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29 novembre 2024
Éducation
UNE ÉCOLE, MILLE ATTENTES
Si l'année écoulée a connu une relative accalmie, les problèmes structurels de l'école sénégalaise demeurent. Grèves à répétition, infrastructures défaillantes, baisse des résultats.. Le tableau est sombre
Déficit d’enseignants, persistance des abris provisoires, grèves des syndicats d’enseignants : les maux gangrènent le système éducatif ces dernières années. Autant de difficultés qui font qu’aujourd’hui, les défis à relever restent nombreux dans le domaine de l’éducation. Une situation qui nécessite des remèdes de cheval pour rendre le système éducatif plus performant.
Dans moins de deux mois, les élèves vont reprendre le chemin de l’école pour l’année scolaire 2024-2025. Même si la précédente année scolaire a connu quelques remous tout au début à cause de la situation socio politique du pays, les derniers mois ont été relativement calmes et les examens de fin d’année se sont bien déroulés. Ce qui laisse penser à une prochaine année scolaire peut-être apaisée.
Cependant, il faut dire que ces dernières années, l’école sénégalaise a été minée par le virus des grèves cycliques. Entre débrayages, boycott des cours et évaluations, la crise est multiforme et a été surtout liée aux lenteurs administratives, à l’équité dans le traitement salarial, aux problèmes d’infrastructures scolaires et d’abris provisoires mais aussi au déficit d’enseignants. Ce qui avait fini par avoir des répercussions sur les volumes horaires d'enseignement et le taux de réussite aux examens. Pour l’année scolaire 2023-2024, le taux de réussite au baccalauréat est de 50,50%. Celui-ci connait ainsi une légère baisse par rapport à celui de 2023 qui était de 51,61% alors qu’en 2022, le taux de réussite au bac était de 51,99%. Quant au Brevet de fins d’études moyennes (Bfem) 2024, le taux de réussite est de 73,94% au niveau national alors qu’en 2023, il était de 76,3%, soit une baisse de 2,36%.
Ces maux qui gangrènent le système éducatif sénégalais depuis plusieurs années, nécessitent ainsi des remèdes de cheval pour rendre enfin le système performant ou dynamique. Depuis l’installation des nouvelles autorités, des mesures ont été annoncées dans ce sens. Il s’agit, par exemple, de l’évaluation du système éducatif dont « les programmes sont en inadéquation avec les réalités nationales, les enjeux du numérique et les besoins de l’économie nationale ».
L’amélioration de la qualité des enseignements tient également à cœur le nouveau gouvernement. L’introduction de l’anglais à l’école primaire fait également partie des chantiers du nouveau gouvernement. Dernièrement, les ministres en charge de l’Education nationale et de la Fonction publique ont décidé d’apurer toutes les instances administratives de décisions de nomination aux postes de responsabilité et d’arrêtés d’admission aux examens professionnels concernant des milliers d’enseignants, à travers la signature d’un partenariat. Ces mesures constituent des avancées significatives dans la régularisation des dossiers administratifs des enseignants et pourront contribuer à l’apaisement du système éducatif. Tout de même, on se rappelle de l’accord « historique » du 26 février 2022 entre les syndicats d’enseignants et l’ancien régime qui portait sur le relèvement de la rémunération des personnels de l’éducation et de la formation et sur la revalorisation du régime indemnitaire de fonctions dirigeantes et administratives qui avait permis de lever le mot d’ordre de grève après près de trois mois de perturbations. Mais l’accalmie dans le système éducatif n’aura été que de courte durée car les syndicalistes avaient accusé le gouvernement d’avoir violé le protocole d’accords. Reste maintenant à savoir si les diverses mesures prises par les nouvelles autorités pourront enfin avoir un effet sur le système éducatif.
par Pascal Bianchini
MOMAR COUMBA DIOP, LE MILITANT DU SAVOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - Le consensus ne peut que se faire autour de l’étendue et de la rigueur des études qu'il a coordonnées. Il demeurera comme un auteur éclectique et prolifique pour les sciences sociales au Sénégal
Le 7 juillet dernier, s’est éteint Momar Coumba Diop dans un hôpital parisien, des « suites d’une longue maladie ». Momar Coumba était né le 6 décembre 1950 à Ouarkhokh, dans le département de Linguère. Après avoir suivi des études primaires effectuées dans sa région d’origine, il a effectué ensuite sa scolarité secondaire au lycée Blaise Diagne. En 1971, ll s’est inscrit comme étudiant au département de philosophie à l’université de Dakar. Ayant obtenu sa maîtrise, il est parti en France, en 1976, à Lyon II pour s’inscrire en doctorat de troisième cycle. En 1980, il a soutenu sa thèse intitulée : La confrérie mouride : organisation politique et mode d’implantation urbaine. De retour au Sénégal, après un bref passage au Conseil économique et social, il est recruté en 1981 à l’Université de Dakar, comme enseignant de sociologie au sein du département de philosophie (Remarque : le département de sociologie fermé après 1968 n’a été ré-ouvert qu’à la fin des années 1980). Cependant, à la suite d’une opération chirurgicale très importante, il n’a pu continuer à faire cours et a été affecté à l’IFAN sur un poste de chercheur. En 2015, il est parti à la retraite, dans la plus grande discrétion.
En dépit d’une trajectoire de carrière qu’il faut bien qualifier d’ordinaire, Momar Coumba Diop demeurera comme un auteur éclectique et prolifique pour les sciences sociales au Sénégal. Il a su mettre le doigt sur des questions importantes, en apportant des matériaux empiriques solides tout en ayant lu et assimilé la littérature existante sur les sujets qu’il abordait.
Ainsi, avec sa thèse, il a été le premier à mettre en évidence la dynamique urbaine du mouridisme alors que, jusque dans les années 1970, les études sur la confrérie, se concentraient sur son implantation, dans la région centrale, la ville sainte de Touba et les milieux ruraux alentour, en lien avec la filière arachidière (voir en particulier les travaux de Donal Cruise O’Brien ou Jean Copans). Il a éclairé les ressorts de ce dynamisme urbain, en s’intéressant au rôle des dahiras, qui organisaient des récitations de coran ou des conférences religieuses, susceptibles de créer de nouveaux liens de sociabilité religieuse, notamment en direction de la jeunesse. Dans les années qui ont suivi, il a effectué des enquêtes sur les ouvriers de la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) dans le cadre de recherches également novatrices sur les classes ouvrières en Afrique initiées par Jean Copans.
Puis avec la parution de l’ouvrage le Sénégal sous Abdou Diouf co-écrit avec Mamadou Diouf (paru chez Karthala en 1990), il s’est livré à une analyse socio-politique de la succession de Senghor, avec les tentatives de réformes de l’Etat découlant notamment de la nécessité de trouver des réponses à la contestation sociale sous-tendue par les forces contre-hégémoniques issues de la gauche clandestine mais également quelques années plus tard sous la contrainte des exigences de l’ajustement structurel imposé par les bailleurs de fonds comme le FMI et la Banque mondiale. Cet ouvrage fondé sur un savoir empirique détaillé intégrait et dépassait un certain nombre d’hypothèses théoriques (clientélisme, révolution passive, construction hégémonique, etc.) forgées par des auteurs non sénégalais, en montrant bien les interactions entre le jeu des gouvernants (ici l’Etat-PS) et le développement des mouvements sociaux. La publication du Sénégal sous Abdou Diouf a constitué un moment-clé dans l’histoire des sciences sociales au Sénégal : alors que jusqu’alors, c’étaient des auteurs occidentaux qui dominaient le champ académique, désormais il n’en a plus été ainsi : les auteurs occidentaux ont eu aussi, à leur tour, à se mettre à l’école de leurs confrères sénégalais.
Enfin, au cours de la décennie 1990 puis la suivante, Momar va s’investir dans ce qui sera certainement le plus important – et le plus exténuant ! - pour lui, dans sa contribution aux sciences sociales au Sénégal. Durant toutes ces années, il s’est attelé à la coordination de plus d’une dizaine d’ouvrages collectifs. Il serait trop long ici de les citer de manière exhaustive mais on peut rappeler le premier volume (Sénégal trajectoires d’un Etat, 1992) ainsi que les deux derniers volumes (Le Sénégal sous Abdoulaye Wade et Le Sénégal 2000-2012 ; Les institutions et politiques publiques à l'épreuve d'une gouvernance libérale, 2013) de cette longue série. À la fin de sa vie, il travaillait encore à une nouvelle version d'un ouvrage publié en 1994, Le Sénégal et ses voisins. Il avait également en projet, un autre ouvrage important sur l'histoire de l'Université de Dakar. Il est encore tôt pour savoir si ces projets pourront faire l’objet de publications même partielles mais on peut au moins se féliciter qu’un ouvrage qui lui rend hommage ait pu être publié l’an dernier, toujours chez Karthala (Comprendre le Sénégal et l’Afrique aujourd’hui).
Même si l’objectivité et l’exhaustivité constituent pour les chercheurs en sciences sociales, des horizons que, par définition, on ne peut jamais atteindre, le consensus ne peut que se faire autour de l’étendue et de la rigueur des études que Momar Coumba Diop a coordonnées. Pour ne citer que les principales thématiques traitées dans ces ouvrages, on mentionnera : le système politique sénégalais, les relations internationales, les politiques économiques, les politiques culturelles, les mouvements sociaux, les syndicats, les associations, le secteur de l’information, l’éducation, les transports, etc. Momar Coumba Diop n’a pas traité nécessairement lui-même de ses sujets mais à force de lire les travaux des autres, il était en mesure d’avoir un niveau appréciable de connaissances sur un grand nombre de thématiques. Certains, dans les hommages récemment parus, l’ont qualifié de Diderot sénégalais, ce qui reflète effectivement la nature encyclopédique de sa démarche mais il était aussi une sorte de chef d’orchestre, capable de conduire une symphonie où jouaient leurs partitions, des sociologues, des historiens, des philosophes, des économistes, des juristes, des politistes, et ici encore la liste n’est pas close.
Momar a voué son existence aux sciences sociales dans le cadre du Sénégal, voire au-delà à l’échelle du continent africain, à travers son implication dans la mise en œuvre de programmes de recherche comme Sénégal 2000, la création et le développement d’institutions comme le Centre de recherche sur les politiques sociales (CREPOS) ou encore à travers sa participation au CODESRIA. Il n'était pas un activiste idéologique. Il se méfiait généralement des politiciens et n’était guère enclin à ajouter son nom au bas d’une pétition. Son engagement était différent. On pourrait le qualifier de « militant du savoir » : sa préoccupation majeure était d'ouvrir la voie à un système indépendant de production de connaissances au Sénégal et, au-delà, en Afrique sans pour autant se fermer aux chercheurs venus d’autres continents.
Cependant, Momar pouvait avoir aussi des convictions politiques et dans des circonstances particulières, assumer des responsabilités du même ordre, comme ce fut le cas en 2008, lorsqu'il a joué un rôle-clé lors des Assises nationales qui avaient pour objectif de refondre les institutions politiques pour renforcer la démocratisation et la reddition des comptes, en réaction à la dérive autoritaire du régime du président Wade. Il comptait également des amis proches parmi l'intelligentsia marxiste, comme Amady Aly Dieng (1932-2015) ou Abdoulaye Bathily.
Pour ma part, j'ai rencontré Momar en 1994 après avoir lu un chapitre qu'il avait écrit sur le mouvement étudiant publié dans Sénégal : Trajectoires d'un Etat (1992). Il m'a fourni des documents pour mes propres recherches sur ce sujet. Un peu plus tard, il m'a demandé d'écrire un chapitre sur le mouvement étudiant pour l'un de ses volumes édités, Le Sénégal entre le local et le global (2002). Cette anecdote personnelle illustre bien cette logique du don et du contre-don, sans calcul d’intérêt si ce n’est celui du progrès des connaissances, qui permettait à Momar d’établir des relations saines et durables, avec un grand nombre de chercheurs qui devenaient parfois ses amis.
Comme tous ceux qui l’ont fréquenté, j’ai toujours constaté que, durant toute ces années, malgré sa notoriété, il est resté modeste. Fuyant les mondanités, il était néanmoins toujours élégamment vêtu avec un gilet ou une chemise en pagne tissé. Ces dernières années, nous étions voisins dans le quartier des Mamelles, où nous avions souvent l'occasion de nous retrouver. Cependant, même si je savais qu'il avait des problèmes de santé, la nouvelle de sa mort a été un choc pour moi car il n’abordait que très rarement cette question dans nos conversations. Je me souviendrai toujours de Momar Coumba Diop comme d'un homme courtois mais jamais superficiel, toujours ponctuel lorsqu'il vous donnait un rendez-vous et qui vous accueillait avec un grand sourire à la fois bienveillant et espiègle.
Pascal Bianchini est sociologue indépendant.
RESULTATS DU CFEE SESSION 2024, UN TAUX DE REUSSITE ENCOURAGEANT
Sur 158 832 candidats présentés aux épreuves du Certificat de Fin d’Etudes Élémentaires session 2024, 65,53% sont déclarés admis avec des variations significatives entre les régions du Sénégal.
Sur 158 832 candidats présentés aux épreuves du Certificat de Fin d’Etudes Élémentaires session 2024, 65,53% sont déclarés admis avec des variations significatives entre les régions du Sénégal.
Ces statistiques détaillées révélés par le ministère de l’Education Nationale montrent un taux d’admission encourageant malgré les disparités régionales surtout dans le Sud du pays où le taux d’admission laisse à désirer.
« Les résultats montrent des performances contrastées selon les régions. Par exemple, la région de Kaffrine affiche un taux d’admission de 90,24 %, soit l’un des plus élevés du pays. À l’opposé, la région de Ziguinchor (Bignona 1) enregistre un taux d’admission de 53,66 %, l’un des plus faibles.
Certaines régions comme Thiès et Louga se démarquent avec des taux d’admission autour de 67 %, tandis que d’autres, comme Sédhiou, atteignent à peine les 58,97 %. Les disparités sont également visibles au sein des mêmes régions, comme en témoigne la différence entre Kaffrine (Koungheul avec 88,43 %) et Kaffrine (Malem Hodar avec 88,35 %), a révélé un document de presse parvenu à la rédaction.
La participation des filles continue de dominer avec une présence de 94,44% contre 92,38% de garçons candidats au CFEE.
Un taux de d’admission global de 66,42% comparé aux 64,45% des garçons.
« Cette tendance est confirmée dans presque toutes les régions avec des écarts significatifs dans certaines zone », a dit le document.
Les résultats du CFEE soulèvent des questions les disparités régionales et la nécessité de stratégie adaptée pour améliorer la performance de certaines zones. Le ministre de l’Education Nationale est interpellé en ce sens pour « intensifier ses efforts pour assurer une éducation de qualité pour tous, en ciblant les zones où les taux d’admissions restent faibles », a dit le document presse.
UN TAUX GLOBAL D’ADMISSION DE 65,53 % AU CFEE 2024
Les résultats soulèvent des questions sur les disparités régionales et la nécessité de stratégies adaptées pour améliorer les performances des zones les moins performantes
Pour cette session, 169 846 élèves étaient inscrits, dont 53,85 % de filles et 46,15 % de garçons. Sur ce nombre, 158 832 candidats se sont présentés aux épreuves, représentant un taux de présence de 93,50 %.
Selon Sunugox info, on note une légère supériorité du taux de présence des filles (94,44 %) par rapport à celui des garçons (92,38 %).
" Taux d'admission par region"
Les résultats montrent des performances contrastées selon les régions. Par exemple, la région de Kaffrine affiche un taux d’admission de 90,24 %, soit l’un des plus élevés du pays. À l’opposé, la région de Ziguinchor (Bignona 1) enregistre un taux d’admission de 53,66 %, l’un des plus faibles. Certaines régions comme Thiès et Louga se démarquent avec des taux d’admission autour de 67 %, tandis que d’autres, comme Sédhiou, atteignent à peine les 58,97 %. Les disparités sont également visibles au sein des mêmes régions, comme en témoigne la différence entre Kaffrine (Koungheul avec 88,43 %) et Kaffrine (Malem Hodar avec 88,35 %).
" Les performances féminines"
Les filles continuent de dominer avec un taux d’admission global de 66,42 %, comparé aux 64,45 % des garçons. Cette tendance est confirmée dans presque toutes les régions, avec des écarts significatifs dans certaines zones comme Pikine-Guédiawaye (72,53 % pourles filles contre 70,34 % pour les garçons) etDakar Almadies (82,61 % pour les filles contre 79,42 % pour les garçons).
" Enjeux et perspectives"
Les résultats du CFEE 2024 soulèvent des questions sur les disparités régionales et la nécessité de stratégies adaptées pour améliorer les performances des zones les moins performantes. Le Ministère de l’Éducation nationale devra sans doute intensifier ses efforts pour assurer une éducation de qualité pour tous, en ciblant les régions où les taux d’admission restent faibles.
En somme, cette session du CFEE démontre des progrès significatifs dans l’éducation au Sénégal, tout en mettant en lumière des défis persistants qui nécessitent une attention particulière pour les années à venir
LE CAMPUS SOCIAL FERMÉ CE JEUDI, LES ÉTUDIANTS DENONCENT
Cette décision, qualifiée d'unilatérale et d'irréfléchie par le Collectif des amicales, intervient alors que de nombreux étudiants sont absents pour le Grand Magal de Touba. Un bras de fer s'annonce entre administration et étudiants
La Direction du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) a annoncé la fermeture du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour ce jeudi 22 août 2024. Cependant, le Collectif des amicales de l’Ucad dénonce cette décision et lui demande de repousser la date.
Le campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) sera fermé à partir de ce jeudi 22 août 2024 à 18 heures jusqu’à nouvel ordre. L’annonce est de la Direction du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) par le biais d’une note d’informations. Cependant, le Collectif des amicales de l’Ucad n’est pas d’accord avec cette décision des autorités. Il a exprimé tout son mécontentement dans une déclaration.
«Cette décision unilatérale, non concertée et irréfléchie relève d'un amateurisme de premier ordre de la part du Coud. En effet, elle survient à une période où le campus est vidé de la majeure partie de ses étudiants qui sont actuellement à Touba pour la célébration du Grand Magal, de plus il y a des facultés comme celle des Sciences Économiques et de Gestion (Faseg) et la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (Fsjp) qui n'ont pas encore terminé leurs cours », lit-on dans un communiqué.
Tout de même, il faut dire que la Direction du Coud a fait savoir que « les étudiants régulièrement enrôlés, inscrits en Droit (Licence l à Master1) et FASEG (Licence l), sont priés de se rapprocher de leurs présidents et présidents de commissions sociales. Ce, «en raison de leurs activités pédagogiques (examens, travaux dirigés), une prise en charge sociale exceptionnelle est prévue du 23 au 31 août 2024 », précise la Direction du Coud. Ce qui est loin de calmer les étudiants. Le Collectif des amicales de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar lui demande de reconsidérer sa décision.
« Il exige d'elle qu'elle repousse la date de fermeture du Campus Social pour permettre, d'une part aux étudiants qui étaient partis au Magal de revenir et récupérer leurs bagages, et d'autre part de permettre aux facultés qui n'ont pas encore terminé leur année de pouvoir le faire dans la plus grande des sérénités », selon le communiqué. Allant plus loin, le Collectif des amicales de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar appelle « tous les étudiants au calme et les rassure sur le fait que des décisions d'une telle nature ne peuvent s'appliquer sans concertations préalables ».
LES DATES DE LA PROCHAINE RENTRÉE CONNUES
Ce sera le 3 octobre 2024 pour le corps enseignant et le personnel administratif et le 7 octobre 2024 pour les élèves
Les dates de la prochaine rentrée scolaire sont connues. Ce sera le 3 octobre 2024 pour le corps enseignant et le personnel administratif et le 7 octobre 2024 pour les élèves.
L es grandes vacances, c’est bientôt fini. Le ministère de l’Education nationale a dévoilé les dates de la rentrée scolaire 2024-2025. Pour le corps enseignant et le personnel administratif, elle est prévue le jeudi 3 octobre 2024 à 8 heures précises. Quant aux élèves, ils feront leur retour à l’école, le lundi 7 octobre 2024 à 8heures. Comme chaque année, les défis à relever par le gouvernement afin d’assurer une rentrée scolaire dans les meilleures conditions et garantir une rentrée scolaire réussie seront encore énormes. Pour cause, chaque année, il y a la sempiternelle question des abris provisoires, du respect des accords signés, du déficit d’enseignants et de table bancs. Ce qui nécessite une bonne préparation. D’ailleurs, la Cosydep a formulé des recommandations au nouveau gouvernement en prélude à cette rentrée scolaire 2024-2025. Il s’agit, entre autres, de « clarifier la commande politique pour la transformation annoncée du système éducatif », de « garantir dès à présent les conditions minimales pour un démarrage effectif des cours dès la rentrée scolaire ». Pour ce point, « il s’agit d’adresser la résorption des déficits et la planification de besoins en personnels, en infrastructures, en équipements et supports, l’affectation à temps des élèves en 6ième et en seconde mais aussi des élèves maîtres et professeurs sortants des écoles de formation », rapporte la note.
En effet, 2024-2025 sera ainsi la première rentrée scolaire sous l’actuel régime. Le nouveau gouvernement s’est d’ailleurs inscrit dans une dynamique d’apaisement du climat social avant la rentrée scolaire. Entre apurement des dossiers administratifs, signatures d’arrêtés d’admission aux examens professionnels (Cap, Ceap) et de décisions de nomination aux postes de responsabilité, il imprime ses marques. Il faut dire que malgré les efforts consentis dans le secteur de l’éducation par l’ancien régime, il reste encore beaucoup en faire dans le secteur de l’éducation. C’est pourquoi depuis son installation, le nouveau gouvernement est à l’œuvre pour tenter d’apporter des réponses à ceux-ci.
En Conseil des ministres, le président de la République Bassirou Diomaye Faye avait donné des instructions pour une évaluation du système éducatif dont « les programmes sont en inadéquation avec les réalités nationales, les enjeux du numérique et les besoins de l’économie nationale ». Il avait aussi appelé au « renforcement du rôle et de la place de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Education et de la Formation (FASTEF), de l’UFR des Sciences de l’Education, de la Formation et du Sport (UFR SEFS) ainsi que des écoles nationales de formation d’instituteurs », lors d’un conseil des ministres. Non sans demander au Premier ministre « d’accorder une attention particulière au processus de digitalisation du système éducatif, à la planification, sur les cinq prochaines années, des recrutements d’enseignants, et d'un programme concerté de réalisation d’infrastructures scolaires adaptées et d’amélioration de l’environnement pédagogique dans toutes les académies du pays ».
CES PRESCRIPTIONS DU SYSTÈME ÉDUCATIF
La coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) préconise d’ériger la concertation en règle de gouvernance du secteur de l’éducation ...
La coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) préconise d’ériger la concertation en règle de gouvernance du secteur de l’éducation, pour mieux faire passer “certaines décisions sensibles” de réforme et “favoriser une réelle participation des jeunes dans la politique éducative”.
Cette suggestion fait partie des principales recommandations contenues dans une déclaration rendue publique par le bureau du conseil d’administration (BCA) de la COSYDEP, pour un “mode de pilotage inclusif, holistique et décloisonné” de l’école.
En perspective de la prochaine rentrée scolaire prévue en octobre, le bureau du conseil d’administration (BCA) de la COSYDEP a tenu une session ordinaire en vue d’analyser le contexte national et de formuler des recommandations en s’appuyant sur la consultation de ses antennes locales et sur plusieurs échanges avec le ministère en charge du secteur, renseigne la déclaration transmise à l’APS.
La COSYDEP y suggère notamment aux nouvelles autorités d’ériger la concertation en “règle de gouvernance en privilégiant, d’une part, l’échange avec les partenaires avant de rendre publiques certaines décisions sensibles et complexes, et d’autre part, de favoriser une réelle participation des jeunes dans la politique éducative”.
La COSYDEP demande aussi que “le capital humain, érigé en première priorité”, puisse bénéficier d’un “fonds spécial pour adresser un défi récurrent identifié par les acteurs du secteur, au-delà du budget alloué à l’éducation”
“La digitalisation intégrale, annoncée comme réforme majeure, doit permettre d’enclencher la modernisation du secteur et d’assurer la diligence dans la délivrance des actes relatifs à la gestion des enseignants et à l’état civil”, relève la déclaration.
Pour la COSYDEP, “le souverainisme, affirmé comme orientation politique, considère l’éducation comme un terreau fertile pour garantir la sécurité alimentaire, la santé pour tous, le financement endogène des demandes en éducation (petite enfance, alphabétisation, daara, formation professionnelle..)”.
Elle estime que le triptyque “Jub, Jubbal, Jubanti”, adopté comme principe directeur du nouveau régime, doit permettre de “corriger des injustices liées aux conditions de performance, d’inclusion, de sécurité, de salubrité et de protection des enfants”, entre autres.
“Le nouveau régime opte-t-il pour une refondation du système, une réforme curriculaire, une révision des programmes ? La réponse à cette question préjudicielle détermine le processus à mettre en œuvre”, peut-on lire.
La COSYDEP rappelle dans sa déclaration que “la refondation renvoie à la reconstruction du système sur des bases conceptuelles et des valeurs nouvelles”, pendant que la réforme “consiste à adresser un aspect spécifique du système”, la révision de programmes relevant simplement d’une “opération de modification de certaines dispositions”.
RETOUR AUX SOURCES POUR LES ANCIENS DÉLÉGUÉS DE L'UCAD
Unis par un sentiment de gratitude, ils s'organisent pour apporter leur expérience et leur soutien à la nouvelle génération
Logés aux premières loges pendant des années, les anciens délégués de l’Ucad ont décidé de revenir dans leur campus pour donner un nouvel élan à la structure et appuyer leurs jeunes frères. Une sorte de redevabilité.
Rendre à l’université et à la Nation sénégalaise ce qu’elles ont fait pour eux. C’est la démarche entreprise depuis 2019 par les anciens délégués de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Réunis depuis lors dans un groupe WhatsApp initié par Aliou Faye, ces purs produits de l’université Cheikh Anta Diop ont trouvé par ce canal un moyen de se connaître et de fédérer leurs forces, mais aussi d’inscrire leurs actions dans un esprit de solidarité et d’entraide. C’est dans ce sens qu’ils ont volé au secours de leur collègue Dr Ousseynou Diop, ancien délégué de la Faculté de médecine et maire de la commune de Sibassor, où une école avait pris feu, en contribuant à hauteur de 500 mille francs pour lui permettre de construire une salle de classe. «Nous avons aidé des camarades qui avaient des difficultés financières. Nous avons aussi aidé d’autres personnes qui étaient malades afin de les prendre en charge de façon concrète. Nous avons dit qu’il ne fallait pas se limiter à ça. Quand il y a des décès, nous devons être présents pour montrer aux parents de ces anciens camarades délégués que celui-là était des nôtres», a renseigné Tamsir Bakhoum, le rapporteur de l’Assemblée générale des anciens délégués de l’Ucad.
Aujourd’hui, les anciens délégués se sentent redevables à l’université Cheikh Anta Diop qui a permis de façonner leurs destins académique et professionnel. Ainsi, ils éprouvent le besoin de contribuer à la pacification de ce temple du savoir qui a fait d’eux ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. «Nous voulons ramener la paix à l’université, notamment au campus social et au campus pédagogique», a dit le rapporteur de l’Ag. Ils promettent de s’employer pour être des conseillers de la jeune génération. Mais, pour ce faire, ils ont besoin de mettre en place une association formelle qui sera reconnue par l’Etat du Sénégal afin qu’ils puissent apporter leur touche à l’édifice pour la stabilité à l’Ucad. C’est tout le sens de l’Assemblée générale organisée hier en vue de disposer des textes qui vont leur permettre de donner un aspect juridique à l’association des anciens délégués de l’Ucad , et de contribuer en termes de conseils d’appui pour le développement de l’enseignement supérieur et d’accompagner les autorités étatiques et de l’université.
Suffisant pour motiver la participation d’anciens délégués venus des quatre coins du globe. L’objectif de cette Assemblée générale est de trouver aux anciens délégués un texte qui va les aider à pouvoir travailler pour faire revenir la qualité à l’université. «L’Ucad est la première université du Sénégal. Elle doit être aussi la première en termes de qualité et devenir parmi les meilleures universités africaines et même du monde», a dit Tamsir Bakhoum. Mais les anciens délégués de l’Ucad ont tenu à mettre des garde-fous pour ne pas laisser la porte ouverte à ceux qui se prétendaient le titre d’anciens délégués alors qu’en réalité ils ne le sont pas. Qui est ancien ? «Est ancien délégué celui qui a été élu par ses pairs pour les représenter auprès des autorités étatiques et administratives, et pour la défense de leurs intérêts. Il est aussi admis au statut d’ancien délégué celui qui, sans mandat de ses pairs, a volontairement exercé les fonctions attribuées aux délégués pendant au moins une année académique», définit-il.
LA COSYDEP PROPOSE 4 CLES POUR L’OUVERTURE DES CLASSES
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a déjà à l’esprit à l’ouverture des classes en octobre
La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a déjà à l’esprit à l’ouverture des classes en octobre. La plateforme dirigée par Cheikh Mbow a mis sur la table 4 propositions pour cette première rentrée scolaire du nouveau régime.
Le Bureau du conseil d’administration (Bca) de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep), s’appuyant sur «la consultation des antennes locales et sur plusieurs échanges avec le ministère et les partenaires», a fait 4 recommandations clés pour cette «première rentrée scolaire sous le nouveau régime» de Diomaye Faye. Il s’agit d’abord de «clarifier la commande politique pour la transformation annoncée du système éducatif» en traçant «des lignes directrices claires pour des choix stratégiques pertinents». Ensuite, lit-on dans le deuxième point du communiqué, de «privilégier une approche holistique et prospective dans le traitement des problématiques soulevées» en inscrivant «les débats en cours (daara, écoles confessionnelles, tenues scolaires, langues nationales, intelligence artificielle, protection des enfants, éducation au développement durable, aux médias, à la citoyenneté, aux valeurs, …) dans l’agenda d’une concertation inclusive imminente sur le projet global de transformation du système».
«L’introduction de l’anglais à l’Elémentaire, dès la rentrée scolaire, nécessite une réflexion profonde»
Cheikh Mbow et Cie notent, cependant, que la décision d’introduire l’anglais à l’école élémentaire, dès la rentrée scolaire d’octobre 2024, «nécessite une réflexion profonde». La Cosydep propose, pour le troisième point, de «saisir l’opportunité des grandes vacances scolaires pour, à la fois, lancer le processus annoncé de transformation du système» et «développer des actions de mobilisation communautaire» en s’appuyant sur les conclusions des Assises de l’éducation, de la formation et de l’enseignement supérieur (Anef et Cnaes), l’offre programmatique du nouveau régime et les diverses contributions des partenaires. Enfin, elle appelle à «garantir, dès à présent, les conditions minimales pour un démarrage effectif des cours dès la rentrée scolaire» en adressant «la résorption des déficits et la planification des besoins en personnels, en infrastructures, en équipements et supports ; l’affectation à temps des élèves en 6ème et en seconde mais aussi des élèves maitres et professeurs sortants des écoles de formation».
par Makhtar Diouf
ÔTEZ CE VOILE QUE JE NE SAURAIS VOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - Chaque entité sociale ne voulait s’en remettre qu’à son ‘’règlement intérieur’’, que deviendrait cette unité nationale ancrée dans nos us et coutumes, entérinée par toutes nos Constitutions ?
En évoquant l'interdiction du voile des élèves musulmanes dans les écoles catholiques, le Premier ministre Sonko n'a pas créé un problème. Il a posé un problème. Encore qu'il aurait dû le faire sur un ton plus serein.
Ce n'est pas parce qu'on refuse de poser un problème que le problème ne continuera pas à se poser s’il n’est pas résolu. Ce problème du voile à l'école est en veille depuis près d'une quinzaine d'années dans le pays, au point de devenir lancinant, jalonné par des dates significatives sur lesquelles il est opportun de revenir.
Une pratique française et une loi française
Le 18 septembre 1989, dans un collège de la petite ville de Creil au Nord de Paris, trois élèves musulmanes portant le voile sont interdites d'entrée, puis expulsées définitivement. C’est une première.
Le 15 mars 2004, l’Assemblée nationale française vote une loi interdisant en France le port du voile dans les écoles publiques (les écoles privées ne sont pas concernées).
Une loi profondément islamophobe, qui ne peut pas étonner d’un pays qui dans l’histoire s’est d'abord distingué par les croisades entreprises du 11ème au 13ème siècle pour anéantir l’Islam.
L’interdiction dit s’appliquer au port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics. Les signes visés sont les plus ostensibles : le ‘’voile islamique’’, la kippa des garçons juifs, les grandes croix de certains chrétiens. Mais sont tolérés les signes discrets comme les petits bijoux (les petites croix chrétiennes portées comme pendentifs).
En fait, la mesure ne vise que l’habillement des filles musulmanes. Les juifs continuent à porter leur kippa et les chrétiens leurs petites croix comme pendentifs.
C’est ainsi que des adolescentes de 15 à 17 ans sont refusées d’entrée dans leurs écoles pour avoir porté une tenue « non conforme ». Le Collectif contre l’Islamophobie en France a recensé 130 cas d’exclusion de collégiennes ou lycéennes en raison de leur tenue vestimentaire en 2014. Dans la fonction publique française, le port du voile n’est pas permis.
La France est le seul pays d’Europe et même d’Occident où le port du voile fait l’objet de fixation. C’est le pays où le qualificatif ‘’islamique’’ est adjoint au voile, pour parler de ‘’voile islamique’’ alors que dans les pays de langue anglaise, on dit simplement head scarf (foulard de tête).
Mais cette loi rencontre de la résistance dans le pays. Elle a introduit des divisions même au sein du mouvement féministe français. Certaines féministes continuent à considérer le voile comme un symbole d’oppression, mais d’autres féministes la combattent vigoureusement. C’est le cas de Christine Delphy, figure de proue du féminisme en France, qui estime qu’aucun argument rationnel n’a été avancé pour interdire le port du voile à l’école : Une loi qui est inique, raciste, et s’inscrit dans un aveuglement collectif. Un groupe de féministes françaises ‘’Les Blédardes’’ a aussi combattu cette loi. Et ce ne sont pas les arguments qui manquent. Comment peut-on dans les écoles accepter des jeunes filles qui portent des tenues dénudant le nombril, et refuser d’autres jeunes filles qui se couvrent la tête ?
Lorsque le projet de loi d’interdiction du voile est soumis à l’Assemblée nationale française, les 14 députés du Parti communiste qui votent contre ne sont sûrement pas animés par le souci de défendre l'Islam. Ils voient simplement dans cette loi une atteinte aux droits humains.
Le 12 mars 2012, des enseignants français signent l'Appel Nous demandons l'abrogation de la loi dite ''sur le voile à l'école''.
Le Français Julien Suaudeau, écrivain enseignant aux Etats-Unis condamne ces mesures d’interdiction dans un article de presse intitulé ‘’La France contre le reste du monde’’ (7 septembre 2016) pour parler de « délire », « d’hystérie collective », « d’obsessions et névroses identitaires ».
Le sport aussi s’est invité dans le problème du voile. Actuellement, toutes les fédérations internationales de disciplines sportives (athlétisme, basketball, football, judo…) ont homologué le port du voile pour les athlètes musulmanes lors des compétitions. La seule réticence vient encore des fédérations françaises. En 2018, la firme américaine d’équipements sportifs ‘’Nike’’, en collaboration avec deux athlètes musulmanes, met au point son hijab sportif, le Nike Pro Hijab, une tenue bien adaptée, qui permet de pratiquer son sport favori tout en respectant sa religion.
Devant le succès de l’opération, en février 2019, l’équipementier français ''Décathlon'' annonce son projet de fabrication de hijab sportif avec l’argument de rendre la pratique du sport accessible à toutes les femmes dans le monde. Mais le tollé soulevé en France, surtout du côté de la classe politique, est tel que le projet est abandonné.
Ce qui amène un journaliste américain du Washington Post correspondant à Paris à écrire : La France s’est une nouvelle fois plongée dans le ridicule en parlant des vêtements que les femmes musulmanes peuvent choisir de porter ou non.
Une journaliste britannique de la BBC fait aussi part de son indignation : Les politiques français devraient arrêter avec cette obsession de décider de comment doit s’habiller une femme musulmane.
Une revisite de l’histoire de France révèle que l’Islam n’est pas la première victime de l’interdiction vestimentaire. Alain Weill (Affiches impertinentes, improbables, incorrectes, insolites, Paris : 2010) nous apprend dans ce livre que, avant même la loi de 1905 sur la laïcité, Eugène Thomas maire du Kremlin Bicêtre (proche banlieue Sud de Paris), avait signé le 10 septembre 1900 un arrêté interdisant le port de la soutane sur le territoire de la commune (rapporté par LeCanard enchaîné du 5 mai 2010). Avec des propos irrespectueux que je ne me permettrai pas de reproduire ici.
Ce qui montre que l’irrespect à l’égard de la religion ne date pas d’aujourd’hui dans une France tombée depuis des décennies dans un processus avancé de déchristianisation.
En 2012, le Comité des droits de l’homme des Nations unies, au nom du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, a condamné le gouvernement français à la suite d’une plainte d’un élève d’origine indienne expulsé de son école pour avoir porté un turban ‘’sikh’’ révélant son appartenance au sikhisme (religion monothéiste indienne). Le gouvernement français est alors astreint à la double obligation de réparer l’injustice faite au lycéen par sa réintégration, le paiement d'une compensation appropriée, et d’empêcher que de semblables violations ne se reproduisent dans le futur.
Pourquoi le voile en Islam ?
Le verset 59 de la sourate 33 du Coran sur l’habillement des femmes musulmanes a surtout valeur de recommandation, de conseil dans l’intérêt même des femmes. Bien qu'adressé aux musulmanes, il concerne toutes les femmes.
Si elles doivent s’habiller comme le recommande le Coran, c’est d’abord pour qu’elles soient reconnues (you’rafna) comme musulmanes certes, mais aussi comme femmes de dignité, qui rien que par leur présentation extérieure imposent le respect et ne soient pas l’objet du voyeurisme de certains hommes et de leurs comportements malveillants.
C’est aussi pour leur éviter d’être you’zayna. Ce terme coranique est rendu dans les langues indo-européennes de traduction du verset par une gamme de mots tels que ‘’agacer’’, ‘’importuner’’, ‘’tourmenter’’, ‘’offenser’’, ‘’injurier’’ … Ils revoient tous au terme ‘’harceler’’.
Il est recommandé à la femme musulmane de s’habiller d’une façon qui impose le respect lorsqu'elle sort de son domicile. Il est certain qu’une femme dont le corps est bien couvert a bien moins de chances d’être objet de convoitise de la part de certains hommes. Il s’agit donc de mesure de prévention et de protection, d’autant plus que le harcèlement sexuel dont sont victimes bon nombre de femmes dans la rue, dans les lieux de travail, dans les transports en commun, est non seulement stressant, aliénant, mais ouvre la voie bien souvent au viol.
Pour l’Egyptienne Safinaz Kazim, le voile est un ‘’imperméable moral’’ qui permet de se dérober du viol visuel par lequel certains hommes jouissent d’une femme sans son consentement. Pour elle, cette façon de s’habiller libère la femme de l’ostentation, lui évite d’être considérée comme un simple objet de désir. C’est une illusion pour la femme de penser qu’elle se libère en dénudant aux yeux de tous une grande partie de son corps.
Il convient tout de même de préciser que la façon qu’ont certaines femmes d’Asie centrale (Ouzbékistan, Afghanistan, Pakistan …) de s’habiller en ''burqa'' (tout en noir, le visage couvert ne laissant voir que les yeux) relève de leur culture et non de préceptes islamiques.
Simone de Beauvoir dans son livre Le Deuxième sexe, 1949, qui est le classique de la littérature féministe, dénonce la mode féminine d’habillement qui transforme la femme en objet pour le voyeurisme des hommes,avec une société qui lui demande de se transformer en objet érotique, pour être offerte comme une proie aux désirs mâles.
Comment la femme peut-elle revendiquer d’être traitée comme une égale si elle adopte un style vestimentaire qui amène les hommes à ne se focaliser que sur son corps partiellement dénudé, faisant totalement l’impasse sur sa personnalité, ses capacités intellectuelles et professionnelles ?
On peut à cet égard relater l’expérience racontée par cette femme d’origine asiatique, vivant aux Etats-Unis, dans un article au titre suggestif Hijabed like me (‘’Voilée comme moi’’). Certainement très jolie, elle était constamment harcelée dans la rue. Étant de nature sensible, elle dit qu’elle était effrayée, se sentait mutilée, molestée, violée :
Ce n’est pas, dit-elle, ma féminité qui était problématique, mais ma sexualité, ou plutôt la sexualité que certains hommes avaient inscrite en moi, basée sur mon sexe biologique.
Elle pense trouver une échappatoire en se faisant couper court les cheveux, mais en vain. Elle se résout alors à s’habiller à la manière hijab, comme les femmes musulmanes qu’elle voyait, et relate ainsi le résultat :
Les gens me percevaient comme une femme musulmane et ne me traitaient plus comme un être sexuel avec des remarques cruelles … J’ai remarqué que les yeux des hommes ne glissaient plus sur mon corps … Auparavant j’étais dans la conception occidentale selon laquelle le port du voile est oppressif … je suis arrivée à la conclusion que cette vue est superficielle et erronée … Ce fut l’expérience la plus libératrice de ma vie … C’est ma sexualité que je dissimulais, non ma féminité. Le fait de couvrir la première permettait la libération de la seconde (Kathy Chin, 1994).
A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, de plus en plus d’étudiantes adoptent la tenue voilée, pour certaines, moins par conviction religieuse que par souci de faire barrage au harcèlement sexiste de leurs camarades étudiants. Ces derniers, soit les respectent, soit les trouvent moins séduisantes.
Position du judéo-christianisme
Dans le Judaïsme, les rabbins maudissent l’homme qui laisse voir les cheveux de sa femme, et la femme qui laisse voir ses cheveux est indexée comme apportant la pauvreté. Dans l’ancienne société juive, le voile était considéré comme un signe de respectabilité, de dignité, raison pour laquelle il était interdit aux prostituées de le porter. Dans la société juive actuelle, beaucoup de femmes ont tendance à substituer la perruque au voile.
Dans le Nouveau Testament, Première Lettre de Paul à Timothée, on peut lire :
Je désire aussi que les femmes s’habillent d’une façon convenable, avec modestie et simplicité ; qu’elles ne s’ornent pas de coiffures compliquées, ou de bijoux d’or, ou de perles ou de vêtements coûteux, mais d’œuvres bonnes, comme il convient à des femmes qui déclarent respecter Dieu (Timothée 2 : 9).
Loi française appliquée au Sénégal
Sept ans après sa promulgation en France, la loi d'interdiction du voile poursuit son bonhomme de chemin pour atterrir au collège catholique Hyacinthe Thiandoum d'un quartier populaire de Dakar. En 2011, des élèves filles portant le voile sont exclues. La Direction de l'enseignement catholique du Sénégal (Didecs) avait décrété :
A compter de l'année scolaire 2011-2012, il ne sera plus question du port du voile dans les établissements privés catholiques du Sénégal, sous peine de renvoi temporaire ou définitif’.
L'évènement semble passer inaperçu, peut-être à cause de l'ambiance pré-électorale de l'époque, annonçant la fin du régime de Wade. Une poignée des plus de 300 établissements catholiques d'enseignement du Sénégal tentent de l'appliquer : Didier Marie à Saint-Louis, Anne-Marie Javouhey à Dakar... mais sans bruit, avec des arrangements locaux à l'amiable.
En septembre 2021, alors que le pays est au calme, l'Institution Sainte Jeanne d'Arc de Dakar (ISJA) sonne la mobilisation. Évoquant son règlement intérieur, elle renvoie des filles portant le voile. C'est alors comme un coup de foudre dans un ciel serein. C'est avec ISJA que le problème du voile à l'école atteint son paroxysme et sa diffusion avec l’appareil médiatique qui n’existait pas auparavant.
Après bien des tergiversations, un accord est conclu entre l'État et la direction de l'école sur le type de voile que devront porter les filles qui le veulent. Mais ce n'est qu'un accommodement pour calmer la situation momentanément, car cette disposition du règlement intérieur n'est pas abrogée. Le problème est désactivé mais n'est pas éteint. C'est pour cela qu'il est nécessaire qu'en toute responsabilité une décision soit prise pour vider cette affaire une fois pour toutes.
Le cas Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar
Au départ est le Patronage Jeanne d’Arc créé en 1904 par le Père Daniel Brottier. Le Patronage est une organisation sur un site donné qui réunit des enfants et des adolescents pour leur donner une formation physique, morale et sociale par des activités sportives et éducatives. Le Père Daniel Brottier donne à son patronage le nom de Jeanne d’Arc. Au début des années 1920, avec son accord, le Père Lecocq met en place à Dakar l’Association sportive et culturelle Jeanne d’Arc aux couleurs Bleu et Blanc. Le souci de ces deux prélats français est de réunir Noirs, Européens, Métis, catholiques et musulmans dans un même cercle de fraternité. Un club sportif Jeanne d’Arc est aussi créé à Bamako.
Club catholique à l’origine, la JA Dakar attire par la suite de plus en plus de musulmans, pratiquants et supporters, au point d’être considérée à un moment donné comme le club comportant le plus grand nombre de supporters. L’auteur de ces lignes a été depuis 1959 membre du club sportif JA, d’abord comme footballeur, ensuite comme membre du Comité directeur. La JA est un microcosme de l’harmonie confessionnelle au Sénégal. La présidence du club a été exercée par des chrétiens et par des musulmans. C’est une famille. Il n’y a jamais été perçu une trace de problème entre chrétiens et musulmans.
C’est dans ce sillage que le volet éducatif du patronage est concrétisé à Dakar avec la création en 1939 de l’école appelée Institution Sainte Jeanne d’Arc (ISJA) avec les mêmes couleurs Bleu et Blanc. Mais cette école a créé un problème en réchauffant l’interdiction du voile qui semblait oubliée, s'écartant ainsi de la ligne tracée par ses fondateurs.
Quid de l’unité nationale ?
L’harmonie religieuse et ethnique qui existe au Sénégal est un modèle envié partout dans le monde.
Le Premier ministre Sonko a posé un problème. L’abbé André Latyr Ndiaye avec une violence inouïe et surprenante de la part d’un prélat, s’est employé à créer un problème, pour donner à un problème d’école, une dimension communautaire susceptible de mettre face à face catholiques et musulmans. Ce n’est même pas la peine de revenir ici sur les civilités que les deux communautés se sont toujours mutuellement faites.
Ce n’est pas le Père Daniel Brottier, initiateur du Patronage Jeanne d’Arc et le cardinal Mgr Thiandoum, qui auraient approuvé la mesure d’interdiction du voile dans des écoles catholiques et les propos de cet ecclésiastique.
On ne peut pas laisser des Sénégalais inviter dans le pays une loi française, de surcroit inspirée par l’islamophobie. Si chaque entité sociale ne voulait s’en remettre qu’à son ‘’règlement intérieur’’, que deviendrait cette unité nationale ancrée dans nos us et coutumes, entérinée par toutes nos Constitutions ?
Certains conseillent aux parents musulmans de retirer ou de ne plus envoyer leurs enfants dans des écoles catholiques. Ce serait capituler et créer un précédent dangereux. On ne peut pas avoir dans le pays une école exclusivement pour les catholiques et une école exclusivement pour les musulmans. Que deviendrait l’unité nationale ? Les enfants sénégalais doivent dès leur jeune âge, prendre l’habitude de vivre ensemble sans distinction de religion ou d’ethnie comme l’ont fait les générations qui les ont devancés.
Dans les écoles, les élèves filles qui portent le voile le font par choix personnel. Ce n’est pas le voile qui les distingue de leurs camarades chrétiennes. La différenciation confessionnelle est visible au niveau des noms et prénoms. Et cela n'a jamais posé de problème.
Nombreux sont les parents catholiques qui envoient leurs enfants à l'école publique et à l'école privée non catholique où ils vivent en parfaite harmonie avec leurs camarades dont des filles voilées. En vertu de quoi l'école catholique doit- elle faire exception ?
Dans une interview du 16 mars 2015, l'abbé Georges Diouf nous apprend que les élèves musulmans constituent 75 pour cent des effectifs des écoles catholiques au Sénégal.
Cela dit, l'Etat ne peut pas rester en dehors de ce problème. Le ministère de l'Éducation nationale en plus des établissements d'enseignement publics, a en charge les établissements catholiques et laïcs, auxquels des subventions sont accordées chaque année.
Il faut que les hautes autorités de l'Église catholique prennent leurs responsabilités pour instruire la Direction de l’enseignement catholique d’abroger l'interdiction du voile. Cette mesure appliquée au Sénégal ne l’aurait jamais été si elle n’avait pas existé en France. Elle a été prise sept ans après le rappel à Dieu de Mgr Hyacinthe Thiandoum, trait d'union entre chrétiens et musulmans (il avait une sœur musulmane), l'année même où la loi a été votée en France. Cette mesure n'aurait jamais été prise en sa présence.
Revenons sur ces dates :
- 18 septembre 1989 : exclusion d'élèves musulmanes voilées en France
-15 mars 2004, vote de la loi antivoile en France
- 18 mai 2004, rappel à Dieu de Mgr Thiandoum
- En 2011, Pour l'année scolaire 2011-2012, la Direction de l'enseignement catholique du Sénégal (Didecs) interdit le port du voile dans les écoles catholiques.
Il existe à Dakar, un Collège protestant John Wesley qui brille par sa discrétion.
Il ne faut pas que le problème du voile soit interprété comme un problème entre catholiques et musulmans. Nombreux sont les catholiques sénégalais qui s'insurgent contre cette mesure d'interdiction du voile, trouvant qu'ils n'en voient pas l'intérêt.
Une seule solution
Ce problème doit être envisagé non pas au niveau communautaire, mais au niveau éthique et juridique.
1) Un argument souvent avancé en France par les adversaires du voile est qu’il est contraire à leurs valeurs. Seulement, les valeurs françaises ne sont pas les nôtres.
L'école privée catholique n’est pas sous régime d’exterritorialité susceptible de lui permettre d’instaurer dans le pays une loi étrangère tropicalisée en règlement intérieur. Le port du voile ne peut y être interdit.
Un règlement intérieur est au plus bas dans la hiérarchie des droits, loin derrière la Constitution et la loi votée à l'Assemblée. Un règlement intérieur est coiffé, parrainé par une loi. L'interdiction du voile à l'école catholique procède d'une loi non pas sénégalaise, mais française. Ce qui est inadmissible.
L’interdiction du voile dans les écoles catholiques est en violation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.
5) Elle viole la Constitution du Sénégal qui dans son préambule proclame l’inaltérabilité de la souveraineté nationale, le rejet et l’élimination, sous toutes leurs formes de l’injustice, des inégalités et des discriminations.
L'article 25-3 insiste sur le devoir de s’abstenir de tous actes de nature à compromettre l’ordre, la sécurité, la salubrité et la tranquillité publics.
Le verdict rendu par le Comité des Droits de l’homme de l’ONU contre la France pour le même motif a valeur de jurisprudence au Sénégal.
Il est arrivé que le Vatican fasse son autocritique. Ce qu'a fait le pape Jean XXIII (dont une rue du centre de Dakar porte le nom) avec ''l'Aggiornamento'' (Remise à jour) proclamé lors du Concile Vatican II (1962-65). L'actuel pape François se situe dans la même démarche sur certains dossiers du passé.
L'Église catholique sénégalaise se doit en toute humilité et grandeur de faire son mea culpa (par ma faute, en latin) dans ce problème du voile à l'école.
L’abbé Georges Diouf, actuellement Directeur diocésain de l’Office National de l’Enseignement Catholique du Sénégal (ODEC), semble s'être engagé dans cette voie. En toute conformité avec les propos qu'il avait tenus dans une interview de 2015.
Très bien. Mais le prélat continue à exiger des élèves musulmanes de proscrirele refus de serrer la main d’un camarade du sexe opposé, le refus de partager une table ou un banc en classe ou dans la cour de récréation avec une personne de sexe opposé, et le refus de participer à des activités physiques en tenue scolaire en raison de convictions personnelles.
Il s'agit là d'une clause ajoutée à son texte, et qui n'a aucun fondement sociétal. Comment le prélat peut-il ignorer que dans la société africaine traditionnelle, les femmes ne serrent pas les mains des hommes ? Il gagnerait à visiter ou à revisiter L'Unité culturelle de l'Afrique noire de Cheikh Anta Diop, les travaux de Elia Mbokolo et Théophile Obenga. Il devrait aussi savoir que même à l'heure actuelle, certaines musulmanes refusent de serrer la main de musulmans avec qui elles n'ont pas de lien solide de parenté.
Pour ce qui est des séances d'éducation physique, il ne doit pas y avoir de tenue scolaire imposée. Il existe maintenant un hijab sportif reconnu par toutes les fédérations sportives internationales (mais pas en France).
Dans tous les établissements scolaires mixtes, dans les cours de récréation les élèves se regroupent entre copains et entre copines. Dans tous les campus universitaires les pavillons des étudiantes sont distincts des pavillons des étudiants.
Il est à craindre que cette clause qui n'est qu'un prétexte et non un argument convaincant ne fasse obstacle à l'abrogation de la mesure d'interdiction du voile dans les écoles catholiques. Une mesure que rien ne peut justifier.
C’est dans l’interview du 16 mars 2015 que l’abbé Georges Diouf disait : Quand on s’ouvre à l’autre, cette dimension permet d’accepter l’autre dans sa différence. L’ouverture à l’autre est très présente dans nos cultures, le respect de l’autre dans sa différence et le dialogue.
L’acceptation et le respect de la différence de l’autre, c’est ce que demandent les filles musulmanes pour porter le voile dans les écoles catholiques.
Bonne fête de l’Assomption à tous les catholiques du Sénégal et d’ailleurs.