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17 novembre 2024
Par Hamidou ANNE
LE SENEGAL DE BAKEL, CELUI DE DAKAR ARENA
L’histoire retiendra que le 19 octobre, pendant que des milliers de Sénégalais souffraient dans leur chair, les privilégiés se pavanaient au meeting de la honte… Il faut violemment détester son pays pour l’oser.
Ils lancent leur programme de gouvernement au Centre international de conférences Abdou Diouf, prestigieux héritage du régime du Président Sall dont le nom est donné à un des hommes d’Etat qu’ils ont jadis appelé à fusiller. Ils organisent un raout dans la belle salle de Dakar Arena, luxueux héritage du régime Président Sall dont ils jugeaient la construction contraire aux priorités du pays. Les militants ont été convoyés par Dakar Dem Dikk, héritage du régime du Président Wade qu’ils ont jadis appelé à fusiller. L’autre horde de militants a été transportée par le Train express régional, infrastructure structurante léguée à la postérité par le régime du Président Sall. Pour rappel, Mimi -selon la facétieuse trouvaille du maire de Dakar- avait juré de renoncer à son patronyme si le Ter roulait un jour.
Je reviens sur ce récent passé, car il permet de comprendre davantage à qui nous avons affaire. Une belle brochette de plaisantins dont l’ardeur à la tâche ne s’est guère exprimée, si ce n’est par la calomnie, l’injure, la médisance et la confirmation d’une notoire incompétence. Je rappelle ce passé également parce que rouler en Brt, composter le billet de Ter, s’enjailler dans l’enceinte de Dakar Arena provoqueraient pour un esprit rationnel un peu d’humilité et moins d’arrogance. Au contraire, la rhétorique de «l’Etat en ruine» par la faute de maquillage des comptes publics est encore brandie. Bref, la bêtise insiste toujours, nous prévenait Camus.
Des milliers de nos compatriotes vivent un drame humanitaire sans précédent depuis plus d’un siècle. Bakel est devenu la matérialité de la souffrance des Sénégalais victimes de la crue qui a fait suite au débordement de certains cours d’eau. Pire, il n’y a pas que Bakel : le Fouta est atteint. Notre beau territoire, ardent foyer de sagesse, d’intelligence et de fine intuition, est également touché par le débordement du fleuve du Doué, rivière née du fleuve Sénégal, au cœur du pays halpulaar. Podor, Ndioum et tant d’autres villages sont touchés dans un silence officiel qui en dit long... Je m’en remets à Charles Péguy : «Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.» Bref…
Pendant ce temps, quand les énergies sont attendues autour d’une exigence de sortir de la souffrance nos compatriotes du Nord et de l’Est, les amuseurs publics paradent, accusent et, pire, s’accusent. Il y a une décence que je n’ai jamais attendue de ces gens. Et elle n’est toujours pas au rendez-vous.
La grossièreté est la marque de fabrique des faibles d’esprit dont la seule valeur est de n’en avoir aucune d’exemplaire. Pour dire le vrai, la cruauté de l’incompétence lui provient de son compagnonnage avec la désinvolture, voire la témérité. L’incompétent, quand il a en plus la mauvaise «bonne idée» d’être bavard, expose son ignorance et sa bassesse. Beaucoup de nos compatriotes qui, jadis, ont eu la faiblesse de leur prêter oreille attentive et bienveillante, ne se font plus d’illusion. Leurs anciens alliés, rétifs à l’époque à toute critique froide et objective au nom du «Tout sauf Macky», se réveillent groggy, entre cyberharcèlement, arrestations et acharnements divers.
Le temps est décidément ce juge implacable de la vanité des hommes. Quand ce bavardage, aussi permanent qu’incivil, s’arrêtera-t-il pour se remettre enfin au travail, afin de prendre soin de la veuve et de l’orphelin, de l’étudiant précaire comme de l’ouvrier, du retraité comme de l’enfant dont l’école est envahie par les eaux d’un fleuve débordant ?
Un des leurs parlait en mars dernier d’un «Sénégal des Almadies face à un Sénégal des Parcelles Assainies». Sa voix s’est désormais perdue dans la compromission quand il s’agit de pointer le Sénégal de Bakel et celui de Dakar Arena.
Bakel a les corps plongés dans les eaux, parmi lesquels ceux des mères aux visages noyés de larmes devant le désarroi de leur progéniture.
Des enfants en sont réduits à errer dans une zone coupée du reste du monde faute de pouvoir aller à l’école. Ils ont tout vu du show indécent de Dakar Arena et ne l’oublieront jamais. Pendant qu’ils souffrent, d’autres festoient. Il faut avoir un immense culot pour un jour oser faire le récit de l’unité nationale aux citoyens de Bakel et du Fouta. Et la Gauche, dans tout ce drame, notamment celle qui est tombée en ruine morale à force d’opportunismes et de calculs ? Celle qui a juré de défendre les opprimés et les outragés au nom de l’universalisme du genre humain. Au nom de places à squatter, ils ont expulsé le peuple de Bakel, de Matam, de Podor, de Kédougou, de leur champ de vision de l’humanité.
L’histoire retiendra que le 19 octobre, pendant que des milliers de Sénégalais souffraient dans leur chair, les privilégiés se pavanaient au meeting de la honte… Il faut violemment détester son pays pour l’oser.
L’AIDE AUX POPULATIONS IMPACTEES PAR LA CRUE DU FLEUVE SENEGAL AU MENU DE LA PRESSE
Les parutions de ce lundi évoquent l’aide du gouvernement aux populations impactées par la crue du fleuve dans les régions de Tambacounda, Saint-Louis et Matam, le rapatriement de Sénégalais du Liban et l’arrestation à Bakel du leader de Gueum sa Bopp
Dakar, 21 oct (APS) – L’aide du gouvernement aux populations impactées par la crue du fleuve dans les régions de Tambacounda, Saint-Louis et Matam, le rapatriement de Sénégalais du Liban et l’arrestation à Bakel du leader de Gueum sa Bopp Bougane Guèye Dani sont les sujets les plus en vue dans les quotidiens reçus lundi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
”L’Etat intensifie les secours’’, titre Libération, indiquant un ‘’déblocage de 8 milliards de francs CFA, l’acheminement de vivres, la mise en place d’hôpitaux mobiles’’ mais aussi la tenue ‘’ce dimanche d’une réunion interministérielle exceptionnelle présidée par le Premier ministre Ousmane Sonko’’ sur l’assistance à apporter aux populations impactées par la crue du fleuve.
Le quotidien Bës Bi rapporte que le chef de l’Etat était à Bakel ce samedi pour constater les dégâts des inondations causées par la crue du fleuve Sénégal. Le journal indique qu’à Bakel ‘’150 tonnes de riz et 1 million de litres d’eau potable ont été distribuées. Un hôpital militaire de niveau 1 a été déployé pour offrir des consultations médicales gratuites aux populations touchées’’.
Le Quotidien signale que ‘’les forces armées et le Commissariat à la sécurité alimentaire ont acheminé 500 tonnes de vivres, des tentes, des matelas, des moustiquaires, et d’autres produits de première nécessité aux sinistrés’’. ”Les crues ont causé l’inondation de plus de 44 sites dans les régions de Matam et de 51 villages dans la région de Saint-Louis ainsi que des villages de la région de Tambacounda”, note le journal.
L’As parle de ‘’plus de 55 0000 impactés’’ par la crue du fleuve Sénégal. ”L’heure est grave’’, estime EnQuête.
S’intéressant à la visite du chef de l’Etat, Sud note que ”c’est l’image d’un président de la République prêt à être aux côtés des Sénégalais éprouvés par les inondations fluviales qui s’est dégagée de Bassirou Diomaye Faye, vêtu d’une tenue en militaire et descendant de l’hélicoptère de l’Armée dans la matinée du 18 octobre à Kédougou’’.
‘’Malheureusement, déplore le journal, ses activités au sud du pays et sa non-présence dans les zones les plus touchées par la montée des eaux du fleuve Sénégal, à savoir les départements de Matam, et Saint-Louis, constituent des fausses notes dans sa visite’’.
Le Soleil décrit à son tour ‘’la vie dure à Bakel” après une immersion à Yaféra, une des localités du département de Bakel les plus touchées.
‘’A l’enclavement de nombreux villages de la commune de Ballou s’est rajoutée, depuis le 12 octobre dernier, une insalubrité provoquée par la crue des eaux du fleuve Sénégal. Une rupture dans le quotidien des populations de Yaféra qui, coupées du reste du monde, sont privées d’eau et d’électricité. Un élan de solidarité a pu sauver ces dernières qui vivotent en attendant de sortir la tête des eaux’’, rapporte le journal.
Le quotidien national met également en exergue le rapatriement de 117 Sénégalais du Liban, un pays en proie aux bombardements d’Israël. ‘’Le gouvernement a rapatrié samedi dernier 117 Sénégalais du Liban. A leur arrivée ils ont été reçus par le chef de l’Etat’’, note le journal. ‘’117 Sénégalais rapatriés volontairement du Liban par vol spécial’’, affiche Vox Populi
En politique, les quotidiens se sont intéressés à l’arrestation à Bakel de Bougane Guèye Dany, leader de Geum sa Bopp, membre de la coalition Samm Sa Kaddu pour les législatives du 17 novembre.
‘’Interpellé ce samedi à quelques kilomètres de Bakel, alors qu’il se rendait à Bakel auprès des sinistrés. Bougane Guèye Dani a été placé en garde à vue pour refus d’obtempérer et rébellion’’, rapporte WalfQuotidien.
‘’C’est un scénario pour tant envisagé par certains lorsque Bougane Guèye a annoncé le déplacement de la coalition Samm sa kaddu à Bakel ce samedi. Alors que le chef de l’Etat y était annoncé le même jour. C’est sans doute peu après leur conférence de presse, vendredi, que les leaders de cette coalition dirigée par Barthélémy Dias se sont mis en route. A quelques kilomètres de Bakel, le cortège d’une dizaine de véhicules est immobilisé’’, écrit le quotidien Bês Bi.
Selon le journal, ‘’la gendarmerie mobilisée pour faire obstruction à Bougane Guèye et Cie. Ordre a été, en effet, d’empêcher la délégation de Samm sa kaddu d’accéder à la ville au motif que le chef de l’Etat y est attendu. Mais le leader de Gueum sa bopp, lui, ne peut entendre cet argument. C’est ainsi qu’il s’est heurté, avec Thierno Bocoum, Anta Babacar Ngom et d’autres, à la gendarmerie’’.
‘’Une arrestation musclée de Bougane Guèye qui sera, manu militari, jeté dans le véhicule de la gendarme rie, la chemise déchirée. Une image qui rappelle l’arrestation de Ousmane Sonko lorsqu’il a refusé de déférer à la convocation du juge dans l’affaire Mame Mbaye Niang. Le Gign avait cassé la vitre de son véhicule pour le conduire de force au Palais de justice de Dakar’’, souligne Bës Bi.
Par Barka BA
EN MEMOIRE DE CABRAL
Le 12 septembre 1924, Amilcar Cabral, fondateur du Paigc et héros de la guerre de libération de la Guinée Bissau, naissait à Bafata. S’il n’avait pas été assassiné à Conakry le 20 janvier 1973, il aurait eu 100 ans cette année.
Le 12 septembre 1924, Amilcar Cabral, fondateur du Paigc et héros de la guerre de libération de la Guinée Bissau, naissait à Bafata. S’il n’avait pas été assassiné à Conakry le 20 janvier 1973, il aurait eu 100 ans cette année. En 2014, en marge de la couverture de l'élection présidentielle qui avait vu Jose Mario Vaz accéder à la magistrature suprême, notre confrère Barka Ba, ancien Directeur de l’Information de la Tfm avait eu la chance de rencontrer, dans le cadre d'un documentaire consacré au Paigc, certains des derniers vétérans de cette épopée fantastique, encore largement et injustement méconnue. Parmi eux, un homme au destin peu commun : le colonel Manuel Dos Santos, ancien commandant de l’artillerie du Paigc qui, avec des héros comme
Fode Cassama, avait puissamment contribué à accélérer la fin de la guerre contre le colon portugais grâce à des exploits militaires retentissants.
L’homme qui faisait tomber les avions.
La phrase revenait comme une ritournelle. Que ce soit dans la bouche de Carmen Pereira, ancienne Présidente de l’Assemblée nationale,Francisca Pereira, ancienne ministre de l’Intérieur ou encore Manuel Saturnino Da Costa, ancien Premier ministre, les derniers vétérans de la guerre de libération du Paigc (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, fer de lance de la guerre contre l’armée coloniale portugaise dans ces deux pays) que j’interrogeais avaient tous considéré ce moment comme le turning point de leur insurrection et répétaient la même formule : « Quand Manecas a abattu les avions… » Mais qui était donc Manecas ? Est-il encore seulement en vie ?
« Manecas ? Bien sûr qu’il est en vie ! Il habite juste à quelques pas de chez moi, tout le monde le connaît à Bissau», lâche Manuel Saturnino Da Costa, dernier survivant de la bande des 10 premiers jeunes qu’Amilcar Cabral, le leader historique de la guerre du Paigc, avait envoyés en Chine pour une formation militaire. Je fais à peine quelque pas et je me retrouve devant le domicile du fameux Manecas, une bâtisse coloniale au charme discret. Je sonne et quelques minutes après, un homme d’âge mûr, élégamment vêtu, ouvre. J’ai enfin devant moi le colonel Manuel Dos Santos, alias « Manecas », ancien commandant en chef de l’artillerie du Paigc, immense héros de la guerre de libération guinéo-capverdienne. Un destin peu commun que celui de ce natif de l’île de Sal, au Cap-Vert.
Lorsque Amilcar Cabral, ancien étudiant en agronomie de l’université de Lisbonne, décide de lancer la guerre de libération contre les Portugais qui occupent ce petit pays d’Afrique de l’Ouest après une campagne de « pacification » particulièrement sanglante, Manuel Dos Santos fait partie des premiers à répondre à l’appel du Paigc.
Le jeune combattant dégingandé aux allures de « barbudo » cubain qu’on voit derrière Cabral en tournée dans le maquis sur l’une des photos les plus iconiques de la guerre de libération, se fait remarquer par sa vive intelligence. Pendant qu’une guerre sans merci oppose les guérilleros africains aux soudards portugais du général Spinola, Cabral décide, dans le plus grand secret, d’envoyer Manecas et une vingtaine de jeunes membres du Paigc,triés sur le volet, en Union soviétique suivre une formation en artillerie.
Puis, le jeune homme et quelques uns de ses compagnons font cap à Cuba où Castro, qui a donné le ton aux autres mouvements de libération du Tiers-monde depuis sa victoire contre le dictateur Fulgencio Batista, ne ménage aucun effort pour appuyer le combat du petit poucet ouest-africain contre l’ogre portugais.
A la Havane, Manecas et ses gars prennent livraison d’un « colis » qui va se révéler fatal contre les Portugais
Mises sous pression à l’époque par les troupes du Paigc, les troupes portugaises n’osaient plus se déplacer hors de leurs places fortes de puis un bon moment. Mais les colons conservaient un net avantage sur les hommes de Cabral : la supériorité aérienne. Elle prit dramatiquement fin le jour où, coup sur coup, quatre avions furent abattus avec une précision démoniaque, semant la panique et la consternation au sein de l’Etat-major portugais.
Les auteurs de ce carnage n’étaient personne d’autre que Manecas et ses hommes qui venaient d’utiliser pour la première fois leur botte secrète : des missiles Sam 7, les fameux Strela.
Mais la perte qui scella en partie le sort de cette guerre implacable fut celle de l’avion du lieutenant-colonel Jose Fernando Almeida Brito, commandant en chef de l’aviation portugaise à Bissau, abattu en plein vol par un autre tir de missile Sam 7 le 08 mars 1973 effectué par le jeune Fodé Gassama, un des membres de l’équipe de Manecas.
Immédiatement, les officiers supérieurs portugais à Bissau en tirèrent une conclusion définitive : la guerre était irrémédiablement perdue. Mieux, enhardi par ce succès, Bernardo Joao Viera, dit « Nino », le plus féroce des commandants du Paigc, allait lancer l’offensive finale de Guileje qui allait mettre en déroute les troupes coloniales. Parmi les officiers portugais humiliés à Bissau, on trouvera bon nombre d’acteurs de la « révolution des œillets » qui renversera Salazar en 1974.
« Incontestablement, cet épisode a été le détonateur du coup d’Etat contre Salazar », consent à lâcher Manecas, dans un français parfait, entre deux bouffées de cigare Havana, un sourire énigmatique aux lèvres .
Après l’indépendance, Manecas va s’illustrer dans d’autres théâtres d’opération. En compagnie d’autres soldats bissau-guinéens, il va exporter sa « science» chez un autre « pays frère», lui aussi en proie à une lutte de libération contre le même colon portugais : l’Angola. Sur cet épisode très peu connu des historiens, Manecas est un peu surpris quand je lui en parle. La séquence devait à ses yeux rester confidentielle entre vétérans ayant pris part à cette guerre semi-clandestine. Il ne lâchera donc presque rien, se contentant de dire sobrement: «Oui, j’y étais mais je n’ai fait que mon devoir ». Ayant gardé un goût prononcé pour le secret, malgré plusieurs relances, il ne livrera aucun détail sur cet engagement peu ordinaire.
De retour au pays, Manecas aura une riche carrière ministérielle et sera l’un des rares capverdiens d’origine à échapper à la purge opérée par Nino Viera lors du coup d’Etat ayant renversé le métis Luis Cabral, demi-frère d’Amilcar. La trajectoire compliquée de l’ancienne colonie portugaise, rythmée de coups d’Etat sanglants, de narcotrafic, de contrebande d’armes, aboutira à une guerre civile aux allures de règlements de compte entre anciens maquisards. C’était suite à la mutinerie déclenchée par Ansumane « Brik Brak » Mané, autre icône de la guerre de libération, contre son ancien ami et mentor Nino Viera. « Tout cela, ce sont les conséquences de la colonisation portugaise, l’une des plus dures que l’Afrique ait connues. Les Portugais ont tout fait pour maintenir les Bissau-guinéens dans l’ignorance en formant volontairement très peu de cadres. Par exemple, à la fin de la guerre, quand j’ai été nommé ministre, j’ai trouvé que j’étais à peu près le seul qui avait fait des études de tout le ministère ».
En le quittant, Manuel Dos Santos allait me faire une surprise de taille en m’offrant un cadeau hors de prix : plus de 700 photos, dont la plupart inédites, prises par une journaliste qui avait suivi Cabral pendant des semaines dans le maquis.
NICOLAS JACKSON, ILIMANE ET HABIB DIALLO MARQUENT DE RETOUR EN CLUB, JAKOBS RECHUTE
Après la trêve internationale d’octobre conclue par une qualification à la Coupe d’Afrique des nations (CAN), les attaquants sénégalais sont revenus en forme en club.
Après la trêve internationale d’octobre conclue par une qualification à la Coupe d’Afrique des nations (CAN), les attaquants sénégalais sont revenus en forme en club. Après avoir marqué son premier but en sélection lors de l’écrasant succès contre le Malawi, Nicolas Jackson a mis son cinquième but ce samedi. Ilimane Ndiaye, et Habib Diallo ont également été buteurs. Tout comme le nouveau jeune strasbourgeois Pape Daouda Diong qui, pour ses premiers débuts dans le football professionnel, a ouvert son compteur but. Les nouvelles sont moins bonnes pour leur compère Ismaïl Jakobs qui a rechuté avec la blessure contractée hier, dimanche avec son club de Galatasaray.
Après avoir ouvert son compteur but en sélection et en poche une qualification à la CAN, Nicolas Jackson a marqué son retour avec son club de Chelsea FC. Lors du duel perdu samedi en Premier League face à Liverpool (2-1), l’attaquant des Lions, lancé en profondeur à la limite du hors-jeu, a réussi à égaliser pour son équipe. Nicolas Jackson marque Son cinquième but de la saison.
Iliman Ndiaye a également fait un retour gagnant avec les Toffees d’Everton. En déplacement ce samedi sur la pelouse d’Ipswich Town, l’attaquant des Lions a mis son équipe sur la voie dés la 17e minute avec une frappe enroulée du pied droit. Avec ce succès (2-0), le club du duo Idrissa Gana Guèye et Ilimane a pu rester sur une série de quatre matchs sans défaite.
En Saudi Pro League, Habib Diallo y est également allé d’un précieux but pour son équipe de Damac FC lors du match nul concédé contre Al-Taawoun (2- 2). Aphone depuis quelques temps aussi bien en club qu’avec les Lions, l’attaquant sénégalais s’offre son deuxième but de la saison.
En Ligue 1 française, l’une des bonnes nouvelles est venue du match ayant opposé le Paris Saint-Germain à Strasbourg (4- 2). L’ancien attaquant des Lionceaux, enrôlé cette saison par le club strasbourgeois Pape Daouda Diong a inscrit son premier but en professionnel. Servi par l’attaquant franco-sénégalais Sékou Mara, auteur du premier but alsacien, le milieu de terrain sénégalais a marqué dans les arrêts de jeu le deuxième but alors qu’il venait de faire son entrée sur la pelouse. Remis pour des soins à la disposition de son club par la Fédération sénégalaise de Football (FSF), à la veille de la seconde confrontation contre le Malawi , Ismail Jakobs a fait une rechute. Le défenseur a, contre tout attente, rechaussé les crampons pour le déplacement ce samedi 19 octobre de Galatasaray sur la pelouse d’Antalyaspor. Mais le latéral gauche des Lions a finalement été contraint de sortir pour blessure. Le coach de Galatasaray a indiqué que Jakobs passera des tests hier, dimanche pour déterminer l’étendue de sa blessure.
CARTON DU DSC, US GOREE, TEUNGUETH ET JARAAF ASSURENT D’ENTREE
Le championnat de Ligue 1 a démarré ce week-end au galop. Lancé ce samedi avec trois matchs en ouverture, la première journée annonce de beaux duels pour la suite du marathon. Seize équipes se sont lancées dans la course pour la succession de Teungueth Fc
La Ligue 1 a lancé ce samedi a course pour le titre de champion de la saison 2024-2025. Auteur du premier carton de la journée à la suite d’un carton face à l’As Pikine (4-1), les Académiciens Dakar sacré cœur lancent idéalement la course à la succession de Teungueth FC, le tenant du titre Rufisquois. Le Jaraaf ou encore l’Us Gorée ont également engagé le marathon sous de bonnes bases avec de probants succès enregistrés hier, dimanche 20 octobre au bout des huit rencontres de la première journée.
Le championnat de Ligue 1 a démarré ce week-end au galop. Lancé ce samedi avec trois matchs en ouverture, la première journée annonce de beaux duels pour la suite du marathon. Seize équipes se sont lancées dans la course pour la succession de Teungueth Fc. Les trois matchs programmés ce samedi en ouverture, ont d’entrée été prolifique puisque douze buts ont été enregistrés. Champion en titre, Teungueth FC a débuté la compétition par une premier succès (2-1) arraché en fin de rencontre contre face à l’ASC HLM de Dakar. Au même moment, Dakar Sacré cœur engrangeait ses trois premiers points en s’offrant un festival offensif face à l’As Pikine (4-1).
Ce carton de la journée permet aux Académiciens de prendre d’emblée la tête du classement. A la réception du promu Oslo FA de Grand-Yoff, l’US Gorée a lancé sa saison samedi en s’imposant largement (3-1).
Considérée comme le premier grand choc de la journée, la rencontre Jaraaf- Génération Foot disputée hier, dimanche au stade Municipal de Ngor a tenu ses promesses. Surpris dés la 10e minute par un but du Grenat Cheikh Tidiane Camara, les « Vert et Blanc » ont su rehausser le ton pour arracher l’égalisation grâce à Ada Wade (30e). Les coéquipiers du gardien Cheikh Lô Ndoye vont finalement avoir le dernier mot en s’imposant (2-1) grâce à un 2e but de Souleymane Dione. Au stade Ngalandou Diouf, le promu Ajel de Rufisque a réussi ses débuts dans l’élite en remportant par la plus petite marque (1-0) le derby des promus qui l’a opposé à domicile aux Thièssois de Wallydan.
Au stade Amadou Barry, Guédiawaye FC, de son côté, a été contraint à un match nul contre l’US Ouakam (1-1). Ayant domicilié, jusqu’à nouvel ordre, ses matches à Dakar, en raison de la réfection du stade Aline Sitoé Diatta, le Casa Sports s’est contenté du point du match nul (0-0) lors du premier duel livré au stade municipal de Yoff face à la Sonacos de Diourbel.
Contrainte comme les Ziguinchorois à quitter leur base pour impraticabilité du stade Mawade Wade, la Linguère de Saint Louis a reçu hier, dimanche le Jamono de Fatick au stade municipal de SaintLouis. Au bout le partage de points (1-1) après une égalisation aux arrêts de jeu des Fatickois.
RÉSULTATS DE LA 1ÈRE JOURNEE
US Gorée Oslo FA (3-1)
Dakar Sacré Cœur AS Pikine (4-1)
Teungueth FC HLM Dakar ( 2-1)
Ajel de Rufisque Waalydan (1-0)
Jaraaf Génération Foot (2-1)
Casa Sports Sonacos (0-0)
Guédiawaye FC US Ouakam (1-1)
Linguère Jamono Fatick (1-1)
UNE SAISON MARQUEE PAR LES DIFFICULTES
Dans les localités de Sangalkam et Noflaye, connues pour leur potentiel maraîcher, l’hivernage 2024 est particulièrement difficile. Actuellement, seuls 10 % des producteurs s’engagent dans les activités agricoles, confrontés qu’ils sont à des défits
Dans les localités de Sangalkam et Noflaye, connues pour leur potentiel maraîcher, l’hivernage 2024 est particulièrement difficile. Actuellement, seuls 10 % des producteurs s’engagent dans les activités agricoles, confrontés qu’ils sont à une multitude de défis. Les sols sont lessivés, les fortes précipitations ont ravagé les cultures et la canicule a exacerbé la situation. Qui plus est, la superficie des exploitations a considérablement diminué, entraînant une baisse de production et une flambée des prix des légumes sur le marché.
Les champs, en grande partie laissés à l'abandon, présentent un spectacle désolant : les herbes envahissent les parcelles, et les stigmates des inondations passées sont encore visibles. La famille Senghor, par exemple, voit son exploitation d’un hectare sinistrée, certaines zones étant submergées par les eaux de pluie, rendant impossible la culture de l'oignon, des gombos ou des pommes de terre. Les animaux errants aggravent la situation, avec des vaches qui pénètrent dans les champs à la recherche de nourriture, comme le déplore Mansour Diouf, agent de santé à Sangalkam.
Malgré ces conditions difficiles, certains producteurs comme Habib Diao de Noflaye gardent espoir. Cultivant sur des terres appartenant à la famille Senghor, il se bat pour maintenir ses plants d’oignon. Cependant, il évoque des défis financiers : « Les semences, les herbicides et les engrais coûtent cher».
Les tiges d'oignon jaunissent sous l'effet du soleil et des pluies, mais Diao reste optimiste : « Inchallah, avec l’aide de Dieu, mes plants retrouveront leur cycle normal»
La question de l'approvisionnement en intrants agricoles se pose également avec acuité. Le président de la Fédération des Producteurs Maraîchers des Niayes, Ibrahima Mbengue, souligne que l'hivernage amène une pause dans les activités agricoles : « Sur 2 700 membres de notre fédération, seuls 10 % sont actifs. Les surfaces cultivées sont en baisse par rapport aux années précédentes». Les coûts de l'eau et des intrants comme l'électricité pour le matériel d'irrigation, alourdissent le fardeau des producteurs.
LES INITIATIVES DES FEMMES MARAÎCHÈRES
Dans ce contexte difficile, le Groupement d’intérêt économique (GIE) des femmes de Sangalkam s’illustre par son engagement dans la culture des choux. Elles ont même recruté un ouvrier agricole pour faire face aux défis d'entretien constant durant cette saison pluvieuse. Leur puits et leur bassin, bien qu'ils posent des risques de contamination, permettent de continuer leur activité, mais les sols, peu fertiles, compliquent encore la situation. Malgré la multitude de difficultés –des aléas climatiques aux défis économiques et au manque de terres– certains producteurs croient encore en un avenir meilleur. « Pendant la saison sèche, nous pouvons produire jusqu'à 90 sacs de 25 kg de semences de pomme de terre, générant des rendements intéressants », souligne un technicien agricole.
Le maraîchage dans les Niayes fait en vérité face à une période d'incertitude, mais la résilience des producteurs et les initiatives communautaires offrent une lueur d'espoir. « Les solutions passent par un soutien accru, tant sur le plan financier que technique, pour aider les maraîchers à surmonter ces défis et garantir la sécurité alimentaire dans la région », a tenu à relever le technicien agricole.
LE DIRECTEUR GENERAL DU TRESOR SE DEDOUANE
Le Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor, M. Cheikh Tidiane Diop, a fermement rejeté toute implication dans la falsification annoncée des chiffres budgétaires mise en évidence par l'Inspection Générale des Finances (IGF) de 2019-2023
Le Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor, M. Cheikh Tidiane Diop, a fermement rejeté toute implication dans la falsification annoncée des chiffres budgétaires mise en évidence par l'Inspection Générale des Finances (IGF) pour la période allant de 2019 à 2023. Il s’est exprimé à ce sujet samedi dernier, à Dakar, lors de l'Assemblée générale à mi-parcours du Syndicat Unique des Travailleurs du Trésor (SUTT).
Présidant cette Assemblée générale, M. Cheikh Tidiane Diop, en réponse à une question, a affirmé sans équivoque que l'administration du Trésor constitue une « institution républicaine, qui a toujours œuvré dans le strict respect des lois et règlements en vigueur. Avec le temps, il apparaîtra clairement qui a agi de manière conforme et qui a manqué à ses obligations. » Se voulant rassurant, il a ajouté : « En ma qualité de Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor, je dirige avec rigueur une administration républicaine et citoyenne, qui s'est toujours distinguée par son engagement au service du public, dans le plus strict respect des textes législatifs et réglementaires. »
S'agissant des revendications exprimées par le Syndicat Unique des Travailleurs du Trésor (SUTT), M. Cheikh Tidiane Diop a salué les acquis significatifs obtenus à mi-parcours. Évoquant ces réalisations, il a souligné l'amélioration des conditions de travail et de vie des employés. Il a par ailleurs précisé qu'il attendait les propositions issues des discussions et a affirmé que celles relevant de sa compétence seraient mises en œuvre en concertation avec le bureau syndical, tandis que celles incombant au Ministre des Finances seraient portées à son attention.
Le Secrétaire général du SUTT, M. El Hadji Dioumorou Dia, a rappelé qu’au 1er mai 2023, les travailleurs avaient fixé plusieurs objectifs, parmi lesquels figurait la validation de textes en attente au ministère des Finances et à l'Administration du Trésor depuis une décennie. Aujourd'hui, le syndicat a obtenu la signature de l'ensemble de ces textes relatifs aux différents aspects des conditions de travail et de rémunération. « C'est un acquis indéniable et une victoire pour tous nos collègues, » a-t-il déclaré.
La carte du Trésor a également été étendue grâce à la transformation des perceptions à vocation régionale en TPR (Trésoreries principales régionales). Cette revendication ancienne du syndicat a finalement été satisfaite. « Désormais, nous comptons de nouvelles TPR à Sédhiou, Kaffrine, Diourbel, Matam et Kédougou, en plus des perceptions de Keur Massar et Koungheul. C'est une avancée considérable pour la couverture nationale du Trésor», s'est réjoui M. El Hadji Dioumorou Dia.
Il a ajouté que des améliorations notables ont été apportées aux conditions de travail et aux dotations, notamment par la rénovation et la création de nouveaux postes de comptables à Saint-Louis. Selon M. Dia, le Trésor entame une nouvelle phase de son développement, marquée par des réformes encore en cours, notamment sur les plans comptable et organisationnel. Il a exprimé le souhait de voir ces réformes finalisées, en évoquant la nécessité de procéder à des réorganisations au sein de certaines directions administratives afin d'adapter leurs appellations et compétences aux nouvelles directives de l'UEMOA, dans un souci d'harmonisation internationale. En outre, il a souligné la nécessité de modifier la loi de finances et le règlement général sur la comptabilité publique. Le plan de carrière des employés constitue également une priorité pour le syndicat. « Nous souhaitons de surcroît obtenir un siège pour la direction des comptabilités publiques et du Trésor. Ce sont là d'autres revendications du syndicat, » a conclu le Secrétaire général Dia.
Par Hamidou SALL
DE LA CIVILITÉ
On peut s’opposer à un président de la République, on peut le combattre mais on ne l’insulte pas, on ne l’agresse pas. Peu importe son nom. Qu’il s’appelle Senghor, Diouf, Wade ou Macky
Les principes, et de l’impérieuse nécessité de les défendre, sont la seule justification de cette prise de position. La civilité c’est le respect d’autrui par la politesse et la courtoisie, le refus de la grossièreté, l’observation des règles du savoir-vivre régissant la vie en société.
A l’heure où se construit un ordre aux dimensions d’un monde nouveau, donner à notre pays l’instrument indispensable de sa conscience nationale passe d’abord et avant tout par la consolidation de ce que le premier président de la République du Sénégal a si justement nommé l’accord conciliant. A lui tout seul, ce magnifique concept a toujours résumé un art de vivre bien sénégalais basé sur la culture d’un merveilleux lien social tout tourné vers la recherche et la consolidation de ce qui unit. Il est une voie royale pour aller à l’essentiel, à savoir la construction continue d’un Sénégal de concorde et de fraternité !
Nous sommes à quelques jours de l’ouverture d’une campagne électorale qui nous conduira vers des législatives anticipées. Cette campagne et ce scrutin sont, faut-il le rappeler, un rendezvous citoyen et républicain pour une confrontation d’idées et de programmes et non un temps de déchirure et de conflits entre enfants d’un même pays qui, après moult récentes convulsions dont il n’est pas familier, a, plus que jamais, besoin de se retrouver uni dans sa diversité certes mais comme un seul peuple sans couture, tel que proclamé dans son chant national.
Mais pourquoi en venir à rappeler une telle évidence ?
Sonner le rappel car il est bon de se souvenir, nous recommandent les Écritures. Évoquer le passé peut aider à corriger le présent et mieux préparer l’avenir.
Aussi, voudrais-je ouvrir mon propos par le rappel d’un geste qui est un exemple achevé de posture citoyenne et d’élégance hautement républicaine.
Un soir, il y a bien longtemps, sur le tarmac de l’aéroport international de Dakar-Yoff – qui ne s’appelait pas encore Léopold Sédar Senghor – un avion est prêt à décoller. Les membres de l’équipage attendent un officiel légèrement en retard. Il est enfin à bord et s’installe sur son siège. On lui signale la présence à bord de Léopold Sédar Senghor, ancien président de la République, installé avec son épouse, un peu plus à l’avant de l’appareil. Il hocha la tête et continua à ranger ses affaires et à s’installer. On fit la même démarche auprès du président Senghor qui détacha aussitôt sa ceinture, se leva en disant qu’il ne pouvait manquer au devoir d’honorer une autorité de son pays présente dans l’avion. Il vint au ministre, qui fut un farouche opposant sous son magistère, le salua respectueusement, échangea un peu avec lui sur l’importance stratégique de sa sphère de responsabilité dans la construction du pays avant de s’en retourner rejoindre son épouse.
Roulage, décollage et le vol Air France mit le cap sur Paris. A son arrivée dans la capitale française, il me raconta la scène.
Si je rapporte cette anecdote en ces lignes, c’est pour dire combien je suis meurtri par ce qui s’est passé à Casablanca à bord d’un vol Royal Air Maroc à destination de Paris. En effet, il y a quelques jours, en terre étrangère, dans l’espace étroit d’un avion, une de nos compatriotes a agressé un de nos compatriotes. L’homme agressé en public a été douze années durant le président de la République du Sénégal et à ce titre père de la nation sénégalaise, selon la formule consacrée. Et tout à son honneur, lorsque les agents de la sécurité royale lui ont demandé s’il voulait porter plainte, il a décliné en disant qu’il ne pouvait pas le faire contre sa compatriote.
Peu importe son nom. Qu’il s’appelle Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade ou Macky Sall, le fait est qu’il a été le président de la République du Sénégal. On peut s’opposer à un président de la République, on peut le combattre mais on ne l’insulte pas, on ne l’agresse pas. Pour notre mémoire nationale et pour notre dignité collective, on n’insulte pas un homme qui fut père de la Nation.
Proclamer à haute voix que trop c’est trop et qu’il est urgent de revenir à la raison et aux fondamentaux car il est plus tard qu’on ne le croit. Mais en ces heures mornes et maussades d’un monde qui se meurt faute de garder un sens élevé des valeurs fondatrices de notre humanité, il est malheureusement certaines personnes pour qui trop n’est jamais assez.
Les maniaques de l’anathème, ceux qui n’ont que l’injure à la bouche ou les thuriféraires stipendiés pourront toujours s’en donner à cœur joie mais cela ne changera en rien ma profonde conviction qu’un pays se construit par addition et non en dressant des Sénégalais contre des Sénégalais dans des débats aporétiques. Le débat contradictoire sain et serein est absolument nécessaire pour la consolidation de notre démocratie et pour notre marche vers des lendemains adultes, mais il est impératif de respecter certaines règles de vie en société qui relèvent tout simplement du civisme le plus élémentaire.
Suite à cette affaire, notre représentation diplomatique au Maroc, sur instruction du ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, a publié un communiqué. Il faut certes aider, assister et protéger nos compatriotes à l’étranger mais il est impératif de leur rappeler leurs devoirs et obligations. Ne pas le faire, surtout dans pareil cas, serait apporter un encouragement à l’incivisme et une prime à l’incivilité. Et d’ailleurs cette assistance juridique ne peut être enclenchée que dans le cas où un national est en difficulté avec une personne physique ou morale étrangère. C’est à cette seule condition que la diplomatie peut activer tous ses leviers pour apporter une assistance juridique. Ici on est bien loin de ce cas de figure puisqu’il s’agit de deux nationaux. Donc pourquoi l’un au détriment de l’autre ?
Et d’ailleurs comment ne pas penser, en cette circonstance, à l’âge d’or de notre diplomatie quand cette dernière avait donné à la voix de notre petit pays sans grandes ressources un écho planétaire, allant jusqu’à être une vivante leçon pour l’Afrique et le monde ? Aucun secret, le Président Senghor et tous ceux qui, à ses côtés, avec lui et après lui, ont porté et incarné cette voix, avec élégance et raffinement, avaient tout simplement compris que la diplomatie est un art et qu’elle est aussi par excellence le siège de la retenue et de la litote. Elle a toujours été un espace de visibilité, d’audibilité et de crédibilité de notre pays.
Pour le bien de ce Sénégal si cher à nos cœurs et pour son avenir que nous voulons pacifique, lumineux et prospère dans la sacro-sainte culture d’un commun vouloir de vie commune, nous devons tous ensemble nous dresser contre le vulgaire et nous battre pour que l’adversité politique n’en vienne jamais à nous faire oublier que le civisme est d’abord le respect de soi, ensuite celui des autres et enfin l’acceptation de la différence. C’est cela la civilité. L’orgueil d’être différents et le bonheur d’être ensemble, c’est encore du Senghor.
Un jour viendra, Bassirou Diomaye Faye sera ancien président de la République du Sénégal et vaquera fort utilement à ses occupations personnelles et ne manquera certainement pas de mettre son expérience au service de son pays et de son continent. Et s’il advenait – à Dieu ne plaise – qu’il soit agressé comme son prédécesseur, c’est avec force et rage, avec une indignation décuplée, que je me dresserai car cela voudra dire, tout simplement et malheureusement, que le message n’est pas passée et la leçon pas retenue. Je ne renoncerai jamais à me battre pour soutenir tout ce qui m’apparaît comme porteur d’espoir.
Hamidou Sall est ancien fonctionnaire international, écrivain.
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