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24 novembre 2024
Culture
AMADOU BA, LA FORTUNE QUI INTRIGUE
Alors que certains l'accusent d'être un "milliardaire", le candidat de BBY réfute ces allégations et affirme que sa richesse provient de ses hautes fonctions dans l'administration sénégalaise. Plongée dans les origines présumées de sa richesse
Le Quotidien publie ici la partie du livre que Madiambal Diagne consacre à la fortune réelle ou supposée du Premier ministre et candidat de la Coalition Bby à la prochaine présidentielle. Interrogé sur ce sujet par un journaliste lors de la présentation du livre, l’auteur a botté en touche, préférant laisser à chaque lecteur le loisir de se faire une idée. Mais le chapitre donne suffisamment d’indications factuelles pour les curieux.
Amadou Ba passe pour être riche. On s’étonne qu’un haut fonctionnaire puisse être «milliardaire». Tous ses détracteurs pointent cette image qu’il traîne. De nombreux biens lui seraient attribués à l’étranger.
L’intéressé réfute cela. Parlant d’un appartement au Canada, qu’il acquiert du temps où son fils Abdou s’y inscrit pour des études universitaires, il le revendra en 2021.
Les opposants Ousmane Sonko et Mamadou Lamine Diallo insistent particulièrement sur ce point de sa supposée richesse…
Il est formel : «Je n’ai pas un compte bancaire à l’étranger dans lequel il y a plus de quinze mille dollars.» Il se trouve aussi que les partenaires étrangers du Sénégal s’intéressent un certain temps à ses avoirs. C’est ainsi qu’en 2016, les services du Trésor américain mènent quelques investigations : «Il paraît qu’il est riche, qu’il a beaucoup d’argent ?»
C’est une rumeur qu’alimentent, pour beaucoup, certains officiels sénégalais. Plus précisément deux membres du gouvernement qui ne veulent pas que du bien à Amadou Ba. Des signalements s’opèrent sur des biens qui lui appartiendraient à l’attention de l’Administration américaine. Rien de probant ne peut être trouvé en fin de compte.
A l’issue de ces investigations, le Département d’État américain, manifestement rassuré, confie à Amadou Ba, ministre des Finances du Sénégal, la vulgarisation, au niveau africain, d’un programme justement lié à la répression des revenus illicites. C’est le programme Star, Stolen Assets Recovery, sur les flux financiers illicites. «Si c’est un voleur, il doit alors être très habile», persifle un diplomate américain. Je sers la même réponse à une journaliste qui m’interpelle récemment. Elle semble m’enjoindre de débusquer des «cafards» dans la gestion de Amadou Ba. Pourquoi ne le ferait-elle pas elle-même, si tant est qu’elle lui connaitrait des travers dans la gestion ?
Elle me répond : «Cela ne doit pas manquer. Il n’est pas un ange.» Justement, personne ne dit qu’il est un ange et sans doute qu’il peut avoir un côté démoniaque, mais il faudrait avoir la preuve de ces allégations pour en parler plutôt que de se limiter à des allusions générales et assez vagues sur sa fortune et la provenance de celle-ci.
El Hadji Dialigué Bâ analyse : «Le parcours retracé de l’homme Amadou Ba montre qu’il a occupé les fonctions les plus importantes, les plus prestigieuses, les mieux rémunérées dans l’Administration de notre pays : directeur des Impôts (trois ans), Directeur général des Impôts et domaines (sept ans), ministre de l’Economie, des finances et du plan (six ans), ministre des Affaires étrangères (deux ans). C’est par la grâce de Dieu qu’il a eu tous les privilèges. Et on ne le lui connait pas de fortune. Cependant, on lui reconnait sa générosité légendaire.»
Mais la réputation a la peau dure ! Des hommes d’affaires, proches du pouvoir de Macky Sall, gênés par des refus de Amadou Ba d’avaliser certaines importations d’huiles, tiennent à le faire tomber. Ils vont chercher à débusquer ses avoirs financiers supposés cachés.
Pape Amadou Sarr, un conseiller proche du ministre de l’Economie et des finances, reçoit des offres alléchantes pour «balancer» son patron. Par loyauté ou par ignorance, il ne leur aura rien révélé. Il faut dire que la réputation sulfureuse de Amadou Ba, quant à sa richesse, pousse Alexia La Tortue, aujourd’hui en bonne position au Département du Trésor américain, à dissuader Pape Amadou Sarr de travailler aux côtés de Amadou Ba, révèle l’ancien responsable de la Der/fj. Mais à l’issue des investigations américaines, Amadou Ba se retrouve dans les bonnes grâces du Département du Trésor américain et des services du Secrétariat d’Etat américain. Pour ne rien arranger, le vendredi 8 avril 2022, le marabout Serigne Abdou Karim Mbacké, importante figure religieuse mouride, est chez Amadou Ba.
En cette période de Ramadan et de ferveur, Baye Karim, comme l’appellent les disciples, lui rend visite parce qu’ils entretiennent des relations chaleureuses depuis de longues années. Serigne Abdou Karim Mbacké se fait accompagner à cette occasion par des disciples dont certains prennent des vidéos et photos. La diffusion des images de cette visite sur les réseaux sociaux suscite beaucoup de questionnements, pour ne pas dire de controverses. Comment un haut fonctionnaire peut-il posséder une villa de ce standing, se demande-t-on dans les médias et autres réseaux sociaux. Serigne Abdou Karim se désole de tout ce charivari.
Des proches de Amadou Ba lui conseillent de faire une sortie pour s’expliquer. Je fais partie de ceux à qui il demande conseil et qui considèrent qu’il n’y a pas intérêt à chercher à expliquer quoi que ce soit, car cela entretiendrait une polémique stérile. «Il faut faire le dos rond comme l’a fait, en 2004, le ministre de l’Economie et des finances, Abdoulaye Diop.»
Sous ma plume, Le Quotidien publie alors une enquête sur certains biens de ce dernier au Canada. Dans la controverse, Ousseynou Guèye, ancien rédacteur en chef du journal Walfadjri, devenu conseiller du ministre Diop, organise une rencontre. Le ministre Abdoulaye Diop m’explique qu’il ne chercherait pas à se justifier, mais me montre, chiffres à l’appui, que ses revenus légaux de Payeur général du Trésor, de Directeur général de la Comptabilité publique et du Trésor, et de ministre de l’Economie et des finances lui permettent amplement de posséder le patrimoine que l’on lui prête. Il dira la même chose aux enquêteurs de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à ses différentes auditions en 2013. Il est lui aussi dans le collimateur de la procédure de la «traque des biens mal acquis», mise en branle par le régime de Macky Sall dès son arrivée au pouvoir. C’est ainsi qu’après l’examen des documents présentés par cet ancien ministre de l’Economie et des finances pour justifier ses revenus, que le Parquet spécial de la Crei abandonne les poursuites à son encontre. Tahibou Ndiaye, emprisonné dans cette même procédure, lui aussi invoque ses revenus tirés des fonds communs et autres gratifications pour tenter de justifier l’origine de sa «maison de milliardaire aux Almadies».
En effet, rien que les chiffres des fonds communs perçus à ce niveau de la haute administration des finances publiques peuvent paraître invraisemblables ! Les fonds communs constituent une cagnotte de gratifications distribuées régulièrement aux agents des régies financières de l’Etat et les montants sont au prorata du niveau de responsabilités des agents publics.
Dans l’Administration fiscale, les agents profitent du système du fonds commun ainsi que de celui des primes reçues. Ils possèdent aussi une mutuelle fort avantageuse pour le personnel. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les chefs de bureaux touchent en moyenne douze millions de francs Cfa de «fonds communs» chaque trimestre, alors qu’un simple directeur est servi à hauteur d’environ trente millions de fonds communs par trimestre ; sans compter les primes perçues avec les contentieux qui sont dans les mêmes proportions. Allez savoir les revenus d’un Directeur général de ces administrations sur plusieurs années !
Un ancien responsable des ressources humaines à la Dgid affirme qu’un Directeur général peut toucher plus de cent millions de francs par «fonds commun». Amadou Ba occupe le poste pendant plus de sept bonnes années ! C’est aussi un secret de polichinelle que les agents de l’administration fiscale sont toujours les premiers et mieux servis sur les lotissements de terrains à travers tout le Sénégal. Il arrive que certains mettent sur le marché leurs affectations foncières et récoltent d’importantes sommes. Le système est connu de tous et tout le monde est servi. Quel agent du fisc oserait lever le petit doigt pour dire n’avoir jamais été servi, et plusieurs fois, dans les affectations de terrain ?
Mohamed Diaïté, inspecteur des Impôts et domaines, actuel Directeur général de la Société nationale La Poste, précise : «Le passage de Amadou Ba comme Directeur général des Impôts et domaines nous a tous enrichis. Il a très largement réussi à augmenter les recettes fiscales à des proportions jamais égalées et cela nous a profité, à nous tous, divers membres du personnel, en termes de primes et de fonds communs.» C’est peut-être tout cela qui fait que les fonctionnaires des Impôts et des Finances en général soient si riches qu’il ne leur resterait plus qu’à embrasser la carrière politique pour les honneurs ou pour gouverner les moins riches qu’eux. Ils ont pour noms : Amadou Ba, Mame Boye Diao, Abdoulaye Daouda Diallo, Mamadou Mamour Diallo, Cheikh Amadou Tidiane Bâ, Mamadou Guèye, Birima Mangara, Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye, Mohamed Diaïté, Habib Niang, Birame Soulèye Diop, et on en oublie ! De toute façon, on peut soutenir, sans aucun risque de se tromper, que les candidats déclarés à l’élection présidentielle sont bien loin d’être des crève-la-faim.
Certaines fortunes sont traçables et d’autres le sont bien moins, comme celle de quelques anciens collaborateurs du Président Sall qui mettent des gants blancs et jouent aux «Messieurs propres» ou «aux indigents». Un proche de Amadou Ba enrage : «Tant que certains restent à parler par parabole ou des devinettes, ça passe. Amadou Ba ne se mettra pas à faire dans le déballage ou à dire ce qu’il sait de nombre d’entre eux, mais nous qui avons été là pendant que d’autres se substituaient au ministre des Finances (Amadou Ba) pour signer des contrats ou payer des factures qu’il avait refusé d’endosser, nous n’hésiterons pas à parler. Nous évoquerons avec force précisions, comment les autorités polonaises ont pris en grippe un ancien ministre ; ou comment certains montages ont pu être faits avec des entreprises turques ou dans le secteur de l’énergie ; ou encore comment le Président Macky Sall a tancé un de ses collaborateurs qui avait fait une offre pour acheter à 650 millions de francs Cfa un appartement de l’immeuble Eden Rock saisi sur Bibo Bourgi ; ou encore les raisons du limogeage de certains d’entre eux du gouvernement pour de sordides histoires d’argent ! Quel est cet ancien Premier ministre qui avait bénéficié d’un cadeau, une villa au Maroc offerte par une société immobilière en activité au Sénégal ? Ou encore avec la réfection du Building administratif ; ou encore… ! Dire que ces gens veulent jouer aux pauvres en trompant leur monde pour demander à leurs soutiens de se cotiser pour financer leur campagne ! Villa de milliardaire on dit ? Il y en a qui ont acquis des villas plus somptueuses que celle de Amadou Ba après leur entrée au gouvernement alors qu’ils n’avaient pas le moindre titre de propriété avant l’accession de Macky Sall au pouvoir.» Un défi ou une menace ?
Les joutes promettent d’être animées à la prochaine campagne électorale. «Déballez, déballez, le Sénégal ne s’en portera que mieux !», disions-nous dans une chronique parue dans le journal Le Quotidien. Ça va barder ou saigner ! Le système des régies financières de l’Etat reste cependant à questionner. Il est bâti sur le même modèle largement décrié dans les milieux capitalistes où les patrons des grandes entreprises perçoivent régulièrement des gratifications et autres motivations qui peuvent scandaliser le commun des employés. Ce système existe dans la plupart des administrations publiques du monde, mais il se trouve que la richesse, parfois ostentatoire, de certains serviteurs de l’Etat ne peut pas manquer d’accréditer l’idée d’une supposée corruption.
En tout état de cause, le Président Macky Sall cherche à réguler le système, en généralisant l’augmentation sensible des salaires des fonctionnaires, mais surtout en envisageant des réformes qui n’aboutissent toujours pas. Abou Abel Thiam, ancien porte-parole du Président Macky Sall et actuellement président du Conseil de régulation de l’Agence pour la régulation des télécommunications et des postes (Artp), s’insurge dans les colonnes du journal Le Quotidien du 13 septembre 2023 : «Une des priorités de Amadou Ba, s’il est élu président de la République, sera de faire la réforme des régies financières, en premier lieu les Impôts et domaines. On ne peut pas continuer avec un système où une frange de fonctionnaires se constitue en une fabrique de profiteurs. Il faut aussi de ce côté-là, une réforme hardie.»
Les réticences et résistances des fonctionnaires des régies financières ne semblent pas permettre de telles réformes. Il reste que même parmi les opposants les plus farouches au pouvoir, aucun militant ou responsable, faisant partie des fonctionnaires des régies financières, n’élève une seule fois la voix pour remettre en cause ce système des fonds communs et gratifications qui leur profite allégrement. On remarquera aussi les disparités entre les niveaux des fonds communs perçus par les fonctionnaires, qu’ils soient de tel ou tel autre secteur spécifique des services du ministère des Finances.
Le système reste si avantageux que des fonctionnaires de ces services, affectés dans d’autres ministères, tiennent à garder leur statut de «fonctionnaires des Finances» et continuent ainsi, le plus normalement du monde, de percevoir des «fonds communs» dont ils ne participent pourtant pas à la production ! La préconisation d’une meilleure justice sociale se trouverait-elle dans la réforme recommandée par Amadou Ba, alors ministre de l’Economie et des finances, qui consisterait par exemple, à fondre les différents corps des régies financières pour constituer, comme en France, un Corps des inspecteurs des Finances ? Dans ce pays dont le système administratif inspire largement ceux de ses anciennes colonies, pour attirer les meilleurs diplômés de l’Ecole nationale d’administration (Ena) vers le Trésor et les autres administrations du ministère des Finances, il y existe un système de primes assez motivant ; même si, du reste, le système hérité de l’ancien régime, qui consiste à laisser une partie des recettes perçues aux agents publics recouvreurs, est supprimé. Au demeurant, Amadou Ba peut se révéler très riche par ses revenus légaux, et pour autant devrait-il en avoir honte ? Est-il richissime ?
La fortune qu’on lui prête peut s’avérer exagérée. Au demeurant, bénéficie-t-il, largement du reste, d’un système dont il n’est pas à l’origine, qu’il trouve déjà en place quand il entre dans la Fonction publique. Force est de dire que par rapport à quelqu’un de son niveau, au regard de ses anciennes fonctions, ce n’est pas étonnant qu’il passe pour riche. Lui-même assume que durant toute sa carrière, s’il perçoit le plus de gratifications que tous ses collègues, c’est en raison de ses performances exceptionnelles. Makhtar Diagne le confirme : «Quand il était à la brigade des vérifications, il faisait partie des inspecteurs les plus performants. Il était bon. Il réalisait de belles performances. On faisait essentiellement du contrôle, il était bon, il avait un bon flair ; il a fait de gros redressements, notamment sur la prestation de sociétés étrangères. Il y a eu de bons résultats à la perception. A la brigade, pareil et effectivement cela lui valait de belles primes et gratifications.» En France, par exemple, Les trésoriers payeurs généraux sont les fonctionnaires les mieux payés, alors que des dirigeants d’entreprises publiques en France touchent plus de six cent mille euros de rémunération annuelle. Au Sénégal, pendant longtemps, le greffier en chef du Tribunal de Dakar passe pour être le fonctionnaire le plus riche de la République parce qu’alors l’intégralité des émoluments du greffe va directement et exclusivement dans les poches du greffier en chef !
La question pose un débat philosophique sur le rapport de nos sociétés avec la richesse et les personnes riches. Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre français de l’Economie et ancien Directeur général du Fmi, traîne longtemps cette réputation comme infâmante d’être riche, une fortune renforcée sans doute par son union avec une riche héritière, Mme Anne Sinclair. Agacé, il finit par protester : «Dois-je m’excuser d’être riche ?» Seulement, l’histoire de cette «maison de milliardaire» mérite un peu d’être racontée. Amadou Ba est alors attributaire d’un terrain dans un lotissement des Almadies. Sa parcelle est contiguë à celle du directeur du Cadastre, Tahibou Ndiaye, qui commence à construire sa villa tandis que Amadou Ba traine encore les pieds. Tahibou Ndiaye, qui pense à élargir sa propriété pour y ériger une mosquée et un logement réservé à ses réguliers hôtes marocains de la famille de Cheikh Ahmed Tidjan Chérif, le fondateur de la Tidjanniyah, lui propose de reprendre le site et de lui trouver un autre terrain. Amadou Ba ne fait pas d’objection et consent à laisser son terrain à Tahibou Ndiaye.
Madame Ba, vexée, ne l’entend pas de cette oreille et proteste vivement : «Je veux moi aussi vivre dans les beaux quartiers comme les autres !» La promiscuité de son logement indispose Madame Ba, surtout avec les enfants qui bougent dans tous les sens en présence des visiteurs. Un de ses amis assiste à la scène et conseille à Amadou Ba de se trouver un meilleur logement. C’est ainsi qu’il le met en relation avec une personne qui cherche à vendre un terrain aux Almadies, sur lequel il a un projet immobilier qui ne peut plus se réaliser du fait de désaccords avec son partenaire en affaires. Amadou Ba est alors directeur des Grandes Entreprises. La vente est conclue à cent dix mille francs le mètre carré devant le notaire Me Serigne Mbaye Badiane, et le paiement s’effectue par tranche entre 2002 et 2005. Amadou Ba commence alors, sur insistance de son épouse, à construire. C’est après le démarrage de ce chantier qui avance bien que le partenaire du premier vendeur se décide, lui aussi, en 2009, à vendre sa part de parcelle et la propose à Amadou Ba qui l’achète pour agrandir sa maison. Cette deuxième transaction se fait devant le notaire Me Moustapha Ndiaye. La maison fait l’objet de deux titres de propriété distincts.
D’ailleurs, cet accolement des deux terrains est assez visible dans le salon principal de la «maison de milliardaire». La construction se termine en 2011 et les premiers meubles y prennent leurs quartiers en décembre de la même année. Mais Amadou Ba continue de traîiner les pieds pour s’y installer. Il ne continue pas moins d’habiter dans un autre appartement quand même plus spacieux, dans un immeuble moderne en face de la piscine de l’hôtel Pullman au centreville de Dakar. Il prétexte avoir besoin d’être proche du Plateau pour être accessible et disponible pour les nécessités de ses fonctions de Directeur général des Impôts et domaines, puis de ministre de l’Economie, des finances et du plan. Bily Ba ne cesse de s’irriter et reproche à son époux de ne pas vouloir déménager. J’appuie son épouse dans cette revendication : «Elle a bien raison, tu dois être mieux logé que tu ne l’es», lui fais-je remarquer. J’insiste auprès de Bily : «Fais terminer les équipements et il sera bien obligé de déménager de gré ou de force.» Amadou Ba finit par déménager, quelques mois avant l’élection présidentielle de février 2019. Il est même pressé de s’installer ailleurs que dans un immeuble dont les ascenseurs sont très exposés en cette période de pandémie. Il pense surtout mettre à l’abri son épouse qui présente quelques comorbidités. Après la réélection de Macky Sall, il est nommé au ministère des Affaires étrangères, en avril 2019. En octobre 2020, c’est pendant que le Sénégal commence à sortir de la pandémie mondiale du Covid-19 que Bily Ba chope le dangereux virus. Elle manque de peu d’y laisser la vie, son pronostic vital étant engagé.
Le Général Mame Thierno Dieng, directeur de l’hôpital Principal de Dakar, prend des dispositions pour un traitement efficace du cas de l’épouse du ministre des Affaires étrangères. Il fait rouvrir le Centre de traitement des malades du Covid-19 qui est déjà fermé. Madame Ba s’en sort miraculeusement et, à peine arrive-telle le 1er novembre 2020 à son domicile, que la nouvelle du limogeage de Amadou Ba est connue, avec le remaniement gouvernemental. Amadou Ba sort du gouvernement soulagé ce jour de voir sa femme revenir à la maison sur ses deux pieds. Un superstitieux renierait peut-être ce petit château !
«LA REVOLUTION POUR LUI C’ETAIT A LA MAISON, AVANT DE SORTIR DANS LA RUE»
Célébré certes, mais plus prophète ailleurs que chez lui, selon ce qu’en ressent son fils, Moussa. Sembène, le père, a pour sa part posé des jalons et est parti. Parti pour rester
Il a fait du cinéma sa vie, et les salles le lui rendent. Ousmane Sembène, dans le cadre de son centenaire, est ainsi célébré. Célébré certes, mais plus prophète ailleurs que chez lui, selon ce qu’en ressent son fils, Moussa. Sembène, le père, a pour sa part posé des jalons et est parti. Parti pour rester
Un homme avance, qui boite ! Un chien aboie, qui se fait entendre dans la nuit. La nuit a mangé l’espace et l’homme boite, guidé de petites lueurs. Aloyse pénètre dans une pièce, allume une lampe. La nuit s’estompe, une image du Christ apparaît, illuminée par Aloyse et sa lampe. Aloyse qui ne vient pourtant pas pour apporter une nouvelle de lumière. «Papa est mort.» Ousmane Sembène, le maître a bien formulé l’ouverture de Guelwaar. La lumière de l’écran du Seanema se projette sur des têtes à la chevelure grisée par l’âge. D’autres, moins âgés, sont dans la salle noire. Sept à soixante-dix-sept ans, disons, et qui viennent revoir un des monuments de celui qui, s’il vivait encore, aurait eu cent ans. Cent ans, Sembène Ousmane, et tous les âges revivifient l’esprit d’un mort vivant au-delà de sa mort. Et parce que son art est éternel…
Une hémorragie a emporté un homme. Une autre saigne l’administration qui dénigre Barthélemy, fils du mort. Le ciel, lui, retient son hémorragie, ne se fend pas et Thiès, privée d’eau, meurt de sa petite sécheresse. La terre, en hémorragie, se fend et reflète l’absence d’hémorragie céleste. Le parti politique (composé de «perroquets»), malade jusqu’à l’hémorragie, affame le Peuple (lâche, lui, jusqu’à se taire lorsque son Guelwaar est assassiné pour avoir parlé en leur nom) en détournant l’aide à lui destinée. Le cadavre du mort d’hémorragie ? Disparu ! Le corps social fera bientôt son hémorragie : chrétiens contre musulmans, le mort adepte du Christ étant enterré dans le cimetière des musulmans ! Guelwaar, le révolutionnaire, éventrera les sacs de riz venus sous forme d’aide : cette aide qui cause une hémorragie dans l’âme de l’honneur de ceux qui la reçoivent… Il aura éventré ses sacs en esprit, puisque ce fut à des enfants que cette tâche symbolique sera dévolue. Sans doute, l’impact du fameux discours de Pierre dans l’esprit des mômes.
Guelwaar de Sembène, un révolutionnaire au «caractère de cochon» (dans les soustitres), un homme au lourd héritage, un Guelwaar avec aussi ses tares ! C’est le père d’un Barthélemy ni blanc parce qu’évidemment noir et ni noir parce qu’intérieurement blanc ! Guelwaar, père d’une fille qui se vend à Dakar pour tenir la maison au village ! Guelwaar, père d’un Aloyse handicapé par un accident ! Guelwaar, père de sept enfants dont quatre morts et trois décrits plus hauts : sa femme, Nogoy Marie, l’a presque maudit dans une scène à l’éclairage aussi obscur que le monologue qu’elle montre. Guelwaar ou Ousmane Sembène qui dit ces choses-là et bien d’autres. Ces choses du pays. «Au Sénégal, notre pays… Au Sénégal» (parole de l’Abbé). Guelwaar, «l’index», Guelwaar, les cinq doigts, la main tendue ! Guelwaar, le discours d’hier pour une vérité d’aujourd’hui. Discours accompagné d’un Baba Maal à piquer la sensibilité de quiconque. Guelwaar est un problème à «régler en douce», selon le Préfet. «Ce fou de PierreHenri», comme dit le députémaire qui pèse récupération de mérite, élection à venir et distribution de vivres. Et Guelwaar, car «il ne peut pas y avoir de la vertu dans la misère et la pauvreté». Comme dit un autre personnage du film de 1992. 1992 ? «Tu prends un film comme Le Mandat, jusqu’à maintenant, c’est la même chose. C’est un sujet d’actualité» ! 1992-2023, Guelwaar demeure un sujet d’actualité, dit la famille Sembène…
Sentir le pouls du Peuple, retranscrire la réalité en fiction
«C’est vraiment le miroir du Sénégal !» C’est le fils de Ousmane, Moussa, qui parle ainsi du film de son père inspiré d’un fait divers authentique. Il considère que ce n’est pas seulement à limiter à la politique. Une fresque sociale, alors. Le fils Sembène donne aussi des détails de qui était le père. Il lui revient à l’esprit l’image d’un père que le jeune qu’il a été trouvait dur. Aujourd’hui, avec l’âge, c’est un «qui aime bien châtie bien» qu’il lâche. Ses souvenirs pourraient en outre aider à faire le lien avec le tempérament du cinéaste et le personnage Pierre-Henri Thioune. «La révolution pour lui, c’était à la maison, avant de sortir dans la rue.» Que de sacrifices consentis, Ousmane. Que d’investissements faits, Sembène. Mais, dit le fils, «il fallait que quelqu’un le fasse. Il l’a fait. Tout l’argent qu’il avait, il l’a mis dans son boulot. Il ne l’a pas fait juste pour le Sénégal, c’était pour l’Afrique».
Et Ousmane Sembène, ne serait-il pas Pierre Henri, jusque dans la destinée réservée aux deux par celles et ceux pour qui ils parlaient, dénonçaient, montraient ? Dans tous les cas, le fils sent que le père est plus prophète ailleurs que chez lui. «Moi, dit Moussa, je me sens mieux au Burkina qu’ici. Je sens plus la présence de mon père» au pays des hommes intègres. Monument, avenue… Et comme son père et le personnage central du film de son père, Moussa souligne que «ñaanu ñu quoi». Il souligne que personne n’est supplié d’honorer Sembène de l’honneur qui lui sied ! A-t-il d’ailleurs demandé une once de reconnaissance ! Pour être connu et vivre dans l’opulence ? Ousmane Sembène n’a pas fait du cinéma pour être connu et vivre dans l’opulence. «C’était un homme du Peuple, il s’identifiait au Peuple. C’est juste que lui, il sent le pouls de la société» et «il essayait de s’exprimer. Si on le comprend, on le comprend. Si on ne le comprend pas, on ne le comprend pas». L’essentiel étant que lui, «il a essayé. Maintenant, le reste, c’est à nous de le faire». Peut-être comme Sembène l’a fait faire à ces personnages qui, malgré tout, ont trouvé une solution au problème du cadavre qui n’était pas à sa place.
MADIAMBAL DIAGNE DÉVOILE AMADOU BA
Portrait d'un homme politique méconnu : Madiambal Diagne livre un livre-enquête sur le parcours atypique d'Amadou Ba, révélant les zones d'ombre sur sa fortune mais aussi ses ambitions pour le Sénégal s'il était élu président
Qui est Amadou Ba ? D’où tire-t-il sa fortune ? Ce sont, entre autres, les questions que le journaliste Madiambal Diagne s’est posées. Les réponses sont consignées dans un livre. «Amadou Ba, la dernière marche» est un ouvrage autobiographique qui retrace le parcours du candidat de Benno bokk yaakaar. L’objectif est de fournir au lecteur les éléments nécessaires pour se faire sa propre opinion de l’homme choisi par le Président Macky Sall pour sa coalition.
Fournir aux électeurs les éléments pour se faire leur propre opinion sur le candidat Amadou Ba ! C’est ce qui a motivé Madiambal Diagne. Le journaliste vient de signer son 3ème livre, en moins de 4 mois. Cette fois, il s’intéresse au candidat de Benno bokk yaakaar. Qui est vraiment Amadou Ba ? C’est la question à laquelle il a essayé de répondre. «Amadou Ba, la dernière marche», édité par Les Editions du Quotidien, «est un ouvrage d’utilité publique», selon Ibou Fall. Le journaliste a expliqué, lors de la cérémonie de présentation hier, que le livre va permettre à ceux qui s’intéressent à Amadou Ba de se faire une religion sur ce dernier. Car, de sa naissance dans le quartier populaire de Grand-Dakar jusqu’à l’exercice de la fonction de Premier ministre du Sénégal, Madiambal Diagne a mis de côté sa proximité avec Amadou Ba pour porter sa tenue de journaliste d’investigation, afin d’éplucher toutes les facettes de sa vie, aussi bien sociale que professionnelle. «J’ai choisi de faire un livre sur Amadou Ba, car j’ai voulu présenter tous les éléments nécessaires pour cerner la personnalité de ce candidat à la Présidentielle», a affirmé Madiambal Diagne.
Pour autant, ce livre ne caresse pas le candidat dans le sens du poil. «Nous avons fait un travail de journaliste et laissé au lecteur sa liberté de juger. C’est pourquoi, dans certains passages, il ne serait pas à l’aise. Comment il a acquis sa fortune ? La situation d’endettement ? Je laisse le soin au lecteur de se faire son opinion. Quelle ambition a-t-il pour le Sénégal ? Quelles réformes s’il est élu ? J’ai échangé avec lui sur ses projets majeurs. Nous avons fait un travail d’investigation, factuel, documenté», a dit Madiambal Diagne
Des propos confirmés par Ibou Fall, qui a déclaré : «Il ne faut pas s’y tromper. C’est un travail journalistique. Le moment est opportun, car Amadou Ba a la meilleure posture, car il est Premier ministre du Sénégal et candidat de la majorité présidentielle. Le livre s’est gardé de dire le vrai talent politique de Amadou Ba. Seul l’homme politique peut le dire.» Par ailleurs, le journaliste Issa Sall, ami de Amadou Ba depuis plus de 30 ans, qui a signé la postface, s’est dit surpris de découvrir certains aspects de Amadou Ba. «J’ai noté dans le livre que Amadou Ba n’est pas un inconnu en politique. Ce n’est pas un néophyte, car il a été au Ps. Il a un parcours. C’est ce que Madiambal fait découvrir. Amadou Ba ne se cache pas. Mais il a une certaine timidité.Il aurait pu réclamer beaucoup de choses, car il n’a jamais posé d’acte égoïste. Il ne s’impose pas. Il ne cherche pas à être apprécié. Il ne dit jamais du mal à personne», a souligné Issa Sall.
FATICK HÔTE DU 12E FESNAC
La douzième édition du Festival national des arts et de la culture (FESNAC) prévue dans la région de Fatick (centre) se tiendra du 9 au 12 janvier prochain.
Dakar, 26 nov (APS) – La douzième édition du Festival national des arts et de la culture (FESNAC) prévue dans la région de Fatick (centre) se tiendra du 9 au 12 janvier prochain, a annoncé, dimanche, le ministère de la Culture et du Patrimoine Historique.
Selon le département de la Culture, elle sera placée sous la présidence effective du président de la République Macky Sall, natif de Fatick avec comme thème : « Macky, les arts et le patrimoine’’, ‘’une manière de célébrer le président de la République et de rendre visible ses réalisations dans le secteur de la culture’’, a dit le ministre Aliou Sow dans des propos rapportés dans une note d’information.
« Les acteurs et professionnels de la culture et du patrimoine historique souhaitent rendre hommage au président Macky Sall à travers cette douzième édition’’, lit-on dans le document de reçu à l’APS.
Le ministère de la Culture fait savoir que le Royaume du Maroc a été choisi comme pays invité d’honneur de même que la communauté Léboue désignée invitée d’honneur.
Le texte note que plusieurs localités de la région de Fatick accueilleront des événements qui seront riches et variés.
Ce sera à l’image de la région de Kaffrine qui a abrité la onzième édition et où tous les département Malem Odar, Birkilane, Kaffrine et Gniby ont présenté leurs richesses culturelles.
Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique Aliou Sow avait annoncé, jeudi, aux députés lors du vote du budget de son ministère, que le Fesnac à Fatick sera couplé au Salon national du livre.
Kaffrine a accueilli la onzième édition du Fesnac du 21 au 28 janvier 2023
Le Fesnac mis en place depuis 1996 a été une recommandation forte du colloque sur les convergences culturelles au sein de la nation sénégalaise tenue en 1994 à Kaolack à l’initiative du président de la République Abdou Diouf (1981-2000).
Le premier festival national des arts et de la culture a été organisé pour la première fois à Thiès en 1997. Il s’en suivra les régions de Dakar (1999), Ziguinchor (2001 et 2003), Tambacounda (2005), Saint-Louis (2007 et 2012), Louga (2017) et Kolda (2018). Le FESNAC met en exergue les cultures locales, les vécus ethnoculturels des différentes parties de la nation sénégalaise
LA 5ÈME ÉDITION DU GINGEMBRE LITTÉRAIRE PRÉVUE LE 1ER DÉCEMBRE A DAKAR
La Place du Souvenir Africain à Dakar accueille les panels de la 5ème edition du Gingembre littéraire du Sénégal, le Vendredi 1er décembre 2023, à 10H,
La Place du Souvenir Africain à Dakar accueille les panels de la 5ème edition du Gingembre littéraire du Sénégal, le Vendredi 1er décembre 2023, à 10H, Autour de la thématique « Quelle gestion des ressources naturelles et foncières pour un développement durable et inclusif ? »
Le «Gingembre Littéraire» est une rencontre annuelle qui réfléchit sur des thèmes relatifs aux questions sociales et économiques qui préoccupent les populations.
TOUR DE L’ILE EN CALECHES ET «TAKUSSANU NDAR» EN OUVERTURE
La 13ème édition du Festival de musique dénommé «Métissons» a démarré hier, vendredi 24 novembre, dans la ville de Saint-Louis. Populations et touristes, venus nombreux, ont eu droit à un tour de l’Île en calèches et à un «Takussanu Ndar»
La 13ème édition du Festival de musique dénommé «Métissons» a démarré hier, vendredi 24 novembre, dans la ville de Saint-Louis. Populations et touristes, venus nombreux, ont eu droit à un tour de l’Île en calèches et à un «Takussanu Ndar» dans une grande ambiance festive.
Accompagnée par la fanfare du 12ème Bataillon d’Instruction et d’une troupe de percussionnistes de la place, la délégation a sillonné le quartier Nord de la descente du Pont Faidherbe à la devanture de l’Institut français avant de rebrousser chemin pour venir se regrouper à la place «Baya Ndar». Cette ambiance est rehaussée par la prestation des «faux lions» qui ont exécuté des pas de danse devant les multiples caméras et appareils photo des journalistes et des touristes.
Prévue cette année les 24 et 25 novembre 2023 dans la ville tricentenaire, la 13ème édition du Festival Métissons de SaintLouis promet de belles surprises, à en croire son Président, Ababacar Guèye, qui a fait face à la presse au terme du tour de l’île en calèches. Au programme de ce rendez-vous culturel, des concerts, des rencontres artistiques et des panels entre autres.
Plusieurs artistes presteront durant ces deux jours. «Nous avons prévu une programmation alléchante et des artistes très connus, pour offrir au public saintlouisien un spectacle de rêve», a-t-il indiqué. Comme les années précédentes, les artistes locaux vont partager la scène avec les ténors pour offrir une expérience musicale, fusionnant les genres et les cultures. Le chanteur compositeur sénégalais Ndary Diouf qui combine la pop, le funk et le traditionnel va se produire cette année en «in».
Des artistes de renoms vont également se produire, c’est comme le gambien Dawda Jobarteh et le Danois Stefan Pasbord, l’orchestre Oriazul qui est composé de plusieurs nationalités en provenance du Cap-Vert, du Sénégal, du Congo, du Bénin et du Gabon. Pour les innovations de cette 13ème édition, un panel sur le statut de l’artiste au Sénégal sera organisé et animé par des experts, il y aura également le Takkusanu Ndar où sera revisitée l’histoire culturelle de Saint-Louis. Quant aux concerts «in», la chance sera donnée aux jeunes talents.
MACKY SALL INTRONISÉ GRAND LAMTORO
"Finalement Macky Sall est le plus senghorien de nos Présidents".
« Finalement Macky Sall est le plus senghorien de nos Présidents. L’intronisation de Macky Sall comme Grand Lamtoro International relève de l’enracinement alors que le prix que lui a décerné la Ligue Islamique mondiale pour contribution exceptionnelle à l’Islam relève de l’ouverture ». C’est ce que nous apprend un communiqué parvenu à Emedia. Au-delà de la tradition, précise le texte, « ce titre de Grand Lamtoro est un facteur d’intégration car le Grand Lamtoro règne sur un territoire qui s’étend sur 7 pays dont le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, les 2 Guinées, le Mali et le Bukina Faso. Les pays de la sous-région étaient représentés à la cérémonie. Nous pouvons signaler, entre autre, la présence de Oumou Sall, maire de Goudam au Mali ». Dans son premier discours en tant que Grand Lamtoro, le Président de la République a insisté sur les vertus de la tradition qui fondent notre africanité.
LA CULTURE EST INDISPENSABLE AU DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES
Le développement territorial passe par la culture, à travers la valorisation de toute une chaîne de métiers gravitant autour d’elle, ont souligné, vendredi, des experts du secteur réunis autour d’un panel
Dakar, 24 nov (APS) – Le développement territorial passe par la culture, à travers la valorisation de toute une chaîne de métiers gravitant autour d’elle, ont souligné, vendredi, des experts du secteur réunis autour d’un panel axé sur le thème de ‘’l’impact de la culture dans une collectivité territoriale’’, organisé dans le cadre de la quatrième édition du Carnaval de Dakar.
‘’Ce panel pose le diagnostic des contraintes qui freinent l’envol de la culture tout en invitant à l’identification des pistes pertinentes pour une meilleure prise en charge’’, a déclaré Abdoulaye Ba, représentant de la direction du patrimoine du ministère de la Culture et du Patrimoine historique à la rencontre.
Il estime que le développement territorial est avant tout culturel. ‘’Le sujet fournit aux experts et acteurs culturels un moyen de réfléchir aux voies et moyens idoines, pour faire de la culture un véritable moteur de développement territorial’’, a-t-il indiqué.
Selon lui, l’Etat du Sénégal semble l’avoir compris en dotant chaque région d’un équipement culturel digne de ce nom. »Un développement territorial porté par la culture offre d’innombrables opportunités car étant vecteur de paix, outil de transmission de savoir et de savoir-faire, écosystème économique pourvoyeur d’emplois décents », déclare-t-il.
Vydia Tamby, conseillère culturelle à la maire de Dakar, a plaidé pour un ‘’renouvèlement de nos politiques culturelles’’.
‘’Nous avons la conviction que pour une prise en charge de nos nouvelles réalités spatiales, sociales, sociétales et économiques, il ne faut plus mettre la culture aux marges des priorités publiques mais en faire une priorité de politique publique’’, a-t-elle suggéré.
‘’Promouvoir la culture pour penser et accompagner les changements de société, c’est introduire une forte rupture et une rupture de cette sorte ne se résume pas à un crédo idéologique, elle suppose aussi de mettre en place des outils, a-t-elle soutenu.
Le secrétaire exécutif de l’Ong « Ndef Leng », Babacar Diouf, a insisté sur le ‘’déphasage entre nos réalités culturelles et la façon dont ce secteur est géré par les autorités’’.
Administration souvent calquée sur le modèle occidental
‘’Nous avons souvent une administration calquée sur le modèle occidental, chargée de ne gérer essentiellement que quelques aspects de la culture, en l’occurrence les arts et lettres, à l’exclusion des rapports intercommunautaires’’, a-t-il déploré.
Il souligne aussi que malgré le transfert de compétences aux collectivités territoriales, les services existants pour le financement ne sont pas équitablement distribués dans l’espace culturel.
« La culture, c’est cette lumière que l’homme projette sur le monde pour le révéler, le recréer et le transfigurer selon sa sensibilité’’, a indiqué Abdou Khadre Gaye, président de l’Entente des mouvements et associations de développement (EMAD). Il estime que la force de l’art et de la culture, c’est aussi de créer des passerelles.
Une conviction partagée par Patricia Diagne, directrice de la Fondation Sococim pour qui « la culture était considérée comme une chose à part ».
« On se rend compte que la culture, c’est ce que nous sommes tous, car la manière dont on se salue est culturel, ce qu’on mange est culturel, notre habillement aussi’’, a-t-elle dit.
‘’C’est un levier de développement qui permet à d’autres secteurs d’exister’’, a-t-elle conclu.
La quatrième édition du Carnaval de Dakar, qui prend fin dimanche, démarre officiellement ce vendredi dans la commune de Yoff, sous le signe de la diversité des terroirs.
ALIOUNE SOW ANNONCE L’INSTAURATION D’UNE JOURNÉE NATIONALE DE LA RESISTANCE
Aliou Sow a annoncé, jeudi, l’instauration pour bientôt d’une »journée nationale de la résistance » dont l’objectif est de faire connaître aux jeunes ‘’le Sénégal de la gloire et de la fierté’’, à travers différents sites et monuments historiques du pays
Dakar, 24 nov (APS) – Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow a annoncé, jeudi, l’instauration pour bientôt d’une »journée nationale de la résistance » dont l’objectif est de faire connaître aux jeunes ‘’le Sénégal de la gloire et de la fierté’’, à travers différents sites et monuments historiques du pays.
S’exprimant devant les députés lors du vote du budget 2024 de son département, le ministre a indiqué qu’un décret relatif à cette journée est en préparation. ‘’Les groupes de travail s’y penchent pour choisir les meilleures dates’’, a-t-il dit.
Parmi les sites historiques à faire connaître aux jeunes, il a cité Pathé Badiane, dans le département de Birkilane (Kaffrine), où une coalition de résistants africains considérée comme une armée sénégambienne affronta victorieusement les Français durant la colonisation.
« C’est le symbole du triomphalisme sénégalais et de la victoire de la gloire sénégalaise en matière de résistance », a déclaré le ministre qui annonce également qu’un musée national sera construit à Dékheulé, « un lieu de synthèse de l’ensemble de nos héros » visité récemment par le chef de l’Etat Macky Sall.
Lat Dior (1842-1886), le Damel du Cayor et héros national du Sénégal, est mort en 1886 dans la bataille de Dékheulé contre les colons français.
Aliou Sow a promis qu’une telle infrastructure sera réalisée dans l’ensemble des foyers religieux et culturels du pays.
Il y a également, selon le ministre, toutes ces grandes figures « emblématiques » à valoriser, notamment la famille Fall avec ses 33 Damels, Abdou Quadiri Kane, chef religieux et conquérant, qui fut le premier Almamy du Fouta Toro, un ancien royaume de la vallée du fleuve.
Le ministre a annoncé l’organisation, « sous peu de temps », de la grande semaine du patrimoine de l’œuvre de Serigne Touba. Ses enseignements et son patrimoine visuel, notamment ses photos, seront mis en exergue à cette occasion.
Un comité national d’organisation mis en place par le khalife général des mourides travaille déjà en étroite collaboration avec le ministère de la Culture, a dit Aliou Sow.
Il a expliqué que l’appellation ministère de la Culture et du Patrimoine historique n’est pas une « coquetterie intellectuelle », mais plutôt « une orientation, une directive et une affirmation d’une préoccupation idéologique majeure » du chef de l’Etat.
Le ministre a souligné que pour Macky Sall, « la racine de la culture doit être explorée à travers le patrimoine historique, le Sénégal d’hier, le Sénégal de la gloire et de notre fierté ».
Les autorisations d’engagement du ministère de la Culture et du Patrimoine historique pour 2024 s’élèvent à 21 milliards 244 millions 470 mille 137 francs CFA.
Le gouvernement a prévu 20 milliards 748 millions 470 mille 137 pour les crédits de paiement de ce département pour l’année prochaine.
MAME GOR NGOM PASSE A LA LOUPE LE DERNIER MANDAT DE MACKY
Journaliste et fin observateur de la scène politique, Mame Gor Ngom vient de sortir son deuxième livre intitulé «Biais de départ», après «Biais de Salon» inspiré de l’affaire Sweet Beauté.
Bés Bi le Jour |
Falilou MBALLO |
Publication 24/11/2023
Journaliste et fin observateur de la scène politique, Mame Gor Ngom vient de sortir son deuxième livre intitulé «Biais de départ», après «Biais de Salon» inspiré de l’affaire Sweet Beauté. Construit sous forme de chronique consacrée aux enjeux du second mandat de Macky Sall, l’ouvrage se veut aussi l’exposition d’une décadence morale de la société.
En feuilletant les premières pages, c’est dès le premier chapitre (page 23), que «Biais de départ» captive son lecteur par une douloureuse piqûre de rappel. «Nous étions au summum de la consternation le 8 janvier 2023. On comptait nos morts à Sikilo, petite bourgade de Kaffrine située dans la commune de Gniby, dirigée par la députée Aminata Ndiaye qui porte fièrement le nom de cette ville rurale qu’elle a rendue célèbre du fait de ses retentissantes et iconoclastes interventions à l’Assemblée nationale et surtout de l’agression dont elle a été victime au sein même de l’hémicycle, le 1er décembre 2022», écrit Mame Gor Ngom. Place au décor funeste teinté de critiques. «41 morts. C’est terrible ! ‘’Plus jamais ça’’, crient en chœur les populations. L’État a pris les devants. Des actes ponctuels et classiques comme la prise en charge des blessés, l’identification des morts. Des actes peu ordinaires bien de chez nous, comme la distribution d’argent, comme si nos autorités avaient voulu calmer le jeu avec ces enveloppes destinées même aux ‘’victimes décédées’’, pour reprendre le mot du ministre des Transports, Mansour Faye», ironise l’auteur dans ce livre publié aux Editions «Le Nègre international».
Macky et sa «mauvaise lecture de l’histoire»
Armé de sa plume fertile, le rétroviseur comme encrier, le journaliste repose froidement sa loupe de chroniqueur politique sur les erreurs ayant perdu le Président Macky Sall. «Les leçons de l’histoire, dit-on, si elles ne forment pas, pourrissent dans les mémoires obscures. Macky Sall, quatrième président de la République du Sénégal, n’a pas eu la claire conscience du mécanisme qui a concouru à son avènement. Il refuse d’admettre qu’il a été plus élu contre Abdoulaye Wade que pour lui-même», note-t-on à la 37ème page de «Biais de départ», ouvrage de dix chapitres. Mame Gor Ngom retrace ainsi «la déconvenue historique» de la coalition Benno lors des dernières Législatives et qui «trouve son origine dans cette mauvaise lecture de l’Histoire» politique récente du Sénégal. «Et comme pour s’enfoncer davantage, ses partisans jubilent à l’image de la tête de liste, Aminata Touré, qui ose parler d’une victoire nette et sans bavure. Curieuse manière de se rassurer après avoir fait un grand bond en arrière, passant de 125 députés en juillet 2017 à 82 députés en juillet 2022, perdant, chemin faisant, la majorité absolue», relate-t-il.
L’imam dans l’apologie du parjure
Sous forme d’interpellation collective, Mame Gor Ngom, qui entraine son lecteur dans les tribulations de ses personnages, le long de cette chronique, pointe du doigt un autre fait symbolique d’une dégénérescence sociale. Et, à la page 76, entre en scène un religieux. : «Dans une démocratie, on doit permettre à tout le monde - y compris les imams- d’exercer sa liberté de conscience. Sa liberté tout court. (…) C’est le cas d’Elhadj Pape Alioune Samb. L’imam ratib de la grande mosquée de Dakar, censé être un défenseur de l’éthique, ne peut pas parler au nom de Dieu et faire l’apologie du ‘’wax waxeet’’ abject, comme c’était le cas quand il s’agissait de débattre sur la possibilité de réduction ou non de la durée du premier mandat de 7 ans de Macky Sall. Il était passé à côté de son sujet en demandant à Sall de renoncer à son engagement. Après la prière de la Korité 2023, son prêche devant le président de la République et les membres du gouvernement sonne comme la répétition d’un discours déjà entendu. Il a mis en exergue des arguments fallacieux pour non seulement vitupérer les manifestations mais surtout pour exclure toute compétition électorale. Car, si on comprend bien l’imam, ce n’est plus la peine d’organiser un scrutin présidentiel, il faut juste choisir un dirigeant qui ne demande même pas à être choisi», observe l’auteur de «Biais de départ», préfacé par le journalisteformateur Sidy Diop.