SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
17 novembre 2024
LA MORT, ULTIME TABOU DU POUVOIR EN AFRIQUE
À travers l'exemple de Paul Biya et d'autres chefs d'État, François Soudan explore, dans un éditorial percutant, les conséquences dévastatrices du déni face à la mort pour la stabilité des nations
(SenePlus) - Dans un éditorial percutant publié dans Jeune Afrique (JA), François Soudan, patron de la rédaction, aborde un sujet sensible : la nécessité pour les dirigeants africains de longue date d'accepter leur finitude et de préparer leur succession. L'article prend comme point de départ une fausse annonce du décès du président camerounais Paul Biya, âgé de 91 ans, pour explorer les enjeux liés à la santé et à la mortalité des chefs d'État africains.
Soudan rappelle que la dissimulation de l'état de santé des dirigeants n'est pas l'apanage de l'Afrique. Il cite des exemples historiques tels que Georges Pompidou, Léonid Brejnev et Mao Zedong, dont les maladies ont été cachées au public. Cependant, il souligne que cette pratique est particulièrement problématique dans des pays où la stabilité politique dépend largement de la personne au pouvoir.
L'éditorialiste met en lumière le contraste entre cette tradition de déni et l'obligation de transparence qui devrait prévaloir. Il salue les initiatives de certains dirigeants, comme le président béninois Patrice Talon et le roi Mohammed VI du Maroc, qui ont choisi de communiquer ouvertement sur leurs problèmes de santé.
Selon Soudan, la réticence des chefs d'État africains à considérer leur propre mort s'enracine dans des croyances culturelles profondes. Il s'appuie sur les travaux de l'anthropologue Louis-Vincent Thomas pour expliquer que, paradoxalement, bien que les Africains soient généralement mieux préparés à affronter la mort que les Occidentaux, leurs dirigeants semblent particulièrement angoissés par cette perspective.
L'article explore la notion de "bonne" et de "mauvaise" mort dans l'idéologie funéraire africaine. Une bonne mort implique de mourir sur ses terres, après avoir mis ses affaires en ordre et préparé sa succession. En revanche, mourir loin de chez soi, dans un hôpital étranger, est considéré comme une mauvaise mort, porteuse de stigmates néfastes pour la collectivité.
François Soudan insiste sur l'importance d'une "mort maîtrisée" pour les dirigeants africains. Il soutient qu'une transition du pouvoir bien préparé est essentielle pour maintenir la paix civile et éviter le chaos. L'éditorialiste met en garde contre les conséquences désastreuses d'un refus de planifier sa succession, et compare cette attitude à un "lent naufrage" qui entraînera inévitablement les proches et les affidés du dirigeant.
L'article se termine sur une note solennelle, évoquant l'incertitude et l'angoisse ressenties par les Camerounais lors de la fausse annonce du décès de Paul Biya. Soudan conclut en appelant les chefs d'État à faire preuve de responsabilité en préparant leur succession de leur vivant, affirmant qu'un "chef digne du rang ne saurait entraîner les siens" dans l'inconnu de sa mort.
À travers cet éditorial, François Soudan lance un appel pressant à la lucidité et à la responsabilité des dirigeants africains de longue date. Il les exhorte à briser le tabou de leur propre mortalité pour assurer une transition pacifique et ordonnée du pouvoir, dans l'intérêt de leurs nations et de leur héritage politique.
DIOMAYE ET SONKO, AMBASSADEURS D'UN NOUVEAU STYLE VESTIMENTAIRE
Le président et son Premier ministre ont fait du tradi-moderne leur signature vestimentaire, propulsant ce style au-devant de la scène nationale. Cette mode, qui réinvente les codes du boubou traditionnel, séduit bien au-delà des cercles du pouvoir
(SenePlus) - Selon un récent article du journal Le Monde, une révolution vestimentaire silencieuse s'ouvre au sommet de l'État. Le président Bassirou Diomaye Faye et le premier ministre Ousmane Sonko ont adopté un style qui fait sensation : le "tradi-moderne".
Cette tendance, qui gagne en popularité depuis une décennie, allie habilement l'élégance traditionnelle du boubou à des touches de modernité occidentale. "Le tradi-moderne emprunte au vestiaire classique pour le rendre plus urbain, plus adapté à la vie quotidienne que le boubou traditionnel", explique Ousseynou Owens Ndiaye, créateur de la marque Owens et tailleur d'Ousmane Sonko depuis 2016.
L'engouement pour ce style est tel que, comme le rapporte un jeune tailleur dakarois : "Maintenant, j'ai des clients qui viennent avec une photo du président et demander sa tenue". Le dessinateur Xalil Cissé observe que "les goûts des deux dirigeants politiques ressemblent à ce qui plaît aux jeunes".
Parmi les pièces emblématiques de cette garde-robe, on trouve le "demi-saison", une tunique à mi-chemin entre la chemise et le boubou traditionnel. Le Monde décrit : "La pièce typique, c'est le 'demi-saison', avec son col rond ou mao, une longueur un peu plus importante qu'une chemise et sa 'braguette', une rangée de boutons qui part du col et s'arrête à la poitrine."
Cette évolution reflète un changement plus profond dans la société sénégalaise. Un conseiller de l'actuel président confie au Monde : "Les nouveaux dirigeants, quadras, privilégient ces tenues où les dichotomies s'effacent entre Sénégalais et étranger, ancien et moderne. C'est ce qui s'est passé dans tous les foyers entre les pères et les fils."
Au-delà de la mode, ce phénomène s'inscrit dans une volonté de promouvoir le « Made in Sénégal ». Owens Ndiaye souligne : "L'idée centrale du tradi-moderne, c'est de privilégier un 'Made in Sénégal'. Les jeunes cherchent une sorte de fierté africaine par l'habillement."
Cependant, le défi reste de taille pour l'industrie textile locale. Comme le note Le Monde, "le narratif du 'Made in Sénégal' bute sur des réalités macroéconomiques : tous les tissus ou presque sont importés, de Turquie, d'Asie ou d'Europe."
Alors que le style tradi-moderne s'impose comme la nouvelle signature vestimentaire des dirigeants sénégalais, il incarne également les aspirations d'une jeunesse en quête d'identité et les défis économiques auxquels le pays fait face.
BOUGANE ACCUSÉ D'ENTRAVE AU CONVOI PRÉSIDENTIEL
D'après les autorités, l'opposant a ignoré les instructions des gendarmes lui demandant de marquer un arrêt momentané pour des raisons de sécurité. L'homme politique aurait re fusé, décidant de forcer le passage avec son cortège
(SenePlus) - Le Haut Commandement de la Gendarmerie nationale a levé le voile sur les circonstances de l'interpellation de Bougane Gueye Dany, survenue ce samedi 19 octobre 2024 près de Bakel.
Selon le communiqué officiel, l'incident a débuté vers 13h40 lorsque le cortège de l'opposant, composé de 13 véhicules et en provenance de Semme, a été arrêté au poste de gendarmerie de Bondji. Les forces de l'ordre lui auraient demandé de marquer un arrêt momentané pour des raisons de sécurité, afin de laisser passer le convoi du président de la République.
L'intéressé aurait catégoriquement refusé de se conformer aux instructions, décidant de forcer le passage et invitant le reste de son cortège à le suivre. Cette décision a conduit le commandant de la compagnie de gendarmerie de Bakel à faire intervenir un peloton de l'Escadron de Surveillance et d'Intervention (ESI) en renfort.
L'interception du convoi de Bougane Gueye s'est finalement produite au niveau du pont de Tourime, un village situé à 12 km de Bondji, sur la route de Bakel. Interpellé pour refuser d'obtempérer, Bougane Gueye a été immédiatement conduit auprès de l'officier de Police judiciaire compétent à la brigade de gendarmerie de Bakel.
Le communiqué précise que le procureur de la République près le Tribunal de Grande instance de Tambacounda a été informé de la situation.
TAKKU WALLU FULMINE
Face aux inondations qui frappent le pays, l'opposition dénonce l'inaction du gouvernement et sa répression des initiatives de solidarité. La coalition exige la libération de Bougane Gueye et appelle à la résistance
Dans le communiqué ci-dessous, Takku Wallu Sénégal dénonce à la fois l'incompétence du gouvernement face aux inondations meurtrières et sa répression brutale envers l'opposition. La coalition pointe l'arrestation de Bougane Gueye et les violences contre des opposants venus en aide aux sinistres.
"Au moment où notre pays est en proie à des inondations mortelles résultant de la crue du fleuve Sénégal, Ousmane Sonko et sa bande d’immatures organisent le meeting de la honte à ‘’Dakar Aréna’’, infrastructure qu’ils ont toujours tenté de caricaturer. Pourtant l’Anacim, depuis plusieurs mois, avait alerté mais ce régime incompétent a choisi délibérément d’abandonner les populations à leur sort.
Parallèlement des Sénégalais mus par le bien-être des populations sont auprès des sinistrés notamment les responsables locaux de Takku Wallu dans ces zones immergées.
Parmi ces dignes Sénégalais, se trouvent les membres de la coalition ‘’Sam Sa Kaddu’’ qui étaient en route pour rallier Bakel aux fins d’apporter leur soutien aux sinistrés. Malheureusement, le régime en place qui se distingue par ses dérives autoritaires et dictatoriales a utilisé la gendarmerie nationale pour bloquer, lâchement, à 12 kilomètres de Bakel, leur cortège. Les membres de la délégation ont été gravement brutalisés, particulièrement notre sœur Anta Babacar Ngom et notre frère Bougane Gueye arrêté sans aucun motif. Ces images qui sont en train de faire le tour du monde sont une balafre de plus à notre démocratie, à notre pays.
Il faut rappeler que ni le président Bougane Gueye, ni la coalition Sam sa Kaddu, opposition républicaine n’ont fait d’appel à l’insurrection ou d’appels à déloger le président de la République régulièrement élu.
La coalition Takku Wallu Senegal dénonce vigoureusement cet acte barbare qui dénote d’un recul démocratique notoire et d’une tentative délibérée de confiscation des libertés au Sénégal.
La coalition Takku Wallu Senegal exige la libération immédiate du président Bougane Guèye, investi sur la liste nationale de la coalition ‘’Sam Sa Kaddu’’. Elle appelle les Sénégalais à rester debout pour faire face à ces tentatives permanentes de musellement et de confiscation des droits constitutionnels de chaque Sénégalais d’aller et de venir, mais également leur droit de s’opposer. En effet, la Constitution en son article 58 « garantit aux partis politiques qui s’opposent à la politique du Gouvernement le droit de s’opposer ».
Vive le Sénégal
Vive la République
Vive l’Etat de droit."
VIDEO
FATOU DIOME, UNE VOIX POUR LA FRATERNITÉ UNIVERSELLE
Face au discours de l'extrême droite en France, l'écrivaine reste inflexible. "Les vrais Français, c'est nous", affirme-t-elle, rappelant que la citoyenneté ne se mesure pas à l'origine mais à l'adhésion aux valeurs républicaines
Dans un à TV5Monde, Fatou Diome, écrivaine franco-sénégalaise, partage sa vision d'un monde où la fraternité transcende les frontières et les origines. Récemment accueillie à l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, Diome a retracé son parcours depuis les rives du Sénégal jusqu'aux salons littéraires européens.
"Je suis une intersection", déclare-t-elle, soulignant l'importance du trait d'union dans son identité franco-sénégalaise. Elle puise sa force dans ses racines, évoquant avec émotion ses grands-parents qui l'ont élevé.
S'adressant à la jeunesse africaine, Diome lance un appel vibrant : "Instruisez-vous et donnez-vous le droit à vos rêves." Elle insiste sur l'importance de l'éducation comme outil d'émancipation et de progrès.
Face au discours de l'extrême droite en France, Diôme reste inflexible. "Les vrais Français, c'est nous", affirme-t-elle, rappelant que la citoyenneté ne se mesure pas à l'origine mais à l'adhésion aux valeurs républicaines.
"Nous allons nous aimer tous malgré eux et contre eux", déclare Diome, opposant à la rhétorique de la division un message d'unité et d'amour. Elle invite chacun à contribuer à une histoire commune, riche de diversité.
Fatou Diome conclut en réaffirmant son engagement : "Je suis encore dans un esprit d'étudiant. Le savoir n'est jamais acquis, il faut toujours continuer à le compléter."
INCIDENT DU VOL DELTA À L’AIBD, LES 213 PASSAGERS SONT SAINS ET SAUFS
Le pilote a pu immobilise l’avion en toute sécurité. Aussitôt après l’incident, l’ensemble des acteurs aéroportuaires se sont réunis autour du Secrétaire Général du ministère des Transports aériens pour évaluer la situation.
Ce matin, Emedia, annonçait en exclusivité un incident à l’AIBD. Dans un communiqué transmis, on apprend que : « Ce samedi 19 octobre 2024, aux environs de 11h30, un incident est survenu à l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) impliquant un Boeing 767 de la compagnie Delta Airlines à destination de New York. L’avion, en phase de décollage, a effectué une manœuvre d’accélération suivie d’un arrêt d’urgence en raison d’un incident technique. Le pilote a pu immobilise l’avion en toute sécurité. Aussitôt après l’incident, l’ensemble des acteurs aéroportuaires se sont réunis autour du Secrétaire Général du Ministère desInfrastructures et des Transports terrestres et aériens et de l’autorité de l’aviation civile pour évaluer la situation. Nous tenons à rassurer le public qu’aucun dommage corporel n’a été enregistré ».
Le document indique que : « les 213 passagers à bord sont tous sains et saufs. Ils ont été pris en charge et acheminés vers des hôtels de la place pour assurer leur confort. Leur départ pour New York est prévu pour demain, dimanche 20 octobre 2024, à 10heures. Par ailleurs, des instructions ont été données à l’ensemble des équipes techniques de l’aéroport afin d’assurer la continuité des opérations à l’AIBD en toute sécurité. L’ANACIM et le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) procéderont aux investigations approfondies afin de déterminer les causes exactes de cet incident. Le Ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens tient à souligner que toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour garantir la sécurité des passagers et la continuité des activités au niveau de l’aéroport ».
FLEUVE SÉNÉGAL, LES POPULATIONS INVITÉES À UNE VIGILANCE MAXIMALE FACE À L’ONDE DE CRUE
Une cellule de crise a été activée, et des mesures de sécurité sont recommandées face aux risques accrus d'inondations dans les prochains jours.
Matam, 19 oct (APS) – Le gouverneur de la région de Matam (nord), Saïd Dia, a appelé, samedi, les populations vivant le long du fleuve Sénégal à la ”vigilance maximale” en raison de prévisions faisant état de l’amplification de la crue du fleuve Sénégal.
”L’état actuel pourrait s’aggraver au cas où la situation météorologique serait favorable à de fortes pluies locales. A cet effet, une vigilance maximale est de mise et les populations sont appelées à se mettre à l’abri et à ne prendre aucun risque en mettant leur vie en danger”, écrit-il dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion de crise.
Le communiqué renseigne que la cellule de crise mise en place à cet effet a conclu que “l’onde de crue devrait transiter probablement à Matam, dans les prochaines heures, voire les prochains jours”.
Les dommages qui en résulteraient seraient fonction de l’ampleur de cette onde de crue, mais dépendent “aussi et surtout du niveau de vulnérabilité des personnes, des infrastructures et des systèmes de production, c’est à dire les périmètres agricoles”.
La côte d’alerte du fleuve Sénégal, de 8 mètres à Matam, est désormais largement dépassée et atteint près de 9 mètres actuellement.
En plus du débordement du fleuve Sénégal qui a causé des inondations, la situation de sinistre prévalant dans cette partie du Sénégal a été amplifiée par les lâchers d’eau venus du barrage de Manantali.
CONTRE LES INONDATIONS, DIOMAYE DÉPLOIE L'ARSENAL D'URGENCE
500 tonnes de vivres acheminées, un hôpital militaire déployé, et 1 million de litres d'eau potable distribués à Bakel témoignent de l'ampleur de la catastrophe. Le président, sur le terrain, incarne la détermination de l'État à surmonter la crise
(SenePlus) - Dans un communiqué officiel publié ce 19 octobre 2024, le gouvernement a détaillé la visite du président Bassirou Diomaye Faye à Bakel et les mesures d'urgence mises en place suite aux récentes inondations.
Le chef de l'État s'est rendu dans la localité pour témoigner sa solidarité aux populations touchées par les crues du fleuve Sénégal. Ces inondations, d'une ampleur considérable, ont affecté plus de 44 sites dans la région de Matam et 51 villages dans la région de Saint-Louis au 18 octobre 2024. Les départements de Tambacounda et de Bakel ont également été durement frappés.
Le bilan est lourd : 774 ménages (environ 55 600 personnes) directement touchés et 1 002 hectares de champs inondés. Les cultures les plus affectées sont le piment (49,19%), le riz (21,59%) et le maïs (10,56%).
Face à cette catastrophe, le gouvernement dit avoir débloqué 8 milliards de francs CFA pour financer les premières mesures d'urgence. Sous la coordination du ministre de l'Intérieur, plusieurs ministères et les autorités territoriales ont été mobilisés. Les forces armées et le CSAR ont acheminé 500 tonnes de vivres et divers produits de première nécessité aux sinistrés.
À Bakel, 150 tonnes de riz et 1 000 000 litres d'eau potable ont été distribués. Un hôpital militaire de niveau 1 a été déployé pour offrir des consultations médicales gratuites, tandis que des patrouilles de sécurité veillent sur les sites de relogement.
Au-delà de l'urgence, l'État prévoit la construction d'infrastructures résilientes, comme des digues de protection et des routes adaptées, pour prévenir de futures inondations. La reconstruction des ponts de Laly et de Niaoulène Tano est également en cours.
Le président Faye a appelé les populations à la résilience et à la solidarité. Le gouvernement assure rester pleinement mobilisé pour ajuster ses interventions en fonction des besoins émergents.
SEDIMA À LA CROISÉE DES CHEMINS
Le groupe fondé par Babacar Ngom serait en passe d'être cédé au géant américain Seaboard. Derrière ce mouvement stratégique se cachent des défis financiers et managériaux que l'entreprise peine à surmonter seule
(SenePlus) - Sedima, le fleuron national de l'aviculture et symbole de la réussite entrepreneuriale locale, serait sur le point de changer de mains. Selon les informations de Jeune Afrique (JA), le fondateur Babacar Ngom, figure emblématique du patronat sénégalais, envisagerait de céder le contrôle de son groupe au géant américain Seaboard, déjà bien implanté dans le pays à travers les Grands Moulins de Dakar (GMD).
Ce revirement stratégique marque un tournant décisif pour Sedima. JA rappelle que "jusqu'ici réticent à ouvrir le capital de son groupe, Babacar Ngom [...] a changé d'avis".
Le groupe Sedima, véritable success-story sénégalaise, a connu une croissance remarquable depuis sa création. JA rapporte que l'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 60 milliards de francs CFA en 2022 (plus de 90 millions d'euros) et vise les 100 milliards en 2025. Sedima n'est pas seulement un acteur majeur de l'aviculture au Sénégal, mais s'est également diversifié dans l'alimentation animale, la minoterie et la restauration, notamment via la franchise KFC.
Cependant, derrière cette façade de succès, JA révèle que le groupe traverse une période délicate. Un financier familier du dossier, cité par le magazine, déclare : "Ce n'est pas dit mais c'est un secret de polichinelle : la société ne va pas bien, comme en témoignent les récurrents retards de paiement aux fournisseurs et les ruptures de stocks constatées ces derniers temps". Cette situation préoccupante serait le résultat d'une conjonction de facteurs.
D'une part, la guerre en Ukraine a engendré une flambée du prix des matières premières, en particulier le blé, céréale cruciale pour le secteur avicole. Cette hausse a considérablement réduit les marges du groupe et pesé sur sa trésorerie. D'autre part, JA pointe du doigt une "diversification de ses activités mal maîtrisée, donc coûteuse". L'exemple emblématique cité est celui d'un investissement dans un abattoir ultramoderne mais surdimensionné, qui ne tourne qu'à faible capacité et grève les comptes de l'entreprise.
Le management du groupe est également remis en question. JA rapporte que de nombreux connaisseurs du secteur évoquent "la fragilité du management du groupe, pas à la hauteur de ses ambitions, alors même que Sedima fait face à une concurrence croissante sur l'ensemble de ses activités". Un concurrent, actif dans la production de poussins, observe : "La société a tout ce qu'il faut, notamment l'outil industriel, pour être numéro un sur tous les créneaux. Or ce n'est pas le cas aujourd'hui".
La question de la succession à la tête de Sedima ajoute une couche de complexité à la situation. JA rappelle que Babacar Ngom avait passé la main dès 2016 à l'une de ses filles, Anta Babacar Ngom Diack. Cependant, cette dernière s'est lancée dans la course à la dernière élection présidentielle fin 2023, laissant les commandes du groupe à une cadre de longue date, Seynabou Seck. Ce dispositif, selon des observateurs cités par JA, "ne suffit pas à relever les défis auxquels est confronté le fleuron sénégalais".
La possible cession de Sedima à Seaboard soulève des questions cruciales sur la souveraineté économique du Sénégal. JA souligne que "dans un pays où l'on compte peu de champions locaux, l'avenir d'un fleuron national, devenu un emblème du groupe familial ouest-africain à succès, intéresse bien au-delà de la sphère de sa famille fondatrice". Le magazine rappelle que des échos dans la presse sénégalaise sur la vente de Sedima à un acteur étranger avaient déjà fait grand bruit à Dakar en juillet dernier.
Malgré ces défis, Sedima maintient des ambitions de croissance ambitieuses, visant non seulement à atteindre les 100 milliards de francs CFA de chiffre d'affaires en 2025, mais aussi à se développer au Mali et au Congo. La cession à Seaboard, si elle se concrétise, pourrait ouvrir un nouveau chapitre pour cette entreprise emblématique du Sénégal et redéfinir son rôle dans le paysage économique ouest-africain.
JA précise que les négociations, menées sous couvert d'un accord de confidentialité, sont toujours en cours bien qu'en très bonne voie. L'issue de ces discussions sera scrutée de près, non seulement par les acteurs économiques, mais aussi par l'ensemble de la société sénégalaise, pour qui Sedima représente bien plus qu'une simple entreprise : un symbole de réussite nationale et un pilier de l'économie locale.
FILETS VERS LA DECHEANCE !
Jadis, la pêche artisanale nourrissait son monde. Il y a plus de deux décennies, le «Xeuth Mball» était une activité courante et lucrative à une époque où la mer était très poissonneuse.
Jadis, la pêche artisanale nourrissait son monde. Il y a plus de deux décennies, le «Xeuth Mball» était une activité courante et lucrative à une époque où la mer était très poissonneuse. Si l’activité persiste, les filets sont juste remplis de juvéniles, de déchets plastiques, et rarement d’espèces nobles. Bien qu’excédés par le pillage et les pollutions, les pauvres pêcheurs artisanaux tentent de survivre dans un secteur qui a tout perdu
«Yinti, yinti…» Cette petite chanson, entonnée par des tireurs de filets de pêche, est culte. Comme les paroles du chanteur Omar Pène, les non-initiés l’entendent, mais n’ont jamais réussi à l’assimiler et à la déchiffrer. Voilà plus de 25 ans que Issa, un gringalet aux cheveux blancs, participe aux séances de «Xeuth Mball» (tirer des filets de poissons) à Thiaroye sur mer pour trouver du poisson à quelques mètres de la plage. Lui et ses congénères font face aux mastodontes de la pêche industrielle, qui viennent exploiter les ressources halieutiques du pays. «Ce sont des criminels qui emportent illicitement dans leurs filets des milliers de tonnes de poissons. Nous n’avons plus rien ici», dit-il.
Au plus haut, le soleil irradie les bancs de sable de la plage léchée par des vagues successives. Si les océans font l’objet d’une exploitation intensive qui met en péril la reproduction de nombreuses espèces, les pêcheurs artisanaux dépouillent leurs filets presque pour rien. Entouré de jeunes enfants qui ont à peine 12 ou 10 ans et de gros gaillards habitués à cette corvée, Issa répète inlassablement les mots de la «chanson des mers». «On ne trouve rien», ajoute-t-il. Ils ont jeté leurs filets dans la nuit. Ils sont revenus au petit matin pour commencer le travail de remontée des filets attachés à une corde longue de centaines de mètres. Ils se relaient depuis plusieurs heures. 4 ou 5 h ? «Peut-être 3 ou 5 h, parce que la durée dépend du poids», précise Amath que l’on croise sur cette plage depuis plus de 20 ans.
Au bout d’intenses efforts, les deux groupes de tireurs, composés de plus d’une dizaine de personnes postées aux deux extrémités, ressortent leur filet géant. «Vous voyez, il n’y a rien», regrette Gorgui. A la remontée, il y a juste des juvéniles, et surtout des déchets plastiques et des cornes que la mer a engloutis. Mais, elle ne les avale jamais. «C’est une matinée perdue. Cette mer est devenue pauvre. Que faire ?», s’interroge Papis, habitué aussi à d’autres années fastes
Aujourd’hui, la corne d’abondance est vide. Ces périodes de jouissance et de fête sont révolues à Thiaroye sur mer. A Yarakh aussi ! Développée à un rythme frénétique dans les années 1990, cette pêche traditionnelle attirait les foules des quartiers situés à quelques kilomètres de la plage de Thiaroye sur mer. Les filets étaient remplis de poissons de toutes sortes. Les badauds et les sportifs donnaient un coup de main et repartaient avec du poisson frais. Nostalgique, Gorgui insiste sur l’indifférence des passants, qui les regardent parfois avec pitié. «Personne ne passait sans nous donner un coup de main parce que les gens étaient sûrs qu’ils allaient avoir du poisson. On ne ressort que des déchets plastiques. Cet appauvrissement de nos mers est violent. Les pêcheurs sont devenus si pauvres qu’ils tentent des voyages périlleux pour aller en Europe», dit-il. «Vous êtes un habitué de cette plage. Vous avez connu ces moments de fête, que ressentez-vous ?», interroge-t-il.
Il y a cette tristesse et cette impuissance qui accablent ces quinquas ou quadras accompagnés de leurs enfants qui regardent ce grand bleu gronder sans rien dans le ventre. Il y a surtout ces sportifs et jeunes désœuvrés qui profitent de son sable souillé pour mieux muscler leurs corps sous un soleil ardent
Au cours des semaines suivantes, on retrouve encore des hommes luisants de sueur qui tirent leur filet de pêche. Pendant toute la journée, les plages de sable blanc grouillent d’activités. Des enfants jouent au football sous l’œil d’un groupe de sportifs affalés à même le sable, alors que d’autres improvisent un match de lutte traditionnelle.
Les pêcheurs tirent leurs pirogues, puis déchargent leurs prises dans les mains des femmes, qui filent aussitôt en direction des marchés à ciel ouvert ou des usines de poisson et d’autres entreprises qui relâchent leurs effluents toxiques directement dans l’océan grâce à une canalisation enfouie sous une plage publique.
Bien sûr, la pollution est généralisée avec une mer couverte d’écume et d’espèces mortes qui sont venues s’échouer sur le rivage. Alors que l’odeur de poisson pourri s’incruste dans les vêtements des personnes qui fréquentent la plage de «Bluma». «Il n’y a plus rien ici», admet Malick, qui finit de remonter ses filets de pêche en compagnie de ses amis. Le constat est évidemment alarmant : ils ont ressorti des kilogrammes, peutêtre des tonnes de déchets plastiques, quelques gros poissons et de nombreux juvéniles. «C’est un désastre absolu. Les conséquences de la pêche intensive, la pollution, les rejets de déchets toxiques des entreprises et des usines ont complètement appauvri l’océan», tente-t-il d’expliquer.
Pendant 6 mois, on a assisté à plus d’une vingtaine de séances de pêche artisanale, le long de la plage de Thiaroye sur mer et de Yarakh, logée derrière la Route nationale. Sur la route crevassée qui mène au quai de pêche, les automobilistes doivent traverser un champ de nids-depoule au pas. Il faut déchirer un petit épais nuage de fumée issu des fours des transformatrices de poisson.
Pour les pêcheurs dont la plupart lancent leurs filets rafistolés à la main, leur quotidien est chamboulé. Chahuté ! C’est une métaphore pour décrire le drame en cours dans le système de la pêche artisanale. Près de l’entrée du quai de pêche, une dizaine de porteurs se hâtent de livrer leurs paniers remplis de poissons, avant de repartir vers la plage pour refaire le plein. L’air est vicié par l’odeur du poisson, frais ou pourri. Des essaims de mouches bourdonnent. Des chats se disputent les restes de poissons. Moussa est exaspéré par la situation. «C’est la crise», s’exclame-t-il.
Plus de 25 ans auparavant, raconte-t-il, les espèces nobles se pêchaient en grande quantité à Thiaroye et Yarakh, à quelques kilomètres de la berge. «A la fin de nos activités, on distribuait du poisson gratuitement. Maintenant, on ne trouve même pas de pélagiques», reconnaît-il. Les vagues s’écrasent à ses pieds, il jette un regard vers un horizon océanique qui se trouve à l’infini. Verbe désabusé, il n’esquisse aucun avenir certain : «Le poisson ne reviendra sans doute jamais. Comment vivre avec une mer sans poisson ?» Il se courbe pour ramasser ses tongs et hèle dans un geste brutal les gens qui l’accompagnaient. «Mettez le poisson dans vos paniers. On s’en va.»
Face à la raréfaction des ressources halieutiques, les nouvelles autorités tentent d’intensifier le contrôle des flottes qui exploitent les eaux sénégalaises. Ces dernières années, le Sénégal s’est doté de capacités techniques avec l’acquisition de patrouilleurs par la Marine nationale pour exercer son autorité en mer. Il manquait la volonté politique. Avec l’arrivée du nouveau régime, il y a eu le recensement des navires de pêche et leur publication pour tenter de rattraper une partie de l’immense retard en termes de surveillance maritime, par des contrôles, par l’utilisation d’images satellites pour repérer les activités suspectes et par un recours moins timide aux amendes.
Si ce pillage prend une forme légale avec les accords ouvrant les zones côtières aux navires des pays riches, auquel s’ajoute un pillage à grande échelle contre lequel la lutte semble inégale, il y a aussi les comportements des pêcheurs locaux qui ne respectent pas forcément les règles de pêche les plus élémentaires, avec l’utilisation de filets interdits ou la pêche des juvéniles. Pendant longtemps, tous les acteurs ont pêché à outrance pensant que les profondeurs océaniques n’allaient jamais s’épuiser. «Tout s’est enchaîné assez vite. Tout le monde a pillé, mais c’est minime comparé aux bateaux industriels», ajoute Gorgui.
Il y a la persistance de la surpêche et la pêche Inn auxquelles ont recours à la fois les bateaux industriels et les pêcheurs artisanaux. Avec l’apparition des usines de poisson et de farine et d’huile de poisson, les pauvres pêcheurs les revendent pour alimenter les chaudières de cette industrie en pleine croissance.
Aujourd’hui, les usines de transformation de poisson, bâties en un tour de main, disséminées un peu partout dans le pays, veulent tirer profit le plus vite possible de l’essor exponentiel du marché mondial des farines de poisson. Lamine dont le teeshirt est souillé de tripes de poisson, à côté de 10 autres camarades équipés de gants en caoutchouc jaunes, jette dans des bassines, maculées des débris de poissons écrasés sous les pieds des ouvriers, leurs prises du jour. «Je sais que ce n’est pas normal de pêcher les juvéniles, mais que faire ?», s’interroge-t-il. La plupart des prises sont vendues à ces usines de transformation. Lamine est exaspéré. «Ça n’a aucun sens, mais elles sont les seules acheteuses», s’exclame-til. Les violations des règles sont courantes, mais tout le monde trouve un alibi commode dans le manque de surveillance et l’absence de règles claires. Alors que les bancs de poissons disparaissent dans les eaux dakaroises.
Au pied du filet, une dispute éclate entre Gorgui et ses petits-enfants sur le partage des restes du poisson. Provocateur, il l’attise davantage : «Vous n’aurez rien.» Les «petits» grommèlent quelques mots pour afficher leur désaccord. «Allons, rentrons. On va braiser du poisson à la maison», détend-il ainsi l’atmosphère suffisamment polluée par la fumée issue des fours des transformatrices et des rejets chimiques des usines sur l’océan.