Dakar, 22 oct (APS) - Le réalisateur sénégalais, Moe Sow, retrace le parcours de l’écrivain et homme d’Etat Cheikh Hamidou Kane, 92 ans, à travers un film documentaire consacré aux convictions de l’auteur de "L’Aventure ambiguë", son regard sur le monde actuel et sur le devenir du Sénégal et de l’Afrique.
D’une durée de 52 minutes, ce film intitulé "Kaaw Cheikh’’ (oncle Cheikh) a été projeté à Dakar, à l’Institut supérieur des arts et de la culture (ISAC).
Il propose des va-et-vient sur la vie de ce descendant de Alpha Ciré Kane de Matam, "un homme qui a marqué son temps et la vie sociale, politique et économique de son pays, le Sénégal, et de son continent, l’Afrique", dit de lui le journaliste Mamadou Ibra Kane, un des producteurs exécutifs du film.
Le cinéaste s’attarde, dès l’entame du film, sur une époque matérialisée par un vieux poste radio et une télévision d’époque diffusant tour à tour un entretien accordé par l’écrivain au journaliste, dans lequel le premier revient sur la genèse et le contenu de ses deux livres ayant marqué son parcours littéraire à savoir "L’Aventure ambiguë", un classique publié en 1961 et traduit en plusieurs langues, et "Les gardiens du temple" (1995).
Le documentaire "Kaaw Cheikh" est un film biographique qui incite, dans le même temps, à la découverte du terroir de Cheikh Hamidou Kane, la région de Matam et la zone du fleuve Sénégal, symbole de l’enracinement de tous les "Foutankés".
Cette incursion dans cet univers culturel déterminé justifie le rappel constant de la filiation de Cheikh Hamidou Kane par son griot de naissance, le musicien et chanteur Samba Ciré Guissé, dont le récit est ponctué de la voix permanente du chanteur pulaar Baaba Maal, un choix qui contribue à faire de la musique un personnage central dans le film.
Le film se veut aussi une fenêtre sur des évènements marquants de la vie politique du Sénégal postindépendance, notamment la crise de 1962 dont Cheikh Hamidou Kane fut un témoin important.
Il donne sa version des faits sur cette crise politique, comme l’ont fait d’autres avant lui, dans par exemple "Président Dia" (2012) du réalisateur Ousmane William Mbaye, un document historique qui a contribué à une meilleure compréhension des enjeux de l’époque et même d’aujourd’hui, à travers la confrontation entre le premier président du Sénégal indépendant, Léopold Sédar Senghor, et le président du Conseil Mamadou Dia.
Ce dernier, accusé d’avoir voulu perpétré un coup d’Etat, fut arrêté, jugé et mis en prison avant d’être élargi quelques années plus tard.
Cheikh Hamidou Kane ayant pris parti pour ce dernier, démissionne de la Fonction publique depuis Monrovia où il était affecté à l’ambassade du Sénégal au Libéria.
Le film est aussi agrémenté de témoignages recueillis lors de la célébration des 90 ans de l’auteur et du colloque organisé en son honneur en 2018 sur le thème "Cheikh Hamidou Kane. Questions d’avenir".
L’intérêt du film tient aussi au fait que des personnalités de renom y sont revenues sur leurs liens avec l’écrivain, comme l’historien guinéen Djibril Tamsir Niane, compagnon de longue date de Cheikh Hamidou Kane.
Il compte aussi sur la valeur des témoignages de proches de l’écrivain - le ministre Abdoulaye Elimane Kane, philosophe et écrivain lui aussi, ses enfants -, et surtout de ses lecteurs situés dans des pays d’outre-Atlantique et qui s’identifient à Samba Diallo, personnage principal de son célèbre roman ’’L’Aventure ambigüe’’.
Le documentaire "Kaaw Cheikh", qui s’appuie sur une démarche pédagogique, tente de lever un coin du voile sur les convictions politiques de Cheikh Hamidou Kane, qui a toujours cherché à savoir "comment lier le bois au bois ?". Il essaie également de traduire son regard sur le monde d’aujourd’hui et le devenir du Sénégal et de l’Afrique.
Moe Sow a déjà produit un film sur le mythique groupe de musique sénégalais "Xalam" et compte sortir un autre sur le batteur Doudou Ndiaye Coumba Rose, autant de projets comptant pour son entreprise d’archivage de la mémoire culturelle du Sénégal.
"Je favorise en tant que cinéaste d’archiver notre histoire. Les autres viennent nous les prendre, nous sommes assis dessus et restons là à faire des séries et autres. Il faut que l’on documente notre propre histoire, il faut que les jeunes puissent voir ces histoires, puisqu’ils ne lisent pas beaucoup", indique le cinéaste.
THIONE SECK CONDAMNÉ À PAYER 19,5 MILLIONS FCFA
Alioune Badara Sène avait saisi le tribunal de commerce de Dakar pour réclamer au lead vocal du Raam Daan, des arriérés de loyers et des indemnités d’occupation
19,5 millions de francs CFA, c’est le montant que le chanteur Thione Seck doit payer à Alioune Badara Sène propriétaire du « Penc Mi ». Qui avait saisi le tribunal de commerce de Dakar pour réclamer au lead vocal du Raam Daan, des arriérés de loyers et des indemnités d’occupation. Ainsi, le juge a encore tranché en défaveur de l’artiste.
Mais, cette affaire est loin de connaître son épilogue. Pour cause, expulsé de « Penc Mi » au mois de mars dernier, par le tribunal des référés, Thione Seck avait saisi la justice pour demander le montant qu’il avait éjecté pour réfectionner la boîte de nuit. Il estimait ses dépenses à 200 millions de francs CFA. Cette affaire est pendante devant la justice.
CITÉ DU CINÉMA ET DE L’AUDIOVISUEL
L’étude de préfaisabilité de la Cité du cinéma et de l’audiovisuel, présentée aux professionnels du 7e art, s’appuie sur six principaux chantiers réalisables en deux phases d’une durée globale de cinq ans, avec un investissement total de 16 milliards
Dakar, 20 oct (APS) – L’étude de préfaisabilité de la Cité du cinéma et de l’audiovisuel, présentée lundi aux professionnels du 7e art, s’appuie sur six principaux chantiers réalisables en deux phases d’une durée globale de cinq ans, avec un investissement total de 16 milliards de francs CFA.
De nombreux acteurs du cinéma (réalisateurs, producteurs, distributeurs…) ont pris part à l’atelier de présentation de ce projet du gouvernement sénégalais, sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication, Habib Léon Ndiaye.
Les cinéastes Moussa Sène Absa, Mansour Sora Wade, Nicolas Sawalo Cissé, Alain Gomis, Moly Kane, Pape Abdoulaye Seck, et le producteur Oumar Sall ont pris part à l’atelier. L’Agence française de développement, chargée du financement de l’étude, était représentée.
Les experts du cabinet français BearingPoint, auteurs de l’étude, préconisent ‘’une rupture avec les projets architecturaux envisagés au préalable’’.
Selon Olivier Lenne et Adèle Nuvolone, du cabinet BearingPoint, la matérialisation de la Cité du cinéma et de l’audiovisuel doit s’appuyer sur six principaux chantiers : la formation, la production, la post-production, la distribution, l’exploitation et l’archivage du projet.
Le cabinet recommande de privilégier ‘’la réutilisation d’infrastructures ou d’initiatives déjà existantes dans un premier temps, avant d’envisager’’ des ‘’actions et investissements complémentaires’’.
Auparavant, une enquête a été menée pendant quatre mois (novembre 2019-février 2020) par des experts sollicités par les autorités sénégalaises, sur le cinéma sénégalais, lequel dispose, selon les enquêteurs, de nombreux atouts favorables au développement d’une industrie cinématographique.
Ils voient le Sénégal comme un endroit à partir duquel il est facile de faire des tournages dans le reste de l’Afrique de l’Ouest. De même louent-ils le soutien étatique dont bénéficie le 7e art sénégalais, avec le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuel.
Mais, souligne Olivier Lenne, ‘’l’écosystème audiovisuel sénégalais reste encore artisanal’’.
Un cadre institutionnel plus incitatif doit être créé, en même temps que des structures pouvant assister financièrement le cinéma et travailler au développement d’infrastructures audiovisuelles, dans la production, la post-production, la diffusion, la formation et la professionnalisation des acteurs, selon M. Lenne.
’’La filière doit se structurer autour d’un projet commun et ambitieux, pour faire progresser l’écosystème. (…) Seul un écosystème structuré, uni et professionnalisé permettra d’encadrer correctement l’évolution digitale du marché audiovisuel, surtout avec l’arrivée des GAFAM (les géants du web) et des plateformes SVOD (services de vidéos à la demande), et le développement des usages numériques’’, a-t-il souligné.
L’étude propose un investissement global de 16 milliards de francs CFA, pour une durée de cinq ans, en vue de la réalisation de la Cité du cinéma et de l’audiovisuel, avec un partenariat entre le secteur public et le secteur privé.
Les experts de BearingPoint envisagent une croissance du chiffre d’affaires de la filière de 50 à 60 %, d’ici à 2025, une croissance portée par le volume des productions, des emplois directs et indirects.
Ils estiment que ’’le chiffre d’affaires de la filière audiovisuel au Sénégal peut être évalué à 34 milliards de francs CFA en 2019, pour plus de 3.200 emplois directs et 113 autorisations de tournage accordées cette année’’.
Selon eux, que les activités générées par la Cité du cinéma et de l’audiovisuel devraient permettre de ‘’générer 2,1 milliards de francs CFA en termes de revenus directs, sur cinq ans’’, un montant auquel s’ajouteraient des revenus supplémentaires indirects pouvant atteindre 17,7 milliards, en cinq ans.
L’étude de préfaisabilité suggère d’installer la future cité dédiée au cinéma à Diamdiadio, au lac Rose ou devant l’ancien palais de justice du cap Manuel, à Dakar.
Elle sera présentée aux ministères de la Culture et de la Communication, de l’Economie, du Plan et de la Coopération, ce mardi. Une étude de faisabilité sera menée ensuite.
2 MILLIONS DE FRANCS ET DU MATÉRIEL DE MUSIQUE À L’UCAS BANDE
Le ministre de la culture et de communication, Abdoulaye Diop, a remis samedi, au centre culturel de Sédhiou, une enveloppe de deux millions et du matériel de musique aux artistes de l’UCAS Bande
Sédhiou,18 oct (APS) – Le ministre de la culture et de communication, Abdoulaye Diop, a remis samedi, au centre culturel de Sédhiou, une enveloppe de deux millions et du matériel de musique aux artistes de l’UCAS Bande, a appris l’APS.
‘’Cet orchestre symbolique qui a porté haut les couleurs de la région pendant des décennies mérite toute considération et accompagnement pouvant aider ses acteurs à faire correctement leurs activités’’, a dit le ministre lors de la remise du matériel.
Dans cette perspective, M. Diop annonce le démarrage dans les prochains jours d’un « palais des arts » à Sédhiou, qui portera le nom de l’UCAS ‘’afin de rendre pérenne l’œuvre de ces aînés’’.
NOUS VOULONS BOOSTER LES LANGUES NATIONALES AU SENEGAL
L’association synergie ndjabootu alphabétisation nationale (SNAN) a décidé de contribuer à la promotion de l’alphabétisation des langues au Sénégal et de défendre les intérêts des alphabétiseurs, a indiqué Niokhor Ngom.
Kaffrine, 17 oct (APS) – L’association synergie ndjabootu alphabétisation nationale (SNAN) a décidé de contribuer à la promotion de l’alphabétisation des langues au Sénégal et de défendre les intérêts des alphabétiseurs, a indiqué, samedi, à Kaffrine (centre), son président, Niokhor Ngom.
‘’La SNAN a pour objectif de contribuer à la promotion de l’alphabétisation des langues au Sénégal, de défendre les intérêts des acteurs de l’alphabétisation et de participer au développement économique, culturel et social du Sénégal’’, a-t-il déclaré, au terme d’une réunion avec les délégués de la commission d’alphabétisation de la région de Kaffrine, en présence des élus locaux.
‘’Nous voulons booster les langues nationales au Sénégal ‘’, a insisté M. Ngom, faisant savoir que son association a décidé d’alphabétiser et de faire des activités de transformation de fruits et légumes.
‘’Nous alphabétisons mais aussi nous faisons des activités en transformation de fruits et légumes et tout ce qui parle du développement. Nous sommes déterminés à aider les femmes et les hommes qui ont fait leur avenir dans l’alphabétisation’’, a indiqué Niokhor Ngom.
Il a fait savoir que l’association synergie ndjabootu alphabétisation nationale intervient actuellement dans sept régions du Sénégal à savoir Kaffrine, Kaolack, Dakar, Tambacounda, Diourbel, Fatick et Thiès.
‘’Chaque région est dirigée par une commission d’alphabétisation appelée +commission synergie ndjabootu alphabétisation nationale+’’, a rappelé M. Ngom, indiquant que chacune de ces commissions compte une cinquantaine de membres.
La SNAN, qui est composée de facilitateurs, de superviseurs et d’opérateurs d’alphabétisation, est créée en 2018, selon son président.
AMINATA SOPHIE DIÈYE, SAGA D'UNE HÉROÏNE DES LETTRES
elle n’aura même pas complété un demi-siècle de vie quand le trépas eut raison d’elle en 2016. Son expérience littéraire est pourtant dense. Ses écrits étaient la loupe grossissante qui montrait les pires vices de la société
Parler du talent d’Aminata Sophie Dièye est une tentative à laquelle tous ceux qui s’aventurent doivent excellemment mener. Il faut un texte à la hauteur de la femme qu’elle fut. Plonger dans son monde teinté d’humour sarcastique est une activité assez plaisante si vos mornes journées n’offrent aucun dérivatif.
Sans risque de froisser les susceptibilités, l’expression «femme libre» conviendrait bien à Aminata Sophie Dièye. Celle-ci a refusé d’être encadrée dans une dénomination, car ayant arboré toutes les étiquettes d’une femme de culture entière. Née au début des années 1970, elle n’aura même pas complété un demi-siècle de vie quand le trépas eut raison d’elle en 2016. Son expérience littéraire est pourtant dense. Elle a su élégamment porter les habits de dramaturge, romancière, chroniqueuse, journaliste…, bref, une femme des lettres. Ses écrits étaient la loupe grossissante qui montrait les pires vices de la société. Bien que bon nombre d’auteurs s’essayent à cet exercice complexe, elle s’est distinguée de par son talent d’écriture.
La narration journalistique si difficile à réaliser était un art qu’elle effectuait brillamment. En témoignent ses merveilleuses chroniques hebdomadaires dans le journal dakarois «L’Obs» sous le pseudo de «Ndèye Taxawalou». Ses techniques descriptives exceptionnelles et la concordance parfaite entre les scènes et le rendu ont un goût de vécu. Le sarcasme noté dans ses textes donne une idée sur la nature cocasse de l’autrice. Bien des sourires se dessinent sur les visages lorsque les yeux parcourent les œuvres d’Aminata Sophie Dièye.
Joie de vie débordante
Ceux qui ont côtoyé la jeune femme retiennent la liesse de vivre plus que débordante de la chroniqueuse. «Elle se couvrait toujours, elle était une femme tellement correcte mais très taquine. On se n’ennuyait jamais avec elle», confie Aïda Dial Kane, jeune journaliste qui a effectué un stage au sein de «L’Obs» et qui a partagé une salle de rédaction avec «Ndèye Taxawalou». «Lorsque je finissais mon stage, elle a tellement prié pour moi que j’ai craqué. J’ai pleuré, car je me disais comment, en si peu de temps, elle pouvait être aussi chaleureuse et ouverte avec moi», lâche-t-elle, avant d’évoquer l’effacement de feue Aminata Sophie Dièye. D’ailleurs, Aida a su tardivement que cette fille, la plus élancée de la salle, était en fait la fameuse «Ndèye Taxawalou».
«Elle n’était pas simplement une consœur brillante. Elle était aussi une romancière et une chroniqueuse passionnée et pleine de finesse, une analyste à la fois tendre et sans concessions envers elle-même, envers nous tous et envers notre société. Jusqu’au bout, rien de nos tares et de nos travers ne lui aura été étranger», se rappelle Malick Diagne, journaliste. Il l’avait connue au journal «Sud Quotidien» au milieu des années 90, à un moment où la majorité des journalistes désertaient les rédactions pour des raisons financières. «Elle a fait le choix de rester, revendiquant à sa manière l’écriture pour continuer de vivre. Avec le temps, elle a fini par imposer à sa plume cet art très rare de la concision. Elle visait juste, voyait clair et son sens de la formule était redoutable», confie le journaliste.
Point de censure
Aminata Sophie Dièye ne s’autocensurait pas. Elle faisait suinter son encre dans toutes les casseroles sociales : des pires vices aux cultes les plus ancrés en passant par les manières viles. Elle adorait se peindre comme étant «dans une logique de défi contre les antivaleurs érigées en valeurs dans cette période charnière où notre pays négocie très mal son virage à la modernité», note Malick Diagne devenu «grand frère» d’Aminata.
Cette définition d’elle-même donne une idée sur la personnalité complexe de la femme. Elle n’avait pas de sens interdit durant tout l’exercice de sa passion pour l’écriture. A «Sud Quotidien» tout comme à «L’Observateur», son talent s’est affiné. D’une beauté renversante ponctuée par une noirceur d’ébène, Aminata la rendait vive avec son sourire que bien des photos d’elle raniment. Derrière ses notes d’écriture se cachait une voix fluette. Des témoignages résument la personne ainsi : «un esprit carré dans un corps frêle».
Rapport percutant avec la société
Aminata a eu une enfance hors norme à en juger par les standards d’une famille uniforme. Enfant non légitime d’un inspecteur des impôts, elle avait quitté la maison maternelle de Thiès pour prendre une petite chambre sur l’île de Ngor, alors qu’elle faisait valoir ses productions à «Sud Quotidien» en tant que pigiste. Elle avait 21 ans. Ensuite, l’aventure conjugale avec son mari français Lucio l’a conduite à Paris en 2004. Elle publie alors son premier roman : «La nuit est tombée sur Dakar» chez Grasset sous le nom de plume Aminata Zaaria. Une année après, Aminata perd son mari : «J’ai 32 ans et je suis veuve !». Encore une fois, sa force émotionnelle prend le dessus et Aminata refuse de s’apitoyer sur son sort et rentre au bercail.
Cette force hélas qu’elle a bâtie devenait un lourd fardeau et finissait par avoir raison d’elle. Une crise la secoue et elle est suivie sur le plan psychiatrique. Rumeurs et médisances courent à son propos, et l’obligent à se retrancher encore plus sur elle-même, ne gardant que quelques amitiés. Le destin ne l’épargne pas pour autant : deux décès supplémentaires de proches l’achèvent. Aminata est psychiquement au bout du rouleau, et est internée à «Dalal Xel» de Thiès où elle continuait à écrire ses chroniques pour l’Obs. Dernier acharnement d’un destin implacable, un diabète participe à écourter la vie de cette femme de lettre. Elle sombre dans un coma en février 2016 avant de rendre l’âme en fin de mois.
Femme de lettres
Ndèye Taxawalou, Aminata Zaaria, Miss Town (pseudo au journal Tract) et Aminata Sophie, toutes ces dénominations se rapportent à cette élégante dame des mots. «Ndèye Taxawalou» ou Aminata Sophie Dièye, le choix est difficile, car l’une est le prisme de l’autre. Ce passage d’une ses chroniques rappellerait bien son vécu : «Lorsqu’on a un problème avec son père, on l’a avec tous les hommes parce que la figure paternelle est le premier symbole masculin de notre vie. Un père est un stabilisateur. Par son amour, il nous apporte l’équilibre nécessaire pour marcher en confiance dans la vie et se sentir aimé. Lorsque cela ne s’est pas fait, surtout chez une fille, ça donne une Ndèye Takhawalou qui ne sait pas à quel socle s’appuyer pour rester debout.» Aminata représentait la Vie.
L’écrivaine était sensible à la condition féminine. En 2007, son deuxième roman intitulé «La putain amoureuse d’un pèlerin juif» était annoncé, mais cette œuvre est malheureusement restée inédite. En plus d’être écrivaine, Aminata était scénariste et actrice. Elle a joué dans deux films : dans le court métrage, «La petite vendeuse de soleil» (1999) de Djibril Diop Mambety, et le film «Lili et le baobab» (2006).
En visionnant ses différents personnages, son talent saute à l’œil. En plus, en 2016, une série sénégalaise abordant le milieu médiatique s’est distinguée de par son originalité. En effet, les doigts de fée d’Aminata y sont pour quelque chose. «Idoles» a eu le vent en poupe dès son arrivée sur le petit écran. Ses empreintes dans la série se retrouvent chez Chérif Maal, un personnage de la série qui suscite toujours de l’admiration.
De même, Aminata a créé la pièce de théâtre «Consulat zénéral». Il s’agit d’une satire qui met en scène les sueurs froides de cinq personnages dans le bureau d’une employée du consulat de France. Parcourir les œuvres d’Aminata Sophie Dièye est un exercice exaltant. Tous ceux qui ont tenté l’expérience se sentent embarqués dans une aventure tumultueuse. Bienheureuse serait-elle qu’un souvenir puisse porter son nom. Une rue, un monument, une salle, juste un petit souvenir pour la grande qu’elle fut et qu’elle reste.
CHRONOLOGIE D’UNE VIEILLE REVENDICATION
L’annonce d’une évaluation ’’institutionnelle et financière’’ de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV) sonne comme une réponse des pouvoirs publics à une vieille revendication des artistes et autres ayants droit.
Dakar, 15 oct (APS) - L’annonce d’une évaluation ’’institutionnelle et financière’’ de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV) sonne comme une réponse des pouvoirs publics à une vieille revendication des artistes et autres ayants droit.
Les premières impulsions de cette revendication avaient conduit à la révocation du premier directeur de la SODAV Bouna Manel Fall, ce dont ne se sont pas contentés les frondeurs qui ont mis en place un collectif dirigé par le chanteur Mame Ngor Diazaka, le même mouvement ayant entraîné la mise sur pied, dernièrement, du collectif "Say Wi" (Le fagot), présidé le chanteur Idrissa Diop.
Plus généralement, l’audit de la SODAV est une demande portée par les artistes, à travers notamment l’Association des acteurs de l’industrie musicale (AIM) présidée par le musicien Zeynoul Sow qui en a fait une de ses principales revendications dès 2017.
A l’époque l’AIM avait menacé de saisir l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) et le procureur de la République "pour la mauvaise gestion de cette structure".
La SODAV "étant une société de droit purement privé, l’Etat n’a rien à voir" dans sa gestion, avait soutenu l’ancien secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication Birane Niang, en réponse à ceux qui interpellaient les pouvoirs publics à ce sujet.
Les griefs des acteurs de l’industrie musicale portaient notamment sur le paiement des droits d’auteur, une poussé d’humeur qui a conduit à la révocation, en février 2017, du directeur de la SODAV, Bouna Manel Fall, installé presque un an plutôt, en octobre 2016, par un conseil d’administration présidé par la réalisatrice et productrice Angèle Diabang.
Les contempteurs de Bouna Manel Fall évoquaient à l’appui de leur demande une "faute lourde de gestion commise en trois mois de pouvoir".
En 2019, la naissance du Collectif pour la défense des intérêts des artistes du Sénégal (CODIAS), dirigé par le chanteur Mame Ngor Diazaka, avait à nouveau sonné la révolte contre la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins dont la gestion continuait d’être décriée.
"La façon dont fonctionne la SODAV ne nous plaît pas, car au temps du BSDA (Bureau sénégalais du droit d’auteur), on nous payait trois fois par an et aujourd’hui, nous restons pendant des années sans être payés. Ce que nous dénonçons, car c’est une mauvaise gestion", avait déclaré Mame Ngor Diazaka lors d’une conférence de presse à Dakar en juin 2019.
Les deux parties seront ensuite amenées à accorder leurs violons, sous l’égide du ministre de la Culture et de la Communication Abdoulaye Diop, lequel avait attiré l’attention du directeur-gérant Aly Bathily et de la présidente du conseil d’administration Ngoné Ndour sur le mode de fonctionnement très contesté de la SODAV.
"Si vous voulez avoir le respect de la corporation, il y a un ratio minimum qui doit être retenu. Si vous me présentez cela en tant qu’artiste, je dis non. Car votre structure n’est pas là pour faire des investissements, mais pour mettre l’argent récolté à la disposition des artistes", avait souligné le ministre de tutelle.
Abdoulaye Diop considère que "la SODAV ne peut pas recevoir un milliard et donner la moitié et ensuite dire que le reste va dans les frais de gestion. Si vous avez perçu 1 milliard 824 181 191 FCFA sur les deux ans et que vous redistribuez près de 926 millions, cela revient à 50 % remis aux artistes. Ce qui n’est pas concevable", avait-il indiqué.
Dernièrement, le flambeau de la contestation a été repris par le Collectif pour la défense des intérêts des artistes et professionnels de la culture dénommé "Say Wi" (Le fagot), une structure présidée par le chanteur Idrissa Diop.
A l’image des premiers contestataires, Idrissa Diop et ses camarades, ont dénoncé, le 28 septembre dernier, lors d’une conférence de presse, "le système de gestion de la SODAV qui ne prend pas en compte" les "préoccupations" des artistes.
"Nous n’avons aucun contrôle sur ce que fait la SODAV", a déclaré, lors de cette rencontre, Djibril Guissé selon qui les dirigeants de la société en charge des droits d’auteur peuvent peuvent bien "commettre des erreurs" sans conséquence "parce que c’est eux seuls qui décident".
"Say Wi" a réclamé la mise en place d’une commission de contrôle composée de l’Inspection générale d’Etat, de la Cour suprême, du ministère des Finances et du ministre de la Culture, comme prévu par la loi 2008 portant création de la SODAV.
Une demande à laquelle le chef de l’Etat semble avoir accédé en demandant au ministre de la Culture et de la Communication de procéder à "une évaluation institutionnelle et financière de la SODAV et à la mise en place de la Commission permanente de contrôle des sociétés de gestion collective".
Dans un communiqué signé de son président de conseil d’administration et de son directeur-gérant, la SODAV a réagi à cette annonce, se félicitant de cette instruction présidentielle.
"La SODAV se réjouit de la mise en place de cette commission de contrôle qu’elle n’a cessé de réclamer et qui est une exigence de l’article 124 de la loi 2008-09 sur le droit d’auteur et les droits voisins", peut-on lire.
Le communiqué précise toutefois que la mise en place d’une telle commission "n’incombe pas à la SODAV et son fonctionnement et organisation sont fixés par décret".
RESTER RESOLUMENT AFRICAINE…
Palabres avec Amélie Mbaye alias Mage de la série Golden
A la fois chanteuse et actrice, Amelie Mbaye, la fille d’Ousmane Mbaye et mère du rappeur Alain Ousmane alias « Boogie Fresh », vit intensément son art. Après sa belle prestation dans le film « Frontières », elle a été définitivement adoptée au Sénégal avec sa participation réussie dans la série Golden. Son personnage de Mage auquel elle a fini par se confondre lui a permis d’être enfin reconnue chez elle. Cette performance a été à l’origine de sa nomination aux Solitigui d’or qui auront lieu au mois de novembre prochain. Cette ancienne téléspeakerine de la RTS a réussi à s’imposer dans le cinéma. Rencontre avec une comédienne soucieuse de l’avenir de son métier et adepte d’une formation continue.
Comment avez-vous intégré la série Golden ?
Il fallait camper le personnage d’une femme sénégalaise moderne et travailleuse... Donc, jouer entre les deux et choisir un juste milieu. Comme Mage est une battante et une femme volontaire, je me suis rapidement retrouvée dans ce personnage. Mage est aussi très attachée à sa famille. C’est pour cette raison qu’elle insiste sur les liens solides entretenus avec son mari, Alioune Badara Guèye alias ABG... Pour en revenir à mon intégration à la série, c’est le patron de Marodi qui m’avait contactée à Ouagadougou lors du Fespaco. A la lecture du scénario, je me suis vite dit que cela ressemblait à la série américaine « Empire » que je suivais beaucoup et que je continue de suivre d’ailleurs. Donc cela n’a pas été difficile de me convaincre. Très vite, je suis devenue Mage, la femme fondatrice de l’entreprise et protectrice à volonté. Une fois ce premier écueil relatif à la participation levé, il fallait faire face à un second. Celui de mon accent. C’est la première fois que je jouais en wolof. J’avais l’habitude de tourner en français et en anglais... C’est ainsi qu’on a démarré un tournage très difficile qui a duré huit longs mois. J’ai dû m’adapter et faire face à toutes ces difficultés. Il m’est arrivé de mélanger le français et le wolof, car il y a des termes que personne ne peut traduire entre les deux langues.
Vous voulez dire par là que c’était difficile ?
Effectivement c’était très, très difficile. Il est vrai qu’on a une belle maison. A ce niveau, ça va. Mais comme il fallait innover au niveau de l’organisation, ce ne fut pas une sinécure. Il fallait réécrire certaines parties, changer des choses, réadapter des situations. Tout cela a rendu les choses assez compliquées. Mais nous avons pu faire face, car nous formions une équipe soudée et solidaire. Au fil du temps, nous sommes pratiquement devenus une famille. Comment avez-vous pu glisser si rapidement dans la peau du personnage de Mage, cette femme décidée à protéger sa famille contre vents et marées.
Etes-vous comme cela dans la vraie vie ?
Non, pas du tout. J’ai l’habitude de me mettre très rapidement et définitivement dans la peau de mon personnage. Une fois sur le plateau, j’oublie complétement que je suis Amélie Mbaye, mais bien une actrice qui joue un rôle bien déterminé. Je m’y attelle à fond. Je joue à fond tout ce qui est écrit sur le scénario et je deviens la personne qu’on souhaite que j’interprète. Comme je le dis souvent, il s’agit juste d’un habit que l’on enfile le temps d’une scène. Après avoir fini le boulot, tu deviens toi-même. Je ne triche pas dans mon boulot. Une fois que j’ai lu ce qui m’attend, que cela me plaise ou pas, dès l’instant que j’ai accepté le rôle, je me déploie sans réserve pour satisfaire les attentes. En tant qu’actrice, je suis obligée de relever le défi. Surtout quand il s’agit de messages à transmettre et auxquels je crois profondément. Dans ce cas précis, cela touche à la famille. Je suis typiquement africaine et je crois sincèrement à ses valeurs. Je revendique en premier cette identité africaine en tous lieux et en toutes circonstances. Avant même de parler du Sénégal, je parle d’abord de mon continent et cela se reflète sur tout ce que je fais. Que cela soit au niveau de mon habillement ou de mon comportement de tous les jours, je revendique cette africanité. Ce qui fait que lorsqu’on m’a fait savoir que dans la série l’entreprise « Golden » était la première entité minière appartenant à des Africains, je me suis dit, Oh, Yeah cela me va ! Il y a beaucoup d’émotions et de pleurs dans la série.
Comment faites-vous pour pleurer réellement ?
Ah, oui ! J’y suis à fond. Je n’ai pas besoin de gouttes lacrymales pour pleurer ou d’autres artifices du même genre. Je suis actrice et je sens profondément mon rôle. Quand il faut pleurer, je pleure car encore une fois, je suis entièrement en phase avec mon personnage. Il nous est demandé de transmettre cette émotion et nous avons le devoir de le faire. Car il s’agit de situations probables qui peuvent bien se dérouler dans la vie de tous les jours.
Comment- avez-vous pu établir si facilement cette forte relation avec votre mari ABG ?
Avec ABG, nous avons changé beaucoup de choses dans le script originel. Comme il s’agissait d’une histoire de famille, il fallait tout faire pour revivre ces forts instants. C’est un couple éperdument amoureux. Même s’ils ne sont plus jeunes, il existe toujours une certaine tendresse. Il fallait bien ressortir ces forts moments. Il fallait donc être complice et amoureux. Pour ce faire, on devait se tenir la main, se jeter des regards complices etc. Il ne faut pas forcément s’embrasser pour pouvoir exprimer ces sentiments et on l’a compris très tôt. Au fil du temps, nous avons cultivé une très belle complicité.
Etait-ce facile d’endosser ce rôle un peu difficile et inhabituel sous nos cieux ?
Ah, pas du tout ! En Afrique, et pas seulement au Sénégal, les gens ne savent pas encore faire le distinguo entre la personne et le personnage. Il y a une terrible confusion et cela peut nous jouer par moments de sales tours dans notre vie de tous les jours. Par exemple, au moment où les enfants étaient dans le coma dans la série, on m’interpelait tout le temps pour me dire « Massa courage, Mage comment vont Khalil et les autres ? ». Une autre fois, certains nous ont copieusement insultés, Alioune Badara et moi, car ils se disaient que nous nous foutions du monde…C’est vraiment difficile. Il faut vraiment procéder à une vraie éducation cinématographique de nos cinéphiles.
Concrètement qu’est-ce que la série Golden a changé dans votre vie ?
Je suis très africaine et je vais le demeurer. J’étais aussi très attachée à la famille et cette série m’a permis d’y attacher encore beaucoup plus d’intérêt. Il y a aussi cette problématique liée au cancer et je vais énormément me battre pour faire bouger les choses dans le cadre de la prise en charge et du traitement de cette maladie. Mais s’il y a un fait qui me tient vraiment à cœur, il s’agit de la formation des acteurs. Avec cette série, j’ai vu qu’il y a beaucoup de talents au Sénégal, mais il faut encore consentir de nombreux efforts au niveau de la formation. Il faut arriver au niveau où tous ces gens-là seront beaucoup plus professionnels. C’est un autre de mes combats et je vais m’y atteler sans réserve.
Après un séjour de plus de vingt-cinq ans aux Etats Unis, en France au Brésil et au Burkina, pouvez-vous nous parler de la genèse de cet amour pour le cinéma ?
Tout a commencé d’abord face à la caméra. J’avais commencé, il y a très longtemps, ma carrière professionnelle en qualité de téléspeakerine à la télévision nationale, il y a plus de trente ans et tout est parti de là. Je faisais des présentations en direct et j’ai aussi pris part à des émissions comme «Génies en herbe» en compagnie de Jérôme Diouf, Matar Sylla etc., Une fois aux Etats Unis, j’ai continué sur cette lancée en animant des émissions de télévision. Cependant ma première expérience cinématographique a été avec Apolline Traoré. C’était dans la série « Monia et Rama » où je campais le rôle d’Amélie. Une vipère qui était détestée par tout le monde. On se disait même que je devais avoir un garde du corps à Ouagadougou tellement les gens haïssaient mon personnage. Une fois aux Etats Unis, j’ai joué dans de nombreux films à Hawaï et à Malibu. J’ai même tourné avec bruce Willis. Ensuite, j’ai tourné encore avec Apolline dans le film « Frontières » qui a gagné de très nombreux prix. Une fois revenue au bercail, j’ai enchainé avec les séries comme « Sakho et Mangane», « Renaissance », » Golden » etc., Mais cela se faisait en français au départ et « Golden » a été ma première série en wolof et c’est pourquoi je la considère comme un challenge.
Parlez-nous des conditions de votre retour au Sénégal ?
J’ai une formation en tourisme et transport aérien. C’est ainsi que je me suis retrouvée au brésil après avoir passé par la France. Une fois au pays de la Samba, j’ai eu à travailler dans un grand festival de cinéma. C’est d’ailleurs eux qui m’ont envoyé travailler à Los Angeles. Au départ, je devais y rester deux ans. Et finalement, j’y ai passé vingt-cinq ans. C’est donc pour des raisons familiales que je suis revenue au bercail. J’admets que ce ne fut pas facile, car il y a une très grande différence de niveau et de moyens entre le cinéma américain et africain, mais il a fallu s’adapter.
Quelle est la vraie personnalité d’Amélie.
Je suis une personne très « open mind ». Mes voyages ont été une école de formation. Je ne prends pas du tout la tête. Je suis artiste et cela m’a beaucoup aidé. Mais cela ne doit pas surprendre car mon père était un très grand artiste. Ousmane, mon fils qui est son homonyme, est aussi un très grand artiste et il marche allègrement sur les traces de son grand père. Ousmane Mbaye, mon père, était un grand artiste et il a exporté notre culture au plan international. Je suis très fière et honorée que mon fils marche sur ses pas. Un message pour les femmes… Je leur demande de rester naturelles. Il faut vraiment que nous gardions notre africanité et notre originalité. Il faut éviter les mèches artificielles et autres cheveux naturels. Il faut vraiment sauvegarder notre africanité. Tout est ici en Afrique, il n’y a plus rien en Occident. C’est pour cela que toutes les multinationales sont obligées de revenir investir chez nous. Les Sénégalaises sont belles et naturelles et il faut qu’elles le restent.
‘’LËLU DI WAJAL’ART’’
EUNIC, le réseau des instituts culturels nationaux de l’Union européenne, a dévoilé jeudi les noms de huit projets artistiques sélectionnés dans le cadre de l’initiative "Lëlu di Wajal’art"
Dakar, 15 oct (APS) - EUNIC, le réseau des instituts culturels nationaux de l’Union européenne, a dévoilé jeudi les noms de huit projets artistiques sélectionnés dans le cadre de l’initiative "Lëlu di Wajal’art" (la retraite créative, en wolof), lancée en mai dernier pour soutenir des artistes confrontés à la pandémie de Covid-19.
"L’appel à projets avait été lancé en mai, pendant le pic de la pandémie au Sénégal. Nous avons reçu 300 candidatures de toutes les disciplines artistiques : théâtre, musique, danse, littérature, poterie, etc. Les projets sont intéressants, et nous avons choisi huit d’entre eux", a dit le directeur du Goethe-Institut Sénégal, le centre culturel allemand, Philip Küppers, lors d’une conférence de presse virtuelle.
Les huit projets artistiques ont reçu un financement d’environ 33 millions de francs CFA de l’Union européenne, selon M. Küppers.
Il rappelle que l"’innovation dans la création", le "développement de nouvelles approches de création et de commercialisation des œuvres artistiques", l’"offre artistique pour une diffusion numérique" et "la réunion d’acteurs de différentes disciplines" étaient les critères avec lesquels les projets ont été sélectionnés.
Le comédien Pape Meïssa Guèye, de la compagnie théâtre de la rue, le musicien Ibaaku Bassène, de Baraka Global Arts, la technicienne en habillement de poche Maguette Guèye sont les artistes dont les projets ont été choisis par EUNIC.
La maison d’édition "Vives voix" et le collectif "Keur Design", les réalisateurs Mamadou Samba Diallo et Oumar Ndiaye, ainsi que la chorégraphe Albertina Pisano ont été aussi sélectionnés.
Mamadou Samba Diallo va produire une docufiction intitulée "L’immeuble Touré", un portrait de quatre familles vivant en colocation dans un immeuble, aux Parcelles Assainies, à Dakar, où elles ont entretenu la solidarité durant la période de confinement.
Les éditions "Vives voix" vont présenter un livre d’art "original", intitulé "Les chroniques de Oumar Ndao" - du nom du défunt directeur de la culture et du tourisme à la mairie de Dakar -, en dialoguant avec cinq artistes sénégalais.
Le comédien pape Meïssa Guèye propose une création intitulée "Cabines artistiques, paroles confinées, murmures intérieurs", le but étant de perpétuer un lien culturel en cette période de crise sanitaire.
Chacun des artistes sélectionnés a présenté son projet durant la rencontre virtuelle, en présence de Yann Gall, le président d’EUNIC Sénégal, qui réunit les instituts culturels nationaux des pays de l’Union européenne représentés à Dakar.
La déléguée de l’Union européenne au Sénégal, Irène Mingasson, était également présente.
Selon Mme Mingasson, l’initiative "Lëlu di Wajal’art" est une forme d’expression de la solidarité de l’Europe avec les artistes sénégalais. "Il est essentiel de soutenir les artistes. La culture est au cœur de notre projet européen", a-t-elle souligné.
Irène Mingasson a salué le projet de loi sur le statut de l’artiste, qui a été adopté en conseil des ministres.
LES PRECISIONS DE LA SODAV
Suite à la directive présidentielle, relative à l’évaluation institutionnelle et financière de la SODAV, Ngone Ndour et Aly Bathily ont co-signé une note d'explication
La Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV) réagit, à travers une note co-signée par Ngoné Ndour, la présidente du Conseil d’Administration, et Aly Bathily, le Directeur-gérant, suite à la directive présidentielle, exprimée en Conseil des ministres tenu hier mercredi, et relative à l’évaluation institutionnelle et financière de la SODAV, et à la mise en place fonctionnelle, de la Commission permanente de contrôle des sociétés de gestion collective.
La SODAV, qui approuve, ne manque toutefois pas de préciser que la Commission de contrôle en question est "une exigence de l’article 124 de la loi 2008-09 sur le droit d’auteur et les droits voisins."
Ainsi, "sa mise en place n’incombait point à la SODAV et son fonctionnement et organisation sont fixés par décret", et "(ses) membres sont indiqués et désignés par la loi 2008-09 et seront nommés par un acte réglementaire."
Une fois mise en place, "cette commission va produire des rapports qui vont permettre de vulgariser tous les efforts fournis par la SODAV depuis son avènement pour le bien-être de la communauté artistique", indique, par ailleurs, la société. Qui "assure sa disponibilité à prêter une franche et loyale collaboration à la commission permanente de contrôle pour lui permettre d’exécuter sa mission dans les meilleures conditions".