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8 avril 2025
CHERCHER LES FORMES DE DIGNITE POSSIBLES SOUS LES NOMBREUSES DOMINATIONS DE NOS SOCIETES
Un peu plus de trois années après son prix Goncourt (2021), Mouhamed Mbougar Sarr donne du temps à son lectorat pour la digestion de son immense roman, « La plus secrète mémoire des hommes ». Il s’est confié au « Soleil »
Entretien réalisé par Amadou KÉBÉ |
Publication 06/01/2025
Un peu plus de trois années après son prix Goncourt (2021), Mouhamed Mbougar Sarr donne du temps à son lectorat pour la digestion de son immense roman, « La plus secrète mémoire des hommes ». Il s’est confié au « Soleil ».
Quel a été votre modus vivendi pendant les années qui ont suivi votre Goncourt ?
Si je devais trouver une image de comparaison, je crois que celle du tourbillon serait la plus appropriée ; un tourbillon rapide et vorace, auquel il était impossible d’être préparé. Le nombre de sollicitations, d’invitations, de propositions de toutes sortes (y compris quand elles n’avaient rien à voir avec la littérature) a explosé. J’ai passé les trois dernières années à voyager et parler de mes livres. Moins d’un an après l’attribution du prix, les premières traductions ont commencé à paraître. Il a donc fallu que j’aille soutenir mes éditeurs étrangers dans la promotion du livre. J’ai donc voyagé dans une trentaine de pays répartis sur quatre continents, sans compter les activités quand j’étais en France. Autant dire que j’ai passé peu de temps chez moi. À une certaine période, je n’y revenais que pour changer de valise et repartir. Il m’est arrivé de me réveiller en pleine nuit et de ne plus savoir dans quel pays j’étais. Cela a bien évidemment un impact sur la santé physique, la vie mentale et le temps d’écriture. Mais, je ne me plains pas. Cela reste une belle aventure, et j’ai conscience d’être assez privilégié. J’ai découvert des pays et des lectorats extraordinaires. Mon plus récent voyage, par exemple, au Brésil, m’a beaucoup ému et empli de joie et de gratitude.
Après un chef-d’œuvre, beaucoup d’écrivains ont eu du mal à se remettre à l’écriture (exemple de Cheikh Hamidou Kane). Comment personnellement percevez-vous cette situation ?
Je ne crois pas avoir écrit un chef-d’œuvre. Le livre le plus important est toujours le prochain. « La plus secrète mémoire des hommes » continue sa vie. Il réunit des lecteurs dans le monde entier. C’est un magnifique destin et j’en suis heureux. Mais je songe déjà à la suite.
Votre regard a-t-il changé sur le rôle social de l’écrivain après la polémique qui avait éclaté au Sénégal après votre Goncourt ?
Mon regard n’a pas fondamentalement changé. Mais ce qui s’est passé, au-delà de la violence verbale et symbolique, au-delà de l’éphémère buzz, au-delà des flamboyantes prises de position, est venu confirmer certaines intuitions que j’avais sur le sens du travail de la littérature dans le contexte social, culturel, politique de notre pays. Ces intuitions sont nombreuses et je ne pourrai les développer toutes ici. Mais l’une d’elles me paraît importante : un écrivain ne doit jamais chercher à correspondre aux attentes culturelles de sa société. À mon sens, dans son oeuvre, seuls sa sensibilité, sa douleur, sa lucidité, sa mélancolie, son ironie, son courage, sa joie, sa langue, intimes, doivent commander. Cette fidélité à sa vérité intérieure est son honneur ; et sans chercher à provoquer puérilement, c’est à sa conscience d’artiste qu’il doit rendre des comptes. La société lui en demandera, nécessairement. Elle est sans doute dans sa fonction et son droit. Mais l’écrivain a, parmi beaucoup de fonctions, ce devoir : indiquer les lieux où la société est hétérogène, hypocrite, silencieuse, violente. Cette tension entre l’écrivain et sa société est nécessaire. L’écrivain doit l’assumer. Voilà comment je vois les choses.
D’où vous viennent les substrats (inspiration) des récits que vous relatez dans vos romans ?
Une part importante de mon travail a pour source des récits entendus ou aventures vécues pendant l’enfance. Il s’agit donc d’un travail de mémoire et de recréation de la mémoire. Une autre part importante vient de l’observation du réel, et particulièrement des lieux invisibles (qu’on veut rendre invisible) du réel, soit parce qu’ils sont honteux, soit parce qu’ils sont violents. Il s’agit donc d’un travail d’élucidation. Enfin, une dernière part provient de ma bibliothèque et de mes lectures, puisque la littérature, pour moi, naît toujours de la littérature.
S’il y en a, quel est le rituel qui suit la gestation de vos romans ?
Je n’ai ni structure ni plan préalablement établis. Je suis surtout les questions des personnages, les images premières de paysages. J’essaie d’atteindre ce point où l’écriture génère sa propre composition, son propre rythme, sa propre tension. La forme se construit d’abord, puis elle vous construit et devient la substance même de l’écriture. Le point que j’évoque est un endroit difficile à atteindre, le centre du labyrinthe, d’une certaine manière, mais une fois-là, je me sens comme un musicien de jazz qui obéit à autre chose qu’à une partition. Ce n’est ni improvisé totalement, ni prévu. C’est simplement l’écriture qui, mûre, sait où elle va et me porte avec elle. J’écris la nuit, c’est la seule constante.
Derrière chaque écriture, se cache, a priori, une idée de véhiculer une pensée. Est-ce qu’en tant qu’écrivain, vous avez au préalable tendance à avoir une idée nette de ce que vous voulez raconter ?
Pour être honnête, non. Je n’ai jamais compris l’intérêt de savoir ou voir clairement avant de l’avoir écrit, ce qu’on va écrire. Où serait le frisson de la découverte, le frisson de l’inconnu dans lequel on entre ? Je charge l’écriture de préciser ma pensée ou ma sensibilité qui sont là, mais auxquelles manque une forme. Écrire est la recherche de cette forme.
Dans vos quatre romans respectifs, la question de la dignité humaine semble être le prétexte de vos récits. Est-ce là une manière de mettre la littérature au chevet de l’humaine condition ?
Ce qui m’intéresse, en effet, c’est de chercher les formes de dignité possibles sous les nombreuses dominations ou humiliations de nos sociétés. Que la violence provienne de terroristes islamistes, d’une administration inhospitalière ou d’un système esclavagiste moderne, d’une société qui discrimine ses minorités ou d’une histoire littéraire coloniale et dissymétrique, ceux et celles qui la subissent tentent toujours d’affirmer leur humanité, d’une façon ou d’une autre. J’aime plonger dans les ombres humaines, car je veux voir l’expression du regard humain dans l’ombre.
Dans « La plus secrète mémoire des hommes », vous dites qu’écrire nécessite toujours autre chose. De manière factuelle, quelle est cette « autre chose » dont vous faites l’éloge et qui vous a réussi dans l’écriture de vos romans ?
Si je le savais, je n’écrirais plus et j’irais cultiver mon champ dans mon village. Cette autre chose est le secret même de la littérature. C’est la plus secrète mémoire des hommes. Personne ne les connaît, mais elles existent, et m’obsèdent.
Votre culture sérère apparaît nettement dans vos romans. Qu’est-ce qui explique cette « sérèritude » qui apparaît dans vos romans, notamment dans « La plus secrète mémoire des hommes » ?
Je parlais tout à l’heure de l’inspiration essentielle des récits de l’enfance. Il se trouve que ces récits proviennent de la culture sérère, qu’ils m’ont été donnés dans cette langue. La richesse de cette culture – les chants, la lutte, le travail de la terre – me fascine, et il ne passe pas un jour sans que je découvre un fragment de cette mythologie, de cette cosmologie, de cette cosmogonie. Je me sens profondément de là. Il est normal que cela transparaisse dans ma sensibilité littéraire.
Votre carrière littéraire se cantonne, pour le moment, au roman. Envisagez-vous d’écrire dans un autre genre ?
Oui, cela arrivera certainement. L’essai, le théâtre. J’aimerais. La poésie, je ne pense pas, même si j’en lis beaucoup. Mais, pour l’heure, le roman m’appelle plus fortement. Et comme sa forme est assez souple pour intégrer tous les autres genres, je les approche par-là, en attendant de m’y confronter directement.
Pensez-vous écrire en langue wolof ou même en sérère qui est votre langue maternelle ?
Oui, j’ai entrepris de suivre des cours de langue wolof. J’espère pouvoir écrire directement un roman dans cette langue, ou en sérère, un jour. J’en ai, en tout cas, l’envie profonde.
Au demeurant, avez-vous une oeuvre en gestation ?
Oui, mais il est trop tôt pour en parler. Tout ce que je peux en dire, s’il ne change pas, c’est qu’il se déroulera pour une large part en pays sérère.
Le Sénégal a récemment élu un nouveau président de la République. Quelle est, selon vous, la politique culturelle et sociale que devrait adopter le nouveau régime ?
Une politique dans laquelle la culture ne serait pas considérée comme un appendice tout à fait secondaire et anecdotique de la vie d’une nation. Une politique dans laquelle la culture ne serait pas subordonnée aux agendas politiques. Une politique dans laquelle la culture ne serait pas réduite au divertissement. Un politique dans laquelle la culture serait, pour tous, pas seulement aux habitants des grandes villes. Une politique dans laquelle, dès l’enfance, on apprendrait à respecter les artistes pour leur travail. Une politique dans laquelle on se souviendrait des artistes du passé, où on n’attendrait pas leur mort pour d’artificielles commémorations. Une politique, enfin, où la culture serait toujours exigeante et non point alignée sur les émotions immédiates et faciles. Toute cette vision est un rêve, peut-être. On verra bien.
CE QUE JE PENSE DU DUO DIOMAYE-SONKO…
Première femme politique à franchir l’obstacle du parrainage pour participer à l’élection présidentielle de mars 2024, Anta Babacar Ngom, aujourd’hui députée, fait partie du renouveau générationnel de la politique sénégalaise.
Entretien réalisé par Moussa DIOP et Mariama DIEME |
Publication 06/01/2025
Première femme politique à franchir l’obstacle du parrainage pour participer à l’élection présidentielle de mars 2024, Anta Babacar Ngom, aujourd’hui députée, fait partie du renouveau générationnel de la politique sénégalaise. Dans cet entretien avec « Le Soleil », elle revient sur une année 2024 marquante, partage ses perspectives tout en confiant ce qu’elle pense du duo Diomaye-Sonko.
Anta Babacar Ngom Diack en 2024, c’est une candidature présidentielle et une autre pour les législatives…
En 2024, j’ai vécu une année qui, je crois, restera déterminante non seulement pour moi, mais aussi pour notre pays. Après avoir longuement évolué dans le secteur privé, j’ai senti qu’il était temps de prendre une part plus active à la construction de l’avenir que je souhaitais pour le Sénégal. Ce choix s’est inscrit dans un contexte où notre Nation traversait une période d’instabilité économique, sociale et politique sans précédent. J’ai ressenti, dans mon for intérieur, un appel impérieux à me mettre au service de mon peuple. Ma candi- dature à l’élection présidentielle, portée par l’Alternative pour la relève citoyenne (Arc), n’était pas simplement l’expression d’une ambition personnelle. Elle incarnait une volonté collective de renouveau. Lorsque le moment est venu de m’engager dans les législatives, cette décision s’est imposée comme une suite logique de cet engagement. L’Assemblée nationale représente une plateforme précieuse où se façonnent les lois qui régissent les destinées du pays. En y entrant, je me suis donnée pour mission d’être une voix forte, d’agir directement sur le processus décisionnel et de porter haut les aspirations des citoyens. Ces deux candidatures, bien qu’à des niveaux différents, traduisent la même cohérence : celle d’une volonté inébranlable de servir, d’agir et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de mes compatriotes.
Vous visiez la présidence, mais vous êtes à l’Assemblée nationale. Peut-on parler d’un lot de consolation ?
Ce n’est jamais une consolation lorsque l’on s’engage en politique par conviction. Je n’ai jamais vu mes ambitions politiques sous l’angle d’un gain personnel. Ce que certains qualifient de « lot de consolation » est, en réalité, une opportunité précieuse pour défendre les idées et valeurs qui ont été au cœur de ma campagne présidentielle. Le rôle de député n’est pas anodin : il s’agit de représenter le peuple, de légiférer sur toutes les lois concernant la vie de la Nation et de contrôler l’action publique. C’est un rôle d’une importance capitale dans la consolidation de notre démocratie et dans la protection des droits des citoyens. Si l’on considère les immenses défis auxquels notre pays est confronté, je vois l’Assemblée comme un espace où je peux continuer à contribuer de manière significative, en portant des réformes audacieuses et en luttant pour des lois qui répondent aux préoccupations des Sénégalais. Plus encore, cette position me permet d’incarner une nouvelle manière de faire de la politique.
Vous étiez la seule femme candidate à la dernière présidentielle. Qu’avez-vous ressenti ?
Être la seule femme candidate à une élection présidentielle, dans un contexte aussi compétitif que celui du Sénégal, est à la fois un honneur et une immense responsabilité. Cela signifie que l’on porte, bien au-delà de son projet politique, les espoirs et les attentes de millions de Sénégalaises.
Cette position m’a permis de mettre en lumière les enjeux de l’inégalité entre les genres dans notre société. Chaque apparition publique, chaque prise de parole était une opportunité pour démontrer que les femmes peuvent non seulement participer au débat politique, mais également le diriger. Il ne s’agissait pas seulement de montrer que c’était possible, mais de prouver que c’était nécessaire pour apporter une perspective différente aux défis auxquels nous faisons face. Cependant, être la seule femme candidate, c’est aussi se confronter à un scepticisme enraciné, parfois voilé, parfois exprimé ouvertement. Les obstacles ont été nombreux, mais ils m’ont rendue plus forte et plus résolue, car à chaque barrière franchie, je savais que je ne faisais pas que tracer ma propre voie : je pavais aussi la route pour celles qui viendront après moi.
2024 est aussi une année marquée par l’avènement du duo Sonko-Diomaye. Quelles relations entretenez-vous avec eux ?
Je dirais que mes relations avec le duo Sonko-Diomaye, comme vous venez de les appeler, sont exactement les mêmes qu’avec tout autre acteur politique. Elles sont marquées du sceau du respect et de la volonté de courtoisie. Même si nos positions divergent sur certains sujets, je reconnais l’importance de leur rôle actuel dans la conduite des affaires de l’État. La vie politique ne devrait jamais être une guerre de personnes, mais un espace où les divergences enrichissent le débat et servent les intérêts supérieurs de la Nation. Bien que j’assume pleinement ma position dans l’opposition, je leur souhaite sincèrement plein succès dans leur mission. En effet, leur succès, s’il est orienté vers le progrès, sera aussi celui du Sénégal tout entier. Pour ma part, chaque fois qu’une idée pertinente pour le développement de notre pays germera, je n’hésiterai pas à la partager. Servir le Sénégal transcende les ambitions personnelles ou les barrières partisanes. Cela dit, il est important de réaffirmer que mon ambition demeure intacte et assumée. Mon objectif ultime est de me positionner, un jour, à la tête de l’État pour imprimer ma marque à la gouvernance et traduire en actes ma vision pour un Sénégal moderne, équitable et prospère.
Pourquoi avoir choisi d’être non- inscrite à l’Assemblée nationale ?
Mon choix d’être non-inscrite à l’Assemblée nationale découle d’une conviction profonde : la politique doit être guidée par les intérêts des citoyens et non par des calculs partisans. Dans un contexte où les lignes de fractures politiques sont souvent exacerbées, j’ai voulu incarner une alternative, une voix libre et indépendante, capable de défendre des idées sans être contrainte par la discipline d’un camp ou l’idéologie d’un autre. Être non-inscrite, c’est s’autoriser à juger chaque proposition selon son mérite, à travailler avec tous ceux qui partagent une ambition commune pour le Sénégal et à re- jeter les clivages stériles.
Comment gérez-vous les critiques sur les réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux sont devenus une place publique où chacun peut exprimer son opinion, parfois avec une violence désinhibée. Mais, je vous rassure tout de suite ; les méchancetés, d’où qu’elles viennent, n’ont aucun impact sur mon action au quotidien. Être une femme po- litique au Sénégal exige une rési lience particulière. Les critiques ne se limitent pas à des désaccords d’idées ; elles touchent souvent à la personne, à son apparence, à sa vie privée, à ses proches… Cependant, je vois dans cette réalité une opportunité de renforcer mon engagement. Ces critiques, bien qu’acerbes, sont le miroir d’une so- ciété en pleine mutation, où la place des femmes dans l’espace public est encore contestée.
Quel a été pour vous le moment le plus difficile dans vos activités politiques en 2024 ?
Sans hésitation, l’un des moments les plus éprouvants de ma carrière politique a été la déception liée aux résultats de l’élection présidentielle. Après des mois d’efforts intenses, d’engagement passionné et d’espoir partagé avec mes militants et avec des milliers de Sénégalais, le score obtenu ne correspondait ni à nos attentes ni à celles de nombreux soutiens qui avaient cru en notre ambition. Par sa particularité référendaire, cette élection réduisait le choix des électeurs à un affrontement binaire, me plaçant dans une configuration complexe où le débat sur les idées et les alternatives a souvent été éclipsé par les polarités extrêmes qui dominaient la scène. Face à cette réalité, il m’a fallu un immense courage pour regarder la réalité en face. Ce mo- ment était difficile, car il ne s’agis- sait pas seulement d’une contreperformance électorale, mais de la remise en question d’une ambition portée par une vision que je juge juste et nécessaire pour le Sénégal. Il aurait été facile de céder au découragement ou de chercher des excuses, mais j’ai choisi une autre voie : celle de la sincérité et de l’humilité.
J’ai pris ce résultat comme une occasion de réfléchir, de comprendre où et comment nous pouvions mieux faire et de me reconnecter davantage aux attentes profondes de nos concitoyens.
Aujourd’hui, avec le recul, je vois cette épreuve comme un point d’in lexion. Elle m’a appris que la vé- ritable réussite en politique ne ré- side pas uniquement dans les résultats électoraux immédiats, mais dans la capacité à continuer d’ins- pirer, de proposer et de construire, même face aux tempêtes. Cette élection était une étape et je reste plus que jamais déterminée à dé- fendre ma vision pour un Sénégal uni, juste et prospère.
Et le souvenir qui vous a le plus fait plaisir ?
La politique, avec ses défis immenses, offre parfois des instants qui marquent profondément et rap- pellent pourquoi on s’engage. L’un des moments les plus réjouissants de mon parcours reste, sans conteste, la validation de mes par- rainages lors de l’élection présiden- tielle de 2024. Ce fut une victoire à la fois personnelle et collective, d’autant plus mémorable qu’elle semblait presque impossible au dé- part. Imaginez, dans un contexte où l’on doutait de ma capacité à rassembler suffisamment de signa- tures, le tirage au sort m’a placée à la 65e position sur 93 candidats, un rang peu avantageux. Pourtant, avec une mobilisation sans précédent de nos militants et responsables, avec l’incroyable coordination des équipes straté- giques et techniques, nous avons relevé le défi. Ce jour-là, lorsque le Conseil constitutionnel a an- noncé que mes parrainages étaient validés haut la main, au premier tour, c’était bien plus qu’un simple résultat technique. C’était un mo- ment de fierté et de reconnaissance pour tout un mouvement qui avait cru en moi, à Arc et à notre ambi- tion, contre vents et marées.
Quels sont vos coups de cœur ?
L’année 2024 a été une aventure humaine extraordinaire marquée par des rencontres inoubliables avec des Sénégalais aux quatre coins du pays. Lors des campagnes électo- rales, j’ai vu des jeunes et des femmes se mobiliser avec une éner- gie et une créativité impression- nante, portés par la conviction qu’ils sont les architectes du chan- gement.
Un moment restera gravé en moi, celui d’une petite fille à Tamba- counda à qui je demandais ce qu’elle voudrait faire lorsqu’elle sera grande. Les yeux brillants, elle me répondit, avec une assurance désarmante, « quand je serai grande, je veux être Anta Babacar ». Ces mots simples, mais puissants, résument l’essence de mon enga- gement.
Une nouvelle candidature serait- elle en vue ?
Mon engagement pour le Sénégal est total et je suis prête à continuer de servir. Ce sont les Sénégalais qui orienteront mes choix, mais tant qu’il y aura des injustices à combattre, je resterai présente et déterminée.
Par Hamidou ANNE
ÉTAT EN RUINE, DISIEZ-VOUS ?
L’Onu annonce le retrait du Sénégal de la liste des Pays les moins avancés. Nous sommes loin des fanfaronnades des nouveaux parvenus qui n’ont vu que ruine et désolation comme résultats d’un « système » qui échappe à leur vacuité intellectuelle
Par la résolution 79/230 de sa 79ème Assemblée générale, l’Onu annonce le retrait du Sénégal de la liste des Pays les moins avancés (Pma). L’aboutissement d’un long processus, qui a nécessité plusieurs rapports d’évaluations ; en 2018, en 2021 et en mars 2024. Donc, durant les soubresauts et les agitations de l’agenda politicien, des hauts fonctionnaires qu’un ignorant appelle «le système», travaillaient sérieusement pour l’Etat et au nom de l’intérêt général. Dans sa résolution, l’Ag de l’Onu annonce que le Conseil économique et social a souscrit à la recommandation du Comité des politiques de développement de retirer le Sénégal de la catégorie des pays les moins avancés.
En français facile, le Sénégal a fait des bonds de géant au plan économique.
Nous sommes bien loin des fanfaronnades des nouveaux parvenus qui n’ont vu que ruine et désolation comme résultats d’un «système» qui échappe à leur vacuité intellectuelle.
Le document nous informe également «qu’une période préparatoire de cinq ans était nécessaire pour tous les pays dont le reclassement avait été recommandé lors de l’examen triennal de 2024, afin qu’ils puissent se préparer efficacement à une transition sans heurt».
S’ouvre ainsi un quinquennat pour acter définitivement la transition du Sénégal de pays pauvre à pays à revenu intermédiaire. L’Onu enfin, déclare que «pour un pays, le fait d’être retiré de la catégorie des pays les moins avancés est un événement capital, qui signifie qu’il a bien progressé vers la réalisation d’au moins une partie de ses objectifs de développement».
Cette grande nouvelle célèbre surtout la bonne tenue d’un Etat ces douze dernières années.
Il y a eu d’abord l’élaboration et la mise en œuvre d’une vision autour de la transformation structurelle de l’économie, avec une société solidaire dans un Etat de Droit, moteur du Pse
Il y a surtout eu la vision d’un homme d’Etat, qui a incarné un leadership et s’est appuyé sur les excellentes ressources humaines de l’Administration du Sénégal pour bâtir un projet de société dont la finalité est la transformation radicale du visage du Sénégal.
Autour d’une vision du progrès, de vingt-sept projets et dix-sept réformes, et de la mise en exergue de six batailles sectorielles à remporter, les résultats sont tangibles, à tel point que la critique facile, parce qu’elle est lapidaire et à bas coût, visait plutôt «le bilan immatériel», antienne répétée par des roquets sans envergure pour au fond, ne rien dire.
Le Président Wade, avec lequel je n’étais pas en phase, avait eu raison d’appeler les Sénégalais au travail. C’est par l’effort continu, loin du bruit et des outrances des adultes qui vivent sur internet et des intrigants des salons feutrés du bord de mer que l’on transforme son pays. Un leader ne s’enferme pas dans des querelles d’épiciers et des chamailleries sur le sexe des anges ; il ne passe pas le plus clair de son temps à injurier ses adversaires et à menacer de les envoyer «pourrir en prison». Il devrait montrer moins d’aplomb dans l’invective que dans la déclinaison d’une vision sérieuse, qui surpasse le temps de ses mandats. Tenir un manche à balai pour écumer des ruelles sablonneuses ne peut être l’horizon indépassable du politique. S’y prêter de manière curieusement ostentatoire, dans une constance jouissive qui frise l’oisiveté, interroge : c’est avouer son incompréhensible inculture, sa navrante ignorance de notre Histoire, son impardonnable incompétence à comprendre cette Nation dont la responsabilité est d’être à l’avantgarde des mutations du monde.
Ce retrait du Sénégal de la liste des Pma est certes une excellente nouvelle. Néanmoins inquiétante, si l’on considère notre contexte. Il reste désormais à poursuivre le travail durant la période probatoire pour positionner définitivement notre pays sur la rampe de l’émergence. Par ailleurs, la décision de l’Onu appelle pour ma part trois lectures
En premier lieu, il s’agit de la sanction positive d’une politique mise en place pendant douze ans, avec hardiesse et courage pour transformer la structure de notre économie, sortir du mantra misérabiliste de réduction de la pauvreté pour aller vers une ambition de décollage économique dans l’inclusion sociale et les solidarités.
Ma deuxième lecture a trait au choix de rester dans un cadre démocratique qui consacre la pluralité des opinions. Il est courant désormais de lire d’intellectuels et de quelques divers littérateurs que la démocratie n’est pas propice au progrès économique.
Souvent, le modèle rwandais est agité en occultant de nombreux paramètres et, surtout, en banalisant l’enfer de l’autoritarisme pour ceux qui le vivent. Cette fausse vérité qui nourrit toutes les outrances et les coups d’Etat dans le Sahel a une responsabilité grave sur l’état de nos pays.
Des intellectuels, d’une irresponsabilité totale, célèbrent des putschs au nom de l’illibéralisme ou pire, de l’anti-France. Le Sénégal progresse tout en maintenant un cadre démocratique imparfait mais solide. Pour se convaincre de la pertinence de notre choix, il faut jeter un coup d’œil aux valets russes du Mali, du Burkina Faso et du Niger… Le Sénégal a su éviter le chemin périlleux emprunté par nos voisins sahéliens. Il confirme encore que l’investissement privé, moteur de la croissance, a besoin de stabilité politique et de sécurité juridique. Le Sénégal offre tous les deux aspects, conformément au choix fait pour la démocratie, qui ne saurait tolérer l’insurrection comme mode de prise du pouvoir.
Enfin, ma dernière pensée va aux théoriciens d’un «Etat en ruine». Ceux-là qui ont eu la délicatesse de ne pas célébrer ni premier baril de pétrole ni premier mètre cube de gaz, encore moins la mise en service du Brt. Les mêmes, qui ont averti le monde sur le maquillage des comptes publics de la part de leur propre administration, voient tous les jours leur rhétorique démentie par les faits. Mais comme Sisyphe, ils ne se lassent pas de tenter de salir notre pays. L’aiment-ils au fond ?
Dernière preuve en date, le communiqué ahurissant de la ministre dont on pourrait dire qu’elle est étrangère aux affaires de son Département. Elle considère le communiqué apportant la bonne nouvelle de l’Onu comme des «allégations», pour tenter de discréditer son pays et de nier ses progrès économiques. Qui imagine le gouvernement cambodgien sortir un communiqué pour contredire l’Onu et nier une avancée économique reconnue par la seule organisation au monde à vocation universelle ? Ils ne nous auront rien épargné, et ce n’est que le début... Comme disent les soyeux Britanniques : «The show must go on.»
Post-Scriptum : J’ai une pensée pour Mamadou Moustapha Bâ, qui a servi notre pays avec talent, engagement et loyauté. Cet immense serviteur de l’Etat sénégalais aurait mérité d’apprendre cette bonne nouvelle. Avec ses collaborateurs, il a géré nos comptes publics avec une dextérité qui a bâti une économie sénégalaise post-Covid-19 résiliente et désormais conquérante.
Par Henriette Niang KANDE
FRAPP/FRANCE DEGAGE, PORTE-VOIX POUR UNE SOUVERAINETÉ
Fondé en 2017 par des organisations citoyennes, ce mouvement se veut une force de mobilisation contre « l’impérialisme économique et politique », avec un engagement en faveur de la « souveraineté nationale et panafricaine »
Le Front pour une révolution anti-impérialiste, populaire et panafricaine (FRAPP) est devenu un acteur du paysage militant au Sénégal. Fondé en 2017 par des organisations citoyennes, ce mouvement se veut une force de mobilisation contre « l’impérialisme économique et politique », avec un engagement en faveur de la « souveraineté nationale et panafricaine ».
Une lutte contre les héritages coloniaux
Depuis sa création, le FRAPP est souvent associé à des slogans comme « France dégage ! », reflétant une exaspération envers la présence des intérêts économiques et politiques français au Sénégal. Cependant, ses dirigeants précisent que leur combat dépasse le cadre antifrançais, ciblant toutes les formes d’impérialisme, qu’elles soient occidentales, asiatiques ou autres. En effet, des campagnes comme « Auchan dégage » et « China Mall dégage » ont illustré une volonté de protéger les entreprises locales face à la concurrence étrangère. Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie plus large de défense des droits économiques des populations locales. Bien que le sentiment antifrançais soit souvent mis en avant, les dirigeants du FRAPP insistent sur l’aspect global de leur combat. Leurs actions visent à sensibiliser sur les inégalités systémiques issues des politiques internationales, tout en promouvant un modèle de développement endogène.
Axes du combat
Souveraineté économique Le FRAPP s’oppose aux contrats déséquilibrés établis avec les multinationales étrangères, particulièrement dans les secteurs stratégiques du pétrole, du gaz et des mines. Le mouvement exige que l’exploitation des ressources naturelles du Sénégal bénéficie en priorité à ses citoyens, en prônant une gestion transparente et équitable des richesses nationales. Démocratie et justice sociale Face aux inégalités croissantes et aux dérives, le FRAPP milite pour une véritable démocratie au Sénégal. Cela inclut des institutions politiques transparentes, une lutte contre les abus de pouvoir, et des réformes visant à garantir une répartition équitable des richesses, pour un meilleur accès aux droits fondamentaux comme la santé, l’éducation et l’emploi. Panafricanisme Enraciné dans une vision panafricaine, le FRAPP promeut une solidarité renforcée entre les peuples africains. Il appelle à une intégration continentale pour relever les défis communs, notamment en matière d’autosuffisance alimentaire, de lutte contre la corruption et de développement durable.
Pour le FRAPP, l’unité africaine est essentielle à l’émancipation du continent face aux influences extérieures. Le Frapp, se définit plus qu’un mouvement protestataire, et dit incarner une volonté de repenser la souveraineté, non au Sénégal, mais dans l’ensemble du continent africain.
Par Henriette Niang KANDE
REBATTRE LES CARTES DU PARTENARIAT
Avec la fermeture annoncée des bases militaires françaises au Sénégal et en Côte d’Ivoire un symbole fort de la présence historique de Paris en Afrique de l’Ouest s’efface
Une nouvelle ère de coopération après la fermeture de la base militaire
Avec la fermeture annoncée des bases militaires françaises au Sénégal et en Côte d’Ivoire un symbole fort de la présence historique de Paris en Afrique de l’Ouest s’efface. Mais cette reconfiguration pourrait aussi être l’occasion de redéfinir les relations entre la France et le continent africain, en adoptant une approche plus équilibrée et respectueuse des aspirations locales.
Vers une coopération sans tutelle
Pendant des décennies, la présence militaire française au Sénégal a été perçue comme un outil de contrôle autant que de partenariat. La base militaire française, drastiquement réduite par Abdoulaye Wade en 2010, qui à l’origine était perçue comme un garant de stabilité nationale et levier d’influence stratégique pour la France, a fait l’objet ces dernières années, de critiques pour sa connotation néocoloniale. Sa fermeture définitive marque un tournant symbolique, répondant à une volonté du nouveau régime sénégalais d’exercer sa souveraineté.
Dans ce contexte, la France doit repenser sa coopération. Plutôt que de se concentrer sur une approche militaro-sécuritaire, Paris pourrait élargir son champ d’action à des domaines plus inclusifs et constructifs. L’éducation, les infrastructures, la culture et la transition énergétique apparaissent comme des axes stratégiques pour renforcer les liens entre les deux parties.
Réinventer le “mindset” des élites françaises pour un partenariat durable
Avec le retrait définitif de la présence militaire française en terre sénégalaise, la France fait face à un défi majeur : refonder ses liens avec un pays qui a beaucoup changé.
Abandonner les réflexes paternalistes
Pendant des décennies, la politique de la France au Sénégal s’est appuyée sur une relation asymétrique, marquée par un paternalisme latent. C’était l’époque. Elle s’est longtemps perçue et jusqu’à une période très récente, comme la « Métropole », voire le guide de cet ancien territoire colonisé. Cette posture est devenue obsolète dans un pays où l’affirmation de la souveraineté nationale et la diversité des partenariats internationaux sont des réalités incontournables. La méthode elle, perçue comme paternaliste et déconnectée des réalités locales, alimente les ressentiments. Le changement de mentalité doit passer par une reconnaissance explicite de cette dynamique. Les élites françaises doivent se départir de l’idée que la France est indispensable à l’Afrique. Aujourd’hui, le discours qui s’entend de plus en plus, est qu’il est temps de traiter les pays africains comme des partenaires égaux et souverains, capables de prendre leurs propres décisions, même si celles-ci vont à l’encontre des intérêts français ou considérées comme telles. Deux exemples qui méritent d’être cités.
En mars 2022, à l’ONU, le Sénégal avait fait réagir des observateurs français par son positionnement lors d’une résolution intitulée « Agression contre l’Ukraine », dont le texte exigeait « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine et retire immédiatement, complètement et sans condition, toutes ses forces militaires » d’Ukraine. Le Sénégal (comme 11 autres pays africains) s’était abstenu.
En 2014, il avait adopté la même attitude, concernant la crise entre la Crimée et la Russie. Etait-ce une volonté de s’affirmer différemment sur la scène internationale ou un désir de calmer le jeu au niveau régional et local ? Voire. Quelques observateurs n’ont pas manqué de réagir, à l’image de Nicolas Henin (journaliste) , en postant sur son compte X : « Petit retournement du Sénégal, qui a finalement voté au Conseil des Droits de l’Homme en faveur d’une commission d’enquête internationale indépendante à la suite de l’agression de la Russie contre l’Ukraine », semblant ignorer que ce pays, même allié du bloc occidental et de la France en particulier, est resté dans sa logique d’adoption d’une stratégie de non-alignement depuis la guerre froide. Même s’il est arrivé que des répercussions économiques soient ressenties localement, il s’agit avant tout d’un conflit lointain qui se déroule hors du continent.
Une humilité face aux nouveaux équilibres géopolitiques
Les élites françaises doivent reconnaître que la puissance de la France au Sénégal a décliné. Partant de là, elle doit accepter des « nouvelles » alliances et ne pas considérer de telles décisions comme une trahison, mais un choix souverain dans un monde multipolaire. Adopter une posture humble face à cette réalité n’est pas un aveu de faiblesse, mais une preuve de maturité. Cela implique de ne plus percevoir les partenaires du Sénégal (la Chine, la Russie, la Turquie principalement), uniquement comme des concurrents alors que les « souverainistes » ou « panafricains » selon la terminologie donnent l’impression de plaider pour un «France dégage » en lieu et place d’autres puissances. La France pourrait explorer des synergies dans des projets tripartites, où chaque partenaire contribue avec ses forces spécifiques.
Reconnaître les manquements du passé
Toute relation n’est durable que si elle repose sur la confiance. Et pour regagner la confiance, la France doit reconnaître pleinement ses erreurs historiques. Les stigmates de la colonisation, les pratiques opaques de la Françafrique et les interventions militaires controversées continuent de peser lourdement sur sa perception, dans la grande majorité de la jeunesse. La restitution des œuvres d’art pillées, entamée mais encore incomplète, doit être accélérée et accompagnée d’une coopération renforcée avec les institutions culturelles. De même, la déclassification des archives liées à certaines périodes sensibles de l’histoire franco-sénégalaise serait un signal d’ouverture et de transparence. Mais cette reconnaissance doit aller au-delà des symboles pour se traduire dans des politiques concrètes. La mise en place de programmes éducatifs conjoints pourrait permettre de construire une vision partagée et équilibrée de l’histoire.
Le nouveau partenariat gagnant-gagnant : l’après fermeture de la base française
Avec la fermeture définitive de la base militaire française de Dakar, le Sénégal amorce une redéfinition stratégique de ses partenariats internationaux. Ce tournant marque une volonté claire d’affirmer sa souveraineté tout en s’inscrivant dans des collaborations équitables et mutuellement bénéfiques. Mais qu’apporte réellement le Sénégal dans ce nouveau modèle de partenariat ?
Une position géostratégique incontournable
Situé à l’extrémité occidentale de l’Afrique, le Sénégal bénéficie d’une position géographique privilégiée, offrant un accès direct à l’Atlantique et constituant une porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest. Sa stabilité politique, dans une région parfois troublée, renforce son attractivité. Cette situation géographique confère au pays un rôle clé dans la sécurité maritime et le contrôle des routes commerciales.
Un modèle de stabilité démocratique
Depuis son indépendance en 1960, le Sénégal est perçu comme un modèle de démocratie en Afrique. Les trois alternances politiques et le respect des institutions, font du pays un partenaire fiable dans un monde où la stabilité politique est une denrée rare. Cette réputation renforce la capacité du Sénégal à jouer un rôle de médiateur dans les crises régionales et à promouvoir une gouvernance respectueuse des droits humains.
Des ressources naturelles en plein essor
La découverte récente de gisements de pétrole et de gaz place le Sénégal au cœur des enjeux énergétiques mondiaux. Ces ressources, encore sous-exploitées, constituent un atout majeur dans les nouveaux partenariats économiques, à condition qu’elles soient gérées de manière transparente et durable. Par ailleurs, le pays possède d’importantes réserves minières (phosphates, zircon) et une zone économique exclusive riche en ressources halieutiques, qui attirent des investisseurs désireux de tirer parti de cette manne
Un hub économique et régional en construction
Avec Dakar comme hub économique et logistique, le Sénégal se positionne comme un centre névralgique pour le commerce et les affaires en Afrique de l’Ouest. Des projets ambitieux, tels que la Zone économique spéciale de Diamniadio et l’expansion du port de Dakar, bien que très fortement concurrencée par Abidjan et Cotonou, renforcent cette vision. Le pays attire encore des entreprises étrangères cherchant à établir des bases dans une région dynamique, tout en bénéficiant d’infrastructures et d’un environnement d’affaires que l’on cherche à améliorer d’une manière constante.
Une jeunesse dynamique et engagée
Avec une population majoritairement jeune, le Sénégal offre un potentiel humain considérable. Cette jeunesse constitue une force de travail compétitive et un vivier d’innovation, particulièrement dans les secteurs technologiques, culturels et entrepreneuriaux. Les partenaires internationaux trouvent dans cette vitalité démographique un levier pour développer des initiatives durables et inclusives.
Vers un partenariat plus équilibré
La fermeture de la base française reflète une tendance plus large au Sénégal : celle d’un rejet des relations néocoloniales au profit d’un partenariat basé sur le respect mutuel. Cependant, la vraie influence désormais appartient aux entreprises privées qui créent la richesse et dont certaines sont plus puissantes que l’Etat sénégalais lui-même. En guise de comparaison, au Sénégal opèrent des entreprises françaises qui pèsent, dit-on, pour 25% des recettes fiscales et près de 10% des emplois formels. Elles sont en concurrence désormais avec des sociétés chinoises, turques, indiennes, marocaines...
La vraie exigence pour les politiques publiques sénégalaises est de promouvoir un secteur privé suffisamment fort qui pourra concurrencer le privé étranger au nom d’une compétition ouverte qui est la principale valeur d’une économie libérale. Bander les muscles est une chose, avoir les moyens de son ambition souverainiste en est une autre. Dans ce rendez-vous de la mondialisation où chaque nation vient avec son avantage comparatif, qu’offre le Sénégal ? Des entreprises assez puissantes pour remporter des parts de marché ailleurs dans le monde ? Un marché de consommateurs suffisamment riche pour attirer des industries et des marques de luxe ? Des ressources naturelles foisonnantes ?
Le risque est de vendre le souverainisme jusqu’à opérer de mauvais choix économiques comme celui du rétablissement du visa d’entrée au nom de la réciprocité. Le Sénégal est un pays touristique. Le secteur constitue la deuxième source de devises de notre économie. Rendre difficile les conditions d’entrée dans le pays, courir le risque de failles techniques comme ce fut le cas en 2013 et en 2015 (avec les bugs des machines, les voyageurs à destination payaient mais les pannes faisaient qu’ils n’obtenaient ni le visa, ni le remboursement de leurs frais. Le système électronique de visa ne marchant qu’une fois sur quatre), peut avoir un impact négatif sur le tourisme. Le discours souverainiste risque d’être vain s’il ne fait pas de l’économie, son moteur. Or, jusque-là, on reste sur des discours dénonçant l’influence politique française et qui relèvent d’une conception ancienne des relations internationales. L’urgence pour ces cinq prochaines années est de constituer un capital économique national pour avoir quelque chose à apporter dans la dynamique de co-construction que nous devons avoir avec le monde. Sinon le Sénégal continuera d’être un appendice, alors que le monde adopte une révolution extraordinaire avec la robotisation, l’Intelligence Artificielle et les énergies vertes.
Va-t-on déshabiller Paul pour habiller Sergueï, comme on le constate dans certains « pays souverainistes », avec la forte présence militaire de la Russie, à travers la milice privée Wagner ?
Le discours du président Bassirou Diomaye Faye, prononcé le 31 décembre 2024, marque un moment charnière dans l’histoire contemporaine du Sénégal. L’adresse, empreinte de solennité, s’est voulue être un pont entre des aspirations populaires et des actions concrètes, dessinant une vision claire pour un Sénégal uni, souverain et prospère. Le chef de l’Etat a annoncé la fin de la présence militaire française dès 2025, soulignant une volonté de renforcer la souveraineté nationale. Cette décision s’inscrit dans une refonte stratégique de la défense, tout en affirmant une diplomatie active, ouverte et engagée pour les causes justes à l’échelle mondiale.
La présence et l’outil militaire français au Sénégal
A son accession à l’indépendance en 1960, le Sénégal a maintenu avec la France, une relation particulière, notamment par le biais de la présence militaire française sur son sol. Cette collaboration s’inscrivait dans le cadre des accords de défense signés lors de l’indépendance, qui visaient à répondre à des objectifs stratégiques et politiques. Ils étaient censés assurer la stabilité politique et la sécurité dans une région ouest-africaine fragile. La France, soucieuse de conserver une influence dans ses anciennes colonies, considérait le Sénégal comme un point stratégique pour ses opérations en Afrique. Dakar, en particulier, avec son port en eau profonde et sa position géographique, était idéale pour établir une base militaire capable de projeter des forces dans la région. Cette présence était initialement perçue comme un gage de sécurité contre d’éventuelles menaces extérieures et un soutien logistique dans ses propres capacités militaires. Seulement, au fil des années, les fondements et l’évolution de cette présence ont été différemment perçus par les différents présidents sénégalais successifs avant Bassirou Diomaye Faye, selon leurs priorités et leurs sensibilités.
Les positions des présidents sénégalais
Léopold Sédar Senghor (1960- 1980), premier président du Sénégal, a vu dans la présence militaire française un levier de modernisation et une garantie de stabilité. Convaincu de l’importance d’une collaboration étroite avec la France, il considérait que l’autonomie politique du Sénégal ne devait pas s’accompagner d’une rupture brutale avec l’ancien colonisateur. Ainsi, la base militaire française de Dakar a été maintenue comme un symbole de cette relation privilégiée. Avec Abdou Diouf (1981- 2000), la perception évolue.
Dans un contexte de décolonisation avancée et de montée des revendications nationalistes en Afrique, Diouf adopte une approche plus pragmatique. Il conserve les accords de défense, mais travaille à renforcer les capacités militaires nationales pour réduire la dépendance vis-à-vis de la France. Sa politique a visé à équilibrer la coopération avec d’autres partenaires internationaux, tout en maintenant une relation cordiale avec Paris. C’est Abdoulaye Wade (2000- 2012) qui marque véritablement une rupture symbolique. Critique à l’égard de l’influence française en Afrique, Wade demande la fermeture de la base militaire française à Dakar en 2010. Cette décision s’inscrivait dans sa volonté de renforcer la souveraineté nationale et de repositionner le Sénégal sur la scène internationale.
Toutefois, cette fermeture n’a pas équivalu à la fin de la coopération militaire : des missions conjointes et des formations avaient continuées d’être menées. Sous Macky Sall (2012- 2024), la relation militaire avec la France a été plus coopérative que conflictuelle. Dans un contexte marqué par la montée des menaces terroristes au Sahel, Macky Sall s’est appuyé sur la France pour renforcer la sécurité régionale, tout en poursuivant le développement des forces armées sénégalaises. La coopération s’est diversifiée, s’étendant aux opérations internationales et au soutien logistique. Sous sa présidence, la présence militaire et la coopération sécuritaire avec la France ont été cruciales pour protéger le Sénégal contre les menaces croissantes venant de la région du Sahel, marquée par une instabilité croissante due à la montée en puissance des groupes tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) et Boko Haram. Malgré la fermeture en 2010, par Abdoulaye Wade de la base militaire française, le Sénégal est resté un élément-clé pour les opérations dans le Sahel, notamment lors de l’initiative Barkhane. Les forces françaises ont utilisé Dakar comme point de transit stratégique pour leurs missions régionales. L’une des pierres angulaires de cette coopération a été le partage d’informations stratégiques. Le Sénégal, pays relativement stable dans une région de plus en plus fragile, est devenu un acteur clé dans la collecte et le traitement des renseignements sur les activités terroristes dans le Sahel. Cette collaboration a permis d’anticiper et de prévenir d’éventuelles infiltrations de groupes armés au Sénégal.
Une stratégie française en mutation
Si les chefs de l’Etat ont eu des visions et des positions différentes quant à la présence militaire française sur le sol sénégalais, la réduction progressive des forces françaises au Sénégal et plus largement en Afrique a commencé à être envisagée dans l’hexagone, dès les années 1990. Avec la chute du Mur de Berlin en novembre 1989 entraînant avec elle celle du Bloc de l’Est, l’Afrique, à ses yeux avait perdu une partie de son importance sur le terrain de la rivalité Est-Ouest. A cela, se sont ajoutées des pressions internes de plus en plus fortes pour réduire ses dépenses militaires et les revendications croissantes d’autonome de pays africains.
En 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France procède à une réorganisation de ses bases militaires. Si au Sénégal cette décision a été motivée par la volonté politique de Abdoulaye Wade, ailleurs, elle s’inscrivait dans une stratégie plus large visant à concentrer les ressources militaires françaises sur d’autres bases comme celles de Djibouti, de Libreville au Gabon et de Ndjaména au Tchad. En Afrique de l’Ouest, bien qu’ayant réduit ses bases permanentes, des opérations à l’image de Serval, en 2013, ont montré que Paris est restée engagée dans la région. Mais les observateurs ont souligné un changement de doctrine : la France a privilégié ces interventions ciblées et temporaires en partenariat avec les armées locales. A partir de 2021, face à une montée des sentiments anti-français (lire article « Frapp France Dégage ») et aux aspirations des populations à davantage de souveraineté, marquant un changement de ton par rapport à la politique traditionnelle de la « Françafrique », la France a annoncé une réduction significative de son dispositif militaire dans le Sahel, pour ne plus être perçue comme elle l’a été pendant longtemps, comme le « gendarme » de l’Afrique. En 2022, Emmanuel Macron va dérouler une nouvelle stratégie pour la présence française en Afrique, axée sur la coopération plutôt que sur le maintien des troupes permanentes.
Fin du monopole français, émergence d’un multilatéralisme africain
Créé en 2014, le G5 Sahel est une organisation regroupant cinq pays sahéliens : le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad. Son objectif principal était de coordonner les efforts pour répondre aux défis sécuritaires et de développement dans cette région durement frappée par le terrorisme, l’insécurité transfrontalière et les crises humanitaires. Toutefois, le Sénégal, bien qu’à proximité géographique du Sahel, n’en est pas membre. Cette absence repose sur plusieurs considérations.
Une question géographique et sécuritaire
Le G5 Sahel rassemble des pays directement situés dans la bande sahélienne et confrontés à des menaces terroristes élevées. Ces nations partagent des frontières poreuses où opèrent des groupes armés comme AlQaïda au Maghreb islamique (AQMI) et l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). En comparaison, le Sénégal, situé sur la côte atlantique, est géographiquement éloigné des épicentres de ces conflits. Bien que vigilant face à la montée du terrorisme, le pays n’a pas été confronté à des attaques significatives sur son sol, contrairement à ses voisins sahéliens. Par conséquent, son inclusion dans le G5 Sahel n’était pas une priorité immédiate.
Un choix stratégique différent
Plutôt que de rejoindre le G5 Sahel, le Sénégal a concentré ses efforts sur d’autres cadres de coopération régionale, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali). Membre actif de la CEDEAO, le Sénégal participe aux initiatives de maintien de la paix et de stabilisation dans la région ouest-africaine. Cette stratégie lui permet d’éviter une association trop étroite avec les crises sahéliennes tout en jouant un rôle significatif sur le plan régional. Le 18 mars 2022, au cours d’une cérémonie sobre mais solennelle, le Général de division Usman Abdoumumuni Yusuf a passé le flambeau au Général de brigade sénégalais Moctar Diop. Avant le 8 décembre 2023, date de la conclusion du départ de la Minusma du Mali, c’est un Général-Major sénégalais, Mamadou Gaye, qui avait remplacé le Hollandais Johannes Kees Matthijssen.
Une volonté de préserver sa stabilité
Le Sénégal cultive une image de stabilité politique et de modèle démocratique en Afrique de l’Ouest. Participer directement au G5 Sahel, une organisation fortement associée à des zones de crise aiguë, aurait pu brouiller cette image. De plus, le régime de Macky Sall, à la création du G5 en 2014, a préféré concentrer ses efforts sur des approches préventives pour lutter contre la radicalisation. Si la fermeture définitive annoncée de la base française au Sénégal par le président de la République dans son discours du 31 décembre clôt un cycle de près de six décennies de présence militaire hexagonale sur le sol sénégalais, un profane peut dire que cela ne change rien qui ne relève pas du symbole. La guerre désormais n’a pratiquement plus besoin de présence au sol. Les drones peuvent jeter des projectiles sur un territoire alors qu’ils sont contrôlés à des milliers de kilomètres. L’attaque iranienne sur Israël, les frappes ukrainiennes dans la région de Koursk ont montré au monde, des drones qui traversent des pays afin de toucher leur cible. La guerre est technologique, de même que le renseignement. Ce que le Président ne dit pas en revanche, c’est quelle politique de défense le Sénégal met-il en œuvre à la suite de cette décision de faire partir les troupes françaises. On objectera que cela relève du « secret-défense ». Des questions demeurent. Qui produira les armes et les équipements militaires des soldats sénégalais ? Ou seront sont formés les officiers sénégalais si ce n’est pour beaucoup et jusqu’ présent à Saint-Cyr ou Melun ? Nos officiers les plus brillants s’enorgueillissent d’avoir fait leurs armes à l’École de Guerre en France ou à Westpoint et Paris nous appuie encore, en termes de renseignement, de surveillance des frontières dans la guerre contre le terrorisme dans la bande sahélienne. Va-t-on déshabiller Paul pour habiller Sergueï, comme on le constate dans certains « pays souverainistes », avec la forte présence militaire de la Russie, à travers la milice privée Wagner ? Ce serait le comble du comble, puisqu’une souveraineté revendiquée et assumée, ne saurait être sous tutelle.
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IBRAHIMA NOUR EDDINE DIAGNE LISTE LES PRINCIPAUX DÉFIS
La mise en œuvre de la politique de « transformation systématique » du Sénégal promise par le nouveau régime ne sera pas sans difficultés. L’alerte est de l’Administrateur général de Gainde 2000, Ibrahima Nour Eddine Diagne
Selon Ibrahima Nour Eddine Diagne, la mise en œuvre de la politique de « transformation systématique » du Sénégal promise par le nouveau régime ne sera pas sans difficultés. Invité de l’émission Objection de la radio Sud FM (privée) hier, dimanche 5 janvier, l’Administrateur général de GAINDE 2000 a indiqué que cette nouvelle vision de développement risque de faire face à plusieurs défis qui attendent les nouvelles autorités et dont les deux principaux sont le temps et le consensus.
La mise en œuvre de la politique de « transformation systématique » du Sénégal promise par le nouveau régime ne sera pas sans difficultés. L’alerte est de l’Administrateur général de GAINDE 2000, Ibrahima Nour Eddine Diagne. Invité de l’émission Objection de la radio Sud FM (privée) hier, dimanche 5 janvier, Ibrahima Nour Eddine Diagne prévient que cette nouvelle vision de développement risque de faire face à plusieurs défis dont les deux principaux sont le temps et le consensus. En effet, selon l’invité de notre confrère Baye Oumar Gueye, la transformation du Sénégal est un exercice très difficile qui demande de disposer du « système et de la machine ». Sous ce rapport, Ibrahima Nour Eddine Diagne préconise un « consensus fort autour de notre modèle démocratique » comme c’est le cas dans certaines grandes démocraties comme les États-Unis pour, dit-il, éviter la reprise à zéro du processus de développement au lendemain de chaque alternance politique.
« Le temps politique ne correspond pas au temps de transformation d'une nation ou au temps de reconstruction d'une nation. Nous devons essayer d'avoir des consensus très forts pour revoir notre modèle démocratique parce que, si tous les cinq ans, on doit reconfigurer notre machine à développement, on n'y parviendra jamais », a-t-il fait remarquer avant d’insister. « Nous avons tous la volonté de développer ce pays et nous savons tous que nous ne pouvons pas le développer en cinq ans. D'ailleurs, le plan en cours est sur une vision cinquante. Mais, il nous faudrait même, au-delà de cette vision sur cinquante ans, pourquoi pas une vision sur cent ans ou sur deux cents ans parce que c'est sur ça qu'on construit lorsqu'on a couché des stratégies ». Ainsi pour lui, « le véritable défi, aujourd'hui, est dans cette recherche de consensus » pour dit-il, « aller vers un pacte, qu’il n'y ait pas de divergence sur ce qu'on veut construire, là où on veut aller et comment on doit y aller ».
Par ailleurs, interpellé sur le discours de fin d’année à la nation du Président Diomaye Faye, l’Administrateur général de GAINDE 2000, entreprise spécialisée dans les solutions de dématérialisation, a jugé cette première adresse de fin d’année du chef de l’Etat « responsable ». En effet, selon lui, « un acteur politique doit avoir un discours de nature à rassurer mais aussi à mettre une part de la responsabilité, de l'idéal, sur toutes les composantes de la nation. Il ne faut pas penser que ce ne sont que les élites politiques qui doivent avoir les qualités requises, les populations sont également concernées car le combat est un tout global ».
ZIGUINCHOR SOUS LA MENACE DES ORDURES MENAGERES
C’est un véritable désastre écologique qui guette la ville de Ziguinchor en ce moment après la fermeture de la décharge de Mamatoro qui a pris feu la semaine dernière.
C’est un véritable désastre écologique qui guette la ville de Ziguinchor en ce moment après la fermeture de la décharge de Mamatoro qui a pris feu la semaine dernière. Ziguinchor et ses populations sont sous la menace des ordures. Le rythme des évacuations des déchets solides a considérablement baissé ces derniers jours dans la commune imprimant ainsi les risques d’une catastrophe écologique.
Réceptacle des déchets ménagers collectés dans la commune de Ziguinchor, cette décharge de Mamatoro située dans le village du même nom dans la commune d’Enampor fait souvent face à des incendies saisonniers et courants. Aujourd’hui se pose la problématique de l’évacuation des ordures dans la commune de Ziguinchor. Ou déverser toutes ces ordures ménagères collectées dans la ville de Ziguinchor ? Cette question taraude en ce moment tous les esprits. Le manque d’espace dans une commune presque étouffée accentue les difficultés mais aussi exacerbe l’impossibilité de trouver un site. Des sites sont certes identifiés hors du périmètre communal mais toutes les démarches entreprises dans les autres communes voisines n’ont pas encore abouti. Aussi bien l’Unité de Coordination et de Gestion des déchets solides (UCG) que la Municipalité de Ziguinchor, ces différentes parties se heurtent à la réticence des populations de ces communes voisines qui rechignent à abriter une décharge d’ordures.
Les préoccupations environnementales et celles sanitaires sont passées par là. Mais les conséquences commencent déjà à se ressentir dans la commune de Ziguinchor. Les rotations de camions de ramassage d’ordure ont considérablement diminué. Et les opérations de collecte ont chuté à 15% comparé au rythme normal. Déjà, dans certains coins des rues, les ordures sont entassées sur des sacs en attendant leur évacuation. L’Unité de Coordination de la Gestion des déchets solides assure difficilement l’évacuation de ces déchets. Une source proche de cette structure exprime tout son pessimisme : « Si la situation perdure et si nous ne parvenons pas à trouver un site dans une semaine, ce sera la catastrophe. C’est la ville de Ziguinchor qui va se transformer en dépotoir d’ordures dans tous les coins de rue», déplore la même source qui parle d’une urgence. Ziguinchor avait vécu une situation similaire en 2017 lorsque la Municipalité d’Enampor avait décidé de fermer la décharge de Mamatoro aux autorités municipales de Ziguinchor après un différend aux relents politiques.
En 2022, l’actuel Premier Ministre Ousmane Sonko alors maire de Ziguinchor avait visité la décharge de Mamatoro pour donner un coup d’accélérateur aux travaux de construction du centre de regroupement et de commercialisation des déchets, réalisés par la commune de Ziguinchor en collaboration avec le PRODEMUD.
La situation risque d’être plus dramatique pour l’actuelle équipe municipale et surtout le maire qui fait face à une vague de critiques. Et si la gestion des ordures vient s’y ajouter, la cote de popularité et l’image du Maire Djibril Sonko n’en seront plus qu’écorchées. D’ailleurs, nos tentatives de joindre les autorités municipales sont restées toutes vaines. A cette décharge fermée, il faut aussi ajouter la problématique d’évacuation des boues de vidange La question des vidanges des fosses septiques se pose avec acuité en ce moment dans la ville de Ziguinchor. Une ville qui souffre d’un réel problème d’assainissement. Aujourd’hui, la question devient plus lancinante au point que la situation frôle « l’impensable ». Les prix de vidange de fosse dans la ville ont quadruplé au grand dam des populations qui s’expliquent difficilement une telle hausse. La vidange qui s’effectuait à vingt-cinq mille fra CFA (25.000 francs Cfa) passe désormais à cent mille francs (100.000 francs CFA ). S’il est difficile de cerner la situation au niveau des autorités municipales, les camionneurs de vidange expulsés de la décharge de Mamatoro dans la commune d’Enampor où ils avaient l’habitude de déverser les boues de vidange se rabattent maintenant vers Bignona à une trentaine de kilomètres de Ziguinchor. Aujourd’hui, la situation reste très préoccupante dans la commune de Ziguinchor qui est sous la menace d’un désastre écologique avec un risque patent de voir des ordures un peu partout dans la ville de Ziguinchor. Et si une solution urgente n’est pas trouvée, les conséquences environnementales et sanitaires risquent de plonger les populations dans un véritable désastre écologique. L’alerte est sonnée.
Par Babacar Khalifa NDIAYE
PARI FOU
Bien sûr que ce n’était « que » Orapa United, représentant en Coupe de la Confédération africaine de football (Caf) du Botswana qui n’a jamais disputé de phase finale de Chan et ne compte qu’une participation en Can, en 2012
Bien sûr que ce n’était « que » Orapa United, représentant en Coupe de la Confédération africaine de football (Caf) du Botswana qui n’a jamais disputé de phase finale de Championnat d’Afrique des nations (Chan) et ne compte qu’une participation en Coupe d’Afrique des nations (Can), en 2012.
Une présence sanctionnée d’ailleurs d’un zéro pointé avec des défaites face au Ghana, au Mali et à la Guinée. C’est dire que l’adversaire du Jaraaf de Dakar, hier lors de la quatrième journée de la phase de poules de la seconde compétition interclubs de la Caf, est tout sauf un foudre de guerre. Malgré un penalty manqué en début de match (13e mn par leur capitaine Jean Rémy Bocandé), une flopée d’occasions nettes de but ratées, une prestation globalement tristounette, les « Vert et blanc » ont eu le mérite de n’avoir jamais abdiqué. Pour être récompensés au bout du temps additionnel sur un but d’Almamy Ma theuw Fall. Voilà donc les Médinois (5 points) relancés dans la course à la qualification aux quarts de finale, même si la suite sera bien plus compliquée contre l’Asec (5 points) dès la prochaine journée et l’Usm Alger (8 points) pour boucler la boucle. Mais c’est déjà cela de gagné.
Et c’est également une belle manière de lancer l’année 2025 sous de bons auspices au chapitre des compétitions continentales de football. Un peu comme celle précédente avait été clôturée en beauté, le weekend d’avant par l’équipe nationale locale. Certes, encore une fois, il n’y avait en face « que » le Libéria dont le « Lone Star » n’a brillé que deux fois dans le ciel africain. C’était lors des Can de 1996 et de 2002, au temps où George Weah, devenu plus tard président de la République (de janvier 2018 à janvier 2024), illuminait les pelouses africaines et européennes de son immense talent. Or, il n’avait jamais réussi à porter son équipe au-delà du premier tour. Depuis, « l’Etoile solitaire » a pâli. Les « Lions » locaux, vainqueurs du dernier Chan, se sont fait un plaisir de faire respecter la hiérarchie (3 buts à 0) face aux jeunes compatriotes de « Mister George ».
Les hommes du coach Souleymane Diallo dé fendront donc leur titre le mois prochain en Afrique de l’Est, lors du premier Chan qui se disputera à 18 équipes et dans trois pays différents (Kenya, Ouganda et Tanzanie). Et ce ne sera pas du gâteau. Cette fois, ils seront attendus comme par des coupeurs de route au coin d’un bois. Toutes les autres équipes sénégalaises qualifiées en phases finales de compétitions africaines sont d’ailleurs logées à la même enseigne en cette année 2025. Car l’Afrique du foot a en mémoire (et surtout au travers de la gorge) la razzia des « Lions » et de leurs jeunes frères entre 2022 et 2023 dans presque sur tous les tableaux où ils étaient en gagés.
Seule la Can féminine leur avait échappé. Sinon les trophées de la grande Can en février 2022, du Beach Soccer en octobre de la même année, du Chan en février 2023, de la Can U20 en mars et de la Can U17 en mai de la même année avaient tous dormi à Dakar. Le pari fou est de récidiver, puisqu’il est communément admis qu’il est plus facile d’atteindre le sommet que de s’y maintenir. Les « Lions » A l’avaient réappris à leurs dépens lors de la dernière Can il y a un an. Débarqués en Côte d’Ivoire avec l’ambition de conserver leur couronne acquise en février 2022 au Cameroun, ils avaient été piteusement éjectés dès les huitièmes de finale par les « Eléphants » qui leur avaient ensuite succédé au palmarès. Cependant, nos footballeurs aux pieds nus ont démontré que « lion n’a pas peur de la difficulté », et ont ouvert la voie en gardant leur titre continental de Beach Soccer en octobre dernier en Egypte. Désormais, c’est aux Scolaires U15, aux U17, aux U20, aux « Lions » locaux et à la grande équipe A, voire aux « Lionnes », de suivre l’exemple.
BKN
MAMA SOUGOUFARA, UN ANCIEN D’ALSTOM AUX MANETTES DES ICS
Mama Sougoufara est nommé aux fonctions de directeur général des Industries chimiques du Sénégal (Ics) à compter du 1er janvier 2025.
Mama Sougoufara est nommé aux fonctions de directeur général des Industries chimiques du Sénégal (Ics) à compter du 1er janvier 2025.
Il remplace « l’inamovible » Alassane Diallo qui était en poste depuis…2005. « Cette nomination marque une étape importante dans la continuité et le développement stratégique de l’entreprise », souffle une source à l’interne. M. Sougoufara, qui occupait jusque-là le poste de directeur général adjoint des Ics, apporte avec lui une vaste expérience et une connaissance approfondie. Il est décrit à l’interne comme un homme capable de « transformer les défis en opportunités ». Fort d’une carrière de plusieurs années, partout où il a travaillé, « il a su démontrer un leadership exemplaire, une capacité à innover et à transformer les défis en opportunités », renseigne notre source. Le nouveau Dg des Ics est ingénieur en génie des procédés industriels de l’Institut national des sciences appliquées (Insa) de Toulouse (France).
Il est, par ailleurs, titulaire d’un Master en Gestion urbaine et Infrastructures, obtenu à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec Business School, Paris) et d’un Master en aménagement urbain. Mama Sougoufara a commencé sa carrière au sein du Groupe Veolia dans le secteur de l’eau, l’assainissement et la gestion des déchets. Puis, de 2000 à 2008, il a été consultant et directeur associé au sein des cabinets Arthur Andersen/BearingPoint, à Paris, pour les secteurs industries et technologies.
Avant de revenir au Sénégal, en juin 2024, il a, auparavant, travaillé au sein du groupe français Alstom pendant 16 ans, entreprise qu’il rejoignit en 2008. M. Sougoufara a occupé divers postes de direction au sein de cette multinationale spécialisée dans le secteur des transports. Il a travaillé dans les départements d’ingénierie du matériel roulant et a servi sur plusieurs sites mondiaux, tels que La Rochelle et Reichshoffen à Strasbourg, en France (où ont été fabriquées les rames du Train express régional de Dakar), Savigliano en Italie, Lapa au Brésil et TrTrans JV en Russie. Entre 2018 et 2020, il a été vice-président en charge des Turnkey et des infrastructures pour Alstom Afrique, Moyen-Orient et Asie centrale (Ameca).
Le nouveau patron des Ics a également occupé la fonction de directeur général d’Alstom pour la région Menat (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afrique centrale et la Turquie). Il a joué un rôle important dans l’exécution et la livraison de nombreux projets de transport au Moyen-Orient, tels que le tramway de Doha, le métro de Dubaï Expolink et le métro de Riyad.