Dans cette fresque romanesque de 590 pages, Jean-Baptiste Andrea partage avec nous la vie tumultueuse d’un artiste, né nain en France. Michelangelo Vitaliani, « Mimo », est le fils d’un sculpteur décédé pendant la Première Guerre mondiale, et envoyé par sa mère en Italie, sur le plateau de Pietra d’Alba, chez un oncle. Ce dernier, un sculpteur sans talent, exploite « Mimo » sans pitié. À cause de ses grandes capacités artistiques, Mimo se retrouve en charge de la rénovationr du château de la famille Orsini qui règne sur la région. Il y croise Viola, la fille unique de la famille régnante. Pour les deux enfants que tout sépare, c'est une rencontre décisive, existentielle. Un amour pur et inconditionnel prend naissance, en plein contraste avec la situation politique du pays, entre la montée du fascisme et l’arrivée au pouvoir de Mussolini.
Le mystère de la Pietà Vitaliani
« Le romanesque est l’ambition de ce livre », a avoué Jean-Baptiste Andrea lors de son passage dans l’émission Vous m’en direz des nouvelles. Les épreuves seront nombreuses pour Michelangelo Vitaliani et Viola Orsini pour résister aux appels de cette période sombre de l’histoire de l’Italie. Mutuellement, ils s’encouragent à déchiffrer le pouvoir fasciste et à faire rebondir la grandeur de l’âme humaine, malgré le monde qui va mal. Mimo se voit investi dans la plus grande œuvre de sa vie, sa mission ultime : « veiller sur elle », c’est-à-dire faire attention sur cette sculpture mystérieuse que le Vatican préfère cacher à cause de son impact imprévisible sur les spectateurs, avec des malaises, des propriétés mystérieuses voire maléfiques… C’est ainsi que Mimo se retrouve chez des frères pendant quarante ans, dans un lieu de reclus, une abbaye du Piémont, entouré du mystère de la Pietà Vitaliani sculptée jadis par lui-même.
De « Dead End » à « Veiller sur elle »
Né le 4 avril 1971 à Saint-Germain-en-Laye, dans une famille mêlant des origines italiennes, grecques, baléares et pied-noir d'Algérie, Jean-Baptiste Andrea grandit à Cannes, sur la Côte d’Azur, avant d’être diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Longtemps scénariste et réalisateur pour des films en anglais, dont Dead End en 2003, Andrea publie son premier roman en 2017. Ma reine remporte le Prix du premier roman et le prix Femina des lycéens. Des diables et des saints, son troisième roman, reçoit en 2021 le Grand prix RTL-Lire et le prix Ouest-France/Étonnants Voyageurs. Avec son quatrième roman, Veiller sur elle, dont déjà plus de 50 000 exemplaires ont été vendus, l’écrivain tire donc son épingle du jeu de cette rentrée littéraire forte de 321 titres français. Et avec le bandeau rouge « Prix Goncourt », les chiffres de vente de Veiller sur elle devraient être multipliés par dix.
UN PAYS DEPOURVU DE CULTURE ENGENDRE DAVANTAGE DE FRUSTRATION ET DE DESESPOIR
L’écrivaine et romancière sénégalaise Mariétou Mbaye ‘’Ken Bugul’’ estime qu’un pays dépourvu de culture peut être confronté à »davantage de frustration, de mendicité identitaire et de désespoir »
Dakar, 9 nov (APS) – L’écrivaine et romancière sénégalaise Mariétou Mbaye ‘’Ken Bugul’’ estime qu’un pays dépourvu de culture peut être confronté à »davantage de frustration, de mendicité identitaire et de désespoir », ce qui peut mener à »la violence et à des risques inutiles voire à la perte » de vies humaines.
»Un pays dépourvu de culture engendre davantage de frustration, de mendicité identitaire et de désespoir, ce qui mène à la violence et à des risques inutiles voire à la perte de vie. C’est ce que nous voyons aujourd’hui, rien ne peut remédier à cela que la littérature et la culture en générale’’, a déclaré ’’Ken Bugul’’, marraine de la Journée internationale de l’écrivain africain célébrée du 7 au 11 novembre.
Au Sénégal, cette 31-ème édition est axée sur le thème ‘’Littérature et émigration’’.
Parmi toutes les solutions proposées pour résoudre la question de la migration de notre jeunesse Ken Bugul affirme que »rien ne surpasse la culture » parce qu’elle plonge ‘’ses racines dans les sens, les sensations et émotions, l’être humain a besoin plus de nourriture’’. Ken Bugul salue la pertinence du thème de cette journée dans le contexte actuel où plusieurs jeunes sénégalais périssent dans l’atlantique en tentant de rejoindre l’Europe et plaide pour cette jeunesse ‘’soif de culture’’.
‘’La migration est un instinct naturel par conséquent l’ouverture et l’adaptation sont essentielles’’, a fait valoir l’auteur du ‘’Trio bleu’’, le dernier roman de la romancière sur le sujet de l’émigration publié en 2022 par la maison d’édition ‘’Présence africaine’’. L’auteure rappelle la politique culturelle du président Léopold Sédar Senghor ‘’renommée et admirée’’ dans le monde et qui contribuait à la stabilité et à l’épanouissement de son peuple
‘’Les gens de ma génération n’éprouvaient pas le besoin de migrer. La littérature, la danse, la musique, la culture de manière générale renforcent notre ancrage dans une identité et un sentiment d’appartenance’’, a-t-elle souligné précisant que c’est la dynamique de l’enracinement et de l’ouverture qu’incarne la vision senghorienne de la civilisation de l’universel
La migration est perçue comme une problématique, déplore t-elle, dans un monde de repli sur soi, d’indifférence, de construction de mur de plus en plus haut, de montée du nationalisme alors que la migration est »le phénomène le plus naturel de la création ».
Pour Ken Bugul, toute vie nécessite une migration, ‘’l’être humain à l’instar de la plupart des mammifères vient de la migration des spermatozoïdes vers les ovaires. La race humaine actuelle découle de la migration’’. Ce phénomène est aussi valable pour la littérature qui encourage l’écrivain à être un migrant perpétuel de son temps, selon Ken Bugul.
De nombreuses œuvres traitent de la migration dans la littérature sénégalaise. On peut, entre autres, ‘’Douceur du bercail’’ d’Aminata Sow Fall, ‘’Le ventre de l’Atlantique’’ de Fatou Diome, ‘’3052’’ de Mamadou Dia de Gandiol, ‘’Mbëk mi’’ de Abass Ndione, ‘’Silence du cœur’’ de Mouhamed Mbougar Sarr et ‘’Le trio bleue’’ de Ken Bugul.
‘’L’écrivain doit faire voyager son imagination pour traverser les frontières, repousser les limites, briser les barrières à travers la créativité, explorer des mondes croiser et confronter des imaginaires d’ici et d’ailleurs, acquérir connaissance et savoir et tout cela passe par le livre qui devient un pays en soi »’, a soutenu L’écrivaine et romancière sénégalaise Mariétou Mbaye ‘’Ken Bugul’’.
LE FESTIVAL DU FILM CORÉEN VA SE TENIR, SAMEDI, À DAKAR
L’ambassade de la Corée du Sud déclare organiser, samedi à 15 heures, à Dakar, le Festival du film coréen. Lors de cet événement artistique prévu au cinéma Canal Olympia, deux films coréens seront projetés.
Dakar, 8 nov (APS) – L’ambassade de la Corée du Sud déclare organiser, samedi à 15 heures, à Dakar, le Festival du film coréen. Lors de cet événement artistique prévu au cinéma Canal Olympia, deux films coréens seront projetés.
Il s’agit d’‘’Innocent Witness’’ et de ‘’Hitman : Agent Jun’’, précise un communiqué de l’ambassade coréenne au Sénégal.
Le premier film, sorti en 2019 en Corée du Sud, raconte la rencontre entre l’avocat du suspect d’un meurtre et d’une fille autiste, unique témoin de l’affaire.
Selon le communiqué, ce film dramatique aborde bien des sujets, dont la justice sociale et les droits de l’homme. ‘’Hitman : Agent Jun’’, sorti en 2020 en Corée du Sud, est un film d’action comique.
‘’Il raconte de manière passionnante les aventures de Jun, un assassin légendaire devenu webcomiste, qui dessine sous le coup de l’ivresse ses expériences extraordinaires dans des bandes dessinées’’, explique le synopsis du film.
L’ambassade de la Corée du Sud au Sénégal compte présenter, par le biais du festival, ‘’des œuvres intéressantes aux Sénégalais, peu familiers des films coréens’’.
Elle espère que ce sera ‘’l’occasion pour les peuples de nos deux pays de mieux se comprendre’’.
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LE PHÉNOMÈNE MIA GUISSÉ
Mia Guisse, artiste sénégalaise à succès, parle de son dernier clip qui a atteint 1 million de vues en deux jours. Son prochain album, "Mia Éclosion", promet des surprises avec des collaborations internationales et africaines
Mia Guisse, star de la musique sénégalaise, discute de son succès en solo, de son style musical urbain africain, de ses influences, et de son prochain album. Elle partage également des détails sur ses concerts à Paris et à Dakar.
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
MALAANUM LËNDËM, UN LIVRE-TESTAMENT
Boubacar Boris Diop qui, à travers Murambi (Prix Neustadt 2021), a doté l’Humanité d’un lieu de recueillement pour le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, a rehaussé, à travers Malaanum lëndëm, la dignité de toutes les langues africaines
J’ai rarement relu un livre autant de fois. Pour faire sa critique, je l’ai longuement contemplé, feuilleté, annoté (au point de le salir). Au plus profond de moi, je sentais un cri, une soif, un besoin vital, de rendre justice à un texte magistral : arrêter le monde entier et glisser dans chaque oreille mon invitation, « il faut lire Malaanum lëndëm ».
Au sens propre comme au figuré, Malaanum lëndëm (1), le troisième roman en wolof de Boubacar Boris Diop, est une affaire de titans. À Ingwini, ville « plus douce que le miel » située au Nigéria, Keebaa Jakite, paysan sénégalais de son état, débarque. Son meilleur ami, le paysan nigérian Jonas Ephrem Akintoye, y a été assassiné il y a un an. Des tas de chair humaine, sa casquette xuun, ont été jetés sous le manguier devant sa maison à Awolowo Street. Sur ce qu’on ne saurait appeler cadavre, il manquait la tête du défunt. Durant deux jours, les mouches ont été les seules créatures à s’approcher de la chair entassée sous le manguier. Même le frère du défunt, Tony Akintoye, n’a pas osé enterrer les restes encore moins se rebeller contre l’auteur du crime, connu de tous.
Chief Moses Abimbola a assassiné Jonas Akintoye. Cette information sonne comme une évidence à Ingwini, où tout le monde savait ce jour inéluctable : même si la rue, avec ses oreilles déjà tendues, ne pouvait se douter que le cri d’Iwoye, qui a découvert à l’aube les tas de chair sous le manguier, allait être aussi déchirant. Milliardaire aux puits de pétrole inépuisables, descendant du dieu Tiyo-Amanze créateur de l’univers selon les croyances d’Ingwini, Abimbola craint un seul homme sur terre : le paysan Jonas Akintoye, son ami d’enfance avec qui il a « lakk ndaamaraas, ëppalante cucu, jëw magi dëkk bi, xool kan moo gën a waŋ ci jongomay Ingwini yi ».
Jonas est coupable d’une lèse-majesté. Ce paysan, rempli de caractère, ne courbe l’échine devant personne. Il prend les prétendus descendants de Tiyo-Amanze comme les bourreaux du peuple. Or, à Ingwini, comment tenir tête à Abimbola et aux siens, même lorsqu’on n’a pas de « tiitukaay » comme Jonas Akintoye ? Surtout quand on est un « baadoolo » de rien du tout, d’une mère vendeuse de dibi et d’un père sagaru nit, Salomon Akintoye, soulard patenté qui faisait caca dans les rues d’Ingwini.
Dans leur jeunesse, Chief Abimbola avait rappelé cela à Jonas. Qui l’avait battu jusqu’à l’étrangler avec son pied, sommant Abimbola d’insulter son prétendu ancêtre divin Tiyo-Amanze, son père Chief Isaac Abimbola et sa mère Mama Wumbi-Oye. Abimbola s’était exécuté et s’était levé en embrassant presque Jonas. Or, « buur du fàtte, du baale, te meram yombul a dékku. » Cette humiliation a hanté Abimbola toute sa vie. Dans ses voyages, à bord de ses deux jets privés, il ramenait toujours de nouveaux outils pour préparer sa revanche : traîner Jonas une corde au cou, le torturer minutieusement à la Pinochet ou à la Franco, enterrer son cadavre sous son bureau pour essuyer ses pieds dessus. Comme Mengistu Haïlé Mariam l’avait fait avec le cadavre de Haïlé Sélassié.
Mama Wumbi-Oye va pousser son fils à passer à l’action. La vieille dame tenait à voir de ses propres yeux la tombe que son fils allait lui offrir. Elle voulait que cette tombe soit construite sur les champs de Jonas Akintoye, dont Abimbola devait s’accaparer. Ces champs devaient être détruits, rasés, pour que s’élèvent les murs de la tombe climatisée de Mama Wumbi-Oye : dans lesquels devaient se trouver 99 écrans plats Samsung brodés d’or, 99 miroirs, une Bugatti Divo, une piscine où Amela Fayemi, actrice Nollywood préférée de l’extravagante dame, devait être la première à se baigner. Comme chez les Baoulé, les Égyptiens ou les Aztèques, un cortège de 99 servants devaient accompagner Mama Wumbi-Oye dans sa rencontre avec Tiyo-Amanze.
Cette tragi-comédie, effrayante et incroyablement drôle, n’a rien de linéaire, de fictif, quand on sait que c’est un Seega Ture âgé de 70 ans, à la vue détériorée, qui dicte ces évènements à une secrétaire, recrutée juste pour écrire ce livre : la malicieuse Asta Balde. Les paroles de Seega Ture, qui est en réalité Keebaa Jakite, sortent après un silence de 30 ans. Ce sont celles d’un homme de grande retenue, fin observateur, direct et parfois cassant. Un homme qui n’a pas encore fait le deuil de son meilleur ami, son doomu-ndey nigérian, ni celui de sa bien-aimée Fànta Sidibe et de sa fille préférée Maymuna Ture. Un homme qui sait que quelque part au Nigéria, à Calabar, la veuve de Jonas, la joviale Deborah Takinide, est internée à l’hôpital psychiatrique. Et que bientôt, bientôt avant qu’il ne soit trop tard, Jonas Junior, né après l’assassinat de son père, viendra à Tànjuraa, près de Kédougou : pour que lui, Seega Ture, accomplisse la toute dernière volonté du gaynde, Jonas Ephrem Akintoye.
Malaanum lëndëm est une poésie de l’amitié, du kóllëre : une poésie de la terre. Le destin, ce livre ouvert rempli de Kumpa, a fait en sorte que deux fils d’Afrique, aux caractères bien trempés, se rencontrent en 1997, à Oslo, au rendez-vous de la honte : au cours duquel le Norvégien Arald Mortesen de Save Africa, « leel ni Ablaay Wàdd ba noppi jiital koll guy watatu », déclarait la guerre à la famine. Jonas et Keebaa se vouent une admiration immédiate, forte, étendue à leurs familles. Hommes à la parole rare et précieuse, ils ne pouvaient plus s’appeler que par gaynde, mbër, jàmbaar. La sincérité érigeant chacun de leurs actes en symbole, ils ont fait de la terre, cette terre de l’Afrique libre, réconciliée à elle-même au-delà des frontières, le berceau de leur amitié :
Jonas da ni ma bès, gis nga, mbër ci man, bànneexu doom-aadama mënuta weesu sol i bot yu gudd, di daagu ca sama biir tool ba ca Ingwini, garab yi wër ma, may gis ni seen doom yi ñore, léeg-léeg am bu ci ne putt daanu ci suff, fàcc, xeeñ bann ! (p. 63)
À Tànjuraa et à Ingwini, partis de rien, renonçant aux études supérieures, à l’émigration ou aux honneurs de travailler dans un xottu biro, affrontant une forêt immense qu’on disait auberge du dieu Tiyo-Amanze, ils ont chacun fini par employer une centaine de jeunes dans leurs champs, à force de gor, ruuj, buub, ji, roose, gub, góob, déqi.
Dëgg la, léeg-léeg xol bi diis, mu xaw a réccu li mu tas yaakaaru ñaari way-juram yi. Gaa, ñu gore lañu woon, séentuwuñu woon ci Keebaa mu am alal, yor leen. Déedéet. Moom kay, na seen doom ji am baat ci réew mi rekk, bu teyee ñu tudde ko ay jàng, bu ëllëgee ñu tudde ko làmb ca Iba Maar Jóob, saa yu delsee Tànjuraa ñu toggal ko "ñamu-Tubaab"... (p. 64)
Mais le devoir de mémoire de Keebaa envers son meilleur ami, sa femme et sa fille préférée l’ont quelque part enfermé dans un dialogue avec la mort. Au point où celle-ci l’a isolé de tout Tànjuraa. Seega Ture, Keebaa Jakite, n’y adresse plus la parole à quelqu’un. Son propre fils, Saalif Ture, jumeau de la défunte Maymuna Ture, est comme un fantôme dans la maison. Saalif Ture est une inexistence, le vide imaginé. Il n’a plus de père, mais seulement un compagnon de route avec qui on ne sait pas ce qu’il a en commun, hormis leur deuil long et silencieux. Pas une fois, les deux hommes ne se sont assis ensemble. Plus d’une fois, l’auteur s’est senti obligé de nous rappeler son nom, sa présence. Keebaa ne semble pas penser à son fils. Et même Asta Balde, la secrétaire, dernière venue dans la vie du vieil homme, le connaît mieux que son propre fils.
La singularité d’Asta Balde explique en partie cet avantage. Outsider, elle se révèle épicentre du récit. Présente, grâce à ses correspondances avec son mari Sidiki Siise, vendeur à la sauvette de caq et de boyetu sigaret à Las Palmas de Gran Canaria, en Espagne. Présente, grâce à sa curiosité irrépressible qui va finir par imposer au distant Seega Ture une relation Maam - Sët. Présente, parce qu’Asta Balde nous fait parvenir la voix lointaine de Boubacar Boris Diop qui nous révèle, avec constance et parcimonie, les coulisses de la création. Malaanum lëndëm est une poésie de l’écriture, de la langue wolof. Tour à tour, l’écriture fait office d’amuseur, de guérisseur, de résurrecteur.
Seetal rekk, Sidiki : ñaari ati lëmm mu may fite may dawal baaraam ci kow Sëñ Mac Intosh. Ngelaw lu romb tuñ yi, ma móol ko, rëdd ay "a", ay "g", ak ay "ñ " walla ay "q" ak i "é" yu dul jéex, lee-lee ma maas ab baatal mbaa ma xëcc benn baatoodi, ñu mujj ràbbaske niy reeni béntéñe, soppi ngelaw li mbindeef muy dund, di noyyi, ku nekk mën cee teg say bët, mën koo raay ndànk, dem sax ba yaakaar ne miin nga Tànjuraa, fii ci Senegaal... (pp. 11 et 252)
Cette déclaration d’amour à la langue n’a rien de surprenant quand l’on croit comme moi que Malaanum lëndëm est le livre le plus personnel, le plus intime, de Boubacar Boris Diop. Je ne puis m’empêcher de penser que dans cette histoire de titans, il n’y a pas que Keebaa Jakite qui exécute ou rédige un testament. Un auteur majeur de la littérature mondiale, depuis sa terre d’Afrique et dans sa langue maternelle, nous confie, avec pudeur et humanisme, sa vision du monde, sa vision de l’écriture. Dans son monde, ngor ak fit sont les seules richesses qui vaillent. Dans son monde, Ngugi Wa Thiong’o, Chinua Achebe, Ousmane Sembène, Rudyard Kipling, Meer Nafisatu Fay aux 9 fils nés aveugles, Jibril Koyta, sont des lanternes. Dans son monde, cette belle compagnie n’arrive pas à le faire nuancer sa conviction la plus profonde :
Dundug doomu-aadama, booy xool bu baax, du dara lu dul ab Téereb-Kumpa. Gaa ñi dañiy soow rekk, ku la ne xam na ndax mala yi dañuy xalaat am déet, day kàcc. Ana kan moo xam lan la nit kuy sukkuraat di xalaat ? Raay bi téen ca Kulikoro, bakkanu saxaar gi daldi fatt !Dof yi rekk la seen xel doy te loolu sax a tax dof yi amuñu xel. (pp. 17, 64, 81 et 175)
C’est ce Kumpa que j’ai essayé d’atténuer, de dissiper, en entamant cette critique. Mais je le sens encore là, présent, lourd comme un remords, un échec : un goût d’inaccompli. J’ai si peu dit de cette œuvre que je crois que j’aurais dû me taire. Entre mes doigts, ma plume tremble, incapable de soutenir le rythme de mon cœur. Je dépose ma plume, avec mon cœur qui me rassure : l’éternité s’est déjà offerte à Malaanum lëndëm. Celui qui, à travers Murambi (Prix Neustadt 2021), a doté l’Humanité d’un lieu de recueillement pour le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda, a rehaussé, à travers Malaanum lëndëm, la dignité de toutes les langues africaines. L’égale dignité de toutes les langues. En écrivant en wolof ce qui est, selon moi, sa plus belle œuvre.
Malaanum lëndëm, de Boubacar Boris Diop, éd. ÉJO, 262 pages, 6000 Fcfa / 20 euros
Disponibilité au Sénégal :
Whatsapp +221 77 651 68 48
Disponibilité en Europe :
Whatsapp +33 6 46 10 56 00
(1) Malaan signifie littéralement en wolof pagne, voile, linceul.
Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow a rendu hommage Line Baconnier Samb, première directrice technique des Manufactures sénégalaises des arts décoratifs (MSAD) de Thiès, décédée, samedi, dernier.
Le ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow a rendu hommage Line Baconnier Samb, première directrice technique des Manufactures sénégalaises des arts décoratifs (MSAD) de Thiès, décédée, samedi, dernier en France à l’âge 83 ans.
«Je voudrais rendre hommage à cette pionnière qui a grandement contribué à la notoriété et au rayonnement artistique du Sénégal», a dit, dans un communiqué, le ministre de la Culture, s’exprimant au nom du président de la République, Macky Sall et du Premier ministre Amadou Ba.
«La défunte fut alors la première directrice technique chargée de suivre, avec beaucoup d’implication, cette expérience qui a marquée l’histoire de la Manufacture nationale de tapisserie, devenue en 1973 les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs (MSAD) de Thiès», rappelle le ministre de la Culture. Line Baconnier Samb était l’épouse du cinéaste sénégalais Ababacar Samb Makharam.
KEN BUGUL CÉLÉBRÉE PAR L’ASSOCIATION DES ÉCRIVAINS DU SÉNÉGAL
L’Association des écrivains du Sénégal (AES) a fêté la romancière Mariétou Mbaye, connue sous le nom de plume de Ken Bugul, à l’occasion de la 31e édition de la Journée internationale de l’écrivain africain.
Dakar, 7 nov (APS) – L’Association des écrivains du Sénégal (AES) a fêté la romancière Mariétou Mbaye, connue sous le nom de plume de Ken Bugul, à l’occasion de la 31e édition de la Journée internationale de l’écrivain africain, a constaté l’APS, mardi, à Dakar.
La fête s’est déroulée à Kër Biraago, le siège de l’AES, situé dans le quartier du Point E, sous la présidence du ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow, qui a rendu hommage à ‘’l’immense Ken Bugul’’, ‘’l’icône qui nous vaut tant de satisfaction’’.
‘’Par sa riche production, elle a su aborder les grandes questions qui hantent la nuit des philosophes, et l’actualité brûlante de l’émigration n’échappe pas à son discours’’, a dit M. Sow en rappelant les nombreuses distinctions attribuées à Ken Bugul, la marraine de la célébration, cette année, par l’AES, de la Journée internationale de l’écrivain africain.
Ken Bugul a été récompensée en 1999 du Grand Prix littéraire d’Afrique noire, par l’Association des écrivains de langue française (France), pour le roman ‘’Riwan ou le chemin de sable’’ (Présence africaine, 1999).
Ce roman raconte des destins croisés de femmes africaines. Il est également question de monogamie et de polygamie dans l’ouvrage.
La France a élevé Ken Bugul au rang de commandeur des Arts et des Lettres en 2021.
Dans son pays, la romancière a été honorée lors de l’édition 2015 de la Foire internationale du livre et du matériel didactique, a rappelé Aliou Sow.
Elle ‘’nous vaut tant de satisfaction’’, a ajouté M. Sow, estimant que ‘’la République a le devoir de [la] célébrer’’, de de l’‘’honorer’’.
La Journée internationale de l’écrivain africain, instituée en 1992 par l’Organisation de l’unité africaine – qui est devenue l’Union africaine au début des années 2000 – a ‘’une signification spéciale’’ dans la mesure où elle donne l’occasion de ‘’mettre en lumière la richesse et la diversité de la littérature africaine, un trésor culturel qui a profondément marqué le continent et le monde’’, a souligné le ministre de la Culture et du Patrimoine historique.
‘’C’est une belle occasion de célébrer les talents sénégalais. Les écrivains africains ont été depuis longtemps les gardiens de notre histoire, les vecteurs de nos ambitions […] Leurs œuvres ont contribué à façonner nos identités culturelles, à lutter contre l’injustice et à promouvoir la compréhension interculturelle’’, a-t-il dit.
Ken Bugul est connue dans le monde pour ‘’la qualité de son écriture, la diversité de ses œuvres et, surtout, la profondeur de son inspiration’’, a témoigné le président de l’Association des écrivains du Sénégal, Alioune Badara Bèye.
L’auteure du roman ‘’Le baobab fou’’ (Les Nouvelles éditions africaines du Sénégal, 1982), ‘’une dame respectueuse’’, a gagné ses titres de noblesse grâce à l’écriture, selon M. Bèye.
Ken Bugul, pour sa part, estime qu’‘’aucune distinction ne saurait égaler le privilège de cette distinction’’, celle d’avoir été choisie par ses pairs de l’AES marraine de la célébration de la Journée internationale de l’écrivain africain.
Elle a longuement commenté le thème de la 31e édition de la Journée internationale de l’écrivain africain : ‘’Littérature et émigration’’.
Ken Bugul a également rendu hommage à ses aînés. Des écrivains venus du Togo, invités d’honneur de l’événement, y ont pris part, aux côtés de plusieurs personnalités sénégalaises, dont l’homme d’affaires Aimé Sène. Ce dernier été récompensé du Birago d’or – du nom du célèbre écrivain et poète sénégalais Birago Diop (1906-1989) – pour sa proximité avec les milieux artistiques.
De nombreux autres prix ont été décernés à des écrivains pour l’ensemble de leur œuvre et à des journalistes pour leur contribution à la promotion du livre.
Voici le palmarès de la célébration de la Journée internationale de l’écrivain africain :
un diplôme de reconnaissance décerné au président de la République, Macky Sall, pour sa contribution à la promotion du livre ;
un diplôme de la fraternité de plume décerné au ministre de la Culture et du Patrimoine historique, Aliou Sow ;
diplôme de la marraine : Ken Bugul ;
Birago d’or 2023 : Aimé Sène ;
prix Majib-Sène pour le journalisme culturel : Mamadou Oumar Ndiaye, directeur de publication du journal Le Témoin Quotidien ;
prix Alioune-Diop pour la promotion de la littérature : Ibrahima Lô, directeur du livre et de la lecture ;
prix Bernard-Dadié : Zeynab Diallo (Guinée), pour l’ensemble de son œuvre poétique ;
prix Seydou-Badian : Meïssa Maty Ndiaye, pour l’ensemble de son œuvre poétique ;
prix Alioune-Badara-Bèye : Pape Samba Kane, pour l’ensemble de son œuvre littéraire ;
prix Aminata-Sow-Fall : Association des écrivains togolais ;
prix Wole-Soyinka : Djibril H. Ly (Mauritanie) ;
prix Sony-Labou-Tansi de la meilleure pièce théâtrale : Moumar Guèye, pour ‘’La Malédiction de Raabi’’, un roman adapté au théâtre, cette année ;
prix Camara-Laye : Seydou Sow pour l’ensemble de son œuvre romanesque ;
prix Mariama-Ba : Aïssatou Diop.
ACCOMPAGNER LES JEUNES ARTISTES
Pour renforcer les compétences des acheteurs culturels du Nord du pays, l’Institut Français de Saint-Louis et la compagnie Zhu Culture, ont organisé, les 3 et 4 novembre, la première édition du Ndar Show Expo.
Pour renforcer les compétences des acheteurs culturels du Nord du pays, l’Institut Français de Saint-Louis et la compagnie Zhu Culture, ont organisé, les 3 et 4 novembre, la première édition du Ndar Show Expo.
Saint-Louis a accueilli ces 3 et 4 novembre, le Ndar Show Expo. Ces premières rencontres du spectacle vivant ont permis à une vingtaine de jeunes artistes musiciens, danseurs et du monde du théâtre et des professionnels mondiaux du secteur d’échanger autour de leurs pratiques. Cet évènement vient couronner le programme CulturLab, premier dispositif d’accompagnement long à l’entrepreneuriat culturel dans la vieille ville, destiné aux acteurs culturels de la zone nord et dont l’objectif est, entre autres, leur professionnalisation, leur rayonnement national et international, le renforcement de l’écosystème culturel et de la dynamique entrepreneuriale de la région. Il s’agit aussi de structurer le secteur culturel comme filière économique essentielle à fort potentiel de croissance, créateur de valeur et de richesse pour tous.
Déroulé par l’Institut français de Saint-Louis et l’ambassade de France, en collaboration avec la compagnie Zhu Culture, qui a une bonne expérience de la formation dans les Industries culturelles et créatives (Icc) sur le continent africain, l’accompagnement de ce salon du spectacle vivant va durer deux ans, selon Isabelle Boiro-Gruet, Directrice déléguée de l’Institut français du Sénégal à Saint-Louis. Le besoin s’était en effet fait sentir, selon elle, de s’appuyer sur un partenaire qui a une bonne expérience dans la formation professionnelle dans ce domaine. Dans le même sens, elle a fait savoir que ces rencontres professionnelles sont le point d’aboutissement d’un programme de six mois sur la communication digitale, la production, la diffusion, la recherche de financements et la formalisation à destination de 20 lauréats de la zone nord, de Louga à Matam. Le projet, souligne-t-elle, est né du constat qu’il y avait beaucoup de jeunes très talentueux en théâtre, en musique et en danse. Il fallait leur apporter d’autres outils supplémentaires pour qu’ils puissent se formaliser, présenter et formuler leurs projets artistiques, affiner une création artistique singulière en lien avec des formateurs professionnels, essentiellement sénégalais et africains, et avec des experts artistiques.
Professionnalisation des femmes
C’est aussi le lieu, selon la directrice de l’Institut français, de porter un plaidoyer sur la professionnalisation des jeunes femmes dans le secteur artistique et pour faire comprendre aux jeunes qu’être artiste, c’est un métier, surtout en ce moment où il y a une structuration du statut de l’artiste qui se fait. Par ailleurs, explique-t-elle, cette initiative est née de la rencontre de deux pôles au sein de l’Institut français, entre la Villa Saint-Louis Ndar, qui est la première résidence de recherche et de création en Afrique subsaharienne dans le réseau des villas françaises, et l’incubateur de l’institut Teranga Tech Incub dédié à l’entrepreneuriat, inauguré il y a quelques mois par l’ambassadeur de France et le Gouverneur de la région de Saint-Louis. Le link entre ces deux structures d’accompagnement de résidence artistique et d’incubation sur l’entrepreneuriat a permis de créer un programme inédit autour de l’entrepreneuriat culturel. La première année étant dédiée à la formation de producteurs, d’administrateurs et surtout d’artistes dans le spectacle vivant, la seconde permettra, selon Isabel Boiro, de se focaliser sur les métiers de l’audiovisuel, du cinéma et de la création numérique, et probablement de la régie technique en complément des formations qui se font déjà à Saint-Louis dans ce secteur. Pour ce faire, un état des lieux complet de ce qui existe et des besoins sera fait sur ces filières qui ont des portées économiques intéressantes pour les jeunes.
Ce sont des valeurs d’engagement social sur le droit des femmes, sur l’environnement et sur les traditions du Sénégal que portent les vingt lauréats bénéficiaires du projet qui, selon la directrice de l’Institut français, auront la chance de dialoguer sur des thèmes aussi variés que les droits de l’artiste, les modèles économiques qu’il faut développer pour vivre de son art, comment s’affirmer en tant que femme, avancer dans sa pratique et en vivre, mais aussi des panels plus techniques comme la communication et la distribution digitale, et sur les radiodiffusions au niveau du continent.
S’inscrire dans une démarche professionnelle
Pour Luc Mayitikou, directeur de la compagnie Zhu Culture, il s’agit dans ce projet de pouvoir apporter aux artistes de la zone nord de Saint-Louis, Matam, Podor et Louga, un programme qui puisse leur permettre de pouvoir développer leur carrière, de pouvoir s’inscrire dans une démarche professionnelle. Il s’agissait surtout de leur apporter des compétences qui leur serviront dans leur carrière. Pour la mise en œuvre, un appel à candidatures a été ouvert dans la zone nord pour sélectionner une vingtaine de jeunes acteurs devant participer au programme qui s’est fait en deux grandes phases. D’abord une formation et une résidence artistique leur permettant de travailler sur leur propre projet. La première année (2023) étant bouclée, les jeunes artistes ne seront pas lâchés car ils bénéficieront, selon le directeur de Zhu Culture, d’un suivi et d’un accompagnement de 6 mois. Par ailleurs, tous les outils de communication fabriqués autour du projet seront utilisés pour les mettre en contact avec le monde professionnel dont une partie est déjà à Saint-Louis lors de cet événement. Le plus important à son avis, c’est de savoir ce qui va se passer après et comment ces jeunes vont utiliser et profiter de ces mois d’accompagnement et de tous ces outils mis à leur disposition pour pouvoir aller sur le marché du travail. C’est d’ailleurs là l’objectif de CulturLab, donner aux jeunes artistes des moyens et outils leur permettant d’aller sur le marché du travail avec leur art et leurs compétences.
Pour Germaine Acogny, danseuse et chorégraphe de renommée mondiale, fondatrice de l’Ecole des sables, choisie comme marraine, cette formation est d’autant plus intéressante qu’elle permet d’établir un dialogue intergénérationnel entre les jeunes et les anciens. Elle a invité les jeunes à s’inspirer des valeurs sénégalaises que sont le travail, l’honnêteté, l’humilité et la patience, seuls gages de succès. Germaine Acogny a donné son propre parcours en exemple aux jeunes qui doivent, selon elle, croire en eux et rester déterminés, car c’est le seul moyen de se faire aider par les institutions et formateurs.
L'HÉRITIER BALDÉ DÉFIE LE ROI LÔ
Jour de vérité pour Modou Lô et Ama Baldé. Quatre ans après, le combat de légendes se tient enfin ce dimanche à Dakar. L'héritage de Falaye Baldé en jeu
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 05/11/2023
Le choc tant attendu entre le Roi des arènes Modou Lô et le challenger Ama Baldé aura enfin lieu ce dimanche 5 novembre 2023 à Dakar. Ce combat mythique, scellé depuis 2019 mais reporté à deux reprises en raison de blessures du détenteur de la couronne, promet de tenir en haleine les amateurs de lutte sénégalaise.
Fils de la légende Falaye Baldé, décédé en 2013 après une carrière exceptionnelle (137 combats, 2 matchs nuls et 3 défaites), Ama Baldé (33 ans) incarne l'héritier tout désigné. "Aux lutteurs bien nés, la valeur n’attend point le nombre d’années", comme le rappelle RFI. Entré dans l'arène dès l'âge de 20 ans, le lutteur de Pikine compte 13 victoires en 15 combats, ne s'inclinant que deux fois.
"Ama Baldé est plus volcanique. Il aime marcher sur ses adversaires et prendre le combat à son compte", analyse pour RFI Abdoulaye Dembélé, journaliste spécialiste de la lutte sénégalaise. Face à lui, Modou Lô (38 ans), installé sur le trône depuis juillet 2019 et deux victoires sur Eumeu Sène, possède "l'expérience d'affronter tous types d'adversaires". Le Roc des Parcelles sera donc favori pour ce combat événement.
En jeu également, la suprématie sur la banlieue dakaroise, avec d'un côté le champion des Parcelles Assainies et de l'autre "l'espoir de tout Pikine". La ville cherchera par la voix d'Ama Baldé à reprendre le trophée laissé par Eumeu Sène, venu soutenir le jour de la conférence de presse son "jeune frère".
Pour ce combat, promu par Luc Nicolaï, Modou Lô empochera 150 millions de cachet contre 100 millions pour son challenger. Lequel n'envisage que la victoire, pour lui comme pour sa ville de Pikine. La lutte sénégalaise tient donc son choc de l'année ce dimanche.
L'ESSAI CHOC DE LÉONORA MIANO CONTRE LES DÉRIVES DE LA BLANCHITÉ
Dans son dernier essai "L'opposé de la blancheur", publié en novembre aux Éditions du Seuil, l'écrivaine camerounaise lance un appel radical à déconstruire la notion de "blanchité"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 04/11/2023
Dans son dernier essai "L'opposé de la blancheur", publié en novembre aux Éditions du Seuil, l'écrivaine camerounaise Léonora Miano lance un appel radical à déconstruire la notion de "blanchité". Cette notion qu'elle a elle-même forgée est au cœur de sa réflexion sur l'esclavage, la colonisation et le racisme.
Née à Douala au Cameroun et élevée en France après l'âge de 6 ans, Léonora Miano est une figure majeure de la littérature africaine contemporaine. Ses nombreux romans et essais témoignent d'une analyse lucide et engagée sur ces sujets brûlants d'actualité.
Interrogée par le quotidien L'Humanité, l'autrice explique que la "blanchité" s'est imposée comme modalité de pouvoir à la fin du 16ème siècle, lorsque l'Europe est devenue conquérante et dominatrice. Cette époque a laissé des traces dans nos représentations et nos rapports aux autres, estime-t-elle, même après l'abolition des esclavages et colonies.
Pour Léonora Miano, il s'agit donc de comprendre "pourquoi, à un moment de l'histoire, on a eu besoin de s'inventer blanc face aux autres". Sans volonté de culpabilisation mais de manière "très objective", il faut regarder comment ce passé "nous habite encore", et peut influencer le regard que l'on porte sur l'autre.
Car selon l'écrivaine, le racisme perdure en France malgré l'abolition de la fiction raciale. Depuis qu'elle a eu une fille dans l'Hexagone, elle déplore le climat de rejet dont souffrent les personnes "racisées".
Léonora Miano invite ainsi les personnes "racialement favorisées" à un examen de conscience individuel et collectif, afin de faire reculer le racisme désormais "décomplexé". Elle cite en exemple la nécessaire réflexion sur les représentations diffusées dans la culture et l'éducation.
Forte d'une carrière déjà dense entre roman, essai et théâtre, Léonora Miano dit puiser sa vitalité dans la réalisation de ses rêves d'artiste. Ses textes explorent avec audace l'intimité féminine, preuve pour cette passionnée des arts que le changement passe par les imaginaires. Avec cet essai radical, elle appelle à un sursaut national sur ces enjeux majeurs.