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16 novembre 2024
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
J'IRAI CRACHER SUR VOS TOMBES
Au tribunal de l’histoire de ce charmant pays que des individus ont complètement charcuté, ces individus, donc, seront un jour appelés à s’expliquer sur les actes immoraux qu’ils ont posés durant les douze ans de leur ténébreuse gouvernance
Avez-vous lu « J'irai cracher sur vos tombes » de l’écrivain français Boris Vian ? Si vous n’avez pas eu l’opportunité de le faire, rien de grave ! Ce roman noir publié en 1949 avait été considéré en son temps comme pornographique et immoral. Il avait été interdit et son auteur, condamné pour outrage aux bonnes mœurs. Fin de l’histoire…
Au tribunal de l’histoire de ce charmant pays que des individus ont complètement charcuté, ces individus, donc, seront un jour appelés à s’expliquer sur les actes immoraux qu’ils ont posés durant les douze ans de leur ténébreuse gouvernance. Vous pensez sérieusement que la situation que traverse ce pays depuis quelques temps avec son lot de meurtres, de violences gratuites et d’agressions ne doit rien à leur règne ? Détrompez-vous.
Revenons sur quelques séquences. Vous vous rappelez quand la dame des rêves de l’ex-Chef parcourait les coins malfamés de Dakar, échangeant de vieux matelas contre du neuf ? Quelle belle photographie de la déchéance humaine ! Ou encore lorsque des gueux la pourchassaient à la sortie des mosquées et qu’elle fonctionnait comme un distributeur automatique de billets de banque. Les mêmes spectacles étaient visibles ailleurs dans le pays. Le même décor également avec ce que la grande romancière Aminata Sow Fall appelait avec pudeur les « déchets humains». Une dégénérescence qui a atteint son point culminant entre mars 2021 et février 2024. C’est durant cette période que tout a vacillé pour plonger ce pays dans un dérèglement sociétal total.
Le fameux « tog muy doxx », les détournements de deniers publics et la corruption ont jalonné le règne du Chef dont la funeste ambition était bel et bien un troisième mandat. Pendant qu’il caressait ce rêve malsain, ses sbires, composés de ministres, députés, directeurs de sociétés nationales parcouraient les coins les plus pauvres du pays pour entretenir une clientèle politique à coups de billets de banque à travers des bourses dites familiales et autres libéralités. Juste cinq mois qu’ils ont quitté la tête de ce pays et, déjà, tout s’écroule comme un édifice vermoulu. Des gens qui ne foutaient rien et vivaient comme des princes sont retombés de leur piédestal. Nous ne parlons bien sûr pas des milliardaires du défunt régime qui, eux, ont assuré leurs arrières jusqu’à la nuit des temps.
Parcourez le pays et vous verrez leurs entreprises déstabilisatrices sur la société sénégalaise où ils ont réussi à imposer la primauté de l’Avoir sur tout. Les conséquences, c’est ce que nous vivons aujourd’hui avec ces innombrables crimes et agressions qui ont tous comme mobile l’argent. Preuve que les responsables de cette situation doivent être condamnés pour outrage aux bonnes mœurs en attendant de les pendre haut et court.
DE 1962 À NOS JOURS, L’HISTOIRE DES MOTIONS DE CENSURE
Cette manœuvre de l'opposition, inédite par sa rapidité, intervient dans un contexte de tensions croissantes. Alors que le pays n'a connu qu'une seule motion réussie, cette nouvelle confrontation pourrait réécrire l'histoire politique nationale
Le président du Groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby), Abdou Mbow, et ses collègues de la majorité parlementaire veulent obtenir la démission du gouvernement du Pm Ousmane Sonko, par l’entremise de la motion de censure qu’ils ont déposée hier sur la table du président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop. Ce, après avoir rejeté, avant-hier lundi, le projet de loi portant suppression du Hcct et du Cese. Mais en attendant cette session, la trajectoire du jeune Etat qu’est le Sénégal est jalonnée par une histoire de motions de censure. De l’indépendance à nos jours, seule une des 5 motions de censure soumises au vote de la Représentation nationale a abouti : celle de 1962, avec la crise mémorable qu’elle entraîna. Le Président Macky Sall est le seul des quatre présidents concernés à voir ses gouvernements convoqués, à deux reprises, sans succès. Alors que le Président Bassirou Diomaye Faye ne détient pas la majorité au sein de l’Hémicycle, la nouvelle initiative des députés de Benno a de grosses chances d’aboutir, si la dynamique ayant permis le rejet du projet de loi portant suppression du Hcct et du Cese est maintenue.Par Mamadou T. DIATTA –
Motion de censure. L’expression est très usitée ces derniers jours. Instrument politique, au sens positif ou vertueux du terme. Arme politique, au sens négatif ou vicieux du mot. Tout dépend, politiquement parlant, du camp auquel on appartient. Depuis hier, le Groupe parlementaire Bby a décidé d’en faire usage. Objectif : renverser le gouvernement dirigé par Ousmane Sonko. Histoire d’achever le «Mortal Kombat» contre le régime de Bassirou Diomaye Faye. Après avoir rejeté le projet de ce dernier de mettre un terme au fonctionnement du Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct) et du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Mais toujours est-il que quatre des cinq chefs d’Etat qui ont dirigé le Sénégal ont eu à se voir opposer la motion de censure. De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall.
En attendant l’examen et le vote de la sixième motion de censure contre le gouvernement, sous le règne du 5ème président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, déposée hier par le Groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby), seule la première des cinq précédentes motions de censure a abouti. Et elle remonte au 17 décembre 1962. Ce qui entraîna la fameuse crise de 1962. Sauf qu’à l’époque, il y avait le règne du parti unique : l’Union progressiste sénégalaise (Ups). Donc, des députés d’une même famille politique avaient décidé de déposer le gouvernement du président du Conseil d’alors, Mamadou Dia.
Il faut attendre vers la fin du règne de Abdou Diouf, 2ème président de la République, pour entendre le landerneau politique, l’Hémicycle surtout, bruire de motion de censure encore. Cela se produit en 1998. Cette fois-ci, cette initiative parlementaire provient de l’opposition. Elle est l’œuvre du groupe parlementaire dirigé par un ancien du Parti socialiste, le ministre d’Etat Djibo Leyti Ka, en alliance électorale avec l’Alliance Jëf-jël de Talla Sylla, lors des Législatives de la même année. L’enfant de Thiargny voulait renverser, au mois de juillet 1998, le gouvernement du Premier ministre Mamadou Lamine Loum. Cette démarche parlementaire de l’ancien ministre socialiste -qui avait dit, en passant, au chef du gouvernement Loum qu’il n’était «pas le Pm que le pays attendait», le qualifiant même de «Premier ministre délégué», devant la puissance d’alors au cœur de l’Etat socialiste du ministre d’Etat Ousmane Tanor Dieng- ne produira pas l’effet qu’il espérait. La marche continue du pays, riche de son or, qui demeure la démocratie, vers le progrès et le développement, est toujours rythmée par un débat à fort accent politique. Entre-temps, le système démocratique national enfante sa première alternance politique. Mais, c’est le deuxième Pm du Président Abdoulaye Wade qui va faire l’objet de convocation par la Représentation nationale, le jeudi 18 avril 2002. Du fait de l’initiative parlementaire de l’honorable député Moussa Tine, responsable du parti Alliance Jëf-jël, Mme Mame Madior Boye et ses ministres ne verront pas les députés acter le renversement de l’attelage gouvernemental. La majorité parlementaire, incarnée par la Coalition Sopi, a mis en échec la volonté du député Moussa Tine.
Macky face à 2 motions de censure
Quatrième président de la République, quatrième et cinquième motions de censure. Le 25 mars 2012, à la suite du deuxième tour de la Présidentielle de la même année, Macky Sall arrive au pouvoir. Ainsi, le Sénégal enregistre sa deuxième alternance. Le Président Sall porte son choix sur la personne du banquier Abdoul Mbaye. Ce dernier voit les représentants du Peuple formant le Groupe parlementaire Démoc-ratie et liberté, présidé par Modou Diagne Fada et devenus la nouvelle opposition, l’inviter à se présenter devant la plénière, le mercredi 26 décembre 2012, pour un vote de défiance. Ainsi, à la Place Soweto, les troupes libérales sont déterminées à faire un bébé dans le dos de leur ancien frère de parti, Macky Sall. La motion de censure est rejetée. La majorité parlementaire, Benno bokk yaakaar (Bby), a dicté sa loi au camp d’en face. Le troisième successeur de Abdoul Mbaye à la Primature, Amadou Ba, sera, à son tour, convoqué devant le Parlement, quelques jours après sa Dpg, au mois de décembre 2022. Le Groupe parlementaire Yewwi askan wi (Yaw, opposition), sous la houlette de Birame Soulèye Diop et des députés du parti Pastef, s’estimant non convaincu par les réponses servies à eux par le Pm Ba, dépose une motion de censure contre lui.
Ce sera la seconde initiative
parlementaire sans succès visant à faire tomber le gouvernement sous la Présidence Sall.
Benno déterminé à faire aboutir la 1ère motion de censure sous l’ère Diomaye
Aujourd’hui, 5 mois après la troisième alternance du 24 mars 2024, l’une des expressions les plus prisées au sein de l’Hémicycle refait surface. Son retour intervient à la suite du vote rejetant le projet de loi portant dissolution du Hcct et du Cese. Ainsi, la nouvelle opposition, Bby, attend de pied ferme le Premier ministre Ousmane Sonko, à l’occasion de sa Déclaration de politique générale, prévue, d’après la Constitution, trois mois après sa nomination. Mais celle-ci reste suspendue à la décision du chef de l’Etat d’enjoindre son Pm de se présenter devant les parlementaires. Sur la foi des annonces faites hier par le Garde des sceaux à la Place Soweto concernant la promulgation de la loi relative à la mise à jour du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, le président Abdou Mbow et ses collègues de la majorité parlementaire ne se sont pas fait prier pour obtenir la démission du gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko. Déterminés, les députés de Bby le sont, puisqu’ils restent toujours droits dans leurs bottes avec comme point d’orgue de leur combat politique contre le régime de Diomaye : entrer dans l’histoire parlementaire du Sénégal.
LA DÉMISSION DE CHEIKH TIDIANE DIEYE S’IMPOSE
Alors que la Garde des Sceaux promet toute la lumière sur l'affaire Onas, la question de l'immunité ministérielle resurgit. Cette crise ravive le souvenir des précédents politico-judiciaires, posant la question cruciale de l'éthique gouvernementale
L’affaire des marchés de l’Onas et du limogeage de Cheikh Dieng fait l’objet d’une enquête diligentée par le ministre de la Justice. Mais la crédibilité de la procédure et l’audition de Cheikh Tidiane Dièye n’étant possible que sur autorisation du président de la République, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement ne peut plus rester dans le gouvernement. Et, selon Bes Bi Le Jour, l’affaire Farba Senghor est encore fraiche dans les mémoires.
«Pour le cas de l’Onas, je peux vous assurer que sur mes instructions, une enquête complète a été ordonnée. Et je dis bien une enquête sur l’ensemble des faits. Et je peux vous donner ma parole que la lumière sera faite sur cette affaire», a assuré le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, qui défendait, lundi, le projet de loi portant suppression du Cese et du Hcct. Cette sortie du Garde des sceaux appelle aussi plusieurs inter- rogations : la plainte de Thierno Alassane Sall est-elle rangée dans les tiroirs ? A-t-elle précédé celle de ses services ? Le dossier est-il confié au parquet financier ou parquet du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar ? Reste à savoir quelle voie sera choisie pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur cette affaire dans laquelle le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, Cheikh Tidiane Dièye est accusé par Cheikh Dieng, directeur général de l’Onas démis de ses fonctions. La logique voudrait donc, que le ministre Dièye aussi quitte le gouvernement et se mette à la disposition de la justice. Pour mettre à l’aise les enquêteurs et pour crédibiliser l’enquête elle-même. Il est clair que cette enquête ne peut se dérouler sans l’audition du ministre de l’Hydraulique. Or, il est couvert par le privilège de juridiction et ne peut être entendu sans l’autorisation du président de la République.
Jurisprudence Farba Senghor
En 2008, l’affaire du saccage des journaux l’As et 24H Chrono avait impliqué Farba Senghor, alors ministre des Transports aériens. Accusé d’être derrière cette expédition punitive, le Président Abdoulaye Wade n’avait eu d’autre choix que de démettre l’un de ses plus proches collaborateurs, par ailleurs chargé de la propagande du Pds. C’est ainsi qu’il a été limogé le 28 août 2008. Ironie de l’histoire, c’est l’actuel ministre de la Justice, alors procureur de la République qui avait entendu Farba Senghor. Ousmane Diagne avait, lors de sa conférence de presse, signifié être dans l’impossibilité d’entendre Farba Senghor en tant que ministre.
En 2004, Mamadou Seck, pour des accusations de détournements de fonds antérieurs à sa nomination comme ministre de la République avait rendu le tablier. Cheikh Tidiane Diéye chantre de la bonne gouvernance et de la reddition, ancien membre du forum civil va-t-il démissionner, le temps que la justice fasse son travail ? L’annonce de cette enquête par Ousmane Diagne relance le débat.
EN CHINE, L’AES N’EST PAS VENUE TENDRE LA MAIN
La Confédération des États du Sahel (AES) prend part au Forum de coopération sino-africaine qui s’ouvre ce mercredi à Pékin. Fortement représenté, ce bloc sahélien insiste sur le fait qu’il n’a pas fait le déplacement pour tendre la main.
À la veille de l’ouverture du Forum de coopération sino-africaine, qui se déroule du 4 au 6 septembre à Beijing, le Président en exercice de l’AES, le Colonel Assimi Goïta, a rencontré les délégations nigérienne et burkinabè. Ces délégations, respectivement dirigées par le Premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine, également ministre de l’Économie et des Finances, et le Premier ministre du Burkina Faso, Apollinaire Kyélem De Tambéla, ont eu des échanges stratégiques avec le chef de l’État malien. L’objectif principal de cette rencontre était de définir une stratégie commune pour renforcer la coopération avec la Chine, partenaire de plus en plus incontournable pour l’AES.
À l’issue de l’audience, Ali Mahaman Lamine Zeine a souligné que les discussions ont permis de réaffirmer la détermination des États membres de l’AES à adopter une approche commune pour défendre leurs intérêts face aux défis actuels. « Le Président Goïta est le Président de la Confédération des États du Sahel (AES). À ce titre, nous avons été chargés par nos Présidents respectifs, le Général Tiani et le Capitaine Ibrahim Traoré, de rendre une visite de courtoisie, rendre le respect à leur homologue, frère et ami qui dirige notre Confédération », a-t-il déclaré.
Les Premiers ministres ont également mis en avant l’importance de maximiser les avantages de la coopération avec la Chine, tout en protégeant fermement les intérêts de leurs nations. « Nous avons attentivement écouté le Président qui nous a donné des conseils, des indications et des instructions pour accélérer les travaux en cours visant à renforcer cette Confédération », a ajouté Zeine.
Selon le Premier ministre nigérien, qui s’exprimait aux côtés de son homologue burkinabè, la Chine, en tant que partenaire stratégique, est naturellement encline à défendre ses propres intérêts. Cependant, les pays de l’AES sont déterminés à « parler pied à pied, défendre nos intérêts et faire en sorte que la présence de la Chine ait un impact réel sur le développement et le progrès de nos pays, sur nos populations ».
Les dirigeants de l’AES ont clairement indiqué que leur approche n’est pas de quémander de l’aide, mais plutôt de proposer des partenariats mutuellement bénéfiques. « Nous ne sommes pas venus pour tendre la main. Nos pays regorgent de ressources, qu’elles soient humaines ou naturelles. Nous sommes ici pour voir comment ce grand pays, la Chine, peut investir davantage chez nous. Nous venons, totalement décomplexés, vendre ce que nous avons et demander à la Chine de se mettre à la disposition des pays africains », a conclu Zeine.
Par Ciré Clédor Ly
APPEL À UNE RUPTURE RADICALE POUR LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE SÉNÉGALAIS
La création, refondation ou suppression des structures ne peuvent être que conjoncturelle, eu égard à une vision politique et une nécessité contextuelle qui intègrent et prennent en considération l'état des finances publiques et la gouvernance
J'ai suivi et assisté avec surprise et consternation le rejet du projet de loi présenté à l’Assemblée Nationale ainsi que les arguments de la partie majoritaire qui cristallise une position et garantit un système qui va à l'encontre des intérêts et aspirations du peuple sénégalais.
La création, refondation ou suppression des structures ne peuvent être que conjoncturelle, eu égard à une vision politique et une nécessité contextuelle qui intègrent et prennent en considération l'état des finances publiques et la gouvernance.
Une alternance politique ne change pas la forme républicaine d'un État, encore moins le comportement du citoyen républicain dont les actes devraient refléter les pensées doctrinales et philosophiques qui servent de guide pour la prise de décisions majeures dans le jeu de l'équilibre des pouvoirs entre les institutions démocratiques.
L'empiriocriticisme pris dans le sens de son articulation à la science politique, ainsi que le subjectivisme, ne cadrent pas avec la posture Républicaine. Tt hier, avec le vote à mains levées, les visages à découvert, tous les masques sont tombés.
Il n'y a cependant pas de crise des institutions, et le blocage qui participe au jeu normal démocratique est cependant manifestement puéril, anti-républicain et sans gain politique durable.
Il appartient à ceux qui sont détenteurs de la légitimité populaire d'accélérer la refonte des lois et des institutions, pour la réalisation des aspirations du peuple sénégalais pressé de se débarrasser des vestiges du passé qui reflètent la survivance d'un système encore tenu par des compradores et qui ont une extraordinaire capacité de nuisance, de déstabilisation acquise par la prédation des biens communs, l'enrichissement illicite, la concussion, les délits d'initié, la corruption, l'escroquerie foncière, les fraudes douanières, fiscales et autres infractions occultes non encore couvertes par la prescription.
Le ministère de la Justice a le devoir de rechercher et de mettre la justice à contribution rapide et sans délai dans l'objectif de la seule reddition des comptes, avec le respect biblique des règles de procédures, des droits de la défense et de la séparation des pouvoirs.
La rupture doit être résolue et radicale
Les Sénégalais ainsi que les panafricains distants des blocs impérialistes et hégémonistes, encore patients, restent toujours déterminés à accompagner le nouveau pouvoir politique et judiciaire, au prix de leur sang, pour l'exercice d'une souveraineté sans compromis ni compromissions.
Mais le temps dans la rupture radicale reste le plus grand ennemi et le meilleur allié des valets de l'impérialisme et de leurs agents restés nombreux dans des postes stratégiques de l'Etat.
LE SENEGAL EST BIEN SUR FAVORI MAIS…
L’ancien international sénégalais, Cheikh Sidy Ba, s’est prononcé sur la rencontre qui oppose ce vendredi 6 septembre au stade Abdoulaye Wade, le Sénégal au Burkina Faso comptant pour La première journée des éliminatoires de la CAN 2025
L’ancien international sénégalais, Cheikh Sidy Ba, s’est prononcé sur la rencontre qui oppose ce vendredi 6 septembre au stade Abdoulaye Wade, le Sénégal au Burkina Faso comptant pour La première journée des éliminatoires de la CAN 2025. Interrogé par Africafoot, le manager du Jaraaf de Dakar a campé les enjeux du choc et fait l’état de forme des deux sélections.
Dans le Groupe L, le Sénégal lance les qualifications de la CAN 2025 face au Burkina Faso ce vendredi 6 septembre à 19h GMT au stade Diamniadio. C’est la première rencontre entre les deux équipes depuis les demi-finales de la CAN 2021 au Cameroun, remportées par Sadio Mané et ses coéquipiers. Pour Cheikh Sidy Ba, depuis ce match, beaucoup de choses ont changé au niveau des deux sélections. «C’est un match très important. Aujourd’hui tout le monde sait ce que vaut cette équipe burkinabè. C’est une équipe qui est en train d’être rajeunie, mais qui a toujours un gros potentiel. En 2022, elle a affronté le Sénégal, et c’était un match très serré. Même si les Burkinabè ont été éliminés en huitièmes de finale de la dernière CAN, on a remarqué qu’il y a un bon projet dernier, et qui prend forme », avant de poursuivre: « C’est un match important pour le Sénégal qui voudra retrouver la prochaine CAN. Mais aujourd’hui, il faut reconnaître que la forme des joueurs sénégalais est inquiétante. Beaucoup ne jouent plus dans de grands clubs, d’autres sont devenus des remplaçants dans leurs clubs. Beaucoup de choses ont changé entre la dernière confrontation entre les deux équipes. Il y aura beaucoup d’incertitudes, mais le Sénégal a un statut à honorer. Ce sera un match très serré, mais les Lions devront se donner à fond pour gagner à domicile ».
« IL VA FALLOIR QUE NOS JOUEURS SE SURPASSENT »
Bien que Cheikh Sidy Ba ne soit pas emballé par l’Etat de forme de la plupart des joueurs sénégalais, il mise tout de même sur la victoire des Lions devant les Etalons à domicile. « Le Sénégal est bien sûr favori devant le Burkina, que ce soit à Dakar ou à Ouagadougou. C’est aujourd’hui l’une des meilleures équipes d’Afrique que tout adversaire craint. Mais en face, il y aura une équipe du Burkina décomplexée qui va jouer à fond pour nous mettre en difficulté. En tant que Sénégalais, je mettrai une pièce sur les pions. Mon souhait, c’est que le Sénégal gagne, j’espère, que ce soit le cas, mais c’est un match très compliqué à jouer. Il va falloir que nos joueurs se surpassent. On a vu ce qui s’est passé ici contre la RD Congo et toutes les difficultés qu’on a eues pour battre la Mauritanie».
PAR Idrissa Doucouré
LA REVOLUTION DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE
Imaginez un Sénégal où chaque citoyen, du villageois au citadin, se sent écouté et servi par une administration efficace et transparente. Ce rêve, longtemps perçu comme une utopie, pourrait devenir réalité ...
Imaginez un Sénégal où chaque citoyen, du villageois au citadin, se sent écouté et servi par une administration efficace et transparente. Ce rêve, longtemps perçu comme une utopie, pourrait devenir réalité grâce à des réformes audacieuses des politiques publiques.
Le gouvernement sénégalais a lancé des concertations nationales pour réformer le service public, impliquant tous les acteurs concernés. Ces discussions marquent le début d’une transformation profonde visant à aligner notre administration sur les standards internationaux de performance et de transparence. La réforme du secteur public est cruciale pour le succès des politiques de la troisième alternance. Le ministre Olivier Boucal souligne que « la qualité de l’administration publique est un atout clé pour notre compétitivité et notre attractivité, notamment pour attirer des investissements générateurs d’emplois. »
Un obstacle majeur est l’état d’esprit des fonctionnaires. Trop souvent, l’administration rime avec bureaucratie, corruption et favoritisme. Il est essentiel de comprendre les causes profondes de ces problèmes pour esquisser des solutions. De nombreux fonctionnaires, bien que correctement payés, sont démotivés. Ce n’est pas seulement une question de revenus, mais d’état d’esprit. Ils se comportent comme des enfants gâtés de la République, sans contrôle ni sanction. Chaque fonctionnaire doit comprendre que son travail est crucial pour le développement du pays.
Pour inspirer ce changement, le Sénégal pourrait revisiter l’exemple du Japon, où les fonctionnaires sont formés dès leur entrée à adopter un état d’esprit de service public, axé sur la satisfaction des citoyens. Des programmes de formation continue pourraient cultiver cet état d’esprit au Sénégal.
La planification des actions publiques doit adopter une approche ascendante, impliquant les communautés locales dès les premières étapes. Cela renforce leur sentiment d’appartenance et de responsabilité. Des mécanismes de consultation et de participation citoyenne robustes, ainsi qu’une décentralisation effective, sont nécessaires.
Les autorités devraient envisager la création d’une cellule interministérielle pour la participation citoyenne. L’engagement associatif et la participation au débat public sont essentiels pour vivifier la démocratie. Cette démarche pourrait dynamiser les relations entre les communautés et les collectivités territoriales, facilitant la co-construction de solutions efficaces et adaptées. La relation entre le pouvoir central et les exécutifs locaux, tels que les villes et les communes, est cruciale. En Norvège par exemple , les communautés sont des partenaires à part entière dans la gouvernance locale. Le Sénégal pourrait s’inspirer de ce modèle pour repenser ses relations locales.
En Angleterre, le contrôle des actions administratives combine contrôle à priori et à postériori, équilibrant prévention des erreurs et réactivité. Le Sénégal pourrait adopter une approche similaire pour instaurer un système de contrôle efficace et équilibré.
Pour une administration performante et au service des Sénégalais, il est essentiel de repenser les relations entre le pouvoir central, les exécutifs locaux et les communautés. Les réformes doivent être guidées par la transparence, la participation et la responsabilité. En adoptant une approche équilibrée du contrôle, en favorisant une planification ascendante et en renforçant les partenariats locaux, nous pouvons construire une administration plus efficace et proche des citoyens. C’est un défi ambitieux, mais réalisable avec une volonté politique forte et une coopération active de tous les acteurs. Œuvrons ensemble pour une administration qui incarne les valeurs de service public et répond aux aspirations de tous les Sénégalais.
LE TRAFIC INTERNATIONAL DES MIGRANTS PREND SES AISES
Les embarcations sénégalaises arrivent en masse en Espagne. A part les migrants originaires du pays, les départs à partir du Sénégal se font actuellement avec des ressortissants d’autres pays, ce qui fait du Sénégal un maillon important du trafic
Les embarcations sénégalaises arrivent en masse en Espagne. A part les migrants originaires du pays, les départs à partir du Sénégal se font actuellement avec des ressortissants d’autres pays, ce qui fait du Sénégal un maillon important du trafic.
Le journal Le Monde, reprenant les propos du Premier ministre espagnol, Pédro Sanchez, annonce que l’arrivée de migrants irréguliers sur les côtes espagnoles, s’est accentuée. Des données recueillies par le ministère de l’intérieur en Espagne signalent que, « entre le 1er janvier et le 1er août, 22 304 migrants sont arrivés aux îles Canaries, contre 9 864 pour la même période l’an dernier, soit une augmentation de 126 % ». Un record ! Beaucoup de jeunes partent des côtes ouest-africaines, sénégalaises y compris, pour rallier l’Europe.
Si le phénomène est bien connu des Sénégalais habitués à ces départs parfois macabres, la migration irrégulière prend une nouvelle tournure. Le Sénégal est devenu un lieu de départs non pas pour ses citoyens uniquement, mais pour d’autres nationalités.
En effet, les chiffres qui proviennent de la marine nationale ou des autres forces de sécurité après interpellations de candidats à la migration dont les départs sont déjoués, attestent de la présence d’autres ressortissants africains, en terre sénégalaise, désireux de rejoindre l’Europe. Lundi 19 août 2024, après l’arraisonnement d’une pirogue en partance pour l’Europe, une dizaine de Guinéens a été recensée par les forces de sécurité sénégalaises. Mieux plus de 250 « migrants irréguliers » venus de différents pays d’Afrique de l’Ouest, dont plusieurs femmes, ont été interceptés, vendredi 19 et samedi 20 juillet 2024, annonce la marine nationale à travers un communiqué de la Direction de l’Information et des Relations publiques des Armées (Dirpa).
L’opération Djoko menée conjointement entre l’armée et la Gendarmerie nationale et lancée le 15 août 2024 a permis l’interpellation de 453 candidats migrants et membres de réseaux de passeurs dont 239 Sénégalais, 145 Guinéens, 32 Gambiens, 17 Maliens, 07 Bissau-guinéens, 06 Ivoiriens, 03 Nigériens, 02 Comoriens, 01 Mauritanien. La semaine dernière, une pirogue ayant pris le départ au Sénégal a accosté en Espagne avec à son bord des Syriens et des Pakistanais. La migration irrégulière fortement présente au Sénégal depuis le début des années 2000, connait une forte intensité ces dernières années. Les données officielles estiment à près de 12 833, le nombre de migrants arrivés en Espagne en 2023. Parmi ces migrants, 9 319 se réclament de la nationalité sénégalaise.
LES MAUX DES LABORATOIRES MÉDICAUX
Essentiels au diagnostic et au suivi des maladies, ils font pourtant face à une crise sans précédent. Cela concerne entre autres, le manque de personnel qualifié, la pénurie d'équipements, les disparités entre Dakar et les régions
Le secteur de la biologie demeure un pilier essentiel et incontournable du système de santé. Au Sénégal, si on s’accorde sur les performances notées ces derniers temps, avec la mise à disposition de personnes ressources qualifiées et les résultats rendus, il faut reconnaitre que beaucoup de laboratoires sont dans une situation de détresse pour manque d’intrants, cadre adapté d’exercice, mais aussi de disponibilité d’agents. D’où l’urgence de mieux travailler sur l’équité.
La pandémie à Covid 19 vécue au Sénégal a fini de mettre à nu la performance des laboratoires du pays. Seuls quelques-uns étaient à mesure de prendre en charge les analyses de Covid. Raison pour laquelle les autorités sanitaires ont décidé de mettre sur pied de grands laboratoires dans les 14 régions du Sénégal ainsi qu’au niveau des postes de santé. Dans cette quête de maillage national, plusieurs facteurs sont en manque même si la quasi-totalité des structures de santé dispose d’un laboratoire présentement. Cependant, il faut faire remarquer que beaucoup de ces laboratoires sont en manque d’éléments vitaux comme les intrants et les ressources humaines qualifiées. Les malades passent de services d’orientation d’une structure sanitaire du public à une autre pour enfin finir dans le privé. Une situation qui appelle au rétablissement de l’équité puisque Dakar concentre les grands laboratoires et les analyses de pointe sont acheminées dans la capitale sénégalaise aussi.
Pour l’ancien directeur des laboratoires, le Pr Moctar Dièye, le Sénégal a besoin de laboratoires au-delà des épidémies mais également d’un programme qui va aider le pays à renforcer son système de laboratoire pour les analyses de routine parce que, dans 90% des cas, les laboratoires développent des activités de routine. Certes, l’Etat a fait des efforts, mais le nombre de recrues dans la fonction publique doit être revu à la hausse.
De l’avis du président des biologistes du Sénégal, Sékhou Cissé, le ratio des techniciens n’est pas respecté dans les laboratoires au Sénégal. Pour lui, il doit y avoir dans chaque laboratoire au moins deux techniciens pour la manipulation et la validation technique. « Ily a certains tests comme celui EMMEL de la drépanocytose qui nécessite deux validations techniques pour pouvoir confirmer les résultats. Il faut respecter le ratio du personnel dans les laboratoires et essayer de faire tout pour pérenniser la formation continue pour la mise à jour des nouvelles techniques de routine » a-t-il fait savoir. En plus de régler les problèmes des infrastructures, les cadres qui abritent la manipulation sont vétustes et doivent être refaits.
L’aspect qualité des analyses
La direction des laboratoires a mené des inspections dans la majorité des laboratoires existants au Sénégal, du côté privé comme public. Selon le directeur sortant, le Professeur Dièye, le niveau des rendus est acceptable. Seulement, l’association des laboratoires du Sénégal estime que la performance ne peut pas être atteinte sans la qualité et le Sénégal a encore du chemin à parcourir avant d’y arriver. « On ne peut pas faire les analyses sans la qualité. Cette démarche permet de rendre aux normes les laboratoires pour l’atteinte des objectifs et pour une meilleure qualité des résultats. Il faut essayer de recruter le maximum de personnels de laboratoire pour ouvrir des laboratoires dans les gros postes de santé afin d’éviter au patient de faire des kilomètres pour les réaliser, surtout quand il s’agit de bilan prénatal » a souligné M. Cissé. Il faut aussi faire remarquer que si Dakar est doté des plateaux sanitaires de dernière génération, surtout dans les hôpitaux de niveau 3 et les structures de référence, ceux qui sont dans les régions en souffrent vraiment. La plupart du matériel ne répond pas aux normes Iso, le cadre référentiel qui permet de minimiser les erreurs. Face à cette situation, l’association des biologistes du Sénégal invite l’Etat à donner aux structures sanitaires des automates.
Le ministère sur le développement de la biologie
Selon l’ancien ministre de la Santé et de l’action sociale Abdoulaye Diouf Sarr, le Sénégal reconnait l’importance et la place centrale du Laboratoire dans le dispositif sanitaire. « Le laboratoire de biologie médicale (LBM) est un élément central du système de sante. Toutefois, comme la plupart des pays africains, le Sénégal doit améliorer la prise en charge rapide de la maladie, qui dépend aussi de la disponibilité de services de laboratoire de qualité. C’est dans cette optique que le gouvernement a mis en place, par Décret n° 2012-543 du 24 mai 2012 fixant la répartition des services de l’état, la Direction des Laboratoires pour faire face aux défis de ce sous-secteur », a fait remarquer la note conceptuelle pour la politique de développement du laboratoire au Sénégal.
Besoin de personnes ressources
Si les laboratoires demeurent les yeux du médecin pour poser le traitement, les personnes qui doivent effectuer ce travail sont en manque. D’après les statistiques de l’association des biologistes du Sénégal, les personnes recrutées dans le pays sont estimées à un total de 688 techniciens membres de l’union dont seulement 176 fonctionnaires étatiques et 34 bénéficiant des contacts du ministère de la Santé, selon leur dernier recensement. «Le chiffre est très infime par rapport au total de diplômés. Au Sénégal, nous avons 218 laboratoires dont 83 laboratoires privés» a-t-il fait savoir. Dans les structures périphériques, ce sont les aides-soignants ou aides-infirmiers qui font les manipulations ou encore les agents de la Croix rouge. Une situation qui va jouer sur la qualité des rendus.
Les maladies infectieuses, les grandes recrues
Les différents programmes qui concernent la prise en charge des maladies infectieuses comme le Programme national de la tuberculeuse PNT, le Conseil national de lutte contre le sida (Cnls) ont besoin des biologistes pour le suivi des malades dont l’état de santé doit être évalué dans le temps. Aujourd’hui, la majorité de leurs laboratoires ne sont pas fonctionnelles. Les références prennent de l’ampleur, faute d’intrants ou de personnels de santé. La gratuité de cette prise en charge devient une autre charge pour le malade qui doit faire face à ces dépenses onéreuses. Dans les autres programmes comme le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), hépatite et autres, les coordonnateurs font recours à l’université pour la mise en place des stratégies.
Par Abdoul Aly KANE
LE SENEGAL TIRAILLE ENTRE L’AES ET LA CEDEAO
Selon les théoriciens néo-libéraux, grands défenseurs de l’ordre occidental établi, l’Afrique du 21ème siècle serait au cœur du développement économique mondial, prenant la suite des pays asiatiques...
Selon les théoriciens néo-libéraux, grands défenseurs de l’ordre occidental établi, l’Afrique du 21ème siècle serait au cœur du développement économique mondial, prenant la suite des pays asiatiques, centres de la fabrique des produits industriels du monde durant le 20ème siècle.
Ce grand mensonge a été accompagnée d’une littérature économique abondante de théoriciens occidentaux du développement à usage d’endormissement, dont nos dirigeants se sont inspirés pour bâtir à la va vite, des programmes économiques du style « Plan Sénégal Emergent).
Aujourd’hui, ce narratif ne tient plus, ainsi que les concepts qui l’accompagnent considérés comme des atouts (« Dividende démographique », « croissance à 2 chiffres » « émergence économique » , « classe moyenne » etc..).
La réalité est que l’Afrique demeure encore figée dans un rôle de pourvoyeur à faible coût de matières brutes transformées hors du continent et de réceptacle des produits industriels et agricoles fabriqués ailleurs.
A la place, l’Afrique parle d’elle-même de transformation industrielle de ses ressources naturelles, de transformation structurelle de l’économie, de développement économique endogène et d’intégration économique régionale.
Les discours des dirigeants du monde sur l’Afrique deviennent plus clairs.
« Nous sommes là pour nos intérêts » dit de façon explicite le Président Macron.
Dans la ligne de la préservation des intérêts français nés du partage de Berlin, le Général Lecointre, ancien chef d’état-major des armées de la France, a fait une déclaration qui résonne encore :
« le destin de la France se joue entre la Méditerranée et l’Afrique. On va essayer de convaincre les européens d’intervenir collectivement. Nous ne devons pas laisser un continent s’enfoncer dans le chaos et la guerre civile, avec la destruction des appareils d’état et de gouvernements.
L’Europe se transformera en entité politique, et ira défendre ses intérêts y compris au moyen de l’engagement de ses armées ».
Ces propos sont en droite ligne d’une conception des rapports entre la France et l’Afrique, faisant de l’ancienne puissance coloniale, le propriétaire légitime des ressources naturelles du continent, ce que les indépendances formelles avaient fini par faire oublier.
La guerre entre la Russie et l’Ukraine a joué un rôle de déclencheur dans ce passage d’un poker menteur à la clarification des positions sur l’Afrique.
La déclaration du Président russe d’affaiblir la France en soutenant les régimes souverainistes de son pré-carré, en réaction aux sanctions et au soutien de celle-ci à l’Ukraine, a fait dériver le conflit européen vers le continent.
Un pas de plus a été franchi avec la récente déclaration de diplomates de l’ambassade de l’Ukraine au Sénégal suggérant « un soutien clair à l’attaque perpétrée dans le Nord Mali, par des rebelles Touaregs et des membres du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) contre les Forces Armées du Mali (FAMa) », et ce sans aucune condamnation du camp occidental, aura suffi pour acter le transfert du champ de bataille européen en Afrique.
Rappelons que cette situation n’est pas inédite, car en 2022, l’ambassade de ce pays avait déjà fait appel aux jeunes d’Afrique pour leur enrôlement dans l’armée ukrainienne à partir de notre territoire. Cela avait conduit le ministre des Affaires étrangères du Sénégal de l’époque, Mme Aissata Tall Sall, à émettre une note de protestation en direction des autorités consulaires de ce pays.
On peut en conclure qu’il y a indiscutablement dans ces propos et actes, une volonté manifeste d’opposer le Sénégal au Mali considéré comme l’allié de la Russie.
La guerre entre les pays de l’AES et les rebelles « touaregs, djihadistes terroristes » connait un regain d’intensité en cette année 2024.
C’est dans ce contexte de guerre qu’il faut apprécier les différends entre la CEDEAO et les pays de l’AES.
Concernant la CEDEAO, 50 ans d’existence auront largement suffi pour constater son échec à bâtir une économie régionale intégrée, un de ses objectifs majeurs.
À l’examen des flux commerciaux entre États membres (12 15%, contre 60% entre l’Europe et la CEDEAO) l’intégration économique sous-régionale est restée au stade de velléité.
Aujourd’hui, l’organisation communautaire est confrontée au défi sécuritaire dans son espace.
Par le passé, elle est militairement intervenue dans des pays membres en proie à des crises politiques ou en guerre civile (ECOMOG au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée Bissau, en Gambie, en Côte d’Ivoire).
Là, il s’agit de faire face à la menace terroriste contre laquelle l’ancienne puissance tutélaire avait mené des opérations (Serval et Barkane) qui n’avaient pas abouti à l’éradication de la menace.
Dès lors, on peut comprendre que les populations des pays agressés aient érigé le besoin de sécurité en priorité absolue, avec comme conséquence le soutien aux coups d’états militaires, quitte à mettre en second plan les principes de conquête du pouvoir par la voie démocratique.
Ces coups d’états au Mali, au Burkina et au Niger ont été populaires, parce que considérés par les populations comme l’ultime recours contre les forces terroristes.
Fallait-il manifester de la tolérance envers ces régimes ayant pris le pouvoir par des méthodes aux antipodes de la démocratie (coups d’états), mais bénéficiant du soutien des peuples, ou alors les sommer de rentrer dans les casernes et de restaurer l’ordre démocratique existant, même si ceux-ci se sont montrés impuissants à vaincre le terrorisme ?
La CEDEAO a choisi la seconde option, et ce faisant, s’est mise à dos la jeunesse, principale composante des populations d’Afrique ; celle-ci s’est sentie laissée à elle-même, n’ayant par conséquent d’autre alternative que de se souder aux seules forces en mesure de défendre l’intégrité territoriale et la sécurité de ses populations.
À cet effet, la CEDEAO a ordonné le 10 août 2023, le déploiement de sa « force en attente » pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger sans pour autant apporter de solutions sur la question sécuritaire, ce qui a constitué une grave erreur.
Aujourd’hui, après le déploiement d’une panoplie de sanctions contre les « golpistes », la CEDEAO revient pour demander le retour de ces pays en son sein, alors que ces derniers ont entretemps, créé l’Alliance des Etats du Sahel.
La problématique de l’utilité de la « vieille dame » se pose désormais dans les termes suivants :
A quoi sert une organisation communautaire qui ne vous assiste pas lorsque votre existence est menacée, et au contraire vous inflige des sanctions économiques et financières ?
La demande de retour des pays dissidents est-elle liée à un changement profond de l’organisation sur l’économie et la sécurité ?
Quid de l’ECO ?
Quid de l’intégration économique régionale qu’elle était censée réaliser depuis 1975, via la création d’un espace économique homogène ?
Concernant l’intégration économique, la réorientation de flux commerciaux en direction des membres de la CEDEAO est la principale condition de sa faisabilité.
Ces questions exigent des réformes à mener sans tarder, et des actes forts pour convaincre.
Il s’agit d’œuvrer en urgence pour faire de l’organisation le fer de lance d’un développement économique sous-régional endogène, mais également la principale force de sécurité en Afrique.
Au plan économique, de larges concertations d’opérateurs privés, de responsables étatiques et d’institutions financières régionales et internationales doivent être lancées.
Cela devra être précédé par l’organisation d’états généraux du commerce intra régional afin d’identifier les opportunités de renforcement des flux commerciaux en question.
La question sécuritaire demande, quant à elle, des réflexions approfondies sur la problématique de la mutualisation des moyens de défense, à l’instar de ceux mis en œuvre entre les pays de l’AES.
Le Sénégal n’est pas (pas encore) dans la ligne de feu du terrorisme, bien qu’il doive redoubler de vigilance ; d’aucuns affirment d’ailleurs que son statut de nouveau pays pétrolier le prédispose à entrer dans le cercle des pays africains nantis en ressources naturelles, alors qu’il n’aurait aucune légitimité à en bénéficier.
Ce type de déclarations sont un appel à peine voilé aux forces obscures qui font le malheur des populations africaines au Nigéria, dans les pays de l’AES, en Libye et partout ailleurs dans le monde.
Conclusions
Les peuples des pays de l’AES plaident pour l’entrée du Sénégal dans cette organisation, suite au changement de régime ayant porté au pouvoir des adeptes du souverainisme panafricain.
Des réponses claires ont été données à cette question par le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier Ministre Ousmane Sonko, sur lesquelles il ne nous semble pas utile de revenir.
En réalité la question se pose dans les termes suivants :
Faut-il casser la CEDEAO parce qu’elle serait prise en otage par des chefs d’états non adeptes de la rupture avec une France impérialiste, pour créer (ou rejoindre) une nouvelle organisation ?
Une 3ème voie ne devrait toutefois pas être exclue, à savoir rester dans la CEDEAO pour en changer le logiciel de fonctionnement au profit d’une véritable intégration régionale et d’une sécurité renforcée pour la défense de l’intégrité territoriale et la sécurité des populations.
Quelle que soit l’option qui sera retenue à brève échéance, l’alliance sécuritaire entre pays d’Afrique de l’Ouest ne devrait pas induire ipso facto la réalisation d’une intégration économique sous-régionale.
Cette intégration économique devra être examinée en fonction de dynamiques de croissance et de développement, sous-tendues par des entreprises nationales (grandes moyennes et petites) ouvertes sur le marché sous-régional afin de générer des flux commerciaux et financiers, des partenariats aptes à réorienter le commerce extérieur centré l’Europe vers la sous-région.
Au plan sécuritaire, les sanctions de tous ordres visant à isoler les pays de l’AES du reste de l’Afrique de l’Ouest sous le prétexte de non-respect des principes démocratiques d’accès au pouvoir, doivent être levées, car l’heure est à l’union contre la menace terroriste.