SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
17 novembre 2024
Par Vieux SAVANÉ
« YES, SHE CAN ! »
Après le désistement de Joe Biden négocié avec tact et fermeté par les ténors du parti démocrate américain, voilà désormais la vice-présidente Kamala Harris officiellement investie, jeudi dernier, candidate à l’élection présidentielle du 5 novembre 2024
Déroutante tout de même la vie que de voir ainsi l’histoire s’emballer, basculer et changer de trajectoire, avec une dose d’imprévu et de soudaineté dont elle a le secret. Après le désistement de Joe Biden négocié avec tact et fermeté par les ténors du parti démocrate américain, voilà désormais la vice-présidente Kamala Harris officiellement investie, jeudi dernier, candidate à l’élection présidentielle du 5 novembre 2024.
Face à elle l’ex-président Donald Trump, orphelin de son adversaire préféré Joe Biden, qu’il raillait à tout bout champ pour son âge avancé, sa mémoire défaillante et dont le désistement, par un juste retour des choses, met à nu le vieil homme (78 ans) qu’il s’évertuait à masquer sous ses airs de bretteur. C’est désormais d’autant plus criant qu’en face de lui se dresse droitement une femme de 59 ans portée par l’ambition subversive de changer la vie et d’aller à l’assaut de toutes les formes de conservatisme avec un rire conquérant, ravageur, franc et massif. Avec Trump qui ne « savait pas que Kamala était noire », il faudra toutefois s’attendre à tous les coups fourrés. Sauf que l’ancienne procureure générale de Californie est bien parée pour riposter avec la maîtrise et le sang-froid qui siéent à une femme qui s’est construite à la sueur de son front. Sous des tonnerres d’applaudissement Michelle Obama avait d’ailleurs posé avec humour la question de savoir « qui va lui dire (à Trump) que l’emploi qu’il recherche actuellement pourrait bien être l’un des emplois réservés aux Noirs ? », laissant entendre qu’il l’apprendra certainement à ses dépens.
En attendant, il apparaît complètement désarçonné par la tournure des évènements avec le désistement d’un Joe Biden fragilisé qui a pu accuser le coup et faire montre d’un sens élevé du devoir en s’adressant à ses concitoyens en des termes empreints de simplicité et de sincérité. « J’aime le job ( de président), mais j’aime davantage mon pays », leur a-t-il confié. Une manière de signifier que ceci l’oblige, contrairement à un Donald Trump enfermé dans un narcissisme mortifère, incapable de reconnaître une victoire autre que la sienne. Aussi, ne sachant plus sur quel pied danser, Kamala Harris, lui ayant volé la vedette au niveau des médias, ce qui l’insupporte au plus haut point, ayant perdu la boussole, l’injure à la bouche, il verse dans une misogynie abjecte avec une violence qui en dit long sur son désarroi, son absence de tenue et de retenue.
Après s’être moqué de « Kamala la rigolarde « laffin’Kamala »), il la dépeint comme une dangereuse communiste en l’affublant du sobriquet de « Camarade Kamala » quand il ne la traite pas en privé de garce (« bitch »). A son grand désespoir, rien de ses outrances n’accroche, glissant sur sa rivale comme la pluie sur des ailes de canard.
« LA MOITIE DU CIEL »
Qu’on le veuille ou non ce qu’il se passe en ce moment en Amérique est absolument inspirant. Une femme est possiblement en passe de devenir la première femme à présider la première puissance du monde.
Après Barack Obama, natif d’Hawaï, d’une mère blanche du Kansas et d’un père Kenyan qui avait émigré pour ses études, voilà qu’avec Kamala Harris dont les parents ont été deux étudiants étrangers qui se sont rencontrés à l’université de Berkeley en provenance d’Inde et de Jamaïque, ils rendent compte de la complexité du monde et de leurs parcours respectifs qui font d’eux l’incarnation du rêve américain. Qu’elle devienne la prochaine présidente serait un puissant message adressé aux hommes et aux femmes, à savoir une fois pour toute que, hormis leurs différences biologiques, ils sont des êtres humains qui se valent, ayant les mêmes droits et devoirs. Doug Emhoff, le mari de Kamala Harris, l’a d’ailleurs bien compris en l’accompagnant avec ferveur dans son ambition politique. Ainsi n’a-t-il pas hésité après 30 ans de carrière, à démissionner de son cabinet d’avocats pour éviter d’éventuels conflits d’intérêts.
Fier de soutenir la carrière de son épouse (qu’importe laquelle du reste), il l’a suivie à Washington. Aussi, ce qu’il est en train de se jouer devrait-il nous interpeller au Sénégal où souffle avec une tranquillité désarçonnante un vent de régression, relativement à la place des femmes dans les sphères de décision politique. Alors qu’elles brillent à l’école et partout ailleurs dans les sciences et techniques, le management, la gouvernance, le Sénégal opère étrangement une rupture régressive, à rebours de ce mouvement d’émancipation, avec notamment la nomination d’un gouvernement composé de 21 hommes et 4 femmes seulement. Oubliant que rien de grand et de pérenne ne saurait se construire sans la participation massive de cette « moitié du ciel » qui vote depuis 1945*, il persiste dans sa voie et continue de reléguer les femmes en arrière-plan dans les nominations en cours.
Au même moment au Rwanda le nouveau gouvernement du Président Paul Kagame compte onze ministres femmes sur vingt. Et à Madagascar 12 femmes font partie du nouveau gouvernement, soit près de la moitié de la nouvelle équipe gouvernementale du Président Andry Rajoelina.
PROCHAINE ETAPE
Il va donc falloir, comme l’a rappelé Hillary Clinton à propos de l’histoire des femmes dans la politique américaine, continuer de se battre pour approfondir le chemin emprunté avec le droit de vote acquis en 1920, lequel s’est poursuivi par la candidature de Géraldine Ferraro, première femme candidate à la vice-présidence des EtatsUnis en 1984 sur le ticket du démocrate Walter Mondale opposé à Ronald Reagan, celle de Mme Clinton contre Trump et celle de Kamala aujourd’hui, pour emporter la victoire et parachever ce combat pour la gent féminine.
Conscient qu’il s’ouvre une véritable fenêtre d’opportunité, Barack Obama a transformé pour l’occasion « YES, WE CAN ! », son slogan qui avait fait florès, en « YES, SHE CAN ! ». Aujourd’hui en effet tout le parti démocrate est derrière elle jusqu’à quelques dissidents républicains qui, au regard des enjeux, lancent un appel en direction de leur camp. A l’instar de Geoff Ducan, ancien lieutenant-gouverneur de Géorgie, Etat-pivot dans lequel Donald Trump avait tenté d’inverser les résultats de la présidentielle de 2020, qui leur fait savoir qu’à ses yeux, « voter pour Kamala Harris en 2024 ne fait pas de vous un démocrate mais un patriote ». Il s’y ajoute le choix bien inspiré de Tim Walz comme colistier. Issu de milieu populaire et modeste, ancien enseignant, ancien coach de football américain, le gouverneur de Minnesota apporte une nouvelle corde à son arc.
Même si rien n’est gagné, tout étant possible, les crocs en jambes, la survenue d’évènements qui viennent perturber le cours des choses, il se dessine que l’enthousiasme a changé de camp, porté par l’énergie qui enfante l’espoir et ouvre les possibles. Et voilà que Kamala Harris a su saisir son moment, se révélant telle qu’en elle-même : brillante, flamboyante, pugnace. Aussi a-t-elle bouleversé la tonalité de la campagne démocrate qui donnait l’impression d’être partie pour s’embourber durablement sur le terrain glissant des errements de la vieillesse en y injectant de la fraîcheur, de l’enthousiasme, de l’intelligence et de la joie. Ne s’interdisant rien, son ambition en bandoulière, brisant un à un an les plafonds de verre, suivant en cela les conseils de sa mère qui lui disait : « Ne te plains pas d’une injustice, mais fais quelque chose pour y remédier ». Femme elle est. Femme noire. Femme indienne. Femme américaine tout simplement. Première femme Procureure générale de Californie. Première femme vice-présidente. Première femme présidente des Etats-Unis ?
Avec Kamala Harris, il se passe décidément quelque chose qui donne le sentiment de « voir une nation prête à franchir la prochaine étape de l’incroyable aventure qu’est l’Amérique ». Même si la campagne électorale sera brève, livrant son verdict dans moins de 3 mois, elle emporte avec elle un sentiment puissant, comme un slogan qui se décline en énergie triomphante. « YES, SHE CAN ! » car comme souligné par Hillary Clinton, il est certainement venu « le temps de parachever le combat de plusieurs générations. » Et « l’avenir », prévient Kamala Harris, « vaut toujours qu’on se batte ».
*Alors que le droit de vote a été accordé en 1944 aux seules Françaises de souche, les colons prétextant de leur illettrisme pour écarter les femmes sénégalaises, notamment celles issues des Quatre communes. Ces dernières qui étaient citoyennes françaises ont organisé sous la houlette de Ndèye Yalla Fall, Soukeyna Konaré et autres Anta Gaye, Magatte Camara, Touty Samb, des manifestations à Dakar et SaintLouis pour l’extension du droit de vote aux femmes. Des hommes politiques comme Lamine Guèye vont mettre la pression sur le ministre français des Colonies, lequel craignant une tournure violente des manifestations, accepte d’étendre le droit de vote aux femmes sénégalaises. Le 6 juin 1945 un nouveau décret octroyant le droit de vote aux femmes des Quatre Communes est promulgué.
Mme Fatou Sarr Sow note par ailleurs qu’après s’être mobilisées en 1945 pour arracher le droit de vote, les femmes sénégalaises « se sont impliquées dans la lutte pour les indépendances. Certaines femmes membres du premier Parti communiste, le Parti africain pour l’indépendance (PAI), se sont particulièrement illustrées. Leur rôle dans la grève des cheminots de 1947 a été magnifié par l’écrivain et cinéaste Sembène dans un roman intitulé Les Bouts de bois de Dieu, paru en 1960 » (in Loi sur la parité au Sénégal : une expérience « réussie » de luttes féminines.)
Baadoolo - Jub-jubeul-jubbanti... ak jublu si liggey bi
Magal jeexna. Yallah na Yallah saafara lepp si barké borom 18 Safara. Retour à la fenêtre politique qui s’ouvre entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire sur la dissolution et la traque des biens mal acquis. Mais, qu’est-ce que Badio Camara et Cie «Conseil» à Diomaye ? Le Sénégal est suspendu à un avis dont on ne connait même pas l’objet. Les députés de Benno aussi se préparent au chômage avec une rupture anticipée de leur Cdd de 5 ans. Ndeysaan ! Pour ce match de basket, le meneur Sonko est attendu sur le panier de la ménagère. Il faut un autre suffixe à «Jub» : jublu si liggey bi.
Mort de Aziz Dabala et Waly Gano Le présumé meurtrier arrêté, Nabou Lèye aussi
Le présumé auteur du double meurtre survenu dans un appartement à Pikine Technopole est tombé à Touba, a annoncé Seneweb, samedi. Il a été arrêté par les éléments de la Brigade spéciale de Touba, au quartier Dianatou Mahwa dans la nuit du Magal. Les gendarmes de cette unité de Compagnie de la ville sainte ont reçu un renseignement relatif à la présence du bourreau présumé de Aziz Dabala et Boubacar Gano alias Waly à Touba. Ainsi, note la même source, la descente inopinée effectuée à Dianatou Mahwa a permis d’interpeller le suspect, M. L. D. alias Modou Lô qui est passé aux aveux. Le maçon domicilié à Pikine Guinaw Rail a même déroulé le film du crime dans les moindres détails. La danseuse Nabou Lèye également, connue sous le nom de Soukeyna, qui était proche de Aziz Dabala, a été placée en garde à vue après plusieurs heures d’audition.
Cote d’alerte du fleuve Sénégal dépassée Risques d’inondation à Bakel et Matam, les populations appelées à la vigilance
Si à Kidira la situation «revient progressivement à la normale», après que le plan d’eau a commencé à baisser, s’éloignant ainsi de la cote d’alerte qui y est de 10 mètres, le ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement informe, cependant, que «la tendance haussière du niveau de l’eau se poursuit à Bakel où la cote d’alerte de 10 mètres est désormais à 10,22 mètres». En fin de journée de ce dimanche, le ministère a indiqué qu’à Matam aussi la cote d’alerte de 8 mètres est «désormais atteinte». «Des débordements pourront survenir par endroit dans ces zones de la Vallée du fleuve Sénégal ; ce qui appelle une vigilance maximale de la part des populations environnantes. Du côté du Gouvernement, la situation est suivie de près et toutes les mesures requises sont prises au moment opportun», lit-on dans le communiqué n°6 des services de Cheikh Tidiane Dièye.
En moto pour Touba - Le lutteur Brise de mer décédé dans un accident
Les routes vers Touba ont fait une dizaine de morts. Parmi les victimes, il y a le lutteur Brise de mer décédé dans la matinée du vendredi. Il avait pris une moto afin de rallier la ville sainte de Touba pour les besoins du grand Magal. Malheureusement, il a fait un accident à hauteur de Sébikotane avant de rendre l’âme. Le Groupe Emedia Invest présente ses sincères condoléances à sa famille et au monde de la lutte.
Relève des cadres de l’entreprise Dangote Sénégal «cimente» la formation de stagiaires de l’Afrique francophone
Dans le cadre de son programme de recrutement de stagiaires francophones, pour assurer la relève de la crème de l’entreprise, Dangote Cement-Sénégal a accueilli une cohorte de stagiaires en provenance de pays francophones. Venus précisément de Dangote Cement Group (Cameroun, CongoBrazza, Côte d’Ivoire, et Sénégal), ces 80 jeunes diplômés, retenus sur la base d’une sélection rigoureuse, vont se perfectionner au niveau de la filiale de Dakar. «Le Sénégal a été choisi parce que Dangote Cement-Sénégal (Dcs) est, surtout, pour les pays francophones, un centre d’excellence au sein du groupe Dangote. Cette politique a été mise en place par le groupe pour préparer l’avenir et trouver parmi ces jeunes gens nos futurs leaders», explique Chigioke Nwobi, un des cadres Rh Zone francophone de Dangote Cement Group. Le Directeur général de Dangote Cement Sénégal, Ousmane Mbaye, ajoute que cette initiative importante vise à «préparer de jeunes diplômés à des fonctions de responsabilités à travers une formation complète, un apprentissage pratique, des opportunités de développement personnel».
Licenciement «abusif» de deux journalistes de Senego La Convention des reporters s’indigne contre les «pratiques moyenâgeuses» dans les Rédactions
La Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs) dit avoir été surprise d’apprendre le licenciement des journalistes Thierno Malick Ndiaye et Ankou Mawuegnegan Sodjago par la direction de Senego. Dans un communiqué, Migui Marame Ndiaye et ses camarades se sont indignés contre «ces pratiques moyenâgeuses, qui tendent à dénier tous droits aux travailleurs du secteur de la Presse», plongé dans une crise sans précédente. La Cjrs reste convaincue que leur licenciement n’est que la résultante de leur engagement à défendre, contre vents et marrées, leurs droits et la dignité des travailleurs de leur entreprise en tant que délégué et secrétaire général du syndicat. Les jeunes reporters invitent l’État à «clarifier définitivement cette question des contrats de prestation de service, une pratique illégale institutionnalisée dans la plupart des rédactions». La structure entend commettre un avocat sur ce dossier de Senego.
par Pascal Bianchini
MOMAR COUMBA DIOP, LE MILITANT DU SAVOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - Le consensus ne peut que se faire autour de l’étendue et de la rigueur des études qu'il a coordonnées. Il demeurera comme un auteur éclectique et prolifique pour les sciences sociales au Sénégal
Le 7 juillet dernier, s’est éteint Momar Coumba Diop dans un hôpital parisien, des « suites d’une longue maladie ». Momar Coumba était né le 6 décembre 1950 à Ouarkhokh, dans le département de Linguère. Après avoir suivi des études primaires effectuées dans sa région d’origine, il a effectué ensuite sa scolarité secondaire au lycée Blaise Diagne. En 1971, ll s’est inscrit comme étudiant au département de philosophie à l’université de Dakar. Ayant obtenu sa maîtrise, il est parti en France, en 1976, à Lyon II pour s’inscrire en doctorat de troisième cycle. En 1980, il a soutenu sa thèse intitulée : La confrérie mouride : organisation politique et mode d’implantation urbaine. De retour au Sénégal, après un bref passage au Conseil économique et social, il est recruté en 1981 à l’Université de Dakar, comme enseignant de sociologie au sein du département de philosophie (Remarque : le département de sociologie fermé après 1968 n’a été ré-ouvert qu’à la fin des années 1980). Cependant, à la suite d’une opération chirurgicale très importante, il n’a pu continuer à faire cours et a été affecté à l’IFAN sur un poste de chercheur. En 2015, il est parti à la retraite, dans la plus grande discrétion.
En dépit d’une trajectoire de carrière qu’il faut bien qualifier d’ordinaire, Momar Coumba Diop demeurera comme un auteur éclectique et prolifique pour les sciences sociales au Sénégal. Il a su mettre le doigt sur des questions importantes, en apportant des matériaux empiriques solides tout en ayant lu et assimilé la littérature existante sur les sujets qu’il abordait.
Ainsi, avec sa thèse, il a été le premier à mettre en évidence la dynamique urbaine du mouridisme alors que, jusque dans les années 1970, les études sur la confrérie, se concentraient sur son implantation, dans la région centrale, la ville sainte de Touba et les milieux ruraux alentour, en lien avec la filière arachidière (voir en particulier les travaux de Donal Cruise O’Brien ou Jean Copans). Il a éclairé les ressorts de ce dynamisme urbain, en s’intéressant au rôle des dahiras, qui organisaient des récitations de coran ou des conférences religieuses, susceptibles de créer de nouveaux liens de sociabilité religieuse, notamment en direction de la jeunesse. Dans les années qui ont suivi, il a effectué des enquêtes sur les ouvriers de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) dans le cadre de recherches également novatrices sur les classes ouvrières en Afrique initiées par Jean Copans.
Puis avec la parution de l’ouvrage le Sénégal sous Abdou Diouf co-écrit avec Mamadou Diouf (paru chez Karthala en 1990), il s’est livré à une analyse socio-politique de la succession de Senghor, avec les tentatives de réformes de l’Etat découlant notamment de la nécessité de trouver des réponses à la contestation sociale sous-tendue par les forces contre-hégémoniques issues de la gauche clandestine mais également quelques années plus tard sous la contrainte des exigences de l’ajustement structurel imposé par les bailleurs de fonds comme le FMI et la Banque mondiale. Cet ouvrage fondé sur un savoir empirique détaillé intégrait et dépassait un certain nombre d’hypothèses théoriques (clientélisme, révolution passive, construction hégémonique, etc.) forgées par des auteurs non sénégalais, en montrant bien les interactions entre le jeu des gouvernants (ici l’Etat-PS) et le développement des mouvements sociaux. La publication du Sénégal sous Abdou Diouf a constitué un moment-clé dans l’histoire des sciences sociales au Sénégal : alors que jusqu’alors, c’étaient des auteurs occidentaux qui dominaient le champ académique, désormais il n’en a plus été ainsi : les auteurs occidentaux ont eu aussi, à leur tour, à se mettre à l’école de leurs confrères sénégalais.
Enfin, au cours de la décennie 1990 puis la suivante, Momar va s’investir dans ce qui sera certainement le plus important – et le plus exténuant ! - pour lui, dans sa contribution aux sciences sociales au Sénégal. Durant toutes ces années, il s’est attelé à la coordination de plus d’une dizaine d’ouvrages collectifs. Il serait trop long ici de les citer de manière exhaustive mais on peut rappeler le premier volume (Sénégal trajectoires d’un Etat, 1992) ainsi que les deux derniers volumes (Le Sénégal sous Abdoulaye Wade et Le Sénégal 2000-2012 ; Les institutions et politiques publiques à l'épreuve d'une gouvernance libérale, 2013) de cette longue série. À la fin de sa vie, il travaillait encore à une nouvelle version d'un ouvrage publié en 1994, Le Sénégal et ses voisins. Il avait également en projet, un autre ouvrage important sur l'histoire de l'Université de Dakar. Il est encore tôt pour savoir si ces projets pourront faire l’objet de publications même partielles mais on peut au moins se féliciter qu’un ouvrage qui lui rend hommage ait pu être publié l’an dernier, toujours chez Karthala (Comprendre le Sénégal et l’Afrique aujourd’hui).
Même si l’objectivité et l’exhaustivité constituent pour les chercheurs en sciences sociales, des horizons que, par définition, on ne peut jamais atteindre, le consensus ne peut que se faire autour de l’étendue et de la rigueur des études que Momar Coumba Diop a coordonnées. Pour ne citer que les principales thématiques traitées dans ces ouvrages, on mentionnera : le système politique sénégalais, les relations internationales, les politiques économiques, les politiques culturelles, les mouvements sociaux, les syndicats, les associations, le secteur de l’information, l’éducation, les transports, etc. Momar Coumba Diop n’a pas traité nécessairement lui-même de ses sujets mais à force de lire les travaux des autres, il était en mesure d’avoir un niveau appréciable de connaissances sur un grand nombre de thématiques. Certains, dans les hommages récemment parus, l’ont qualifié de Diderot sénégalais, ce qui reflète effectivement la nature encyclopédique de sa démarche mais il était aussi une sorte de chef d’orchestre, capable de conduire une symphonie où jouaient leurs partitions, des sociologues, des historiens, des philosophes, des économistes, des juristes, des politistes, et ici encore la liste n’est pas close.
Momar a voué son existence aux sciences sociales dans le cadre du Sénégal, voire au-delà à l’échelle du continent africain, à travers son implication dans la mise en œuvre de programmes de recherche comme Sénégal 2000, la création et le développement d’institutions comme le Centre de recherche sur les politiques sociales (CREPOS) ou encore à travers sa participation au CODESRIA. Il n'était pas un activiste idéologique. Il se méfiait généralement des politiciens et n’était guère enclin à ajouter son nom au bas d’une pétition. Son engagement était différent. On pourrait le qualifier de « militant du savoir » : sa préoccupation majeure était d'ouvrir la voie à un système indépendant de production de connaissances au Sénégal et, au-delà, en Afrique sans pour autant se fermer aux chercheurs venus d’autres continents.
Cependant, Momar pouvait avoir aussi des convictions politiques et dans des circonstances particulières, assumer des responsabilités du même ordre, comme ce fut le cas en 2008, lorsqu'il a joué un rôle-clé lors des Assises nationales qui avaient pour objectif de refondre les institutions politiques pour renforcer la démocratisation et la reddition des comptes, en réaction à la dérive autoritaire du régime du président Wade. Il comptait également des amis proches parmi l'intelligentsia marxiste, comme Amady Aly Dieng (1932-2015) ou Abdoulaye Bathily.
Pour ma part, j'ai rencontré Momar en 1994 après avoir lu un chapitre qu'il avait écrit sur le mouvement étudiant publié dans Sénégal : Trajectoires d'un Etat (1992). Il m'a fourni des documents pour mes propres recherches sur ce sujet. Un peu plus tard, il m'a demandé d'écrire un chapitre sur le mouvement étudiant pour l'un de ses volumes édités, Le Sénégal entre le local et le global (2002). Cette anecdote personnelle illustre bien cette logique du don et du contre-don, sans calcul d’intérêt si ce n’est celui du progrès des connaissances, qui permettait à Momar d’établir des relations saines et durables, avec un grand nombre de chercheurs qui devenaient parfois ses amis.
Comme tous ceux qui l’ont fréquenté, j’ai toujours constaté que, durant toute ces années, malgré sa notoriété, il est resté modeste. Fuyant les mondanités, il était néanmoins toujours élégamment vêtu avec un gilet ou une chemise en pagne tissé. Ces dernières années, nous étions voisins dans le quartier des Mamelles, où nous avions souvent l'occasion de nous retrouver. Cependant, même si je savais qu'il avait des problèmes de santé, la nouvelle de sa mort a été un choc pour moi car il n’abordait que très rarement cette question dans nos conversations. Je me souviendrai toujours de Momar Coumba Diop comme d'un homme courtois mais jamais superficiel, toujours ponctuel lorsqu'il vous donnait un rendez-vous et qui vous accueillait avec un grand sourire à la fois bienveillant et espiègle.
Pascal Bianchini est sociologue indépendant.
par Thierno Alassane Sall
LE LUXE CHOQUANT DE MACKY SALL
Le Sénégal, classé parmi les pays les plus pauvres, peut-il rester indifférent face au faste insolent et ostentatoire de son ancien président, installé royalement à Marrakech et à qui l’on prête la propriété d’un Falcon 7X ?
L’ancien président Macky Sall, désormais VRP de la France, aurait effectué un déplacement de 3 jours à Abidjan à bord d’un jet privé.
Il m’est arrivé à plusieurs reprises de croiser d’anciens chefs d’État africains voyageant sur des lignes commerciales, comme Thabo Mbeki ou Pierre Buyoya.
À une époque où les anciens chefs d’État de grandes puissances mondiales comme la France, le Royaume-Uni ou l’Allemagne privilégient les vols commerciaux, cette extravagance soulève des questions. Le Sénégal, classé parmi les pays les plus pauvres, peut-il rester indifférent face au faste insolent et ostentatoire de son ancien président, installé royalement à Marrakech et à qui l’on prête la propriété d’un Falcon 7X ?
Ce déménagement au Maroc, réalisé sans inventaire et qui n’aurait pas concerné uniquement les albums photos de ses deux mandats, serait-il conforme aux termes du Protocole du Cap Manuel ?
VIDEO
LE FAUEFAO MISE SUR LE DIGITAL POUR LA BONNE CAUSE
Le Forum pour l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest s’est trouvé des alliés idéaux que sont les journalistes, les jeunes chercheurs et les étudiants, tous formés au blogging afin d’accompagner la mission du Forum.
Le Forum pour l'autonomisation économique des femmes en Afrique de l'Ouest (FAUEFAO) s'est trouvé ses alliés et les met à niveau pour accompagner sa vision de l'autonomisation économique des femmes dans la sous-région ouest africaine. Il s'agit des blogueurs, des journalistes et des jeunes chercheurs pour soutenir cette cause juste.
L'autonomisation économique des femmes est un des aspects du point 5 des Objectifs de développement durable des Nations Unies qui prône «l'égalité des sexes ». Ce concept consistant dans une certaine mesure a un rééquilibrage des genres correspond très précisément au point 5. 5 des ODD qui recommande de : «Garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique ».
Sans une bonne communication, l'objectif risque de ne pas être atteint au grand dam de ceux qui se mobilisent pour cette cause. Le Forum pour l'autonomisation économique des femmes en Afrique de l'Ouest (FAUEFAO) s'inscrit sans doute dans cette perspective et à juste titre.
En effet, les femmes dans différentes parties du globe, celles du milieu rural en l’occurrence, sont victimes de nombreuses injustices sur tous les plans.
Qu'elles soient du milieu rural ou urbain, sur le plan économique, elles n’ont pas toujours accès et le contrôle des ressources.
Accablées par des travaux domestiques non rémunérés, sur le plan social, leur accès au marché de l’emploi reste hypothéqué. Et même lorsque elles y accèdent, elles croisent un vilain démon qui se nomme inégalité salariale quand bien même elles seraient d’égales compétences et qualifications égales que leurs collègues masculins. Pourtant, elles demeurent la cheville ouvrière de l’entretien du foyer du bien-être de toute la cellule familiale au quotidien.
De toute évidence, si les femmes sont économiquement autonomes, théoriquement, c’est la maisonnée qui sera socialement épanouie. C’est en cela que le concept de l’autonomisation économique des femmes est d’une pertinence évidente et mérite adhésion et soutien de tous.
Le forum pour l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest est, de ce point de vue, sur la bonne voie de réparation de cette injustice.
Si la femme n’est pas l’égal de l’homme du point de vue physiologique certes, elle devrait l’être en termes de droit, d’égalité de genres.
VIDEO
LA FRACTURE INVISIBLE
Alioune Tine dénonce une dangereuse "ligne de partage" qui s'installe dans le pays. Son diagnostic est sans appel : le nouveau pouvoir s'isole, laissant une grande partie de la population sur le bord de la route
Ce dimanche 25 août 2024, lors de l'émission "Grand Jury" sur TFM, Alioune Tine, fondateur d'Africajom Center et figure respectée de la société civile, a dressé un tableau préoccupant de la situation politique du pays.
Au cœur de son analyse, l'émergence d'une inquiétante "ligne de partage" au sein de la société sénégalaise. "Il y a une espèce de ligne de partage, une espèce de discrimination dont souffrent beaucoup de Sénégalais", alerte-t-il. Cette fracture, selon lui, découle directement de l'attitude du nouveau pouvoir.
"Nous sommes à la croisée des chemins", insiste Alioune Tine, appelant à un "dialogue rénové" et à une gouvernance plus inclusive. Il exhorte le pouvoir à "mettre en mouvement la société" plutôt que de se replier sur ses partisans.
VIDEO
L'OUEST AFRICAIN À LA DÉRIVE
Ibrahima Kane met en garde contre les risques d'une désintégration de la CEDEAO et appelle à une refonte en profondeur de la gouvernance. Il indique que l'heure n'est plus aux demi-mesures mais à une action décisive pour sauver l'unité
Ce dimanche 25 août 2024, l'émission "Objection" de Sud FM a reçu Ibrahima Kane, éminent spécialiste des relations internationales. Dans une intervention percutante, il a dressé un tableau sans concession de la situation actuelle en Afrique de l'Ouest.
"La CEDEAO est en train de payer le prix de ses erreurs", a déclaré Kane, pointant du doigt les sanctions drastiques imposées au Niger sans dialogue préalable. Cette approche, selon lui, a exacerbé les tensions régionales et poussé trois pays - Mali, Burkina Faso et Niger - vers la sortie.
Kane n'a pas mâché ses mots concernant les défis structurels de la région : "Nous sommes face à une pauvreté endémique, une insécurité grandissante et une gouvernance défaillante. Il est temps de repenser notre modèle de développement."
L'expert a également abordé la situation politique au Sénégal, soulignant les défis auxquels fait face le nouveau gouvernement. Il a insisté sur l'urgence de réformer le système judiciaire, proposant une implication accrue des citoyens dans son fonctionnement.
"L'Afrique doit s'unir ou disparaître", conclut Kane, appelant à une plus grande solidarité régionale face aux crises mondiales.
VIDEO
LA MEILLEURE PLACE POUR SONKO C’ÉTAIT LA PRÉSIDENCE, SELON ALIOUNE TINE
Pour le fondateur d'Afrikajom Center, le chef du gouvernement "a intérêt à ce qu’il gouverne dans un contexte pacifié, où il y a un débat de fond", parce qu’aujourd’hui il n’y en a pas.
Aujourd’hui, Bassirou Diomaye Diakhar Faye est le président de la République. Mais, c’est bien Ousmane Sonko qui gouverne. C’est l’avis d'Alioune Tine qui a relevé certaines insatisfactions.
«Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, Sonko gouverne». Invité du Grand Jury de la Rfm, le président d'Afrikajom center a, cependant, tenu à conseiller l’actuel Premier ministre sur la question.
Pour lui, le chef du gouvernement « a intérêt à ce qu’il gouverne dans un contexte pacifié, où il y a un débat de fond, parce qu’aujourd’hui il n’y a pas de débat de fond.» Il a d'ailleurs encouragé Ousmane Sonko qui s’est dit prêt à débattre avec son opposition.
Mais, ce qui pose problème pour lui, c’est inaccessibilité du chef du gouvernement. «Il gouverne le Sénégal et en même temps il est chef de parti. Beaucoup demandent, personne ne le voit (…)Il faut que Sonko sorte de cette contradiction. C’est extrêmement important», conseille-t-il.
Pour M. Tine, Sonko aurait été mieux dans un autre poste. «Moi je voyais bien Sonko à la présidence. C’aurait été bien, parce que c’aurait été très clair. Directeur de cabinet du président de la République, qu’il cogère. Il n’y aurait pas eu cette espèce de confusion des rôles. La meilleure place pour Sonko c’était la Présidence», dit-il.