Ziguinchor, 22 jan (APS) – Des associations féminines leaders de la Gambie, du Sénégal et de la Guinée Bissau ont salué dimanche à Ziguinchor (sud), le dénouement de la crise postélectorale gambienne et le "triomphe de la solution non-violente".
"Le Forum des femmes de l’espace Sénégal-Gambie-Guinée Bissau exprime toute sa satisfaction suite au triomphe de la solution non-violente dans le dénouement de la crise politique en Gambie", indique cette structure.
Dans une déclaration transmise dimanche à l’APS, le Forum des femmes de l’espace Sénégal-Gambie-Guinée Bissau pour la paix et la sécurité salue "la fermeté, mais surtout l’ouverture au dialogue de la CEDEAO pour la restauration de la démocratie’’ en Gambie.
De même, cette fédération d’organisations féminines de la Sénégambie méridionale souhaite un "retour à la normale dans une démocratie stable et une paix durable".
Le Forum qui fédère plusieurs organisations dont la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (PFPC) adresse des "encouragements et félicitations à l’armée gambienne qui a su écouter son peuple, les médiateurs et toutes les personnes éprises de paix au profit d’une solution pacifique".
Les femmes de la Sénégambie méridionale disent partager le "désarroi et l’inquiétude des populations et surtout les femmes et enfants qui se sont déplacés et réfugiés massivement vers des abris plus sûrs tout en espérant que chacun pourra retourner chez soi sain et sauf".
PAR FRÉDÉRIC ATAYODI ET BOUBACAR BADJI
VIDEO
CHEIKH ANTA DIOP M’A ÉVEILLÉ
Premier africain non sénégalais a soutenir une thèse en égyptologie à l’UCAD, Yoporeka Somet obtient son doctorat d’Etat avec mention « très honorable»
FREDERIC ATAYODI ET BOUBABCAR BADJI |
Publication 31/10/2016
Le chercheur burkinabé Yoporeka Somet a soutenu, samedi 29 octobre, une thèse en égyptologie, à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar sur le thème «L’Egypte ancienne : un système africain du monde». Ce travail considéré comme étant de haute facture par les membres du jury est sanctionné par une « mention très honorable», avec les félicitations et encouragements du jury. Malgré les critiques surtout de forme, le jury admet que la thèse est "bien écrite avec élégance".
Yoporeka Somet est ainsi le premier africain non sénégalais à soutenir une thèse d’égyptologie à l’université de Dakar, dont Cheikh Anta Diop, parrain de l’institution est le père de l’école africaine d’égyptologie. Tout un sympbole.
Pour le nouveau docteur d'Etat en égyptologie, d'abord philosophe de foramation à la base, cette thèse n’est pas le fruit d’une réalisation personnelle, mais la somme de divers apports de scientifiques d’horizons divers, dont Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga. Lesquels ont contribué à mener à bout sa réflexion.
«Le système du monde que j’étudie est un système cohérent dont le déroulé se trouve dans la cosmogonie, a expliqué Yoporeka Somet. Il s’agissait, pour moi, de montrer comment les anciens Egyptiens ont cherché à concilier un système pyramidal avec le paradigme de la ‘Maat’ qui se définit d’abord par l’équilibre, l’égalité, la justice»,a dit le chercheur cité par l’APS.
Voici la réaction du chercheur en image après avoir brillamment défendu sa thèse.
PAR FRÉDÉRIC ATAYODI ET BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS
VIDEO
SÉDAR SENGHOR VS. CHEIKH ANTA
Les péchés mignons du poète et les paradigmes éternels du scientifique : intellectuels de haut niveau, le 1er président du Sénégal et le fondateur de la 1ère école africaine d'égyptologie ne boxaient pas dans la même catégorie, selon Dialo Diop du RND
FRÉDÉRIC ATAYODI ET BOUBACAR BADJI DE SENEPLUS |
Publication 31/10/2016
Feu Léopold Sédar Senghor et Cheikh Anta Diop, deux fils d'Afrique et du Sénégal, comptent parmi les plus grands ambassadeurs du continent à travers le monde, à des niveaux différents, assurément. Leur rayonnement intellectuel faisant, leur carrure et leur personnalité aidant, les noms de ces deux intellectuels restent à jamais gravés dans les annales de l'histoire.
Seulement, un disciple de Cheikh Anta Diop, le Dr. Dialo Diop, secrétaire général du Rassemblement nationale démocratique (RND) fondé par le parrain de l'université de Dakar, tient à préciser que les deux personnalités ne boxaient pas dans la même catégorie. Étant entendu que leurs héritages respectifs ne s'équivalent pas. Le legs du poète président, c'est de la poésie tandis que le scientifique et égyptologue lui, laisse pour la postérité des paradigmes dont la mise en oeuvre devrait permettre le décollage effectif de l'Afrique. C'est la position exprimée par le chef de file du RND.
La littérature sur la vie et l’œuvre du professeur Cheikh Anta Diop s’est enrichie d’un nouveau numéro spécial du magazine trimestriel ‘’L’Ecrivain’’. Publié dans les éditions ‘’le nègre international’’, ce 2 numéro hors-série, lancé hier au Centre de recherche ouest-africain (Warc), est entièrement consacré au parrain de l’Ucad.
‘’C’est quand on meurt qu’on convainc tout le monde’’, a écrit Max Planck. Quoi qu’il en soit, pour l’administrateur général du magazine littéraire ‘’L’Ecrivain’’, Elie-Charles Moreau, une chose est certaine : Cheikh Anta est entré en immortalité bien avant de tirer sa révérence.
La parution de ce deuxième numéro hors-série après une première consacrée à Aimé Césaire coïncidant avec le 30ème anniversaire de la disparition de ce grand homme, il était tout à fait normal et légitime, à ses yeux, de consacrer un numéro spécial à celui qui a réhabilité l’Homme noir.
Pour sa part, le Directeur de l’éditorial, Saer Ndiaye, a renseigné que les prochains numéros aborderont beaucoup de thèmes et la vie d’autres personnalités marquantes de la littérature. Le magazine, poursuit-il, sera également ouvert à toutes les maisons d’édition ainsi qu’à tous les écrivains et hommes de culture qui pourront, éventuellement, participer à mettre du contenu et même à la fabrication de la publication.
Quant à son organisation, le journal sera subdivisé en de nouvelles rubriques. La première d’entre elles s’appellera ‘’dossier’’ et va porter sur un thème d’actualité ou non.
La deuxième rubrique dénommée ‘’décryptage’’, sera consacrée à la critique des œuvres littéraires à travers la confrontation des notes de lecture. ‘’L’actualité’’ est le nom de la 3èmerubrique qui va s’intéresser aux nouvelles productions littéraires mises sur le marché et à l’étude de thèmes pertinents présentés lors des lancements de ces ouvrages. Intitulée ‘’littera-libre’’, cette dernière rubrique est une page ouverte à tout le monde pour des contributions.
VIDEO
MULTIPLE PHOTOS
L'HÉRITAGE NOIR DE L'AMÉRIQUE
Enfin, un grand musée afro-américain ! Comprendre le passé pour comprendre le présent et construire le futur - Barack Obama : "L'esprit humain peut transformer même les pires circonstances en quelque chose de magnifique et puissant"
(AFP) - Le président Barack Obama a inauguré samedi le musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington, espérant que ce projet historique enfin finalisé aide les Américains à "se parler et s'écouter".
"Le musée de l'histoire afro-américaine n'est pas séparé de l'histoire plus large de l'histoire américaine, ce n'est pas le côté caché de l'histoire américaine, c'est central à l'histoire américaine", a-t-il déclaré.
"Une vue claire de l'histoire peut nous mettre mal à l'aise (...) Mais c'est précisément de ce malaise que nous pouvons apprendre et grandir (...) C'est l'histoire américaine et c'est l'histoire de ce musée", a ajouté le premier président noir de l'histoire américaine, face à des milliers de personnes réunies pour l'occasion devant le musée sur le Mall à Washington, cette immense coulée verte près de la Maison Blanche, qui se termine par le Congrès.
Le musée, imposant bloc moderne paré de bronze, est consacré à l'histoire et l'émancipation des Noirs -esclavage, ségrégation, lutte pour les droits civiques- mais aussi à la culture et à la société. Il contient quelque 34.000 objets.
"Ce musée", a insisté M. Obama, "procure un contexte pour les débats de notre époque. Il les éclaire, et donne une idée de comment ils ont évolué. Et peut-être en donne la proportion. Il peut, peut-être, aider un visiteur blanc à comprendre la souffrance et la colère de manifestants, dans des endroits tels que Ferguson et Charlotte", a-t-il ajouté, référence à deux villes où des émeutes avaient éclaté après la mort d'un Noir tué par la police: en août 2014 à Ferguson, et ces derniers jours à Charlotte.
"Ce musée peut nous aider à nous parler. Et plus important, à nous écouter et encore plus important à nous voir", a insisté M. Obama.
L'ancien président Bush, qui avait ratifié le projet du musée en 2003, après des années de batailles politiciennes, était également présent à cette inauguration avec son épouse Laura, et a salué un musée "fabuleux".
L'inauguration du musée de 37.000 m2, intervient dans le contexte de nouvelles tensions raciales, après le meurtre de deux Noirs par la police, l'un à Charlotte (Caroline du Nord) et l'autre à Tulsa (Oklahoma) ces derniers jours.
La joie des participants à l'inauguration était visible: avant les discours, certains chantaient et dansaient.
Les œuvres de Cheikh Anta Diop introduites dans les programmes scolaires
VIDEO
MULTIPLE PHOTOS
LE DÉSASTRE DES GOUVERNANCES
EXCLUSIF SENEPLUS - Selon Cheikh Tidiane Gadio, l'Afrique a un sérieux problème de leadership - Il parle avec Momar Seyni Ndiaye, Babacar Gueye et Momar Diongue de l'instabilité politique - SANS DÉTOUR (Partie 4/5)
Gadio donne son avis sur le mandat présidentiel unique répondant ainsi aux questions sur l'instabilité politique en Afrique.
L'ancien ministre parle également de la paix qui est si malmenée en Afrique et rappelle la célèbre citation de Cheikh Anta Diop : "La sécurité précède le développement"
Cliquez sur SENEPLUS pour voir les trois premières parties de SANS DÉTOUR
D'UNE PRAIRIE À L'AUTRE
Djibo Kâ ne récuse plus Abdoulaye Daouda Diallo pour l'organisation des élections
Le secrétaire général de l’Urd ne récuse plus le ministre de l’Intérieur. Djibo Kâ dit avoir «reconsidéré» sa position, même si c’est «gênant» d’organiser les élections et d’être en même temps militant d’un parti politique.
Hier, il récusait Abdoulaye Daouda Diallo pour sa double casquette de militant de l’Apr, parti au pouvoir. Aujourd’hui, il l’appuie «fortement dans sa tâche difficile de concilier les inconciliables». «J’ai demandé son départ quand j’étais dans l’opposition d’ailleurs, mais maintenant que je l’ai connu mieux, j’ai reconsidéré ma position de principe», dixit Djibo Leyti Kâ. En conférence de presse samedi à son domicile, le leader de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd) estime, en revanche, que «l’opposition est dans son rôle».
Il rappelle : «Il y a quelques années, le pouvoir actuel, alors dans l’opposition, avait la même démarche. Wade l’avait entendue en créant le ministère chargé des élections qu’il avait confié à Cheikh Guèye. Abdoulaye Daouda Diallo est un militant de parti, comme Ousmane Ngom l’a été.
Moi j’ai été militant d’un parti, mais pas ministre de l’Intérieur en même temps.» Mais Djibo Kâ admet que «c’est gênant d’être ministre de l’Intérieur chargé des élections et militant de parti politique». Ce qui, à ses yeux, «n’est pas incompatible» pour autant car, ajoute-t-il, «chacun a son caractère et ses méthodes».
«Abdoulaye Daouda Diallo doit être un peu en retrait»
Cependant, le nouvel allié de Macky Sall conseille à son «ami» Abdoulaye Daouda Diallo d’être «un peu en retrait». «La prochaine fois, qu’il organise les élections de façon impeccable sur le plan matériel, mais qu’il ne plonge pas trop dans la mare de la politique politicienne», lui recommande-t-il.
Pour lui, en tant que «militant et membre fondateur de l’Apr, c’est difficile» pour Abdoulaye Daouda Diallo de prendre du recul. Toutefois, souligne-t-il, «j’ai confiance à sa capacité de discernement et à son esprit républicain, mais aussi aux acteurs politiques». Djibo Kâ a indiqué que son «plus grand regret, c’est le fait que des Sénégalais n’ont pas pu voter pour des raisons techniques».
Tirs sur l’opposition : «L’époque des taux soviétiques est révolue»
Le leader de l’Urd qualifie l’attitude de ces ex-compagnons de l’opposition qui accusent le pouvoir d’«achats de conscience» de «pas juste, inélégante, antidémocratique». Pour lui, «il n’y a aucune preuve formelle qui établit que telle personne à voter à cause de telle chose».
Il appelle le courant du Non qui a décidé de saisir les bailleurs de fonds à «se battre de façon normale et républicaine». «Ce n’est pas la peine d’aller vilipender son pays auprès du Fmi qui n’a aucun rôle sur cette question-là ni la Banque mondiale», dit-il.
Il trouve également le taux de participation de 38,26% «parfaitement compréhensible» parce que l’époque des «taux pharaoniques, des taux soviétiques» est révolue
MARIE LOUISE DIOP EST MORTE
Décès à Paris de la veuve du savant et égyptologue Cheikh Anta Diop
Dakar, 4 mars 2016 (AFP) - La veuve du savant et égyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop, Marie Louise Diop, auteure d'ouvrages sur la population en Afrique et soutien de son mari dans son combat pour réhabiliter les civilisations noires, est décédée vendredi à Paris, a appris l'AFP auprès de sa famille.
Marie Louise Diop, une Française née Maes, docteur d'Etat en géographie humaine, "est décédée (vendredi) au petit matin à Paris à 90 ans, à la suite d'une longue maladie. Elle sera inhumée à Thieytou", village natal de son mari dans le centre du Sénégal, a affirmé un de ses enfants joint par téléphone.
La date de l'inhumation à Thieytou, où repose le professeur Cheikh Anta Diop, n'a pas été précisée. Le couple Diop a eu quatre garçons.
Mme Diop avait rencontré Cheikh Anta Diop quand celui-ci faisait des études en France pendant la période coloniale, à la Sorbonne (Paris), selon leur entourage.
Elle est l'auteure d'une vingtaine de publications, principalement consacrées à l'évolution de la population, de l'économie et de la société de l'Afrique noire, selon le site de la maison d'édition Présence Africaine, basée à Paris, qui publiait les ouvrages du couple.
Dans un de ses livres sur la population de l'Afrique pré-coloniale, Mme Diop affirmait notamment que contrairement aux idées reçues, le continent, depuis la préhistoire jusqu'au 16e siècle, n'était pas sous-peuplé par rapport à d'autres parties du monde comme l'Europe.
Elle disparaît alors que diverses manifestations sont organisées cette année pour marquer le 30e anniversaire du décès de Cheikh Anta Diop (1926-1986) dont l'oeuvre a contribué à réhabiliter les civilisations nègres.
Le professeur Diop, qui appelait à la création d'un Etat fédéral d'Afrique noire, fut par ailleurs un opposant au premier président du Sénégal Léopold Sédar Senghor (1960-1980) mais aussi à son successeur Abdou Diouf (1981-2000).
Selon ses thèses, les Noirs ont joué un rôle prépondérant dans la naissance de la civilisation de l'Egypte pharaonique, durant l'Antiquité, et plusieurs civilisations - grecque notamment - ont été influencées par les Egyptiens dans les domaines des sciences notamment.
Ces thèses sur une Egypte nègre et ses liens avec l'Afrique noire sont contestées par plusieurs égyptologues, dont des français.
La bibliographie du professeur Diop comprend aussi des ouvrages sur l'histoire de l'Afrique, les langues et les sociétés africaines, la physique, la politique et l'économie.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, ALYMANA BATHILY
LE SAVANT ET LE POLITIQUE
Le programme de développement du Sénégal et de l’Afrique de Cheikh Anta Diop est encore d’une brulante actualité. Pourtant trente années après sa mort son impact politique est presque inexistant
Alymana Bathily, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 20/02/2016
Il y a deux Cheikh Anta Diop. L’un, le Savant, aura finalement connu la consécration de son vivant. L’autre, le Politique, ne s’est pas imposé de son vivant. Ni même aujourd’hui, 30 ans après sa mort.
Le Savant d’abord. Le Festival mondial des Arts Nègres l’avait déjà salué comme «l’auteur africain qui a exercé le plus d’influence sur le 20e siècle» et le professeur Djibril Samb a dit de son œuvre qu’elle est, «au sens propre du terme, encyclopédique c’est-à-dire qu’elle s’étend à toutes les régions du Savoir».
Les «thèses fondamentales» du Savant, pour parler comme Djibril Samb, sont essentiellement celles-ci : «l’antériorité des civilisations nègres», «l’Égypte comme une civilisation nègre» et «l’unité culturelle de l’Afrique». Il exposera ces thèses dans trois ouvrages majeurs : Nations négres et culture (1955), dont Aimé Césaire dira dans son Discours sur le colonialisme qu’il s’agit du «livre le plus audacieux qu'un nègre ait jamais écrit et qui comptera à n’en pas douter dans le réveil de l’Afrique», Antériorité des Civilisations Négres : mythe ou réalité (1967) et Civilisation ou Barbarie (1981).
Il les démontrera par une méthodologie mettant en œuvre en même temps plusieurs disciplines : l’histoire, l’archéologie, l’égyptologie, la sociologie, la linguistique et les sciences exactes et les défendra pendant les trente ans que dura sa carrière scientifique avec d’innombrables articles et communications et à travers de nombreuses conférences, colloques et cours magistraux.
Son écriture sans fioritures, alliant la précision et la rigueur du scientifique à la passion et au sens du détail de l’enseignant, son style à la fois polémiste et didactique, son éloquence de tribun et son sens de la répartie non dénué d’humour auront finalement raison de ses nombreux détracteurs, détracteurs objectifs mais incapables d’appréhender la prodigieuse «rupture épistémologique» qu’il opérait et détracteurs idéologiques qui sentaient «la terre se dérober sous leurs pieds».
Le Festival des arts nègres de Dakar, en 1966, sous l’égide d’Alioune Diop et d’Aimé Césaire, reconnaitra en lui «l’auteur africain qui a exercé le plus d’influence sur le 20e siècle».
L’UNESCO organisera à sa demande un colloque international qui réunira les plus éminents égyptologues du monde au Caire du 28 janvier au 3 février 1974 et aboutira en fait à la reconnaissance officielle de ses thèses.
L’UNESCO lui confiera de ce fait la rédaction du chapitre I de L’Histoire Générale de l’Afrique intitulé «L’origine des anciens Égyptiens».
Civilisation ou Barbarie qui reprend toutes ses thèses sur les fondements de la civilisation africaine, sur l’origine africaine de l’humanité, sur l’évolution des sociétés africaines, sur l’apport scientifique de l’Afrique à l’humanité et appelle à l’édification d’un véritable humanisme à l’échelle du monde marque le couronnement et le triomphe de son œuvre.
À partir de ce moment, Cheikh Anta Diop-le Savant avait triomphé, il s’était imposé dans le monde des idées et de la recherche scientifique.
D’ailleurs ses disciples dans les nombreuses disciplines qu’il a fécondés sont légion, pas seulement à l’Université de Dakar, qui porte maintenant son nom, avec les Professeurs Babacar Diop, Aboubacry Moussa Lam, notamment. Ils sont aussi au Congo avec Théophile Obenga, au Cameroun avec l'égyptologue Dou Kaya, les professeurs Kange Ewane et Oum Ndigi de l'Université de Yaoundé, au Niger, en Afrique du Sud, bref dans toute l’Afrique.
Aux États-Unis ses travaux ont suscité dès les années 1980 un nouveau courant de pensée et de recherche dit «Afro centrique» au sein des départements des «Black Studies». Ce courant animé notamment par Asante Molefi Kete s’est révélé extrêmement fécond et s’est propagé dans les Caraïbes (West Indies) et en Amérique Latine.
Mais Cheikh Anta fut autant un militant politique qu’un chercheur, un Savant. La recherche scientifique n’a jamais été pour lui la quête d’une reconnaissance académique ni une fin en soi, mais plutôt la fondation de l’action politique.
Il s’agit, dira-t-il, de «dégager les bases théoriques d’un dépassement de nos sociétés à castes, dépassement qui ne sera irréversible que s’il est fondé sur la connaissance du pourquoi des choses. N’est-ce pas cela, la révolution sociale, ou en tout cas un de ses aspects les plus importants dans nos pays ?»
Aussi militera-t-il activement dès les années 1950 pour l’indépendance et l’unité de l’Afrique. Au sein de l’association des étudiants du Rassemblement démocratique africain (RDA) dont il fut secrétaire général de 1950 à 1953 il milite contre «l’Union française» que la France proposait alors à l’intelligentsia pour empêcher l’indépendance de ses colonies.
Rentré au Sénégal en 1960, il met sur pied, un an plus tard, un parti d’opposition au régime du Président Léopold Senghor, le Bloc des masses sénégalaises (BMS). Il est arrêté en 1962 et détenu pendant un mois à la prison de Diourbel dans des conditions extrêmes qu’il rappellera souvent : «À 41 degré ; un demi degré de plus et mes neurones grillaient !» Le BMS est déclaré dissous dès 1963. Il le ressucite et enrôle des «Diaistes» (partisans du Président Mamadou Dia, destitué par Senghor, purgeant alors une peine de prison à perpétuité).
Le BMS n’est pas reconnu. Mais face à sa popularité, Senghor lui propose de se fondre dans son parti, moyennant 4 postes ministériels et ¼ des sièges de l’Assemblée nationale. Cheikh Anta Diop refuse le «deal» proposant plutôt une alliance des deux partis sur la base d’un programme de gouvernement à négocier. Son parti est interdit.
Il attendra 1976 pour créer un autre parti, le Rassemblement national démocratique (RND) qui regroupe sa propre mouvance de «nationalistes panafricanistes», des anciens dirigeants communistes de la mouvance du Parti Africain de l’Indépendance (P.A.I), des syndicalistes et des jeunes, étudiants et activistes de gauche.
Non conforme aux «3 courants de pensée» (socialiste, communiste et conservateur) définis par une loi qui venait d’être adoptée par le gouvernement Senghor, le RND ne sera reconnu qu’en 1981 à l’avènement du Président Abdou Diouf.
Auparavant le parti de Cheikh Anta Diop aura lutté pied à pied contre le régime du parti unique (notamment en diffusant aux plans national et international une pétition des cadres et intellectuels pour le multipartisme intégral), pour la liberté d’expression et le pluralisme de l’information (en publiant un journal Siggi puis Taxaw), pour les libertés syndicales (en favorisant la mise sur pied du premier syndicat des paysans et éleveurs et du Syndicat unique des enseignants du Sénégal, SUDES).
Le RND reprendra les différentes conclusions des thèses du Savant et formulera un programme de développement économique et social destiné à l’Afrique et au Sénégal. Point central de ce programme : la constitution d’un État fédéral africain car «seul un État fédéral continental ou subcontinental offre un espace politique et économique, en sécurité, suffisamment stabilisé pour qu’une formule rationnelle de développement économique de nos pays aux potentialités diverses puisse être mise en œuvre».
Autre point : la sécurité car elle «précède le développement… Un continent qui ne peut pas assurer sa propre sécurité militaire (...) n’est pas indépendant et ne peut pas se développer…».
Ce programme mettait en avant la nécessité d’utiliser les langues nationales : «Le développement dans une langue étrangère est impossible à moins que le processus d’acculturation ne soit achevé…, la démocratie dans une langue étrangère est un leurre…».
Il comprenait également tout un volet sur une politique énergétique recommandant «une forme de pluralisme énergétique associant harmonieusement les sources d’énergies : énergie hydroélectriques (barrages), énergie solaire, énergie nucléaire, hydrocarbures (pétrole), énergie thermonucléaire, hydrogène».
Pour le Sénégal en particulier, le programme de développement de Cheikh Anta Diop et du RND préconisait : «Si la phase transitoire vers une fédération africaine viable doit durer, il faudra qu’un petit État comme le Sénégal, sans verser dans l’élitisme, dispose coûte que coûte, d’un nombre suffisant de cadres techniques et scientifiques de niveau international possédant le savoir scientifique indispensable… Une société technicienne peut transformer le désert en oasis.»
Le Sénégal devait dans ce cas procéder à trois réformes fondamentales «liées» : «L’introduction des langues nationales dans l’enseignement, l’introduction des langues nationales au Parlement, dans l’appareil judiciaire et dans l’administration, les réformes de l’enseignement visant à atteindre le seuil de sécurité requis dans la formation de cadres moyens et de très haut niveau.»
On le voit le programme politique et de développement du Sénégal et de l’Afrique de Cheikh Anta et du RND, conçu dans les années 1970 à 1980, est encore d’une brulante actualité. Pourtant trente années après sa mort l’impact politique de Cheikh Anta Diop est presque inexistant. Le RND a éclaté en trois partis se réclamant chacun de lui. Et représentant à peine 1% de l’électorat. Beaucoup de ses compagnons se retrouvent désormais au sein du parti au pouvoir ou dans celui du Président Abdoulaye Wade.
Comment expliquer cet état de fait ? Cheikh Anta Diop et le RND ont-ils eu tort d’avoir eu raison trop tôt ? Ce pays est-il si profondément traditionaliste qu’il refuse le développement pour ne pas changer ?
Cheikh Anta Diop aurait peut être avancé cette explication qu’il avait donnée en 1979 à propos de la situation générale de l’Afrique : «C’est parce que des intellectuels et des cadres africains ont abdiqué leur responsabilité, ont préféré ronger des os, au lieu de s’occuper de l’essentiel, c’est-à-dire de la sauvegarde des droits imprescriptibles du citoyen, pensant que cela présentait moins de risque.»
Dans tous les cas le Politique tout comme le Savant aura laissé un legs inestimable qui, s’il est mis en œuvre, contribuera au développement du Sénégal et de l’Afrique.