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2 avril 2025
Culture
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ARTISTE, JE SUIS ; GUÉRISSEUSE, JE NE SAIS PAS
L’homme propose, Dieu dispose. Mariane Senghor a choisi d’être artiste, mais il se pourrait que Dieu ait choisi autre chose pour elle. Seul le temps le dira. Ce qui est certain, c’est que cette artiste a tout entre les mains, et cela ne date pas d’hier
AfricaGlobe Tv |
Fred Atayodi |
Publication 02/02/2025
L’homme propose, Dieu dispose. Mariane Senghor a choisi d’être artiste, mais il se pourrait que Dieu ait choisi autre chose pour elle. Seul le temps le dira. Ce qui est certain, c’est que cette artiste a tout entre les mains, et cela ne date pas d’hier. Elle l’a toujours su, son père l’a expérimenté à plusieurs reprises, avant qu’un sachant de ces réalités ne le confirme. Mais est-elle prête à pratiquer de l’art thérapie et bien au dela ?
Artiste plasticienne, après seize ans de recherche, Mariane Diakher Senghor présente une exposition sur le thème « Identité spirituelle universelle ». Le vernissage a eu lieu le 7 janvier 2025 et l’exposition se poursuit encore à la Galerie nationale. Une exposition dans laquelle elle a peint des réalités du monde immatériel et invisible : les guides, les anges, les ancêtres, ou encore des animaux totems. Elle affirme n’avoir fait que transmettre les messages reçus des ancêtres.
Détenteur et défenseur des savoirs endogènes, praticien des médecines traditionnelles, le Dr Gbodossou, que Mariane a rencontré, lui a confirmé ce qu’elle a toujours pressenti et l’a rassurée face à ses doutes, ses craintes et ses hésitations concernant les manifestations en elle de quelque chose d’inhabituel.
En personne avertie, le médecin a dit à l’artiste qu’elle pourrait accomplir de grandes choses, notamment en apportant la guérison au monde, après avoir évalué leurs échanges.
Les choses se précisent et s’éclairent peu à peu pour elle. La réalisation de son projet d'exposition « Identité spirituelle universelle » est sans doute l'un des premiers actes de son éveil et de la matérialisation des messages qu’elle estime avoir reçus des ancêtres.
La plasticienne, par ailleurs enseignante en art, compte attendre patiemment que les choses se fassent et que ceux qui ont décidé de la missionner lui donnent la force requise, étant entendu que le monde est impitoyable.
Que l’on soit dans les religions révélées ou dans la spiritualité ancestrale, lorsqu’on s’élève, des forces antagonistes s’élèvent aussi, selon des témoignages.
C’est une grande responsabilité. Mariane est-elle prête à assurer cette mission qui lui aurait été confiée par les ancêtres ? Nous lui avons posé la question.
L’HISTOIRE INCROYABLE ET CHOQUANTE DES «ERUDITS DE L’OMBRE» AU KENYA
Quand les étudiants des meilleures universités du monde, comme Oxford, paient des jeunes au Kenya pour écrire de façon anonyme leurs travaux d’études… Plus de 40 000 Kényans travaillent pour cette industrie de l’ombre
Quand les étudiants des meilleures universités du monde, comme Oxford, paient des jeunes au Kenya pour écrire de façon anonyme leurs travaux d’études… Plus de 40 000 Kényans travaillent pour cette industrie de l’ombre qui génère, selon la réalisatrice britannique Eloïse King, un chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’euros ! Pour son enquête, «Les Erudits de l’ombre», elle a anonymisé les visages de ses interlocuteurs avec l’aide de l’Intelligence artificielle. Entretien au Fipadoc, le grand Festival international du film documentaire à Biarritz.Qui sont ces «Erudits de l’ombre» ?
Il s’agit d’une véritable industrie au Kenya. Au minimum, il y a 40 000 personnes, rien qu’à Nairobi, qui écrivent des devoirs, des essais, des thèses, des dissertations… pour des étudiants du monde entier. Il y a quelque 37 millions d’étudiants -et c’est une estimation prudente- qui utilisent dans le monde entier ces services pour obtenir des diplômes.
Pourquoi cette «industrie» s’est-elle développée au Kenya ? Par exemple, pourquoi ces «écrivains académiques» ne sont-ils pas basés dans un autre pays africain ?
Je suppose qu’il y a aussi d’autres endroits où cela se passe, mais le fait que le Kenya est devenu un tel centre pour ce travail, je pense que c’est vraiment un héritage du colonialisme. Tout d’abord, la première langue d’un grand nombre de Kényans est l’anglais. C’est une langue nationale, introduite par les colons anglais. En plus, les médias numériques ont connu au Kenya un véritable essor. Depuis 2010, l’internet à haut débit est disponible dans tout le pays. Ce n’est pas le pays le plus riche, mais le Kenya est celui qui dispose de la plus grande connectivité et fait partie des premières «nations numériques». Par exemple, ils utilisent beaucoup l’argent mobile et sont adeptes du système M-Pesa [«M» pour mobile et pesa signifie «argent» en swahili. C’est un système de micro financement et de transfert d’argent par téléphone mobile, lancé en 2007 au Kenya, Ndlr], bien avant de nombreux pays européens ou les Etats-Unis. Puis, les universités kényanes proposent un accès gratuit à l’internet sur tous leurs sites. Malheureusement, ou peut-être heureusement pour le secteur des «écrivains académiques», cela signifie que la pratique, qui a probablement déjà existé, a vraiment explosé avec l’avènement de la technologie.
Vous avez mené cette enquête avec Patricia Kingori, connue comme la plus jeune femme et la plus jeune Noire devenue professeure à la très prestigieuse université anglaise d’Oxford. Lorsque vous enquêtez sur cette «industrie» d’«écrivains académiques» qui brasse plusieurs milliards d’euros et qui est considérée en Occident comme une industrie illégale, est-ce dangereux de faire cette enquête au Kenya et au Royaume-Uni ?
Il est important de comprendre le contexte et son évolution dans le temps. Lorsque Patricia Kingori [professeure de sociologie, Ndlr] a commencé à poser des questions dans le cadre de ses recherches sur les contrefaçons, les mensonges et leurs fabrications, nous ne savions rien de l’ampleur de cette industrie. En 2019, lorsque nous avons commencé à en discuter, la littérature que nous avons pu trouver estimait que cette industrie valait quelques millions de livres. Pour nous, cela a suffi pour raconter cette histoire. Lorsque nous avons rencontré pour la première fois des «écrivains académiques», beaucoup étaient préoccupées par la perception générale des autres «écrivains académiques» de la communauté. On ne voulait pas être perçu comme quelqu’un qui casse les affaires des personnes qui travaillent dans ce secteur. Mais, au fil du temps et des discussions, en particulier pendant la pandémie, cette véritable explosion autour des questions de la tricherie, de l’éthique et de la criminalisation est devenue un problème qui n’existait pas à l’époque où nous avons commencé. C’est donc pendant la réalisation de ce film qu’il est devenu illégal de fournir ce travail au Royaume-Uni et en Australie. Cela a vraiment changé le contexte et la nécessité de protéger les auteurs. Dans le film, tous les visages ont été entièrement générés par ordinateur, pour cela, ils sont légèrement flous. Alors les gens pensent à tort que nous avons flouté de vrais visages. Non, il s’agit de visages totalement nouveaux, générés par l’Intelligence artificielle (Ia). Avec des voiles synthétiques, utilisés pour protéger l’intégrité des auteurs, afin qu’ils puissent témoigner et partager leur vie et leurs expériences.
Dans le film, l’un des «écrivains académiques» se défend : «Nous ne sommes pas des écrivains de l’ombre, nous sommes la lumière.» Et le célèbre écrivain kényan Ngugi wa Thiong’o nous explique qu’il existe un lien entre ces «écrivains académiques» d’aujourd’hui et l’histoire de l’esclavage.
Ngugi wa Thiong’o est un penseur incroyablement acclamé et éminent qui a dû s’exiler du Kenya pour avoir pris position contre les nations coloniales et la mise en œuvre de la langue imposée aux Kényans. Lorsque nous nous sommes entretenus avec lui sur le sujet de ces «écrivains académiques», il nous a notamment expliqué que ce n’était pas nécessairement nouveau. La forme est nouvelle : la technologie et les essais, mais derrière, il y a une très longue histoire d’extraction intellectuelle et culturelle qui s’est produite pour les pays du Sud en ce qui concerne l’esclavage. En Amérique, à cette époque, que se passait-il pour les personnes réduites en esclavage ? Les propriétaires de plantations se sont approprié les choses. Dans notre film, nous avons notamment évoqué le cas des cueilleurs de coton. Les esclaves n’étaient pas autorisés à posséder leurs idées, ils n’avaient pas droit aux droits d’auteur. Donc, il s’agit de quelque chose qui a toujours fait partie de la manière dont les gens du Sud et de la diaspora noire ont vu leurs idées reprises et valorisées ailleurs par des gens qui ne leur ressemblent pas. Mais ces derniers ont toujours réussi à donner aux autres l’impression qu’ils étaient capables de faire ce travail ou qu’ils étaient eux de trouver ces idées.
Votre documentaire raconte donc aussi l’histoire d’une appropriation culturelle ?
Nous voulions vraiment parler de l’appropriation intellectuelle. Ici, il s’agit clairement d’idées et de pensées originales créées par des personnes du Sud qui sont ensuite reprises. Ces idées et pensées ne sont pas modifiées ou changées. Elles sont utilisées telles quelles. Mais lorsqu’elles sont présentées par des étudiants occidentaux, elles ont une plus grande valeur. Par exemple, dans notre film, ces étudiants du Sud posent leur candidature pour intégrer des universités du Nord, mais on leur dit qu’ils ne peuvent pas y entrer. Ils ne sont pas parrainés et n’obtiennent pas de bourse pour s’inscrire dans ces universités. En revanche, lorsqu’ils utilisent le profil d’étudiants blancs, leur travail devient tout à coup acceptable, voire plus qu’acceptable. Donc, cette extraction n’appartient pas au passé. Nous pouvons tracer une ligne très claire entre le passé et le présent. Mais si ces systèmes sont construits sur l’inégalité, cela nous donne aussi l’espoir qu’il y a des choses qui peuvent être déconstruites.
L’Intelligence artificielle renforcera-t-elle ce phénomène ou mettra-t-elle fin à ces «écrivains académiques» ?
L’Ia est essentiellement construite sur des données qui ont été collectées à partir de millions de textes disponibles. On sait maintenant que beaucoup de ces textes ont été produits par des millions de Kényans. Donc, on peut supposer que l’Ia se réapproprie ces idées, en rendant les auteurs encore plus invisibles et en les excluant du résultat. Mais, de plus en plus, les universités sont en mesure de contester l’utilisation de l’Ia avec leurs propres logiciels qui peuvent identifier où ce travail a été effectué. Résultat : le travail effectué par l’Ia est ensuite confié aux «écrivains académiques» pour l’humaniser. Ils ne sont donc pas totalement exclus de l’équation, mais on voit qu’ils sont exploités deux fois : sans les payer, leur travail est utilisé dans toutes sortes de programmes d’Ia et de ChatGPT, sans aucune reconnaissance. Ensuite, lorsqu’on leur demande d’humaniser un texte pour permettre aux étudiants à Oxford ou ailleurs de réussir, ils doivent le faire à moindre coût, parce que la valeur est retirée de la connaissance qu’ils ont.
Au Fipadoc, votre film est présenté dans la catégorie «Impact ». Quel impact espérez-vous pour votre film ?
Nous aimerions montrer que les Kényans et les Africains ne sont pas seulement les malheureuses victimes de l’exploitation. Ils n’ont pas seulement un rôle passif dans ce genre d’économie. Ce ne sont pas des personnes qui attendent de recevoir de l’aide, des dons, des emplois. Ou des gens qui ont désespérément besoin d’être éduqués. Non, notre film montre le potentiel énorme de ces écrivains. Malgré des restrictions énormes, ils ont créé un système incroyablement sophistiqué. Mais ce qui serait vraiment juste, ce serait qu’ils aient les mêmes possibilités que les gens du Nord. Ainsi, ils ne seraient plus obligés d’être des écrivains fantômes des gens du Nord, mais ils pourraient ouvertement se présenter avec leur propre intelligence et leurs propres capacités
SAHAD SARR FINALISTE DU PRIX DÉCOUVERTES RFI 2025
Les votes du public sont ouverts jusqu'au 16 février sur le site de RFI Musique, et le lauréat sera annoncé le 18 février. Le Sénégal n'a pas remporté ce prix depuis 2014 avec Marema Fall et son titre "Femmes d’affaires"
L'artiste sénégalais Sahad Sarr figure parmi les dix finalistes du Prix Découvertes RFI 2025, aux côtés de talents africains et de la diaspora. Les votes du public sont ouverts jusqu'au 16 février sur le site de RFI Musique, et le lauréat sera annoncé le 18 février. Le Sénégal n'a pas remporté ce prix depuis 2014 avec Marema Fall et son titre "Femmes d’affaires".
L'artiste sénégalais Sahad Sarr figure parmi les dix finalistes du Prix Découvertes RFI 2025, aux côtés de talents africains et de la diaspora. Les votes du public sont ouverts jusqu'au 16 février sur le site de RFI Musique, et le lauréat sera annoncé le 18 février. Le Sénégal n'a pas remporté ce prix depuis 2014 avec Marema Fall et son titre "Femmes d’affaires".
Le Sénégal est à nouveau à l'honneur sur la scène musicale internationale. L'artiste Sahad Sarr a été sélectionné parmi les dix finalistes du prestigieux Prix Découvertes RFI 2025, une compétition qui met en lumière les talents émergents du continent africain et de sa diaspora. La liste des finalistes, dévoilée mardi, comprend également Queen Rima de Guinée, Joyce Babatunde du Cameroun, Grégory Laforest d’Haïti et Boukuru du Rwanda.
Les votes du public sont ouverts jusqu'au 16 février sur le site de RFI Musique, offrant ainsi l'opportunité aux fans de soutenir leur artiste préféré. Le lauréat sera connu le 18 février prochain.
Sahad Sarr n'est pas étranger aux distinctions. En 2024, il a été lauréat de l'AFIELD Fellowship, récompensant son impact significatif dans le secteur culturel grâce à son label Stereo Africa 432.
Le Sénégal a une histoire notable avec le Prix Découvertes RFI. Plusieurs artistes sénégalais ont été lauréats, notamment Didier Awadi, Abdou Guité Seck, Marema et Naby.
Cependant, depuis la victoire de Marema Fall en 2014 avec son titre "Femmes d’affaires", le pays n'a pas remporté ce concours. La sélection de Sahad Sarr ravive l'espoir de voir le Sénégal à nouveau distingué sur la scène musicale internationale.
Comment protéger les biens culturels en cas de conflit armé ? Un atelier régional de formation civilo-militaire se tient depuis hier à Dakar, pour trois jours. Organisée par le ministère des Forces armées, en collaboration avec l’Unesco, la rencontre vise à renforcer les capacités des acteurs civils et militaires dans la préservation du patrimoine culturel.
La culture ne devrait jamais être une cible. Militaires et professionnels du patrimoine de 8 pays d’Afrique sont en formation à Dakar, pour 3 jours, pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé. Organisée par le ministère des Forces armées, en collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), cette rencontre, qui a débuté hier au Cercle Mess des officiers Colonel Emmanuel Gomis, a pour objectif de renforcer les capacités des acteurs civils et militaires dans la préservation du patrimoine culturel, afin de transmettre aux générations futures un héritage intact. «Je peux vous assurer que militaires et professionnels du patrimoine sont tous unis pour un même objectif, transmettre aux générations futures un héritage intact. Car il ne s’agit pas seulement de protéger des objets, mais de préserver l’expression d’une identité et d’une histoire», a expliqué le Général d’Armée Birame Diop, ministre des Forces armées. Il a ajouté : «La protection des biens culturels est plus qu’un impératif juridique, c’est un impératif moral. En agissant ainsi, nous continuons non seulement à enrichir notre propre présent, mais aussi à façonner un avenir plus respectueux de la diversité culturelle à travers le monde.»
Evidemment, les biens culturels, qu’ils soient matériels ou immatériels, ne sont pas de simples témoins passifs de l’histoire. Ils constituent des éléments essentiels de l’identité collective. Pourtant, comme l’a souligné Dimitri Sanga, directeur du Bureau régional de l’Unesco à Dakar, ces trésors sont souvent pris pour cibles. «En ciblant le patrimoine, les forces de déconstruction cherchent à effacer des mémoires collectives, à fracturer les sociétés et à fragiliser l’ensemble de l’humanité», a-t-il déclaré. Dimitri Sanga a salué les initiatives nationales et régionales qui ont vu le jour pour renforcer les cadres juridiques et développer des mécanismes de prévention et de sensibilisation. «Cet atelier de trois jours s’inscrit parfaitement dans cet élan conçu comme une plateforme d’échanges et de renforcement de capacités qui constitue une opportunité unique de conjuguer le savoir civil et militaire pour une protection plus efficace et plus durable des biens culturels», a-t-il dit, précisant que l’Afrique de l’Ouest, qui a souvent fait face à des destructions, a toutefois montré sa résilience.
Venu présider cette cérémonie d’ouverture, le ministre des Forces armées, Birame Diop, a rappelé l’importance de cette problématique pour l’Afrique, et particulièrement pour la sous-région ouest-africaine. «Les ravages infligés aux patrimoines culturels durant la Seconde Guerre mondiale ont mis en évidence la fragilité et la valeur inestimable de ces biens communs de l’humanité», a-t-il déclaré, ajoutant que les conflits actuels continuent de causer des pertes irréparables. Il a évoqué les destructions survenues à Tombouctou en 2012, où des mausolées et des manuscrits anciens ont été méthodiquement détruits. «Ces actes de vandalisme ne sont pas seulement des crimes contre la culture, mais aussi des attaques contre l’identité même des peuples. Ils visent à effacer les traces du passé, à semer la discorde et entraver le développement de nos sociétés», a-t-il fait savoir.
Durant cet atelier, les participants étudieront en profondeur la Convention de La Haye de 1954, qui impose aux Etats de prendre des mesures dès le temps de paix pour protéger les biens culturels. Des panels de discussions, des exercices praties et des visites de terrain permettront d’élaborer des stratégies concrètes et adaptées aux contextes locaux. «Ce séminaire intensif a été conçu pour vous dispenser des connaissances théoriques et des savoir-faire pratiques requis pour mener à bien vos actions en faveur de la sauvegarde du patrimoine. Je vous exhorte donc à profiter pleinement de cette opportunité unique de renforcer vos capacités et celles des structures que vous représentez», a lancé le Général Birame Diop à l’endroit des participants venus du Mali, de la Mauritanie, de la Gambie, du Tchad, du Nigeria et du Burkina Faso.
LES DEFIS QUI SONT LES NOTRES DEMANDENT QUE NOUS NOUS COMPORTIONS COMME UNE SEULE ET MEME HUMANITE
Souleymane Bachir Diagne, ancien enseignant au département de philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et actuel professeur à Columbia University de New York, est formel
Souleymane Bachir Diagne, ancien enseignant au département de philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et actuel professeur à Columbia University de New York, est formel : «Les défis qui sont les nôtres demandent que nous nous comportions comme une seule et même humanité». Malheureusement au lieu de constituer une véritable communauté humaine, l’on assiste au règne de la fragmentation, des tribalismes, des polarisations. D’où l’importance du concept d’Ubuntu qu’il décline dans ses derniers ouvrages («Ubuntu » et « Universaliser») et qui établit la nécessité de s’orienter, malgré les différences, vers un horizon d’universalité. Nous l’avons accroché lors de son dernier passage à Dakar, en conversation avec ses lecteurs à la librairie L’Harmattan. Entretien
Quelle thématique explorez-vous dans vos récentes publications et pourquoi avez-vous choisi ces sujets particuliers?
De manière générale, je travaille dans trois champs philosophiques. Un premier champ, c’est la philosophie des sciences, l’histoire et la philosophie des sciences. Mes premiers livres, je les ai écrits dans ce champ-là. Je travaille également dans l’histoire de la philosophie dans le monde islamique. Et ensuite, je travaille dans des questions générales de philosophie des cultures. Et c’est dans le champ de la philosophie des cultures que j’ai produit mes derniers ouvrages. Les tout derniers que j’ai écrits, il y en a un qui est un livre de réflexion philosophique sur la traduction. La manière dont la traduction rapproche les langues et rapproche les cultures. Ensuite, j’ai également récemment écrit un autre livre qui s’intitule « Universalité ser ». Là encore, le thème que j’explore, c’est vraiment le thème de l’humanisme et le thème de la rencontre et du dialogue des cultures. Donc, disons que dans ce troisième champ et pour mes publications les plus réçentes, le thème qui parcourt mes livres, c’est le thème du dialogue des cultures, de la rencontre des cultures et également de la construction d’un humanisme pour notre temps, d’un humanisme universel qui s’identifie, que j’identifie, sous le concept de Ubuntu. Et ça, c’est le titre de mon tout dernier livre.
A quoi renvoie ce concept d’Ubuntu ?
Le concept d’Ubuntu a eu beaucoup d’importance pour la construction de l’Afrique du Sud post-apartheid. Ubuntu, c’est ce qui permet de sortir du tribalisme et de la fragmentation pour essayer de construire une nation en commun. Et audelà de l’Afrique du Sud, ce mot, ce concept comporte une leçon pour l’humanité entière parce que c’est un humanisme qui nous permet de sortir de la fragmentation dans laquelle nous sommes aujourd’hui, des ethno-nationalismes qui se traduisent d’ailleurs par des guerres atroces pour aller vers la construction de cette humanité dont nous avons besoin aujourd’hui. Parce que les défis qui sont les nôtres demandent que nous nous comportions comme une seule et même humanité et que nous ayons une politique qui soit une politique de l’humanité.
A propos des défis contemporains, comment aborderiez-vous le dialogue inter-religieux, la décolonisation des savoirs ou la mondialisation des idées ?
Sur le dialogue inter-religieux, évidemment, la réflexion que je mène sur le pluralisme établit qu’un horizon d’universalité doit toujours se construire sur le fait que le monde est pluriel. Le monde est tissé de différences, mais ces différences s’orientent, pour ainsi dire, vers un horizon d’universalité. Et donc, le pluralisme devient une valeur. Il faut comprendre la valeur du pluralisme. Je cite souvent à ce propos, d’ailleurs, un verset coranique où il est dit « si Dieu avait voulu, il aurait fait de vous une seule et même humanité, une seule et même communauté. Mais c’est lui qui, ultimement, va nous expliquer après nos différences ». Donc, le pluralisme est nécessaire, le pluralisme est dans l’ordre des choses et il faut avoir un respect pour le pluralisme. Le dialogue de culture se construit là-dessus, où on regarde à la fois les convergences, la rencontre en particulier des religions abrahamiques, puisque les religions abrahamiques partagent les mêmes traditions, les mêmes récits, les mêmes personnages. Et au-delà, il faut envisager aussi le dialogue de toutes les différentes religions, le dialogue des croyants, y compris avec les non-croyants, d’ailleurs.
Alors, pour ce qui est de l’autre aspect, il y a le fait qu’une des implications, c’est en effet que la décolonisation est importante, la décolonisation sur le plan épistémologique en particulier, la décolonisation des savoirs. Et cette décolonisation des savoirs, moi, je la pense sur le modèle aussi de la traduction. Faire en sorte que les savoirs du sud global, les savoirs endogènes, soient étudiés de manière critique et deviennent des objets que nous enseignons
Que nous ne perdions pas de vue les savoirs et les sagesses qui sont portés par toutes les cultures du monde, et toutes les cultures du monde ont à contribuer à la circulation des savoirs. C’est pour cela qu’il est très important, dans cette décolonisation des savoirs, de faire en sorte que les langues, que nos langues africaines, redeviennent ce qu’elles ont été, c’est-à-dire des langues de création et des langues de science.
Qu’en est-il alors de la mondialisation des idées ?
Justement, j’ai commencé à parler de circulation et c’est important. La mondialisation, c’est le fait qu’au fond aujourd’hui, nous vivons dans ce que Valéry appelait le monde fini. Nous sommes, dit Valéry, le temps du monde fini. C’est-àdire que la Terre est devenue toute petite. La mondialisation a fait que nous sommes devenus un village planétaire. Et en particulier, nous avons les outils qui doivent faire de nous une seule et même humanité, les outils technologiques comme l’Internet, etc. Normalement, ça doit être le temps de l’intelligence collective de l’humanité, de la constitution d’une véritable communauté humaine. Malheureusement, nous voyons que c’est l’inverse qui se produit, la fragmentation, les tribalismes, les polarisations. Mais il nous faut aller dans le sens de la constitution de cette communauté humaine. Et c’est seulement ça qui va donner son sens véritable à ce que je préfère appeler, avec Édouard Glissant ou Christiane Taubira, la mondialité. Ils disent pourquoi il faut préférer mondialité à mondialisation. Mondialisation, c’est beaucoup plus économique, financier. Mondialité, c’est vraiment, dit Édouard Glissant, ce fait d’amener l’humanité ensemble dans un tout monde. Et il faut un désir d’humanité pour être au fondement même de cette communauté humaine que nous devons constituer aujourd’hui.
Votre œuvre accorde une place importante aux interactions entre les cultures et les philosophies. Quelles nouvelles perspectives de dialogues y envisagez-vous?
Dans ma dernière publication, justement, tout tourne autour de cette idée de dialogue entre les cultures. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi le verbe « universaliser » et non pas un nom comme « universalisme » ou « l’universel ». L’universel est une pratique. C’est une pratique d’universalisation et une pratique dans laquelle l’humanité entière, dans son pluralisme, dans ses différences et ses convergences, doit s’engager. Donc aujourd’hui, nous devons ensemble penser un universel qui ne soit plus un universel impérial, un universel colonial, l’universel qui serait porté par une seule région du monde, comme l’Europe, mais un universel forgé par tout le monde, selon la parole d’Alioune Diop, fondateur de Présence africaine, qui disait qu’il importe aujourd’hui que tout soit présent dans l’œuvre créatrice d’humanité. Et c’est cet universel-là que j’ai essayé de penser dans mon dernier livre, et c’est la raison pour laquelle j’ai choisi le verbe « universaliser » pour indiquer que c’est une pratique.
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LA SCÈNE POLITIQUE COMME THÉÂTRE
Face à Pape Alioune Sarr, Ndeye Astou Ndiaye et Fary Ndao livrent une analyse fine des enjeux contemporains du pouvoir. De la souveraineté africaine aux défis de la jeunesse, leur discussion dessine un portrait saisissant du Sénégal d'aujourd'hui
Dans le dernier épisode de l'émission Belles Lignes (BL) diffusé lundi 27 janvier 2025, Pape Alioune Sarr a reçu deux personnalités marquantes de la scène intellectuelle sénégalaise pour débattre de l'art politique et des discours ethniques. Face à lui, la Dre Ndeye Astou Ndiaye, enseignante en sciences politiques, et Fary Ndao, essayiste et romancier, ont livré une analyse approfondie des défis politiques contemporains.
La discussion s'est d'abord orientée vers la dimension artistique de la politique. S'appuyant sur la pensée de Bismarck, les intervenants ont souligné comment l'exercice politique requiert créativité et imagination, à l'instar d'un art performatif. Cette dimension théâtrale de la politique contemporaine s'illustre notamment à travers les figures de Barack Obama ou Jean-Luc Mélenchon, dont les qualités oratoires ont été évoquées.
Le débat s'est ensuite élargi aux relations complexes entre intellectuels et pouvoir politique au Sénégal. Les invités ont insisté sur la nécessité d'une synergie entre théorie et pratique pour une gouvernance efficace. Dre Ndiaye a particulièrement mis en avant l'importance de réconcilier la réflexion intellectuelle avec les réalités du terrain.
La question de la souveraineté africaine a occupé une place centrale dans les échanges. Les intervenants ont exploré les nouvelles dynamiques du nationalisme africain, notamment chez les jeunes générations qui aspirent à un dialogue d'égal à égal avec l'Occident. La discussion a également abordé les tensions récentes avec la France, suite aux déclarations du président Macron.
La démocratie sénégalaise et ses particularités ont fait l'objet d'une analyse approfondie. Les participants ont évoqué les alternances politiques de 2000, 2012 et 2024, tout en soulignant les défis persistants en matière d'égalité des chances et d'éducation. Les aspirations de la jeunesse sénégalaise ont été au cœur de cette réflexion.
L'émission s'est conclue sur la problématique des discours ethniques, considérés comme une menace potentielle pour la cohésion nationale. Les invités ont plaidé pour un renforcement du rôle de la presse dans le contrôle de l'information et pour des sanctions plus fermes contre les propos discriminatoires, tout en appelant à une scène politique plus apaisée et constructive.
LA FOLIE DES JEUX D'ARGENT
Le journaliste-écrivain Pape Samba Kane alerte sur les ravages causés par l’addiction aux machines à sou, devenues »un véritable problème de santé publique », dans son ouvrage intitulé »La folie des jeux d’argent » (Moukat éditions) présenté, samedi
Le journaliste-écrivain Pape Samba Kane alerte sur les ravages causés par l’addiction aux machines à sou, devenues »un véritable problème de santé publique », dans son ouvrage intitulé »La folie des jeux d’argent » (Moukat éditions) présenté, samedi, à l’espace Maam Samba à Ngor.
»Absolument ! C’est vraiment alerter aujourd’hui sur la dangerosité de cette drogue, alerter les autorités, alerter les familles, alerter les victimes elles-mêmes », a-t-il dit lors de la cérémonie.
»La folie des jeux d’argent » est une réédition d’un premier ouvrage intitulé »Casinos et machines à sous au Sénégal : le poker menteur des hommes politiques » publié en 2006. Dans cette nouvelle publication, Pape Samba Kane va au-delà des casinos avec ces jeux d’argent électroniques, »pari sportifs, one X bet » et autres qui, selon lui, portent les mêmes dangers rendus plus pernicieux parce que massivement plus répandus que les casinos.
Au fil des 210 pages, l’auteur édifie sur le fléau de ces jeux, »une tragédie pour la jeunesse », »des tueurs silencieux », »une arme d’autodestruction sournoise ».
»Les petits téléphones cellulaires, déjà pas très innocents entre les mains de nos enfants jour et nuit, sont devenus des casinos portables à pleins temps 24heures sur 24, 7 jours sur 7. On joue partout, en train, en bus, en taxi, sur son lit, la nuit, au réveil, et même en classe », note-t-il.
Il en appelle à la responsabilité de l’Etat pour réguler cette pratiques des jeux d’argent, protéger la population surtout les jeunes et l’économie aussi, car pour lui, »c’est une véritable machine de fraude fiscale ».
»L’Etat a intérêt à réguler cette histoire des jeux. Il y a urgence à régler cette question. Il faut limiter les propositions des jeux, il faut prendre des dispositions législatives, supprimer les boutiques, avoir une fiscalité spéciale et lourde, car ces opérateurs ont leur serveur dans des paradis fiscaux », indique le journaliste écrivain invitant les autorités à s’inspirer des pays ayant su réguler ce phénomène.
Saluant »une enquête fouillée et référenciée », un »puissant instrument d’alerte », le critique littéraire Khalifa Touré estime pour sa part que ce phénomène des jeux d’argent est un »attentat à la santé morale ».
»Le livre de Pape Samba Kane nous fend le cœur, parce qu’il touche du doigt une maladie presque intouchable qui est en train de détruire la société sénégalaise à travers sa jeunesse qui est dans l’insouciance, inconscience avec la complicité d’organisations qui sont derrières », dit-il.
Qualifiant l’ouvrage de »chef-d’œuvre », Touré estime que l’auteur a abordé le sujet sous l’angle de la psychologie et de la psychiatrie dans une enquête journalistique.
»C’est une gageure sur le plan journalistique d’aborder les faits et en même temps de les approfondir et d’entrer dans les méandres de l’esprit humain et il l’a réussi », s’est-il félicité.
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JUSTICE POUR LES SALTIGUÉS
«Ce que les saltigués prédisent, dans 70 % des cas, se réalise. C’est du concret. C’est une science réelle, peut-être basée sur une autre logique, une autre vérité, une autre rationalité, mais c’est bel et bien une science », déclare le Dr Éric Gbodossou.
AfricaGlobe Tv |
Fred Atayodi |
Publication 27/01/2025
Fils adoptif de la communauté sérère et chef de la civilisation Tado, qui s’étend du Ghana au Nigeria en passant par le Togo et le Bénin, le Dr Éric Gbodossou milite pour que justice soit rendue aux cérémonies khoy pratiquées par les saltigués. « Je fais les khoy des saltigués. Ce que les saltigués prédisent, dans 70 % des cas, se réalise. C’est du concret. C’est une science réelle, peut-être basée sur une autre logique, une autre vérité, une autre rationalité, mais c’est bel et bien une science », soutient-il fermement.
Ces propos ont été tenus dans une interview qu’il nous a accordée en marge d’une conférence sur l’éveil spirituel, organisée à la Galerie nationale pour accompagner l’exposition de la jeune artiste Mariane Senghor, visible jusqu’au 7 février.
Le khoy est une cérémonie traditionnelle de consultation spirituelle et mystique propre à la communauté sérère du Sénégal, au cours de laquelle des prédictions sont faites par des saltigues, prêtres ou conseillers spirituels. À l’issue de ces cérémonies, les dignitaires de la communauté font des annonces sur l’avenir. Toutefois, ces prédictions ne sont souvent pas prises au sérieux, et les saltigués sont parfois moqués ou raillés gentiment par certains. Malgré cela, le Dr Gbodossou affirme que 70 % de ces prédictions se réalisent.
Au cours de sa conférence, ce médecin la fois moderne et traditionnel a cité plusieurs de prédictions marquantes : le conflit sénégalo-mauritanien, l’invasion des criquets pèlerins, la pandémie de Covid-19 et même le tragique naufrage du bateau Le Joola. À chaque prédiction sur l’avenir, les signes sont interprétés et des conseils offerts ou des solutions proposées face aux problèmes rencontrés par la communauté.
Mais, dans la plupart des cas, les autorités n’y prêtent pas attention. Depuis des années, l’indifférence des régimes successifs face à ces alertes est restée la même.
Cependant, une exception notable est à souligner : le président Abdou Diouf avait, à l’époque, eu l’obligeance au moins de demander à ses collaborateurs d’étudier sérieusement les propositions du Dr Gbodossou pour traiter certaines maladies. Malheureusement, ce geste n’a pas été suivi d’actions concrètes.
S’agissant du cas particulier et récent de la pandémie de Covid-19, le Dr Gbodossou rapporte que le ministre de la Santé et de l’Action sociale d’’alors , Abdoulaye Diouf Sarr, aurait déclaré aux guérisseurs traditionnels : « Surtout, ne me parlez pas de médecine traditionnelle. » La conséquence a vu comment le Sénégal avait été frappé comme d’autres nations.
Cela soulève une question essentielle : n’est-il pas temps d’essayer ces médecines traditionnelles et ces savoirs endogènes ? Qu’a-t-on à perdre à les expérimenter en Afrique ? Après tout, toutes les sciences modernes mises en avant sont elles aussi expérimentales. Pourquoi ne pas expérimenter la mère des sciences, puisque les savants grecs et autres se sont eux-mêmes nourris des connaissances issues de l’Égypte ancienne ?
La science occidentale a indéniablement amélioré les conditions de vie ces derniers siècles, notamment dans le domaine médical. Cependant, elle a aussi ses limites. Pour certaines d’entre elles, l’Afrique dispose de solutions, qui ne reposent certes pas sur le cartésianisme occidental. C’est, en tout cas, la thèse du Dr Gbodossou pour convaincre les Africains surtout les dirigeants de la valeurs de nos médecines et sciences ancestrales.
Si les savoirs endogènes issus des civilisations négro-africaines peuvent compléter la science moderne, cela ne peut qu’être bénéfique. Nous ne devrions jamais avoir de complexes à recourir à ces solutions africaines. Tel est le plaidoyer du Dr Éric Gbodossou.
Médecin formé à la médecine moderne et profondément enraciné dans les traditions africaines, son combat vise à restaurer la dignité de ces savoirs endogènes africains, trop souvent négligés, voire méprisés, au profit de tout ce qui vient d’ailleurs.
Le Dr Gbodossou refuse catégoriquement de vendre ces connaissances aux Occidentaux, malgré pour des milliards de dollars que lui font miroiter les Américains lui ont décernés des brevets pour ses découvertes, car il souhaite que l’Afrique garde le contrôle sur ses richesses et obtienne enfin le respect qu’elle mérite.
Larguée sur le plan de la géopolitique et de la géostratégie, distancée de loin dans les intelligences artificielles, l’Afrique a la possibilité de prendre le leadership dans le domaine de la santé. C’est le grand rêve de l’incompris Éric Gbodossou.
Malheureusement, le niveau d’aliénation engendré par des siècles de colonisation et d’esclavage fait que l’Africain a du mal à s’affranchir de ses chaînes, à prendre sa place dans le concert des nations et à reconquérir son brevet de respectabilité qu’il avait avant la rencontre avec l’Occident.
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L'AFRIQUE PEUT MARQUER LA DIPLOMATIE PAR SA GASTRONOMIE
La cuisine est l’un des éléments que l’Afrique peut apporter à la mondialisation en termes de soft power (influence) aux autres peuples. À Dakar, Table Pana organise depuis quelques années des rencontres avec des chefs africains de la diaspora…
La cuisine est l’un des éléments que l’Afrique peut apporter à la mondialisation en termes de soft power (influence) aux autres peuples. À Dakar, Table Pana organise depuis quelques années des rencontres avec des chefs africains de la diaspora pour leur permettre de partager leurs expériences et de créer des plats originaux, à l’image des artistes visuels ou autres, dans leur processus de création.
« L’idée, c’est de se positionner comme une galerie, un lieu d’expression pour les chefs de la diaspora africaine », explique la fondatrice, Nadia Copogo. Elle ajoute : « Mon travail consiste à identifier les chefs de la diaspora africaine, à les faire venir ici à Dakar et à leur donner carte blanche, avec un seul objectif : sublimer la production locale pour en proposer une interprétation plus créative, contemporaine, voire expérimentale de notre gastronomie africaine. »
Table Pana, c’est de la street food à la haute gastronomie, réalisée à partir de produits africains locaux. C’est un lieu de création et d’affirmation de la cuisine africaine.
« La nourriture est un outil très puissant, un outil de soft power si l’on parle de politique, un outil de diplomatie », affirme la fondatrice. Invitée à la 5e édition des symposiums de Condition Report organisés par la Raw Material Company et intitulés « Le sens du lieu : déplacement, replacement, non-placement », pour réfléchir sur les modalités d’habiter la ville, le monde, l’univers, le cosmos, sous la direction de l’universitaire Felwine Sarr, l’initiatrice du projet, Nadia Copogo, détaille dans cet entretien accordé à AfricaGlobe TV de quoi il s’agit.
Actuellement itinérante, Table Pana s’occupe de projets institutionnels, de dîners privés pour de grandes entreprises, mais ambitionne à terme de devenir le premier tiers-lieu de la gastronomie africaine. Ce lieu inclurait un restaurant, un think tank, un centre de formation et une épicerie fine.
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PILOHA, UN COCKTAIL CULTUREL RÉCONCILIATEUR
À travers leur projet artistique Piloha, Pascal Traoré et Raïssa Hachem ont réussi à rassembler plusieurs disciplines artistiques dans le cadre de la 15e Biennale de l’art africain contemporain. De la peinture à la photographie, en passant par la danse...
La 15e édition du Dak'Art a marqué les esprits, et certains projets artistiques restent mémorables, à l’image de Piloha, de Pascal Traoré et Raïssa Hachem, qui ont proposé un cocktail culturel réconciliant plusieurs formes d’expression. Une exposition composite, pour ne pas dire éclectique.
À travers leur projet artistique Piloha, Pascal Traoré et Raïssa Hachem ont réussi à rassembler plusieurs disciplines artistiques dans le cadre de la 15e Biennale de l’art africain contemporain. De la peinture à la photographie, en passant par la danse, le cinéma et même la cuisine, leur exposition a captivé l’attention du public.
Dans cette entrevue, les deux artistes – Raïssa Hachem, designer luminaire, et Pascal Traoré, artiste visuel – reviennent sur leur expérience avec le projet Peace, Love and Harmony (Piloha), présenté dans le cadre des OFF.
Si, d’un point de vue financier, l’objectif initial n’était pas de générer des bénéfices, ils ont néanmoins gagné en visibilité. Leur rencontre avec des galeristes, des collectionneurs et d’autres acteurs culturels a permis d’élargir leur réseau professionnel.
Cette exposition originale, riche en émotions, a marqué les visiteurs et reflète parfaitement la diversité et l’harmonie que les deux artistes souhaitaient transmettre.