Très connu dans le milieu hip hop, Safouane Pindra, le patron d’Optimiste Produktion, a organisé récemment un forum consacré à la gestion du Fonds de Développement des Cultures. Une manière pour le producteur d’inviter la tutelle et les acteurs à se concerter pour mieux gérer cette manne. Le Témoin a échangé avec l’acteur culturel.
Vous venez d’organiser un forum portant sur le Fonds de Développement des Cultures…
Je voudrais profiter de cet entretien pour remercier tous les acteurs des cultures urbaines qui étaient présents au Monument de la Renaissance pour le forum national sur le Fonds de Développement des Cultures. Nous avons été agréablement surpris de la présence à la fois des acteurs des cultures urbaines de Dakar et des régions. Cela montre à quel point le sujet leur tient à cœur. Ce forum a été initié pour faire un bilan du fonds depuis sa création en 2017 par le Président de la République. Il a ensuite été question de noter les différents dysfonctionnements soulignés par les acteurs. Nous avons aussi remarqué que la plupart des questions relevées étaient dues aux problèmes de communication entre les acteurs. Il fallait un cadre d’échanges sincères et démocratiques. C’est pourquoi nous avons initié ce programme. Ainsi, nous avons exhorté les acteurs présents à faire des propositions par rapport aux mécanismes d’octroi des financements ou appuis. Aussi, redéfinir les différentes catégories auxquelles le fonds devrait être assigné (structuration, mobilité, formation, la subvention aux festivals et concert…). In fine, nous remettrons un mémorandum signé par les acteurs au ministère de la Culture et au Président de la République.
Vous semblez mettre en cause son mode de fonctionnement?
Non, je ne remets pas en question le mode de financement. Mais après trois ans et des retours que nous recevons, il faut dire qu’il y a des dysfonctionnements et le ministère, à travers la Direction des Arts, est attentif aux propositions que nous, acteurs, ferons. Aussi, il faut souligner que le fonds de développement des cultures urbaines a depuis 2017 permis de financer des centaines de projets au Sénégal. Nous nous sommes rendu compte que certains de ces projets disparaissent au bout d’une année d’existence parce que les porteurs ne sont pas outillés pour les rendre viables. Le forum n’a pas été un procès, mais une réflexion afin d’améliorer le FDCU pour qu’il ait l’impact durable que les autorités en attendent. Et quoi de mieux que les principaux bénéficiaires en fassent un état des lieux et des propositions concrètes et pragmatiques.
La directrice des Arts était présente à ce forum, comment appréciez-vous sa présence?
La présence de la Directrice des Arts au forum démontre que l’autorité est à l’écoute, que nous, acteurs, avons un interlocuteur direct. Je la remercie pour l’intérêt qu’elle nous a témoigné par sa présence. Nous saluons son implication dans le processus que nous avons mis en place afin de rendre équitable et plus impactant le FDCU sur les cultures urbaines à Dakar et surtout dans les régions. La Directrice a pu se rendre compte d’un certain nombre de problématiques liées au fonds dans les régions. Nous avons agréablement été surpris de nous rendre compte du nombre important de jeunes des régions qui initient des choses et se battent. Ils n’ont pas forcément attendu le fonds pour être actifs. Mais bénéficier du fonds leur serait profitable pour renforcer leurs structures, dynamiser les cultures urbaines et surtout être des créateurs pourvoyeurs d’emplois et renforcer la formation des jeunes.
Certains vous accusent d’être pourtant avec vos amis, Malal, Awadi, Matador, les principaux bénéficiaires de ce Fdcu.
Le fonds est destiné à tous les acteurs sénégalais des cultures urbaines. Que ce soit ceux qui sont présents dans les cultures urbaines depuis des années ou récents. L’important étant d’être porteur de projet, créateur d’emplois et d’opportunités de renforcement de capacité des jeunes dans les cultures urbaines. Nous ne faisons pas partie du comité de lecture, ni d’aucun organe pouvant influencer l’autorité pour nous octroyer un financement. Il faut souligner que nous sommes dans les cultures urbaines depuis 1998 et sommes constants dans nos démarches.
Grand producteur et découvreur de talents, on ne vous sent plus dans le secteur de la production. Qu’est-ce qui explique ce retrait ?
Pourtant, nous sommes toujours présents à travers des activités telles que : Festival international des musiques urbaines Yakaar, ex Hip Hop Award, la 21ème édition en 2021. Le concours tremplins Yakaar Jeunes Talents, Rustique, 5ème édition en octobre 2021. Et également des formations pour les métiers de la musique et du spectacle. Mais depuis un an avec la nouvelle orientation donnée à notre structure, plusieurs nouvelles activités ont vu le jour. Un système de sonorisation (son et lumière) pouvant couvrir un site de 15.000 personnes, une unité de confection et de sérigraphie qui nous permet d’être dans la logique d’entreprise. Enfin, des prestations de services en conception, gestion, régie et production d’évènements pour des entreprises, sociétés, salons, forums, conférences etc…
A votre avis, pourquoi les rappeurs sont souvent plus engagés que les autres musiciens. Surtout ceux qui font du « Mbalax?
Le Rap, depuis son apparition, a toujours été un moyen de revendication pour porter la voix des faibles et dénoncer les dérives dans la société. Et beaucoup plus encore au Sénégal parce que les premiers rappeurs étaient des jeunes issus de quartiers précaires. Et pour s’affirmer, ils n’avaient que leurs textes et le micro pour se faire entendre des politiques et de la population. Le Rap est la musique la plus écoutée par la jeunesse sénégalaise et africaine. Il est le meilleur canal par lequel les messages sociaux sont le plus diffusés. Le Rap aborde tous les thèmes de la société à travers une approche plus globale et lyriciste. Le mariage entre la mélodie, les textes, l’image du rappeur sont tous les éléments qui permettent au Rap d’être plébiscité afin d’être engagé.
On a noté une certaine virulence et des propos déplacés entre jeunes rappeurs…
Les clashs et la recherche de buzz constant nourris par les réseaux sociaux entre rappeurs ou acteurs sont un fait qui fait partie intégrante du paysage des cultures urbaines et plus précisément du Rap. Certes, c’est un fait mais, il faut que les rappeurs puissent modérer leurs propos parce qu’ils sont suivis par un jeune public et des adultes qui sont des pères et des mères de famille. Notre génération s’est battu corps et âme afin que la société sénégalaise puisse reconnaître que le Rap ou les cultures urbaines sont un milieu dans lequel on peut bâtir une vie, avoir une maison, s’occuper correctement d’une famille et être respectable. Les exemples sont là : Awadi, Daara J, Fou Malade, Simon, Docta. Les jeunes ne doivent pas réduire à néant tout ce travail qui s’est fait sur une dizaine d’années et qui commence par porter ses fruits.
Il y a également ce conflit latent entre anciens et nouveaux…
L’avenir du rap reste la responsabilité des rappeurs en activité. S’ils décident de s’unir, définir de réels objectifs et faire avancer la machine, les résultats seront positifs.
Ne pensez-vous pas qu’au-delà de quarante ans, on ne peut plus valablement faire du rap et parler au nom de jeunes majoritaires dans le milieu?
Les rappeurs sont des musiciens et la musique n’a pas d’âge. Si on se sent capable de produire du bon son, rien ne nous en empêche. Nous ne parlons au nom de personne, nous partageons des messages universels qui seront accueillis par ceux que cela intéresse. Des rappeurs comme JayZ, Dr Dree, Snoop ont plus de la cinquantaine et continuent de cartonner. Nous faisons du rap qui correspond à notre âge et qui reflète notre vécu et notre expérience.
L’avenir du rap au Sénégal selon vous?
Le Rap au Sénégal a beaucoup évolué et surtout grâce à Internet et les réseaux sociaux. Mais il faut qu’il puisse avoir une identité forte afin de pouvoir s’exporter. Sinon, il ne sera que du « Rap au Sénégal » et non du « Rap Sénégalais » comme l’on peut parler du Rap Nigérian, Américain ou Français. Il y a de nouveaux talents qui émergent chaque jour dans les quartiers du Sénégal. Il faut que ces jeunes se forment, sortent de leur cocon afin de découvrir, se confronter à ce qui se passe ailleurs et innovent pour que le Rap sénégalais renaisse et se remette à la conquête de l’Afrique comme l’ont fait PBS, Daraa J, le collectif Dakar All Star, Black Diamonds et Chronik 2 H etc.
L'EMPREINTE DES SIGNARES À SAINT-LOUIS
Dans la ville, les filles métissées se sont fait une place au soleil en constituant une classe sociale à part. Elles sont devenues ces célèbres Signares, remarquables, jeunes entreprenantes, puissantes propriétaires terriennes. Tranches de vies
En cette belle journée du jeudi 6 mai, nous avons la chance de nous entretenir, sur le passage pédestre du pont Faidherbe, avec un vieux professeur d’histoire et de géographie, domicilié au Nord de l’île à Saint-Louis. Il est particulièrement intéressé par tout ce qui touche à la vie des Signares.
Accoudé à la rampe de protection du passage piétonnier, cet octogénaire, en l’occurrence M. B. Fall, témoin de l’histoire, nous taquine en faisant comprendre que les jeunes filles de la ville Saint-Louis ont, en général, hérité des Signares le secret de la séduction, qui fait qu’elles sont souvent épousées par des fonctionnaires en service à Saint-Louis. «Elles sont hospitalières, serviables, bien éduquées…», détaille notre interlocuteur. Celui-ci poursuit la description : «Les Saint-Louisiennes savent comment parler avec les étrangers, maîtrisent l’art culinaire de la vieille cité, sont très patientes».
À la descente du pont Faidherbe, à hauteur de l’Agence régionale de la Grande poste, nous interpellons cette dame domiciliée à Guet-Ndar. Elle est prête à interpréter une des belles chansons de l’époque coloniale, qui accompagnaient les Signares au moment où elles se rendaient à l’église, pour la messe de minuit du 24 décembre. «Je peux chanter, mais je ne peux pas vous rappeler cette histoire des Signares». Elle nous met, séance tenante, en rapport avec son mari qui s’affaire aux alentours.
Ce dernier est d’une énergie débordante. D’un geste emphatique, il nous salue avec des mains déformées par des travaux champêtres longtemps effectués dans les champs d’oignon du Gandiolais. Des mains larges et rugueuses comme celles des terrassiers, crevassées par les hilaires, qui nous tiennent en respect en nous faisant tituber.
Épopée
Il requiert l’anonymat pour nous confier : «Saint-Louis est toujours fière de porter l’histoire de ces belles Signares, qui étaient très riches, qui maniaient bien la langue française, les dialectes, qui nous apprenaient la culture française tout en nous exhortant à conserver nos valeurs traditionnelles, nos coutumes ancestrales ; ces dames métissées ont marqué d’une empreinte indélébile la civilisation de cette ville tricentenaire».
À 17h 45, nous sommes à la recherche de Louis Camara, ancien professeur de français, Grand prix du Chef de l’État pour les lettres de l’édition 1996. L’on éprouve du plaisir à se promener dans cette ville charmante, chatoyante, accueillante et attractive. En effet, les touristes et autres visiteurs, dès qu’ils mettent les pieds dans cette vieille cité, sont fortement impressionnés par la beauté étincelante et noble de ce centre d’élégance que certains écrivains considèrent comme un joyau des tropiques.
Ici, ce qui est frappant, de prime abord, c’est le halo lumineux d’une cité magique, née du mariage de la terre et des eaux du fleuve et de l’océan. Le promeneur est égayé par les lumières vives des vieilles chaumières, transformées au fil du temps, en réceptifs hôteliers et qui exhibent fièrement des silhouettes de naïades, qui continuent d’inspirer ces sommités du monde académique et autres intellectuels de gros calibre, prompts à produire des textes en prose, en alexandrins, des pamphlets, des poèmes, des romans, etc.
Saint-Louis est un creuset de métissage, de muses, une ville amphibie, radieuse, qui déroule ses méandres, sa belle carte, la couleur émeraude de son fleuve, qui continue de convoquer et de convoquer des élans de lyrisme.
Belles femmes Sérères
Selon Louis Camara, signare vient du terme «senhoras», utilisé à l’époque par les voyageurs portugais, pour désigner ces belles femmes sérères, à la noirceur d’ébène, qu’ils n’hésitaient pas à épouser sur la Petite-Côte (c’était vers le 16ème siècle). L’usage s’est répandu ensuite à Gorée et à Saint-Louis. Mais on identifie beaucoup plus les senhoras, les signoras ou les Signares à l’histoire de Saint-Louis et de Gorée. Car, c’est dans ces deux villes qu’elles se sont le plus manifestées et leur présence a été la plus marquante. C’est à Saint-Louis, plus précisément, que le phénomène des Signares a pris une tournure particulière, du fait de leur présence plus remarquée, du rôle qu’elles ont eu à jouer sur les plans politique, économique et social.
À Saint-Louis, a-t-il souligné, on appelle communément Signares, les filles nées de l’union entre les colons blancs français (en particulier) et anglais, avec les femmes du terroir. Ces enfants métis devenues Signares étaient des femmes assez puissantes, sur tous les plans et ont joué un rôle déterminant dans l’histoire de la ville. Au début du 17ème siècle (ce n’était pas encore la colonisation), elles faisaient du commerce avec les autochtones, habitaient dans des forts, dans de vastes concessions.
On raconte qu’elles sont issues et bénéficiaient de mariages célébrés à la mode du pays, pour un temps bien déterminé, et que leurs époux français, au moment de retourner en France après avoir accompli leur mission à Saint-Louis, acceptaient de leur léguer l’ensemble de leurs biens. Du coup, elles devenaient très riches et géraient de grands domaines agricoles et avaient des esclaves domestiques ou de case, menaient une vie assez somptueuse. Au milieu du 19ème siècle, les Français étaient en pleine conquête coloniale. Et là, on ne peut pas ne pas citer le nom de Louis Faidherbe qui a fait de Saint-Louis une ville moderne. Les Français sont venus en grand nombre à Saint-Louis, pour les besoins de l’administration coloniale. Le phénomène du métissage s’est accru.
L’ART ET LE JAZZ FUSIONNENT A DAKAR
La Journée mondiale de l’art et celle internationale du jazz seront conjointement célébrées du 21 au 31 mai 2021 à Dakar. Ce sera dans le cadre des Nocturnes de Dakar-les soirs du jazz et des beaux-arts.
La Journée mondiale de l’art et celle internationale du jazz seront conjointement célébrées du 21 au 31 mai 2021 à Dakar. Ce sera dans le cadre des Nocturnes de Dakar-les soirs du jazz et des beaux-arts. L’évènement est organisé par Productions artistiques et culturelles d’Afrique (Pacaf), administré par le journaliste culturel Alioune Diop.
Dans un communiqué de presse, il informe que la première édition de ce festival va se dérouler à la Galerie nationale d’art. «Il est prévu une exposition de l’artiste Baye Mballo Kébé qui a consacré un moment important de sa carrière au jazz. Et à côté des tableaux qui sont de nouvelles créations, il y aura des œuvres de Baye Mballo Kébé, prêtées par des collectionneurs privés sénégalais.» Selon Alioune Diop, l’exposition qui va se poursuivre jusqu’ au 31 mai 2021 sera clôturée par un concert animé par la chanteuse et joueuse de kora guinéenne Hadja Kora et son orchestre.
Pour cette première édition, le thème retenu est «La musique jazz et les beaux-arts, pour une influence réciproque». Le communiqué de presse de Pacaf indique, pour l’ouverture du festival, qu’une conférence sur les arts visuels sera animée par le critique d’art et ancien secrétaire général de la Biennale des arts contemporains de Dakar et l’artiste plasticien parlera de cette influence musicale dans son travail. En outre, deux projections sont au programme de clôture.
Il s’agit d’un moyen métrage réalisé sur le Festival de jazz de Conakry et d’une conférence filmée de Aziz Dieng sur le jazz et ses multiples influences. «Les nocturnes de Dakar-les soirs du jazz et des beaux-arts est à intégrer dans le programme triennal dénommé Initiatives arts et culture en mouvement pour le développement, officiellement lancé le 30 avril 2019 au Musée des civilisations noires dans le cadre de la Journée internationale du jazz. C’est un programme qui comprend deux festivals de cinéma, une commémoration du rôle de l’homme noir dans l’évolution de l’humanité (février) et la célébration de l’histoire de la télévision», informe le communiqué
«PLUS NOUS PRODUIRONS DE FILMS DE BONNE QUALITE, PLUS NOUS SERONS PRESENTS»
Sur le petit écran sénégalais, c’est la série qui cristallise les attentions. «Impact», la dernière production de Marodi, met à l’affiche une distribution panafricaine avec des comédiens venus de la Côte d’Ivoire ou du Gabon. Parmi eux, Serge Abessolo qui a déjà fait l’affiche de «Cacao», la série réalisée par Alex Ogou. Le comédien gabonais, dont le nom compte désormais dans le 7e art du continent, partage ses réflexions sur le cinéma sénégalais, son art et son intégration dans cette aventure panafricaine.
Vous êtes à Dakar pour participer à la série Impact dans laquelle vous jouez le rôle du père de la famille Gradel. Comment êtes-vous arrivé dans cette série ?
Par le biais d’un casting après une visite à Marodi par une amie actrice sénégalaise, j’ai envoyé des photos et une courte vidéo. Quelques jours plus tard, je fus rappelé à la structure et même une première offre de contrat. La suite … on tourne !
Comment se déroule le tournage ? Est-ce que travailler au Sénégal est différent ?
Ça se passe plutôt bien. Vous savez, chaque plateau, sinon chaque tournage, est différent, tant dans la méthode de travail, des personnes avec qui vous travaillez, acteurs et techniciens. Au Sénégal, du moins sur cette série, on tourne et on diffuse en même temps. De ce point de vue, ça peut paraître différent, car on a la pression du diffuseur local (Tfm) et cela vous «booste». Il y a quand même certaines choses qui sont compliquées pour moi. C’est par exemple quand il faut dire le texte en wolof. Par exemple, quand j’ai dû dire «konn ay beuguente la». Il faut répéter l’accent et surtout l’intonation. Mais chaque tournage est exceptionnel. Ce n’est jamais pareil. Vous allez à la découverte de quelque chose, vous apprenez de chaque expérience, vous apprenez des gens avec qui vous tournez et vous leur donnez quelque chose.
Vous étiez aussi dans Cacao de Alex Ogou. Parlez-nous de cette expérience !
Une très bonne expérience, nonobstant les deux décès notamment de Vincent Kafando et Vincent de Paul Dri. C’était vraiment une famille. Et j’ai fait la connaissance de Fargas Assandé que j’admirais déjà et la rencontre de tous les autres acteurs et techniciens et toute la production. Je garde un bon souvenir de chacun et chacune d’entre eux. Mieux, cette série m’a permis de récolter mes deux premiers trophées majeurs, notamment celui de la Meilleure interprétation masculine africaine série Tv où j’étais en compétition avec mon frère Souleymane Ndiaye (Golden) et un autre acteur Togolais, mais aussi le prix du Public africain aux Sotigui awards 2020
Les séries sénégalaises sont très appréciées. En tant qu’acteur, comment analysez-vous cet engouement ?
Les séries, pas seulement sénégalaises, mais africaines, sont de plus en plus consommées et aimées du public africain et de sa diaspora et aussi par les cinéphiles d’autres continents. On voit de plus en plus de séries africaines que ce soit sur Canal+, Netflix ou même sur le Bouquet africain. Nous Africains faisons de plus en plus de films et de séries, mais surtout de bonne qualité.
Vous êtes également comédien et avez produit pas mal de one-manshows. Quelle est la situation de ce secteur sur le continent ?
Il a beaucoup évolué. Voyez aujourd’hui le nombre d’humoristes dans nos capitales africaines et avec de plus en plus de festivals d’humour et même des chaînes comme Canal+ Comédie !
Avec la pandémie du Covid-19, le secteur artistique a été très touché. L’avez-vous également été ?
Bien sûr que j’ai été touché, les productions se sont arrêtées. Même si dans certains pays comme le Sénégal l’Etat a apporté une aide aux artistes, ça n’a malheureusement pas été le cas dans mon pays, le Gabon, où jusqu’à maintenant le secteur artistique connait une mort lente. Tous les secteurs ont repris comme ici au Sénégal où j’ai été à un spectacle de Awady à l’hôtel Pullman, où j’ai été à l’avant-première de la série Impact et où se tourne en ce moment pas moins de 10 séries (Impact , Dérapage, Karma, Maîtresse d’un homme marié, Adja…) Au Gabon, l’activité culturelle est obligatoirement en arrêt par mesure gouvernementale pour lutter, diton, contre la Covid-19 (sic)… C’est peut-être aussi la résultante du regard de certaines autorités sur le secteur de l’art. Je voudrais rappeler à juste titre qu’un plateau de tournage est une entreprise éphémère. Alors si les entreprises ont le droit de continuer à travailler, alors les professionnels du cinéma aussi
Le 7e art africain n’est pas toujours très présent dans les grands rendez-vous. Que faudrait-il faire pour booster la production cinématographique et installer des industries à l’image de Nollywood ?
On n’est plus aussi absent que ça. Nous avons aujourd’hui des films africains en compétition à Cannes par exemple. On a même des acteurs ou actrices africains dans le jury à Cannes, comme ce fut le cas de la Burkinabè Mouna Ndiaye que j’ai fortement appréciée dans le film L’œil du cyclone. Je pense que plus nous produirons de films de très bonne qualité plus présents nous serons et personne ne contestera la qualité de nos œuvres et le talent de nos comédiens.
Vous êtes un acteur gabonais qui a quitté son pays pour venir tourner au Sénégal. Est-ce que vous avez demandé des conditions particulières ?
Déjà le strict minimum, logé décemment, nourrit et payé
Le cinéma nourrit-il son homme ?
Pour ma part …oui, le cinéma nourrit son homme. Après, je pense qu’on se gère comme en entreprise… Vous pouvez avoir de gros revenus et ne rien faire avec, comme vous vous pouvez avoir de faibles revenus et savoir vous en servir… En ce qui me concerne, je vis très bien de mes revenus artistiques même si j’en ai d’autres sur d’autres activités… Tout est dans la discussion initiale du contrat entre une maison de production et vous. Dès lors que vous vous êtes accordé...
Quels sont vos futurs projets ?
Je suis sur une production ivoiro-sénégalo-camerouno-gabonaise «Rouge à lèvre» de Jean Hubert Nankam et j’envisage le tournage de mon prochain long métrage en janvier 2022.
VIDEO
COMMENT LE MENSONGE A PROPULSÉ LA CARRIÈRE D'AKON
Le natif du Missouri est un des acteurs majeurs de la scène musicale des années 2000. Michael Jackson, Whitney Huston, Lady Gaga... l'artiste a produit beaucoup de monde. Pourtant son assise aux États-Unis semble s'éroder depuis 10 ans. Pourquoi ?
Le natif de Saint-Louis dans le Missouri est un des des acteurs majeurs de la scène musicale des années 2000. Michael Jackson, Whitney Huston, Lady Gaga... l'artiste a produit beaucoup de monde. Pourtant son assise aux États-Unis semble s'éroder depuis 10ans. Pourquoi ?
UNE AFRIQUE HAUTE EN COULEURS
A l’occasion de la Journée mondiale de l’Afrique, mardi 25 mai, un cycle offre à voir hommes et animaux du continent, en noir et blanc et en couleurs, du Serengeti à la Tanzanie.
A l’occasion de la Journée mondiale de l’Afrique, mardi 25 mai, un cycle offre à voir hommes et animaux du continent, en noir et blanc et en couleurs, du Serengeti à la Tanzanie.
Dans le cadre de sa programmation spéciale consacrée en mai à l’Afrique, Ushuaia Tv propose un grand moment de poésie visuelle avec Félins, noir sur blanc, film conçu autour du travail du photographe animalier Laurent Baheux. Autodidacte quinquagénaire expérimenté, cet ardent défenseur du noir et blanc, et de ses contrastes appuyés, a pris son temps pour les approcher. Il s’est rendu durant un mois dans la réserve du Masai Mara au Kenya avec son guide, son ami, son pisteur «Morris» – Morris Nthiwa Mwania, qui aurait mérité d’être mieux valorisé au générique. Titré sur les félins (le lion «photogénique», le guépard «si rare», le léopard «roi du camouflage»), le documentaire offre en réalité à voir toute la faune de la savane : un éléphant qui s’éclabousse - chaque gouttelette se détache avec netteté - , la peau en gros plan ; l’étonnante posture d’une lionne qui boit ; un lion faisant la sieste les pattes en l’air, ses coussinets, une crinière au vent ; des gnous, flamants roses, babouins, zèbres…
Les clichés rythment les scènes filmées par le réalisateur Mathieu Le Lay, dans le même état d’esprit, c’est-à-dire en privilégiant l’authenticité plutôt que le sensationnel. Une harmonie hélas légèrement plombée par le commentaire pseudo philosophique du photographe, venu en Afrique pour «se ressourcer» - la fêlure est audible. Reste la beauté des clichés et le message d’alerte sur la destruction de l’habitat naturel. «Ni cage ni enclos. Ni cirque ni zoo (…). La captivité est une torture pour tout être vivant. Les animaux comme les hommes.»
Rite de passage
Loin du noir et blanc de Laurent Baheux pour célébrer les animaux, Le secret des masques, diffusé mercredi 12 mai, s’intéresse aux hommes et raconte ce «boukout» - rite de passage de la société diola en Casamance, au sud du Sénégal - qui leur en fait voir de toutes les couleurs. Le téléspectateur s’initie, au fil des rencontres avec les sages, les tantes, à cette pratique qui remonterait au 12e siècle, et qui permet aux adolescents de devenir des hommes. «Pas de boukout, pas de femme, pas d’enfants», lance ainsi un villageois, même si, admet-il, il y a une tolérance pour «les enfants nés l’année du boukout». Les caméras suivent la longue préparation du jeune Diacy. Au fur et à mesure, on devine les épreuves qui l’attendent - dont le séjour symbolique dans le «bois sacré», où se trouvent des masques. Les couleurs jouent ici un rôle essentiel, depuis le choix du pagne, la décoration de la table, l’agencement des mets, jusqu’aux masques. Concentré, le garçon reste muet, alors que la mise en scène utilise des filtres pour symboliser la communion avec les esprits. Mais pour le non initié, le mystère demeure.
L’IMPRESSIONNANT CHAPELET DE 700KG DE MBAYE BABACAR DIOUF
Les signes parlent à Mbaye Babcar qui assure qu’il faut toujours essayer de maintenir un lien étroit entre le physique et la métaphysique.
Mbaye Babacar Diouf est un artiste très ancré dans la spiritualité. Il en fait une impressionnante démonstration à travers une œuvre majestueuse. Il expose un chapelet en bronze de 700 Kg au Musée Thedore Mondo de l’Institut fondamental d’Afrique noir l’IFAN depuis samedi dernier où cette œuvre unique, Intitulée « Les Perles de Lumière », est soumise à l’appréciation du public.
Mbaye Babacar Diouf est un artiste qui pousse ses semblables à réfléchir sur l’importance de tout ce qui nous entoure. Les signes parlent à Mbaye Babcar qui assure qu’il faut toujours essayer de maintenir un lien étroit entre le physique et la métaphysique. Avec une forte dose de pédagogie, cet enseignant dans l’âme révèle qu’il veut toujours partager son expérience personnelle. Il compte toujours user de l’expression visuelle en proposant d’ouvrir des fenêtres cachées de sa personnalité que lui –même ne connaît pas. « J’ai juste envie de montrer au public, qu’en tant qu’artiste, par rapport à mes convictions et mes sensations, je peux montrer une autre facette de ma personnalité. Et qu’aujourd’hui, au niveau des musées, galeries et autres, il est important de parler de la spiritualité, de la religion, de Dieu, de l’éducation spirituelle. Le chapelet est un symbole fort. C’est pourquoi, je l’ai choisi pour le présenter autrement. Ça va permettre aux autres d’avoir un regard beaucoup plus précis sur cet objet.
À travers cette œuvre, je rends hommage à la spiritualité d’une manière générale mais particulièrement, la voie soufie Tidiane. C’était pour moi un honneur d’exposer cet objet sur cette dimension pour montrer sa valeur et l’attachement que lui portent les soufis et les Tidianes en particulier J’ai inscrit les 99 noms de Dieu. Mais, il faut savoir que le chapelet Tidiane, c’est 100 perles. Mais, pour ce chapelet d’art, je n’ai rien mis sur la 100e perle. J’ai laissé le suspens. C’est un nom caché. Et même si je le savais, je n’allais pas l’inscrire sur l’image.
Pour moi, la civilisation islamique est une richesse de l’humanité. Je compte travailler en fonction des sensations que me propose la trajectoire de mes inspirations. Celle-ci sera toujours colorée par mon passé, mon vécu en tant qu’être social et musulman pratiquant, par mes aspirations, mes rêves, mes larmes, mes joies... Je compte vivre, avec ma religion, mon sport préféré qui est le karaté, mon envie de recherche et ma passion pour la création… », a expliqué aux journalistes le jeune artiste. Comme l’explique la note de présentation, la démarche artistique de Mbaye Babacar se caractérise en deux aspects.
D’une part, Mbaye Babacar Diouf nous parle de signes, d’une écriture qu’il élabore en s’inspirant des signes qui rappellent les hiéroglyphes, l’écriture arabe ou d’autres civilisations anciennes. Ce travail basé sur la notion de « rythme » fait référence aux notions de mémoire, d’identité, de code, de mysticisme et d’empreinte. C’est un artiste qui cherche toujours la relation intime entre les signes graphiques et l’esprit humain qui les crée de manière volontaire, spontanée ou inconsciente.
D’autre part, Mbaye Babacar Diouf aborde la question de la condition humaine en interrogeant le rapport de l’individu à autrui ou à son milieu social. Ses peintures, quasi monochromes, mêlent arts plastiques et écriture et s’inspirent de la richesse graphique des signes calligraphiés, créant un rythme, une musicalité subtile, un univers de signes, de personnages, de corps, de traces d’encre afin de créer un ensemble harmonieux et soudé Diplômé de l’École nationale des arts du Sénégal en 2007 et d’un Master 2 à l’Institut Supérieur des Arts et des Cultures de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Mbaye Babacar Diouf, né en 1983, est l’un des jeunes artistes sénégalais les plus remarqués de sa génération.
Après avoir reçu plusieurs prix lors de concours nationaux, il a décroché la médaille d’argent lors des derniers jeux de la Francophonie à Abidjan en 2017.
Ses œuvres ont été présentées dans différentes expositions et foires internationales, telles que Art Paris Art Fair, 1-54 Contemporary African Art Fair à Londres, ou encore la Biennale internationale de l’Art africain contemporain DAK’ART.
«BACC BËT», CHANGER LE REGARD
Diffuser des films africains pour que les populations puissent se regarder autrement, c’est l’objectif du programme «Bacc bët» déroulé à Dakar entre les quartiers de Ouakam et Grand-Dakar.
Diffuser des films africains pour que les populations puissent se regarder autrement, c’est l’objectif du programme «Bacc bët» déroulé à Dakar entre les quartiers de Ouakam et Grand-Dakar.
Les salles de cinéma sont encore rares dans le pays mais les amoureux du 7ème art peuvent vivre leur passion grâce à quelques initiatives portées par des associations. C’est le cas de Bacc bët. Le projet réunit le Lab’Oratoire des imaginaires Kenu implanté à Ouakam et le Centre Yennenga situé à Grand-Dakar. Alternativement, ces deux quartiers accueillent des projections généralement organisées le soir et qui visent «à retravailler le regard et les imaginaires» selon l’artiste musicien Alibeta, l’initiateur du projet. «Bacc bët est un concept que nous avons pensé pour travailler sur le regard des Africains sur eux-mêmes. Le cinéma est un outil qui aide à construire le regard. Et tout le cinéma qu’on consomme ici en Afrique est le fruit du regard des autres sur le monde et souvent même le regard de l’autre sur l’Africain. Les Africains se regardent à travers les yeux des autres», constate Alibeta. Le Concept cinématographique, qui est le fruit d’une synergie entre Kenu, le Lab’Oratoire des Imaginaires, et le Centre Yennenga, diffuse «des images des Africains sur eux-mêmes», pour construire ce regard. Ainsi, le projet cherche à répondre aux besoins d’exploration des imaginaires, des pratiques sociales et des savoirs traditionnels des Communautés de Ouakam et de Grand Dakar. Traditionnellement, le terme Bacc bët est utilisé pour désigner une pratique traditionnelle servant à nettoyer les yeux. «Bacc Bet, c’est une réflexion sur comment reconstruire un regard. Comment faire pour diffuser des films africains pour que les populations puissent se regarder autrement. Et j’ai eu à travailler sur cette proposition avec Fatou Kandé Senghor lors de notre manifeste Nuni nenn qui est sorti avec l’album Nun», précise Alibeta.
«Wallay» au centre Yennenga
Vendredi dernier, la troisième projection du programme s’est tenue dans la cour du Centre socio-culturel de Grand Dakar, siège de l’Espace Yennenga. Autour du long métrage de Berni Goldblat, Wallay, les cinéphiles ont pu savourer la joie de regarder un film sur grand écran et en plein air. A l’issue de la projection, le réalisateur suisso-burkinabè est intervenu en ligne depuis la Suisse pour discuter avec le public. «Wallay est une histoire qui me semblait importante de raconter surtout à ce moment où le monde a tendance à se refermer et ou les identités deviennent de plus en plus meurtrières», indique Berni Goldblat dont le film a fait le tour du monde des festivals. Wallay, c’est l’histoire du jeune Ady. Vivant en France avec son père, il glisse petit à petit vers la petite délinquance. Pour le redresser, son père l’envoie à Bobo Dioulasso. «Il pense qu’il part en vacances. Au début, il est arrogant et sûr de lui. Mais la rencontre avec la grandmère change tout et symbolise tout ce qu’il avait en lui et qu’il ignorait. C’est un film sur les origines, sur la culture et le drame des immigrés qui n’ont pas été élevés avec la langue et les valeurs d’une partie de leurs parents et c’est très handicapant finalement», souligne le réalisateur. Le choix de Wallay n’est pas fortuit selon Alibeta. «C’est un film qui reconstruit le regard parce qu’il montre l’itinéraire de ce jeune métis que son père renvoie au village. Finalement, entre les images qu’il peut avoir sur l’Afrique et la réalité de sa rencontre avec sa famille africaine, ça change son regard. Ce film contribue aussi à cette dynamique de renouveler les imaginaires, de reconstruire les regards. C’est pour ça que ce film rentre très bien dans cette proposition Bacc bët», souligne Alibeta. Le LAB’Oratoire des Imaginaires, espace culturel né au début des années 2020, est implanté sur le territoire de Ouakam. Sous l’impulsion de l’artiste Alibeta qui a rassemblé autour de lui un collectif composé de plusieurs structures, il s’articule autour d’activités de formation, d’intermédiation, de production diffusion et de recherches autour des pratiques sociales et savoirs traditionnels de la société ouakamoise. Ancré à Grand Dakar, Yennenga est le 1er centre culturel dédié au cinéma au Sénégal. Créé en 2018 à l’initiative de Alain Gomis, réalisateur franco-sénégalais récompensé à plusieurs reprises à l’international, les missions du centre portent sur la création, la diffusion et la formation cinématographique.
VIDEO
HALIMA GADJI JUSTIFIE SON DÉPART DE MAÎTRSSE D'UN HOMME MARIÉ
Entre l'actrice Mareme Dial dans la série « Maîtresse d’un homme marié » et la maison de production Marodi, le divorce est consommé. C’est la principale intéressée qui l’annonce
Entre Halima Gadji qui incarne le rôle de Mareme Dial dans la série «Maîtresse d’un homme marié» (MHM) et la Maison de production Marodi, le divorce est consommé. L’actrice annonce dans un film qu’elle ne sera pas dans la Saison 3 de la série dont la diffusion a déjà démarré.
On se doutait bien qu’entre Halima Gadji et la société de production Marodi le divorce était en cours. Mais il est désormais consommé et c’est la principale intéressée qui l’annonce dans une vidéo réalisée par sa nouvelle agence Anzul. «Je ne suis pas et je ne serai pas dans la Saison 3 de Maîtresse d’un homme marié», proclame avec hargne Halima Gadji qui y incarne le personnage de Marieme Dial. Dans cette séquence introductive du premier épisode de My truth, Ma vérité, une mini-série centrée sur la vie de l’actrice, elle bande les muscles pour solder ses comptes avec Marodi, son ancien employeur, producteur de Mhm. Il y a quelques semaines déjà, un échange musclé entre Halima Gadji et Pape Omar Diop de Marodi sur Instagram annonçait l’absence de l’héroïne des deux premières saisons de la série à succès de Khadidja Sy. «J’ai décidé de ne plus travailler pour une production qui ne respecte pas mon emploi du temps, une production qui n’a donné aucun planning depuis octobre de l’année dernière, une production qui n’a jamais présenté un brouillon correct du scénario ni la trajectoire du caractère de Mareme Dial pour cette saison, une production qui ignore mes engagements et mes projets», attaque Halima. Dans une mise en scène guerrière, l’actrice ne manque pas de dénoncer les agissements de Marodi qui l’aurait avertie du démarrage du tournage de la troisième saison de Mhm «à quelques jours du début du tournage alors que je ne vis plus à Dakar». Seule à l’écran, Halima Gadji met à profit une mise en scène de circonstance pour raconter elle-même les péripéties de sa vie, avant même qu’elle ne crève l’écran et contribue à propulser Mhm au firmament des séries. Halima Gadji évoque des moments douloureux de son existence comme le divorce de ses parents, son bégaiement qu’elle a fini par considérer comme «une carapace» pour elle, «un bouclier» contre le reste du monde. Dans cette vidéo d’environ 8 mn, Halima laisse voir les tourments qu’elle a vécus et le rôle salvateur de sa profession d’actrice.
Briser un tabou
Invitée sur une télévision à la veille de la sortie de cette série, Halima Gadji a révélé la noire dépression qu’elle a vécue après le tournage de Mhm en 2019. Une dépression qui lui a valu un internement dans un hôpital psychiatrique. Souffrant d’une dépression chronique, Halima déclare prendre la parole parce que «beaucoup de gens vivent la même situation (que moi), mais ne parlent pas par peur d’être mal vus ou jugés». Cette prise de parole brise un tabou de nos sociétés où les maladies mentales restent le plus souvent des secrets bien gardés. «Ma souffrance vient de plusieurs choses», confie-t-elle dans cette interview avant de déflorer le sujet dans My truth.
LE «SAVOIR FER» DU BELEDOUGOU
L’exposition itinérante Le savoir-fer des ingénieurs fondateurs du Bélédougou ancien ira à la rencontre des communautés locales pour dialoguer avec elles sur ces pans importants de notre passé aujourd’hui en déliquescence. L
L’exposition itinérante «Le savoir fer des ingénieurs fondateurs du Bélédougou ancien» a démarré ce week-end dans la région de Kédougou. Des vestiges liés à la sidérurgie ancienne et datant du 9ème siècle avant Jésus Christ environ ont été identifiés dans le périmètre minier de Sabodala gold operation (Sgo), une filiale du groupe Endeavour mining qui est à Massawa (Kédougou). Les prospections et les fouilles qui ont été menées par des archéologues de l’Unité de recherche en ingénierie culturelle (Urica/IfanEthos) ont permis des découvertes qui renvoient au balbutiement d’une véritable industrie sidérurgique fondée sur des savoirs endogènes.
L’exposition itinérante Le savoir-fer des ingénieurs fondateurs du Bélédougou ancien ira à la rencontre des communautés locales pour dialoguer avec elles sur ces pans importants de notre passé aujourd’hui en déliquescence. L’exposition accordera toutefois un intérêt particulier au public scolaire. «Nous sommes à Kédougou aujourd’hui pour partager les résultats des travaux récemment effectués dans la zone de Massawa. Ces résultats, bien entendu, c’est une portion infime des nombreux résultats d’études en tous genres menées dans la région. Mais cette initiative est heureuse parce qu’elle est nouvelle et ce que nous partageons, c’est un savoir-faire, un savoir penser, un savoir être et un savoir vivre qu’on a commencé de perdre depuis plusieurs années. Et pour nous, il est important de décentraliser ces savoirs qui, le plus souvent, lorsqu’ils sont collectés, sont amenés à Dakar. On fait les expositions là-bas alors que les communautés n’y ont pas accès», a expliqué le Professeur Ibrahima Thiaw de l’Urica/Ifan.
L’exposition est le résultat d’une collaboration puisque c’est en effectuant des travaux que la Sgo a découvert la présence d’un patrimoine sidérurgique très ancien à Massawa. La société minière fera alors appel au Pr Thiaw dont les fouilles ont permis de mettre à jour des objets qui témoignent d’une présence ancienne d’une technologie de sidérurgie complexe. Pour permettre aux populations de découvrir ce patrimoine, un bus va donc sillonner la région à la rencontre des communautés scolaire et estudiantine pour exposer les trouvailles de l’équipe d’archéologues. «Au niveau national, il y a eu des efforts pour développer l’enseignement de la science, de la technologie et de l’ingénierie. Nous pensons que ces savoirs sont enseignés dans nos écoles de manière trop souvent extravertie. On va chercher les supports ailleurs, alors que le plus souvent nous piétinons des savoirs extraordinaires relevant de l’ingénierie de nos ancêtres. J’aime bien rappeler que dans le monde global où nous nous trouvons, si vous allez les mains vides, c’est le patrimoine des autres que vous contribuez à développer. Pour participer pleinement à la société globale, il faut y aller avec son propre patrimoine. Ce patrimoine est notre chaire nourricière sans laquelle nous perdons notre identité. Par conséquent, il est important de partir de notre savoir-faire traditionnel et de notre savoir vivre et savoir penser pour bâtir un avenir meilleur qui tient compte de nos réalités. C’est tout l’esprit de cette exposition pour rencontrer les communautés de Massawa, de la communauté scolaire et estudiantine et revoir le curricula», a rappelé le Professeur Ibrahima Thiaw.
Un patrimoine raconté aux populations
Le vernissage a été présidé par le gouverneur de la région de Kédougou qui a salué cette belle initiative de l’exposition itinérante. «En réalité, il s’agit de montrer aux populations de Kédougou le patrimoine qui existe chez eux et que nous avons ignoré pendant longtemps. Cette découverte est une infime partie de ce qui existe comme patrimoine à Kédougou. Cela prouve la richesse de la région en termes de patrimoine culturel. Si on se limite à la ressource naturelle, nous avons des ressources naturelles qui sont épuisables. L’or va finir bientôt, mais le patrimoine culturel va rester. Il est bon que nous partagions ce patrimoine», a dit Saër Ndao, gouverneur de la région de Kédougou. Il a demandé aux populations de Kédougou de préserver ce patrimoine. «Pour amorcer une leçon sur l’âge des métaux avec un enfant de Kédougou, il est bon de le renvoyer à son milieu naturel. Le patrimoine est très important et nous devons faire en sorte qu’il nous accompagne dans l’acquisition des connaissances. Nous voulons promouvoir l’apprentissage des sciences et effectivement, parmi nos ancêtres, il y avait des ingénieurs et des techniciens, mais on ne les connaît pas. Certains n’ont jamais pensé que le fer, la sidérurgie étaient là à côté à Massawa. Aujourd’hui grâce à l’expertise sénégalaise avec le Professeur et son équipe, on a pu comprendre qu’à Massawa, on a un patrimoine immense», souligne le gouverneur Ndao. «Au-delà des élèves, il faut aller vers les enseignants et les outiller. Un enfant de Kédougou, vous lui parlez du Bélédougou, il va vous écouter. Vous lui parlez de Massawa, il va vous écouter. Mais si vous le renvoyez à l’Europe du sud ou de l’est, vous le déconnectez de la matière.»
Selon les chercheurs, le patrimoine nous rattache à notre passé, notre identité et à notre commun vouloir de vivre ensemble, mais aussi à notre devenir, «d’où nous venons, qui nous sommes, ce qui nous lie», indiquent-il en soulignant que l’on est dans l’erreur en pensant que la préservation et la valorisation de notre patrimoine ne sont pas compatibles avec le développement économique ou l’essor scientifique et technique.