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23 novembre 2024
Culture
CE QUI SE PASSE DANS NOTRE SOCIETE DEPASSE PARFOIS L’ENTENDEMENT
PALABRES AVEC… Zaccaria GUEYE, Ecrivain- Chercheur - Dans cet entretien, l’écrivain revient sur son parcours, sa vision de l’écriture et les thèmes abordés dans ses livres.
Entretien réalisé par Alassane S GUEYE et El Hadji Ibrahima FAYE |
Publication 20/09/2024
Ecrivain et chercheur, M. Zaccaria Gueye a déjà signé une riche production littéraire. Discret et bourré d’un grand talent de conteur, ses œuvres s’apprécient par la qualité de l’écriture et son ancrage sur les réalités sociologiques africaines. Son dernier roman, « L’appel de…la mère » aborde la question de l’émigration irrégulière. Dans cet entretien, l’écrivain revient sur son parcours, sa vision de l’écriture et les thèmes abordés dans ses livres.
Qui est Zaccaria Gueye ?
Zaccaria Gueye est un écrivain et chercheur qui est né à Saint-Louis où il a fait ses études élémentaires et secondaires et une partie de ses études supérieures.
M. Gueye, en quel moment vous vous êtes dit que vous allez écrire un livre ?
Je crois que l’idée est venue d’un ami (il va se reconnaître) avec qui je discutais. Après avoir écouté son histoire, je lui ai, à mon tour, raconté quelques épisodes de ma vie. Séduit et impressionné par mon récit, et surtout par la sérénité avec laquelle je déroulais mon histoire, il m’a suggéré l’idée de l’écrire, étant convaincu que cela allait faire un bel ouvrage.
Et comment écrit-on son premier ouvrage ?
La question est d’autant plus pertinente que tous ceux qui ont envie d’écrire se posent souvent cette question. Je crois qu’au début c’était très simple puisque j’ai suivi les conseils de mon ami, c’est-à-dire me raconter ma propre histoire. Personne n’est mieux placé que soi-même pour se raconter sa propre histoire.
Quel a été le procédé pour arriver à un roman ?
Une fois qu’on a la trame de fond, le reste est une question d’amélioration, mais aussi de modifications et d’adaptation pour éviter de tout centrer sur sa propre personne. Bien sûr, il faut aussi connaître les aspects propres au genre que l’on a choisi, ici le roman, et s’y conformer.
Qu’est-ce que tout cela a donné ?
Cela a donné naissance à « Miroir en vertige », mon premier roman. Mais je dois aussi préciser que cela a été un travail très laborieux auquel ont pris part beaucoup de personnes à qui je rends un hommage mérité, notamment pour la relecture, la correction, la mise en forme, les suggestions, etc.
Dans votre deuxième roman, « Le Gouverneur de Diorbivol », l’ouvrage est traversé par le personnage de l’enseignant intransigeant ‘Cekuta’. Pensez-vous que cette espèce est encore en cours dans nos écoles ?
Ah, oui, bien sûr. Ce roman était le lieu pour rendre hommage à tous ces hommes de l’ombre qui, dans tous les secteurs de la vie professionnelle, abattent un travail de titan sans tambour ni trompette. Ils sont partout ces citoyens rigoureux et consciencieux, pétris de compétence et d’expérience, mais discrets et juste motivés par le goût du travail bien fait.
A côté de Cekuta, son ami Baka qui incarne exactement les valeurs contraires et qui pourtant semble passer à travers les mailles du filet.
C’est ça aussi malheureusement notre société. Les personnes qui ont pour seules armes la ruse, l’éloquence et l’audace parviennent à imposer leur vision, si l’on peut parler de vision, à la société et en déterminer les grandes orientations. Mais il faut reconnaître que ceci n’est pas le propre de notre communauté. Ce sont malheureusement les mêmes règles qui régissent les relations internationales. Cependant, il faut remarquer que la ruse, la roublardise et la malhonnêteté qui les sous-tend, ne peuvent mener que vers une impasse.
L’univers que vous décrivez dans vos romans dévoile souvent un environnement quasi surréaliste avec certaines pratiques peu recommandables.
Affirmatif. C’est effectivement comme disait l’autre, je crois que c’est Stendhal, « le roman est un miroir que l’on traîne le long d’une société ». J’ai essayé le plus possible d’attirer l’attention sur des faits qui, à force d’être banalisés, acceptés et même glorifiés, deviennent le socle même de nos actions quotidiennes.
On peut donc assimiler vos romans à un procès de la société sénégalaise.
Sauf que je ne juge pas, je ne condamne pas. On me reproche même le fait de ne pas prendre position à travers mes personnages. Mais c’est une option que j’assume. J’essaie de présenter des faits, réels ou imaginaires, et laisser au lecteur le soin de juger et d’en tirer les conclusions.
Vous confirmez donc que les faits que vous décrivez ont bien cours dans nos sociétés ?
Vous savez, le roman est pièce de fiction certes, mais il part de la réalité qu’il peut amplifier, exagérer, manipuler, mais il finit par revenir à la réalité. Dans mes romans, la fiction est parfois en deçà de la réalité, car pour éviter de choquer mes lecteurs, je reste à la limite du pudique. C’est aussi un choix de parfois atténuer la réalité, mais ce qui se passe dans notre société dépasse parfois l’entendement.
Est-ce donc étonnant de voir ces mêmes pratiques jusqu’au cœur de nos centres de décisions ?
Je rappelle que l’éducation c’est d’abord un comportement, par les parents, les membres de la famille, les proches, les voisins et enfin, l’école. L’environnement de l’enfant détermine son être, sa personne, sa personnalité. Et l’environnement socio-professionnel n’est qu’un lieu de mise en œuvre de ce formatage préalable.
C’est certainement ce qui explique cette crise généralisée de nos valeurs
On peut le dire ainsi, mais en partie seulement. Je pense aussi que les leaders d’opinion, quelque bord qu’ils appartiennent, ont la plus grande responsabilité dans cette crise. S’ils n’en sont pas la cause, ils en tirent les profits. Et même si ce n’est pas le cas, il y a des moments où le mutisme ne s’explique pas.
Mais vos romans restent quand-même un appel à la paix dans un monde en déconfiture
C’est cela. Malgré l’apparent relent de pessimisme, les personnages restent toujours persuadés de la possibilité d’une issue heureuse. Des amis me reprochent de ne pas donner cette chance à mes héros, mais de les laisser plutôt à la merci de la société. Pourtant, il y a toujours ce brin de lumière, un peu diffus certes, mais que l’on peut, avec un peu de vigilance, déceler.
Parmi vos ouvrages, Tuutaan, la légende du dernier pharaon et les Secrets de l’Obélisque qui laissent entrevoir chez vous un talent de conteur. Pourquoi et pour qui écrivez– vous ces contes et légendes ?
Dans ces deux ouvrages, une sorte de relecture de notre histoire à travers ses mythes fondateurs. A travers le mythe d’Isis et d’Osiris, le premier raconte le Saa Njaay (odyssée) de nos ancêtres depuis leur départ de Sanaar jusqu’à la fondation de l’empire du Jolof par Njaay Jaan Njaay.
Tuutaan est-il vraiment le dernier pharaon de l’Egypte ancienne ?
Pas précisément. Dans la réalité l’Egypte a compté plus de trente dynasties, et l’histoire se passe exactement à la dix-huitième dynastie. Le fait inédit est que pour une fois dans l’histoire de la royauté, l’héritier est le grand père du défunt. Ainsi, avec la mort de Tuutaan, c’est le pouvoir qui perd tout son lustre. Et le grand père de Tuutaan lui-même a été remplacé par le général Horemheb qui marque la naissance de la dynastie des Ramsès, mais aussi le retour en force Seth.
Vous considérez Akhenaton, le père de Tuutaan comme le premier à avoir revendiqué l’unicité de Dieu et dénoncé la pratique du polythéisme dans l’Égypte ancienne…
En effet, d’abord son père Aménophis Trois, puis lui-même Aménophis quatre, surnommé justement Akhenaton le renégat à cause de cette conviction. Mais le plus important à cet effet, est le démenti apporté à ceux qui pensent que les religions révélées sont des religions importées en Afrique. C’est exactement le contraire, sinon comment expliquer cette similarité entre les principaux concepts de la spiritualité égyptienne (Kâ, Râ et Bâ) et les concepts clés de l’Islam, par exemple (Raka, Kaba, Baka, etc.), alors que le prophète de l’Islam, analphabète, n’a jamais mis les pieds en Egypte.
Vous semblez aussi trouver des liens très forts entre l’Egypte ancienne et la civilisation Wolof.
Affirmatif. Mais je précise que le précurseur incontestable dans ce domaine est le Professeur Cheikh Anta Diop.Je donnerai néanmoins quelques exemples très simples : Xèpp (humide en Wolof), pour désigner le Nil ; Ayy (conflit en Wolof), le grand-père et successeur de Tuutaan qui était au cœur de tous les contentieux ; Tuutaan, lui-même, ainsi surnommé parce qu’intronisé à l’âge de neuf ans, etc. Et les exemples foisonnent dans le livre.
Après Tuutaan, vous avez publié les « Secrets de l’Obélisque », pouvez-vous nous en parler ?
On peut dire que c’est la suite et la fin de l’Odyssée, avec toujours une relecture des mythes fondateurs. La particularité dans cet ouvrage est que l’histoire se poursuit sur la période post-mythique et implique des personnages clés de notre histoire culturelle et même politique.
Votre dernier roman s’intitule « l’appel de…la mère », un titre assez évocateur.
En effet. Ce roman relate le phénomène quasi dramatique qui hante le sommeil de tous les humanistes en général, des Africains, en particulier. Ce qui peut pousser des dizaines, des centaines, voire des milliers de jeunes à affronter la mer sur des embarcations de fortune, voilà le mystère que cherche à « dévoiler » le roman.
Avec la différence que dans ce roman vous semblez proposer une solution.
Si tant est que l’on peut parler de solution. Je parlerais plutôt d’une alternative aux initiatives suicidaires. Mais il faut le dire la tentation est trop forte et l’exemple de ceux qui ont réussi la traversée ne rend pas service à ceux qui aspirent à partir.
Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
Si deux ou trois mois après son arrivée en Occident, le jeune immigré commence à envoyer des centaines de mille à sa famille ; un an ou deux après, il commence à construire un château, alors que, je ne parle même pas du sans emploi, mais même le salarié de l’Etat, après vingt ans de service, vit encore en location. Vous voyez ce que cela fait !
Pourtant votre roman ne milite pas en faveur de cette option.
Loin de là. Ce que je viens d’évoquer n’est que la partie visible de l’iceberg. Si, sur dix personnes qui prennent les embarcations quatre arrivent à destination ;sur ces quatre personnes, deux trouvent un travail décent et sur ces deux personnes, une seule arrive à fonder une famille stable, imaginez… Donc, il fallait bien faire voir que le bonheur n’est pas seulement l’accumulation de richesses au détriment de l’épanouissement de soi et des siens. Sans parler de la participation au développement de son pays.
Ainsi, vous êtes l’auteur de cinq ouvrages, lequel vous parait le plus abouti ?
Je dirais que chacun d’entre eux est spécifique dans son genre et dans son contenu. Ils ont, cependant, comme point commun la relecture des fondements mythiques de nos sociétés, sauf peut-être avec « Le Gouverneur de Diorbivol ». Cela ne veut pas dire qu’il est de moindre envergure, loin de là.
Justement dans cet ouvrage publié depuis 2013, vous parlez des jeunes patriotes : hasard, prémonition, vision ?
C’est aussi cela le roman, je l’ai déjà évoqué un peu plus haut : partir de la réalité, se projeter, mais toujours revenir à la réalité. Le déploiement des jeunes patriotes sur la scène politique, fait partie de ces projections. Souhaitons tout simplement que cette vision ne se réalise pas à cent pour cent.
Cinq ouvrages et presque inconnu, ou peu connu du public. C’est la qualité des ouvrages ? La nature de la personne ? Un choix délibéré ?
Peut-être les trois. Je crois que l’écriture est une passion, une profession pour certains, mais la promotion du livre et de la lecture aussi est un métier qui n’est pas forcément celui de l’écrivain.
Et pour l’avenir ?
Juste un souhait : que la chaîne des valeurs du livre et de la lecture soit mieux valorisée.
LES ORGANISMES AFRICAINS DU DROIT D’AUTEUR EN CHŒUR POUR REPONDRE AUX DEFIS DE L’HEURE
L’émergence et le développement rapide de l’Intelligence artificielle (Ia) offrent des opportunités significatives dans divers secteurs, mais soulèvent également des questions cruciales en matière de propriété intellectuelle.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 20/09/2024
Les organismes africains de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins ont publié une déclaration commune sur l’Intelligence artificielle (Ia) et l’usage responsable des œuvres de l’esprit. Cette initiative vise à répondre aux défis et opportunités posés par l’Ia dans le secteur culturel et créatif.
L’émergence et le développement rapide de l’Intelligence artificielle (Ia) offrent des opportunités significatives dans divers secteurs, mais soulèvent également des questions cruciales en matière de propriété intellectuelle. Ainsi, pour anticiper sur cette nouvelle technologie, les organismes africains de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins ont publié une déclaration commune sur l’usage responsable de l’Ia et la protection des œuvres de l’esprit. Selon les signataires, les applications d’Ia génératives, en particulier, ont un impact notable sur la création, la production et la distribution de biens et services culturels et économiques. La déclaration met en lumière les préoccupations liées à la transparence, la responsabilité et la rémunération équitable des titulaires de droits.
«Protéger les richesses créatives et encourager l’innovation»
Guidés par les recommandations de la réunion des organismes de gestion collective tenue à Alger en octobre 2023, les signataires de la déclaration soulignent la nécessité de «protéger les richesses créatives, d’assurer la protection des œuvres littéraires et artistiques face aux évolutions technologiques». Mais également, «d’encourager l’innovation, trouver un équilibre entre l’innovation technologique et la protection des droits des créateurs». De même, il s’agit, selon eux, «d’adopter des instruments juridiques adaptés, de promouvoir l’adoption de lois et de chartes éthiques pour réguler l’utilisation de l’Ia ; et enfin, favoriser l’accès à la culture». Ils estiment qu’il faut «garantir que l’Ia serve à enrichir le patrimoine culturel africain tout en respectant les droits des créateurs». Cependant, les auteurs de cette déclaration commune sur l’Ia et l’usage responsable des œuvres de l’esprit suggèrent aux organisations internationales et régionales de «travailler de manière concertée avec les États pour harmoniser le cadre juridique international et régional concernant l’utilisation de l’Ia, en respectant les règles et principes du secteur culturel et créatif». Aux États «d’élaborer des cadres législatifs et réglementaires inclusifs qui assurent une juste rémunération pour les titulaires de droits tout en privilégiant l’accès équitable à la culture et à la connaissance».
«Accroître la transparence des algorithmes de l’Ia»
Le document préconise à l’endroit des grandes entreprises d’Ia de «collaborer pour promouvoir un usage responsable des technologies Ia dans le domaine de la propriété littéraire et artistique et de mettre en place des systèmes de licence d’exploitation pour assurer une juste rémunération des titulaires de droits». En outre, les auteurs appellent à «accroître la transparence des algorithmes de l’Ia pour permettre une surveillance publique et la traçabilité dans l’utilisation des œuvres protégées, respectant ainsi les droits des titulaires et évitant les biais intrinsèques». Mais aussi à «lancer des programmes de sensibilisation et d’information du public pour répondre aux réalités africaines liées au développement du secteur culturel et créatif et à l’utilisation éthique de l’Ia».
Accroître la transparence des algorithmes de l’IA
Ces organismes africains du droit d’auteur plaident pour le renforcement des capacités des gouvernements, de la société civile et du secteur privé à comprendre et utiliser les technologies Ia de manière éthique, bénéfique pour tous les acteurs de la chaîne de valeur du secteur culturel et créatif en Afrique, en particulier les créateurs. «Créer et renforcer les capacités des organismes de gestion collective par le développement ciblé des compétences et le soutien à la gouvernance de l’Ia, incluant des experts africains dans les initiatives internationales en matière d’Ia et de propriété littéraire et artistique», ont conclu les signataires. Qui renseignent que cette déclaration incarne leur «engagement commun à façonner un avenir durable et prospère pour l’Afrique, où la créativité, l’innovation et le respect de la propriété intellectuelle sont au cœur de notre développement».
ORGANISMES AFRICAINS DU DROIT D’AUTEUR - VOICI LA LISTE DES SIGNATAIRES DE LA DECLARATION
Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubedra),
Bureau burkinabé du droit d’auteur (Bbda),
Bureau ivoirien du droit d’auteur et des droits voisins (Burida),
Bureau malien du droit d’auteur (Bumda),
Bureau nigérien du droit d’auteur (Bnda),
Bureau togolais du droit d’auteur (Butodra),
Office malgache du droit d’auteur et des droits voisins (Omda),
Office national des droits d’auteur et des droits voisins (Onda),
Société civile des droits de la littérature et des arts dramatiques (Sociladra),
Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav)
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LE MARABOUT ET L'ÉTAT, UNE DANSE SÉNÉGALAISE MILLÉNAIRE
Il y a l'exécutif, le législatif, le judiciaire... et puis il y a eux. Les marabouts, gardiens d'une spiritualité ancestrale, sont devenus les arbitres officieux de la politique nationale. Ils ont su tisser une toile d'influence aussi discrète qu'efficace
Dans la symphonie du pouvoir sénégalais, un instrument résonne plus fort que les autres : le chapelet du marabout. Loin d'être une simple relique du passé, le pouvoir maraboutique s'est imposé comme le quatrième pilier d'un État en perpétuelle négociation avec ses racines.
De l'ombre des mosquées aux salons feutrés du palais présidentiel, les marabouts ont su tisser une toile d'influence aussi discrète qu'efficace. Leur force ? Une patience millénaire et un pragmatisme à toute épreuve. Là où d'autres auraient brandi le sabre, ils ont choisi la plume et la parole, sculptant l'âme du peuple à petits coups de sermons et de bénédictions.
Aujourd'hui, alors que le vent du changement souffle sur le Sénégal, certains prédisaient la fin de cette alliance tacite entre turban et cravate. Erreur ! Le pouvoir réaffirme son attachement à cette force tranquille qui a traversé les siècles.
UN BILAN POSITIF POUR LE SALON INTERNATIONAL DU LIVRE DE JEUNESSE ET POUR ENFANTS
Au-delà de l'aspect commercial, le salon a joué un rôle éducatif crucial, impliquant 16 établissements scolaires et organisant diverses activités pédagogiques
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 19/09/2024
La 1ère édition du Salon international du livre de Jeunesse et pour enfants, Dakar-Livres s’est tenue du 15 au 18 novembre 2023. Avant d’entamer la 2e édition, prévue du 20 au 24 novembre prochain, le journaliste culturel Alassane Cissé tire un bilan satisfaisant.
Au sortir d’un évènement majeur, il est nécessaire de tirer un bilan. Les organisateurs de la première édition du Salon international Dakar-livres n’ont pas dérogé à cette règle. Avant de se lancer dans la prochaine édition, ils ont présenté une documentation du bilan en chiffres et en lettres. Le coordonnateur Alassane Cissé, journaliste culturel, souligne que le Salon Dakar-Livres a réuni 150 auteurs du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Togo, de la France, de la Suisse dont 50 jeunes auteurs sénégalais (15 à 35 ans), 24 exposants (maisons d’édition) du Sénégal, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de la Tunisie, de la France, du Canada, 16 établissements scolaires (préscolaires, élémentaires, secondaires, supérieurs) de Dakar, de Mbour, de Tivaouane, de Thiès et de Saint-Louis, 3 500 visiteurs et participants (élèves, étudiants, familles, parents, professionnels du livre, acteurs culturels, représentants d’associations, d’organisations non gouvernementales, d’institutions étatiques et internationales, etc.).
Dakar-Livres a organisé 5 panels thématiques sur «Auteurs, éditeurs, libraires, lecteurs : Les attentes», «Les bibliothèques, espaces d’apprentissage et d’éducation», «Forum des 50 jeunes auteurs», «Cheveux noirs-cheveux blancs : dialogue intergénérationnel entre écrivains confirmés et jeunes auteurs», «L’éducation inclusive», «la lecture numérique», des cérémonies de dédicace du livre «Diambars, une école de vie» de Aly Sileymane Ly, «Merci Maman» de Sokhna Ami Mbow, etc. «A cela s’ajoutent des activités pédagogiques autour du livre, des séances de dessin, des ateliers d’écriture, des concours de lecture, des spectacles de conte, de slam, de poésie et de théâtre. Et aussi un concours de dictée initié par la Bibliothèque du Centre culturel Blaise Senghor», détaille-t-il.
Le Salon a pu décerner 4 Prix, à savoir le Prix Dakar Livres pour la littérature enfantine, décerné à Mor Mbengue dit El Hadj Leeboon, pour son ouvrage «Les Contes de El Hadj Leeboon» (Saaraba Editions), le Prix Dakar Livres pour la littérature de jeunesse à Sokhna Ami Mbow pour son livre «Merci Maman» (Baobab Edition), le Prix Batoula pour la promotion de la littérature africaine à l’écrivain-éditeur Alioune Badara Bèye, le Prix Fatou Ndiaye Sow pour la promotion d’ouvrages pour enfants à l’éditrice Antoinette Fall Corréa, fondatrice de Bibliothèque-Lecture Développement. La 2ème édition du Salon international du livre de jeunesse et pour enfants, Dakar Livres, est prévue du 20 au 24 novembre 2024.
DES ARTISTES D’AFRIQUE ET DE LA DIASPORA SE REUNISSENT A HARLEM
Dans le cadre du programme « Let Art Speak », Harlem (New York) accueille à partir de ce jeudi 19 septembre et ce, jusqu’au 21 septembre prochain des artistes d’Afrique et de la diaspora,
Des artistes d’Afrique et de la diaspora vont se réunir à Harlem pour le programme Let Art Speak afin de participer au dialogue et de présenter leurs idées aux leaders mondiaux lors du Sommet de l'ONU. C’est du 19 au 21 septembre 2024 avec au menu des lectures d’écrivains, de la poésie, de la danse, entre autres.
Dans le cadre du programme « Let Art Speak », Harlem (New York) accueille à partir de ce jeudi 19 septembre et ce, jusqu’au 21 septembre prochain des artistes d’Afrique et de la diaspora, renseigne un communiqué rendu public. Il s’agit d’un événement pré-sommet des Nations Unies sur le futur organisé par un collectif d’organisations panafricaines..
« L'objectif est de rassembler des écrivains, artistes, poètes, musiciens, danseurs, réalisateurs, artistes visuels et d'autres genres pour s'asseoir ensemble et créer une vision pour l'avenir », précise le document. « En septembre, les leaders du monde entier se réuniront à New York lors du Sommet du futur pour adopter le Pacte du futur dans le monde. Nous travaillons avec AU Ecosocc, Priority Africa Network et d'autres organisations panafricaines pour convoquer des leaders de la société civile du continent à venir également à New York et participer à cette même conversation sur l’avenir du monde. Nous avons voulu le faire avant le Sommet de l'ONU et nous voulions entendre d'abord la voix des artistes », a expliqué la présidente de Trust Africa, Coumba Touré.
Et d’ajouter: « Alors que nous parlons de l'avenir du monde, il est temps pour nous d'imaginer un futur différent. Un avenir qui ira au-delà de tout ce que nous connaissons aujourd'hui et qui ne fonctionne pas pour la majorité des habitants du monde, en imaginant quelque chose de différent. Nous devons imaginer un autre type de gouvernance, de gouvernance mondiale, des relations entre les différents pays et les peuples. Qui mieux que les artistes pour nous aider à créer une société juste ? C’est pourquoi nous avons créé Let Art Speak»
Le Sommet l'ONU sur le futur est, en effet, « un événement de haut niveau qui rassemble des parties prenantes mondiales pour forger un nouveau consensus international sur la manière dont, collectivement, en tant que communauté mondiale, nous pouvons offrir un présent meilleur et protéger l'avenir ».
Au programme, il y aura des discussions au coin du feu avec des artistes africains, des lectures d'écrivains, de la poésie, de la danse et des performances musicales spéciales clôtureront l'événement. Il est également prévu des panels sur des thèmes tels que : la jeunesse, leader du futur, le renforcement de la paix, de la sécurité internationale, le financement durable pour le développement durable, la place de la diaspora dans la réinvention du futur, et bien plus encore. Les conférenciers principaux invités incluent le professeur Bayo Olukoshi (professeur distingué, WITS University School of Governance), Brian Kagoro (directeur général, Open Society Foundations), Chido Mpembwa (envoyée de la jeunesse de l'UA), Dr. Krista Johnson (professeur et directrice du Centre d'études africaines, Howard University), entre autres.
Cette initiative est une collaboration entre Trust Africa, le Conseil économique, social et culturel de l'Union africaine (AU ECOSOCC), la Mission d'observation permanente de l'Union africaine auprès des Nations Unies à New York, le projet USAfrica Bridge Building, Kuumbati Productions, Geantesinvisible.com, Priority Africa Network, la Fédération des journalistes africains, Teaching Arts Institute, Artful Walls, Advocacy Network for Africa, et Oxfam, précise le document.
LA 14E EDITION DU FESTIVAL METISSONS PREVUE LES 29 ET 30 NOVEMBRE
La ville de Saint-Louis (nord) va accueillir les 29 et 30 novembre la quatorzième édition du festival ”Métissons”, un événement culturel qui vise à créer une ambiance festive dans les principaux lieux de la vieille ville.
Saint-Louis, 17 sept (APS) – La ville de Saint-Louis (nord) va accueillir les 29 et 30 novembre la quatorzième édition du festival ”Métissons”, un événement culturel qui vise à créer une ambiance festive dans les principaux lieux de la vieille ville.
”La 14e édition du festival Métissons aura lieu à Saint-Louis les 29 et 30 novembre 2024. Métissons va également promouvoir des concerts apéritifs et afters dans les principaux lieux de la ville afin de créer une ambiance festive pendant les 2 jours’’, lit-on dans une note transmise à l’APS.
Cet évènement culturel, qui se déroule sur deux jours, a pour objectif de lancer la saison touristique, ajoute la même source.
Selon les organisateurs, la scène de l’Institut français de Saint-Louis sera le principal lieu du festival avec des concerts, le vendredi et le samedi, afin de garder le côté populaire du festival et permettre l’accès au plus grand nombre de spectateurs.
Le programme du festival prévoit, entre autres, un carnaval, avec la participation d’artistes musiciens, mais également un ”Takassanu Ndar’’, (parade à travers l’île, en milieu d’après-midi) en calèche pour montrer la culture saint-louisienne.
Le promoteur culturel Ababacar Guèye est le promoteur du festival Métissons, lequel se tient annuellement dans la ville historique de Saint-Louis depuis sa création en 2010.
Depuis cette année-là, le festival ”Métissons” de Saint-Louis est inscrit dans l’agenda culturel de la capitale du nord, du Sénégal et du monde, rappelle ce dernier.
INAUGURATION DU MEMORIAL «BATEAU LE JOOLA» LE 26 SEPTEMBRE
Cette inauguration marque l'aboutissement d'une longue lutte des familles des victimes pour honorer la mémoire des 1800 disparus. Plus qu'un simple musée, ce lieu symbolique promet de devenir un espace de recueillement
C’est un ouf de soulagement pour les familles des victimes du tragique naufrage du «Bateau Le Joola» qui réclamaient un mémorial. L’inauguration dudit Mémorial est prévue le 26 septembre 2024 à Ziguinchor.
Sauf changement de dernière de minute, le Musée Mémorial national «Bateau Le Joola», érigé à Ziguinchor sur les rives du fleuve Casamance, va ouvrir ses portes le 26 septembre 2024. Une vieille doléance des victimes de cette tragédie maritime qui a fait plus de 1800 morts officiellement, dont les souvenirs sont encore difficiles à effacer. Cette manifestation sera doublement symbolique cette année, marquant ainsi la 22ème commémoration du naufrage du bateau Le Joola. Cette annonce a été faite par la ministre de la Jeunesse, des sports et de la culture, Khady Diène Gaye, lors d’une rencontre avec le comité scientifique du musée. «À partir de la 22ème commémoration du naufrage du bateau ‘’Le Joola’’, nous lancerons officiellement les activités de ce Musée mémorial national», a déclaré la ministre, soulignant l’importance symbolique de cette date. Elle a expliqué que, suite à la réception technique du musée en juillet dernier, une visite sur place était nécessaire pour évaluer les réalisations avant de finaliser les préparatifs de la commémoration.
Selon le magazine culturel Patrimoine, le comité scientifique a présenté le travail de collecte d’objets récupérés à bord du navire et a partagé le discours muséographique développé pour le musée. La même source poursuit que la ministre a également évoqué les discussions sur la gouvernance et le modèle de gestion de l’infrastructure, soulignant la nécessité d’un modèle efficace pour garantir sa pérennité. «Nous travaillerons pour faire de ce musée un lieu de recueillement pour la communauté nationale et internationale, un symbole de notre histoire nationale et de la navigation maritime internationale», a ajouté Mme Gaye. A noter que les travaux du musée, lancés le 20 décembre 2019, ont été attendus depuis longtemps par les familles des victimes et les survivants du naufrage. Le coût de cette infrastructure est estimé à 3 milliards de F CFA.
«DAHOMEY EST UN FILM CONTRE L’AMNESIE»
Quelques mois après la sortie de son second film, célébré en en grande pompe en Afrique, notamment au Sénégal, «Dahomey» de la réalisatrice franco-sénégalaise, Mati Diop était à l’affiche sur les écrans français.
Bés Bi le Jour |
Adama Aïdara KANTE |
Publication 17/09/2024
Quelques mois après la sortie de son second film, célébré en en grande pompe en Afrique, notamment au Sénégal, «Dahomey» de la réalisatrice franco-sénégalaise, Mati Diop était à l’affiche sur les écrans français. La réalisatrice qui était l’invitée de Rfi est revenue sur les contours de ce long métrage, consacré à la restitution de 26 trésors royaux du Bénin.
Après être sorti en salles en Afrique de l’Ouest, «Dahomey», le deuxième film de la Franco-sénégalaise Mati Diop est sur les écrans français cette semaine. Invitée par Rfi, elle est revenue sur ce film consacré à la restitution de 26 trésors royaux de l’ancien empire du Dahomey, actuel Bénin, pillés par l’armée coloniale française en 1892. Sur la question de savoir si c’est un film pour la mémoire, elle dit : «Quand vous dites pour la mémoire, j’ai plus envie de dire contre l’amnésie.» En tout cas, pour elle, c’est un film qui nous permet d’entrer en relation plus infra, plus profonde et plus sensible à une histoire qui tente trop «systématiquement» et trop «structurellement» de se minimiser, d’être effacée et dont les anciennes puissances coloniales refusent de prendre la responsabilité. «C’est une histoire dont on essaie de se débarrasser, à tel point que, comme l’exprime avec beaucoup de lucidité et de sensibilité des étudiants béninois dans le film, toute une histoire coloniale, mais pas seulement africaine, ne leur est encore aujourd’hui pas suffisamment transmise», explique la fille de Wasis Diop.
La réalisatrice fait parler les statues qui peuvent être considérées comme les principaux personnages. Mais dans son raisonnement, elle indique qu’il ne s’agit pas que «d’une statue qui nous parle, ce ne sont pas seulement ces 26 œuvres qui nous parlent. C’est une communauté d’âmes bien plus large en réalité, et multiséculaire aussi, puisque cette communauté d’âmes n’a pas d’âge. Elle nous parle du passé, du présent, du futur. Elle parle autant d’une diaspora, d’une jeunesse qui est en train d’entreprendre une démarche de retour vers ses origines africaines. Elle nous parle aussi d’une communauté d’âmes en référence à la traite, aux dépossédés de la colonisation. Cela brasse assez large, à travers une voix qui nous raconte son retour en pays natal, son odyssée de Paris jusqu’à Cotonou».
Mati Diop renseigne que lors de la restitution, elle a découvert en route que c’était une matière historique, politique, qui permettait d’évoquer le passé au présent, puisque ces étudiants en parlent aujourd’hui entre eux. «Pour certains en tout cas, c’est précisément ce rapatriement, cette restitution qui leur a fait prendre conscience de ce qu’ils ne savaient pas précisément. Pour moi, c’était fondamental d’interroger cette jeunesse, en particulier ces étudiants béninois, qui ne sont pas toujours dupes des enjeux, quelque part de la supercherie diplomatique que cette restitution constitue aussi», déclare-telle. L’idée, selon la petite fille de Djibril Diop Mambéty, c’était justement de réunir des étudiants qui avaient un regard suffisamment singulier et contrasté sur la question pour restituer la complexité du sujet.
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LE CODE NOIR SUR GRAND ÉCRAN
"Ni chaînes ni maîtres" propulsent le spectateur au cœur de l'enfer de l'esclavage, sans concession ni artifice. Simon Moutaïrou signe un premier long-métrage ambitieux qui ose affronter les démons du passé colonial français
Le 18 septembre 2024, le cinéma français s'apprête à vivre un moment historique avec la sortie de "Ni chaînes ni maîtres". Premier long-métrage consacré à l'esclavage dans l'Hexagone, ce film audacieux du réalisateur Simon Moutaïrou plonge le spectateur au cœur du XVIIIe siècle sur l'île Maurice.
L'histoire suit un esclave en fuite, incarné par la star sénégalaise Ibrahima Mbaye, dans sa quête désespérée pour retrouver sa fille et mener la résistance contre l'oppression coloniale. Face à lui, Camille Cottin campe une chasseuse d'esclaves impitoyable, tandis que Benoît Magimel incarne un propriétaire de plantation conforme à la lettre le tristement célèbre Code noir.
Fruit de deux années de recherches minutieuses, "Ni chaînes ni maîtres" ose montrer sans fard la brutalité de l'esclavage tout en évitant l'écueil du sensationnalisme gratuit. Le film s'inspire notamment des écrits du poète Édouard Glissant pour explorer le concept de "marronnage", cette fuite vers la liberté qui a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective.
Avec ce projet ambitieux, le cinéma français rattrape enfin son retard sur ses homologues américains dans le traitement de cette période sombre de l'Histoire. "Ni chaînes ni maîtres" s'annonce comme une œuvre percutante, destinée à marquer les esprits et à éduquer les nouvelles générations sur un chapitre longtemps occulté du passé colonial français.
BAYE MBAYE, LA NOUVELLE VOIX D'OR DES CHANTS RELIGIEUX
Héritier d'une tradition séculaire, ce prodige de 16 ans transforme chaque mélodie en une expérience transcendante. Formé dès le berceau à l'art du panégyrique, il porte en lui l'héritage d'une lignée de maîtres
Dans les ruelles sablonneuses de Tivaouane, une étoile montante illumine désormais le firmament musical sénégalais. Baye Mbaye, jeune prodige au timbre mielleux, bouleverse le paysage des chants religieux avec une ferveur qui transcende les générations.
Héritier d'une lignée de chanteurs sacrés, ce petits-fils de maître coranique a stupéfié le public lors de sa première apparition au stade de Tivaouane. Son interprétation magistrale d'un poème panégyrique a marqué les esprits, révélant un talent brut façonné dès l'âge tendre de deux ans.
Guidé par son oncle, véritable mentor et gardien des secrets ancestraux, Baye Mbaye allie tradition et modernité. Sa capacité de mémorisation hors du commun et sa voix envoûtante en font déjà l'un des espoirs les plus prometteurs de sa génération.
Malgré un succès fulgurant, le jeune virtuose garde les pieds sur terre, fidèle aux valeurs de sa famille. Porté par une ambition sans limite, Baye Mbaye aspire à gravir les sommets de son art, promettant de faire vibrer les cœurs au rythme de ses mélodies sacrées pour les années à venir.