dans les ruelles sablonneuses de Tivaouane, une étoile montante illumine désormais le firmament musical sénégalais. Baye Mbaye, jeune prodige au timbre mielleux, bouleverse le paysage des chants religieux avec une ferveur qui transcende les générations.
Héritier d'une lignée de chanteurs sacrés, ce petits-fils de maître coranique a stupéfié le public lors de sa première apparition au stade de Tivaouane. Son interprétation magistrale d'un poème panégyrique a marqué les esprits, révélant un talent brut façonné dès l'âge tendre de deux ans.
Guidé par son oncle, véritable mentor et gardien des secrets ancestraux, Baye Mbaye allie tradition et modernité. Sa capacité de mémorisation hors du commun et sa voix envoûtante en font déjà l'un des espoirs les plus prometteurs de sa génération.
Malgré un succès fulgurant, le jeune virtuose garde les pieds sur terre, fidèle aux valeurs de sa famille. Porté par une ambition sans limite, Baye Mbaye aspire à gravir les sommets de son art, promettant de faire vibrer les cœurs au rythme de ses mélodies sacrées pour les années à venir.
TAÏBA NIANG, UN LIEU DE MÉMOIRE PEU CONNU DE LA TRAJECTOIRE D’EL HADJI MALICK SY
Ce village est un chapitre méconnu mais crucial dans l'épopée spirituelle du grand marabout. Terre de promesses et d'abondance, elle a été le théâtre d'une transmission de savoir et de foi qui perdure jusqu'à aujourd'hui
Le village de Taïba Niang, peu connu de la grande majorité des fidèles tidianes du Sénégal, est un lieu de mémoire qui marque une étape importante dans les pérégrinations intellectuelles et spirituelles d’El hadji Malick Sy, le fondateur du foyer religieux tidiane de Tivaouane.
Taïba Niang est situé à environ 9 kilomètres de Ndiarndé et à quelque 70 kilomètres de Tivaouane. Selon la tradition, c’est Mame Madior Amar qui a signalé à son père Mame Coumba Amar, le personnage exceptionnel qu’était Seydi Hadji Malick Sy, un homme très versé dans les sciences islamiques.
Le dignitaire local avait alors fait transmettre un message sans équivoque à El Hadj Malick Sy, évoquant son désir de se placer et de rester sous sa tutelle spirituelle jusqu’à la fin de ses jours. Ce qui, selon lui, ne laissait à Maodo qu’une alternative : s’établir à Ndiarndé ou emmener son hôte avec lui dans ses différentes pérégrinations.
Installé à Ndiarndé à la suite d’un hivernage dont les récoltes de mil étaient en deçà des attentes, El Hadj Malick Sy, qui était à la recherche de terres fertiles, s’est vu recommander une zone réputée pour la fertilité de son sol. Il s’agit des étendues abritant l’actuel village de Taïba Niang.
Le patriarche de Tivaouane était accompagné, lors de son déplacement, par un de ses neveux, Abdou Faty Niang, époux d’une de ses filles Sokhna Fatou Sy. El Hadji Malick Sy, qui s’apprêtait alors à aller en pèlerinage à la Mecque en 1883, confie à ce dernier la direction scientifique et spirituelle de cet endroit abritant des champs et un centre d’enseignement arabo-islamique, pour la formation spirituelle des disciples.
Abdou Faty Niang devait poursuivre la formation et l’encadrement spirituel des adeptes, qui s’inquiétaient pour la continuité des enseignements qu’il leur dispensait. El hadji Malick Sy l’investissait, dans le même moment, de la mission de vulgarisation des enseignements islamiques et de propagation de la confrérie tidiane, dont il était devenu l’un des principaux porte-étendards en Afrique de l’Ouest.
Son implantation à Taïba a coïncidé avec des récoltes très abondantes.
Un legs bien entretenu par ses fils et petits- fils
Conscient de l’importance de ce village dans la trajectoire de son père El Hadji Malick Sy, qui l’a fondé, le défunt khalife général des Tidianes, El Hadji Abdoul Aziz dit Dabakh avait instruit, à son tour, son neveu Serigne Bassirou Niang de travailler à faire renaître la localité. Ce à quoi ce dernier s’est attelé.
Son successeur, Serigne Mansour Sy ‘’Borom Daara Dji’’ a aussi travaillé au développement du village, en le raccordant au réseau électrique. Ce petit-fils d’El Hadji Malick Sy, connu par son vaste savoir, dont il gratifiait les disciples lors de la nuit du Gamou, est à l’origine de la piste latéritique desservant le village. Il y a également construit une mosquée et une maison pour lui-même.
Taïba Niang est aussi reconnu pour être l’endroit où les fils ainés d’El Hadji Malick Sy, en l’occurrence Serigne Babacar et Sidy Ahmed y ont fait leurs humanités et ont appris le Coran auprès de Mame Mor Khoudia Sy et Malick Sarr.
Le legs est aujourd’hui entretenu par le fils d’El Hadji Abdoul Aziz, Serigne Babacar Sy Abdou, par ailleurs beau-fils de Serigne Abdou Faty Niang, qui y anime un Gamou annuel.
Parmi les lieux de mémoire qu’abrite le village, un majestueux baobab qui a abrité la mémorable causerie du khalife Serigne Babacar Sy axée sur la colère de Dieu à laquelle s’expose toute personne portée à semer la discorde et la mésentente dans les familles.
Il est établi que deux des enfants de Seydi Hadj Malick reposent à Ndiarndé, où ils avaient aussi grandi. Il s’agit de Seynabou, fille de Sokhna Rokhaya Ndiaye, une sœur de Serigne Babacar Sy, ainsi que de Cheikh Tidiane Sy, fils de Sokhna Yacine Dieng. Malick Fawade, un neveu de Hadj Malick qui portait la bouilloire et la natte de prière de Maodo, repose aussi à Ndiarndé. Il était toujours à ses côtés, pour transmettre son message et lui servir de muezzin.
SAPEURS-POMPIERS EN ALERTE MAXIMALE POUR LE GAMOU
En quelques heures, la Brigade nationale des sapeurs-pompiers a dû intervenir sur neuf accidents, faisant 30 victimes dont 10 dans un état grave. Face à cette situation, les autorités redoublent d'efforts, déployant un dispositif sans précédent
La Brigade nationale des sapeurs pompiers a recensé une trentaine de blessés, dont dix dans un état grave, dans neuf accidents enregistrés sur les routes menant à Kaolack à l’occasion du Gamou, manifestation religieuse commémorant l’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed (PSL).
‘’A ce jour, samedi 14 septembre 2024, à 13 heures, 21 sorties ont été effectuées dont neuf pour accidents de la circulation ayant occasionné 30 blessés dont 10 graves’’, a déclaré à l’APS le commandant de la troisième compagnie d‘incendie et de secours de Kaolack (centre), Djibril Sall..
Il a rappelé que dans le cadre de la couverture sécuritaire et médicale du Gamou international de Médina Baye, la Brigade nationale des sapeurs-pompiers s’est engagé depuis vendredi à porter secours et assistance et la protection contre les incendies et périls de toutes natures et pouvant menacer le bon déroulement de cet évènement religieux.
Tenant compte de la particularité du Gamou de Médina Baye, un dispositif adapté composé de plus de cent-soixante gradés et sapeurs ainsi que vingt-cinq engins d’incendie et de secours a été mis en place, s’articulant en deux échelons.
Le premier prend en charge toutes les demandes de secours au niveau de Médina Baye et environnants alors que le second prend en compte les axes menant à Kaolack, avec des pré-positionnements de moyens à Gandiaye, Mbirkilane, Fass Barigo et Ndoffane, pour rapprocher davantage les secours, a expliqué le commandant Sall.
‘’Sachant que les pèlerins en provenance des îles du Saloum, empruntent le fleuve Saloum, trois moyens nautiques ainsi que des véhicules de plongée ont été positionnés entre Foundiougne et Kaolack’’, a-t-il signalé.
Pour parer aux éventuels manques en eau, trois citernes de grande capacité, d’une contenance de 30 m3, ont été déployés pour assurer un bon approvisionnement des fidèles en eau.
‘’Nous profitons de cette occasion pour demander, encore une fois de plus, aux usagers de la route de faire preuve de prudence, des respecter le code de la route. Nous demandons également aux insulaires qui voyagent en pirogues pour rallier la ville de Kaolack de respecter le port du gilet de sauvetage’’, a lancé le commandant Djibril Sall.
LE BLD-TAKKU ACCUSE
La coalition fustige l'inaction gouvernementale face aux drames récurrents qui frappent le pays. Elle dénonce également le « populisme » du nouveau pouvoir et ses méthodes jugées arbitraires
Le Bloc des Libéraux et Démocrates - Takku dresse un tableau sombre de la situation nationale, pointant du doigt les failles du nouveau gouvernement. De l'émigration clandestine à la dissolution de l'Assemblée Nationale, le bloc n'épargne aucun sujet brûlant à travers le communiqué ci-après :
"La Conférence des Leaders du Bloc des Libéraux et Démocrates - Takku s'est réunie à la Permanence du Parti LDR-YEESAL et par la suite en ligne. Après avoir examiné les différents points de l’ordre du jour, consacrés à son organisation et aux perspectives politiques, le BLD - TAKKU s'est penché sur la situation nationale marquée par la résurgence des inondations, la recrudescence des accidents sur nos routes et le fléau récurrent des naufrages en mer des jeunes candidats à l’émigration irrégulière.
Le BLD - TAKKU présente ses condoléances attristées aux familles des victimes, souhaite un prompt rétablissement aux innombrables blessés. Le BLD - TAKKU constate qu'en dépit des prises de position et déclarations fantaisistes attaquant les familles religieuses, critiquant l'ancien gouvernement, les autorités actuelles se rendent à l'évidence de la complexité d'un fléau à l'échelle mondiale causé principalement par le déséquilibre des rapports économiques mondiaux.
Le BLD-TAKKU exige du gouvernement qu’il trouve urgemment des solutions à la problématique de l’emploi des jeunes et de la sécurité routière comme promis lors de la campagne électorale, dans le fumeux Projet qui est devenu une arlésienne.
Le BLD - TAKKU demande aux autorités de situer les responsabilités au niveau de toutes les échelles de gouvernance qu’à celui des acteurs concernés et punir les auteurs et complices de ces agissements occasionnant des drames traumatisant la Nation toute entière.
Le BLD - TAKKU considère que le populisme a atteint ses sommets quand le président de la République n'a que la délation à promouvoir comme seul moyen d’endiguer le phénomène de l'émigration irrégulière. Une telle posture sape le socle de notre vivre ensemble et encourage la haine et la justice populaire. L’interdiction de sortie du territoire national faite aux dignitaires du gouvernement sortant sans aucun mandat de la justice en est une illustration. Le BLD se solidarise avec les frères et sœurs victimes de cette mesure arbitraire et brutale.
Abordant les questions liées aux perspectives politiques, le BLD - TAKKU inscrit son action politique dans le sens d’un renforcement de l’opposition et des coalitions politiques en cours de formation pour faire face à la dissolution de l’Assemblée Nationale et envisager les prochaines élections législatives devant aboutir à la 15ème législature. Dans la même veine le BLD -TAKKU condamne l’inélégance et le parjure qui ont caractérisé la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République.
En conséquence, le BLD-TAKKU appelle à la constitution d'un large front pour la transparence des élections et poursuit son projet politique en validant le rassemblement de toutes les forces vives de la Nation y compris la Société civile.
Le BLD - TAKKU a rendu hommage à la Oumah islamique, condamné fermement les attaques contre nos confréries, présenté ses compliments à tous les foyers religieux engagés dans l'organisation du Maouloud et souhaite aux pèlerins un bon voyage dans la paix et la sécurité."
MULTIPLE PHOTOS
L'ARCOP FORGE L'AVENIR ÉTHIQUE DES MARCHÉS PUBLICS
La deuxième promotion d'assistants en passation des marchés publics a reçu ses attestations. Ces 130 nouveaux professionnels rejoignent désormais les rangs des gardiens de la transparence
La magistrate Henriette Diop Tall, Coordonnatrice générale de la cellule d’enquête et d’instruction des recours à l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), a invité des assistants en marchés publics, mardi 10 septembre 2024, à Dakar, à accorder beaucoup d’importance à l’éthique et à l’intégrité professionnelles, dans l’exercice de leurs fonctions.
‘’L’éthique et l’intégrité occupent une place primordiale dans la commande publique’’, a rappelé Mme Tall en parlant de ce sujet aux auditeurs de la deuxième promotion de l’Institut de régulation de la commande publique, le centre de formation de l’ARCOP.
C’était lors d’une cérémonie de remise d’attestations à ces nouveaux professionnels des marchés publics.
La collaboration qu’entretiennent la direction de l’emploi et l’Institut de régulation de la commande publique a permis de former quelque 300 jeunes assistants à la règlementation des marchés publics, dont 130 pour la nouvelle promotion, a-t-on appris lors de la cérémonie.
Ne jamais céder aux ‘’tentatives de corruption’’
Henriette Diop Tall a insisté sur les règles d’éthique, la transparence et la redevabilité, en s’adressant aux récipiendaires.
Elle leur a recommandé de promouvoir l’‘’achat public responsable’’ et d’éviter ‘’la prise illégale d’intérêts’’, durant toute leur vie professionnelle.
Les auditeurs ont été invités aussi à faire preuve d’‘’égalité dans le traitement des candidats en mettant en avant le principe de neutralité’’ et à ne jamais céder aux ‘’tentatives de corruption’’.
Ils sont appelés à exercer leur métier sur la base de ‘’règles d’éthique bien prises en compte par le législateur’’ sénégalais et la réglementation communautaire, celle en vigueur dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine, a rappelé Mme Tall.
La formation dispensée à ces professionnels des marchés publics a duré six mois et comprenait 35 modules enseignés en cent trente heures, a dit Lamine Samb, le chef de la division chargée de la formation à l’Institut de régulation de la commande publique.
Cette formation à distance a permis d’initier les auditeurs à la dématérialisation des procédures, aux partenariats public-privé et à l’environnement juridique de la commande publique, a-t-il ajouté en parlant au nom de l’équipe pédagogique.
Une ‘’amélioration constante’’ des ressources humaines
Les auditeurs ont étudié aussi les mécanismes de contractualisation et le règlement des différends. Les formateurs ont attiré leur attention sur les mauvaises pratiques susceptibles d’affecter la commande publique.
La directrice des ressources humaines et de l’administration générale de l’ARCOP, Khadidiatou Dia Ly, a rappelé la mission de ce démembrement de l’organisme public chargé de la commande publique.
Mme Ly assure que cette direction dont elle tient les commandes ne cesse de travailler à une ‘’amélioration constante’’ des ressources humaines chargées des marchés publics sénégalais.
C’est pour y arriver que la direction des ressources humaines et de l’administration générale procède à ‘’l’accréditation de spécialistes de la commande publique’’ et à ‘’la professionnalisation des acteurs’’ de ce secteur et des finances publiques, a-t-elle dit.
C’est à ce titre que des formations diplômantes ont été élaborées par l’ARCOP, avec la collaboration d’établissements d’enseignement supérieur publics, dont les universités Cheikh-Anta-Diop de Dakar, Iba-Der-Thiam de Thiès (ouest) et Gaston-Berger de Saint-Louis (nord), selon Mme Ly.
Le programme jeune assistant entre dans le cadre des efforts entrepris par l’ARCOP pour la promotion des acteurs de l’économie sociale et solidaire notamment les jeunes et les femmes. Il constitue un puissant un levier pour lutter contre le chômage et renforcer leur employabilité pour une meilleure insertion dans le monde du travail.
Cette formation des assistants en marché public est une application de cette volonté de l’Etat de doter les acheteurs publics de ressources humaines de qualité, pour renforcer la transparence, la célérité et le professionnalisme du système de la commande publique au Sénégal qui est évalué à quelques trois mille (3000) milliards de FCFA.
Le programme participe aussi à la politique de professionnalisation des acteurs de la commande publique menée par l’institution en vue de doter le système de ressources humaines de qualité aptes à dérouler les procédures dans les meilleures conditions de transparence, de célérité et économie du marché.
par Thierno Alassane Sall
PENDANT QU’IL EST ENCORE TEMPS
L'histoire récente du Sénégal ou celle d'autres pays nous apprend pourtant à être très exigeants dans cette quête de Justice, surtout quand l'agenda judiciaire se superpose au calendrier électoral. La force d’un État réside dans son respect du Droit
Cela commence toujours avec les meilleures intentions : au nom de la justice et de l'intérêt général, il est impératif de traquer tous ceux qui ont indûment profité de l’argent public. L'histoire récente du Sénégal ou celle d'autres pays nous apprend pourtant à être très exigeants dans cette quête de Justice, surtout quand l'agenda judiciaire se superpose au calendrier électoral.
Car pour satisfaire la vindicte populaire, on s’autorise souvent à malmener la liberté et à détourner le droit. C’est ainsi qu’au Sénégal, le régime actuel suit les traces du Tunisien Kaïs Saïed, piétinant la démocratie sans sourciller.
Des juges sont punis par des affectations arbitraires aux airs de vengeance ; l’Assemblée nationale est paralysée par la ruse et le mensonge ; une partie significative de la presse est diabolisée et accusée d’être alliée à l’opposition. Dans le même temps, des citoyens sont privés de leur liberté de mouvement, dans l’opacité la plus totale, en violation flagrante des principes fondamentaux du droit.
Pour reprendre les mots de Martin Luther King, ce dont nous nous souviendrons à la fin, ce ne sera pas tant des actes des partisans du nouvel ordre, mais du silence des défenseurs de la liberté. C'est pour cette raison que je ne saurais garder le silence devant le cri du cœur de Manar Sall, que je ne connais pas par ailleurs.
La force d’un État réside dans son respect du Droit, et non dans la soumission de ce dernier à la "sainte" volonté des tenants d’un "Projet" que personne ne peut définir. Notre histoire récente en témoigne.
PAS DE PARRAINAGE POUR LES LÉGISLATIVES ANTICIPÉES
La décision du Conseil constitutionnel, motivée par des contraintes de temps, redéfinit les règles du jeu électoral. Elle pourrait ouvrir la voie à une participation plus large des partis politiques et des candidats indépendants
(SenePlus) - Face à l'interrogatoire du président de la République sur la date légale de dissolution de l'Assemblée nationale, les "sept sages" ont apporté une réponse qui bouleverse le processus habituel.
Le Conseil constitutionnel a notamment statué que « les dispositions relatives au parrainage ne peuvent être appliquées aux élections législatives anticipées ». Cette décision, lourde de conséquences, s'appuie sur une analyse des délais prévus par le Code électoral et la Constitution. « L'articulation de ces délais avec celui prévu cité à l'article 87 de la Constitution ne laisse qu'une marge de temps de 5 à 30 jours, insuffisante pour la collecte et la mise en place du dispositif juridique et technique de vérification des parrainages», explique le Conseil dans sa décision.
Cette conclusion découle d'un examen de l'article L.176 du Code électoral, qui prévoit des délais précis pour la réception des listes de parrainage et l'étude de la recevabilité des dossiers de candidature. Selon cet article, "au plus tard 88 jours avant celui du scrutin, le ministre chargé des élections institut par arrêté une commission de réception", chargé de recevoir les listes de parrainage "85 jours au plus et 60 jours au moins avant celui du scrutin ".
Face à cette incompatibilité temporelle, le Conseil constitutionnel a fait prévaloir le principe de la hiérarchie des normes. "Il y a lieu de dire que les dispositions relatives au parrainage ne peuvent être appliquées aux élections législatives anticipées", affirme-t-il, consacrant ainsi la suprématie des dispositions constitutionnelles sur celles du Code électoral.
Cette décision pourrait avoir des répercussions majeures sur le processus électoral à venir. En effet, l'élimination du parrainage pour ces élections anticipées pourrait ouvrir la voie à une participation plus large des partis politiques et des candidats indépendants.
L'ATEL DÉNONCE LA DÉMARCHE UNILATÉRALE DU GOUVERNEMENT
L'Alliance pour la Transparence des Elections crie à l'absence de concertation dans le cadre des législatives. L’organisation d’un scrutin n’est pas l’apanage du seul parti ou de la coalition au pouvoir, indique ce regroupement de plus de 70 personnalités
L'Alliance pour la Transparence des Elections tire la sonnette d'alarme sur le risque de dérive autoritaire dans l'organisation des prochaines élections législatives. Invoquant la tradition de concertation instaurée depuis 1992, l'alliance exhorte, dans la déclaration ci-après, le président de la République à renouer avec le dialogue.
"Depuis l'instauration du Code électoral Kéba Mbaye en 1992, le Sénégal a acquis une précieuse expérience dans l'organisation d'élections paisibles avec des résultats acceptés par l'ensemble des parties prenantes. Le pilier fondamental de cette expérience réside dans le principe de la concertation, accordant à chaque partie prenante le droit de participer à toutes les phases du processus électoral. À chaque étape, des concertations inclusives sont organisées par les instances compétentes du ministère de l'Intérieur, permettant aux intervenants de forger des consensus sur les questions cruciales, depuis l'évaluation du précédent scrutin jusqu'à la proclamation des résultats du nouveau scrutin. Tel est le fondement de notre tradition électorale, mondialement reconnue comme un modèle à suivre.
Rien ne peut justifier une atteinte à cette longue tradition de concertation et de consensus. Or, nous observons avec un profond regret que depuis l'élection présidentielle, aucune concertation n'a été initiée à ce jour. Il est pourtant impératif et urgent que cela soit fait.
Selon l’article 4 de la Constitution, « les partis politiques et les coalitions de partis politiques concourent à l’expression du suffrage dans les conditions fixées par la Constitution et la loi ». L’organisation d’un scrutin n’est pas l’apanage du seul parti ou de la coalition au pouvoir. La Constitution exige l’implication de toutes les parties prenantes. Ainsi, les partis politiques et les organisations de la société civile, qui agissent pour la transparence du processus électoral, ne peuvent tolérer que le refus de la concertation ouvre la voie à l'opacité et à la fraude, permettant ainsi de fausser l'expression des citoyens et de confisquer le pouvoir législatif au bénéfice d’intérêts partisans. Laisser libre cours à cette stratégie destructrice sous fond de populisme, c’est tolérer que les acquis démocratiques, obtenus parfois au prix de vies humaines soient remis en cause.
Forts de cette conviction profonde, nous, partis et organisations signataires, décidons de conjuguer nos efforts pour faire face à toute tentative de remise en cause des acquis démocratiques de notre pays.
Nous exhortons le peuple sénégalais à se mobiliser et à se tenir prêt à participer massivement aux actions de lutte qui seront entreprises en cas de nécessité, pour la préservation de ces acquis démocratiques. Ensemble, nous engagerons le combat pour un processus électoral concerté, consensuel et équitable, digne du Sénégal et de son prestige parmi les nations démocratiques.
Nous invitons Monsieur le président de la République à faire convoquer sans délai, en rapport avec la Direction Générale des Élections et toutes les parties prenantes, le processus habituel de discussions afin d'aborder, en particulier, les défis découlant de l'anticipation des élections législatives.
Il convient de noter que toute initiative prise hors de ce cadre constituerait une violation flagrante de l'article 2 du Protocole additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne gouvernance, qui requiert le consensus d'une large majorité avant toute modification de la législation électorale dans les six mois précédant un scrutin.
Il est impératif d'examiner sans délai, de manière concertée et consensuelle, les nombreux défis, notamment l'impossibilité de bénéficier du délai de 150 jours prévu dans le code électoral pour la collecte et de 85 jours pour le dépôt des parrainages (articles L57, L175 et L176). En plus, depuis le 25 février 2024, plus de quatre cent mille jeunes ont atteint l’âge de la majorité et doivent être inscrits sur les listes électorales. Il en va de même de la répartition des sièges entre les départements dans le scrutin majoritaire selon le critère objectif du nombre d’habitants et le nombre de sièges à pourvoir via le scrutin proportionnel, à l’échelle nationale, au regard du recensement de la population en 2023.
Nous mettons en garde le pouvoir en place contre toute démarche solitaire concernant le cadre électoral, qui risquerait de compromettre sérieusement la stabilité politique de notre pays. Au-delà des élections législatives, d’autres sujets nécessitent tout autant un dialogue entre les forces vives de la Nation. Les réformes institutionnelles ayant fait l’objet de consensus confirmé par le résultat de la dernière élection présidentielle devraient être mises en œuvre, sans tarder.
Nous appelons la communauté internationale, ainsi que les communautés africaines, qui n'ont cessé de magnifier l'exemplarité démocratique du Sénégal, à demeurer vigilantes quant au respect des principes fondamentaux de l'État de droit, qui sont désormais menacés dans ce pays."
Premiers signataires :
Ababacar BA, ADS/PAPA ;
Amadou BA, Nouvelle Responsabilité ;
Mamadou Lamine BA, PLC-DJ ;
Ibrahima BADIANE, UFN ;
Salif BADJI, KISAAL ;
Abdoulaye BALDE, UCS ;
Bamil BALDE, Action patriotique sénégalaise ;
Samba BATHILY, PCDS ;
Thierno BOCOUM, AGIR ;
Alassane CISSÉ, Nouveau Parti ;
Bassirou DIAKHATÉ, ADS ;
Ibrahima H. DEME, ETIC ;
Mamadou DEME, Coalition Moobal Senegal
Modou DIAGNE FADA, LDR/Yessal ;
Mohamed Moustapha DIAGNE, Synergie Républicaine ;
Mariama DIAW, ARD ;
Pape DIOP, BOKK GIS GIS ;
Pape Momar DIOP, AAML ;
Khadim DIOP, Khidma
Seydou DIOUF, Ppc
Victor Sadio DIOUF,MFA ;
Abdoulaye DRAME, And pencoo Rewmi ci deug ;
Abdou FALL, Andu Nawle ;
Babacar GAYE,Manko Mucc ;
Babacar GAYE,MPCL
Bougane GUEYE DANY, Geum Sa Bopp :
Serigne Mody
Tombo GUÈYE,MPACT ;
Aïssata KANE,Mouvement So Cap
Adji Mergane KANOUTE, UDS/A ;
Cheikh Mbacké LO, And-Jëf
Mamadou MASSALY, UNR ;
Abdoul MBAYE, SENEGAL KESSE
Aminata MBENGUE NDIAYE, Parti socialiste
Théodore MONTEIL, Alternative citoyenne/Disso
Moustapha NIASSE, Alliance des Forces de Progrès
Hamady NDAO, Euleuck Sénégal ;
Anta Babacar NGOM, Arc
Aly Ngouille NDIAYE, Coalition AN 2024
El Hadj NDIAYE DIODIO, Taaru Sénégal
Elhadji Omar NDIAYE, Forces des Forces citoyennes pour l’émergence du Sénégal ;
Nicolas NDIAYE, Ligue Démocratique
Pathé NDIAYE, Pdrs
Ameth NDIR, Sénégal mieux et autrement ;
Dior Diongue NDOYE, Pari sur l’avenir ;
Magatte NGOM, NIDA ;
Abdou Aziz PAYE, Prs
Mahmoud SALEH, APR
Thierno Alassane SALL, République des Valeurs/Réewum Ngor ;
Khalifa Ababacar SALL, Taxawu Sénégal :
Moussa SARR, Ndfd
Oumar SARR, Parti des Libéraux et Démocrates/Ánd Suqali ;
Oumar SARR n°2, PAREL ;
Pape SARR, Ld Debout
Samuel SARR, LSS ;
Bathie SECK, Far Yoon Wi ;
Idrissa SECK, REWMI ;
Samba SY, Pit
Aïssata TALL SALL, OSER L’AVENIR ;
Fatou THIAM, Alur
Madina THIAM, Taxawu Fal Khalifa
Omar THIAM, UPAS
Ousseynou THIAM, Pt
Thierno Birahim THIOMBANE, ASD JEF REK ;
Ousmane THIONGANE, DRS Yeug Sénégal ;
Hélène TINE,Mset
Moussa TINE, AD Pencoo
Mbaye TOURE, And Bok Defar
Samba WAGNE, Mpc/Adr
VIDEO
QUAND LA DIVERSITÉ FAIT FOI
Le Sénégal semble avoir trouvé une formule unique pour concilier laïcité et visibilité religieuse. Mais pour combien de temps encore ? Souleymane Bachir Diagne et Hady Ba décortiquent la question dans cet entretien passionnant
Dans un entretien croisé captivant diffusé sur iTV, le professeur Souleymane Bachir Diagne et Hady Ba explorent les nuances complexes du paysage religieux sénégalais, offrant un regard novateur sur le thème "Religion et Religions".
Au cœur de leurs échanges, une vision unique de la laïcité sénégalaise émerge, contrastant avec le modèle français. Cette approche, qualifiée de « contrat social sénégalais », permet une coexistence harmonieuse des différentes confessions tout en maintenant la neutralité de l'État.
Les deux intellectuels soulignent le rôle crucial de l'islam confrérique et du soufisme dans le façonnement de cette cohésion nationale. Ces traditions spirituelles, axées sur le perfectionnement individuel et l'ouverture à la diversité, constituent un rempart contre l'intolérance religieuse.
Cependant, l'entretien met également en lumière les défis contemporains. La montée en puissance des réseaux sociaux et la dégradation du débat public menacent ce fragile équilibre. Diagne et Ba insistent sur l'urgence de revitaliser l'espace public, appelant à un retour à l'argumentation respectueuse et à l'éducation citoyenne.
Ce dialogue entre deux générations de penseurs sénégalais offre une réflexion profonde sur l'avenir du pays. Il rappelle que le modèle de coexistence pacifique du Sénégal, loin d'être acquis, nécessite un engagement constant de tous les citoyens pour être préservé et renforcé.
par Abdou Latif Coulibaly
LE PRÉSIDENT ABDIQUE SES RESPONSABILITÉS
Le détournement de procédure utilisé pour perpétrer un coup en dessous de la ceinture des institutions n’honore personne, et fragilise l’Etat. Diomaye a choisi la facilité en enfilant le costume d’un monarque républicain régnant sans gouverner
Le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, abdique ses responsabilités, en décidant volontairement de transférer toutes ses prérogatives à son Premier ministre. Il change la nature de notre armature institutionnelle, en devenant un monarque régnant pour laisser le Premier ministre conduire le destin de cette nation. Cette nouvelle organisation institutionnelle éprouve encore de la pudeur à décliner son nom et son identité. Le président Faye a choisi la facilité en enfilant le costume d’un monarque républicain régnant sans gouverner. Une légitimité populaire ne saurait justifier une telle hérésie politique en l’état actuel de notre démocratie. Elle mérite mieux que ce qui se passe sous le nouveau régime.
On critiquait souvent la mainmise sur tout d’un président omnipotent, on en arrive aujourd’hui, par la volonté d’une seule personne, à l’ère d’un Premier ministre qui, au-delà de son omnipotence, est un omniscient. Une tragédie, j’allais dire. Monsieur le président de la République, avec le respect que nous vous devons, vous me permettrez de relever que vous ne paraissiez pas à l’aise, dans votre vaine tentative de démontrer, qu’en arrivant au pouvoir, le 2 avril dernier, vous avez trouvé un pays en ruine. Le discours stigmatisant sur la gestion financière, les attaques contre la gouvernance sortante et autres arguments n’ont pas pu aider à rendre crédible l’argumentaire. Ce fut laborieux, pour ainsi dire. Croyez-le bien. Vous étiez davantage moins crédible, quand vous avez essayé de justifier, pourquoi vous avez raison de dissoudre l’Assemblée nationale, alors que vous l’aviez, vous-même, convoquée, pour entre autres, recevoir et débattre de la Déclaration de Politique générale de votre Premier ministre, Ousmane Sonko.
Ce dernier s’est obstinément refusé de présenter cette DPG. Par peur de quoi ? Sommes-nous tentés de nous interroger. Nul ne sait vraiment. Nous nous demandons ce qui se passe derrière cette crainte, non explicitement manifestée, de venir confronter les députés. Il nous paraît évident qu’il y a une irrationalité certaine qui taraude l’esprit du Premier ministre au point de l’amener à organiser légalement un non débat, avec la complicité de son patron supposé. Excellence, en écoutant votre adresse à la nation, diffusée sur les antennes des télévisions locales et les médias électroniques, en ce début de soirée du jeudi 12 septembre 2024, nous avons bien compris et saisi clairement la dimension du parjure dont vous vous êtes rendu coupable, en décidant de ne pas « respecter, encore moins de faire respecter la Constitution » du pays. Cette phrase emblématique que nous citons se présente pourtant comme l’un des termes les plus significatifs du texte légal sur lequel s’appuie le serment que prononce tout chef d’État entrant en fonction au Sénégal.
Vous êtes apparu sur les écrans, en laissant constater une colère intérieure, au moment où vous preniez la parole. Nous supposons que vous avez été mis dans cet état, par les parlementaires qui vous auraient manqué de respect. Selon vous, ils vous auraient forcé les textes, en s’arrogeant des pouvoirs qui relèveraient de façon stricte de votre domaine de compétence, tel que défini par des dispositions pertinentes de la Constitution.Nous soulignons que nul ne vous contestera le fait que la Constitution vous réserve le pouvoir exclusif de dissoudre l’Assemblée. Et a fortiori celui de convoquer les députés en session extraordinaire, entre deux sessions ordinaires du parlement. Il vous réserve en même temps une place quasi prépondérante dans la détermination de l’agenda des parlementaires. Il n’empêche, il nous plaît de souligner à votre attention qu’une décision présidentielle est délicate.
Elle est trop importante en ce qu’elle peut s’avérer lourde de conséquences, pour le futur et la stabilité d’un pays. C’est pour cette raison, qu’elle doit se garder de procéder d’une quelconque ruse, encore moins d’une roublardise hasardeuse. Elle doit surtout éviter de se fonder sur une soif inextinguible de vengeance ou sur l’envie d’humilier. Elle ne doit nullement procéder de circonstances pouvant laisser croire aux citoyens concernés, qu’elle est le produit d’une ruse malicieuse qui écrase. Nous disons cela, en pensant aux mots de l’académicien français Jean D’Ormesson, quand le journaliste, romancier et essayiste publie un ouvrage intitulé : Je dirai malgré tout que cette vie fut belle (2016) . L’auteur écrit : « Confucius le savait déjà à l’époque de Platon et de Sophocle, il faut prendre garde aux mots. Une langue qui faiblit, c’est un pays qui vacille ». Face à votre décision prononçant la dissolution de l’Assemblée nationale, nous avons envie de dire que, quand c’est la langue d’un chef de l’Etat qui faiblit, elle fait vaciller son pays et le met en danger d’instabilité.
Excellence, la vôtre a dramatiquement faibli, ce jeudi 12 septembre quand vous avez volontairement décidé de défier l’opinion nationale, en reniant votre parole donnée. Vous avez offert à vos partisans une occasion de jubilation. Ils crient victoire, en savourant les délices d’un plat de vengeance glacé. Contre qui, vous et eux avez-vous gagné ? Qu’est-ce que vous avez finalement gagné ? A mon avis, vous n’avez rien gagné qui vaille. En revanche, nous savons ce que vous, Monsieur le président de la République, avez perdu. Ce que vous avez perdu n’est pas estimable, car votre décision a touché à la substance de la qualité d’un bon guide : la crédibilité. Nous doutons que vous ayez triomphé contre vos opposants. Par contre, nous restons persuadés que les coups ont surtout fait mal à nos institutions.
Ce sont justement elles qui se sont senties agressées, malmenées et tournées en bourrique. L’institution présidentielle en a également pris un sacré coup. La parole reniée du chef de l’Etat, dis-je, est une catastrophe. Le président a laissé croire par une malicieuse ruse insensée que la convocation de l’Assemblée nationale en session extraordinaire était nécessaire et sincère, car procédant de bonnes et louables intentions. Oh que non ! Vous avez laissé au peuple, seul dépositaire de la souveraineté nationale – c’est lui qui vous a donné mandat pour défendre ses intérêts, en toute circonstance-, le sentiment que la session extraordinaire convoquée irait à son terme. En épuisant la totalité des points inscrits à son ordre du jour, y compris celui prévoyant un débat sur la DPG. Un ordre du jour librement fixé par le président de la République, lui-même qui a joué avec les nerfs des citoyens avant de les mettre devant le fait accompli.
Le détournement de procédure utilisé pour perpétrer un coup en dessous de la ceinture des Institutions n’honore personne, et fragilise l’Etat. Le débat budgétaire (manqué) méritait une belle vengeance qui passera par un malicieux leurre, même pas subtile, imaginé et exécuté par la plus haute autorité du pays. Vous avez volontairement affaibli votre parole, en décidant de faire plaisir à un camp, le vôtre. Vous avez décidé d’accompagner, à la limite de la déraison votre Premier ministre qui avait envie de prendre une implacable revanche sur les représentants du peuple. Ceux-là qui ont eu l’outrecuidance d’exiger de lui qu’il remplisse son devoir impérieux prescrit par la Constitution : présenter devant eux une DPG, devaient payer. C’est ce que le premier Ousmane Sonko disait autrement, non sans une certaine perfidie, quand il déclarait que « les députés seraient préoccupés par d’autres choses, plutôt que de s’occuper à voter une motion de censure contre lui, le 12 septembre ». Le président se soumettra, sans aucune réserve, à cette envie de vengeance clairement exprimée par son Premier ministre.
Excellence, Monsieur le président de la République, vous avez décidé de sauver la face devant le refus obstiné du Premier ministre de vous obéir. Vous avez préféré perdre la face devant l’opinion nationale, plutôt que de gouverner en exigeant de lui qu’il obéisse à vos instructions, telles que celles-ci sont apparues dans le décret ayant convoqué la session extraordinaire du parlement. Nous conclurons notre propos en citant le philosophe Sénèque, qui en parlant de l’art de gouverner, dit ceci : « La colère est comme une avalanche qui se brise sur ce qu’elle brise ». C’est dire que la colère fondée sur un désir de vengeance, tentant de briser nos institutions, pourrait, tôt ou tard, produire un effet de boomerang contre tous ceux qui l’ont provoquée, pour devenir ainsi une avalanche dévastatrice qui tue.