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2 avril 2025
Culture
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PLUS DE CULTURE, ENGENDRE MOINS DE CONFLITS
Si les régions sont moins servies, à Dakar, les événements culturels s'enchaînent non-stop. Pour le journaliste Alassane Cissé, c'est une bonne chose, car on ne se lasse jamais de culture. A contrario, cela apaise et garantit, peu ou prou, la paix sociale
Du 28 au 29 décembre 2024 s'est tenue à la Maison Douta Seck de Dakar la première édition de l'Africa Diaspora Festival. Un événement initié par le journaliste et critique d'art Alassane Cissé, par ailleurs promoteur du journal Patrimoine, qui se consacre à la culture. Interviewé en marge du festival, Alassane Cissé a expliqué que ce festival a pour objectif de mobiliser des artistes et intellectuels d'Afrique et de sa diaspora, la société civile et des acteurs du développement autour d'une même plateforme afin de contribuer à l'unité africaine par la culture.
Alors que la souveraineté est devenue le maître mot du nouveau régime en place à Dakar et dans certains pays de la sous-région, comme ceux de l’AES, Alassane Cissé a soutenu que la souveraineté n’est pas seulement alimentaire et économique, mais aussi culturelle et éditoriale. Donc ce rendez-vous culturel s’inscrit aussi dans cet élan de souveraineté retrouvée par certains pays de la région à travers un nouveau leadership a la tête des États.
Ainsi, des participants sont venus des cinq continents pour prendre part à cette première édition de ce festival tenu à la Maison de la Culture Douta Seck de Dakar. Des Africains, artistes et universitaires ont répondu présents.
Le 28 décembre, premier jour du festival, le public a eu droit à un concert de différents artistes présentant des rythmes musicaux variés, agrémenté du spectacle de Laye Ananas en hommage aux militaires victimes du Camp Thiaroye. Ce spectacle époustouflant a été ponctué par des acrobates des The Lions, qui ont donné des frissons aux spectateurs.
Pour Alassane Cissé, il s'agit aussi d'amener sa génération à accomplir sa mission dans le sillage de ce que le panafricaniste guadeloupéen Frantz Fanon avait indiqué.
L’Institut culturel italien a accueilli une exposition off dans le cadre du Dak’Art 2024, qui s’inscrit également dans le Parcours. Le projet, intitulé « Souvenirs d’Italie », met en lumière trois jeunes artistes prometteurs ayant la particularité d’être Italiens tout en étant d’origine africaine : Binta Diaw, Adji Dieye et Delio Jasse.
Leurs créations, présentées de manière collective, explorent des thématiques telles que la mémoire, la post-colonialité et l’émigration. La sélection des artistes a été réalisée par Eugenio Viola, l’un des commissaires d’exposition italiens les plus influents à l’international, actuellement basé en Colombie.
Selon la directrice de l’Institut, Serena Cinquegrana, « grâce à la culture et à l’art, Italiens et Sénégalais peuvent mieux se connaître et se rapprocher ».
LA CAPITALE INTROUVABLE DE L'EMPIRE MALIEN
De la Guinée au Sénégal en passant par le Mali actuel, chaque pays d'Afrique de l'Ouest revendique avoir abrité cette cité mythique. Pourtant, malgré des décennies de recherches, son emplacement exact reste aujourd'hui un mystère
(SenePlus) - Dans un article fouillé, Le Monde revient sur l'une des plus grandes énigmes de l'histoire médiévale africaine : la localisation de la capitale de l'empire du Mali, cette puissance qui rayonna du XIIIe au XVIIe siècle sur une grande partie de l'Afrique de l'Ouest.
La description qu'en fait le célèbre voyageur Ibn Battuta évoque une cité médiévale prospère, dotée d'une mosquée, d'un palais, d'entrepôts et d'un quartier réservé aux étrangers. Les échanges commerciaux y étaient florissants, reliant la ville à Sijilmassa au Maroc et au Caire, mais aussi au sud du Sahel. On y négociait or, sel, cauris et céramiques dans des fours à poterie actifs.
Pourtant, comme le confirme l'archéologue malien Mamadou Cissé cité par Le Monde, "au stade actuel des connaissances, je ne peux pas déterminer l'emplacement de la capitale de l'empire du Mali". Cette disparition s'explique en partie par les matériaux de construction utilisés : le banco, un mélange de terre et de paille particulièrement vulnérable à l'érosion.
L'empire malien continue de fasciner les chercheurs, notamment pour sa richesse légendaire incarnée par Mansa Moussa, son dirigeant du XIVe siècle, dont la fortune est aujourd'hui comparée sur les réseaux sociaux à celle des milliardaires contemporains.
La quête de cette capitale perdue a donné lieu à de multiples théories. L'historien français Hadrien Collet parle même d'"obsession". Si l'anthropologue Claude Meillassoux a proposé l'est du Sénégal, c'est la ville de Niani en Guinée qui s'est longtemps imposée comme hypothèse privilégiée.
L'historien malien Doulaye Konaté rappelle le contexte politique de ces recherches : "À l'indépendance, les Républiques malienne et guinéenne ont voulu établir un lien avec la mémoire prestigieuse du sultanat". Modibo Keïta, premier président du Mali, revendiquait ainsi une filiation avec Soundiata Keïta, le fondateur de l'empire.
Une nouvelle piste a été proposée en 2021 par l'historien François-Xavier Fauvelle, qui identifie une zone au nord-est de Ségou, au Mali, décrite comme un "seuil" entre mondes islamique et païen, désertique et fluvial. Malheureusement, l'insécurité dans la région empêche toute fouille archéologique.
Cette recherche a néanmoins fait progresser la connaissance historique. Elle a notamment permis de remettre en question certaines idées reçues. Ainsi, comme le souligne Doulaye Konaté, "il semblerait que 'l'empire mandingue' était en fait très multiculturel, tant à son époque que dans ses héritages". Les chercheurs ont également découvert que la prospérité de l'empire reposait autant sur l'agriculture et l'artisanat que sur le commerce transsaharien.
La capitale pourrait même n'avoir jamais existé sous la forme imaginée, certains chercheurs évoquant la possibilité d'une cour itinérante, remettant ainsi en question une vision peut-être trop européenne du pouvoir médiéval africain.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
ANNETTE MBAYE D’ERNEVILLE, UNE PHARAONNE BÂTISSEUSE
EXCLUSIF SENEPLUS - Enseignante, journaliste et écrivaine, elle incarne l’engagement artistique de manière universelle, tout en déployant l’univers africain comme la source de son inspiration
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
La tonalité poétique d’Annette Mbaye d’Erneville est absolue, vivante et vibrante. Elle va puiser aux sources des rites africains pour en faire une bandoulière perlée d’intensité poétique et pour transmettre tout un legs initiatique.
Comme j’aime à le dire souvent, la poésie est un art esthétique fondateur dans la littérature. Elle est à l’origine de notre parole et de notre imaginaire sacré. Avec elle, nous transcendons tout notre héritage culturel fécond et nous sculptons des joyaux pour la postérité. La poésie est un son, elle est une image, elle est un rythme, elle est synonyme d’histoire et de savoirs et elle s’inscrit dans le langage.
Sans hésitation, on peut dire que la création littéraire d’Annette Mbaye d’Erneville appartient à cette catégorie, celle d’une passion poétique qui devient ici une représentation de notre narration symbolique et métaphorique.
Car la tonalité poétique d’Annette Mbaye d’Erneville est absolue, vivante et vibrante. Elle va puiser aux sources des rites africains pour en faire une bandoulière perlée d’intensité poétique et pour transmettre tout un legs initiatique. La sincérité avec laquelle l’auteur poétise nous emporte avec elle de manière immédiate, tout en caractérisant la continuité du langage poétique.
Avant-gardiste de la scène littéraire sénégalaise, Annette Mbaye d’Erneville possède un talent singulier, fait de justesse, de classicisme et d’audace. Sa poésie est l’expression de la vie, de ses déceptions, de ses joies, du souvenir qui surgit douloureusement, de la beauté des rituels, comme une ronde cosmique qui se reforme à chaque étape.
Le style est structuré par une langue imaginative et puisée dans la symbolique africaine. C’est aussi le langage de l’espoir qui prend source dans la figure de la liberté et qui tambourine que « l’Afrique est debout et va vers la lumière. »
Mais c’est aussi une poésie du combat contre l’oppression de l’homme à l’homme, ou encore de l’homme à la femme, qui fouille la mémoire pour dire des « mots de feu » pour éteindre à jamais les flammes de l’injustice et faire revivre une « aïeule guinéenne que tu ne connais pas ».
Elle traduit encore la tendresse pour les femmes qui ont acquis la liberté de « la solitude des nuits d’hiver ». Elle partage son émotion quand « l’exil [est] trop lourd au cœur gourmand de nos vingt ans ».
La poésie d’Annette Mbaye d’Erneville est rare car elle rassemble émotion et combativité, féminisme et union des cœurs, valeurs sacrées et modernité. C’est ce cheminement de rupture transcendante qui fait la puissance et la beauté du chant poétique d’Annette Mbaye d’Erneville.
« Gawlo ! … chante cet homme nouveau
Jeunes filles aux seins debout
Clamez son nom au vent.
Selbé N’Diaye, fais danser ce petit homme.
Tu es un homme, mon fils.
Tu es un homme ce soir.
Ils sont tous là :
Ceux de ta lune première
Ceux que tu nommes pères.
Regarde, regarde-les bien :
Eux seuls sont gardiens de la terre
De la terre qui a bu ton sang
Extrait de « Kassak », Kaddu, Nouvelles éditions Africaines, 1966
Annette Mbaye d’Erneville, née en 1926 à Sokone au Sénégal, est une figure exceptionnelle de longévité dans la poésie négro-africaine. Enseignante, journaliste et écrivaine, elle incarne l’engagement artistique de manière universelle, tout en déployant l’univers africain comme la source de son inspiration. Sa résidence à Dakar représente un lieu littéraire majeur pour tous les écrivains de passage dans le pays. Ses combats en faveur des femmes font d’elle une personnalité très moderne au sein de la communauté littéraire. Son verbe poétique allié à son éloquence investie de justice humaine est une combinaison remarquable qui marque l’histoire littéraire africaine comme un éclat qui continue de briller dans le flambeau de notre civilisation et de notre renaissance.
Le film "Demba" de Mamadou Dia, déjà auréolé du Tanit de bronze à Carthage, portera les espoirs du pays dans la prestigieuse compétition des longs métrages.
Du 22 février au 1er mars, Ouagadougou accueille la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Cette année, le Sénégal sera fortement représenté par une vingtaine de films. Malgré l’absence notable d’une représentation dans la catégorie des longs métrages documentaires et des films d’école, le Sénégal marque tout de même sa présence.
Du 22 février au 1er mars, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, sera le point de rencontre des cinémas d’Afrique et de la diaspora. 235 films de 48 pays seront à l’honneur pendant cette 29e édition dont le thème est : «Cinémas d’Afrique et identités culturelles.» En conférence de presse hier, le comité d’organisation a rendu publique une grande partie de la sélection officielle. Le Sénégal, cette année, se distingue par une représentation de 18 films déjà sélectionnés en attendant la publication des autres sections, la section Perspectives notamment, prévue ce mardi à Ndjamena au Tchad, qui est le pays invité d’honneur.
Parmi les films sénégalais en sélection, un seul sera en lice dans la compétition reine des longs métrages fictions pour remporter l’Etalon d’or du Yennenga. Il s’agit de Demba de Mamadou Dia. Récemment rentré au Sénégal avec le Tanit de bronze des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc), le film de Mamadou Dia sera en lice aux côtés d’autres grands noms du cinéma africain. Dans la sélection long métrage figure en effet le film Les enfants rouges du Tunisien Lofti Achour, Everybody loves Touda du Marocain Nabil Ayouch, Augure du Belgo-Congolais Balodji, The village next paradise du Somalien Mo Harawe, On becoming a guinea fowl de la Zambienne Rungano Nyoni, Nome du Bissau-guinéen Sana Na N’Hada, ou encore Goodbye Julia du Soudanais Mohamed Kordofani. Absent de la sélection des longs métrages documentaires, le Sénégal marque de son empreinte celle des courts métrages fictions et documentaires avec 5 films en sélection. Il s’agit de Less Waxul de Yoro Mbaye, déjà couronné du Prix Annette Mbaye d’Erneville du Festival Dakar Court. 2002, bataille contre l’oubli de Abdoul Aziz Basse, Beutset de Alicia Mendy, Langue maternelle de Mariame Ndiaye, Nous les griots de Demba Konaté, complètent la liste.
Dans d’autres sections, le Sénégal est représenté par Debbo de Abdoulahad Wone et Hair lover de Babacar Niang pour les séries. Dans la section Animation, les aventures de Kady et Djudju (L’empire du Ghana) de Fatoumata Bathily et Milimo de Kemane Ba représentent le Sénégal. Dans la section Sukabe, on retrouve les films Kreme de Magaye Gaye, Les yeux de Mabil de Khadidiatou Sow, Timpi Tampa/ Empreinte de Adama Bineta Sow. Dans la section Panorama, c’est Banel et Adama de Ramata Toulaye Sy et Ndar Saga Waalo de Ousmane William Mbaye qui seront en compétition aux côtés du documentaire Yambo Ouologuem, la blessure de Kalidou Sy. Nouvelle section, Fespaco Réalité virtuelle (Vr) enregistrera la participation de la série Dakar Faan club et de Ndokette. Avec la proclamation des autres sections ce mardi, le Sénégal pourrait bien enregistrer une vingtaine de films et projets en compétition au Fespaco. Une belle moisson donc pour le cinéma sénégalais. Au total, pour cette présente édition, l’organisation du Fespaco a reçu un total de 1351 films. 235 composent la sélection, ce qui augure encore une fois fois une grande célébration du 7e art africain. Cette année, le Fesapco coïncide avec le centenaire de Paulin Soumanou Vieyra, cinéaste et membre fondateur de la Fédération africaine de la critique (Facc). Nul doute que des évènements spéciaux marqueront ce centenaire.
Mati Diop décline sa sélection
Le Sénégal du cinéma s’apprête à se rendre à Ouagadougou. Mais dans les bagages de la délégation, une absence notable. Celle de Dahomey de Mati Diop. Le film qui a remporté l’Ours d’or du Festival de Berlin en 2024, ne figure sur aucune des sections. Renseignement pris, la production aurait décliné une sélection dans la section Panorama.
Des absences qui interpellent
Le Sénégal est particulièrement bien représenté à cette 29e édition du Fespaco. 18 films au moins et des projets de films seront présentés à cette édition. Mais l’absence d’un film sénégalais dans la section Long métrage documentaire interpelle, puisque depuis 2009, le Sénégal a toujours été présent dans cette catégorie et a même eu à remporter des prix à travers l’œuvre de Ousmane William Mbaye, Kemtiyu, sacrée meilleur documentaire en 2017. Qu’est-ce qui explique cette absence ? Les explications sont nombreuses, mais pour Sébastien Tendeng, producteur de films documentaires, c’est surtout parce que le documentaire est le parent pauvre du cinéma sénégalais. Autre absence notable du Sénégal, c’est la section des Films d’école où le Sénégal n’est pas représenté. Une absence pour le moins intrigante.
FESPACO 2025, 235 FILMS EN COMPÉTITION DANS TOUTES LES CATÉGORIES
La 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou mettra à l’honneur 18 films sénégalais pour compétir dans différentes catégories, du 22 février au 1ᵉʳ mars prochain.
Le comité d’organisation de la 29ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) a dévoilé, vendredi, une liste de 235 films provenant de 48 pays d’Afrique dont dix-huit du Sénégal, sélectionnée pour compétir dans toutes les catégories du 22 février au 1er mars prochain, a appris l’APS.
Le Sénégal sera représenté par dix-huit films, dont le long métrage fiction ‘’Demba’’ de Mamadou Dia en course pour l’Etalon d’or de Yennenga.
Sur une liste de 1351 films visionnés, le comité de sélection a retenu 235, venant de 48 pays, a déclaré le président du comité général d’organisation, Bétamou Fidèle Aymar Tamini, lors d’une conférence de presse à Ouagadougou.
‘’C’est l’une des rares fois qu’autant de films soient sélectionnés sur tout le continent africain. Nous sommes très fiers de cette sélection, c’est une belle cuvée avec beaucoup de premières mondiales . Ce sont des films qui reflètent la dynamique de la production africaine, l’esprit de créativité de nos réalisateurs. Cela montre l’importance du Fespaco dans cette panoplie de festivals’’, a analysé le délégué général du Fespaco, Alex Moussa Sawadogo.
Selon les documents transmis à l’APS, ‘’Demba’’ du cinéaste Mamadou Dia est le seul film sénégalais en lice pour l’Etalon d’or du Yennenga dans la catégorie long métrage fiction où on retrouve 17 films de seize nationalités en compétition officielle.
‘’Le Sénégal qui est toujours présent avec un film. (…) +Demba+ très beau film qui traite de la vie après la retraite, un film qui donne à réfléchir sur notre rapport à la société’’, a dit le délégué général.
Cette sélection ‘’honore’’ son réalisateur Mamadou Dia, pour qui ‘’c’est une victoire d’aller au Fespaco et +Demba+ est un film fait collectivement’’.
‘’Le Fespaco reconnait tout un travail d’équipe dont celui qui a été fait majoritairement avec des connaissances et des finances locales. Cela nous rend d’autant plus heureux que c’est notre festival, le festival panafricain dont on rêvait d’aller. Toute l’équipe du film est contente’’, a réagi Mamadou Dia par liaison téléphonique.
M. Dia a ajouté que ’’Demba est un film très personnel » qu’il va partager à »ce festival de grande classe ». »Il est donc important que les habitants de Matam connaissent cela, c’est tout un plaisir’’, a t-il dit.
Le pays invité d’honneur, le Tchad est représenté dans cette catégorie par le film ‘’Diya de Achille Ronaimou tandis que le pays organisateur, le Burkina Faso, est le seul représenté par deux films à savoir ‘’Katanga, la danse des scorpions’’ de Dani Kouyaté et ‘’Les Invertueuses’’ de Chloé Aïcha Boro.
Les pays habitués, comme le Maroc, le Mali, la Tunisie, l’Algérie et la République démocratique du Congo y sont représentés chacun par un film, non sans oublier de signaler le retour du Nigéria.
Selon le délégué général, de rares pays figurent dans cette sélection.
Il s’agit, dit-il ‘’ de la Guinée Bissau et du Cap-Vert’’, qui »inscrit tout doucement son nom sur la carte des cinémas d’Afrique’’.
D’autres sélections seront dévoilées dans quelques jours au Tchad pays invité d’honneur, annonce Alex Moussa Sawadogo.
Liste des films sénégalais sélectionnés
Long métrage fiction
‘’Demba’’ de Mamadou Dia
Fespaco shorts (courts métrages)
‘’2002, bataille contre l’oubli’’ de Abdoul Aziz Basse
‘’Beutset’’ de Alicia Mendy
‘’Langue maternelle’’ de Mariama Ndiaye
‘’Lees waxul’’ de Yoro Mbaye
‘’Nous les griots’’ de Demba Konaté
Fespaco Séries télévisions
‘’Debbo’’ de Abdoulahad Wone
‘’Hair lover’’ de Babacar Niang
Fespaco Sukabé (pour les enfants)
‘’Kreme’’ de Magaye Gaye
‘’Les yeux de Mabil’’ de Khadiatou Sow
‘’Timpi tampa (empreinte)’’ de Adama Bineta Sow
Films d’animation
‘’Les aventures de Kady et Djudju (l’empire du Ghana)’’ de Fatoumata Bathily
‘’Milimo’’ de kémane Bâ
Section Panorama
‘’Banel et Adama’’ de Ramata-Toulaye Sy
‘’Ndar -Saga Waalo’’ de Ousmane William Mbaye
‘’Yambo Ouologuem, la blessure’’ de Kalidou Sy
Fespaco VR
»Dakar faan Club » (série)
»Ndokette » Atelier N’dokette (Sénégal-Guinée)
L’ÉCONOMIE SÉNÉGALAISE LAISSE EN RADE LES DIPLÔMÉS
Le Professeur Joe Cabral, directeur du Laboratoire de Recherches sur les Institutions et la Croissance (LINC), a publié, hier, jeudi 9 janvier 2025, un ouvrage intitulé : Quand l’économie du Sénégal laisse en rade les diplômés
L’économiste sénégalais en poste à la Faculté des Sciences Économiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (FASEG-UCAD) et directeur du Laboratoire de Recherches sur les Institutions et la Croissance (LINC), le Professeur Joe Cabral, a publié, hier, jeudi 9 janvier 2025, un ouvrage intitulé : Quand l’économie du Sénégal laisse en rade les diplômés.
Fruit d’un travail de recherche s’étendant sur une dizaine d’années dans le domaine de l’emploi au Sénégal, cet ouvrage explore en profondeur comment la trajectoire de croissance économique du pays marginalise les individus qualifiés sur le marché de l’emploi. De manière plus explicite, le livre met en lumière une catégorie souvent ignorée dans les analyses classiques : celle des jeunes diplômés vulnérables. Comme l’a souligné dans sa préface M. Pierre Mendy, directeur du Centre de Recherche et de Formation pour le Développement Économique et Social (CREFDES) et chercheur au Laboratoire de Mathématiques de la Décision et d’Analyse Numérique (LMDAN), « le Professeur Cabral s’est intéressé à ce paradoxe d’une trajectoire de croissance économique qui exclut ceux que l’on pourrait naturellement considérer comme les mieux armés pour y participer : les diplômés »
Ainsi, cet ouvrage examine avec une rigueur scientifique les conséquences d’une économie sénégalaise dont la croissance repose en grande partie sur un marché du travail dominé par des emplois peu ou non qualifiés. UN HOMMAGE AU PROFESSEUR GAYE DAFFÉ L’ouvrage : Quand l’économie du Sénégal disqualifie les qualifiés ne relève pas du hasard. Sa publication coïncide avec le quatrième anniversaire de la disparition du Professeur Gaye Daffé, mentor et source d’inspiration du Professeur Cabral. Ce dernier raconte que l’idée d’écrire cet ouvrage lui a été soufflée par le défunt Professeur Daffé, après la lecture d’une étude réalisée par Cabral sur le diagnostic de l’emploi au Sénégal
Le Professeur Daffé ne s’est pas limité à inciter son collègue à écrire ce livre ; il a également contribué à en structurer les premières lignes au cours de séances de travail conviviales, souvent organisées autour de déjeuners. Cependant, ce n’est qu’après la disparition de Gaye Daffé, le 9 janvier 2021, que le Professeur Cabral a ressenti pleinement la responsabilité morale d’achever et de publier cet ouvrage en hommage à son mentor.
Aujourd’hui, l’œuvre est enfin publiée. Et, comme le confie le Professeur Cabral avec émotion, Sédiounkol – un surnom affectueux en mandingue désignant les natifs de Sédhiou, attribué au Professeur Daffé – peut être fier, depuis l’au-delà, de son « jeune frère » et de cette contribution importante au débat sur l’emploi et la croissance au Sénégal.
EVA LIZA CISS AFFICHE SES AMBITIONS SUR LA SCENE
La musique d’Eva Liza est de plus en plus connue des Sénégalais. L’artiste a partagé la scène du Grand Bal du samedi 04 avec Youssou Ndour
L’artiste Eva Liza et sa maison de production «free To Be» sont dans une dynamique d’une tournée au Sénégal. elle a ainsi assuré la première partie du concert du Dakar inside festival de dadju et Tayc tenu le samedi 21 décembre 2024 au grand théâtre de Dakar. L’artiste a affiché face à la presse sa stratégie pour se positionner sur le marché de la scène musicale.
La musique d’Eva Liza est de plus en plus connue des Sénégalais. L’artiste a partagé la scène du Grand Bal du samedi 04 avec Youssou Ndour. D’origine sénégalaise, Eva Liza Ciss, résidente en Suisse, à choisi la capitale sénégalaise pour faire découvrir son nouveau tube «Kima Done». Ce qui marque dans la foulée sa pénétration de ce marché afin de tisser sa toile.
L’artiste est aussi socialement engagé. Elle a, dans ce sens, initié des œuvres humanitaires dont a bénéficié l’école d’excellence Mariama Ba de Gorée. La jeune artiste s’est fait remarquer à travers un duo, à la suite d’un showcase, avec Youssou Ndour sur l’esplanade du Grand théâtre. Les titres de la chanteuse, «Kima Done», qui traduit, «Qui je suis» et la chanson, «Free To Be», sont à la fois une façon pour l’artiste de décliner ses origines, contrastant avec la géographie de son espace de naissance en Suisse composé de la neige et de montagnes...
Seulement, Eva Liza déclare restée ancrée dans ses origines sénégalaises. Ce qui fait de l’artiste pop une chanteuse métissée et qui porte cet héritage en bandoulière notamment dans les images de la vidéo de la chanson, « Kima Done». Quant à la composition de «Free To Be» qui signifie, «Libre d’être», l’artiste assume que ce premier titre sonne effectivement comme une quête d’identité. Le titre écrit alors qu’elle n’avait que quinze ans, est inspiré d’une question métaphysique et ou identitaire qui consiste à se demander : Qu’est-ce que tu veux être ? Et la réponse qui est contenue dans le refrain est sans ambiguïté : «c’est d’être une personne qui est libre d’être celle qu’elle veut être.» La part de ses origines africaines et sénégalaises est, dit-elle, mise en valeur par l’image dans les vidéos. Dans les images de «Kima Done», par exemple, à côté des montagnes, les symboles sénégalaises sont mises en avant, notamment les baobabs, le lac rose..., entre autres éléments de son métissage culturel. La mode est aussi prégnante dans les clips de l’artiste avec des tenues styles africains. La chorégraphie est aussi un pan important dans la création d’Eva Liza Ciss. Les pas de danses dans ses vidéos sont inspirés, dit-elle, des mouvements de l’artiste pour donner plus d’identité propre à sa création chorégraphique. Elle raconte ainsi une histoire sur scène. Eva Liza clame, à ce titre, qu’elle ne va jamais sur scène pour ne rien dire. Elle ambitionnait enfin de compte de faire des performances à travers le monde pour faire rêver à travers les histoires qu’elle raconte par le biais de sa musique et ses chorégraphies.
SALIHOU JAM EST UN JOLI CŒUR
Joli cœur… C’est le nouvel album de l’artiste musicien Salihou Mbacké Bousso, connu sous le nom de scène de Salihou Jam, qui est sorti depuis le 15 décembre dernier
Encore un album de musique dédié à l’amour. «Joli cœur», un nouvel album de 10 titres, réalisé par l’artiste musicien Salihou Jam. Sorti le 15 décembre dernier, ce nouvel opus «international dédié entièrement à l’amour», a été conçu majoritairement sous l’influence des rythmes afro, pop, soul, Rnb, dance hall et mbalax.
Joli cœur… C’est le nouvel album de l’artiste musicien Salihou Mbacké Bousso, connu sous le nom de scène de Salihou Jam, qui est sorti depuis le 15 décembre dernier. Il y a quelques jours, avant la release Party pour la présentation de l’album, Floriane Bousso, son manager, avait annoncé la couleur. «Ambiance chic, romantique et raffinée…L’ensemble de la décoration sera réalisé en fonction de l’album «Jolie cœur» en respectant l’âme que Salihou Jam a donnée à ses chansons et la direction artistique choisie pour ce projet. Dès votre arrivée, vous serez donc propulsés dans l’univers en déambulant au milieu des créations artistiques de Salihou Jam», lit-on dans le document de présentation de l’album
Précédé de deux singles dont «Amina yo», une chanson qui retrace l’histoire d’un coup de foudre entre un artiste et une servante, et de «Dayiman», une chanson qui met également en avant une histoire d’amour passionnel, l’album «Joli cœur», composé de 10 titres, a été également dévoilé au public. «C’est un album international parlant d’amour dans son intégralité. Cet album a été conçu majoritairement sous l’influence des rythmes afro, pop, soul, Rnb, dancehall et mbalax. Nous retrouvons également des mélodies traditionnelles ethniques de la musique sénégalaise», explique Salihou Jam.
Dans cet opus, qui marque une nouvelle étape dans sa carrière, tant par sa diversité musicale que par son approche vocale, contrairement à ses performances en live, l’artiste a opté pour une interprétation plus posée. «Sur cet album, j’ai décidé de chanter avec une voix plus posée et moins énergétique qu’en live, pour que le public puisse s’identifier à mes chansons», précise-t-il.
Pour ce nouveau projet, il explore un style musical différent, confirmant son surnom de multivoice. «Mon nom multivoice se retrouve dans la diversité de mes chansons. Et chaque chanson est unique, avec son genre et ses sonorités propres. J’ai choisi de varier les genres musicaux afin que chacun puisse s’identifier à, au minimum, une chanson de l’album», explique-t-il encore. Interrogé sur son genre musical de prédilection, Salihou Jam se veut éclectique. «J’adore le gospel, le blues, le jazz, le funk, l’afrobeat… Je ne peux pas en choisir un particulièrement. J’écoute beaucoup de genres musicaux différents afin de toujours me perfectionner et m’ouvrir au monde», a-t-il fait savoir.
Cependant, depuis ses débuts avec l’African Mystic Band, en passant par The Voice Afrique francophone et ses collaborations avec des légendes sénégalaises comme Youssou Ndour, Wally Seck, Salihou Jam s’est imposé comme un artiste à suivre. Pourtant, il estime que quelque chose manquait. «Musicalement, je pense qu’il manquait l’album. C’est chose faite. Et je veux faire découvrir à mes fans qui est le vrai Salihou», affirme-t-il
Originaire de Thiès, à travers cet album, il ne livre pas seulement de la musique, mais il offre également un message d’amour et de pardon. «Je souhaite transmettre un message d’amour et de pardon. Comme je dis souvent, live is life and life is love. Je pense que l’amour fait avancer dans la vie», explique l’artiste qui prévoit une tournée nationale. «Je prévois de faire une tournée nationale en 2025 afin d’aller à la rencontre de tous les Sénégalais, dans toutes les villes, même les plus loin de Dakar», annonce-t-il.
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Un peu plus de trois années après son prix Goncourt (2021), Mouhamed Mbougar Sarr donne du temps à son lectorat pour la digestion de son immense roman, « La plus secrète mémoire des hommes ». Il s’est confié au « Soleil »
Entretien réalisé par Amadou KÉBÉ |
Publication 06/01/2025
Un peu plus de trois années après son prix Goncourt (2021), Mouhamed Mbougar Sarr donne du temps à son lectorat pour la digestion de son immense roman, « La plus secrète mémoire des hommes ». Il s’est confié au « Soleil ».
Quel a été votre modus vivendi pendant les années qui ont suivi votre Goncourt ?
Si je devais trouver une image de comparaison, je crois que celle du tourbillon serait la plus appropriée ; un tourbillon rapide et vorace, auquel il était impossible d’être préparé. Le nombre de sollicitations, d’invitations, de propositions de toutes sortes (y compris quand elles n’avaient rien à voir avec la littérature) a explosé. J’ai passé les trois dernières années à voyager et parler de mes livres. Moins d’un an après l’attribution du prix, les premières traductions ont commencé à paraître. Il a donc fallu que j’aille soutenir mes éditeurs étrangers dans la promotion du livre. J’ai donc voyagé dans une trentaine de pays répartis sur quatre continents, sans compter les activités quand j’étais en France. Autant dire que j’ai passé peu de temps chez moi. À une certaine période, je n’y revenais que pour changer de valise et repartir. Il m’est arrivé de me réveiller en pleine nuit et de ne plus savoir dans quel pays j’étais. Cela a bien évidemment un impact sur la santé physique, la vie mentale et le temps d’écriture. Mais, je ne me plains pas. Cela reste une belle aventure, et j’ai conscience d’être assez privilégié. J’ai découvert des pays et des lectorats extraordinaires. Mon plus récent voyage, par exemple, au Brésil, m’a beaucoup ému et empli de joie et de gratitude.
Après un chef-d’œuvre, beaucoup d’écrivains ont eu du mal à se remettre à l’écriture (exemple de Cheikh Hamidou Kane). Comment personnellement percevez-vous cette situation ?
Je ne crois pas avoir écrit un chef-d’œuvre. Le livre le plus important est toujours le prochain. « La plus secrète mémoire des hommes » continue sa vie. Il réunit des lecteurs dans le monde entier. C’est un magnifique destin et j’en suis heureux. Mais je songe déjà à la suite.
Votre regard a-t-il changé sur le rôle social de l’écrivain après la polémique qui avait éclaté au Sénégal après votre Goncourt ?
Mon regard n’a pas fondamentalement changé. Mais ce qui s’est passé, au-delà de la violence verbale et symbolique, au-delà de l’éphémère buzz, au-delà des flamboyantes prises de position, est venu confirmer certaines intuitions que j’avais sur le sens du travail de la littérature dans le contexte social, culturel, politique de notre pays. Ces intuitions sont nombreuses et je ne pourrai les développer toutes ici. Mais l’une d’elles me paraît importante : un écrivain ne doit jamais chercher à correspondre aux attentes culturelles de sa société. À mon sens, dans son oeuvre, seuls sa sensibilité, sa douleur, sa lucidité, sa mélancolie, son ironie, son courage, sa joie, sa langue, intimes, doivent commander. Cette fidélité à sa vérité intérieure est son honneur ; et sans chercher à provoquer puérilement, c’est à sa conscience d’artiste qu’il doit rendre des comptes. La société lui en demandera, nécessairement. Elle est sans doute dans sa fonction et son droit. Mais l’écrivain a, parmi beaucoup de fonctions, ce devoir : indiquer les lieux où la société est hétérogène, hypocrite, silencieuse, violente. Cette tension entre l’écrivain et sa société est nécessaire. L’écrivain doit l’assumer. Voilà comment je vois les choses.
D’où vous viennent les substrats (inspiration) des récits que vous relatez dans vos romans ?
Une part importante de mon travail a pour source des récits entendus ou aventures vécues pendant l’enfance. Il s’agit donc d’un travail de mémoire et de recréation de la mémoire. Une autre part importante vient de l’observation du réel, et particulièrement des lieux invisibles (qu’on veut rendre invisible) du réel, soit parce qu’ils sont honteux, soit parce qu’ils sont violents. Il s’agit donc d’un travail d’élucidation. Enfin, une dernière part provient de ma bibliothèque et de mes lectures, puisque la littérature, pour moi, naît toujours de la littérature.
S’il y en a, quel est le rituel qui suit la gestation de vos romans ?
Je n’ai ni structure ni plan préalablement établis. Je suis surtout les questions des personnages, les images premières de paysages. J’essaie d’atteindre ce point où l’écriture génère sa propre composition, son propre rythme, sa propre tension. La forme se construit d’abord, puis elle vous construit et devient la substance même de l’écriture. Le point que j’évoque est un endroit difficile à atteindre, le centre du labyrinthe, d’une certaine manière, mais une fois-là, je me sens comme un musicien de jazz qui obéit à autre chose qu’à une partition. Ce n’est ni improvisé totalement, ni prévu. C’est simplement l’écriture qui, mûre, sait où elle va et me porte avec elle. J’écris la nuit, c’est la seule constante.
Derrière chaque écriture, se cache, a priori, une idée de véhiculer une pensée. Est-ce qu’en tant qu’écrivain, vous avez au préalable tendance à avoir une idée nette de ce que vous voulez raconter ?
Pour être honnête, non. Je n’ai jamais compris l’intérêt de savoir ou voir clairement avant de l’avoir écrit, ce qu’on va écrire. Où serait le frisson de la découverte, le frisson de l’inconnu dans lequel on entre ? Je charge l’écriture de préciser ma pensée ou ma sensibilité qui sont là, mais auxquelles manque une forme. Écrire est la recherche de cette forme.
Dans vos quatre romans respectifs, la question de la dignité humaine semble être le prétexte de vos récits. Est-ce là une manière de mettre la littérature au chevet de l’humaine condition ?
Ce qui m’intéresse, en effet, c’est de chercher les formes de dignité possibles sous les nombreuses dominations ou humiliations de nos sociétés. Que la violence provienne de terroristes islamistes, d’une administration inhospitalière ou d’un système esclavagiste moderne, d’une société qui discrimine ses minorités ou d’une histoire littéraire coloniale et dissymétrique, ceux et celles qui la subissent tentent toujours d’affirmer leur humanité, d’une façon ou d’une autre. J’aime plonger dans les ombres humaines, car je veux voir l’expression du regard humain dans l’ombre.
Dans « La plus secrète mémoire des hommes », vous dites qu’écrire nécessite toujours autre chose. De manière factuelle, quelle est cette « autre chose » dont vous faites l’éloge et qui vous a réussi dans l’écriture de vos romans ?
Si je le savais, je n’écrirais plus et j’irais cultiver mon champ dans mon village. Cette autre chose est le secret même de la littérature. C’est la plus secrète mémoire des hommes. Personne ne les connaît, mais elles existent, et m’obsèdent.
Votre culture sérère apparaît nettement dans vos romans. Qu’est-ce qui explique cette « sérèritude » qui apparaît dans vos romans, notamment dans « La plus secrète mémoire des hommes » ?
Je parlais tout à l’heure de l’inspiration essentielle des récits de l’enfance. Il se trouve que ces récits proviennent de la culture sérère, qu’ils m’ont été donnés dans cette langue. La richesse de cette culture – les chants, la lutte, le travail de la terre – me fascine, et il ne passe pas un jour sans que je découvre un fragment de cette mythologie, de cette cosmologie, de cette cosmogonie. Je me sens profondément de là. Il est normal que cela transparaisse dans ma sensibilité littéraire.
Votre carrière littéraire se cantonne, pour le moment, au roman. Envisagez-vous d’écrire dans un autre genre ?
Oui, cela arrivera certainement. L’essai, le théâtre. J’aimerais. La poésie, je ne pense pas, même si j’en lis beaucoup. Mais, pour l’heure, le roman m’appelle plus fortement. Et comme sa forme est assez souple pour intégrer tous les autres genres, je les approche par-là, en attendant de m’y confronter directement.
Pensez-vous écrire en langue wolof ou même en sérère qui est votre langue maternelle ?
Oui, j’ai entrepris de suivre des cours de langue wolof. J’espère pouvoir écrire directement un roman dans cette langue, ou en sérère, un jour. J’en ai, en tout cas, l’envie profonde.
Au demeurant, avez-vous une oeuvre en gestation ?
Oui, mais il est trop tôt pour en parler. Tout ce que je peux en dire, s’il ne change pas, c’est qu’il se déroulera pour une large part en pays sérère.
Le Sénégal a récemment élu un nouveau président de la République. Quelle est, selon vous, la politique culturelle et sociale que devrait adopter le nouveau régime ?
Une politique dans laquelle la culture ne serait pas considérée comme un appendice tout à fait secondaire et anecdotique de la vie d’une nation. Une politique dans laquelle la culture ne serait pas subordonnée aux agendas politiques. Une politique dans laquelle la culture ne serait pas réduite au divertissement. Un politique dans laquelle la culture serait, pour tous, pas seulement aux habitants des grandes villes. Une politique dans laquelle, dès l’enfance, on apprendrait à respecter les artistes pour leur travail. Une politique dans laquelle on se souviendrait des artistes du passé, où on n’attendrait pas leur mort pour d’artificielles commémorations. Une politique, enfin, où la culture serait toujours exigeante et non point alignée sur les émotions immédiates et faciles. Toute cette vision est un rêve, peut-être. On verra bien.