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4 décembre 2024
Culture
LA SODAV BIENTÔT PASSÉE AU PEIGNE FIN
Il est demandé au ministre de la Culture de procéder à l’évaluation institutionnelle et financière de la structure et à la mise en place de la Commission permanente de Contrôle des sociétés de gestion collective - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 14 octobre 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky Sall, a présidé le Conseil des Ministres, le mercredi 14 octobre 2020, à 10 heures, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat, à l’introduction de sa communication, s’est réjoui de la brillante réélection du Sénégal par l’Assemblée générale des Nations unies comme membre du Conseil des Droits de l’Homme pour un nouveau mandat de trois (3) ans, avec un score 188 voix sur 190, soit 99% des votes valablement exprimés, score le plus élevé.
Cette reconnaissance des Nations unies, confirme le rayonnement international du Sénégal en matière de démocratie, de libertés publiques, de justice, de protection et de respect des droits de l’Homme.
Le Chef de l’Etat a, ensuite, évoqué le renforcement de la veille dans la gestion de la pandémie de la COVID-19.
A cet effet, il a notamment demandé aux Ministres en charge de la Santé, de l’Intérieur, des Forces armées et des Transports aériens, de veiller, particulièrement, au niveau de nos frontières, à la maîtrise des cas importés qui se sont multipliés au cours de ces dernières semaines.
Il a demandé au Gouvernement d’accentuer la sensibilisation des populations pour éviter une nouvelle vague de contamination
Le Président de la République a, par ailleurs, informé le Conseil de la célébration, le 16 octobre 2020, de la journée internationale de l’alimentation sur le thème : « Cultiver, nourrir, préserver. Ensemble, agir pour l’avenir ».
A ce titre, il a engagé les ministres concernés à consolider la dynamique de concertations avec l’ensemble des acteurs, en vue de renforcer la souveraineté alimentaire du Sénégal, la politique de nutrition, de même que l’ancrage systématique de la doctrine du « Produire et du Consommer local ».
Le Chef de l’Etat a, dans cet élan, exhorté le Gouvernement à organiser, pour toutes les filières, une bonne campagne de commercialisation agricole.
Le Président de la République, revenant sur la transformation de l’économie informelle, afin d’asseoir l’émergence, a signalé au Gouvernement, l’urgence de bâtir des stratégies innovantes d’encadrement, de financement et de promotion de l’auto-entreprenariat, l’autonomisation des femmes, afin de préserver durablement les activités économiques et la stabilité sociale globale.
Le Chef de l’Etat a, dans cet esprit, rappelé sa décision de mettre en place, depuis 2018, la Délégation Générale à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ) dont les interventions depuis sa création, se situent à 57,78 milliards FCFA de financements accordés à plus de 105 000 bénéficiaires et 95 000 bénéficiaires indirects .
Le Président de la République a, au chapitre du climat social, de la gestion et du suivi des affaires intérieures, demandé au Ministre de la Culture de procéder, avec toutes les parties prenantes, à l’évaluation institutionnelle et financière de la SODAV et à la mise en place, fonctionnelle, de la Commission permanente de Contrôle des sociétés de gestion collective.
Le Chef de l’Etat a, en outre, invité le Ministre en charge du Cadre de vie, à intensifier le déploiement national des actions et projets du programme « Zéro déchet », après avoir salué les résultats encourageants déjà obtenus.
Le Président de la République a, par ailleurs, réitéré au Ministre de l’Eau et de l’Assainissement, ses directives relatives à l’évaluation et à l’actualisation de la réforme de l’hydraulique rurale, par rapport à l’application effective des engagements pris par le secteur privé dans le cadre des délégations de service public de l’eau potable.
Le Chef de l’Etat s’est également félicité des réalisations significatives du Programme décennal de Lutte contre les inondations, exécuté, en octobre 2020, à hauteur de 506.714.000.000 FCFA, soit un taux appréciable de 66, 07 %.
Le Président de la République a, dès lors, demandé au Gouvernement de poursuivre, en mode « Fast track », l’exécution optimale de la Stratégie nationale de Prévention et de Lutte contre les inondations sur la période 2020-2022 et de mobiliser les ressources budgétaires nécessaires, 15 milliards FCFA, pour l’amorçage rapide, dans la zone prioritaire de Keur Massar, de la deuxième phase du PROGEP, qu’il a validée.
Il a, dans cette perspective, requis la finalisation du dispositif réglementaire fixant le cadre harmonisé des interventions en matière d’assainissement.
Le Chef de l’Etat a, enfin, invité les Ministres concernés à veiller, en relation avec le Gouverneur de la Région de Dakar, à la préservation de toute occupation, des zones non aedificandi, notamment la libération immédiate des emprises de l’exutoire du Marigot de Mbao.
Le Président de la République, abordant le suivi de la coopération et des partenariats, a salué la célébration, le 12 octobre, du 20e anniversaire du Forum sur la Coopération Economique Sino-Africaine dont la prochaine Conférence se tiendra au Sénégal en 2021.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur son agenda diplomatique, en informant le Conseil de sa visite d’amitié et de travail les 15 et 16 octobre au Nigéria, de sa participation le 14 octobre à une visioconférence organisée par le Fonds Vert Climat sur le Financement de l’énergie propre, qui apporte un concours de 75,45 millions d’euros (environ 50 milliards de FCFA) au Sénégal pour l’électrification solaire rurale de 1.000 villages. Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- Le projet de loi autorisant le Président de la république à ratifier la convention multilatérale pour la mise en œuvre des mesures relatives aux conventions fiscales pour prévenir l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices, signée à Paris le 07 juin 2017 ; Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris la décision suivante :
Monsieur Aboubakry SOKOMO, expert en management des Organisations, précédemment Enseignant-chercheur en Sciences de Gestion à l’Institut Universitaire de Technologie (IUT), est nommé Directeur des Constructions des Palais de Justice, en remplacement de Monsieur Amadou Abdoulaye DIOP."
LES MUSÉES OCCIDENTAUX SONT ENTRÉS DANS L'ÂGE DE L'INTRANQUILITÉ
Pour l’économiste Felwine Sarr, le projet de loi relatif à la restitution par la France de biens culturels au Bénin et au Sénégal « correspond au sens de l’histoire, mais le travail n’est pas fini »
Le Monde Afrique |
Laurence Caramel |
Publication 14/10/2020
Trois ans après l’engagement pris par Emmanuel Macron à Ouagadougou, le projet de loi relatif à la restitution de biens culturels au Bénin et au Sénégal a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée nationale, mercredi 7 octobre. Pour l’économiste Felwine Sarr, auteur avec l’historienne Bénédicte Savoy du rapport commandé par le chef de l’Etat sur « la restitution du patrimoine culturel africain », il s’agit d’une « loi a minima, loin d’être à la hauteur des enjeux ». Leur travail a permis de recenser la présence de plus de 90 000 objets provenant d’Afrique subsaharienne dans les collections publiques françaises. Quelque 46 000 d’entre eux, arrivés pendant la période coloniale et issus de butins de guerre, de pillages, d’expéditions scientifiques ou d’acquisitions diverses, se trouvent au musée du Quai-Branly, à Paris.
Sans dénier au vote des députés les mérites d’« un premier pas », l’universitaire sénégalais, qui enseigne depuis la rentrée à l’université Duke (Etats-Unis), voit dans ce compromis un gage donné à la partie conservatrice de la société française, peu encline à regarder le passé colonial en face. Ce mouvement, engagé aussi dans d’autres pays d’Europe, lui apparaît cependant inéluctable. L’irruption de militants réclamant lors d’interventions spectaculaires le retour des objets dans leur pays natal marque le début d’un « âge de l’intranquillité » pour les musées, explique-t-il au Monde Afrique.
Emmanuel Macron avait déclaré à Ouagadougou, en 2017 : « Je veux que d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. » Les députés viennent de voter la restitution de plusieurs objets au Bénin et au Sénégal. La France est-elle sur la bonne voie ?
Je ne suis pas un nihiliste, je ne considère pas que rien ne s’est passé : il y a quand même un début de restitution à deux pays. Mais il faut aller largement plus loin, car le geste qui a été fait n’est pas à la hauteur des enjeux. Cette loi a minima maintient le caractère dérogatoire des restitutions alors que nous préconisions, avec Bénédicte Savoy, d’aller vers une loi-cadre à la portée plus générale. Nous continuons de penser qu’il est possible d’aménager le droit français tout en respectant le principe d’inaliénabilité qui protège les collections du patrimoine.
L’option du cas par cas, du compte-gouttes, a été retenue. Il va falloir voter une loi à chaque fois qu’un objet devra être restitué, reprendre le débat comme s’il n’avait jamais eu lieu. L’argument de l’incertitude de la provenance des objets est souvent mis en avant pour justifier cette extrême prudence. Or en ce qui concerne la France, ce travail est déjà très avancé. Il a été largement mené pour les besoins de la création du musée du Quai-Branly. Nous avons refait et enrichi cet inventaire. L’information est disponible pour avancer. Je vois donc dans ce manque d’ambition un signal destiné à rassurer la partie conservatrice de la société française qui a agité le spectre du vidage des musées.
Quelle est-elle ?
Je pense à certains conservateurs de musées, à certains marchands d’art qui se sont clairement exprimés contre la restitution. Et à tous ceux qui voient dans cet acte une sorte de repentance. Une partie de la société ne veut pas regarder l’histoire coloniale en face. Or là est bien le sujet : travailler l’impensé de la relation aux autres, se confronter à l’histoire et parvenir à la dépasser, même si cela va à l’encontre du mythe, du récit sur soi, celui des Lumières, de la grandeur… Certains ne veulent pas voir que leur histoire est héritière de la construction d’une altérité négative vis-à-vis des anciennes nations colonisées et qu’il y a là une situation totalement injuste, inéquitable. L’essentiel du patrimoine matériel des pays africains ne peut pas se trouver dans les musées occidentaux et le caractère universaliste de ces établissements ne peut pas être utilisé pour refuser un rééquilibrage et rendre les objets à leurs ayants droit.
EXCLUSIF SENEPLUS -Tout ce qui tend à vous figer dans le passé est mauvais – La non transmission du savoir et l’absence de sa démocratisation est source de régression - S’insurger contre les tentatives de repli identitaire – Dépasser la conscience tribale
Les chercheurs qui étudient minutieusement la production intellectuelle de Cheikh Anta Diop savent qu’on ne peut pas prendre prétexte de ses écrits ou de ses dires pour injurier, manifester du racisme et appeler à la division des Africains sur une base ethnique ou confessionnelle. Le rappeler est toujours utile, surtout en ces moments où des « forces obscures » malveillantes, tentent de semer des graines de haine et de dissension dans des consciences africaines non encore bien formées.
Produit d’une éducation qui accorde une place importante à la rectitude morale et à la bonne conduite, Diop abhorrait les injures. Il avait l’habitude de dire que la rigueur n’est ni la grossièreté ni la trivialité : « Dëgg boo ko booleek saaga day wàññi doole ja » (une vérité devient fragile si elle est injurieuse). Son œuvre est également une offensive résolue et constante contre le racisme d’où qu’il vienne - Orient, Occident, Afrique - et sous toutes ses formes : scientifique, culturelle, institutionnelle, etc. Il a sa vie durant, travaillé à démontrer l’unité de l’espèce humaine. Une humanité qui a une origine monogénétique africaine. Une thèse aujourd’hui largement confirmée par la science et qu’il a opposée avec force arguments aux théories polycentristes qui faisaient rage à son époque. Pour lui, nous devons tous aspirer « au triomphe de la notion d’espèce humaine dans les esprits et dans les consciences, de sorte que l’histoire particulière de telle ou telle race s’efface devant celle de l’homme tout court. » Ce préalable effectué nous permettra alors, comme il le disait, de « décrire, en termes généraux qui ne tiendront plus compte des singularités accidentelles devenues sans intérêt, les étapes significatives de la conquête : de la civilisation par l’homme, par l’espèce humaine tout entière ».
L’allié le plus sûr de l’Africain, qui doit clouer au pilori tout interlocuteur malveillant, est la quête permanente du savoir mise au service d’une lutte constante pour la libération de toutes les énergies créatrices des peuples du continent. L’Africain doit simplement, écrivait Cheikh Anta Diop, « être capable de ressaisir la continuité de son passé historique national, de tirer de celui-ci le bénéfice moral nécessaire pour reconquérir sa place dans le monde moderne, sans verser dans les excès d'un nazisme à rebours ». En 1981, Diop fait une communication intitulée « L’unité d’origine de l'espèce humaine » au colloque organisé par l’Unesco sur le thème « Racisme, science et pseudo-science » où il rappelle ce qui doit être l’objectif ultime, à savoir « rééduquer notre perception de l'être humain, pour qu’elle se détache de l'apparence raciale et se polarise sur l’humain débarrassé de toutes coordonnées ethniques. » Son ancien camarade, Secrétaire général adjoint de son parti, Dr Moustapha Diallo, qui a eu le privilège d'assister à ses derniers instants sur terre, a rappelé, après son décès, son désir profond qui était de « redonner à l'Humanité plongée dans l'égoïsme et la vanité, le sens de l’amour qui l'animait à un niveau rarement atteint ».
Diop n’a jamais incité au racisme envers les Blancs, les Jaunes, les Sémites, etc. L’État fédéral d’Afrique qu’il a appelé de ses vœux doit englober toutes les parties du continent y compris l’Afrique du Nord, une fois que nous aurons éliminé, disait-il, les difficultés de nature subjective - c'est-à-dire savoir si les Africains du Nord et Subsahariens veulent réellement se fédérer, et les difficultés de nature objective, à savoir la nature égoïste de certains régimes politiques terrifiés à l'idée d'un État continental. Il a d’ailleurs participé au Colloque afro-arabe sur la libération et le développement de 1976 à Khartoum au Soudan et, en 1978, il évoque, dans son journal politique, les liens de parenté très anciens entre Arabe et Noir – le premier est un métis du second – et la « dynamique unitaire » qui doit prévaloir sur les préjugés hérités de l’Histoire : « J’ai montré dans « Nations nègres » et dans « Antériorité des civilisations noires », toute la parenté biologique et culturelle entre l’Arabe et l’Africain noir, parenté très ancienne qui remonte à la fin du Vème millénaire av. J.C. et au début du IVème siècle, à la naissance du monde sémitique. J'ai approfondi la même idée dans « Parenté génétique de l'égyptien pharaonique et des langues africaines », dans le cadre d'un chapitre intitulé « Processus de sémitisation ». Cette parente antérieure à l’Islam et qui rejette aujourd'hui à l'arrière-plan de la vie sociale tous les préjugés hérités de l'histoire des derniers siècles, réapparaîtra un jour au premier plan et est un facteur non négligeable dans une dynamique unitaire du continent. À ces raisons historiques s'ajoutent donc des raisons présentes qui tiennent à la nature complémentaire de nos économies dans la perspective d'un épuisement prochain des hydrocarbures terrestres. »
Réprouvant toute injustice, il a également appelé au soutien de tous les mouvements de libération dans le monde (Vietnam, Algérie, Guinée, etc.) en lutte contre l’impérialisme. Un soutien qui figure en bonne place dans le programme du Front National Sénégalais (FNS) de 1964 et dans celui du Rassemblement National Démocratique (RND) de 1976. Cheikh Anta Diop s’est aussi insurgé contre les tentatives de repli identitaire, ethnique, des uns pour l'exclusion politique des autres. Dans un entretien accordé en 1976 à Carlos Moore, il déplore toute instrumentalisation de l’ethnie à des fins politiques en Afrique : « Personnellement, dit-il, si on me donnait le choix d’organiser un parti politique selon des critères ethniques ou de rester complètement à l’écart de la politique, je n’hésiterais pas à choisir ce dernier. Partout où cela se fait en Afrique, je considère que c'est une erreur. Il est possible que certains pays en soient encore à ce stade. Cependant, j'espère que tout sera fait pour dépasser cette étape le plus rapidement possible car rien de positif ne peut en résulter. » Dans son ouvrage Antériorité des civilisations nègres, il insiste sur l’importance du « passage de la conscience tribale à la conscience nationale, partout où cela est nécessaire, en Afrique », et le 22 juin 1977, en conférence de presse, il se démarque de toute affiliation ethnocentriste et affirme, en sa qualité de Premier Secrétaire Général de son parti, que « le R.N.D. n'est pas le parti de telle ou telle communauté. C'est le parti des masses sénégalaises ».
En ce qui concerne la religion, certaines personnes qui se réclament de lui aujourd’hui, aux desseins obscurs et animées par un esprit de dissension, pervertissent ses propos et les utilisent pour dénigrer la foi d’honnêtes gens. Comme pour l’ethnie, Cheikh Anta Diop invite toujours au respect de la liberté religieuse et au dépassement des clivages pour se conformer au seul but qui doit unir : la libération du continent africain. Il considère la foi religieuse comme une question délicate car engageant la « personnalité entière » de l’individu. Au moment où les pays africains s’acheminaient, sans véritable élan unitaire, vers le recouvrement de leur liberté confisquée, il a appelé à une cessation de toute critique religieuse, génératrice de colère et de rancœur : « Tout Africain sérieux qui veut être efficace dans son pays à l'heure actuelle évitera de se livrer à des critiques religieuses ». Propos inscrits dans son livre Nations nègres et culture, où il indique également que son œuvre « ne fait aucune allusion à la véracité de la religion musulmane ou chrétienne » et qu’il serait malhonnête de le lire « avec l’intention secrète d’y trouver un seul mot permettant de le jeter en criant au blasphème ». De même, quand il invite à renouveler l’expérience menée par Alain René sur le christianisme, il précise que c’est « non dans un but critique ou de dénigrement, mais pour mieux mettre en évidence les racines égyptiennes des religions révélées, et du christianisme en particulier ».
Pour Diop, l’Afrique se fera avec tous ses enfants, qu’ils soient adhérents des religions dites révélées ou adeptes des croyances traditionnelles. En 1952, au moment où peu d’Africains avaient osé parler d’indépendance, il invite dans son article « Vers une idéologie politique africaine » tous les fils d’Afrique sans distinction de religion, « depuis le citadin…jusqu’au paysan, depuis le Musulman jusqu’au Chrétien en passant par les disciples des religions paléonigritiques », à réaliser l’indépendance véritable. Celle-ci revêt, selon lui, « un but sacré, même du point de vue religieux : lutter pour l’atteindre est conforme à l’enseignement du Coran, du Christianisme et au progrès de l’humanité ». C’est d’ailleurs dans un souci de respect des croyances, qu’il est marqué au point 7 du programme de son parti rédigé en 1976, l’importance de « garantir en particulier la liberté religieuse et interdire de l’État toute immixtion dans la vie intérieure des cultes ».
Ayant grandi dans un milieu pieux, ses relations avec les dignitaires religieux étaient empreintes de déférence. Au début des années 50, en marge de son initiative pour le reboisement, il rencontre quasiment tous les grands religieux du Sénégal. L’allocution pointue sur l’importance de l’environnement et sur les dangers de la sécheresse faite devant le khalife Serigne Babacar Sy de Tivaouane et ses fils, marque les esprits par le haut degré d’érudition démontré. Cheikh Anta Diop écrira plus tard dans son ouvrage l’Afrique noire précoloniale que le marabout Cheikh Tidiane Sy, présent à cette rencontre, est un des « plus versés dans le domaine des connaissances ». Il rend visite également au religieux Serigne Bassirou Mbacké, père de l’actuel khalife des Mourides, et mentionne qu’il est « selon toutes probabilités, le marabout le plus initié aux mouvements scientifiques modernes. Il ressortait de notre conversation de l'été 1950 que le domaine de la physique atomique ne lui est pas étranger. » Que dire de sa relation avec le marabout Cheikh Mbacké dont son fils-aîné porte le nom ? En plus d’être son cousin, ce dernier a été un soutien précieux, financier et moral dans les périodes de vaches maigres, notamment quand, du fait de ses activités politiques en France, on lui coupe sa bourse d’études. Lorsque Cheikh Mbacké quitte ce monde, le 11 mars 1978, le journal Taxaw du RND, lui rend un hommage vibrant. C’est également un Taxaw « ému » qui annonce les condoléances attristées de Cheikh Anta Diop et de ses partisans, lors du décès, le 6 août 1978, du « Guide spirituel » des Chrétiens, Paul VI. Diop était donc un humaniste respectueux des croyances et dont le maître mot était « unité », à tel point que le vocable wolof « Jàppoo » (se prendre par la main, être uni) figure dans la devise de son parti politique.
Son humanisme n’est cependant pas naïf. Son souhait, c’est de voir éclore, au-delà même de l’Afrique, « l’ère d’une humanité véritable », mais il sait intimement que certains États et individus malveillants cherchent constamment à « effacer » d’autres de la planète. Nous ne sommes pas encore, dit-il, à l’aube de la socialisation des consciences humaines à l’échelle de la planète, car « bien des forces obscures existent encore, très vigoureuses, il faudra encore longtemps compter avec elles. Plus que jamais il faut être vigilant ». Un minimum de précautions est donc nécessaire, « jusqu’à ce que tout le monde joue le même jeu ».
Ces forces obscures opèrent même sur le terrain religieux. Diop, en géopoliticien averti, invite les Africains à se méfier de ces États qui, sous le prétexte de la religion, cherchent en réalité, à être influents politiquement, culturellement et économiquement en Afrique. En 1955, dans son article « Alerte sous les tropiques », il met en garde contre ces « puissances » qui considèrent l’Afrique comme leur terrain d’expansion en ayant recours à la religion et à des intermédiaires religieux. Il s’agit pour les Africains de scruter clairement les intentions des uns et des autres et de mettre à nu les « ambitions expansionnistes masquées grotesquement sous un voile religieux ». Les événements lui donnent raison. Les rivalités religieuses et les logiques d’influence de beaucoup d’États se jouent aujourd’hui en Afrique.
Certains esprits non avertis tentent également de fossiliser la pensée de Cheikh Anta Diop en en faisant une sorte de nostalgie d’un passé figé à un stade semi-ethnographique. Il aurait appelé, disent-ils, à revivre le passé, à retourner même à la religion d’Osiris. Rien n’est plus éloigné de sa pensée. Il avait mis en garde contre ceux qui se satisfont béatement des réalisations de l’Égypte ancienne. Aux jeunes qui l’écoutent lors de la conférence de Niamey de 1984, il alerte contre la fausse compréhension qu’ils peuvent avoir de son œuvre. Tout ce qui tend à vous figer dans le passé est mauvais, leur dit-il. Mon attitude, répétait-il au cours de la conférence, n’est pas une attitude passéiste de quelqu’un qui se délecte du passé. Toute mon activité est tendue vers l’avenir. En mettant la référence sur le passé glorieux, Diop veut simplement indiquer la continuité historique de l’Afrique longtemps niée et l’importance du sentiment commun d'appartenance au même passé culturel et historique qui doit permettre d’assurer la cohésion des Africains. Une fois cet objectif atteint, il deviendrait difficile d’opposer les communautés les unes aux autres. Diop sait en effet que « sans la conscience historique les peuples ne peuvent pas être appelés à̀ de grandes destinées ». Il n’évoque donc le passé que pour mieux situer les Africains dans le futur et non pour les inviter à un retour vers des valeurs pétrifiées : « Loin d’être une délectation sur le passé, un regard vers l’Égypte antique est la meilleure façon de concevoir et bâtir notre futur culturel ».
Une des grandes leçons de l’Histoire, c’est qu’une civilisation qui ne considère que les parties mortes de son passé régresse. Le fait par exemple de ne pas avoir démocratisé le système traditionnel de transmission des connaissances par l’initiation, a été, nous dit Cheikh Anta Diop, une des causes de la régression de l’Égypte. Ce mode initiatique de transmission du savoir constituait à la longue un obstacle du fait qu’il n’était pas diffusé à l’échelle du peuple. C’est une « science gardée jalousement » constate Diop, et qui « n’a jamais pénétré profondément l’esprit du peuple qui recevait un enseignement exotérique ». La raison en est précisément que le savoir « était si précieux aux yeux du prêtre égyptien qu’il préférait le garder et l’étendre seulement à quelques individus privilégiés, plutôt que d’agir comme son disciple grec et de le répandre à l’échelle du peuple pour se faire un nom ». Le succès des Grecs a été de démocratiser le savoir en créant le Lycée et l’Académie. Mais, il n’en était pas toujours ainsi en Grèce antique. Historien des civilisations, Diop analyse la situation de cette partie du monde et observe que le fait de se replier sur des valeurs ancestrales déclinantes y a constitué un facteur bloquant à un moment donné. Il a fallu l’influence heureuse de l’Égypte ancienne pour que les Grecs bâtissent enfin un véritable État : « Le culte des ancêtres aidant, avant d’avoir subi l’influence méridionale, celle de l’Égypte en particulier, les Indo-Européens n’ont pu s’élever à la conception d’un État territorial, groupant plusieurs cités. Leurs croyances religieuses (culte des ancêtres) s’y opposaient. » La même analyse est faite pour l’Afrique noire. Diop constate qu’à un moment donné de l’histoire, les cultes ancestraux se sont sclérosés et ont perdu de leur dynamisme. Il a fallu l’apport d’éléments externes pour qu’un souffle nouveau jaillisse des esprits : « Les religions africaines, plus ou moins oubliées, se sclérosaient, se vidaient de leur contenu spirituel, de leur ancienne métaphysique profonde. Le fatras des formes vides qui en restaient n’était plus de taille à rivaliser avec l’islam sur le plan moral ou rationnel. C’est sur ce dernier plan de la rationalité que la victoire de l’Islam fut éclatante ». Cette libération de la rationalité s’est manifestée, remarque Diop, chez quelqu’un comme Dan Fodio : « Le besoin impérieux de rationalité reflété par les écrits de Dan Fodio était désormais mieux satisfait par l'Islam que par les cultes traditionnels agonisants ». Si cet apport extérieur a prohibé le culte des images, poussant certains, notamment au Soudan, à renier de grandes réalisations du passé, il a néanmoins conduit à des expérimentations nouvelles en mécanique et en thermodynamique notamment au Sénégal, au sein de l’École de Guédé où on « s’intéressa, écrit Diop, aux mathématiques, à la mécanique appliquée, à certains problèmes de thermodynamique (machine à vapeur) et surtout à la mesure exacte du temps, quel que soit l’état du ciel, cette dernière étant liée à la nécessité de prier à l’heure exacte. Cette école, dans les années 30, était en passe de créer un courant scientifique de la même qualité que celui de la Renaissance, à partir d’une documentation strictement arabe, sans influence directe de l’Europe. »
Toutefois, une imbrication des traditions est toujours à l’œuvre, qui débouche sur quelque chose d’inédit. Le monde invisible de l’islam, écrit-il, « se retrouve sous des formes différentes, dans les croyances de l’Africain, au point que celui-ci se sent tout à fait à l’aise dans l’Islam. Certains, même, n’ont pas l’impression d’avoir changé d’horizon métaphysique. » Cette imbrication de traditions confère un sentiment de continuité historique. Ainsi, pour l’Africain de l’empire du Mali ou celui d’Axoum, qui a su bien adapter les apports extérieurs, islam et christianisme ne sont pas vécus comme des éléments exogènes. Africanisées, ces croyances sont intégrées au substrat culturel. Diop le perçoit bien lorsqu’il analyse la situation de l’islam dans les empires médiévaux africains : « Bien avant la colonisation, l’Afrique Noire avait donc accédé à la civilisation. On peut rétorquer que ces foyers de civilisation, pour la plupart, étaient influencés par l’Islam et que ceci n’a rien d’original, de spécifiquement africain. Tous les développements qui précèdent permettent de faire la part des choses. Au surplus l’accent a déjà été mis sur le fait que l’Europe chrétienne n’était pas, à l’époque, plus originale que l’Afrique Noire musulmane ; le latin est resté, jusqu’au XIXe siècle, la langue de la science. »
S’il en est ainsi, c’est que l’historien des civilisations, conscient de l’évolution des choses, sait que le monde est un lieu de production constante de la nouveauté. C’est une réalité continue qui révèle les potentialités des choses. Il est ouvert et est doté d’un caractère créateur. Tout donc n’est pas déjà donné et le futur n’est pas quelque chose de fixé. Il est au contraire libre possibilité. Dans un monde clos, pétrifié, il n’y a pas de place pour la nouveauté et l’initiative : « La nature, écrit Diop, ne passe jamais deux fois par le même point dans son évolution...La nature ne revient pas en arrière pour créer deux fois ou trois fois l’homme ». Elle crée toujours du nouveau. De même, un peuple va de l’avant par intégration d’éléments nouveaux qu’il adapte et qui consolident son être. Pour Cheikh Anta Diop, la fidélité au passé ne consiste pas à reproduire les mêmes choses continuellement et cycliquement, mais à créer des nouvelles, adaptées aux circonstances du moment. Le modernisme, c’est l’intégration d’éléments nouveaux pour, dit-il, « se mettre au niveau des autres peuples, mais qui dit « Intégration d’éléments nouveaux » suppose un milieu intégrant lequel est la société reposant sur un passé, non pas sur sa partie morte, mais sur la partie vivante et forte d’un passé suffisamment étudié pour que tout peuple puisse se reconnaître. » Diop donne l'exemple du bicaméralisme instauré par le royaume de Dahomey et dans lequel femmes et hommes étaient dotés de pouvoirs politiques dans une saine complémentarité. Il nous dit que la seule manière pour nous d'être fidèles à cette tradition, c'est de la restaurer sous des formes nouvelles. La fidélité donc pour lui ne consiste ni à imiter ni à reproduire la même chose, mais à la recomposer en une forme nouvelle, car, écrit-il, en « restaurant [le bicaméralisme] sous une forme moderne, nous restons fidèles au passé démocratique et profondément humain de nos aïeux ». En clair : être fidèle aux ancêtres, c’est créer du nouveau.
Évidemment, une telle conception suppose un monde dynamique et ouvert qui fait du temps un élément très important. S’il apporte la mort (les civilisations meurent, la régression historique est une réalité), le temps est aussi source de création. Il révèle les possibilités cachées de toutes choses. Le temps est le grand créateur, le grand constructeur. Il est indispensable à la réalisation de toutes choses. Aucune croyance ne doit nous ankyloser dans le temps. Diop affirme que l’Africain qui l’a vraiment compris devient un vrai créateur, un Prométhée conscient de son héritage, un acteur porté vers le futur et qui comprend qu’« on ne saurait échapper aux nécessités du moment historique auquel on appartient ». Ce besoin de nouveauté fait que Diop utilise tout au long de sa production intellectuelle des termes et expressions tels que « adapté aux circonstances », « recréer », « rénover », « mieux adapté », « révolution culturelle », « civilisation nouvelle », « rénovation culturelle », etc. Même lorsqu’il propose de donner, légitimement, à des fins de « coexistence pacifique dans le domaine délicat de la religion », les mêmes « armes aux tenants de la religion ancestrale », au cas où les autres grandes religions se transformeraient en volonté d’orientalisation et d’occidentalisation définitive du continent africain, il ajoute aussitôt après que les prêtres doivent toutefois s’employer à créer une « liturgie mieux adaptée » et procéder à un « approfondissement » du dogme ancestral. Il ne demande jamais de reprendre telle quelle une pratique héritée du passé. Diop est contre tout immobilisme car il sait que l’être humain est capable de métamorphoses. À ceux qui seraient tentés de croire que les valeurs même reçues de l’extérieur ont tout apporté une fois pour toutes, il répond que nous ne sommes nullement condamnés à demeurer dans notre état actuel. Interrogé sur l’islam au Sénégal en 1978 dans le magazine Afrique Asie (numéro 155), il affirme que cette religion « est une force qui n'a pas fini de développer toutes ses virtualités, en Afrique noire surtout ». Diop sait en effet qu’en notre sein dorment des potentialités insoupçonnées qui attendent d'être réalisées. Il faut « réveiller le colosse qui dort dans la conscience de chaque Africain ». Les Africains, martelait-il, « doivent sortir de la léthargie, de la somnolence intellectuelle ». Le temps permet à l’homme d’atteindre « son niveau humain véritable, spécifique » en le poussant à réaliser « toutes les possibilités qu’il porte en lui ». À l'échelle des peuples, le temps permet d'effectuer un « saut qualitatif » au cours de l’Histoire. Dès qu’un peuple se libère de ses chaînes, il s'ouvre à une ère de libération. Les pesanteurs ont ceci de particulier quelles instaurent « un manque de confiance en soi et en ses propres possibilités ».
Diop n’invite donc pas au statisme. Il se projette constamment dans le futur quand il analyse la situation africaine dans le domaine des croyances, de l’économie, de la géopolitique, de la recherche scientifique, de l’alimentation, etc. « Faisons une projection dans le proche avenir et demandons-nous quelle sera la physionomie énergétique du monde, dans 30 à 40 ans, aux confins des années 2010 à 2020 », s’interrogeait-il en 1985 pour entrevoir toutes les possibilités à prendre en compte dans domaine de l’énergie. L’Afrique, disait-il, « peut redevenir un centre d’initiatives et de décisions scientifiques au lieu de croire qu’elle est abandonnée à rester l’appendice, le champ d’expansion économique des pays développés ». Il ne propose donc pas une pensée fossilisée, pétrifiée, qui ne fait pas de place à la nouveauté. C’est une pensée vivante, antiraciste, respectueuse de la liberté religieuse, de la coexistence pacifique entre les croyances et qui tient compte de l’évolution des choses. Ses écrits sont traversés de part en part par une tension constante vers le futur. L’Africain qui l’a compris est celui qui est certes « conscient de ce que la terre entière doit à son génie ancestral », mais qui, ayant puisé dans l’héritage intellectuel commun de l’humanité en ne se laissant guider que par les notions d’utilité et d’efficacité, est tendu vers le futur, devient créateur et se retrouve « porteur d'une nouvelle civilisation ». Il existe deux philosophies politiques, ne cessait-il de rappeler, « il y a les peuples ancrés, vautrés dans le présent, le moment fugitif, et les peuples tendus vers le futur pour lesquels tout instant présent est déjà tombé dans le passé. Ceux-ci ont toujours dominé ceux-là dans les temps modernes. Il est temps de vivre le futur pour mieux organiser le présent ».
THIOURAYE OU LA POLLUTION DOMICILIAIRE
Selon Pape S Agne, ces composés organiques volatils (COV) sont constitués d’irritants pour les muqueuses exposées (œil, nez et bronches) et de stimulants pour le système immunitaire
Dakar, 12 oct (APS) - Le thiouraye, encens mêlé à du parfum que les femmes sénégalaises utilisent pour la désodorisation des habitations, fait partie intégrante de "la pollution intradomiciliaire", qui n’est pas sans conséquences sur la santé, souligne le médecin pneumologue allergologue et urgentiste, Pape Samba Agne.
"D’une manière générale, le Thiouraye est fait de matières végétales et de produits chimiques divers, surtout des parfums. Le mélange est gardé dans des pots hermétiques pendant des périodes plus ou moins longues. C’est ce produit fini qui est mis dans une braise. Il dégage de la fumée pour donner une odeur agréable’’, avance-t-il dans un entretien avec l’APS.
"Parfois, on ouvre seulement le pot de thiouraye pour qu’il dégage cette odeur sans combustion. Ces produits végétaux et chimiques sont des composés organiques volatils (particules organiques qui sont dans l’atmosphère) et sont à l’origine d’une pollution intradomiciliaire", ajoute docteur Agne.
Selon ce médecin en service au Centre hospitalier national universitaire (CHNU) de Fann, ces composés organiques volatils (COV) sont constitués d’irritants pour les muqueuses exposées (œil, nez et bronches) et de stimulants pour le système immunitaire.
Par conséquent, "ils peuvent conduire à des réactions d’irritation comme des yeux qui piquent, des éternuements, des toux et même des difficultés respiratoires et peuvent aussi provoquer ou entretenir des réactions allergiques", indique l’allergologue.
"Les désordres respiratoires dans la poitrine, en fait de la toux et de l’asthme, sont certainement plus graves que les gênes dans les yeux et le nez. Pourtant, la plupart des utilisateurs d’encens sont plus conscients de la gêne dans les yeux et le nez que celle dans la poitrine", observe le médecin sénégalais.
Il souligne par ailleurs que certaines personnes réalisent une combustion de l’encens enveloppé dans du papier aluminium pour diffuser l’odeur de l’encens sans la fumée. Mais ces personnes diffusent toujours des composés organiques volatils parce que "contrairement à ce que beaucoup pensent, ces COV ne proviennent pas de la fumée de l’encens, mais de l’encens lui-même".
Le pneumologue rappelle que ces particules rendent plus difficiles les traitements pour les personnes déjà atteintes de maladies respiratoires comme l’asthme, "la première chose à faire dans ce cas, c’est d’éliminer tout ça de son environnement pour que le traitement soit plus efficace", conseille-t-il.
Interpellé sur la différence qu’il pourrait y avoir entre un consommateur de cigarette et un utilisateur d’encens, Pape Samba Agne souligne que dans la cigarette, il y a près de 4000 composés différents dont certains sont cancérigènes.
Pour l’encens, c’est relativement contesté. Il précise que "ce n’est pas établi avec certitude que l’encens est cancérigène mais il est certain que l’encens contient des produits potentiellement cancérigènes".
Docteur Agne note par ailleurs que la fumée de tabac entraine la BPCO (Broncho-pneumopathie chronique obstructive), autrement qualifiée de "maladie du fumeur".
Or, "aujourd’hui on trouve au Sénégal de plus en plus de femmes qui ont une BPCO sans avoir fumé. L’encens n’est pas à exclure comme l’une des causes. En réalité, la BPCO n’est pas une maladie des fumeurs, c’est une maladie liée à l’exposition à des fumées", constate le pneumologue.
LE THIOURAYE, UN PRODUIT DE SÉDUCTION QUI RÉSISTE AU TEMPS
Les codes sociaux auxquels le thiouraye fait référence renvoient tous à la meilleure manière de garder son homme à la maison, de l’amener à se sentir mieux chez lui qu’ailleurs, en l’enivrant de senteurs aussi renouvelées que douces.
Dakar, 12 oct (APS) - Le thiouraye, mélange artisanal détonant d’encens et de parfum valorisé comme désodorisant par un certain art de vivre sénégalais, s’est imposé aux femmes sénégalaises comme un incontournable produit de séduction, malgré certaines prescriptions médicales modernes difficilement réconciliables avec la force de l’imaginaire qui attache bien d’autres vertus à ce produit.
Pour la bonne tenue des maisons et des ménages, le thiouraye est tout ce qu’il y a de plus indiqué au Sénégal, au point de devenir un produit indispensable à la magie de certains couples, qui en abusent.
Les codes sociaux auxquels le thiouraye fait référence renvoient tous à la meilleure manière de garder son homme à la maison, de l’amener à se sentir mieux chez lui qu’ailleurs, en l’enivrant de senteurs aussi renouvelées que douces. Rien de plus facile pour ferrer les hommes sénégalais qui s’y abandonnent volontiers.
Dimension de l’intimité obligeant, les provisions de thiouraye se renouvellent surtout dans les coins les plus secrets de quelques marchés spécialisés, à Dakar comme dans les autres régions du pays.
Un jour comme un autre au marché HLM, à Dakar. Un cadre et des habitudes qui ne changent presque pas ou très peu : même affluence incroyable, même ambiance de carnaval, des journées devenues complètement folles à vouloir débusquer – au meilleur prix de préférence - le dernier produit à la mode, le tissu rare, la vaisselle d’exception et le thiouraye le plus enivrant qui soit pour son mari.
Il n’est pas rare, en ces lieux, que des commerçants se mettent à démarcher de potentiels clients en allant à leur rencontre dans les étroits couloirs de cette place forte du commerce informel. La concurrence, parfois impitoyable dans le commerce informel, oblige parfois à se démener pour s’assurer de bonnes recettes en fin de journée.
Mais pour les vendeurs d’encens, point besoin de tels stratagèmes. La bonne odeur du thiouraye suffit à sa publicité, dans un domaine où les commerçants peuvent en plus compter sur une clientèle avertie et fidélisée.
"On fait exprès de brûler du thiouraye juste devant la boutique, pour que l’odeur nous apporte des clients autres que les habitués", confirme Abdoulaye Thiouraye, un commerçant surnommé ainsi par ses voisins, en tout cas un sobriquet qui suffit à lui seul comme carte de visite.
De carte de visite, Abdoulaye Thiouraye n’en a pas besoin en fait. Il n’y a qu’à le voir entouré de ses nombreux clients, distribuant des salamalecs à tout-va, devisant avec les uns, se mettant aux services des autres en leur faisant découvrir des senteurs nouvelles. Il est sollicité à hauteur de sa réputation. Submergé même.
Il ne peut donc répondre qu’à demi-mot à un curieux reporter, en lui expliquant par exemple que la saison des pluies et les périodes de froid sont des périodes pendant lesquelles il se trouve fortement félicité pour ses produits.
Bara, son jeune frère, isolé dans un coin de la boutique, le temps de faire quelques miracles en mélanges détonants de grains de thiouraye et de parfums, répond présent à sa place, bien meilleur client pour discuter de ce produit bien magique pour la vie de certains couples.
"On achète séparément les grains et les parfums pour ensuite les mélanger, mais il faut avoir le bon flair pour arriver à un bon mélange. C’est ce qui fait la différence, chaque vendeur de thiouraye gardant pour lui seul ses secret et astuces", dit-il sans arrêter de faire son mélange. ‘’Des noms hors du commun’’
Autour de lui, de part et d’autre, des pots remplis de toutes sortes d’encens multicolores. Une odeur et une appellation différentes, pour chaque pot de thiouraye. Du "Mbaxalu Deum", du "Gowé", du "Sable de Médine", de la "Drogue", de l’"Orange Money", et ainsi de suite.
De l’ingéniosité langagière au service de l’équilibre des couples, bien plus en réalité que tout ce que le divan propose en termes de thérapie et de coaching matrimonial, hommes et femmes adhérant à un univers sensuel et sensualisé, tant pis si le trait est parfois trop tiré, tant que ça fait raccorder au bonheur.
Abdoulaye Thiouraye intervient. "Les Sénégalaises ont l’habitude de donner au thiouraye des noms hors du commun", commente-t-il dans un sourire. "Ces noms sont plus là pour séduire que pour autre chose", lance-t-il en précisant que sa clientèle est essentiellement féminine.
"Il est rare que des hommes viennent nous acheter du thiouraye, on ne voit que des femmes ici", dit-il, avant de se remettre au service de sa clientèle. Mais il suffit qu’il dise cela pour que, quelques minutes plus tard, un homme en costume fasse son entrée dans la boutique.
Des clés dans une main, un téléphone dans l’autre, le nouvel arrivant tente de passer un appel vidéo. Abdoulaye Thiouraye va à sa rencontre. L’homme lui passe sa femme au téléphone : une cliente d’Abdoulaye Thiouraye, qui se sert de son mari pour faire provision de thiouraye. L’épouse lui donne des indications, le mari choisit et renifle le produit avant de régler.
A la question de savoir si c’est sa femme qui l’envoie acheter du thiouraye, il répond en souriant : "Elle ne m’envoie pas, c’est trop dire. Je sortais, et elle m’a demandé de chercher du thiouraye pour elle." Une scène qui a au moins l’avantage de renseigner sur la pleine participation de certains hommes à cet univers de séduction.
C’est que même pour ceux qui préfèrent garder l’anonymat, le thiouraye contribue à la bonne ambiance à la maison : "J’aime bien le thiouraye parce que non seulement ça dégage de la bonne odeur, mais aussi parce que ça donne une bonne image quand on a des visiteurs, et je trouve que c’est important."
Le même homme, qui requiert l’anonymat, de préciser que le hic, c’est que la fumée du thiouraye le dérange. Mais il s’empresse d’ajouter : "Ma femme le sait, et elle utilise des appareils électriques, englobe le thiouraye avec de l’aluminium. Ainsi on a l’odeur sans la fumée."
Une technique utilisée également par Mariam Dramé, "une cliente fidèle" d’Abdoulaye Thiouraye : "J’achète très souvent du Thiouraye ici. Quand on est femme, on a besoin de ça pour alimenter son foyer parce que ça rend les hommes heureux. Nous les Sénégalaises, on est très jongué" (coquettes, versées dans la séduction), dit-elle entre deux rires.
A cause de la sinusite de son mari, Mariam se trouve des astuces pour profiter des bonnes senteurs du thiouraye sans la fumée. "Je prends le charbon de Dubaï sur lequel je mets du papier d’aluminium, ensuite je fais brûler le thiouraye dessus comme ça, ça ne fume pas et on profite de la bonne odeur", dit-elle avant de prendre congé.
A quelques mètres de chez Abdoulaye Thiouraye, "Porokhane Thiouraye" offre le même univers de bonnes senteurs.
Ici, la bonne odeur qui se dégage des pots de thiouraye fait plonger subrepticement dans un environnement de spiritualité, avec des récitations de khassaïdes (textes coraniques) qui se font entendre en boucle, une allusion à ces poèmes écrits par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), le fondateur du mouridisme, l’une des principales confréries musulmanes sénégalaises.
Ibrahima Guèye, le maître des lieux, ne semble pas avoir de temps à perdre pour un entretien. Sa boutique est prise d’assaut par des femmes qui demandent son avis concernant tel ou tel encens.
"Les femmes sont très régulières ici, surtout pendant cette période. Elles utilisent souvent les Thiouraye pour faire plaisir à leur mari ou pour obtenir quelque chose d’eux", dit-il quand il a eu un peu de répit.
Il ajoute que le thiouraye ne sert pas qu’à faire plaisir aux hommes. "Les marabouts demandent souvent aux femmes de trouver du thiouraye. Certains d’entre eux nous demandent des thiouraye dont on n’a jamais entendu parler", souligne Ibrahima Guèye.
C’est dire si le thiouraye a des vertus insoupçonnées. "Chaque bois a son secret et sa spécificité. Il y a des thiouraye qui favorisent la chance, d’autres qui servent à soigner des maladies, à conjurer le mauvais œil et à se protéger de ses ennemis", révèle Aïcha, une vendeuse de thiouraye.
Elle donne l’exemple du "Santal", un thiouraye qui sert, selon elle, à éloigner les mauvais esprits. "Quand on brûle du ‘Santal’ dans la maison, c’est comme si on avait récité des versets coraniques, ça protège beaucoup", assure-t-elle. ‘’Bonne ambiance’’
Mais Aïcha ne peut s’empêcher de revenir sur l’essentiel, les vertus du thiouraye pour la bonne tenue des ménages. "Une femme a besoin de la bonne odeur pour tenir bien son couple, et le thiouraye sert à ça", soutient-elle.
Ndèye Khady Soumaré, coach en séduction et fondatrice du cabinet Kira Coaching, confirme toute la place du thiouraye dans l’arsenal de séduction des femmes sénégalaises.
Surtout, analyse-t-elle, le thiouraye est aussi utilisé par les femmes comme un code pour faire passer des messages à l’endroit de son conjoint.
"Le thiouraye est l’un des éléments de la séduction sénégalaise au même titre que les ‘bine-bine’ (perles, NDLR), les petits pagnes, les nuisettes. Il se démarque de ces autres outils par la bonne odeur qu’il dégage et la bonne ambiance qu’il installe dans un ménage", explique Mme Soumaré.
Mieux, le thiouraye "est un code" que peuvent utiliser les femmes pour parler de leurs envies sans avoir à ouvrir la bouche.
Les personnes qui en sont à ce niveau "ont créé un code de langage avec leurs hommes", suivant lequel une odeur particulière par exemple est dédiée à des moments intimes, explique Ndèye Khady Soumaré, active dans le coaching depuis 2009.
"C’est donc tout à fait normal que l’homme s’attende à un signe de la part de sa femme quand il sent cette odeur particulière. C’est un code qui varie d’un couple à un autre", analyse-t-elle, ajoutant que la bonne odeur apportant souvent la bonne humeur, "les femmes utilisent le thiouraye pour se mettre en valeur autant de l’extérieur que dans l’intimité, et ainsi faire plaisir à leur mari".
"C’est d’ailleurs l’un des aspects de l’art d’être ‘jongué’", c’est-à-dire coquette, "savoir être attirante en développant de petites choses qui passent par le langage, la vaisselle, les repas… C’est aimer faire plaisir à son homme, être généreuse et courtoise", résume la coach en séduction.
Une équivoque à lever : "On peut bien être ‘jongué’ sans être une femme soumise. La soumission, c’est le fait d’exécuter les ordres du conjoint", se conformer à ses désirs et caprices, "ce qui est très différent de lui faire plaisir", précise Ndèye Khady Soumaré.
La coach en séduction considère que la séduction occupe "une place très importante dans un couple". Il est à son avis d’autant plus "important de continuer à séduire son ou sa partenaire même une fois mariés, parce que la séduction n’est pas temporaire, c’est quelque chose de permanent, c’est pour toute la durée du mariage".
"Toute personne qui a l’habitude de contempler le beau a envie que cela dure. Si vous ne le faites plus", le conjoint "ira voir ailleurs", prévient-elle.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LES ÉVADÉS
EXCLUSIF SENEPLUS - Être jeune au Sénégal, c’est subir toutes sortes de frustrations. Se trouver au centre d'une compétition sociale négative - La société sénégalaise neutralise le tempérament créatif et singulier de la jeunesse - NOTES DE TERRAIN
L’information est passée presque inaperçue. Comme une évidence. Comme le ciel est bleu et comme les étoiles brillent la nuit. Plusieurs personnes ont été interceptées par la marine sénégalaise. Des jeunes, des mineurs. Des hommes et des femmes. Ils tentaient de quitter le Sénégal. À bord de deux pirogues de pêche, ils voulaient rallier l’Espagne. Ils étaient 186, entassés dans deux barques. Le communiqué laconique de la Direction de l’information et des relations publiques de l’armée (Dirpa), a été repris par quelques médias, sans susciter le débat. Des compatriotes qui tentent de gagner l’Europe, au prix d'une traversée insensée, ce n’est plus vraiment une surprise.
Ces dernières années, il y a eu moins de candidats à l’immigration. Les côtes sénégalaises sont plus contrôlées. L’Europe, avec l’agence Frontex surveille, jusque dans nos frontières, les probables embarcations de migrants. Elle sous-traite même sa politique migratoire, à des pays africains. Ce qui a permis de baisser de 6 % le nombre de traversées irrégulières en 2019. Mais les tentatives, pour rallier « l’eldorado européen » continuent. Elles ne cesseront pas. Les Etats africains n’y peuvent rien. Pour justifier ces rêves fous d’un paradis chimérique, le sens commun évoque deux raisons. La pauvreté et l’absence de perspectives dans nos pays - ce qui incrimine nos dirigeants. Ou l’irresponsabilité de ces jeunes qui vont affronter les vagues de l’océan, et souvent l’esclavage dans les pays arabes.
C'est vrai, qu'il faut être un peu déraisonnable, pour dépenser des millions, et risquer sa vie. J’ai un ami qui a tenté le voyage, par la mer. Il m’a raconté les peurs qui l’ont accompagné durant son périple. Les vagues énormes, qui se soulèvent la nuit. Le mal de mer. Les crises d’angoisse de certains passagers. La mort, qui rôde, qui essouffle le cœur et la tête. Les prières que l’on ne parvient même plus à prononcer, lorsque la barque est au milieu de nulle part. Il m’a dit, qu’il a beaucoup pleuré. Sa souffrance a duré plusieurs jours. Son voyage était irréfléchi, m'a-t-il confié. Par contre, il a rencontré des gars qui étaient à leur énième essai. Qui ne reculeraient devant rien pour s'échouer en Europe.
L’immigration est une chose naturelle. L’exploration est une nécessité que rien ne peut contenir. Ni les barricades, ni les armées aux frontières. L’humanité a un besoin irrésistible d’aller regarder ce qu’il ne peut pas observer dans son propre environnement. De conquérir les terres lointaines. De contempler la beauté, infinie, du monde. Tout cela est profondément inscrit dans nos gènes. L’Homme est un être qui aspire à voir tous les horizons. Qui a développé la capacité de toujours changer d’imaginaires. D’aller au-delà de ce qu’il perçoit et voit. D’investir le hors-champ. L’Homme est ivre de nouveautés et de rencontres. Ainsi, partir loin, partir ailleurs est une chose tout à fait normale. Comme toutes les jeunesses du monde, la jeunesse africaine ne saurait accepter l’enfermement. Elle a le droit de prendre le large. De découvrir d’autres contrées, d’autres peuples, d’autres saisons. C’est très sain.
Bien sûr, beaucoup d’hommes et de femmes quittent leur patrie, pour fuir la misère et la guerre. Chez lui, le jeune Sud-soudanais a très peu de perspectives d’avenir. Et l’adolescent, de Gao, de Kidal et de Tombouctou est privé de certains de ses droits fondamentaux. Les deux vivent dans des endroits hantés par les conflits. Des hommes, cyniques, obsédés par le pouvoir et la haine, volent leur bonheur. Que reste-t-il à faire, là où il n’y a presque plus aucune émulation, où l'on vit dans une prison à ciel ouvert ? Peut-être s'en aller. Contre vents et marées, affronter le désert et la mer. Au moins, quand on part, par chance, on peut rencontrer des lumières avantageuses.
Mais pourquoi un jeune homme, habitant de Dakar, décide de se jeter à la mer, alors qu’il mange à sa faim, et qu’il n’a jamais entendu le bruit d’une arme ? Ce n’est pas seulement une affaire de misère et d’irresponsabilité. Mon ami, qui a tenté l’aventure, n’est pas pauvre. Il est issu de la petite bourgeoisie sénégalaise, de parents qui sont à l’abri du besoin. Il n’est pas soutien de famille. Il a fait des études universitaires. Il a un capital culturel et économique, plus élevé que la majorité de ses compatriotes. Pourtant, il a décidé de rallier l’Espagne au prix d'un voyage périlleux. S'il a voulu risquer sa vie, ce n'est pas, non plus, parce qu'il fait mieux vivre à Bruxelles, à New York, à Amsterdam, à Biarritz ou à Stockholm. Même si les lampions de la modernité y sont plus éclatants.
Beaucoup de jeunes veulent partir du pays. Selon une enquête de l’Institut fondamental d’Afrique noire, 75 % des jeunes, du Sénégal, souhaitent le quitter. Un jour, un jeune de mon quartier m’a dit : « Si j’avais l’opportunité d’aller en Europe, je ne reviendrai jamais. Je dégueulerai même tout ce que je porte, en moi, du Sénégal. » Lui, non plus, n’est pas au seuil de la misère. Mais il rêve d’une ouverture pour s’en aller. Cela ne veut pas dire qu’il n’aime pas son pays. Ses propos outrageants expriment juste un mal-être. C’est que son bonheur, ses possibilités de choix et d’actions sont limités, au Sénégal. Au-delà de la puvreté, il y a une dimension affective, dans le désir d’exode.
Notre société est encore traditionnelle. Elle impose à sa jeunesse des valeurs liberticides. Les jeunes tentés par l’immigration défient, inconsciemment, une morale excessivement répressive. Être jeune au Sénégal, c’est subir toutes sortes de frustrations. C'est se trouver au centre d'une compétition sociale négative - noon, nawle. Où les ennemis sont partout. Où il faut, tout le temps, montrer patte blanche, car l'oeil social n'est jamais loin. Cette pression sur les jeunes est invivable. La société sénégalaise neutralise le tempérament créatif et singulier de la jeunesse. Comment ne pas rêver de partir, lorsque l'on grandit dans cet environnement ? Pour les jeunes, l’océan et le désert sont des fenêtres, qui soulagent les insatisfactions. Et l’exil agit comme une objection de conscience.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
YOUSSOU NDOUR, DE LA MÉDINA À L'ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE DE SUÈDE
Le chanteur et compositeur sénégalais entre à la prestigieuse Académie royale de Suède, selon l'institution qui annonce l'arrivée de neuf nouveaux membres, quatre suédois et cinq étrangers
Le chanteur et compositeur sénégalais Youssou N'Dour entre à la prestigieuse Académie royale de Suède, selon l'institution qui annonce l'arrivée de neuf nouveaux membres, quatre suédois et cinq étrangers.
La star de la musique sénégalaise s'est réjoui de la nouvelle sur sa page Facebook.
"On ne peut pas mesurer son importance en tant qu'innovateur de la musique ouest-africaine. S'inspirant de la musique traditionnelle, il a développé et créé une forme de musique contemporaine avancée avec le "Super Etoile de Dakar", indique l'Académie royale de musique de Suède sur son site internet.
Quatre membres suédois et cinq membres étrangers ont été élus lors de la dernière réunion de l'académie. Les nouveaux membres suédois sont Johannes Landgren, organiste et professeur d'orgue, Lina Nyberg, chanteuse de jazz et compositrice, Staffan Storm, compositeur et Joakim Svenheden, violoniste.
L'auteure parle de cet habitat qu’est pour elle la langue biologique, du village au Sénégal. Parcours hors norme de celle qui est allée à l’école des Blancs, mais plus sûrement à l’école des autres, jusqu’à se perdre dans sa quête de soi
C’était pas prévu, mais c’était couru d’avance, nous devions la croquer, la disséquer, l’enchanter En Sol Majeur. Grâce au Festival VO-VF Traduire le monde qui lui offre une carte blanche, Ken Bugul est de passage à Paris.
Sa carte d’embarquement encore dans la poche, elle le hurle et l’écrit depuis 7 décennies : Chez moi m’a manqué toute ma vie. Et oui son écriture - sorte de hurlement lumineux- se déploie dans sa trilogie biographique (Le Baobab fou, Cendres et braises et Riwan ou le chemin de sable, Grand Prix littéraire d’Afrique noire 1999). Sa trilogie sous le pagne ou dans le perfecto, allez savoir, cet auteur Présence Africaine vient nous parler de cet habitat qu’est pour elle la langue biologique, du village au Sénégal. Parcours hors norme pour celle qui est allée à l’école des Blancs, mais plus sûrement à l’école des autres, jusqu’à se perdre dans sa quête de soi. Ken Bugul, le cheveu argenté, reste cet enfant jouant dans le sable de Ndoucoumane, qui cherche quelque chose... en écrivant.
Objet de polémique, le monument de la Renaissance africaine, ouvrage en bronze si cher à l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, commence à prendre des rides 10 ans après son installation
Objet de polémique, le monument de la Renaissance africaine, ouvrage en bronze si cher à l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, commence à prendre des rides 10 ans après son installation. Une vieillesse précoce pour ces colosses à qui l'on prédisait une espérance de vie de 1.200 ans.
L’érosion marine et "l’abandon" par un régime qui n’en veut pas détériorent la belle image que devaient offrir au monde entier ces statues en cuivre et en bronze surplombant la capitale sénégalaise.
L’homme (aux 100 tonnes de bronze et cuivre) et son doigt tendu vers le futur, la femme (70 tonnes) et l’enfant (20 tonnes), qui représentent le continent noir émergeant du sous-développement, ont perdu leur esthétique d’avril 2010, année d’inauguration en grande pompe de ce groupe monumental. C'est à la veille de la fête d’indépendance du Sénégal, on s'en souvient, que le président de la République d'alors, Abdoulaye Wade, avait inauguré ce monument, en compagnie de 19 dirigeants africains. Cinq ans plus tard, le vert-de-gris, signe d'oxydation, ronge petit à petit, comme un cancer, le métal de ce monument de 52 mètres haut qui domine Dakar.
La peinture chocolatée de son piédestal se détache, laissant paraître à plusieurs endroits l’effet de l’érosion marine sur cette construction de 12 milliards de FCFA. Si l’entretien des objets se trouvant à l’intérieur est quotidien, celui de ces géants pose problème.
"Entretenir les statues nous coûte extrêmement cher. C’est la raison pour laquelle, l'entretien ne se fait que tous les cinq ans. Peut-être que cette année-ci, ça va se faire, ou au plus tard l’an prochain", explique Mamadou qui servait de guide aux visiteurs, mais qui n’est aujourd’hui qu’un gardien des lieux, malgré lui, en raison de la rareté des touristes.
"En attendant, c’est la pluie qui va faire son œuvre de nettoyage", poursuit-il. Selon lui, le cuivre est le métal qui résiste le mieux à l’érosion marine, c'est pourquoi les constructeurs nord-coréens l'ont choisi avec du bronze.
Il faut de l'énergie pour gravir les escaliers en marbre gris qui mène au parvis du plus haut monument de Dakar. Un vrai parcours sportif pour les plus courageux. Aujourd'hui, c'est le cas d'un Européen, en tenue noire assortie à des lunettes, qui y fait son jogging malgré l’interdiction de rassemblement qui frappe le lieu depuis l’apparition du coronavirus au Sénégal.
LA MUSIQUE DE NOUVEAU AUTORISÉE DANS LES RESTAURANTS BARS ET HÔTELS
Le chef de l’exécutif régional a notamment officialisé cette mesure par un arrêté rendu public le même jour. La pratique de ces activités avait été suspendue à partir du 6 août dernier.
Dakar, 10 oct (APS) – Le gouverneur de Dakar, Al Hassan Sall, a levé samedi la mesure de suspension de la pratique de la musique, des chants et danses dans les hôtels, auberges, salons de thé et café dans la région, a appris l’APS de source officielle.
Le chef de l’exécutif régional a notamment officialisé cette mesure par un arrêté rendu public le même jour. La pratique de ces activités avait été suspendue à partir du 6 août dernier.
‘’La mesure de suspension des autorisations de faire de la musique, des chants et danses dans les débits de boissons, prescrite par arrêté N°086/GRD du 6août 2020, est levée pour les hôtels, auberges, restaurants, salons de thé et de cafés’’, rapporte le document dont l’APS a reçu une copie.
Le gouverneur exhorte dans le même temps les responsables des établissements concernés de faire respecter les mesures barrières édictées dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19.
Les préfets des départements de Dakar, Guédiawaye, Pikine et Rufisque, le commissaire central de Dakar, chef de service régional de la sécurité publique et le commandeur de la légion ouest de la gendarmerie sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté.
Le Collectif des acteurs de la musique avait récemment élevé la voix pour réclamer la reprise de leurs activités. Une rencontre avait déjà été initiée avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale le mois dernier.