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29 avril 2025
Diaspora
par Djibril Keita et Ibra Pouye
ET SI ON PARLAIT DE LA BANQUE DE LA DIASPORA SÉNÉGALAISE ADOSSÉE À L’ÉCONOMIE DE L’HUMAIN ?
Le prêt à taux zéro tant rêvé pourrait refaire surface pour nos pauvres fatou-fatou et gorgolous. Il nous faudra nous appuyer sur nos convictions profondes et la transparence de l’utilisation de ces fonds
Djibril Keita et Ibra Pouye |
Publication 15/03/2025
Cri de cœur, cri de joie, cri de bonheur mais quelques cris étouffés par l’enfumage de cette nouvelle croustillante mais en même temps une chimère emmitouflée en un éléphant blanc auquel s’est exercé le Premier ministre sénégalais, en l’occurrence Ousmane Sonko, lors d’une visite dans le nord du pays. Mais lequel de ces cris devrons-nous comprendre ?
Nous membres de la diaspora sénégalaise, nous Sénégalais d’ici et d’ailleurs éparpillés sur quelques continents. En effet, la crise de la dette s’accentue ; le monde devient bipolaire et l’élection de Trump a bouleversé la planète. Cette dernière est tourneboulée, les tendances et le creuset entre nations s’accentuent. Division de la planète en trois blocs de puissances ; les Etats-Unis d’Amérique, l’Europe recroquevillée sur elle-même et la Chine ragaillardie. La Russie en spectateur très actif. L’Afrique en spectateur passif comme à l’accoutumée et posant son postérieur sur des œufs.
Dans ce contexte très tendu de la géopolitique financière remplie d’enjeux stratégiques, l’exécutif sénégalais joue à la montre russe ; capter la manne financière de sa diaspora très disposée et très encline au développement du pays ou laisser tomber cette occasion en or et tant espérée. De l’espoir naîtra la réalité, dit-on. Marre d’être une vache à lait pour le reste du peuple resté sur les bords de la Méditerranée et sur les bords de l’Atlantique, la diaspora est cette fois-ci prête à jouer son rôle de créancier et de catalyseur de devises pour l’économie du pays. Marre d’être laissée en rade, la diaspora veut jouer le rôle de banquier. D’où une banque de la diaspora germant dans les esprits mais devant être adossée à l’économie de l’humain basée sur l’éducation et la santé. Deux acceptions s’imbriquant et devant jouer un rôle crucial dans ce Sénégal 2050 tracé dans le programme de gouvernance festoyé à Diamniadio dans une ambiance à la bonne franquette.
En effet, l’argent de la diaspora ne doit plus servir à couvrir les frais de bouche, les cérémonies de baptême, de décès et tutti quanti. Ne devant plus servir à construire des maisons individuelles et advitam aeternam, cette manne tombée non du ciel mais des fruits de dur labeur doit servir à construire infrastructures publiques et privées. Israël et l’Ethiopie sont des exemples de haute portée. En effet, ces deux nations ont été construites en partie par leur diaspora. Le don de soi est passé par là. Et l’argent récolté devra servir à créer de l’emploi, construire des hôpitaux, des aéroports, des usines de transformation de fruits, des firmes agricoles, etc.
La diaspora doit être un des créanciers de l’économie sénégalaise. Et face à une dette qui a franchi 99,67% du PIB et un déficit budgétaire ayant franchi 13% du PIB sous le régime de Macky Sall, l’heure est à l’action ce que la parole fut durant les législatives de novembre dernier. Il urge désormais de convaincre et de passer à l’action. Nous devons nous retrousser les manches même si s’endetter devient un exercice très périlleux dans ce monde. Le repli sur soi est devenu une politique de gouvernance. Le président Donald Trump a pris comme résolution de ne plus dépenser les fonds américains. America first est passé par là. Arrêt budgétaire de quelques aides bilatérales comme celle de l’UsAid destinée à bon nombre de pays africains et d’Amérique latine.
Face à ce qui se trame, l’exécutif sénégalais pourrait jeter son dévolu sur les Diaspora bonds comme source de diversification de l’endettement national. En 2023, les Sénégalais de la diaspora et surtout l’essentiel installé en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique ont envoyé plus de 1800 milliards de francs Cfa, environ 12% du PIB national. En effet, il est un montant qui dépasse largement les aides publiques au développement fournies par les institutions internationales et quelques bailleurs de fonds bilatéraux. Avec la naissance de cette banque, l’idée ingénieuse est d’en faire une institution financière d’épargne, de crédits et d’investissements. Et surtout respectivement d’investissements et d’épargne pour l’emploi des jeunes et la retraite de la diaspora. L’argent doit servir à travailler et à développer un pays et non dormir dans les banques. Trivialement parlant « xaliss warul nélaw, dafa wara liggéy am réw ». Transférer autrement et investir autrement, tel doit être le credo de la Banque de la diaspora sénégalaise (BdS).
En effet, le Premier ministre Ousmane Sonko doit être le premier ambassadeur de ce travail de longue haleine et d’espoir. A lui seul, les montagnes bougent. En effet, le «Sonko yaw laniu gëm » reprend tout son sens dans cette situation. Une fois encore, Dakar doit être la future place financière de l’Afrique de l’Ouest. Et si on parlait de la banque de la diaspora adossée à l’économie de l’humain, actrice des transformations profondes qu’attend ce Sénégal qui nous interpelle. Pour la réussite de ce grand deal bancaire, il nous faudra nous appuyer sur nos convictions profondes et la transparence de l’utilisation de ces fonds. Et la communication ne doit pas être en reste. Et surtout l’implémentation et le siège voire les métiers composant cette future banque qui risque de secouer l’écosystème et le paysage bancaires du Sénégal. Capter les revenus de la diaspora doit être désormais un sacerdoce.
En fait, les lignes bougent depuis l’avènement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Un vent d’espoir souffle sur ce pays longtemps martyrisé par les régimes d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall qui se sont succédé même si ce dernier s’est singularisé par un carnage de nos pauvres deniers publics. La Cour des comptes dans son dernier rapport en a fait l’illustration. En fait, cette banque servirait aussi de relais aux PME formant plus de 90% du tissu économique de ce pays. Le prêt à taux zéro tant rêvé pourrait refaire surface pour nos pauvres fatou-fatou et gorgolous. L’idée d’une banque créatrice d’emplois à travers ses filiales et filières économiques. Et devant être couplée à la Caisse des dépôts et Consignations (CdC). Cette banque de dépôt du trésor de la nation devant être entièrement renforcée. Mais mettre en place l’idée des obligations diasporiques (Diaspora bonds) relève aussi d’un malentendu devant être résolu à cause d’une méfiance et d’un scepticisme de bon nombre de nos concitoyens à l’aune d’expériences vécues dans le secteur bancaire et celui de l’immobilier.
A nous Sénégalais de la diaspora de suivre ces sillons frais du développement. A nous de nous saisir de la balle au rebond. A nous de tracer et de labourer ce beau champ qu’est ce pays de la Téranga. A nous chantres d’un développement futur bâti sur l’économie de l’humain. Une économie de la dignité centrée sur l’humain à l’heure où l’Afrique est laissée sur le bord de la route. La banque de la diaspora devrait servir de catharsis économique et développer l’éducation et la santé, vecteurs d’un développement harmonieux et prospère. Un grand réveil économique doublé d’un grand bond en avant. Mais bon an, mal an et pourvu que le printemps fasse fleurir quelques bourgeons et fasse entrevoir l’espoir de lendemains chantants.
Ibra Pouye est éditorialiste et contrôleur des finances publiques.
Djibril Keita est sociologue, enseignant en santé publique et politiques sociales,
co-fondateur de l’Institut Esprit Public Stratégies et Intelligences (IEPSI).
LES MINERAIS, PRÉTEXTE PLUTÔT QUE CAUSE DU CONFLIT EN RDC
Derrière la guerre qui ensanglante le Kivu se cache un réseau d'intérêts bien plus vaste, impliquant le Rwanda voisin mais aussi des puissances occidentales et la Chine, dans une bataille géopolitique qui dépasse largement la simple exploitation minière
(SenePlus) - Le pillage des ressources minérales est régulièrement présenté comme la cause principale du conflit qui ensanglante l'est de la République démocratique du Congo. Cette explication, qualifiée de "séduisante mais fausse" par plusieurs chercheurs, fait l'objet d'une analyse approfondie dans Libération, qui publie une enquête remettant en question cette interprétation simpliste de la guerre.
"Le Congo se fait saigner à blanc [...] Étriper par les cupides armées de l'ONU, les chrétiens, les Belges, les Français, les rebelles, les Rwandais [...], les marchands de minerais, la moitié des profiteurs du monde, et son propre gouvernement à Kinshasa", écrivait John Le Carré dans son roman "Le Chant de la Mission" en 2007. Cette vision d'un pays pillé pour ses ressources a depuis fait son chemin dans l'opinion internationale.
Pourtant, des chercheurs comme Christoph N. Vogel et Judith Verweijen contestent cette lecture. Dans une tribune publiée dans Libération le 14 mars 2025, ils affirment que "le conflit en RDC n'est pas qu'une histoire de minerais". Les chercheurs déplorent que cette focalisation "empêche d'avoir une compréhension globale des problèmes" et ne constitue pas "une condition de base, ou une racine première de la violence et des guerres dans cette région."
Le M23 et le Rwanda au cœur des accusations
La controverse s'est intensifiée depuis janvier 2024 avec l'offensive du groupe rebelle M23, accusé d'être soutenu par le Rwanda. Selon un rapport d'experts de l'ONU cité par Libération, le groupe d'experts a dénoncé "l'exportation frauduleuse d'au moins 150 tonnes de coltan vers le Rwanda" au profit des rebelles, représentant environ 300 000 dollars de revenus miniers mensuels.
Le 21 février 2024, un groupe de rappeurs congolais a diffusé un clip intitulé "Free Congo" dénonçant l'occupation de l'est du pays et "les vrais mineurs artisanaux" forcés "d'aller miner ailleurs que dans leur cobalt". Car au-delà du coltan, c'est aussi le cobalt et le cuivre qui sont convoités, ressources essentielles pour les batteries des véhicules électriques.
Le Rwanda accusé de détourner les minerais congolais
"Le Rwanda peut accéder aux minerais congolais qu'il finance ou non une rébellion ou intervienne avec ses propres troupes", affirment Christoph N. Vogel et Judith Verweijen dans leur tribune. Selon eux, le fait que les droits de douane et les taxes au Rwanda soient plus faibles "incite les producteurs congolais à exporter vers le Rwanda légalement ou illégalement."
D'après un entretien local mentionné par Libération, "une grande partie des minerais partent du Kivu, avant d'être transportés en Tanzanie, puis en Asie." À la frontière avec l'Ouganda, l'un des postes les plus lucratifs de la région, "on peut se demander à qui vont réellement les taxes douanières récoltées à Bunagana si celles de revenue miniers?"
Le contrôle des zones minières reste un enjeu majeur. Tout a changé en avril 2022 lorsque les rebelles ont emprunté le chemin de Rubaya, site d'une importante mine de coltan. Dans un rapport publié en décembre, des experts de l'ONU ont dénoncé le détournement de la production vers le Rwanda.
Le commerce des minerais congolais dépasse largement les frontières africaines. Selon Libération, en 2023, les exportations de cobalt s'élevaient à 2,4 milliards de dollars et à 2,7 milliards pour le cuivre. La RDC possède la plus grande mine de cobalt au monde et détient plus des deux tiers de la production mondiale. Elle est aussi le sixième producteur de cuivre.
La bataille pour l'accès à ces ressources est d'autant plus âpre qu'elle se déroule au Kivu, "opposant la Chine au début de la phase actuelle d'exploitation, aux nations occidentales, États-Unis en tête." Une étude publiée en septembre par le site "The Conversation" souligne d'ailleurs que les États-Unis dépendent en partie du cobalt pour leurs véhicules électriques.
Les ramifications s'étendent jusqu'à Washington et Bruxelles. L'article rapporte que même sous l'administration Trump, déjà engagée dans les ressources minières de l'Ukraine, une enquête publiée par le quotidien La Libre Belgique révélait que "la famille Tshisekedi disposait d'avoirs miniers estimés à 320 milliards de dollars au Katanga."
"La véritable guerre des minerais se déroute au Katanga", souligne le journaliste, rappelant que dans cette région considérée comme "le scandale géologique de la RDC, les populations ne bénéficient pas des richesses exploitées au bénéfice des Chinois et de l'entourage du président."
LA NOUVELLE INTERDICTION DE VOYAGE DE TRUMP POURRAIT CIBLER 43 PAYS, DONT PLUSIEURS NATIONS AFRICAINES
Selon des informations obtenues par le New York Times, l'administration Trump envisage un système à trois niveaux comprenant des interdictions totales, des restrictions partielles et des mises en garde sous ultimatum
(SenePlus) - D'après des informations obtenues par le New York Times, l'administration Trump envisage une interdiction de voyage aux États-Unis considérablement plus étendue que celle mise en place lors de son premier mandat, ciblant potentiellement les citoyens de 43 pays au total.
Selon des responsables familiers avec le dossier, un projet de liste de recommandations élaboré par des responsables diplomatiques et de sécurité propose une classification en trois niveaux, avec des conséquences différentes pour chaque catégorie.
Une interdiction totale pour 11 pays
Le premier niveau, désigné comme "liste rouge", comprend 11 pays dont les citoyens se verraient catégoriquement interdire l'entrée aux États-Unis. Ces pays sont l'Afghanistan, le Bhoutan, Cuba, l'Iran, la Libye, la Corée du Nord, la Somalie, le Soudan, la Syrie, le Venezuela et le Yémen, d'après les sources du New York Times.
Les responsables interrogés ont toutefois souligné que "cette liste a été élaborée par le Département d'État il y a plusieurs semaines, et que des changements sont probables d'ici à ce qu'elle parvienne à la Maison Blanche."
Des restrictions partielles pour 10 autres nations
Un deuxième niveau, la "liste orange", comprendrait 10 pays pour lesquels les voyages seraient restreints mais non totalement interdits. Le quotidien new-yorkais précise que "dans ces cas, les voyageurs d'affaires fortunés pourraient être autorisés à entrer, mais pas les personnes voyageant avec des visas d'immigrant ou de touriste."
Cette liste inclut notamment la Russie, le Bélarus, Haïti, le Pakistan, mais aussi deux pays africains : la Sierra Leone et le Soudan du Sud. Les citoyens de ces pays seraient également "soumis à des entretiens obligatoires en personne pour obtenir un visa", rapporte le journal.
Une mise en garde pour 22 pays, majoritairement africains
Le troisième niveau est particulièrement significatif pour le continent africain. Selon le projet, une "liste jaune" de 22 pays aurait "60 jours pour résoudre les déficiences perçues, sous peine d'être déplacés vers l'une des autres listes".
D'après le NYT, cette liste comprend principalement des nations africaines : "Angola, Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Tchad, République du Congo, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gambie, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie et Zimbabwe." Des pays comme le Cameroun et Sao Tomé-et-Principe figurent également sur cette liste préliminaire.
Les problèmes évoqués pourraient inclure "le défaut de partage avec les États-Unis d'informations sur les voyageurs entrants, des pratiques de sécurité prétendument inadéquates pour la délivrance de passeports, ou la vente de citoyenneté à des personnes de pays interdits", ce qui pourrait servir de faille aux restrictions, selon les responsables cités par le quotidien américain.
Un processus encore en cours d'évaluation
Le New York Times précise que ce projet est actuellement en cours d'examen par "les ambassades et les bureaux régionaux du Département d'État, ainsi que par des spécialistes de la sécurité d'autres départements et agences de renseignement". Ces derniers fournissent des commentaires sur "l'exactitude des descriptions des déficiences dans des pays particuliers ou sur les raisons politiques" qui pourraient justifier de reconsidérer l'inclusion de certains pays.
Lorsqu'il a pris ses fonctions le 20 janvier, Trump a émis un décret exécutif "ordonnant au Département d'État d'identifier les pays 'pour lesquels les informations de vérification et de contrôle sont si déficientes qu'elles justifient une suspension partielle ou totale de l'admission des ressortissants de ces pays'", rappelle le journal.
Cette nouvelle interdiction de voyage, si elle est mise en œuvre telle que proposée, affecterait de manière disproportionnée de nombreux pays africains, soulevant des questions sur les critères utilisés pour établir ces listes et leurs implications diplomatiques pour les relations entre les États-Unis et le continent africain.
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LES MARCHANDS DE RÊVES QUI VOLENT LA JEUNESSE
Derrière les écrans lumineux et les promesses de gains faciles se cachent des vies brisées, des études abandonnées et des familles ruinées. Pape Samba Kane reprend un combat entamé il y a 18 ans, avec son livre choc "La folie des jeux d'argent"
Dans un ouvrage coup de poing intitulé "La folie des jeux d'argent", l'écrivain et journaliste Pape Samba Kane (PSK- renouvelle son combat contre les jeux de hasard au Sénégal, 18 ans après une première publication qui lui avait valu de sérieuses représailles.
Cette réédition enrichie cible particulièrement les "Narbi", ces salles de paris sportifs électroniques qui ont envahi les quartiers populaires de Dakar et d'autres villes sénégalaises. Selon l'auteur, ces établissements ont remplacé les "casinos de quartier" qu'il avait dénoncés en 2006, mais avec des conséquences encore plus dévastatrices.
"Ils ont mis des Narbi dans les mêmes quartiers difficiles, les mêmes quartiers pauvres, avec la même dissémination partout", révèle Pape Samba Kane, qui voit dans ce phénomène un véritable "virus contagieux" touchant toutes les couches sociales, et particulièrement les jeunes.
L'enquête de PSK expose les mécanismes implacables de l'addiction aux jeux en ligne. Contrairement aux loteries traditionnelles, les paris sportifs électroniques maintiennent une pression constante sur les joueurs, les incitant à parier en temps réel sur différentes phases d'un match. "Pendant 90 minutes, comment peut-on regarder un match aussi tendu en perdant son argent et en gagnant un peu de temps en temps?", s'interroge l'auteur.
Les conséquences de cette addiction sont alarmantes : détournements d'argent, mensonges, endettement, prostitution et parfois suicides. L'écrivain rapporte des cas dramatiques, comme celui d'un étudiant qui a disparu avec l'argent destiné au loyer familial, ou d'un autre qui a abandonné ses études pendant une année entière pour fréquenter ces établissements.
Pape Samba Kane dénonce également l'absence de régulation efficace. "La loi stipule que seul le président de la République peut donner une autorisation pour l'ouverture d'un casino. Pourquoi y a-t-il des casinos dans nos téléphones sans que le président n'ait son mot à dire?", s'indigne-t-il, plaidant pour une commission de régulation comme il en existe au Bénin ou en France.
Face à cette situation, l'écrivain s'étonne du silence des autorités religieuses, politiques et morales, pointant du doigt le rôle des opérateurs téléphoniques et des célébrités qui font la promotion de ces jeux. Il révèle toutefois que le champion de lutte Modou Lô aurait récemment refusé 300 millions de francs CFA pour une campagne publicitaire de paris en ligne.
Malgré les risques, PSK poursuit son combat, soutenu par des personnalités du monde culturel qui projettent d'adapter son livre au théâtre et au cinéma. "C'est l'arbitrage de Dieu", conclut-il, espérant que cette fois son message sera entendu avant que cette "arme d'autodestruction surnoise" ne fasse davantage de ravages dans la société sénégalaise.
PAR Souleymane Gueye
LE SÉNÉGAL À L’ÉPREUVE DES CONDITIONNALITÉS DU FMI
EXCLUSIF SENEPLUS - À l'heure où le nouveau gouvernement doit négocier avec cette institution, une question se pose : comment transformer une relation de subordination en partenariat équitable au service du développement durable?
Au cours des quarante dernières années, le Sénégal a suivi les recommandations du FMI visant à réduire le déficit budgétaire et à atténuer l’accumulation de la dette publique, en contrepartie d’un soutien financier. Pourtant, l’économie sénégalaise demeure fragile, marquée par une pauvreté persistante, une détérioration continue des conditions de vie, des inégalités sociales croissantes et une érosion des capacités institutionnelles. Ces déséquilibres structurels soulignent l’urgence de stimuler une croissance économique endogène et durable, condition essentielle pour résorber les déficits et renforcer la résilience économique. Cela exige non seulement une gouvernance efficace, mais aussi des réformes structurelles profondes, s’inscrivant dans une vision à moyen et long terme—des réformes qui pourraient s’opposer aux prescriptions budgétaires conventionnelles du FMI. Ainsi, il est impératif pour le gouvernement sénégalais de repenser ses relations avec le FMI afin d’éviter le suivisme continuel des régimes précédents. Comment le Sénégal peut-il engager cette transformation et concilier impératifs budgétaires et objectifs de développement durable ?
Rôle historique du FMI : Encourager la coopération économique internationale
Il y a 80 ans quelques pays se rencontraient à New Hampshire pour discuter des questions économiques et de l’économie internationale à la suite de la seconde guerre mondiale. De ces discussions, naissait le « Système de Breton Wood » dont le Fonds Monétaire International (FMI) est l’émanation et la Banque Mondiale dans une moindre mesure. Leur objectif primordial était de consolider un état interventionniste dans l’économie pour atténuer les dérives et limites d’un « capitalisme sauvage » effréné et incontrôlable.
Les précurseurs (Keynes et White) croyaient fortement à la nécessité de l’intervention de l’état dans l’activité économique (1). Ainsi les pays étaient libres d’imposer des contrôles des capitaux afin de minimiser la fuite des capitaux en cas de récession ou de crise de la balance des paiements. Le FMI leur avait même permis d’être protectionniste. Ce qui contredit totalement ce qui se passe actuellement dans l’économie internationale où le FMI essaie d’améliorer la coopération monétaire internationale, d’encourager le commerce international et la croissance économique, et de décourager les politiques qui constituent des obstacles à la prospérité économique.
Auparavant, le FMI accordait des prêts aux pays pour leur permettre de surmonter les crises de balance des paiements. Mais l’accord avait ses limites dans la mesure où le FMI n’avait pas créé un mécanisme contraignant les pays excédentaires à procéder à des ajustements – augmenter la demande intérieure- pour que les pays déficitaires solvent leur crise économique immédiatement sans recourir à des prêts avec des coûts exorbitants. Au lieu de cet ajustement, le FMI se limitait à imposer des « conditionnalités » donc l’objectif était la stabilisation, c’est-à-dire la correction des déséquilibres macroéconomiques pour résoudre la crise de la balance des paiements.
Chocs pétroliers, transition historique du FMI et échecs du « Washington consensus » programme
À la suite des chocs pétroliers des années 1970, de la volatilité des prix des matières premières, de l’inflation galopante qui s’en est suivi, et du développement de l’informatique, plusieurs acteurs prennent des décisions majeures – réforme de l’économie chinoise par Den Xiao Ping, abandon du contrôle de change en Angleterre, dérégulation et diminution des taxes aux États Unis, et échec de l’Union Soviétique – qui vont changer la configuration de l’économie internationale et financière. Ces actes corollés aux problèmes domestiques (augmentation des déficits budgétaires et commerciales) et aux calamites naturelles qui sévissaient dans beaucoup de pays du Tiers monde ont été l’occasion saisie par les institutions financières internationales pour imposer des reformes (2) – programme d’ajustement structurel – en faisant du FMI le principal agent pour les mettre en œuvre.
Mais le FMI a perdu sa crédibilité après avoir imposé son programme d’ajustement structurel avec des conséquences économiques désastreuses. En Amérique Latine, l’intervention du fond avait conduit à une récession économique avec des conséquences économiques et sociales désastreuses. Les économies de ces pays se sont détériorées avec une augmentation des inégalités et une forte détérioration des déficits budgétaires et externes qui ont conduit à une crise financière internationale. L’intervention du FMI en Asie a aussi été désastreuse du fait de la suppression du contrôle des capitaux et de l’application des mesures recommandées (Washington Consensus) par les économistes du fond.
Le Sénégal et beaucoup de pays africains n’ont pas échappé au diktat du FMI. En effet, l’ajustement structurel des années 80 dont la justification était l’ancrage du pays dans la mondialisation et le rétablissement des équilibres budgétaires et extérieures ont conduit a l’affaiblissement des moyens d’intervention de l’État dans l’économie (élimination progressive des sociétés publiques à vocation agricole, réduction des programmes sociaux, suppression de la petite et moyenne industrie a travers le retrait des mesures protectives , élimination des banques nationales dédiés à distribuer le crédit aux Pme, ouverture du marché intérieur aux industries étrangères plus compétitives(3)). Cette politique a eu des conséquences désastreuses sur la réduction de la pauvreté et l’amélioration du niveau de vie des populations.
Malgré l’échec de cette politique d’ajustement structurel, il est presque impossible de contourner le FMI lors qu’un pays a besoin de lever des fonds auprès des bailleurs et des marches financiers. Cependant, le Sénégal peut contourner le FMI, ou à défaut, minimiser l’impact que le FMI peut avoir sur la conception et l’implémentation des politiques publiques, malgré le besoin de financement croissant de l’économie
Le Sénégal doit-il défier le FMI ?
Compte tenu des performances historiques du FMI (3), il serait judicieux que le gouvernement sénégalais aborde avec prudence le recours au Fonds pour ses besoins de financement. Dans certains contextes, les recommandations du FMI ont suscité des débats quant à leur efficacité. Le Sénégal pourrait ainsi envisager de réévaluer les accords conclus avec le Fonds, afin de garantir qu’ils s’alignent sur les priorités nationales. Le FMI, en tant qu’institution internationale, opère selon des principes économiques qui reflètent souvent une approche libérale et des intérêts globaux. Cette orientation pourrait être en décalage avec les principes de souveraineté, de bonne gouvernance et d’équité prônés par le Pastef.
En effet, le FMI est en mesure de soulager temporairement la situation économique difficile en octroyant ce prêt de $1,8 milliard, mais le résultat de l’application de ces conditionnalités pourrait conduire à l’aggravation de la pauvreté, l’accroissement des inégalités, la détérioration des finances publiques, et l’installation d’un malaise social aux conséquences incalculables sur la capacite du pays à mener à terme son programme de transformation systémique de l’économie. Dans cette perspective, le Sénégal pourrait suivre l’exemple de certains pays d’Asie du Sud Est en entreprenant des réformes économiques internes tout en renforçant son autonomie économique. Ces réformes doivent tourner autour de quelques axes :
Un effort soutenu de rationalisation des dépenses publiques qui passera par : un réaménageant les ministères qui pourront tourner autour de 15, une consolidation/suppression de certaines agences publiques, une réduction drastique des coûts de fonctionnement des administrations et une chasse effrénée aux fonctionnaires absentéistes nommés par clientélisme politique ou faveurs personnelles, une purge des fonctionnaires fictifs de l’administration centrale et des entreprises para publiques, un non renouvellement des contrats des consultants des agences publiques
Un meilleur ciblage des subventions aux services de base (électricité, gaz, transport) sur le court terme et une réduction graduelle de ces subventions sur le long terme.
Une restructuration des plans sociaux en repensant les prestations familiales pour les Sénégalais sous le seuil de la pauvreté et en introduisant une carte alimentaire. Dans cette optique, il faut privilégier les transferts directs et les aides directes.
Il faut continuer à mener ces réformes nécessaires pour continuer l’assainissement des finances publiques, en s’appuyant sur la majorité parlementaire et populaire prête à accompagner le gouvernement.
Pour pallier le déficit de financement de l’économie sénégalaise et éviter de faire appel au FMI actuellement, le Sénégal peut suivre une stratégie de mobilisation des ressources internes qui tournerait autour de ces axes :
Récupérer l’argent détourné en mettant en œuvre des mécanismes d’incitation (médiation pénale, amnistie pour blanchir l’argent détourné et planqué dans des comptes à l’étranger, des coffres forts, sous les matelas, et en espèce) à retourner les fonds et des mesures coercitives pour les récalcitrants (reddition intelligente des comptes)
Élargir l’assiette fiscale (sans pour autant augmenter le taux d’imposition fiscale), optimiser le recouvrement des recettes fiscales, et minimiser les dépenses fiscales et les exonérations fiscales.
Mobiliser l’épargne locale et de la diaspora en mettent en pratique la campagne de mobilisation et de sensibilisation déjà entamée autour du financement endogène de l’économie.
Éviter une nouvelle restructuration de la dette et à défaut renégocier la dette à l’échelle régionale/ BRICS. Pour cela, il faudra restaurer et renforcer la confiance des investisseurs privés par la mise en place de stratégies efficaces de bonne gouvernance et de lutte contre l’impunité et conséquemment accélérer la baisse du risque pays. Ce qui favorisera des opportunités de refinancement sur les marchés privés.
Développer les exportations en accélérant la mise en place des projets économiques viables centrés autour d’une politique de substitution aux importations et de la relance des exportations énergétiques, minières, halieutiques et agricoles.
Accélérer les reforme structurelles pour transformer le secteur primaire et favoriser la production, en allouant une plus grande part du budget à ce secteur.
Commencer à concrétiser un plan de relance économique sur le moyen et long terme.
Ces mesures permettront à l’économie sénégalaise de mieux résister aux chocs extérieurs, tels que la hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie, ou encore la baisse des prix des matières premières à l’exportation. Par ailleurs, elles contribueront à poser les bases solides de la transformation industrielle, au développement d’une industrie culturelle innovante et numérique, ainsi qu’à la promotion des PME, éléments clés pour atteindre les objectifs du Plan de Développement « Sénégal 2050 ». Ces mesures, renforcées par un appel à la mobilisation populaire autour d’un pacte social visant à bâtir une économie endogène, pourraient éventuellement permettre au Sénégal d’éviter de se soumettre aux exigences du FMI.
Bibliographie
John Maynard Keynes et Dexter White, conseiller économique de FDR qui a joué un rôle important dans la conception du New Deal
Washington Consensus et Mesures d’ajustement structurel « stratégie de développement des pays africains » Gueye, S Colloque sur les pays africains Monterey Institute of International Studies April 2016
Abdoul A Kane « Restaurer le pouvoir des organes de contrôle, un gage de bonne gouvernance » Seneplus.com
DES PAYS AFRICAINS APPROCHÉS POUR ACCUEILLIR LES PALESTINIENS DE GAZA
Le plan de Trump salué par Netanyahu, prévoit l'évacuation permanente des deux millions de Palestiniens et la transformation du territoire en projet immobilier américain. Des contacts ont été établis avec le Soudan, la Somalie et le Somaliland
(SenePlus) - Selon des informations exclusives obtenues par l'Associated Press (AP), les États-Unis et Israël ont pris contact avec les dirigeants de trois gouvernements d'Afrique de l'Est pour discuter de l'utilisation de leurs territoires comme destinations potentielles pour déplacer les Palestiniens déracinés de la bande de Gaza, dans le cadre du plan d'après-guerre proposé par le président Donald Trump.
D'après les responsables américains et israéliens qui se sont confiés à l'AP sous couvert d'anonymat, ces contacts avec le Soudan, la Somalie et la région sécessionniste de la Somalie connue sous le nom de Somaliland témoignent de la détermination des États-Unis et d'Israël à faire avancer un plan qui a été largement condamné et soulève de graves questions juridiques et morales.
Le plan de Trump, présenté lors d'une réunion à la Maison Blanche le mois dernier, prévoit que les plus de 2 millions d'habitants de Gaza seraient définitivement envoyés ailleurs. Selon cette proposition, les États-Unis prendraient possession du territoire, superviseraient un long processus de nettoyage et le développeraient comme un projet immobilier.
"Cette idée d'un transfert massif de Palestiniens était autrefois considérée comme un fantasme de la frange ultranationaliste israélienne", rappelle l'AP. Cependant, depuis que Trump a présenté cette idée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu l'a saluée comme une "vision audacieuse".
Les Palestiniens de Gaza ont catégoriquement rejeté cette proposition et réfutent les affirmations israéliennes selon lesquelles les départs seraient volontaires. Les nations arabes ont exprimé une opposition véhémente et ont proposé un plan de reconstruction alternatif qui laisserait les Palestiniens sur place. Les groupes de défense des droits humains ont déclaré que forcer ou faire pression sur les Palestiniens pour qu'ils partent pourrait constituer un crime de guerre potentiel.
Malgré ces oppositions, la Maison Blanche affirme que Trump "maintient sa vision", selon les informations rapportées par l'agence de presse américaine.
Selon cette dernière, des démarches séparées des États-Unis et d'Israël auprès des trois destinations potentielles ont commencé le mois dernier, quelques jours après que Trump a évoqué le plan concernant Gaza aux côtés de Netanyahu. D'après les responsables américains, Israël prend la tête dans ces discussions.
Les responsables américains et israéliens ont confirmé à l'AP les contacts avec la Somalie et le Somaliland, tandis que les Américains ont également confirmé des discussions avec le Soudan. Ils ont indiqué qu'il n'était pas clair quels progrès ces efforts avaient réalisés ou à quel niveau les discussions avaient eu lieu.
Les États-Unis et Israël disposent d'une variété d'incitations — financières, diplomatiques et sécuritaires — à offrir à ces partenaires potentiels. "Il s'agit d'une formule que Trump a utilisée il y a cinq ans lorsqu'il a négocié les Accords d'Abraham — une série d'accords diplomatiques mutuellement bénéfiques entre Israël et quatre pays arabes", explique l'AP.
La Maison Blanche a refusé de commenter ces efforts de sensibilisation. Les bureaux de Netanyahu et de Ron Dermer, le ministre du Cabinet israélien et confident de Netanyahu qui dirige la planification d'après-guerre d'Israël, n'ont également pas fait de commentaire.
Cependant, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, défenseur de longue date de ce qu'il appelle l'émigration "volontaire" des Palestiniens, a déclaré cette semaine qu'Israël travaille à identifier des pays pour accueillir les Palestiniens. Il a également affirmé qu'Israël prépare un "très grand département d'émigration" au sein de son ministère de la Défense, selon les informations rapportées par l'AP.
Le Soudan, pays d'Afrique du Nord, faisait partie des quatre nations des Accords d'Abraham qui ont accepté de normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël en 2020.
Dans le cadre de cet accord, les États-Unis ont retiré le Soudan de leur liste des États soutenant le terrorisme, une mesure qui a donné au pays accès à des prêts internationaux et une légitimité mondiale. Mais les relations avec Israël n'ont jamais décollé alors que le Soudan a plongé dans une guerre civile entre les forces gouvernementales et le groupe paramilitaire RSF.
Deux responsables soudanais, s'exprimant sous couvert d'anonymat ont confirmé à l'AP que l'administration Trump a approché le gouvernement dirigé par l'armée au sujet de l'accueil des Palestiniens.
L'un d'eux a déclaré que les contacts ont commencé même avant l'investiture de Trump, avec des offres d'assistance militaire contre le RSF, d'aide à la reconstruction d'après-guerre et d'autres incitations.
Les deux responsables ont affirmé que le gouvernement soudanais avait rejeté l'idée. "Cette suggestion a été immédiatement repoussée", a déclaré un responsable à l'AP. "Personne n'a rouvert cette question."
Le chef militaire, le général Abdel-Fattah Burhan, a déclaré lors d'un sommet des dirigeants arabes la semaine dernière au Caire que son pays "rejette catégoriquement" tout plan visant à transférer "les frères palestiniens de leur terre sous quelque justification ou nom que ce soit."
Le Somaliland, un territoire de plus de 3 millions d'habitants dans la Corne de l'Afrique, a fait sécession de la Somalie il y a plus de 30 ans, mais il n'est pas internationalement reconnu comme un État indépendant. La Somalie considère le Somaliland comme faisant partie de son territoire. Le nouveau président du Somaliland, Abdirahman Mohamed Abdullahi, a fait de la reconnaissance internationale une priorité.
Un responsable américain impliqué dans ces efforts a confirmé à l'AP que les États-Unis avaient "une conversation discrète avec le Somaliland sur une gamme de domaines où ils peuvent être utiles aux États-Unis en échange d'une reconnaissance." Toutefois, un responsable du Somaliland, s'exprimant sous couvert d'anonymat car il n'était pas autorisé à parler aux médias, a déclaré à l'AP que son gouvernement n'a pas été approché et n'est pas en pourparlers concernant l'accueil de Palestiniens.
La Somalie a été un défenseur vocal des Palestiniens, organisant souvent des manifestations pacifiques dans ses rues en leur soutien. Le pays a rejoint le récent sommet arabe qui a rejeté le plan de Trump et semble être une destination improbable pour les Palestiniens, même s'ils acceptaient de déménager.
Sambu Chepkorir, avocat et chercheur sur les conflits à Nairobi, au Kenya, a déclaré à l'AP qu'il est difficile de comprendre pourquoi la Somalie voudrait accueillir des Palestiniens étant donné le fort soutien du pays à l'autodétermination palestinienne. "Les réalignements continuent de changer, et il y a peut-être un agenda caché", a suggéré Chepkorir à l'AP.
Un responsable somalien, s'exprimant sous couvert d'anonymat car il n'était pas autorisé à parler aux médias, a déclaré à l'AP que le pays n'avait pas été approché concernant l'accueil de Palestiniens de Gaza et qu'il n'y avait eu aucune discussion à ce sujet.
LE PARENA SALUE LA MÉMOIRE DE BA BOUBACAR MOUSSA
Le parti malien retrace le parcours exemplaire de cet homme né en 1948 à Boghé, formé aux côtés de figures comme Djibo Leïti Kâ et Abdoulaye Bathily à l'université de Dakar, et devenu un leader respecté de l'Union des forces de progrès
Le Parti pour la Renaissance Nationale du Mali s'incline avec respect devant la mémoire de Bâ Boubacar Moussa, cette grande figure de la gauche mauritanienne qui s'est éteinte le 12 mars dans une clinique dakaroise. Dans sa déclaration officielle, le Comité Directeur du PARENA retrace le parcours exemplaire de cet homme né en 1948 à Boghé, formé à l'université de Dakar et devenu l'un des piliers de l'Union des forces de progrès en Mauritanie. Le parti malien rappelle l'engagement de BBM dans tous les moments clés de la lutte pour la démocratie en Mauritanie, depuis la révolte des élèves négro-africains de 1966 jusqu'à la refondation du Mouvement national démocratique en 1976.
"Ce vendredi 14 mars, après la prière de Yomal Jumaa à la mosquée Ibn Abass, l'ancien ministre Bâ Boubacar Moussa ( BBM) sera inhumé au cimetière Madvan Saïd de Nouakchott, là où il a souhaité reposer pour l'éternité.
BBM s'est éteint le 12 mars 2025, dans une clinique de Dakar.
Il y avait été évacué quelques jours avant, à cause de l'aggravation de son état de santé.
BBM était un grand Mauritanien, un grand Africain.
Toute la gauche démocratique ouest-africaine et maghrébine connaissait sa silhouette imposante. Il sillonnait nos pays à la faveur de nos congrès et assises et prêchait la parole de l' unité nationale, de la démocratie et du progrès.
Né en 1948 à Boghé dans le Brakna, sur la rive droite du fleuve
Sénégal , BBM était un continuateur des luttes des Kaddihines de Mauritanie, du Mouvement national démocratique (MND) et un intrépide dirigeant du l'Union des forces de progrès UFP) de Mauritanie.
Il est passé par l' université de Dakar, où ses camarades au sein de l'Union des étudiants étaient Djibo Leïti Kâ, Abdoulaye Bathily ou Mamadou Diop Decroix.
En Mauritanie, tout commença, quelques années avant, avec la révolte, en 1966, des élèves négro-africains contre la décision gouvernementale rendant l'Arabe obligatoire dans l'enseignement primaire et secondaire.
Puis il y a eu le "Manifeste des 19" personnalités originaires du Sud dont Bâ Abdoul Aziz, Traoé Souleymane Jiddou, Daffa Bakari et Bal Mohamed El Habib.
Ensuite il y a eu la création du MND en 1968 à Tokomadji dans le Gorgol mauritanien par Ahmed Moustapha Badr Eddine, Aïnina Mohamed, Mohamed Ichidou et le leader l'étudiant Sidi Mohamed Soumaïda (prématurément décédé et enterré en septembre 1970 à Dakar).
Refusant la dissolution du MND au sein du parti-État d'alors , des leaders visionnaires relancèrent le MND en 1976: Ahmed Moustapha Badredine, Daffa Bakari, Mohamed Ould Maouloud et Bâ Boubacar Moussa.
Au collège de Boghé, au lycée de Rosso, à Nouakchott, à Dakar, comme plus tard, dans les capitales africaines, BBM a été de tous ces combats.
Avec sa disparition, la Mauritanie et l'Afrique perdent un grand Africain, un grand leader dont l'humilité était proverbiale.
Dors en paix, Gorko Mawoudo!
Nos sincères condoléances à Bâ Fanma, aux enfants et à toute la famille biologique et politique du leader disparu."
QUAND LA POLITIQUE DES PRIX TUE L'INDUSTRIE LOCALE
En privilégiant les "tabliers" au détriment des véritables créateurs de richesse et d'emplois, le gouvernement Faye prépare paradoxalement un Sénégal plus dépendant que jamais des importations étrangères
Bassirou Diomaye Faye proclame sa volonté de bâtir une économie forte appuyée sur l’industrialisation du pays. Mais son gouvernement et lui ne font rien pour sécuriser les industries existantes, fortement menacées.
Le dernier communiqué du Conseil des ministres de mercredi dernier met en lumière l’intervention du président de la République sur le besoin de «bâtir une économie attractive et robuste orientée vers la valorisation endogène de nos potentialités et ressources naturelles, et fortement créatrice d’emplois décents». Le chef de l’Etat voulait souligner ainsi l’importance qu’il accorde au développement de l’industrie dans ce pays, et la promotion de l’industrialisation, qui devrait bénéficier de nombreuses ressources du pays et du potentiel qu’elles engendrent. Diomaye Faye a ainsi demandé, selon les termes du communiqué, «aux ministres en charge de l’Economie et de l’Industrie, en liaison avec l’Apix, d’évaluer les zones économiques spéciales et les agropoles créés, en termes d’entreprises installées, d’investissements et d’innovations technologiques réalisés, de facilités (administratives, fiscales, foncières…) accordées par l’Etat, d’emplois créés et de contribution à la promotion des exportations et au dynamisme des pôles territoires». En ce moment où le marasme économique semble avoir saisi tous les secteurs du pays, cette déclaration de la plus haute autorité du pays devrait permettre de revigorer les citoyens et de donner un coup de fouet aux entrepreneurs. Malheureusement, les choses se passent comme si les entrepreneurs veulent «avoir le miel sur la langue plutôt que dans les oreilles», si l’on reprend l’expression favorite d’un important chef d’entreprise du Sénégal.
Car au moment où les autorités disent vouloir encourager l’entreprise privée, les industries agroalimentaires sont sous une forte pression des services du ministère du Commerce. M. Serigne Guèye Diop avait d’ailleurs annoncé il n’y a guère, que les prix des denrées comme le riz, le pain, l’huile ou le sucre, allaient bientôt fortement baisser. Cela, sans annoncer des mesures compensatoires aux producteurs et aux distributeurs. Lors des premières annonces de baisse de prix, les consommateurs ont cru être floués, d’où la volonté du gouvernement de se rattraper, quitte à frapper sur les industriels. Comme pour ne pas faire mentir le patron du commerce sénégalais, les entreprises sont mises à contribution, quitte à vendre à perte. Plusieurs commencent à se demander si elles vont pouvoir tenir face aux nouvelles exigences.
Sans doute que les pouvoirs publics semblent considérer que les industriels auraient plus de marge de manœuvre que l’Etat, qui a avoué ne plus en avoir. On se rappelle qu’en juin 2024, pour ne pas être forcé d’accepter une augmentation du prix du pain demandée par les boulangers, le gouvernement avait mis en demeure les meuniers de revoir à la baisse les prix de vente de la farine. Ces minotiers avaient accepté la mort dans l’âme. Cela leur a coûté cher depuis.
Les mêmes pressions ont été exercées sur les producteurs de sucre de la Css, ceux de la Soca et d’Agroline pour la tomate, ainsi que sur les huiliers et autres produits alimentaires. Le problème avec ces baisses imposées, c’est qu’elles ne reposent sur aucune logique économique. La crise économique actuelle date de l’éruption du Covid-19, qui avait perturbé la chaîne logistique mondiale et privé les pays en développement de moyens de transport dont les pays riches avaient besoin pour assurer leur fourniture. La fin du Covid ayant coïncidé avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, cela n’a pas aidé à améliorer les choses. Le monde s’est très vite rendu compte que la plus grande partie du blé consommé dans le monde venait de la Russie et de l’Ukraine. De même que l’engrais dont les agriculteurs de par le monde, et en Afrique particulièrement, ont besoin pour leurs cultures, provient de ces contrées. Cette situation n’a pas seulement fait baisser les prix des produits alimentaires, elle les a poussés encore plus à la hausse.
Le président Macky Sall, face à cette situation, en plus d’avoir mobilisé plus de 1000 milliards pour son Fonds de résilience économique dans le cadre de la lutte contre le Covid, a aussi fait jouer tous les leviers de la fiscalité pour empêcher une flambée des prix. La nouvelle équipe au pouvoir n’a donc plus la même latitude, et il semble, malheureusement, que notre équipe de fiscalistes soit plus douée pour faire les poches des contribuables que pour aider les entrepreneurs à produire de l’argent dans le pays.
Conséquences : une bonne partie des riziculteurs ont des difficultés pour produire sans s’endetter jusqu’au cou. Le géant du sucre, la Compagnie sucrière sénégalaise, doit déjà faire face à une forte concurrence déloyale du sucre de contrebande, favorisée pour une grande partie par les Dipa délivrées par les pouvoirs publics. Au point que, à cette période de fin de campagne, elle a encore dans ses hangars, plus de 60 000 tonnes de sucre sur les 150 000 de cette année. A se demander où elle conservera la prochaine production. Il lui est en plus demandé de se préparer à une prochaine baisse des prix. Donc, comme d’autres, à ne pas dégager de marges bénéficiaires.
Cette crainte de devoir vendre à perte a déjà poussé la famille Omaïs à céder la majorité de ses parts dans Patisen à des intérêts étrangers. Il est dit que la Sedima, dirigée par la députée Anta Babacar Ngom, est en train de suivre le même processus. Les autorités de ce pays, passées et même actuelles, ont toujours semblé estimer que le développement industriel de ce pays se fera avec les petits négociants de Sandaga et Colobane. Or, à ce jour, on n’a encore vu aucun consortium de commerçants de Sandaga reprendre ou même créer une entreprise industrielle. Par contre, ils en ont fait tomber. Brouillons, ces dits négociants sont acculés par leurs concurrents chinois mieux organisés. En voulant, sous de fallacieux motifs de souverainisme, écarter les vrais industriels créateurs de richesses au profit de «tabliers», l’Etat ne pourra pas garantir aux consommateurs sénégalais des produits à bas coût. Car tout viendra de l’étranger, et à des prix imposés par les producteurs étrangers.
LA CLEF DES GARÇONS, LE TROUSSEAU DES FILLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous comprenons que certaines défendent plus leurs devoirs que leurs droits et que d’autres ne soient pas forcément féministes, mais cela ne doit nullement servir de pantalonnade à une « haine de l’égalité »
Bonne fête filleule nationale pour votre première célébration de la Quinzaine des femmes. Deux semaines de visibilité absolue pour les Sénégalaises, habituellement soumises à un cycle d’attention ponctuel (élections, drames) et de désintérêt général le reste du temps.
Cette période, alliant paillettes et reconnaissance, met en scène leur vie schizophrène et aplatit paradoxalement l’encéphalogramme de leurs préoccupations. En effet, dès que le rideau médiatique tombe, comme au théâtre, les projecteurs s’éteignent. Au clap de fin, les femmes reprennent le chemin de leur quotidien, redeviennent ombres invisibles condamnées à une aphonie publique. Elles constatent que « les garçons ont toujours une clef pour ouvrir toutes les portes de leur vie et les filles d’un trousseau de clefs. » Chaque porte débarrée appelle l’ouverture d’une autre plus blindée.
Être une fille ne va pas de soi et devenir une femme n’est pas si simple non plus, dans une société basée sur la « valence différentielle des sexes », selon les termes de Françoise Héritier, autrement dit la valorisation du masculin sur le féminin.
Éduquées à s’épanouir dans le silence, les filles sont assignées à un destin, au moment où les garçons sont préparés à s’approprier l’espace public, à parler pour exister, voire à brasser de l’air pour se donner de l’importance. Les filles, et plus tard les femmes, biberonnées à la résignation tranquille et à la tétanie, savent que les serrures de leurs portes sont d’une fragilité extrême en raison des maltraitances institutionnelle, sociale, économique et médiatique.
Nous remercions Honorable Marème Mbacké d’avoir ouvert une fenêtre d’attention sur les ravages de « l’autorité parentale exclusivement réservée au père »,(art. 277, Code de la famille). Dans une correspondance adressée au ministre de la Justice, datée du 3 février 2025, elle fait remarquer que « certains hommes utilisent cette autorité comme une arme de guerre contre leur ex-épouse au point de nuire à leurs propres enfants en leur refusant, sans raison, la signature de l’autorisation parentale. Ce qui entraîne des conséquences graves particulièrement pour les enfants vivants avec leur mère à l’étranger ».
En donnant une visibilité médiatique à cette injustice, ce qui est l’essence même du féminisme, elle minore non seulement la souffrance de toutes les Sénégalaises qui subissent les affres d’un code de la famille misogyne et anachronique - surtout les mères monoparentales, abandonnées, veuves et divorcées -, mais participe à délégitimer leur combat pour une question divinement féministe « sans adopter une perspective féministe ». Ce paradoxe embrume les esprits au lieu d’offrir les moyens de travailler conjointement à l’épanouissement et à l’émancipation de TOUTES les femmes.
Celles qui ont défriché un étroit sentier parsemé de conservatisme sociétal caillouteux et rendu possible le rêve de tant filles comme moi.
Celles qui se battent pour une égalité de fait en droit et en responsabilité entre femmes et hommes dans notre société.
Celles et ceux qui restent mobilisé.e.s contre les violences de genre.
Celles qui s’érigent en bouclier contre le masculinisme politique et la déferlante haineuse sur les réseaux sociaux.
Celles qui déconstruisent le discours performatif enfermant les femmes dans l'infantilisation, la vulnérabilité et la fragilité permanentes.
Celles qui décryptent les représentations médiatiques biaisées et sclérosées, qui crayonnent les femmes en éternelles victimes ou les rendent invisibles.
L’énumération pourrait être longue comme le bras…
Un rejet d’une perspective féministe dans les questions liées au genre (féminin et masculin) exclut les femmes, menace leurs acquis sous prétexte d’incompatibilité avec les valeurs sociétales et les empêche de faire valoir leurs droits. Dans ce contexte, comment changer l’imaginaire social pour que des lois édictées, comme celle de l’autorité parentale évoquée supra, par des hommes pour soumettre des femmes, soient réformées ? Et s’étonner dans ces conditions de la montée des contempteurs des femmes ? Quels messages envoyés aux principales cibles des maltraitances sociale, institutionnelle, économique et médiatique que sont les femmes ?
La construction d’une peur viscérale du féminisme dans l’espace public n’est qu’un rapport de force qui s’appuie, d’une part, sur l’appropriation au masculin des sources du savoir par la fabrique d’« ennemies existentielles ». Celle de femmes remettant en cause le roman national inculqué à chaque génération, c’est-à-dire le récit dominant de leur incapacité, voire de leur infériorité. Et d’autre part, sur un « grand effacement » de leur traces en raison d’« un genre de la mémoire » comme le souligne si bien Michèle Perrot. Une « inhumation sociale » des femmes qui ne valorise et ne mémorise que les hommes, alors que le thumus, ce besoin de reconnaissance (Fukuyama, 1992) est fondamental.
Les héritages des héroïnes ordinaires que sont les femmes, avec ou sans théorie féministe, sont à défendre et à préserver à l’image de l’intégrité territoriale. Grâce à elles, l’éducation des filles a progressé, la santé des femmes s’est améliorée, leur sécurité prise en compte avec la criminalisation du viol, les inégalités dans le couple en matière de prise en charge médicale, de fiscalité et de transmission de la nationalité abolies, sans oublier la parité devenue une réalité en politique. La liste est vraiment longue !
Nous comprenons que certaines défendent plus leurs devoirs que leurs droits et que d’autres ne soient pas forcément féministes, mais cela ne doit nullement servir de pantalonnade à une « haine de l’égalité » pour paraphraser Jacques Rancière. En effet, il est désespérant de constater à quel point des fossoyeurs œuvrent pour fragiliser davantage des droits acquis. Leur propension à les remettre en cause demeure trop forte en cette période d’incertitude marquée pour les femmes.
Le régime patriarcal sait « réarmer » ses « enrôlées », partisanes d’une émancipation sous tutelle. Hors de question de sombrer dans le découragement, le mot de ralliement est Résistances. Parce que les encagoulées seront débusquées pour rendre caduque la gangrène antiféministe et éradiquer le continuum de la violence sous toutes ses formes envers les Sénégalaises par l’érection d’un mur des fossoyeurs !
Fatoumata Bernadette Sonko est enseignante-chercheure
CESTI-UCAD.
L'ECO, MONNAIE FANTÔME DE LA CEDEAO
Malgré le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Cedeao, l'organisation régionale s'accroche à son calendrier de transition vers l'eco. De nouveaux critères de convergence viennent pourtant compliquer davantage une équation déjà insoluble
(SenePlus) - L'ambitieux projet de monnaie unique ouest-africaine fait face à d'importants défis alors que l'échéance de 2027 se rapproche. Malgré la crise interne qui secoue la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), l'organisation semble déterminée à maintenir son calendrier de transition du franc CFA vers l'eco, révèle Jeune Afrique dans une analyse approfondie de la situation.
Début mars, le Conseil de convergence de la Cedeao, qui rassemble les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales de la région, a remis à l'ordre du jour la feuille de route pour le lancement de cette future monnaie régionale. Si le délai de 2027 a été confirmé par l'instance, les progrès réalisés jusqu'à présent restent limités. Comme le confie une source au sein d'une banque centrale citée par JA, « les progrès sont marginaux ».
Le magazine panafricain rapporte que le Comité de haut niveau (CHN) sur les modalités pratiques pour le lancement de l'eco, présidé par Wale Edun, ministre nigérian des Finances, a présenté les avancées du projet lors du dernier Conseil de convergence d'Abuja. D'après le rapport, de nouveaux critères de sélection ont été introduits pour les États membres souhaitant participer à l'Union monétaire.
Ces critères s'ajoutent aux conditions initiales de convergence économique qui exigent déjà « un déficit budgétaire inférieur à 3% du produit intérieur brut (PIB), une inflation limitée à 10% et une dette inférieure à 70% du PIB », et ce pendant trois années consécutives, précise Jeune Afrique.
Désormais, les pays candidats devront également « ratifier et mettre en œuvre tous les textes et les cadres juridiques spécifiquement élaborés dans le cadre de la création de l'Union, et participer au mécanisme de change de la Cedeao pendant au moins deux ans sans sortir de la bande de fluctuation de 10% », peut-on lire dans le projet du Conseil de convergence cité par le magazine.
Cette nouvelle exigence intervient alors que « quasiment aucun pays de la Cedeao ne respecte les trois critères de convergence initiaux », souligne JA. Le Nigeria et le Ghana, économies majeures de la région, font notamment face à une forte inflation, ce qui complique davantage l'équation.
La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Cedeao pour former l'Alliance des États du Sahel (AES) a également complexifié la situation. Ces pays « restent membres de l'Uemoa, donc du franc CFA, pourtant partie prenante du projet d'Union monétaire de la Communauté ».
Pour Bruno Cabrillac, directeur général de la Fondation pour les études et la recherche sur le développement international (Ferdi) et ancien administrateur de la Banque centrale des États d'Afrique centrale, interrogé par le magazine, la question de savoir si la Cedeao parviendra à respecter ce nouveau délai trouve une réponse sans équivoque : « La réponse est claire : non ».
L'expert, qui a également dirigé les études au sein de la Banque de France, évoque deux options possibles : « Une option possible est de bâtir l'eco autour de l'Uemoa dans laquelle on décide d'avoir les mêmes règles comme la fixité du taux de change avec l'euro, une seule banque centrale et des normes de convergence communes », explique-t-il à Jeune Afrique.
La seconde option consisterait à « s'entendre sur le point d'arrivée, à l'image de l'Europe avec l'euro ». Cela impliquerait de répondre à des questions fondamentales : « Est-ce que l'eco aura une parité fixe ou un taux flexible ? Comment organise-t-on la gouvernance du système, et quelle instance décide de la politique monétaire commune ? Quel type de convergence va-t-on demander aux États ? ». Mais selon lui, ce schéma paraît « impraticable à moyen terme ».
Malgré les efforts de la Cedeao, qui a mis en place un quatuor de pays (Nigeria, Ghana, Côte d'Ivoire et Cap-Vert) pour plancher sur la future monnaie, l'expert reste pessimiste. Comme il le déclare à Jeune Afrique, « ce départ [des pays de l'AES] montre que le projet monétaire de la Cedeao est purement incantatoire et illustre à bien des égards les difficultés à surmonter ».
Alors que l'échéance de 2027 se rapproche inexorablement, la Cedeao semble déterminée à accélérer le processus. L'organisation a ainsi mandaté un groupe d'experts des banques centrales pour évaluer le coût de l'opérationnalisation des institutions nécessaires au lancement de l'eco, notamment pour la future Banque centrale de l'Afrique de l'Ouest (BCAO). Reste à savoir si ces mesures suffiront à concrétiser ce projet monétaire régional dans les délais impartis.