L’université Cheikh Anta Diop a célébré hier son parrain. Sous le thème : «le combat de Cheikh Anta pour la réécriture de l’histoire africaine», la cérémonie a permis de revisiter le travail titanesque qui a été abattu par l’historien pour démontrer l’importance de l’Afrique dans le «processus d’humanisation». Pour le professeur Aboubakry Moussa Lam, c’est le moment pour les Africains d’adapter les enseignements du vaillant savant aux programmes Scolaires
L’oeuvre de Cheikh Anta Diop a été revisitée hier lors de la journée qui lui est dédiée par la fondation Ucad. L’édition de cette année est axée sur la vulgarisation du combat mené par Cheikh Anta Diop pour prouver la véracité de ses thèses sur la civilisation africaine. Selon le Pr Aboubakry Moussa Lam qui animait la conférence, Cheikh Anta Diop est la personnification de l’abnégation car malgré tous les problèmes rencontrés suite à l’élaboration et l’exposition de ses thèses, il n’a jamais voulu marchander ses convictions. «Il aurait pu devenir tout ce qu’il voulait, il était même bien parti pour devenir un ingénieur aéronautique.
Mais ces contre-vérités véhiculées par des professeurs de renommée sur la civilisation africaine ne l’ont pas laissé indifférent. Il décida ainsi d’investir tous ses efforts pour une réhabilitation de la vérité», a déclaré le Pr Lam.
Pour l’ancien assistant de Cheikh Anta Diop, ce dernier était un homme multidimensionnel qui a toujours oeuvré pour mettre au grand jour la véritable place de l’Afrique dans le processus d’humanisation du monde. «Son combat pour la réhabilitation de l'homme noir a frappé les esprits en assurant sa renommée. Pour Cheikh Anta, le challenge était de prouver à la face du monde que la civilisation mondiale n’est rien d’autre que la prolongation de celle du continent africain», affirme le disciple de Cheikh Anta.
Malheureusement, le natif de Thieytou s’est heurté à d’innombrables épreuves qui auraient pu anéantir sa détermination. «Quand il est rentré au Sénégal, on lui a barré la route de l’enseignement avec la complicité de certains professeurs égyptologues qui se sont mis à le traiter de fou et de névrosé. Mais sa réponse fut tellement virulente qu’aucun d’entre eux n’a osé recommencer», a-t-il expliqué. Puisqu’il ne pouvait pas enseigner, déclare le Pr Lam, Cheikh Anta s’est engagé dans l’écriture qui se révéla être un excellent moyen d’atteindre les esprits.
C’est ainsi qu’il va publier des ouvrages et articles clefs pour la réécriture de l’histoire africaine. «C’est le moment pour la communauté africaine de s’approprier les enseignements de Cheikh Anta Diop. En adaptant ses oeuvres au programme scolaire, nous encourageons notre jeunesse à aller jusqu’au bout. Dès qu’il avait l’occasion, il conseillait aux jeunes de s’armer de science jusqu’aux dents pour pouvoir défendre l’Afrique dans n’importe quel domaine», conclut-il.
Dr Dialo Diop se félicite de la pétition, lancée par un groupe de Sénégalais, pour l’introduction de l’œuvre de Cheikh Anta Dop dans les programmes scolaires nationaux. Pour le responsable du Rassemblement national démocratique (RND), parti fondé par l’égyptologue sénégalais disparu il y a près de trente ans, ça ne serait que justice rendue si les pouvoirs publics allaient dans le sens de la pétition. Car, indique-t-il, Cheikh Anta Diop n’est pas prophète chez lui.
Dans une pétition qui circule en ce moment, un groupe de Sénégalais demande l’introduction dans les programmes scolaires de l’œuvre de Cheikh Anta Diop. Comment avez-vous accueilli cette initiative ?
En réalité, ni le RND (Rassemblement national démocratique, Ndlr), ni les Sénégalais du continent ne sont à l’origine de cette pétition. Je l’ai appris à l’occasion de la conférence de samedi dernier à la librairie Athéna. MM. Niang et Ndiaye qui sont à l’origine de cette initiative sont des émigrés sénégalais du Canada. Vraisemblablement, je suppose, du Haut-Québec. Et Ils ont utilisé les mécanismes d’action citoyenne de type nouveau qu’offre les technologies de l’information pour lancer cette initiative qui est aussi courte et concise qu’elle est pertinente et percutante, demandant l’introduction de Cheikh Anta aux programmes d’enseignement de l’école sénégalaise. Moi et les compatriotes du territoire, si j’ose dire, n’avons fait que la démultiplier, la répercuter et l’amplifier pour en accroître l’impact. Et il est vraisemblable que si tout le monde fait comme nous, vous aurez, je ne dirai pas des milliers, mais des dizaines et des centaines de milliers de pétitionnaires puisque comme vous savez, les francophones ne sont pas des millions dans nos contrées, ils se comptent par milliers.
Quelle est la pertinence de cette pétition ?
L’intérêt de cette pétition, c’est de montrer qu’il y a une demande populaire croissante pour que cette injustice concernant l’œuvre de Cheikh Anta soit réparée et que les travaux de nos plus brillants penseurs et de nos meilleurs chercheurs, qui ont trouvé des résultats et laissé des résultats écrits, figurent aux programmes d’enseignement, et je dis depuis le préscolaire, à l’élémentaire jusqu’au supérieur. Voilà comment j’ai compris cette initiative et pourquoi je l’ai endossée.
Pourquoi, à votre avis, l’œuvre de Cheikh Anta Diop n’est pas suffisamment vulgarisée au Sénégal ?
En réalité, elle est mieux connue et vulgarisée en Afrique, mais hors du Sénégal. C’est paradoxal ! Et Cheikh Anta disait lui-même, nul n’est prophète en son pays. Il a été victime de l’ostracisme et de l’hostilité souvent déclarée des Français, en particulier de la Sorbonne pharisienne, de toute l’académie.
Cette hostilité est-elle toujours de mise ?
Jusqu’aujourd’hui les africanistes français tentent encore de mener le combat d’arrière-garde contre les travaux de Cheikh Anta Diop. Mais c’est vain ! Parce qu’en réalité, le combat proprement scientifique, il est gagné. Et le paradigme nouveau de l’École des humanités africaines ou l’École africaine d’égyptologie, les paradigmes fondateurs de l’œuvre de Cheikh Anta, ont révélé toute leur fécondité et toute leur pertinence par les travaux qu’ils génèrent et qui se multiplient dans tous les domaines de la recherche et non pas seulement en sciences humaines. Donc Cheikh Anta est victime même à titre posthume, bientôt trente ans après sa mort, de cette hostilité ouverte ou cachée contre le travail de saint qu’il a mené et conduit victorieusement contre la rédhibition coloniale et l’impérialisme. Il a ruiné les bases pseudo-scientifiques de la rédhibition et de l’académisme occidental. Il nous a donné des instruments pour pouvoir fonder des nouvelles humanités authentiquement universelles mais à base et à fondement africaine.
Quelle est la place de l’œuvre de Cheikh Anta aujourd’hui, à l’ère de la mondialisation ?
Il nous donne les outils pour comprendre la mondialisation, en particulier quand il nous montre que la mondialisation qui est finalement un système de capitalisme monopolistique et oligopolistique n’est que la énième variante d’un processus de mondialisation qui commence avec l’hominisation. L’apparition de homo sapiens sapiens sur le continent africain, a fini par envahir toute la planète terre, les quatre autres continents. Et il a littéralement colonisé l’ensemble de la planète terre. C’est la première mondialisation. Même dans l’antiquité, si vous voyez l’impact de la civilisation égypto-nubienne sur le reste du monde, c’était aussi un processus de mondialisation. C’était le résultat des découvertes, des inventions et des innovations des Africains de Nubie et d’Égypte en sciences, en techniques, en arts, en philosophie et en religion, qui s’est disséminé littéralement à travers le bassin de la méditerranée, mais a pu atteindre le monde entier. C’est aussi une forme de mondialisation. Mais si on s’en tient à l’époque moderne, la mondialisation européenne, c’est l’envahissement, l’invasion et la soumission à une servitude marchande de tous les peuples non européens de la terre par l’Europe capitaliste. C’est une autre forme de mondialisation.
Qui sont les héritiers de Cheikh Anta Diop ?
Vous savez qu’on ne maitrise pas son héritage. Une fois que vous êtes disparu et enterré ce que l’on fait de votre legs est indépendant de votre volonté. Le patrimoine le plus précieux de Cheikh Anta, c’est évidemment son legs scientifique et de ce point de vue là, il y a le noyau dur, si j’ose dire, de sa contribution scientifique et intellectuelle, c’est incontestablement la restauration de la continuité de la conscience historique africaine sur la longue durée, 5 à 6000 ans au moins pour ne pas remonter à l’hominisation, voire à l’antiquité. De ce point de vue là, le disciple hors classe et hors compétition, si vous voulez, c’est le Congolais Théophile Obenga, le plus brillant égyptologue africain, le continuateur de Cheikh Anta dans le développement de l’école africaine d’égyptologie et d’antiquité africaine au sens large. Mais l’héritage de Cheikh Anta ne se limite pas à cet héritage scientifique. Il a aussi laissé un héritage politique. Cheikh Anta n’était pas un père fondateur, mais un des continuateurs de la cause du panafricanisme. Et il a laissé un legs spécifiquement politique, une certaine conception de la politique, une certaine manière de mener le combat politique. Il aimait à dire à propos du dernier parti qu’il a créé : ‘’Le RND a un style propre, c’est le culte de la vérité et la sérénité de l’expression’’. Ça veut dire beaucoup de choses.
L’aspiration à diriger le pays ne tient pas à cœur le RND ?
Le RND ne cherche pas le pouvoir pour le pouvoir. Le RND n’est que le dernier parti que Cheikh Anta a créé ; le premier parti auquel il a adhéré était un parti panafricain, le Rassemblement démocratique africain (RDA) qui est finalement le libérateur de l’empire coloniale français de la botte française, au moins dans le cadre de la Guinée. De ce point de vue là, il n’y a pas lieu d’attribuer des certificats de fidélité ou d’appellations contrôlée ou d’origine contrôlé comme disent les commerçants. Il faut simplement voir dans les discours et dans l’action, parce que la conformité dans le discours et dans l’action est un principe de base de tout homme politique qui se respecte, et la contradiction entre les deux est une caractéristique de tout politicien professionnel. Il faut juger par les actes et la conformité du discours pour voir de tous ceux qui se réclament de son héritage politique finalement qui sont les vrais et qui sont les faux disciples de Cheikh Anta.
Comment expliquez-vous la rareté des documents sur Cheikh Anta Diop ? Même ses photos ne circulent pas.
En fait, c’est parce que comme tout grand révolutionnaire, Cheikh Anta Diop est d’une très grande humilité, qui haïssait le culte de la personnalité. Il ne s’est jamais mis en avant. Il ne parlait pas de secrétaire général du RND par exemple. Il parlait de secrétariat général en disant que c’est lui et ses deux adjoints feux Me Babacar Niang et Moustapha Diallo. Il disait que si vous voyez n’importe lequel d’entre nous, vous avez vu le parti. Donc Cheikh Anta avait cette profonde sobriété qui faisait que son image en particulier son image physique lui importait fort peu. Il a fait la campagne de 1983, après que le parti ait arraché son récépissé de reconnaissance légale, pendant 21 jours sans qu’un seul support de campagne du parti ne porte sa photo. Même la profession de foi du candidat du RND à la députation qui était son texte qu’il a rédigé ne porte pas sa photo. Elle ne porte que l’emblème du parti qui est l’aigle.
Et pourquoi l’aigle ?
C’est parce que c’est un prédateur noble qui ne mange pas de charognes et l’assaille et la mange vivant en quelque sorte. C’est toute la différence avec les charognards. La couleur du parti c’était l’or parce que précisément non seulement l’Afrique est le pays de l’or, par tradition, mais aussi et surtout parce que l’or est totalement inaltérable.
L’Occident a connu l’apogée de son impérialisme en même temps qu’il a appris que l’Afrique noire lui a transmis ‘’tous les éléments de (sa) civilisation’’. Une vérité scientifique récusée par nombre de savants occidentaux, qui n’étaient pas disposés à admettre ‘’sans nuances’’ cette thèse longtemps portée et défendue par le Pr Cheikh Anta Diop.
La reconnaissance de l’antériorité de la civilisation nègre a profondément divisé les égyptologues. Ceci est la résultante logique de la falsification de l’histoire de l’Afrique par l’Occident qui ne pouvait pas accepter de voir un continent pauvre ‘’érigé’’ en berceau de l’humanité, point de départ de toute civilisation.
Selon le Pr Cheikh Anta Diop, l’Occident, à force de falsification, de génération en génération, rechignant à reconnaitre l’Afrique comme point de départ de la civilisation, en est même arrivé à l’idée selon laquelle ‘’l’Egypte est un accident géographique’’ sur le continent noir. Que ce pays est partie intégrante de l’Orient.
Une aberration pour l’égyptologue sénégalais. ‘’L’Egypte, ce n’est pas l’Orient, c’est l’Afrique ! L’orientalisme est une frustration, c’est une falsification’’, estime Cheikh Anta Diop. Qui assure que, quelque puissant qu’il puisse paraître, l’Occident a failli dans sa mission de transmission des savoirs dans le domaine des sciences humaines.
Digne fils d’Afrique, Cheikh Anta Diop est un des plus grands égyptologues. Parain de l’université de Dakar, le savant a consacré sa vie à rétablir la vérité sur l’Egypte ancienne dans le cadre de ses recherches scientifiques. Et ce n’est pas une tâche facile pour lui.
Il a été combattu par les Occidentaux qui, idéologiquement parlant, ne pouvait pas accepter ces vérités scientifiques qui placent l’Egypte ancienne au cœur de l’histoire de l’humanité. Et pourtant la Grèce qui, par le passé, a été le pays phare du rayonnement de l’Occident s’est profondément abreuvée en sciences en Egypte. Les plus grands savants grecs de l’époque ayant étudié dans ce pays de sciences.
De conférence en conférence, de Niamey au Caire, Cheikh Anta Diop s’est évertué à montrer la vérité au grand jour, ne craignant pas de confronter sa thèse à celle de ses adversaires, se défendant avec hargne et courage.
Dakar, 20 fév (APS) - Des universitaires, hommes politiques et des représentants de la société civile ont plaidé pour une plus grande vulgarisation des écrits du savant sénégalais Cheikh Anta Diop, pour que la jeune génération puisse porter les projets rêvés par le défunt historien et perpétuer de cette manière son œuvre.
"Cheikh Anta Diop a beaucoup écrit, mais combien de jeunes Africains ont lu ses œuvres. Je pense qu'il faut vulgariser ses œuvres", a indiqué l'historien Aboubacry Moussa Lam, mercredi à Dakar, lors d'une conférence publique sur l'œuvre et le parcours de savant et égyptologue sénégalais, décédé en 1986.
M. Lam était un des panélistes de cette rencontre organisée par l'Institut des droits de l'homme et de la paix (IDHP) de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, qui porte le nom du célèbre historien que cette manifestation visait à rendre hommage. L'Association des juristes sénégalaises (AJS) a également participé à l'organisation de cette rencontre.
Selon Aboubacry Moussa Lam, "(Cheikh Anta Diop) a toute sa vie évertué à démontrer que si l'Afrique n'a pas d'histoire, il ne saurait y avoir d'histoire dans le monde".
"On ne peut pas comprendre l'histoire du monde, sans connaître l'histoire de l'humanité qui a commencé en Afrique qui est le berceau de l'humanité", a-t-il poursuivi.
Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Diallo Diop, a lui recommandé aux jeunes sénégalais et aux étudiants en particulier d'étudier les œuvres du professeur Cheikh Anta Diop pour s'en inspirer.
"Ce qu'on peut recommander aux jeunes, c'est d'étudier ses œuvres, de les lire, d'y réfléchir et de s'en inspirer pour leur travail non seulement académique pour ceux qui font de la recherche, mais aussi pour leur travail social la construction de notre pays" a-t-il déclaré.
Pour sa part, Ndèye Astou Ndiaye, professeur à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l'UCAD a estimé qu'il revenait à présent aux jeunes du continent de "perpétuer la vie et l'œuvre de Cheikh Anta Diop".
"Il faut se battre pour avoir assez d'œuvres de Cheikh Anta Diop et les mettre à la disposition de nos étudiants pour qu'ils les lisent", a de son côté déclaré le professeur Demba Sy, modérateur des débats de la conférence.
Il a invité les étudiants à faire l'effort de lire Cheikh Anta Diop qui selon lui est plus connu à l'extérieur du Sénégal que dans son propre pays. Selon lui, cette tendance doit être inversée.
3 JOURS POUR REVISITER L'ŒUVRE DE CHEIKH ANTA DIOP
EN COMMEMORATION AU 28 EME ANNIVERSAIRE DE SA DISPARITION
Le 28iéme anniversaire de disparition du regretté Cheikh Anta Diop , premier Secrétaire général du Rassemblement démocratique (Rnd), sera commémoré du 7 au 9 février 2014.
Plusieurs activités sont prévues à cette occasion. Le vendredi 7 février 2014, à partir de 9 heures 30, à la salle de conférence de l'Ucad 2, sera organisé un forum autour du thème : « la crise des universités en Afrique ». Le pèlerinage annuel de Ceytu , au mausolée où repose Cheikh Anta Diop, aura lieu le samedi 8 février. Une exposition consacrée à la vie et l'œuvre de Cheikh Anta Diop se tient par ailleurs depuis le lundi 3 février, dans le Hall de la bibliothèque centrale de l'Ucad.
Selon le communiqué parvenu à la rédaction de Sud quotidien, l'édition de cette année revêt une signification particulière du fait qu'elle est organisée conjointement par le Rassemblement national démocratique (Rnd ), l'Union pour la démocratie et le fédéralisme (Udf) Mbolloo mi qui partagent les mêmes idéaux et un attachement commun à l'œuvre politique du professeur Cheikh Anta Diop.
Cette commémoration sera en outre rehaussée de la présence de plusieurs dirigeants de la ligue Panafricaine (Umoja), (Lpu) spécialement venus de l'étranger pour l'occasion.
PAR ABOUBACAR DEMBA CISSOKHO
CHEIKH ANTA DIOP
L'HISTORIEN AURAIT EU 90 ANS CE DIMANCHE 29 DÉCEMBRE
Le 28 juillet 2012, au siège d’Enda Tiers-monde à Dakar, la sociologue et essayiste malienne Aminata Dramane Traoré appelait les intellectuels africains à s’acquitter de la «dette de sens» consistant à «outiller les jeunes intellectuellement, théoriquement et politiquement». «Ils (les jeunes) doivent être outillés intellectuellement, théoriquement, politiquement, pour décrypter ce qui se passe chez nous en relation avec ce qui se passe ailleurs», disait-elle au cours d’un débat sur la crise au Nord-Mali alors sous le contrôle de divers groupes djihadistes.
Parmi les intellectuels du continent, qui se sont évertués à s’acquitter de cette «dette de sens», l’historien, physicien et homme politique sénégalais Cheikh Anta Diop occupe une place de choix. Il est, à bien des égards, un repère solide dans ce monde si tourmenté. Né le 29 décembre 1923, cet homme au destin singulier aurait eu 90 ans, ce dimanche.
Plus de vingt-sept ans après sa disparition physique, on se rend bien compte que cette immense personnalité est partie trop jeune (62 ans) ! Mais son immense œuvre défie le temps et les esprits, lui accordant le statut, plus que mérité, d’un immortel. En voilà donc un anniversaire qui mérite d’être célébré.
Lorsque ses compatriotes - comme l’ont déjà fait les peuples de nombreux autres pays africains et de la Diaspora - auront saisi la portée de ce travail de titan qui nous poursuit comme pour rappeler l’impérieuse nécessité d’instaurer un nouvel ordre, alors commencera la grande entreprise de réconciliation avec nous- mêmes. Parce que nous nous aurons rendu compte et compris que nos cultures portent en elles les ingrédients de notre salut. Que nous ne sommes ni meilleurs ni pires que les autres...
Il y a dans la démarche scientifique et dans la posture morale et intellectuelle du savant sénégalais une grande force et une énergie qui lui assurent une autorité et une légitimité que l’on n’a nullement besoin d’imposer ou d’aller chercher auprès d’institutions étrangères dont la spécialité a été de refuser, pendant longtemps à l’homme noir, à la fois histoire, culture et capacité de créer des valeurs humaines.
Dans son ouvrage Cheikh Anta Diop ou l'honneur de penser (Editions L'Harmattan, Paris, 1989), le sociologue et anthropologue camerounais Jean-Marc Ela (1936-2008) soutient que «pour gérer l'héritage de cet homme de science, il faut retrouver cette capacité de créer qu'il a voulu faire naître en chaque Africain», invitant les jeunes Africains à «relire sans passion une œuvre incontournable qui demeure un défi à l'intelligence de notre temps».
Il est aujourd’hui clair que, plus de vingt ans après la chute du Mur de Berlin (1989) - événement qui a laissé sur le carreau une génération engluée dans les débats souvent stériles sur les idées de Marx, Engels, Mao ou encore Trotsky, de tous les dirigeants et intellectuels de son temps, il a été l’un des rares, sinon le seul, à comprendre que la langue, élément qui porte avec le plus de force une culture et une identité, est d'une importance vitale pour un peuple qui veut rester debout et réaliser des progrès.
En ce jour anniversaire de sa naissance à Caytu, petit village situé au cœur du Baol, saluons la figure du politique qui n'a jamais vécu pour les honneurs, n'a jamais pu être corrompu par un quelconque bien matériel. Lorsque l’on voit les ravages que la course à l'argent provoque dans notre pauvre pays, on prend la mesure d’une telle attitude. Et on rendrait un immense service à la jeunesse de nos pays en lui montrant que la politique ne doit pas être un instrument de promotion individuelle ou un moyen de s'en mettre plein les poches.
Immortel, avons-nous dit. Cheikh Anta Diop l’est assurément, tant il est reconnu qu’il s’est livré corps et âme à l’expression de vérités essentielles à la présence des peuples d’Afrique au banquet de l’humanité : l'historicité des sociétés africaines, le travail sur les langues nationales, la primauté de la sécurité sur le développement, la souveraineté nationale, l’Etat fédéral, la question énergétique, etc.
L’impasse dans laquelle se trouvent nos sociétés, causée en grande partie par une aliénation culturelle aux racines profondes, doit nous inciter à aller à la recherche et à la (re)découverte de cet homme dont le précieux travail peut nous aider à voir que nous ne sommes pas sur le bon chemin, à nous réconcilier avec nous-mêmes, même si c'est difficile avec les forces intérieures et extérieures qui s'y opposent, à arrêter d'entretenir le mépris de nous-mêmes et de renoncer avec une facilité déconcertante à notre culture, des attitudes que nous sommes presque les seuls à avoir au monde.
L'écrivain Boubacar Boris Diop, un de ses disciples, a l'habitude de dire que Cheikh Anta est peut-être parti avec le sentiment qu'il n'a pas réussi à faire adhérer un grand nombre de ses compatriotes à ses convictions. En reprenant à notre compte son œuvre et en s'inspirant de celle-ci et de sa posture d'homme politique intègre, nous pouvons montrer qu'il a semé des arbres dont l'Afrique peut valablement se nourrir des fruits. Essayons, pour voir la différence avec la pratique ayant cours depuis plus de cinquante ans. Pour faire en sorte que, pour tout le monde, il soit «plus présent mort que vivant», selon l’expression de Boris Diop.
Si Cheikh Anta est aujourd’hui appelé à la rescousse par une jeunesse maintes fois trahie par ses élites politiques, c’est en grande partie parce qu’il avait cherché et obtenu, on doit le reconnaître, un positionnement dans l’Histoire. Une démarche qui est en train de lui donner raison sur de nombreuses questions. C’est en cela qu’il n’est pas mort. Le maître qu’il est et restera a déjà parlé et montré une voie de salut. Notre faute est de ne l’avoir pas écouté. Mais nous pouvons nous rattraper. Il n’y a aucune fatalité. Cheikh Anta Diop a pu réussir, en 1954 avec l’ouvrage fondateur Nations nègres et culture, à démonter, dans un contexte hostile, les thèses qui ont justifié la funeste colonisation. Il est alors bien possible de relever la tête. Cela équivaudrait à payer une petite partie de l’immense dette que nous avons envers lui.
Malgré leur brouille, en 1962, Léopold Senghor et Mamadou Dia ont gardé chacun pour l’autre un respect et une affectation sincères. A la sortie de prison du second, les retrouvailles entre les deux hommes furent nimbées d’émotion. C’était au palais. Témoin de la scène, Moustapha Niasse raconte dans une des deux bandes que nous diffusons la profondeur des rapports entre Senghor et Dia. Dans l’autre bande, le président de l’Assemblée nationale rétablit la vérité sur les relations entre Senghor et Cheikh Anta Diop, que d’aucuns ont vite fait de classées ‘’conflictuelles’’.
"Cheikh Anta Diop a produit une histoire culturelle de l’Afrique pleine de bonne volonté, mais pas très exacte sur le plan empirique"
Anthropologue, spécialiste des sociétés africaines et professeur émérite à l’université Paris Descartes (ex-Paris V), Jean Copans a une approche critique, sans doute dérangeante, des nombreuses « illusions panafricaines ». Dans cette interview, il nous livre son sentiment sur les travaux du Pr. Cheikh Anta Diop et revient, avec un œil critique, sur la pratique des sciences sociales en Afrique.
Que pensez-vous des travaux de Cheikh Anta Diop en tant qu’africaniste ?
«J’ai rencontré Cheikh Anta Diop lorsque je faisais des enquêtes sur l’évolution politique du Sénégal et j’ai un grand respect pour lui. Mais il relève d’une époque (1950-1970) où il fallait réaffirmer l’autonomie de l’histoire africaine et que l’Afrique n’était pas simplement un monde sans histoire. L’Afrique a une histoire complexe et ses propres sociétés. D’ailleurs, il n’a pas été le seul à défendre ce genre d’idées. Il a écrit des ouvrages au cours des années 1950. Son point de vue, c’est qu’il y avait une civilisation qu’on avait sous estimée, oubliée et maltraitée. Elle était venue de Nubie, au sud de l’Egypte.
C’est la partie africaine de l’Egypte qui serait du coup la mère de l’Afrique. On aurait oublié que la culture de l’Afrique noire a une origine, et que cette origine de haut niveau a essaimé dans l’ensemble du continent. Or Cheikh Anta Diop n’a pas étudié des migrations historiques. C’est une étude qui dépasse la force d’un seul homme et elle n’était même pas réalisable à son époque. D’ailleurs, l’archéologie africaine était très limitée et il n’y a pas beaucoup de textes écrits, sauf de la part de voyageurs étrangers, européens et arabes.
Cheikh Anta Diop a produit une espèce d’histoire culturelle de l’Afrique qui était pleine de bonnes volontés, mais qui n’était pas très exacte sur le plan empirique. Est-ce que pour expliquer l’évolution des sociétés sérère, wolof, bassari ou lébou (pour nous limiter à des populations du Sénégal), il fallait remonter à l’Egypte ancienne ? Cela n’a, en fait, aucun rapport. On n’a pas besoin de l’Egypte ancienne pour analyser et admirer ces cultures. Cheikh Anta Diop est l’un des inspirateurs de ce qu’on pourrait appeler le nationalisme panafricaniste. C’était utile pour constituer une espèce de front culturel unique contre le colonisateur.
Ce serait commode de penser que l’Afrique est issue d’un noyau originel et que sa culture s’est répandue à travers tout le continent, mais ce n’est pas comme ça que cela s’est passé. On n’a quasiment aucune preuve pour démontrer comment s’est peuplée l’Afrique sur les plans biologique et anthropologique et encore moins pour dire comment se sont constitués les milliers de cultures du continent. L’histoire – et l’anthropologie – de l’Afrique noire telle qu’on les connaît aujourd’hui nous montrent que c’était beaucoup plus variable et compliquée. Mais l’objectif de Cheikh Anta Diop était de réaffirmer, avant tout, que l’Afrique avait un passé, un présent et qu’elle allait avoir un avenir.
Cheikh Anta Diop a pourtant vécu plusieurs décennies après les années 1950 et il aurait pu prendre connaissance des nouvelles approches en histoire orale et coloniale apparues après 1965-1970. Ainsi, il aurait pu et dû changer d’avis sur sa façon de voir l’histoire et les sociétés africaines. Mais malheureusement, il ne l’a pas fait. Ses successeurs sénégalais, et plus largement africains, produisent aujourd’hui une histoire en phase avec les historiographies mondiales. Je pense, par exemple, pour ce qui est des chercheurs sénégalais, à Boubacar Barry, Abdoulaye Bathily, Mamadou Diouf, Ibrahima Thioub ou encore Cheikh Anta Babou et bien d’autres».
Comment expliquez-vous le paradoxe qui veut qu’il y ait une tradition en matière d’anthropologie sociale culturelle sur l’Afrique en Europe et pas dans les universités africaines.
«L’ethnologie et la sociologie, qu’on appelle les sciences sociales, sont nées originellement en Europe aux XVIIIème et XIXème siècles. Sur le plan strictement professionnel et institutionnel, elles existent depuis plus d’un siècle. Aujourd’hui, la plus grande puissance en sciences sociales, ce sont les Etats-Unis. Mais au début du XXe siècle, c’étaient les Allemands, les Autrichiens ainsi que les Français. Il existe donc des traditions nationales différentes.
Par ailleurs, l’ethnologie et la colonisation ont été très liées. L’ethnologie était-elle simplement coloniale dans son état d’esprit ou au contraire servait-elle à mieux comprendre les populations afin de mieux les administrer comme le faisaient les britanniques ? Les Européens voulaient montrer que les populations colonisées – à l’image des Dogon du Soudan (le Mali actuel) étudiés dès les années 1930 par l’ethnologue Marcel Griaule – n’étaient pas « primitives ».
Certains mouvements intellectuels et idéologiques de libération de l’Afrique, comme le mouvement de la Négritude, ont essayé simultanément d’assimiler certains acquis de l’ethnologie tout en critiquant le paternalisme culturel colonialiste. Cependant, on a exagéré le penchant traditionnaliste de l’ethnologie, car les Européens essayaient aussi de comprendre des sociétés que l’on considérait comme très différentes de celles qu’on trouvait en Europe.
Si l’on se situe dans le cadre du Sénégal indépendant, il faut prendre en considération un évènement supplémentaire : à la suite des évènements politiques très graves de 1968 (un vaste mouvement étudiant puis ouvrier et salarié), le président L.S. Senghor avait décidé de supprimer le département de Sociologie (où l’on enseignait déjà de l’ethnologie) de l’Université de Dakar et ce dernier restera fermé pendant un quart de siècle !
Au bout de 50 ans, je constate que l’ethnologie est encore peu enseignée et à peine mentionnée pour plusieurs raisons. L’étude au plus près des sociétés africaines concerne la linguistique, l’histoire précoloniale. En Afrique du Sud, pendant plus d’un siècle, on pratiqua la ségrégation raciale des populations et un certain nombre de ces principes étaient confortés par les arguments de traditions d’origine germanique ou autrichienne.
La grande question qui s’est posée après 1994, c’est qu’il s’agissait là, quel que fût le point de vue adopté, d’une ethnologie faite par des Blancs sur les Noirs. Beaucoup de gens pensaient que l’Afrique du Sud « s’africaniserait », sur le plan politique ou économique, mais sur le plan universitaire, c’est bien plus compliqué, car beaucoup de chercheurs sont toujours blancs. On ne sait pas encore si les sciences sociales en Afrique du Sud vont devenir plus africaines qu’auparavant».
Quelle est la contribution proprement africaine aux sciences sociales, notamment en anthropologie, ayant pour objet le continent noir ?
«Je pense qu’il existe une véritable tradition de sciences sociales au Sénégal, plutôt sociologique au sens large, ethnologique, historique, géographique depuis 50 ou 60 ans. Et l’un des animateurs de cette dynamique, depuis 25 ans, c’est le sociologue de l’Ifan, Momar Coumba Diop, qui vient d’ailleurs de publier, sous sa direction, deux volumes consacrés aux douze années du règne d’Abdoulaye Wade (2000-2012). Il y a, au moins, 60 chercheurs sénégalais et quelques étrangers qui y ont contribué et qui essaient de montrer ce qui a pu se passer dans tous les domaines pendant les deux mandats de Wade.
Le problème le plus important est que le financement de la recherche est très faible au Sénégal. J’ai visité l’Ifan pour la première fois en 1967. Mais aujourd’hui, il y a des domaines de recherche où l’on a l’impression que pas grand-chose n’a bougé depuis cette époque. Ce qui pose des problèmes de mise à jour. En effet, il existe comme une rupture, selon moi, entre les travaux qui sont faits à partir de l’extérieur de l’Afrique et ceux qui sont faits à partir des Etats africains ou des grands instituts de recherche panafricains comme le Codesria.
Le grand sociologue allemand Ulrich Beck parle de « nationalisme méthodologique » pour dire que chaque pays possède une tradition nationale et qu’avec le temps, les chercheurs sont piégés par cette tradition : on n’étudie plus que son pays ou seulement les problèmes sociaux de son pays. Les pays africains, notamment francophones, ont également un autre problème puisqu’un certain nombre de leurs ressortissants font leurs études en France.
Ils lisent presqu’uniquement des livres français qui deviennent leur seule source d’inspiration. Dans les pays anglophones cela aurait peut-être été pareil, mais les traditions sont bien plus diversifiées. Au Sénégal, on est en train de constituer une tradition sénégalaise, mais en même temps, il faut la dépasser, pour intégrer, sur un pied d’égalité, les apports de la mondialisation des sciences sociales».
Vous dites que la consultance tue la recherche…
«Effectivement, la consultance tue la recherche, parce que ni les bailleurs de fonds, ni ceux qui font les études n’essaient de transformer ces rapports en travaux plus approfondis. Un bailleur de fonds ne va pas vous demander une dissertation théorique sur l’évolution de la famille en Afrique. Il va, par contre, vous demander de vérifier s’il est vrai que la dynamique de la famille en Afrique va dans la direction de la famille monogamique ou de la famille monoparentale.
On va vous demander des choses apparemment précises et concrètes. Mais les concepts sont moins bien travaillés. Certes dans la recherche en consultance, ce sont des finalités à but pratique qui dominent, ce qui n’est pas malhonnête en soi, mais relève du très court terme et où les grandes explications méthodologiques et théoriques ne sont pas vraiment requises. Or, si vous voulez écrire un article dans une revue scientifique ou même un ouvrage, il faut que vous fassiez comme tous vos collègues du monde entier. Il existe des discussions sur la nature des concepts dans les sciences sociales entre les différentes théories. Il faut expliquer à laquelle de ces théories vous vous identifiez.
Quand vous faites de la consultance on ne vous demande pas si vous allez faire du Raymond Boudon ou du Robert Castel (deux sociologues français très célèbres qui viennent de disparaître). La consultance fait qu’il n’existe qu’une toute petite minorité de chercheurs qui s’occupe de la production scientifique académique dans les livres ou dans les revues. Car la plupart des autres chercheurs courent d’une consultance à l’autre. Ils n’ont même pas le temps de faire le point sur ce qu’ils ont étudié dans la première consultance qu’ils sont déjà engagés dans la consultance suivante.
Je pense qu’il faudrait que les bailleurs de fonds, le Cames, les universités, les collègues, les organisations professionnels se mettent d’accord pour que ce qui se fait dans les consultances puisse être repris à tête reposée et intégré au sein de la tradition des sciences sociales. D’autant qu’un grand nombre de ces travaux de consultance sont des produits privés et qu’ils appartiennent, par conséquent, à celui qui les a payés, ce qui interdit même la diffusion du rapport».
Dakar, 17 mars (APS) - Cheikh Mbacké Diop, physicien au laboratoire de physique nucléaire de Gif-sur-Yvette (France), anime vendredi prochain à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis une conférence sur "l’œuvre de Cheikh Anta Diop : au cœur de l’actualité africaine", annonce un communiqué transmis mercredi à l’APS. Prévue à partir de 15 heures à l’amphithéâtre Madické Diop, la conférence sera présidée par le professeur Lamine Guèye, recteur de l’UGB. La manifestation s’inscrit dans le cadre de la série de grandes conférences mensuelles initiée en février 2013, précise la même source. L’invité de l’UGB s’emploiera au cours de sa conférence à "illustrer toute l’actualité des réflexions et travaux" de son père, Cheikh Anta Diop, "sur plusieurs plans : historique/archéologique, scientifique/industriel, sociologique, philosophique", indique le communiqué. Cheikh Mbacké Diop est le créateur de la police informatique permettant l’écriture des hiéroglyphes et co-fondateur de la revue d'égyptologie "Ankh". Il est l’auteur de la biographie "Cheikh Anta Diop, l’homme et l’œuvre" (Présence africaine, 2003). Cheikh Anta Diop, restaurateur d'une conscience historique africaine, est mort le 7 février 1986 à l'âge de 62 ans. Il a travaillé sur l'historicité des sociétés africaines, l'antériorité de l'Afrique, l'africanité de l’Égypte, etc. Il a notamment publié "Nations nègres et culture'' (1954), "L'Unité culturelle de l'Afrique'' (1960), "Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique'' (1967), "Civilisations ou barbarie'' (1981) entre autres.